Forts • Catherine Parks

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Catherine Parks

11 récits

d’hommes ordinaires que Dieu a équipés de sa puissance extraordinaire

Préface de Tim Ruffier

Forts

Catherine Parks

Catherine Parks

Préface de Tim Ruffier

11 récits

d’hommes ordinaires que Dieu a équipés de sa puissance extraordinaire

Les éditeurs remercient chaleureusement tous les relecteurs et relectrices pour leur précieuse collaboration à cet ouvrage : Claudine, Vincent, Ludvine et Delphine.

Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Strong : How God equipped 11 ordinary men with extraordinary power (and can do the same for you)

© 2019 • Catherine Parks

Publié par B&H Publishers Group, Nashville, Tennessee, USA

Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française : Forts : 11 récits d’hommes ordinaires que Dieu a équipés de sa puissance extraordinaire • Catherine Parks

© 2023 • BLF Éditions • www.blfeditions.com.

Rue de Maubeuge, 59164 Marpent, France

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Illustrations : Carlo Molinari

Traduction : Loanne Procopio

Révision : BLF Éditions

Couverture et mise en page : NouvelleCréation

Impression n° XXXXX • ••••

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible du Semeur © 1992, 1999, 2015 Biblica, Inc.

Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. Les versions alternatives sont indiquées en abrégé de la manière suivante : la Colombe (COL), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Bible Darby (DRB), la Nouvelle Édition de Genève (NEG), la Second21 (S21), La Bible en français courant (BFC), Louange vivante (LVV), La Bible Chouraqui (CHO), Traduction œcuménique de la Bible (TOB), Parole de vie (PDV), Parole vivante (PVV), Prophétie vivante (PPV).

Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.

ISBN 978-2-36249-790-2 broché

ISBN 978-2-36249-791-9 numérique

Dépôt légal 4 e trimestre 2023

Préface 9 Avant de commencer ! 13 ALVIN YORK La générosité en personne 19 GEORGE MÜLLER La foi qui compte sur Dieu 33 DIETRICH BONHOEFFER Le courage de défendre ses convictions 45 FRÈRE ANDRÉ L’obéissance qui conduit à l’action 59 ELKA DE LA TRIBU WAIWAI La force de tenir seul contre tous 73 ERIC LIDDELL Les bonnes priorités 89 JOHN NEWTON L’ambition selon Dieu 103 WILLIAM CAREY L’humilité qui conduit à l’adoration 115 GEORGE LIELE La compassion face à la cruauté 127 JIM ELLIOT L’amour qui se sacrifie 139 JACKIE ROBINSON La patience dans l’épreuve 155 Biographies 168 Remerciements 181 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. Table
des matières

Pour Micah, dont le prénom signifie

« Qui est comme Dieu ? ».

C’est l’un de mes plus grands bonheurs que d’être ta maman.

Que tu puisses toujours te souvenir que Dieu travaille en toi avec puissance afin que tu pratiques la justice, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec lui.

— Michée 6.8 —

Préface

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera aussi les œuvres que je fais, et il en fera même de plus grandes, parce que je vais vers mon Père.

Lorsque Jésus était sur la terre, l'œuvre de Dieu était visible pour un grand nombre de personnes. Mais lorsque Jésus est monté au ciel, Dieu n’a pas pour autant cessé d’agir sur la terre… Bien au contraire ! Par son Esprit, Dieu continue aujourd’hui à agir au travers de nous. Il nous fait ainsi participer à ses œuvres afin que l'Évangile soit proclamé aux nations et que son nom soit glorifié.

Bien souvent, Dieu fait cela d’une manière qui dépasse tout ce que nous pourrions penser ou imaginer. C’est ce que nous découvrons dans cet ouvrage : Dieu est à l’œuvre dans la vie de ses enfants pour les fortifier et les transformer afin qu’ils reflètent toujours plus sa gloire. L’auteure a effectué un minutieux travail de recherche et de synthèse avant d’écrire ces pages. En les lisant, tu te retrouveras aux premières loges pour contempler l'œuvre de Dieu au travers de l’exemple de ces onze hommes « forts ». Des hommes qui n’étaient pas parfaits, pas plus que nous ne le sommes. Mais Dieu les a utilisés comme il peut aussi nous utiliser, toi et moi.

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Aux yeux du monde, ces hommes sont parfois passés pour des « fous », plutôt que pour des « forts ». Pourtant Dieu les a choisis et les a équipés afin de réaliser de belles choses pour lui. Ces chrétiens n’étaient certainement pas des « surhommes » ; ils ne sont pas nés avec une force particulière en eux. Non, ils étaient des hommes tout à fait ordinaires, comme toi et moi. C'est Dieu qui les a fortifiés et qui leur a permis de manifester une force exceptionnelle au travers de leur générosité, de leur foi, de leur courage, de leur obéissance, de leur persévérance, de leurs bonnes priorités, de leur ambition, de leur humilité, de leur compassion, de leur amour et de leur patience.

Quel encouragement pour nous de voir comment ces grands-frères dans la foi ont obéi à Dieu et pris position pour lui dans des contextes souvent très compliqués ! Si nous aspirons à devenir des hommes réellement « forts », laissons-nous donc interpeller par Dieu au travers de leurs exemples.

Tu connais sans doute certaines de ces histoires, alors que d’autres seront nouvelles pour toi. Mais toutes t’offriront une magnifique occasion de découvrir ou de redécouvrir la vie de ces hommes sous un nouveau jour. Et, bien que leur vécu, leur situation et leurs défis puissent parfois paraître éloignés de nos vies, je suis convaincu que chacun d’entre nous pourra s’identifier à l’une ou l’autre de ces biographies. D’ailleurs, je pense que la diversité des profils et des caractères dépeints dans ce livre permettra à chacun d’en trouver une qui l’interpellera tout particulièrement.

À la fin de chaque chapitre tu trouveras une série de questions ouvertes qui te permettront de nourrir ta réflexion et d’appliquer ce que tu as lu à ta propre vie. Tu peux aussi

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utiliser ces questions pour alimenter une discussion au sein de ton groupe de jeunes !

Bref, les récits émouvants de ces hommes, rassemblés dans ces pages, ne pourront pas te laisser insensible et il serait bien dommage de se priver de leurs exemples : c’était réellement des hommes ordinaires que Dieu a équipés de sa puissance extraordinaire !

Tim RUFFIER

22 ans, disciple de Jésus-Christ, coordinateur de La Rébellution, le blog jeunesse d'Evangile21

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Préface

Avant de commencer !

Je suis si heureuse que tu tiennes ce livre entre tes mains ! J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir aux récits de ces hommes, et c’est pour moi un honneur de pouvoir enfin te les présenter. Mais avant de commencer, je veux t’expliquer pourquoi nous avons appelé ce livre « Forts ».

Quand tu entends le mot « fort », à quoi penses-tu ? Quelles images te viennent en tête ? Tu penses peut-être à un sportif marquant un but incroyable, ou bien à un champion d’haltérophilie capable de soulever un poids impressionnant. Ou alors tu t’imagines un super-héros, ou une personne dotée d’une telle force mentale qu’elle peut battre tous ses adversaires lors d’épreuves d’habileté et de stratégie. On dit aussi parfois que quelqu’un est « fort » lorsqu’il endure la souffrance sans pleurer, sans crier.

Mais ce n’est pas de cette force dont il est question dans ce livre.

L’apôtre Paul parle de la force dans sa lettre aux Colossiens. Il leur explique comment il prie pour eux :

Nous demandons que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toutes sagesse et intelligence spirituelles, pour marcher d’une manière digne du Seigneur et lui plaire entièrement. Vous aurez pour fruits toutes sortes d’œuvres bonnes et vous progresserez dans la

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connaissance de Dieu, vous serez fortifiés à tout point de vue par sa puissance glorieuse pour être toujours et avec joie persévérants et patients , et vous exprimerez votre reconnaissance au Père qui nous a rendus capables de prendre part à l’héritage des saints dans la lumière.

Remarque bien plusieurs choses dans ce texte :

f Tout d’abord, qui nous fortifie ? Dieu.

f Avec quoi ? Sa puissance glorieuse.

f Pourquoi ? Pour que nous soyons persévérants et patients.

Ça, c’est une tout autre définition de « la force » ! C’est une force qui n’exige pas de gros muscles ou de prouesses sportives. Il ne s’agit pas ici de gagner un combat ou de ne jamais pleurer quand on a mal. En fait, cette force ne provient pas de nous : elle vient de Dieu ! Et si Dieu nous la donne, ce n’est pas pour gagner un match ou faire le malin devant les copains ... Cette force nous aide plutôt à faire les choses que Dieu a prévues pour nous, et à persévérer patiemment même quand la situation est difficile. Le but de notre vie n’est pas de prouver à quel point nous sommes forts, mais plutôt de montrer à quel point Dieu est fort !

Ce livre raconte l’histoire de onze hommes qui étaient tous forts de différentes manières, mais qui savaient que leur force venait de Dieu. Jackie Robinson priait chaque soir que Dieu lui donne la force de supporter la persécution. George Müller demandait à Dieu la force de continuer à lui faire confiance et croire qu’il lui donnerait de quoi nourrir des

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Avant de commencer !

milliers d’orphelins. Frère André priait que Dieu lui donne l’audace de continuer à transporter des Bibles dans des pays où elles étaient interdites. Tous les hommes de ce livre savaient que leur propre force ne suffirait pas : ils avaient besoin de la puissance glorieuse de Dieu !

En lisant ces histoires, tu te diras peut-être : Mais moi, je ne ferai jamais rien d’aussi formidable que ces hommes ! Mais voici la bonne nouvelle : lorsque l’apôtre Paul a écrit sa lettre aux croyants de Colosse, sous la direction du Saint-Esprit, à qui s’adressait-il ? À des « super-chrétiens » qui étaient connus partout et qui avaient réalisé des choses extraordinaires ? Pas du tout. Il a écrit cette lettre à des gens tout à fait ordinaires, des gens comme toi et moi. Des personnes qui, chaque jour, essayaient simplement de glorifier Dieu à travers leur vie.

Et il y a une autre nouvelle qui devrait t’encourager : tous les hommes de ce livre se considéraient eux aussi comme des personnes ordinaires. Ils ne se sont pas réveillés un beau matin en se disant : Un jour, on écrira des livres qui raconteront mes exploits ! Non, ils se réveillaient chaque matin et priaient pour qu’il leur donne la force nécessaire pour obéir et suivre Christ ce jour-là. Dieu les a conduits pas à pas, tout comme il te conduit, toi aussi.

En lisant l’histoire de William Carey, d’Elka des Waiwai, de George Liele et de tous les autres personnages de ce livre, souviens-toi que le Dieu qui les a fortifiés peut te donner, à toi aussi, les forces dont tu as besoin. As-tu placé ta confiance en Christ ? Crois-tu qu’il est ton Sauveur, qu’il est mort pour payer le prix de ton péché et qu’il est ressuscité, prouvant ainsi sa victoire sur la mort ? Lui as-tu donné ta vie ? Si oui, alors le Saint-Esprit vit en toi. Il te donne sa puissance et te

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fortifie pour accomplir ce que tu as à faire aujourd’hui. Et il te fortifiera demain pour le travail de demain, et après-demain pour le travail d’après-demain.

J’espère que tu seras encouragé et stimulé par la vie de ces hommes. Mais j’espère surtout que tu seras encouragé par le Dieu de ces hommes. Je prie qu’en découvrant la fidélité de Dieu dans leur vie, tu sois fortifié en prenant conscience du fait qu’il travaille aussi fidèlement dans la tienne. Et j’espère que cela te poussera à vouloir mieux le connaître : à lire sa Parole, la Bible, et à passer du temps à lui parler par la prière.

Si j’ai écrit ce livre, c’est parce que je voulais bien sûr que mon fils Micah, ainsi que mes neveux Wolfie, Rafa, Emory, Sullivan, et Leo, connaissent l’histoire de ces hommes. Cependant, je voulais surtout que vous sachiez tous que Dieu a un plan pour votre vie, ici et maintenant, et qu’il vous fortifiera afin que vous soyez en mesure de faire, chaque jour, ce qu’il a prévu pour vous.

Je veux vous laisser avec les mots de l’apôtre Paul qu’il a adressés à une autre Église : « Je suis persuadé que celui qui a commencé en vous cette bonne œuvre la poursuivra jusqu’à son terme, jusqu’au jour de Jésus-Christ (Philippiens 1.6 – S21).

Dieu est fidèle : il te fortifiera et t’aidera tout comme il l’a fait pour ces onze hommes !

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Qu’on ne se souvienne pas de moi comme d’un homme de guerre, mais comme d’un homme ayant conduit des âmes à Christ .

1ALVIN YORK

La générosité en personne

Alvin York est né le 13 décembre 1887 dans l’État du Tennessee, aux États-Unis. Il est né dans la cabane que son père avait construite sur leurs terres. Alvin est le troisième d’une fratrie de sept frères et trois sœurs. Comme chacun d’entre eux, il a des tâches à accomplir dans la maison et dans la ferme : il va, par exemple, chercher le bois et l’eau, et il s’occupe aussi des bébés dans la maison. En grandissant, il apprend à aider son père dans les champs. Les exploitations familiales ayant besoin de main-d’œuvre, Alvin et les enfants de son âge ne vont pas à l’école – sauf pendant quelques semaines en été. Alvin apprend donc à lire et à écrire, mais il n’a pas la chance d’étudier très longtemps.

Par contre, les samedis sont consacrés à divers concours de tirs, auxquels se rendent tous les garçons et les hommes de la communauté d’Alvin. Moyennant une petite contribution, ils pouvaient participer aux concours et gagner

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une vache, ou simplement une dinde, un apport toujours très apprécié pour améliorer les repas de la famille. Lors de ces concours de tirs, ils utilisaient des carabines très longues et très lourdes (plus de sept kilos) mais parfaites pour atteindre une cible ! Alvin était un excellent tireur. L’un des concours consistait à abattre des dindes que l’on avait attachées derrière une grosse bûche et dont la tête apparaissait furtivement de temps à autre. Alvin était particulièrement doué pour atteindre les cibles (et les dindes) – un talent qui, plus tard, lui sauverait la vie ainsi que celle de beaucoup d’autres.

En dehors du tir et du travail à la ferme, le jeune Alvin passe la majeure partie de son temps à boire et à parier de l’argent. Après la mort de son père, Alvin, alors âgé de seulement 24 ans, devient responsable de l’exploitation et de sa famille. Il travaille dur pendant la journée, mais tous les soirs et chaque week-end, il part au village où il cherche la bagarre. Alvin aime se battre. Ce grand jeune homme (il mesure près de 1,90 m) à la chevelure rousse est connu pour ne jamais reculer une fois que la bagarre a commencé. Sa mère ne cesse de prier pour lui, implorant Dieu de le protéger et de le sauver.

Une nuit, Alvin rentre chez lui après avoir passé plusieurs heures à boire et à se bagarrer. Il trouve sa mère assise dans son fauteuil près de la cheminée. Elle l’interpelle : « Alvin, quand vas-tu enfin te comporter en homme, comme ton père et ton grand-père ? » Ces deux hommes étaient effectivement connus pour leur honnêteté et leur amour. Alvin réfléchit alors à sa vie et se rend bien compte qu’elle est vide et sans espoir.

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Alvin York : La générosité en personne

Il expliquera plus tard : « Ce jour-là, Dieu a pris le contrôle de ma vie. Ma petite maman avait prié pour moi pendant des années ; le Seigneur a enfin décidé d’exaucer ses prières. »

Alvin s’agenouille, pose sa tête sur les genoux de sa mère, et alors qu’il donne sa vie à Dieu, ils fondent tous deux en larmes. Il promet à sa mère de laisser tomber l’alcool, les jeux d’argent et les bagarres. « Je vais vivre comme Dieu veut que je vive ! » déclare-t-il.

Et c’est exactement ce qu’il fait. Il devient un des responsables de son Église et conduit la louange le dimanche. Il prend sa foi au sérieux – tellement au sérieux que lorsqu’il est mobilisé pour combattre dans la Première Guerre mondiale, il décide de ne pas y aller.

Voilà ce qu’il s’est passé : en juin 1917, Alvin reçoit une lettre l’informant qu’il doit s’engager dans l’armée où il recevra une formation de soldat. Le problème, c’est qu’Alvin est persuadé que le sixième commandement (« Tu ne tueras point ») lui interdit de combattre en temps de guerre. Pour lui c’est clair, il ne peut pas aller à la guerre ! Alvin veut simplement rester chez lui dans le Tennessee, épouser Gracie, la femme qu’il aime, et travailler sur l’exploitation familiale.

Il en parle à son pasteur et lui explique : « Je me suis converti à l’Évangile de paix et d’amour, et au principe de “rendez le bien pour le mal”. Comment pourrais-je aller me battre ? Tuer des gens ? Je n’ai jamais tué personne, même à l’époque où je faisais n’importe quoi ! Je n’ai certainement pas envie de commencer maintenant. »

Alvin se souvient de la promesse faite à sa mère : plus de bagarres ! Mais il se sent pris au piège. Il veut être un bon citoyen américain et venir en aide à son pays, mais il ne veut

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pas faire de mal à qui que ce soit. Il ne veut tuer personne ! Il demande une dispense à l’armée, mais on la lui refuse et il est envoyé se former dans l’État de Géorgie.

Pour la première fois de sa vie, Alvin quitte son village et sa région. Et pour la première fois de sa vie, il prend le train. Tout est nouveau. Peu de temps après, il se retrouve dans la ville de New York. Son bateau quitte le port, passe à côté de la statue de la Liberté : il est en route pour l’Europe afin d’aller combattre l’Allemagne. Alvin est stressé à l’idée d’aller se battre, mais il a passé de nombreuses heures à étudier la Bible et à prier que Dieu le dirige. Il sait qu’il fait son devoir. Il ne comprend pas pourquoi il doit partir ; il ne sait pas quel est le projet de Dieu pour sa vie. Mais il a la conviction qu’il doit partir à la guerre.

Les soldats américains rejoignent leurs amis et alliés en France pour combattre les Allemands. En septembre 1918, la bataille pour la forêt d’Argonne est engagée. Les troupes allemandes ont absolument besoin des voies ferrées pour leur ravitaillement ; les forces alliées prévoient donc de couper ces sources d’approvisionnement afin d’obliger les Allemands à se rendre. Alors que les soldats tentent de se rapprocher des troupes allemandes, ils doivent traverser une forêt dense, des lignes de fils barbelés, et doivent essuyer de nombreux tirs de fusils-mitrailleurs.

L’unité d’Alvin reste cachée pendant la journée et se déplace pendant la nuit. Malgré cela, les soldats allemands les repèrent et les prennent pour cible. Alvin voit la mort partout – amis et ennemis tombent – mais il continue à se frayer un chemin vers la zone ennemie. Pendant tout ce temps, il prie pour les soldats qui l’entourent, Américains et Allemands. L’armée allemande utilise du gaz de combat, mais

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Alvin York : La générosité en personne

les Américains continuent à avancer, parvenant tant bien que mal à enfiler leur masque à gaz tandis qu’ils pataugent dans le sol boueux, ralentis par la pluie et le brouillard.

Le 8 octobre, Alvin et ses compagnons d’armes rampent sous des buissons et des troncs d’arbres pour tenter d’éviter le feu ennemi qui les encercle de tous côtés. Alvin et seize autres soldats sont envoyés sur le flanc gauche du combat, en plein secteur allemand. Ils décident de s’arrêter pour mettre en place un plan d’attaque, lorsque tout d’un coup surgissent deux brancardiers allemands et leur civière vide. Apercevant les soldats Américains, ils lâchent immédiatement la civière et déguerpissent dans les bois. Les Américains partent à leur poursuite craignant que les brancardiers n’alertent d’autres soldats. Pendant leur course dans les bois, les Américains tombent sur un groupe d’une vingtaine de soldats allemands assis, sans armes, en train de prendre leur petit-déjeuner.

Les Allemands lâchent leurs gamelles, lèvent les mains en l’air, et se rendent. Mais soudain, les tirs des mitrailleuses allemandes se rapprochent. En quelques secondes, six soldats américains sont morts et trois sont blessés. Parmi les soldats encore debout, Alvin est le plus haut gradé : il prend donc le commandement de ses soldats et de la vingtaine de prisonniers, tous allongés par terre, se cachant derrière des arbres et des souches pour tenter d’échapper aux tirs allemands.

Au lieu de se cacher, Alvin riposte. Chaque fois qu’un soldat allemand se lève pour tirer sur les Américains, Alvin riposte. Il ne cherche néanmoins pas à tuer. Il explique plus tard : « Je leur criais de rester allongés ! Je ne voulais pas tuer plus de soldats que nécessaire… Mais c’était eux ou moi ! »

Un lieutenant allemand décide alors d’attaquer Alvin avec un groupe de six hommes équipés de fusils à baïonnette.

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Alors qu’ils se dirigent vers lui en file indienne, Alvin se souvient d’une astuce de chasse qu’il avait apprise alors qu’il vivait encore au Tennessee. Lorsque les canards volaient en file indienne, s’il tirait sur le chef de file, tous les autres prenaient peur et se dispersaient dans le ciel. Par contre, s’il tirait sur le dernier de la file, les autres ne se rendaient compte de rien et continuaient à voler pendant qu’il les tuait un à un, du dernier au premier. Par conséquent, au lieu de tirer sur le premier Allemand de la file, il vise le dernier, puis l’avant-dernier, etc. Lorsqu’il ouvre le feu sur le premier soldat, celui-ci est déjà tout près de lui. Si Alvin avait manqué sa cible ne serait-ce qu’une seule fois, il serait mort.

Lorsque Alvin se retourne pour rassembler les soldats et les prisonniers, il se rend compte que le commandant allemand tient un pistolet à la main. Alvin le saisit : l’arme est chaude ! Pendant qu’il était en train de s’emparer des fusils à baïonnette et des mitrailleuses des Allemands, le commandant ennemi avait tenté de l’abattre dans le dos. Mais Alvin s’en est sorti indemne. Dieu l’avait protégé.

Il ordonne aux hommes de se mettre debout et de commencer à marcher vers la zone de combat américaine. En chemin, ils tombent sur d’autres groupes de soldats allemands. Ceux-ci, persuadés qu’ils sont faits prisonniers par une importante unité d’Américains, se rendent immédiatement. Les soldats américains regroupent ainsi un nombre grandissant de prisonniers, et Alvin est reconnaissant de ne pas avoir à se servir de son arme.

Trois heures après le début de la mission, Alvin rejoint l’armée américaine à la tête de ses sept compagnons d’armes et de 132 prisonniers allemands.

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Ce soir-là, Alvin écrira dans son journal : Il est évident que Dieu m’a aidé dans cette situation. Je vivais pour Dieu et travaillais dans l’Église depuis quelque temps déjà avant d’entrer dans l’armée. Aujourd’hui, j’ai été témoin du fait que Dieu est venu à mon secours au cœur de ce rude combat. Les arbres tout autour de moi étaient criblés de balles, mais je n’ai pas eu la moindre égratignure.

Les jours suivants, Alvin apprend lesquels de ses amis et compagnons d’armes il a perdus lors de cette bataille. Avec d’autres, il les enterre là où ils sont tombés au combat. Il montre également les différents endroits de la bataille aux commandants désireux d’en connaître les détails. Sa bravoure et ses compétences lui valent d’être promu de caporal à sergent. Mais lorsqu’il écrit une carte postale à sa famille dans le Tennessee, il ne mentionne ni ses actes de bravoure, ni les prisonniers capturés. À ses yeux, cela n’avait pas beaucoup d’importance.

Mais tout le monde n’est pas du même avis… Beaucoup pensent que ce qu’il a fait était simplement extraordinaire. Il reçoit plusieurs récompenses et médailles et le commandant des forces américaines, le général John J. Pershing lui-même, nomme Alvin « le plus grand soldat civil de la guerre ». Le commandant français lui confie : « Ce que vous avez fait est la plus remarquable action accomplie par un simple soldat de toutes les armées d’Europe. »

La guerre prend fin peu de temps après. On demande à Alvin de rendre visite aux soldats américains encore en France afin de leur raconter son histoire et d’encourager ces hommes impatients de rentrer chez eux. Il apprécie de pouvoir voyager et particulièrement de partager sa foi

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en Dieu, lui qui l’avait si fidèlement protégé et rassuré. Le 8 avril 1919, Alvin se rend au château de Versailles où se prépare la signature du traité de paix qui mettra fin à la Première Guerre mondiale.

Ses actions pendant la guerre lui valent d’être perçu comme un héros et de recevoir de nombreux honneurs. Pourtant, Alvin n’aime pas se rappeler les événements de ce matin d’octobre. Il ne veut pas être un héros pour avoir tué des soldats ennemis – bien qu’il ait simplement accompli son devoir afin de sauver de nombreuses vies. Maintenant que la guerre est terminée, son seul désir est de rentrer chez lui et de retrouver sa mère et Gracie Williams, la femme qu’il aime. À bord du bateau qui le ramène à New York, il a du mal à contenir son impatience.

À son arrivée, il est accueilli par des journalistes et des milliers de personnes qui scandent son nom : sa réputation l’avait précédé de l’autre côté de l’océan, et tout le monde voulait apercevoir le héros, Alvin York. Alors qu’il se rend à son hôtel à New York, des foules d’admirateurs sont massées le long des rues, l’acclamant et lui lançant des serpentins. On lui propose une somme d’argent considérable (sans doute l’équivalent de plus de trois millions de dollars de nos jours) pour qu’un film relate son histoire et que son nom et son image soient utilisés dans des publicités. Il refuse chaque proposition. Il veut simplement rentrer chez lui.

Après avoir rencontré toutes sortes de gens riches et célèbres, ainsi que de nombreux hommes politiques, il prend enfin place à bord d’un train pour le Tennessee. Il retrouve sa famille et commence à organiser son mariage avec Gracie. Plus de 2500 personnes assistent à

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Alvin York : La générosité en personne

la cérémonie, célébrée par le gouverneur de l’État. Alvin continue à recevoir diverses offres financières, toutes plus alléchantes les unes que les autres, mais il ne donne suite à aucune d’entre elles. Il souhaite simplement fonder une famille et travailler dans sa ferme.

Au fil du temps, Alvin se rend compte que tout l’argent qu’on lui avait proposé pourrait peut-être servir à une bonne cause. Lui qui n’avait pu aller à l’école très longtemps, il aurait souhaité que les enfants de son village puissent acquérir les connaissances qu’il n’avait pas. Il décide donc de construire une école – l’institut York –afin que les enfants de sa communauté reçoivent une bonne éducation. Plus tard, il fera aussi construire une école biblique. En 1941, un réalisateur produit un film qui retrace sa vie. L’argent gagné grâce à ce film sert à la construction de son école. Il voyage à travers l’Amérique en tant qu’orateur et utilise l’argent ainsi gagné pour soutenir sa communauté. Alors qu’il était en train de réfléchir à son école, il écrit :

On m’offre mille dollars par jour depuis que je suis rentré, mais je me suis souvenu de ces quelques lignes dans le petit livre qui m’accompagne toujours : « Que servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd son âme ? » J’avais le sentiment que si, en acceptant ces offres, j'oubliais les jeunes garçons et les jeunes filles du comté de Fentress, je perdrais mon âme. Voilà pourquoi je donne de mon temps pour leur venir en aide. Voir ces enfants tous les matins et tous les soirs sur le chemin de l’ école est plus précieux pour moi que de voir un demi-million de dollars sur mon compte en banque.

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C’est ce qui occupera Alvin le restant de ses jours. Il vit simplement et se consacre à servir et aider les autres : il lève des fonds pour l’école, il propose à manger à quiconque se trouve à ses côtés à l’heure des repas, il cherche du travail pour ceux qui n’en ont pas, il conduit la louange à l’Église et il aime fidèlement son épouse. C’était un homme ordinaire, mais il voulait se servir de tout ce que Dieu lui avait donné pour le bien des personnes autour de lui.

La force à travers la générosité

La bravoure dont il a fait preuve sur le champ de bataille a fait du sergent York un héros national. Pourtant, son véritable acte de bravoure était de vivre une vie marquée par la générosité. Il n’a pas utilisé sa célébrité pour s’enrichir, mais pour aider les autres et pour diriger leur regard vers Dieu.

Il n’est pas toujours facile de vivre une vie généreuse. Le monde tente de nous convaincre que réussir dans la vie c’est posséder les plus belles choses, s’offrir des vacances exotiques et s’acheter des vêtements de marque. Et si nous décidions d’appréhender notre vie un peu plus comme Alvin York l’a fait ? Et si le succès consistait plutôt à vivre en étant généreux, en servant et en donnant aux autres, plutôt qu’en recherchant uniquement notre propre bonheur ?

C’est en tout cas ce que Jésus enseigne dans son sermon sur la montagne, l’un des passages bibliques préférés d’Alvin. Jésus a déclaré que là où est notre trésor, là aussi sera notre cœur. Autrement dit, nous aimerons toujours notre trésor plus que toute autre chose. Si les choses que l’on possède sont notre trésor, alors c’est elles que nous aimerons plus que tout. Nos pensées et notre temps leur

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Alvin York : La générosité en personne

seront consacrés. Alvin, lui, avait compris que la vie valait beaucoup plus que les biens matériels. Jésus était son véritable trésor. Et Jésus peut aussi devenir le tien.

As-tu déjà prié pour que Jésus devienne ton trésor, ce que tu aimes par-dessus tout ? Demande-lui de changer ton cœur afin que tu puisses l’aimer davantage. C’est une prière qu’il prend plaisir à exaucer.

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Questions

1. Comment la vie d’Alvin York change-t-elle quand il devient chrétien ?

2 Comment sa foi en Dieu se manifeste-t-elle dans sa manière de combattre pendant la guerre ?

3 Lorsqu’Alvin envoie des nouvelles à sa famille, il ne mentionne pas qu’il a capturé 132 soldats ennemis. Qu’est-ce que cela vous apprend sur son caractère ?

4 Après la guerre, on propose à Alvin d’énormes sommes d’argent pour apparaître dans des publicités et rédiger des articles. On se bat pour obtenir le droit d’afficher son nom sur divers produits. Pourtant, Alvin refuse toutes ces propositions. Penses-tu que c’était un choix facile pour lui ? Pourquoi ? Qu’aurais-tu fait à sa place ?

5. Lis Matthieu 6.19-21. Que signifie « s’amasser des trésors dans le ciel » ? Comment Alvin l’a-t-il fait ? Comment pourrais-tu le faire toi aussi ?

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Car là où est ton trésor, là aussi sera ton cœur. MATTHIEU 6.21
À chaque instant, je dépends de lui. Si je dépendais de moi-même, ma foi ferait naufrage !

GEORGE MÜLLER

La foi qui compte sur Dieu

Parmi tous ceux qui connaissaient le jeune George Müller, personne n’aurait pu imaginer qu’un jour, il vivrait pour Jésus et prendrait soin de plus de dix mille enfants. Né le 27 septembre 1805 dans le royaume de Prusse (une région qui aujourd’hui fait partie de l’Allemagne), George passe son enfance avec son frère, et tous deux s’attirent beaucoup d’ennuis. À l’âge de dix ans, il a déjà volé plusieurs fois de l’argent des impôts à son père, qui était comptable. Lorsqu’il a quatorze ans, sa mère meurt ; mais cette nuit-là, au lieu de changer de vie et d’abandonner ses activités coupables, il joue à des jeux d’argent jusqu’au petit matin. Il continue à voler, mentir, et vivre une vie de péché. Un jour, à l’âge de seize ans, après avoir volé de l’argent à un aubergiste, George est arrêté et envoyé en prison. Il y passe une année entière. À sa sortie, il reprend ses mauvaises habitudes.

Il donne l’impression de bien travailler à l’école et connaît même six langues : le latin, le grec, l’hébreu, l’allemand, le français et l’anglais. George est apprécié de ses professeurs

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