Autorité
Comment l’autorité exercée selon Dieu protège les plus vulnérables, bénit nos communautés et contribue à l’épanouissement de tous
Comment l’autorité exercée selon Dieu protège les plus vulnérables, bénit nos communautés et contribue à l’épanouissement de tous
Dans un monde où l’autorité est constamment remise en question, Jonathan Leeman nous rappelle que nous devons être de bons intendants de notre autorité pour la gloire de Dieu. Il examine, de manière concrète, à la fois les bonnes et les mauvaises pratiques et nous oriente vers de meilleurs exemples de l’autorité confiée par Dieu.
Gordon REID
PDG de Stop and Shop LLC
J’ai passé trente-deux ans dans les instances de l’armée et six dans l’industrie, et j’apprends toujours ! Voici un discours convaincant, captivant et plein de compassion. Jonathan Leeman utilise des anecdotes et des histoires puissantes pour nous faire comprendre les principes, les vérités et les préceptes de l’autorité. Il définit le cadre de leur application pratique. Ce livre est un incontournable pour tous ceux qui exercent l’autorité ou qui y sont soumis.
Scott VANDER HAMM
Général retraité de l’US Air Force
En tant que pasteur, je trouve ce livre particulièrement stimulant pour nous aider à exercer l’autorité de la bonne manière dans le ministère. Une autorité qui n’est jamais ultime, car elle doit s’exercer en soumission à Dieu et à sa Parole. Une autorité qui n’est jamais définitive afin qu’elle soit transmise à d’autres pour « créer » la vie dans l’Église. Une autorité qui se manifeste dans l’humble service du troupeau que le Seigneur nous a confié. Cet ouvrage, tout en nuances, est truffé de réflexions convaincantes pour permettre à toute personne en position d’autorité de l’exercer avec sensibilité. Excellent !
Olivier FAVRE
Auteur et pasteur retraité
Jonathan Leeman traite un sujet controversé, voire explosif, avec sagesse et sensibilité pastorale. Il conteste la vision négative de l'autorité qui prévaut dans la pensée occidentale depuis quelques décennies, mais dénonce aussi avec vigueur et clarté l'autoritarisme malsain et les abus de pouvoir qui font tant de mal dans nos sociétés comme nos Églises. Parmi les éléments stimulants de l'ouvrage, la distinction que l'auteur apporte entre autorité de commandement et de conseil est utile et éclairante, même si, ici ou là, ses définitions peuvent naturellement prêter à discussion. Je suis reconnaissant pour cette contribution utile à la réflexion sur un sujet essentiel.
Matthieu SANDERS
Pasteur Église évangélique baptiste de Paris-Centre
Aujourd’hui, l’autorité est contestée parce qu’elle est jugée oppressive. Ce livre offre une étude sérieuse et dynamique de ce thème. Il rejette fermement les abus tout en montrant que l’autorité est vitale pour un fonctionnement adéquat de la société, de l’Église et de la famille. Lorsqu’elle est utilisée correctement, l’autorité est au service de ceux qu’elle dirige. Ce livre arrive à point nommé. Il est un guide fiable concernant un sujet polémique. Fidèle à la Bible, il est empreint de sagesse pastorale. Il offre une analyse détaillée, ainsi que de nombreux exemples pratiques.
Sharon JAMES
Analyste des politiques sociales pour le Christian Institute
Avec le cœur d’un pasteur et l’esprit d’un théologien, Jonathan Leeman offre une perspective pertinente sur un sujet intemporel. Avec une écriture fluide et des exemples convaincants, il exhorte tous les chrétiens fidèles à reconsidérer les arguments bibliques en faveur de l’autorité dans chacun des domaines de nos vies.
William INBODEN
Professeur et directeur du Centre Alexander Hamilton pour l’éducation classique et civique à l’université de Floride
Comment l’autorité exercée selon Dieu protège les plus vulnérables, bénit nos communautés et contribue à l’épanouissement de tous
Les éditeurs remercient chaleureusement tous ceux qui ont collaboré à la réalisation de cet ouvrage : Miryam, Claudine, Viviane et Nelly.
Merci aussi à toi, Ben : tes excellents conseils nous ont permis d’affiner les termes de cette traduction.
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Authority: How Godly Rule Protects the Vulnerable, Strengthens Communities, and Promotes Human Flourishing • Jonathan Leeman
© 2023 • Jonathan Leeman
Published by Crossway, 1300 Crescent Street
Wheaton, Illinois 60187, États-Unis
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.
Édition en langue française :
Autorité : Comment l’autorité exercée selon Dieu protège les plus vulnérables, bénit nos communautés et contribue à l’épanouissement de tous • Jonathan Leeman
© 2025 • BLF Éditions • www.blfeditions.com
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.
Traduction : Miryam Lott
Révision : BLF Éditions
Couverture : Spencer Fuller, Faceout Studios
Mise en page : NouvelleCreation
Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version
Colombe Copyright © 1978 Société biblique Française. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les caractères italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage.
Versions alternatives employées dans cet ouvrage : la Second21 (S21), la Bible du Semeur (BDS), la Bible Darby (DRB), la Bible Parole de Vie (PDV), la Nouvelle Français Courant (NFC), la Nouvelle Bible Segond (NBS), la Traduction œcuménique de la Bible (TOB). Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés.
Imprimé en France par Sprint
ISBN 978-2-38657-075-9 broché
ISBN 978-2-38657-076-6 numérique
Dépôt légal 2e trimestre 2025
Partie 1. Qu’est-ce que l’autorité ?
01 • L’autorité est une belle création de Dieu, un cadeau de sa part pour partager son Règne et sa gloire 43
02 • L’autorité est le sinistre stratagème de Satan pour supplanter Dieu 61
03 • C’est par l’autorité que Christ sauve et rachète 77
Partie 2. Qu’est-ce que la soumission ?
04 • La soumission est le chemin vers la croissance, vers l’autorité et la ressemblance au Dieu incarné 101
05 • La soumission n’est jamais absolue, elle a toujours des limites 119
Partie 3. Cinq principes pour bien exercer l’autorité
06 • L’autorité bien exercée est redevable et se soumet à une autorité supérieure 139
07 • L’autorité bien exercée ne détruit pas la vie, elle la crée 151
La série de livres 9Marks repose sur deux idées fondamentales. Premièrement, l’Église locale est bien plus importante pour la vie chrétienne que ne l’imaginent de nombreux chrétiens aujourd’hui.
Deuxièmement, les Églises locales croissent et augmentent en vitalité et en vigueur lorsqu’elles organisent leur vie autour de la Parole de Dieu. Dieu parle. Les Églises devraient l’écouter et le suivre. C’est aussi simple que cela. Lorsqu’une Église l’écoute et le suit, elle commence à lui ressembler. Elle reflète son amour et sa sainteté. Elle manifeste sa gloire. C’est en se mettant à son écoute qu’une Église pourra lui ressembler.
Voici le message fondamental que nous adressons aux Églises : ne cherchez pas à utiliser les meilleures pratiques commerciales ou à adopter un style plus moderne. Tournez-vous vers Dieu. Commencez par écouter à nouveau la Parole de Dieu.
De ce projet global est née la série de livres 9Marks. Certains s’adressent aux pasteurs, d’autres aux membres d’Église. Ces livres offrent une analyse approfondie du texte biblique associée à une réflexion théologique, une prise en compte du contexte culturel, des mises en pratique pour la communauté et même quelques exhortations individuelles. Les meilleurs livres chrétiens sont toujours à la fois théologiques et pratiques.
Nous prions que Dieu utilise cet ouvrage, ainsi que les autres, pour préparer l’épouse de Christ, l’Église, afin qu’elle soit rayonnante de beauté et resplendissante pour le jour de sa venue.
Ce livre traite de l’autorité, de la bonne comme de la mauvaise manière de l’exercer. Pourtant, mon but n'est pas d'écrire un livre abstrait sur un sujet abstrait. Je souhaite vous impliquer dans ce processus et vous interroger sur l’usage que vous faites de votre autorité. Évidemment, cela demande que je sois, moi aussi, personnellement impliqué.
Dans cette optique, j’ai écrit dans un style plutôt informel. Plus important encore, je commence par une confession : j’écris sur le bon usage de l’autorité bien mieux que je ne l’applique moi-même.
L’autorité bien exercée est belle, tout comme est beau un visage parfaitement symétrique, ou comme est belle une vie menée en parfaite conformité à la loi de Dieu. Mais si vous examinez suffisamment longtemps ce visage ou cette loi, vous découvrirez que votre visage, lui, n’est pas parfait et que vous n’obéissez pas pleinement à la loi.
Mais je veux nous aider, vous et moi, à contempler le visage de celui qui a été le seul à respecter parfaitement la loi et à exercer parfaitement son autorité afin que vous et moi puissions être transformés. Seule la lucidité que nous offre l’Évangile nous permet d’y parvenir en toute honnêteté. Je ne suis pas un modèle de bonté. Et vous non plus. Être persuadé du contraire, c’est ressembler au pharisien qui a prié : « Ô Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme […] ce péager. »
Apprendre à diriger comme Jésus ne se limite pas à une simple leçon de morale déclinée en cinq règles de conduite. Nous devons reconnaître et confesser nos manquements, et cela jusqu’au plus profond de notre for intérieur. Il ne s’agit pas simplement de dire : « Seigneur Dieu, j’ai une ou deux fois fait un mauvais usage de mon autorité. Oups, désolé de m’être planté. » Mais plutôt : « Seigneur Dieu, de par ma nature pécheresse, je suis un piètre utilisateur de l’autorité. Et sans ta grâce, je ne pourrais jamais cesser d’en faire un mauvais usage. »
Cette démarche requiert repentance et foi.
C’est la raison pour laquelle j’ai commencé ce projet d’écriture en demandant à mes supérieurs (mes patrons, par exemple), à mes partenaires (mes amis) et à mes subalternes (mes enfants ou mes employés) de me dire si j’exerçais l’autorité d’une bonne manière. Je leur ai spécifiquement demandé de souligner les aspects négatifs. Heureusement, ils ont tous été gentils avec moi, et je leur en suis reconnaissant. Cependant, pour évoquer mes défauts, quelqu’un a fait cette remarque : « Parfois, tu peux te montrer vraiment passionné. Au pire, cela peut donner l’impression que tu cherches à tout contrôler. » Un autre a fait remarquer : « Tu peux être très direct, ce que j’apprécie. Mais je peux imaginer que quelqu’un qui ne te connaît pas bien puisse trouver certaines de tes remarques mordantes. »
Avez-vous remarqué le sous-entendu ? En général, je sais comment me « comporter ». Quand je suis en position d’autorité, je sais quelle image renvoyer aux autres. Mais « de temps en temps » ou « en certaines occasions », quelque chose de différent m’échappe. Et ces petites fuites révèlent la version déchue de moi-même – ce que je suis par nature, sans la grâce de Dieu. Elles révèlent quelque chose qui se cache dans les profondeurs de mon âme.
De quoi s’agit-il ? Peut-être ai-je une tendance chronique et profonde à me surestimer et à vouloir tout contrôler ? En creusant plus encore, je constate ma tendance persistante à croire les paroles du serpent quand il a dit à Ève : « Vous serez comme Dieu ! » En
approfondissant davantage encore, je découvre que Dieu me paraît ridiculement petit. De plus, l’amour que j’ai pour ceux qui sont sous mon autorité est bien limité ; ma compassion à leur égard et mon désir de les voir grandir et se fortifier est bien trop faible.
Qu’en est-il de vous ? Vous avez de l’autorité. Tout le monde en a. Même si vous avez treize ans et que vous ne l’exercez que sur votre chambre ou sur les pensées qui tournent dans votre tête. Vous « dominez » sur quelque chose – un petit lopin de terre comme Adam et Ève dans le jardin. Ce lopin de terre, le voyez-vous comme quelque chose dont Dieu vous confie la gestion ? Utilisez-vous votre autorité pour favoriser la vie, le bonheur et l’épanouissement des autres ? Ou bien regardez-vous votre domaine en vous disant : « C’est à moi ! » ? L’utilisez-vous à vos propres fins pour vous glorifier vousmême ? Et si on pouvait plonger les regards dans les profondeurs de votre âme, qu’y trouverait-on ? Y trouverait-on l’élan nécessaire pour dire avec Jean-Baptiste au sujet de Jésus : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » Ou est-ce juste l’inverse ?
Je vous encourage à réfléchir à tout cela en lisant ce livre. Ne lisez pas les histoires de personnes qui ont bien exercé leur autorité en vous disant d’emblée que vous leur ressemblez. Remerciez Dieu pour leur exemple et posez-vous plutôt la question : « Est-ce que je ne ressemble pas parfois davantage aux gens dont l’histoire n’est pas très glorieuse ? » Le problème, c’est qu’aujourd’hui tout le monde se dit : « C’est moi le gentil dans cette histoire ! » Alors que la Bible ne cesse de nous dire : « Non, il n’y a qu’un seul “gentil” ! » Et il ne s’appelle ni Adam, ni Abraham, ni Moïse, ni David, Miryam, Marie, Pierre ou Paul. Il s’appelle Jésus.
Si vous pensez qu’il suffit simplement d’adopter les cinq principes que je propose au milieu du livre pour bien exercer votre autorité, autant arrêter de lire dès maintenant. Vous resterez orgueilleux. Et si vous êtes orgueilleux, vous finirez toujours par exercer votre autorité d’une manière blessante, en rabaissant ou méprisant ceux que vous dirigez – et cela, même si Dieu utilise aussi, par sa grâce commune, votre égoïsme en vue du bien. Tant que vous et moi
Nous avons été comme David qui a refusé de corriger ses fils. Ainsi, il a opté pour la logique du court terme et de la facilité, ce qui conduira à la ruine de sa famille et de son royaume.
Nous avons été comme l’enfant insensé décrit dans les Proverbes. Nous méprisons le conseil et la sagesse de ceux qui essaient de nous aider à exercer nos responsabilités.
Nous avons été comme Abraham lorsqu’il a mis sa femme en danger plutôt que d’assumer lui-même les risques et la charge. Nous avons été comme Adam et Ève dans le jardin. Ils ont pensé être tes égaux.
Nous n’avons pas été comme Christ, qui a démontré qu’il était roi en donnant sa vie par amour. Nous, nous n’avons pas aimé.
Pardonne-nous, Seigneur, pour ce que nous avons fait et ce que nous n’avons pas fait avec l’autorité que tu nous as donnée. Merci pour cette promesse : si nous confessons nos péchés, tu nous pardonnes et tu nous purifies de toute injustice. Nous ne venons pas devant toi en disant : « Regarde comme nous avons bien travaillé ! », ou encore « Finalement, nous n’étions pas si mauvais que cela ! », ou encore « Veuille tenir compte des circonstances atténuantes ! ». Nous ne voulons pas minimiser notre péché. Au contraire, nous reconnaissons qu’il est considérable. Et nous invoquons la justice parfaite et magnifique du Fils, en te demandant de tu nous regarder avec compassion à travers lui.
Merci pour Jésus qui a exercé son autorité, non pas comme Adam, Abraham, Moïse ou David. Quel roi et quel Sauveur glorieux ! Il est venu non pour être servi, mais pour servir. Et c’est sur ses épaules que repose le gouvernement du monde en toute légitimité. Le Prince de la paix est digne de toutes nos louanges et de notre adoration. Utilise ce livre pour nous apprendre à diriger comme lui, pour le bien des autres et la gloire de ton nom. Amen.
La scène se déroule un lundi du mois de novembre 2021, dans un collège situé dans la périphérie de Portland dans l’Oregon : le Reynolds Middle School à Fairview. La direction de l’établissement adresse aux parents d’élèves un courriel de trois phrases pour les informer que le collège sera fermé pendant trois semaines. La direction et l’équipe pédagogique n’ont pas réussi à mettre un terme aux bagarres entre lycéens. Ils ont besoin de temps pour reprendre les choses en main.
Avant la fermeture, les élèves avaient organisé une manifestation : ils étaient mécontents du manque flagrant d’autorité de la part de l’administration. « Nous avons simplement décidé qu’il était temps de faire quelque chose », a observé un collégien de treize ans à propos de l’échec des adultes à traiter le problème endémique des bagarres, des insultes et des gestes déplacés.
« Les enfants essaient de prendre les initiatives que les adultes devraient prendre », a déclaré l’un des parents.
« On ne savait plus du tout qui était aux commandes », a dit un autre.
Face à la protestation croissante des élèves et de leurs parents concernant l’insécurité, le collège décide finalement d’une coupure de trois semaines afin de développer des « protocoles de sécurité » et un « soutien socio-émotionnel » pour gérer la confusion1.
J’ai séjourné chez des amis à Portland quelques semaines après cet événement. En parlant de cette situation, nous sommes partis du principe que l’éducation était au centre des préoccupations des enseignants et de la direction. Nous avons supposé que c’était aussi le cas pour les parents. Et pourtant, pour diverses raisons, ces adultes n’étaient pas en mesure de gérer un bâtiment rempli de collégiens âgés de onze à treize ans. Et puis, tout s’est effondré et la machine s’est arrêtée.
Qu’est-ce qui manquait ? Cet établissement avait besoin, entre autres, de mieux comprendre ce qu’est l’autorité. Les habitants de Portland sont angoissés au sujet de l’autorité. Tout comme la plupart des Américains. Et tout comme la plupart des citoyens de nos démocraties occidentales.
De manière générale, les êtres humains ont un problème avec l’autorité, et pas seulement ceux d’entre nous qui vivons dans des démocraties libérales de type occidental. Mais le problème que nous avons, nous Occidentaux, c’est que nous ne savons pas quoi faire de l’autorité. Nous la détestons, mais nous ne pouvons pas vivre sans elle.
Quittez maintenant Portland et rejoignez-moi dans un café branché aux abords de Capitol Hill , un quartier de Washington DC. C’est juste à quelques rues de mon bureau. C’est un samedi matin. Vous observez un couple aisé et influent, dans la trentaine, en tenue de sport hors de prix, assis à une autre table. Ils essaient tant bien que mal de calmer leur enfant de trois ans qui a laissé tomber son muffin et qui, maintenant, pique une colère. Le mari le supplie doucement. La femme, en désespoir de cause, lui propose des jouets et d’autres friandises. Ils argumentent avec lui comme s’il s’agissait d’un adulte. On dirait que personne ne leur a jamais expliqué que ce sont eux les parents, qu’ils peuvent poser des limites et imposer des conséquences
et qu’ils n’ont pas besoin de l’approbation de leur enfant pour cela. Mais à présent, l’enfant court dans tout le café. Et eux, ils ont l’air plus désespérés que jamais. Ils sont impuissants. Cette famille est probablement nettement plus aisée que les parents qui scolarisent leurs enfants au collège Reynolds de Portland, mais c’est la même histoire. Ils n’ont pas les outils nécessaires pour guider leur enfant et agir pour son bien. Ils ne savent pas comment exercer leur autorité.
Pour leur accorder le bénéfice du doute, je dirais que c’est sûrement une question d’ignorance. La culture occidentale les a trahis et aveuglés. Comme les parents et les enseignants du collège Reynolds, ils sont les héritiers de plusieurs siècles d’attaques contre toute forme d’autorité, quelle qu’elle soit. Depuis le jardin d’Éden, chaque être humain résiste à l’autorité. Mais nous, dans l’Occident façonné par les Lumières, nous avons donné à cette résistance une dignité morale et philosophique. J’ai été scolarisé dans une école publique. En primaire, ma maîtresse m’a appris à ne pas faire confiance à l’autorité de l’Église parce que celle-ci avait persécuté Galilée. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité de la Bible parce que la science nous enseigne d’abandonner les croyances superstitieuses. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à la science parce que de toute manière la nouvelle génération de scientifiques allait discréditer la précédente. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité du roi parce que la royauté de droit divin, ça n’existe pas. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité de la majorité démocratique parce qu’elle aussi peut être tyrannique. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité de la justice, car après tout, ce n’est que de la politique. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité des philosophes parce qu’ils jouent avec les mots. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité des mots parce que quelques philosophes français ont fait remarquer que les gens transforment en armes de guerre certains termes usuels tels que « straight » ou « queer ». Ainsi, ils normalisent nos préférences et marginalisent ceux qui sont différents. Ma maîtresse m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité du marché parce que le capitalisme est le frère jumeau du racisme.
Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité de la police parce que les policiers sont, eux aussi, racistes. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité des médias parce qu’ils sont partiaux. Elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité de nos chromosomes XX ou XY parce qu’ils ne nous indiquent pas comment définir notre genre. Et bien sûr, elle m’a dit de ne pas faire confiance à l’autorité de maman et papa parce que, eh bien, la vie est plus drôle si on peut faite tout ce que l’on veut quand on le veut !
Cela étant dit, il ne reste plus aucune autorité à renverser. Sauf, l’autorité du « Moi ». C’est ce que veulent dire les écrivains quand ils décrivent notre époque comme étant « individualiste ». L’individualisme, ce n’est pas l’amour de la solitude ou le fait de ne pas avoir d’amis. Ce terme signifie que personne n’a le droit de me dire quoi faire ou qui être. Personne n’a autorité sur moi.
Au cours des dernières décennies, cette angoisse liée à l’autorité s’est également développée dans les Églises. Les chrétiens ont été influencés par la politique de l’ère Donald Trump, par les mouvements dénonçant les agressions sexuelles (#metoo et #churchtoo), par les épisodes de violences policières filmées par les téléphones portables, par les quarantaines et les fermetures en lien avec le COVID. Sans parler de la capacité des réseaux sociaux à fédérer autour de leurs revendications des gens géographiquement éloignés et à les rassembler en mouvement de rébellion. Les chrétiens sont plus que jamais méfiants vis-à-vis de l’autorité.
L’accumulation des cas d’abus sexuels dans l’Église et la chute de pasteurs influents ont affaibli la confiance des gens dans l’autorité du pasteur et de l’Église. Nous ne pouvons faire confiance ni aux anciens ni même à l’assemblée dans son ensemble pour rendre les pasteurs redevables. Au contraire, nous avons besoin d’intellectuels pour nous dire quoi penser et d’« expertises indépendantes » pour résoudre nos problèmes dans l’Église !!
Cette accumulation de cas d’abus, conjugués à ceux, toujours présents, des maris abusifs, a affaibli la confiance dans l’autorité masculine. L’enseignement chrétien du « complémentarisme », vieux de deux mille ans, qui affirme l’autorité des hommes dans l’Église et dans le foyer, a bien connu un sursaut de popularité dans les Églises évangéliques au cours des années 1990-2000. Mais depuis, la tendance s’est inversée, aidée en partie par l’effet égalisateur des réseaux sociaux.
Dans le même temps, les excès du gouvernement pendant la pandémie du COVID ont rendu certains chrétiens de plus en plus méfiants à l’égard de l’autorité du gouvernement. Évidemment, les restrictions liées au COVID n’ont fait qu’ajouter à la méfiance qui progressait déjà depuis deux décennies dans l’aile droite du paysage politique aux USA, en réponse aux lois sur l’identité de genre et l’orientation sexuelle. Voici un exemple typique : le gouvernement de l’Oregon a ratifié le Menstrual Dignity Act *. Cette loi oblige les établissements scolaires à placer des distributeurs de tampons dans les toilettes pour hommes ! En conséquence, un discours populiste anti-élite caractérise de plus en plus l’aile droite de l’échiquier politique. De la même manière, les chrétiens de l’aile gauche ne cessent de remettre en cause l’autorité de la police, et notamment depuis qu’il est possible de filmer, à l’aide de téléphones portables, les violences policières.
C’est peut-être sur les écrans de cinéma que notre méfiance visà-vis de l’autorité apparaît le plus clairement. Il suffit d’observer qui sont les héros. Le plus souvent, les héros de nos films sont des personnes qui s’opposent à l’autorité parce que les représentants de l’autorité sont malfaisants.
* NDT : Loi sur la dignité menstruelle (trad. libre).
En revanche, quand vous ouvrez votre Bible, des héros très différents apparaissent. Ces héros résistent très souvent aux dirigeants tyranniques : Moïse s’oppose au pharaon, Élie à Achab, Esther à Amman et, bien sûr, Jésus aux responsables religieux. Et pourtant, un autre thème, bien plus central, est toujours présent lorsque la Bible décrit un héros. Du début à la fin, quelle que soit l’histoire, le héros biblique est toujours celui qui obéit à Dieu.
Noé est obéissant et c’est ce qui fait de lui un héros. Demandez aux enfants de vos Églises, et ils vous le diront. C’est aussi le cas d’Abraham lorsqu’il obéit au Seigneur, allant même jusqu’à sacrifier son fils. C’est aussi le cas de Moïse, Josué, Ruth, David et les prophètes – tout du moins quand ils sont obéissants. Et tout cela nous mène à Jésus, le Fils parfaitement obéissant. Il ne dit que ce que son Père céleste lui demande de dire et ne fait que ce que son Père céleste lui demande de faire. Jésus est l’homme béni décrit dans le psaume 1, celui qui ne marche pas selon le conseil des méchants, mais qui trouve plaisir dans la loi de l’Éternel en la méditant jour et nuit.
En parallèle, les méchants de la Bible sont toujours ceux qui désobéissent, depuis Caïn jusqu’à Ponce Pilate en passant par le pharaon, le roi Saül, la reine Jézabel et Hérode.
Il est très rare qu’un film à succès vous incite à soutenir quelqu’un qui obéit : c’est l’exception qui confirme la règle. Par exemple, les spectateurs aimeraient que le jeune Anakin Skywalker se soumette à son maître Jedi Obi-Wan Kenobi et qu’il ne se transforme pas en Dark Vador. De même, nous aimerions qu’Harry Potter cesse de mentir et dise la vérité à Dumbledore. Bien évidemment, l’instinct d’obéir n’est pas complètement absent de notre culture, mais il est plutôt inhabituel.
Les films chrétiens nous encouragent davantage à acclamer et soutenir celui qui obéit ou se soumet. Dans ces films, l’histoire se concentre toujours sur le moment où le héros atteint un point de rupture, se soumet à Dieu et trouve la rédemption. Les films Ben-Hur, Mission, Fireproof, Face aux géants ou La Voix du pardon le démontrent.
Cependant, vous remarquerez que même dans ces films chrétiens, le héros n’est en lutte qu’avec lui-même et avec Dieu. Il ne s’agit pas de se soumettre à d’autres personnes. Se soumettre à Dieu est une chose, mais se soumettre aux autres ? Cela nous met mal à l’aise.
Nous en sommes donc là : nous nous sentons à la fois tiraillés et angoissés par la notion d’autorité. Après tout, nous avons entendu parler de toutes sortes d’abus d’autorité, que ce soient des rois qui imposent des impôts injustes à leurs sujets ou simplement des parents qui maltraitent leurs enfants. C’est donc à juste titre que la tradition occidentale moderne, et maintenant postmoderne, a cultivé dans notre cœur une « herméneutique du soupçon » à l’égard de toute forme d’autorité. Dans un certain sens, nous avons raison d’adopter par défaut une posture de méfiance envers ceux qui détiennent une autorité sur nous. Le pouvoir corrompt, dit-on. Et l’abus – que je définirai simplement comme un mauvais usage de l’autorité au détriment d’une autre personne – est répandu.
Pourtant, et peut-être de manière étonnante, quelque chose d’instinctif nous pousse à rechercher d’autres figures d’autorité pour résoudre les problèmes liés au mauvais usage de l’autorité. À l’époque du mouvement des droits civiques aux États-Unis, les Afro-Américains ont cherché de l’aide auprès du gouvernement fédéral. Ils voulaient que les discriminations qu’ils subissaient de la part des États et des municipalités soient prises en compte. De nos jours, les voix s’élèvent publiquement en faveur des victimes d’abus dans l’Église. Elles ne condamnent pas seulement les pasteurs qui ont géré ces cas de manière inappropriée, mais nous recommandent également de nous tourner vers la police et les services de protection de l’enfance.
Nous reconnaissons instinctivement que la solution au mauvais usage de l’autorité est rarement l’absence d’autorité, mais presque toujours une autorité bien exercée.
Dans notre environnement, l’utilisation abusive de l’autorité dans l’Église est l’un des obstacles majeurs à la bonne santé des Églises. Notre pays a fait partie de l’Union soviétique jusqu’à sa dissolution en 1991. La vision soviétique de l’autorité perdure jusqu’à ce jour au sein du gouvernement. Et cette idée d’un leadership autoritaire s’est répandue jusque dans l’Église. C’est cette vision de l’autorité qui prévaut chez la plupart des pasteurs et responsables d’Église. Nous avons urgemment besoin de renouer avec une compréhension biblique de l’autorité et d’apprendre à l’utiliser de la bonne manière dans le contexte postsoviétique en Asie centrale.
Pour illustrer son propos, mon ami missionnaire m’a donné deux exemples. Un membre de l’Église a demandé à son pasteur s’il y avait, au niveau du budget de l’Église, de l’argent pour soutenir les efforts d’évangélisation et de témoignage. Le pasteur lui a répondu que les membres de l’Église n’ont pas autorité pour poser des questions sur les finances de l’Église. L’argent est confié au pasteur qui, seul, détient l’autorité de décider de son affectation. D’ailleurs, il n’était pas question qu’il doive rendre compte de sa gestion des fonds.
Voici le deuxième exemple donné par mon ami : lors d’une conversation avec d’autres pasteurs, un pasteur plus âgé a parlé de luimême comme étant le « roi » de son Église. Il parlait des membres de son Église comme étant ses « sujets ». Il encourageait les pasteurs plus jeunes à se réjouir du jour où eux aussi seraient rois dans leur Église et avoir des sujets sous leur autorité.
Au mieux, les pasteurs cités dans ces deux exemples auront des ministères inefficaces : les gens ne grandiront guère en grâce et en sagesse et finiront par prendre leurs distances. Puis, l’Église fermera ses portes. Voilà ce qui arrivera si ces deux pasteurs manquent de charisme et de compétences. En revanche, s’ils possèdent ces deux qualités, leur ministère pourrait avoir des conséquences désastreuses dans la vie des membres d’Église et dans la formation de disciples.
Cette introduction souligne l’antipathie des Occidentaux envers l’autorité. En effet, je présume que mon public est avant
tout occidental. Néanmoins, j’ai essayé de méditer les Écritures et d’écrire le reste du livre en gardant à l’esprit les deux problèmes : celui d’un autoritarisme exagéré et celui du rejet individualiste de toute autorité.
Pour avoir une vision juste de ce qu’est l’autorité, nous devons toujours garder les deux yeux ouverts. Il faut toujours garder un œil fixé sur l’autorité mal exercée, l’autorité à la manière de Satan. C’est l’autorité telle qu’elle a été exercée lors de la chute. L’autre œil doit être fixé sur l’autorité bien exercée, l’autorité à la manière de Dieu. C’est l’autorité telle qu’elle a été voulue lors de la création et telle qu’elle a été exercée lors de la rédemption. C’est en ayant les deux yeux ouverts que nous voyons que l’autorité est un cadeau précieux, mais un cadeau dangereux.
L’autorité telle que voulue lors de la création : BONNE
L’autorité telle qu’elle est vécue après la chute : MAUVAISE
L’autorité une fois rétablie lors de la rédemption : BONNE
L’autorité exercée de la bonne manière et selon Dieu, est « auteur » de la vie, comme l’indique d’ailleurs la racine du mot : « auteur-ité ». Comme nous allons le découvrir, elle ne s’exerce pas uniquement de haut en bas, mais aussi de bas en haut. Une bonne autorité dit : « Laisse-moi être le socle sur lequel tu bâtis ta vie. Je te donnerai ce qu’il te faut, je te soutiendrai matériellement et je te montrerai la voie à suivre. Il te suffit de m’écouter. »
Une bonne autorité impose des limites pour permettre la liberté, corrige pour enseigner, taille pour faire croître, discipline pour instruire, légifère pour construire, juge pour racheter, étudie pour innover. Elle est l’enseignant qui enseigne, l’entraîneur qui entraîne, la mère qui materne. Elle est la règle du jeu, la ligne blanche sur la route, une alliance entre amoureux.
Elle dit : « Fais-moi confiance et je te donnerai un jardin dans lequel créer un monde. Il suffit de garder mes commandements. Je t’aime. »
Une autorité bien exercée aime. L’autorité bien exercée donne. L’autorité bien exercée délègue généralement le pouvoir.
Pourtant, nos premiers parents, tout comme nous, ont choisi de ne pas exercer leur autorité selon les commandements de Dieu. Nous avons cessé de rechercher l’approbation de Dieu et nous nous sommes, au contraire, appuyés sur celle du serpent, car il attisait notre envie de pouvoir absolu. Il a promis de délivrer sans imposer de limites, de faire croître sans tailler, de progresser sans étudier.
Quelle en a été la conséquence ? Un monde rebelle et maudit. Nous exerçons notre autorité de manière égoïste et donc inefficace. Et puisqu’elle est inefficace, nous finissons par l’exercer avec violence, car nous croyons que la violence nous permettra d’atteindre nos objectifs. Caïn n’est pas honoré pour son « adoration » et c’est pourquoi il tue.
En d’autres termes, le péché n’est rien d’autre que le mauvais usage de l’autorité par l’humanité. La désobéissance d’Adam et les massacres perpétrés par le pharaon appartiennent à la même catégorie. Ils fonctionnent selon le même principe et disposent de la même légitimation. Comme je l’ai dit dans le prélude, le pharaon a simplement frappé bien plus fort.
L’autorité mal exercée décourage, paralyse, flétrit, assèche, déshumanise, étouffe et annihile. Elle utilise, mais ne donne pas. On la retrouve dans l’impérialisme politique, l’exploitation économique, la dégradation environnementale, les monopoles d’entreprise, l’oppression sociale et la maltraitance des enfants.
Évidemment, l’autorité mal exercée ne se manifeste pas toujours de manière aussi monstrueuse. Bien souvent, elle charme et persuade. Elle s’inspire de la vérité et manifeste de l’empathie. Elle dit : « Je sais ce que tu ressens. Je comprends tes problèmes. Voici la solution. Écoute-moi. Respecte mes commandements. »
Quand il s’assiéra sur son trône royal, il écrira pour lui, dans un livre, un double de cette loi, qu’il prendra auprès des sacrificateurs-Lévites. Il devra l’avoir avec lui et y lire tous les jours de sa vie, afin qu’il apprenne à craindre l’Éternel, son Dieu, à observer toutes les paroles de cette loi et toutes ces prescriptions pour les mettre en pratique ; afin que son cœur ne s’élève pas au-dessus de ses frères, et qu’il ne s’écarte de ces commandements ni à droite ni à gauche ; afin qu’il prolonge ses jours dans son royaume, lui et ses fils, au milieu d’Israël.
Deutéronome 17.18-20
Les rois d’Israël étaient tenus de se soumettre à la loi de Dieu et de reconnaître que, fondamentalement, ils étaient sur un pied d’égalité avec le peuple. « Si tu te crois supérieur aux autres, leur dit Dieu, tu as intérêt à te placer sous mon autorité. C’est alors que tu prendras conscience que tu n’es pas meilleur que les autres. Tu n’es qu’un simple gestionnaire, un administrateur, un gardien de ce qui m’appartient ! »
Que faut-il en retenir ? L’autorité humaine, même bien exercée, n’est jamais parfaite. L’autorité bien exercée rend toujours des comptes. Pour reprendre l’analogie avec le Code de la route, l’autorité bien exercée reste à l’intérieur des lignes que Dieu a peintes sur la chaussée. En fait, une bonne autorité est toujours soumise !
Vous ne devriez pas diriger si vous ne pouvez pas vous soumettre ou si vous ne pouvez pas conduire en restant sur votre voie. En effet, une autorité bien exercée est toujours soumise à Dieu et à tous ceux qu’il place au-dessus de nous. Seule l’autorité de Dieu est absolue et globale. Elle est uniquement assujettie à la loi de sa propre nature. L’autorité des créatures est, quant à elle, toujours relative, comme nous le verrons dans les chapitres suivants.
De plus, l’autorité bien exercée telle qu’elle est décrite dans les Écritures et telle que j’en ai parlé est rarement un avantage pour ceux qui la possèdent. Évidemment, cela implique de diriger et de prendre des décisions. Jésus a dirigé. Mais le ressenti quotidien de ceux qui dirigent selon le cœur de Dieu n’est pas toujours positif.
En résumé, l’objectif de ce livre est de saisir à la fois les bonnes et les mauvaises formes d’exercice de l’autorité.
Qu’est-ce qui rend un exercice de l’autorité mauvais ? L’entraîneur de baseball de mon ami Anthony au lycée s’appelait Monsieur Lefort (nom fictif)*. Il exerçait mal son autorité. Anthony était interne dans un lycée pour enfants défavorisés en Pennsylvanie. Comme la plupart des garçons de ce lycée, il était orphelin de père et avait grandi dans la pauvreté. Monsieur Lefort connaissait l’importance des entraîneurs pour les garçons privés de père et il s’en est servi pour faire du favoritisme et monter les enfants les uns contre les autres. Il les insultait, se moquait d’eux et leur rappelait constamment qu’il leur était supérieur. Anthony se souvient d’un ami prénommé Mike. C’était l’un des meilleurs frappeurs qu’il ait jamais vus. Pourtant, Monsieur Lefort le critiquait sans cesse au sujet de son poids et de sa personnalité. Un jour, Mike a décidé de quitter l’équipe. « Jouer pour Monsieur Lefort, a dit Anthony, c’était comme porter un fardeau sans jamais pouvoir jamais s’en débarrasser. » Sans surprise, Monsieur Lefort n’a jamais rien pu tirer de ses joueurs et n’a jamais gagné un seul match.
Qu’est-ce qui rend bon un exercice de l’autorité ? Monsieur Guyer était le coach de football du lycée d’Anthony. Il exerçait bien son autorité. Monsieur Guyer, lui aussi, savait que la plupart de ces garçons étaient orphelins de père. Alors, il s’est efforcé de combler ce vide en leur donnant un fort sens des responsabilités et une attention constante. Il les a fait travailler dur. Il les faisait passer d’un exercice à l’autre et il les entraînait sans relâche. Parfois, il courait et s’entraînait avec eux. Ainsi, il leur montrait qu’il avait confiance en eux. Il leur parlait durement pour les corriger, mais il le faisait de façon à ce qu’aucun d’eux ne doute qu’il avait leur intérêt à cœur.
« Avec du recul, a dit Anthony, j’ai pris conscience que Monsieur Guyer n’était pas le meilleur coach du point de vue de la technique.
* Sauf indication contraire, les noms dans cet ouvrage sont réels.
Il avait un jeu simple et basique. Les autres équipes pouvaient anticiper notre jeu avant chaque coup. Mais cet entraîneur a su tirer le maximum de nous. Chaque membre de l’équipe donnait tout ce qu’il avait. Et nous avons gagné quelques matchs ! » Monsieur Guyer appartient désormais au Panthéon du sport de Pennsylvanie. Par la suite, Anthony a invité son entraîneur à son mariage et leur relation perdure encore aujourd’hui.
Quelle est la différence entre ces deux entraîneurs ? L’objectif de ce livre est de répondre à cette question.
Voici le plan qui nous permettra d’y parvenir.
La première et la deuxième parties (Chapitres 1 à 3 : « Qu’est-ce que l’autorité ? » et Chapitres 4 et 5 : « Qu’est-ce que la soumission ? ») s’intéressent aux fondements bibliques. Nous y aborderons la notion d’autorité et de soumission. Je vous aiderai à distinguer la bonne façon d’exercer l’autorité dans la Bible et dans le quotidien de nos vies, de la mauvaise manière. La mauvaise façon d’exercer l’autorité vole et détruit la vie, alors que la bonne façon d’exercer l’autorité crée la vie. De plus, Dieu nous a donné de l’autorité pour protéger les plus faibles, renforcer les communautés et promouvoir l’épanouissement des êtres humains. Si vous êtes critique vis-à-vis de l’autorité, je vous invite à porter une attention particulière au bien qu’elle peut produire. Si vous défendez l’autorité, et particulièrement si vous êtes en position d’autorité, vous devez examiner sérieusement ses abus.
La troisième partie (Chapitres 6 à 10 : « Cinq principes pour bien exercer l’autorité ») se concentre sur cinq attributs de l’autorité bien exercée. Les deux premières parties ont pour objectif de vous aider à vous attacher à la bonne autorité et vous opposer à la mauvaise. L’objectif de la troisième partie est d’offrir cinq principes pratiques pour bien exercer l’autorité. Pour ma part, ces principes ne sont pas seulement théoriques. Ils reflètent la manière dont j’ai cherché
à vivre avec ma femme, mes enfants, mes employés et les membres de mon assemblée. Je ne les ai pas suivis à la perfection, mais je m’efforce chaque jour de m’en rapprocher le plus possible.
La quatrième partie (Chapitres 11 à 17 : « À quoi ressemble une autorité bien exercée ? ») commence par distinguer deux types d’autorité : l’autorité de conseil et l’autorité de commandement. Ceux qui ont une autorité de conseil, tels que les maris et les anciens, ne disposent d’aucun moyen biblique pour faire respecter leur autorité. En revanche, ceux qui ont une autorité de commandement, tels que les gouvernements et les parents de jeunes enfants, disposent de cette capacité. Nous verrons que cette distinction influence considérablement la manière dont vous allez utiliser votre autorité.
Nous examinerons ensuite comment l’autorité devrait se manifester dans différents domaines.
Après le chapitre 17, la conclusion proposera une réflexion finale sur la question de l’égalité. Elle évoquera également la crainte de Dieu qui est le fondement de toute autorité exercée avec sagesse.
L’objectif de ce livre est d’aider chaque mari, parent, pasteur, policier, politicien, officier et employeur à comprendre ce qu’est l’autorité, un cadeau à la fois bon et dangereux, et à apprendre à l’exercer avec sagesse et prudence. J’espère interpeller ceux qui abusent de leur autorité, tout comme ceux qui abdiquent leur autorité ou évitent les décisions difficiles. Mais ce n’est pas tout. J’espère également que ce livre vous aidera à méditer davantage sur Dieu et sur son caractère. Le sujet de l’autorité nous emmène directement au cœur de l’identité de Dieu et de ce que signifie que d’être à son image. En fin de compte, ce que vous pensez de l’autorité en dit long sur votre vision de Dieu.
CHAPITRE 1
L’autorité est une belle création de Dieu, un cadeau de sa part pour partager son Règne et sa gloire
L’autorité telle que voulue lors de la création : BONNE
L’autorité telle qu’elle est vécue après la chute : MAUVAISE
L’autorité une fois rétablie lors de la rédemption : BONNE « J’aime beaucoup parler de mon père. »
Ce sont les premiers mots qu’Angela m’a dits lorsque j’ai finalement réussi à l’avoir au bout du fil. Quelques semaines plus tôt, j’avais annoncé à mon Église que j’écrivais un livre sur l’autorité et j’avais demandé aux membres s’ils pouvaient me raconter leur expérience – qu’elle soit bonne ou mauvaise – en lien avec l’autorité. Angela était enthousiaste à l’idée de pouvoir m’aider.
Il n’y a pas de mauvaises surprises dans son histoire. Aucun rebondissement ou déconvenue ne vient troubler son récit. Peutêtre vous semblera-t-il parfaitement ennuyeux. Il s’agit simplement d’une femme dans la quarantaine, mère de trois enfants et épouse d’un mari formidable, qui fait l’éloge de son père – ou qui plutôt, l’encense ! J’aimerais tellement que vous puissiez entendre l’enthousiasme qu’elle dégage quand elle s’exprime.
comme ça) et ce qu’il disait, nous le faisions. Il nous a fixé des limites. S’il me disait d’être rentrée pour dix heures, je savais que je devais m’y tenir. »
L’autorité bien exercée associe les deux postures d’immanence et de transcendance. Néanmoins, elles se combinent différemment en fonction du rôle. Un mari devrait principalement offrir de l’immanence à sa femme, alors qu’un général de l’armée devrait davantage pencher vers la transcendance. Le père d’Angela avait apparemment réussi à trouver un bon équilibre pour son rôle de père. Après avoir parlé des limites qu’il lui fixait, elle a continué en disant : « Mais c’était positif, et je lui faisais confiance. Je savais qu’il posait ses limites par amour. »
Comment savais-tu qu’il faisait cela par amour ?
Je savais simplement qu’il était de mon côté. J’aimais beaucoup la musique. Lui, ne connaissait rien à la musique et n’y comprenait rien du tout. Il était à fond dans le sport. Parce que j’étais très grande, je me demandais si, au fond de lui, il ne voulait pas que je sois joueuse de basket ou de volley. Mais il n’a jamais manifesté la moindre déception parce que je faisais ce que je voulais faire ou ce pour quoi j’étais douée. Au contraire, il était fier de moi. Il me soutenait et était présent à chaque fois.
Au fond de nous, nous n’aimons pas l’idée que quelqu’un puisse être « au-dessus » de nous. Néanmoins, lorsque nous savons que les figures d’autorité nous aiment, nous leur faisons plus facilement confiance. Nous reconnaissons que cela peut être une source de bénédiction, et cela même lorsqu’elles nous reprennent.
Pour illustrer son propos, Angela m’a raconté une anecdote survenue alors qu’elle était au lycée. Elle sortait régulièrement avec ses amis. Comme à son habitude, son père lui avait donné une heure précise pour rentrer, mais ce jour-là, elle ne l’a pas respectée. Il a téléphoné à l’endroit où elle avait dit qu’elle se trouverait, mais elle n’y était pas. Quand elle est arrivée chez elle, elle a trouvé un mot sur lequel était écrit : « Angela, je t’ai cherchée. Tu n’étais pas là où tu avais dit que tu serais. Je suis déçu. J’ai emmené toute la