Soyez audacieux • Warren W. Wiersbe

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Warren W. Wiersbe

Actes 13 à 28 • Soyez audacieux

COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU. À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.

audacieux

« […] nos chers frères Barnabas et Paul qui ont risqué leur vie pour la cause de notre Seigneur Jésus-Christ » (Actes 15 : 25-26 – Parole vivante). Quelle audace ! Autour de nous, la société se refroidit au point d’ériger ses craintes en « principe de précaution ». Le livre des Actes montre que les chrétiens, moins paralysés par la peur que motivés par l’espoir, partagent une même vision : celle de Dieu pour les perdus. Leur enthousiasme et leur dévouement leur permettent de tout affronter pour communiquer l’Évangile. Avons-nous gardé intact le premier amour ou notre prudence l’emportet-elle au point de calculer les sacrifices avant de s’engager pour la cause de notre Seigneur ? « En effet, si nous possédons la dynamique du Saint-Esprit dans notre vie, nous ne nous satisferons assurément pas du train-train spirituel. Nous attendrons du Seigneur qu’il nous place au cœur de l’action et fasse de nous des pionniers audacieux au lieu de spectateurs apathiques » (W. Wiersbe). Que ce commentaire nous apprenne à ne pas nous limiter à profiter de l’amour de Dieu pour nous, mais à brûler d’amour pour lui ! Des questions à la fin du livre vous permettront d’approfondir votre réflexion.

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9 782910 246518 ISBN 978-2-910246-51-8

W. Wiersbe

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Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale. Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau Testament de la collection « Soyez ».

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Actes 13 à 28 • Soyez audacieux

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Actes 13 à 28 Texte de Parole vivante inclus



Soyez audacieux • Actes 13 à 28



Questions d’étude

Warren W. Wiersbe

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Actes 13 à 28 Texte de Parole vivante inclus

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Éditions BLF • Rue de Maubeuge 59164 Marpent • France www.blfeurope.com

Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre : Be Daring © 1987 by Warren W. Wiersbe Cook Communications Ministries • 4050 Lee Vance View Colorado Springs • Colorado 80918 • USA Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés. Édition en langue française : Soyez audacieux • Warren W. Wiersbe © 2009 BLF Europe • Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés. Traduction : Sabine Bastin Couverture et mise en page : Éditions BLF Impression no 94923 • Iméaf • 26160 La Bégude de Mazenc Les citations sont tirées de La Nouvelle Version Segond Révisée (Bible à la Colombe) © 1978 Société Biblique Française. Avec permission. ISBN 978-2-910246-51-8 Dépôt légal 4e trimestre 2013 Index Dewey (CDD) : 226.6 Mots-clés : Bible – N. T. – Actes – Commentaire


Nous dédions ce livre à Dick et Marge Winchell, et à la grande famille missionnaire de la TEAM au service de Jésus-Christ à travers le monde.



Préface Le grand psychologue et philosophe américain William James (1842-1910) a dit : « La seule façon de vraiment vivre consiste à mettre sa propre personne en péril heure après heure ». Et le spécialiste de la motivation en entreprise Earl Nightingale d’affirmer : « Là où il y a danger, il y a une opportunité ; là où il y a une opportunité, il y a danger ». Paul et ses amis auraient approuvé ces deux principes par un « amen » appuyé et étayé cet avis favorable par le témoignage de leur vie. Après tout, Paul et Barnabas étaient connus au sein de l’Église primitive comme des hommes « qui ont exposé leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus-Christ » (Actes 15 : 26). C’est pourquoi Soyez Audacieux me paraît le titre idéal pour cette étude d’Actes 13 à 28, qui fait suite à l’étude des 12 premiers chapitres, intitulée Soyez Dynamiques. En effet, si nous possédons la dynamique du Saint-Esprit dans notre vie, nous ne nous satisferons assurément pas du train-train spirituel. Nous attendrons du Seigneur qu’il nous place au cœur de l’action et fasse de nous des pionniers audacieux au lieu de spectateurs apathiques. « Les pêcheurs savent que la mer est dangereuse et la tempête terrible, écrivit le peintre Vincent Van Gogh, ils n’ont pourtant jamais pensé que ces périls offraient une raison suffisante de ne pas prendre la mer ». Si le danger n’arrête pas les pêcheurs qui se soucient avant tout de gagner leur vie, pourquoi devrait-il arrêter les pêcheurs d’âmes qui se préoccupent de valeurs éternelles ? Oui, le temps est venu pour un plus grand nombre d’entre nous de devenir audacieux ! Warren W. Wiersbe

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Suggestion de plan du livre des Actes Thème : L’expansion de l’Église dans le monde

Verset clé : Actes 1 : 8

I. Le ministère de Pierre – Actes 1-12

1. Centre : Jérusalem 2. Ministère auprès des Juifs essentiellement 3. Pierre et les Juifs (1 à 7) 4. Pierre et les Samaritains (8) 5. La conversion de Saul (9) 6. Pierre et les païens (10 et 11) 7. Arrestation et libération de Pierre (12)

II. Le ministère de Paul – Actes 13-28 1. Centre : Antioche, Syrie 2. Ministère auprès des païens essentiellement 3. Premier voyage missionnaire de Paul (13 et 14) 4. La conférence de Jérusalem (15) 5. Deuxième voyage missionnaire de Paul (16 : 1 à 18 : 22) 6. Troisième voyage missionnaire de Paul (18 : 23 à 21 : 17) 7. Arrestation de Paul et voyage jusqu’à Rome (21 : 18 à 28 : 31)


1 Actes 13 et 14

Dieu ouvre des portes Nous associons souvent la prédication de l’Évangile aux paisibles villages de Palestine où le Seigneur Jésus a exercé son ministère. Pour cette raison, de nombreux chrétiens sont surpris d’apprendre que l’Église du livre des Actes était presque entièrement urbaine. L’historien Wayne A. Meeks a écrit : « Une décennie à peine après la crucifixion de Jésus, la culture palestinienne rurale avait disparu et la ville gréco-romaine était devenue le cadre prédominant du mouvement chrétien ». L’Église a vu le jour à Jérusalem avant de s’étendre dans d’autres villes, notamment Samarie, Damas, Césarée et Antioche de Syrie. Les Actes mentionnent au moins quarante villes différentes. Depuis Antioche, Paul et ses acolytes ont amené l’Évangile dans l’ensemble du monde connu à l’époque. En réalité, le compte rendu livré dans Actes 13 à 28 ressemble à un cours de géographie ancienne. Vers l’an 56, l’apôtre Paul pouvait écrire : « Ainsi, depuis Jérusalem et en rayonnant jusqu’en Illyrie, j’ai abondamment répandu l’Évangile du Christ » (Rom. 15 : 19). Quel bilan ! Dans les chapitres 13 et 14, Luc décrit le ministère de Paul dans six villes distinctes au cours d’un voyage entamé et achevé à Antioche.

À Antioche de Syrie : une décision (13 : 1-5) Le grand missionnaire en Inde et en Perse, Henry Martyn, a dit : « L’Esprit du Christ est l’Esprit des mis9


Soyez audacieux sions et plus nous nous approchons de lui, plus nous devenons intensément missionnaires ». Paul (Saul) et Barnabas ont pu le vérifier alors qu’ils exerçaient leur ministère à Antioche et qu’ils ont été appelés par l’Esprit à apporter l’Évangile dans l’Empire romain. Auparavant, le cœur du ministère se situait à Jérusalem et Pierre était son apôtre clé. Désormais, Antioche de Syrie va progressivement devenir le nouveau centre du christianisme (11 : 19) et Paul son nouveau leader. L’Évangile est en marche ! Luc cite cinq hommes à l’œuvre dans la communauté (5 : 1) : Barnabas, déjà rencontré plus tôt dans le livre (Actes 4 : 36-37 ; 9 : 27 et 11 : 22-26) ; Siméon, peut-être originaire d’Afrique puisqu’il est surnommé « le Noir » (Français courant) ; Lucius, originaire de Cyrène et peutêtre l’un des fondateurs de l’église d’Antioche (11 : 20) ; Manaën, un ami intime (voire un frère d’adoption) d’Hérode Antipas, celui-là même qui a ordonné l’exécution de Jean-Baptiste ; et enfin, Saul (Paul), le dernier de la liste qui en occupera bientôt la tête. Ces hommes servaient comme prophètes et docteurs dans une église locale. Les prophètes contribuaient à poser les fondations de l’Église en proclamant la Parole de Dieu (Éph. 2 : 20 ; 1 Cor. 14 : 29-32). Ils esquissaient l’avenir davantage qu’ils le prédisaient, bien qu’il leur arrivait aussi d’annoncer les choses à venir (11 : 27-30). Les docteurs avaient pour tâche d’affermir les nouveaux convertis dans les doctrines de la foi (2 Tim. 2 : 2). Dieu avait déjà appelé Paul à exercer un ministère auprès des païens (9 : 15 ; 21 : 17-21) et il appelait désormais Barnabas à travailler avec lui. Après avoir confirmé leur appel, l’église les a chargés d’une mission et les a envoyés. Il incombe au Saint-Esprit, à travers l’église locale, de recruter et d’équiper des croyants pour le service du Seigneur. Les organismes missionnaires modernes ne sont donc que des agences d’expédition, chargées de faciliter le travail autorisé par la communauté locale. Barnabas et Paul ont emmené Jean-Marc comme assistant. Il était le cousin de Barnabas (Col. 4 : 10) et la 10


Actes 13 et 14 maison de sa mère à Jérusalem servait de lieu de rassemblement aux croyants (Actes 12 : 12). Jean-Marc avait probablement été amené à la foi en Christ par Pierre (1 Pi. 5 : 13). Il ne fait aucun doute qu’il a aidé Barnabas et Paul de nombreuses façons, en les soulageant de tâches et de détails qui auraient pu interférer avec l’important ministère de la Parole.

À Paphos : une contrefaçon (13 : 6-12) Il était logique de se rendre d’abord à Chypre car Barnabas était originaire de l’île (4 : 36). Luc ne donne aucun détail sur le ministère exercé à Salamine, le grand centre commercial situé à l’extrémité Est du territoire chypriote. Certains de ses habitants y ont probablement reçu l’Évangile car une assemblée locale a pu y voir le jour. Les missionnaires ont ensuite parcouru cent quarante-cinq kilomètres vers Paphos à l’autre bout de l’île et c’est là qu’ils ont rencontré la première opposition. Paphos était la capitale de Chypre et le principal officier romain qui s’y trouvait en poste était Sergius Paulus, un « homme intelligent », désireux d’entendre la Parole de Dieu. Un faux prophète juif, appelé « fils de Jésus », s’opposait à nos missionnaires. Il est inhabituel de rencontrer un faux prophète et sorcier juif car les Juifs se tenaient généralement à l’écart de ces activités démoniaques. Le nom d’Elymas signifie « sorcier » ou « mage » (voir les mages dans Matt. 2). Cet événement illustre la leçon enseignée par Jésus dans la parabole de l’ivraie (Matt. 13 : 24-30, 36-43) : quand le Seigneur sème ses véritables enfants (le blé), Satan vient et sème une contrefaçon (l’ivraie), un rejeton du diable. Paul reconnaît en Elymas un enfant du Malin (Jean 8 : 44) et il réclame que le faux prophète soit frappé de cécité en guise de châtiment divin. Ce miracle atteste aussi aux yeux de Sergius Paulus que Paul et Barnabas sont les serviteurs du véritable Dieu et prêchent le véritable message du salut (Héb. 2 : 4). L’officier romain a cru et il a été sauvé. 11


Soyez audacieux Le verset 9 du chapitre 13 est le premier où apparaît le prénom familier de Paul dans le Nouveau Testament. En qualité de citoyen romain juif, le nom complet de l’apôtre était probablement « Saulus Paulus » car beaucoup de Juifs portaient un nom à la fois juif et romain.

À Perge : une désertion (13 : 13) Pourquoi Jean-Marc a-t-il quitté ses amis pour rentrer à Jérusalem ? Il avait peut-être simplement le mal du pays ou il s’était peu à peu irrité que Paul ait pris la direction des opérations au lieu de son cousin Barnabas. (Remarquez « Paul et ses compagnons » au verset 13.) Marc était un Juif pieux et il pourrait avoir éprouvé un certain malaise parmi les païens convertis. Des commentateurs pensent que le retour de Jean-Marc à Jérusalem a contribué à déclencher l’opposition des Juifs légalistes qui s’élevèrent plus tard contre Paul (voir Actes 15 et l’épître aux Galates). Une autre possibilité est la crainte du danger alors que le petit groupe se rendait dans des régions inconnues et difficiles. Peu importe la cause de son départ, Jean-Marc a commis une erreur si grave aux yeux de Paul qu’il a refusé de le réintégrer dans son « équipe » (v. 15 : 36) ! Plus tard, l’apôtre engagera Timothée pour remplacer Jean-Marc (16 : 1-5). Ce dernier a toutefois fait amende honorable et il a fini par retrouver la faveur de Paul (2 Tim. 4 : 11). Au cours de mes nombreuses années de ministère comme pasteur et membre de plusieurs comités missionnaires, j’ai vu de jeunes ouvriers réagir comme JeanMarc et chaque cas s’est révélé déchirant. Quelques-uns d’entre eux sont cependant revenus dans l’œuvre missionnaire grâce aux prières et aux encouragements du peuple de Dieu. D’après A.T. Robertson, Marc « a vacillé dans la crise » sans pour autant que la lumière s’éteigne complètement. C’est là un encouragement pour chacun d’entre nous. 12


Actes 13 et 14

À Antioche de Pisidie : une discussion (13 : 14-52)

Paul et Barnabas ont parcouru cent soixante kilomètres vers le nord et gagné environ mille mètres en altitude pour atteindre cette importante ville située sur la Voie romaine. En retraçant les voyages de Paul dans les Actes, vous remarquerez qu’il choisissait des villes stratégiques où il implantait des églises et, partant de ces communautés, il évangélisait les régions voisines. Vous noterez aussi que, chaque fois que c’était possible, il entamait son ministère dans la synagogue locale car il éprouvait un lourd fardeau pour son peuple (Rom. 9 : 1-5 ; 10 : 1) et il trouvait dans ce lieu à la fois des Juifs et des païens prêts à entendre la Parole de Dieu. Ce message est le premier de Paul rapporté dans les Actes. Il peut être divisé en trois parties, toutes introduites par l’expression « Vous, Israélites » ou « Frères ».

Première partie – Préparation (v. 16-25) Dans ce passage, Paul revient sur l’histoire d’Israël qui culmine avec le ministère de Jean-Baptiste et la venue du Messie. Il établit clairement que Dieu était à l’œuvre dans et pour Israël, préparant la voie pour la venue du Sauveur promis. Il rappelle aussi à son public que la nation israélite n’a pas toujours été fidèle au Seigneur et à son alliance, et qu’elle s’est souvent rebellée. Chaque Juif pieux savait que le Messie descendrait de la famille de David et qu’un prophète annoncerait sa venue au préalable. Jean-Baptiste était ce prophète. Deuxième partie – Déclaration (v. 26-37) Alors que Paul s’adresse à la fois aux Juifs et aux prosélytes de la communauté, il modifie son approche et passe de la troisième personne (« ils ») à la seconde (« vous »). Il explique pourquoi les chefs religieux de Jérusalem ont rejeté et crucifié le Messie des Israélites. Non pas parce qu’ils n’avaient pas lu ou entendu le message des prophètes, mais parce qu’ils ne l’avaient pas 13


Soyez audacieux compris. En outre, la crucifixion de Jésus de Nazareth était aussi annoncée par les prophètes. (Pierre a adopté la même approche dans son second discours, 3 : 12-18.) La résurrection de Jésus-Christ est l’événement déterminant : « Mais Dieu l’a ressuscité d’entre les morts » (v. 30). Paul leur présente l’Évangile, « cette parole de salut » (v. 26) et « cette Bonne Nouvelle » (v. 32). Christ est mort, il a été enseveli et il est ressuscité ! Puisqu’il s’adresse à une assemblée juive, Paul se sert des textes de l’Ancien Testament pour étayer ses arguments. Au verset 33, il cite le psaume 2 : 7. Remarquez toutefois qu’il évoque la résurrection du Christ et non sa naissance. Le « tombeau neuf » (Jean 19 : 41) est semblable au ventre qui a donné naissance à Jésus-Christ dans la gloire de la résurrection. Il cite ensuite Ésaïe 55 : 3 en référence à l’alliance conclue par Dieu avec David : « Les choses saintes de David, celles qui sont dignes de foi ». Dieu avait promis à David que de lui naîtrait le Messie (2 Sam. 7 : 12-17). Il s’agissait d’une alliance éternelle et d’un trône établi à jamais (2 Sam. 7 : 13, 16). Si Jésus était le Messie et s’il était mort sans revenir à la vie, cette alliance n’aurait jamais pu s’accomplir. Jésus devait donc ressusciter pour que l’alliance ne soit pas déclarée fausse. Sa troisième citation est celle du psaume 16 : 10, un passage aussi évoqué par Pierre dans son message de la Pentecôte (2 : 24-28). Les Juifs voyaient dans ce texte un psaume messianique et il était évident que cette promesse ne pouvait s’appliquer à David puisqu’il était mort, qu’il avait été enseveli et que son corps avait pu être corrompu. Elle devait s’appliquer à Jésus-Christ, le Messie.

Troisième partie – Application (v. 38-41) Paul leur a annoncé la Bonne Nouvelle (v. 32). Il ne reste plus qu’à lui donner une dimension personnelle et à « tirer les filets ». Il précise qu’à travers la foi en JésusChrist, ils peuvent obtenir deux bénédictions que la loi 14


Actes 13 et 14 ne leur permettra jamais d’acquérir : le pardon de leurs péchés et la justification devant le trône de Dieu. La justification est l’acte de Dieu par lequel il déclare le pécheur juste en Jésus-Christ. Elle porte sur la position du croyant devant le trône de Dieu. Or, on enseignait aux Juifs que Dieu justifiait les justes et punissait les méchants (2 Chr. 6 : 22-23). La Bonne Nouvelle est que Dieu justifie l’impie qui choisit de placer sa foi en Jésus-Christ (Rom. 4 : 1-8). La loi ne peut justifier le pécheur ; elle ne peut que le condamner (Gal. 2 : 16 ; Rom. 3 : 19-20). Non seulement Dieu pardonne nos péchés, mais il nous donne aussi la justice du Christ et nous l’attribue ! Cette nouvelle apportée par Paul ne manquerait pas de réjouir cette assemblée de Juifs et de prosélytes qui ne trouvaient pas la paix malgré leur religiosité. Paul achève son message par un avertissement tiré d’Habaquq 1 : 5 (voir aussi Ésaïe 29 : 14). À l’époque d’Habaquq, cette « œuvre » incroyable accomplie par Dieu était le soulèvement des Chaldéens pour éprouver son peuple, un acte si étonnant que personne ne pouvait y croire. Après tout, pourquoi Dieu utiliserait-il une nation païenne et pervertie pour punir son propre peuple, peu importe à quel point il était tombé dans le péché ? Mais l’œuvre incroyable accomplie par Dieu à l’époque de Paul était d’utiliser des Juifs pour sauver des païens ! Quel a été l’impact du message ? Beaucoup de Juifs et de prosélytes ont cru et ont rejoint Paul et Barnabas. Les païens se sont montrés particulièrement enthousiasmés par le message de Paul et ont souhaité en entendre davantage. Paul a donc repris la parole le sabbat suivant. Les fidèles avaient rapidement répandu la nouvelle et une grande foule s’est réunie. Elle était probablement composée essentiellement de païens, ce qui a suscité la jalousie et la fureur des Juifs. Dans son ultime message prononcé dans la synagogue, Paul affirme que Dieu a d’abord envoyé la Parole aux Juifs (Actes 3 : 26 ; Rom. 1 : 16), mais que ceux-ci l’ont rejetée. Dès lors, Paul apporterait désormais aussi 15


Soyez audacieux la Bonne Nouvelle aux païens et il évoque Ésaïe 49 : 6 pour étayer sa décision. (Voir aussi Luc 2 : 29-32.) Il était prêt à se rendre jusqu’aux extrémités de la terre pour gagner des âmes à Christ ! Actes 13 : 48 nous montre le côté divin de l’évangélisation car Dieu possède un peuple d’élus (Éph. 1 : 4). Le mot traduit par « destinés » signifie « inscrits, engagés » et indique que les enfants de Dieu ont leur nom inscrit dans son livre (Luc 10 : 20 ; Phil. 4 : 3). Le verset 49, par contre, montre le côté humain de l’évangélisation car si nous ne prêchons pas la Parole, personne ne pourra croire et trouver le salut. Les deux sont nécessaires (lire aussi 2 Thes. 2 : 13-14 et Rom. 10 : 13-15). Les Juifs incrédules ne se sont pas laissé passivement supplanter par Paul et Barnabas. Ils ont commencé par contester leurs dires, puis ils ont intenté une action en justice à leur encontre avant de les expulser du pays. Les missionnaires n’ont pas été découragés : ils ont secoué la poussière de leurs sandales (Luc 9 : 5 et 10 : 11) et ils se sont rendus dans la ville suivante en laissant derrière eux un groupe de disciples enthousiastes.

À Iconium : une division (14 : 1-7) Cette ville, davantage grecque que romaine, était située dans la province romaine de Galatie. Le ministère de Paul dans la synagogue s’est révélé particulièrement béni et une multitude de Juifs et de prosélytes ont cru. Une fois encore, des Juifs incrédules ont alimenté la haine et la contestation, mais les missionnaires ont tenu bon et témoigné du Christ avec audace. Dieu leur a aussi permis d’accomplir des prodiges et des miracles comme pour « attester » leur identité de serviteurs du Dieu véritable. (Voir 15 : 12 ; Héb. 2 : 4 ; Gal. 3 : 5.) La foi ne repose pas sur des miracles (Luc 16 : 27-31 ; Jean 2 : 23-25), mais elle peut s’en trouver fortifiée. C’est le message de la grâce qui accomplit l’œuvre de la grâce (14 : 26). 16


Actes 13 et 14 Résultats ? Une ville divisée et des chrétiens menacés de disgrâce publique et de lapidation. Obéissant au conseil de Jésus en Matthieu 10 : 23, ils ont fui dans une autre région romaine où ils ont continué à annoncer la Parole de Dieu.

À Lystre : un délire (14 : 8-20) Lystre se trouvait dans la province romaine de Galatie, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest d’Iconium. Cette visite est le premier des trois séjours effectués par Paul dans cette ville et quelle visite ! Lors de son deuxième voyage missionnaire, Paul a engagé Timothée à Lystre (16 : 1-5) et il a également rendu visite à cette église lors de son troisième voyage (18 : 23). Il convient de relever quatre réactions différentes observées pendant ce séjour. La réaction de l’impotent à la Parole (v. 8-10). Pierre et Paul ont tous deux guéri des hommes handicapés de naissance (Actes 3). Si leur handicap avait été provoqué par une maladie ou un accident, la guérison aurait pu être attribuée à une modification soudaine de leur état de santé. Par contre, dans les conditions présentes, leur guérison ne pouvait être que miraculeuse. Le mot traduit par « parler » au verset 9 désigne le mode de la conversation ordinaire, bien qu’il puisse aussi décrire un discours formel. Il est probable que Paul s’entretenait simplement avec quelques habitants sur la place de la ville, qu’il leur parlait de Jésus et que l’homme impotent ait perçu ses propos. La Parole a engendré la foi (Rom. 10 : 17) et la foi a produit la guérison. La réaction de la foule à l’impotent (v. 11-13). Les miracles seuls ne produisent ni la conviction ni la foi. Ils doivent être accompagnés par la Parole (14 : 3). Cette foule était superstitieuse et interprétait les événements à la lumière de sa propre mythologie. Les habitants ont assimilé Barnabas à Jupiter (Zeus), le dieu des dieux, et Paul, l’orateur, à Mercure (Hermès), le messager des dieux. Jupiter était le patron de la ville. L’occasion 17


Soyez audacieux était donc belle pour les prêtres de Jupiter de gagner en importance et d’amener le peuple à honorer leur dieu. La réaction des apôtres à la foule (v. 14-19). Comme il aurait été facile d’accepter cette vénération et de l’utiliser pour prêcher la vérité à la population ! Ce n’est toutefois pas la façon de procéder des véritables serviteurs de Dieu (2 Cor. 4 : 1-2 ; 1 Thes. 2 : 1-5). Paul et Barnabas se sont opposés à leur projet tout en affirmant courageusement aux habitants de Lystre que leurs dieux étaient des « vanités ». Le message de Paul ne s’appuyait pas sur l’Ancien Testament parce que son public était païen. Il a commencé par témoigner de Dieu dans la création (voir 17 : 24ss). Il a établi clairement qu’il n’existe qu’un seul Dieu qui est le Dieu vivant, le Dieu qui pourvoit et qui pardonne. Et le Dieu qui s’est montré patient envers les nations pécheresses (17 : 30) et ne les a pas jugées comme elles le méritaient. La foule s’est calmée, mais quand des agitateurs juifs sont arrivés d’Antioche et d’Iconium, elle s’est ralliée à leur cause et elle a lapidé Paul. Après avoir été assimilé à un dieu, Paul est soudainement devenu l’ennemi à abattre ! Le philosophe américain R. W. Emerson a défini la foule en ces termes : « Une société de corps se privant volontairement de raison ». Une description qui s’est souvent vérifiée. La réaction des disciples envers Paul (v. 20). Les nouveaux convertis de Lystre ont connu une situation de crise. Ils étaient minoritaires, leur chef venait d’être lapidé et leur avenir paraissait très sombre. Ils sont pourtant restés aux côtés de Paul ! Ils se sont probablement unis dans la prière en sa faveur, ce qui explique notamment pourquoi Dieu l’a relevé. Paul était-il mort ? Le texte ne le dit pas. Cette lapidation sera la seule subie par l’apôtre (2 Cor. 11 : 25) et elle a permis de glorifier Dieu. Cet événement précis a peut-être particulièrement touché Timothée au point d’entraîner ultérieurement sa collaboration avec l’apôtre (2 Tim. 3 : 10). 18


Actes 13 et 14

À Antioche de Syrie : une déclaration (14 : 21-28)

Pendant leur voyage de retour vers Antioche, les missionnaires ont participé à plusieurs ministères importants. D’abord, ils ont prêché l’Évangile et fait « un assez grand nombre de disciples ». Il est difficile de comprendre comment ils ont pu revenir dans les villes d’où ils avaient été expulsés, mais le Seigneur a ouvert les portes. Ensuite, ils ont affermi (v. 22) les croyants dans l’enseignement du Christ et les ont encouragés (« exhortaient ») à poursuivre dans la foi. La persévérance est un signe de la foi véritable en Jésus-Christ (Jean 8 : 31-32 ; Actes 2 : 42). Paul établit très clairement que la vie chrétienne n’est pas facile et qu’ils doivent tous s’attendre à des épreuves et à des souffrances avant de voir le Seigneur dans sa gloire. Troisièmement, ils ont structuré les églises (v. 23-25). La communauté locale est à la fois un organisme et une organisation car un organisme désorganisé se meurt ! Paul et Barnabas ont désigné des chefs spirituels en leur confiant la responsabilité de prendre soin du troupeau. Si nous comparons avec Tite 1 : 5 et 7, nous constatons que « ancien » et « évêque » désignent la même fonction et que tous deux sont l’équivalent de « pasteur » (berger). Le mot traduit par « nommer » signifie « élire à main levée ». Il est possible que Paul ait choisi les hommes et que l’assemblée ait voté pour approuver ce choix, ou que les croyants les aient choisis par vote avant que Paul les ordonne officiellement (voir 6 : 1-6). Enfin, ils ont fait rapport à l’église qui les avait envoyés de l’œuvre accomplie par Dieu (v. 26-28). Après une absence d’au moins une année, leur retour a dû beaucoup réjouir à la fois les missionnaires et leur communauté. Par la grâce de Dieu, ils avaient accompli l’œuvre que le Seigneur leur avait confiée et ils ont 19


Soyez audacieux joyeusement pu décrire les bénédictions reçues par la grande famille des croyants. Il s’agit probablement de la première « conférence missionnaire » de l’histoire de l’Église et quelle conférence ! Un pasteur m’a dit un jour : « Peu importe le montant que vous réclamez pour les missions, je vous le donnerais mais, de grâce, ne m’obligez pas à écouter vos missionnaires ! » Je me suis senti désolé pour lui car son niveau spirituel était si faible qu’il était incapable d’écouter l’œuvre accomplie par Dieu dans les régions les plus fermées à l’Évangile. En retraçant le premier voyage missionnaire de Paul, nous pouvons dégager les principes qui le guidaient, des principes qui restent d’application aujourd’hui. Il a travaillé essentiellement dans les villes clés en mettant les croyants au défi d’apporter le message dans des zones plus éloignées. L’Évangile agit dans les centres urbains et nous devons l’y présenter. Il a utilisé une approche dans les assemblées juives et une autre parmi les païens. Il renvoyait les Juifs et les prosélytes aux textes de l’Ancien Testament, mais il insistait sur le Dieu de la création et sur sa bonté envers les nations quand il s’adressait à des païens. Son point de départ différait, mais sa conclusion était identique : la foi dans le Seigneur Jésus-Christ. Il excellait dans l’établissement et l’organisation des églises locales. Jésus songeait à l’église locale lorsqu’il nous a laissé pour commandement d’aller et de faire de toutes les nations des disciples (Matt. 28 : 19-20). Après avoir fait des disciples, nous devons les baptiser (avant tout la responsabilité de l’église locale), puis leur enseigner la Parole de Dieu. Gagner simplement des âmes à Christ n’accomplit qu’un tiers de ce grand commandement ! L’assemblée chrétienne locale est nécessaire pour nous permettre d’accomplir l’intégralité de la mission que nous a confiée Jésus. Paul a affermi les croyants dans la Parole de Dieu. C’est l’unique source à laquelle nous pouvons puiser force et stabilité quand vient la persécution, malheureu20


Actes 13 et 14 sement inévitable. Paul n’a pas cherché à plaire en prêchant un « Évangile de la prospérité » qui promet une vie chrétienne facile. Le plus étonnant est que l’apôtre et ses partenaires ont accompli tout ce travail sans les moyens de transport et de communication modernes dont nous disposons aujourd’hui. Bob Pierce, l’un des directeurs de Jeunesse pour Christ aux États-Unis, avait coutume de nous dire : « D’autres ont accompli tant avec si peu alors que nous avons accompli si peu avec tant ! » Si elle était consacrée à l’évangélisation du monde, la richesse gaspillée par les seuls chrétiens américains pourrait suffire à sauver des millions d’âmes perdues. Paul et Barnabas ont annoncé que les portes de la foi avaient été ouvertes aux païens. Cette porte reste ouverte, pour les Juifs comme pour les païens et le monde entier ! Franchissez cette porte ouverte et contribuez à apporter l’Évangile aux autres. Soyez audacieux !

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2 Actes 15 : 1-35

Ne fermez pas les portes ! Les progrès de l’Évangile ont souvent été entravés par des individus à l’esprit fermé qui se tiennent devant les portes ouvertes et empêchent tout accès. En 1786, quand William Carey a exposé son souci pour les missions dans le monde devant un parterre de responsables pastoraux à Northampton, en Angleterre, l’éminent pasteur Ryland a décrété : « Jeune homme, asseyez-vous ! Quand il plaira à Dieu de convertir les païens, il le fera sans votre aide ni la mienne ! » Plus d’un serviteur de Dieu rempli de l’Esprit a dû franchir des portes ouvertes sur un champ missionnaire sans le soutien des églises et des responsables religieux. Paul et son équipe ont été confrontés au même défi lors de la conférence de Jérusalem, environ vingt ans après la Pentecôte. Ils y ont courageusement défendu à la fois la vérité de l’Évangile et l’appel missionnaire de l’Église. L’événement s’est déroulé en trois étapes.

Le débat (15 : 1-5) Tout a commencé quand quelques légalistes juifs se sont rendus à Antioche et y ont enseigné que la circoncision et l’obéissance à la loi de Moïse étaient nécessaires aux païens pour être sauvés. Ces hommes étaient liés à la communauté de Jérusalem sans pour autant avoir été mandatés par elle (15 : 24). Assimilés aux pharisiens (15 : 5), ces docteurs de la loi étaient de « faux frères » 23


Soyez audacieux cherchant à priver les croyants juifs et païens de leur liberté en Christ (Gal. 2 : 1-10 ; 5 : 1). Il n’est pas surprenant que l’église de Jérusalem ait compté en son sein de féroces partisans de la loi mosaïque qui ignoraient la relation entre la loi et la grâce. Ces Juifs avaient été formés à respecter et à obéir à la loi de Moïse et, après tout, les épîtres aux Romains, aux Galates et aux Hébreux n’avaient pas encore été rédigées ! Il se trouvait un grand nombre de prêtres dans la communauté de Jérusalem (6 : 7) ainsi que des fidèles qui respectaient encore certaines pratiques de l’Ancien Testament (voir 21 : 20-26). C’était une époque de transition et ces périodes sont toujours difficiles. En réalité, que faisaient ces légalistes et pourquoi étaient-ils si dangereux ? Ils tentaient de mélanger la loi et la grâce et de verser du vin nouveau dans de vieilles outres poreuses (Luc 5 : 36-39). Ils raccommodaient le voile déchiré (Luc 23 : 45) et bloquaient la voie nouvelle et vivante vers Dieu, qui avait été ouverte par Jésus en mourant sur la croix (Héb. 10 : 19-25). Ils reconstruisaient le mur entre Juifs et païens que Jésus avait abattu sur la croix (Éph. 2 : 14-16). Ils posaient le joug pesant du judaïsme sur les épaules païennes (Gal. 5 : 1 ; Actes 15 : 10) et demandaient à l’Église de quitter la lumière pour rejoindre l’ombre (Héb. 10 : 1 ; Col. 2 : 16-17). Ils affirmaient : « Un païen doit d’abord devenir juif avant de devenir chrétien ! Il ne suffit pas de croire en Jésus-Christ. Il faut aussi obéir à Moïse ! » Plusieurs problèmes essentiels sont en cause ici, dont le moindre n’est pas l’œuvre du Christ sur la croix telle qu’annoncée dans le message de l’Évangile (1 Cor. 15 : 1-8 ; Héb. 10 : 1-18). Dieu prononce un grave anathème sur quiconque prêche un autre évangile que celui de la grâce divine manifestée en Jésus-Christ, son Fils (Gal. 1 : 1-9). Lorsqu’un chef religieux décrète : « à moins d’appartenir à notre groupe, vous ne pouvez pas être sauvé » ou « à moins de participer à nos réunions et de respecter nos règles, vous ne pouvez pas être sauvé », il ajoute à l’Évangile et nie l’œuvre parfaite accomplie 24


Actes 15 : 1-35 par Jésus-Christ. Paul a adressé son épître aux Galates pour établir clairement que le salut s’obtient entièrement par la grâce de Dieu, à travers la foi en Christ, et rien de plus ! Un autre problème est la nature du programme missionnaire de l’Église. Si ces légalistes avaient raison, Paul et Barnabas s’étaient fourvoyés sur toute la ligne dans leur ministère. En plus de prêcher l’Évangile, ils auraient dû enseigner aux païens à vivre comme de bons Juifs. Pas étonnant que Paul et Barnabas aient débattu et contesté vivement les propos de ces faux enseignants ! (15 : 2, 7) Les croyants d’Antioche ont été « troublés » et « inquiétés » (v. 24). Cette confusion risquait de se répandre bientôt dans toutes les églises fondées par Paul et Barnabas, dont les membres étaient d’origine païenne. C’était une déclaration de guerre que les deux hommes ne pouvaient pas ignorer. Dans une révélation, Dieu ordonne à Paul d’exposer le problème devant les chefs de l’église de Jérusalem (Gal. 2 : 2) et l’assemblée d’Antioche marque son accord (« on » au v. 15 : 2). La réunion n’a pas été une convention au sens dénominationnel, mais plutôt une assemblée de responsables qui ont écouté les divers groupes, avant de prendre une décision. L’église mère de Jérusalem exerçait une grande influence, mais chaque église locale restait autonome.

La défense (15 : 6-18) Il apparaît qu’au moins quatre rencontres distinctes ont eu lieu dans le cadre de cette conférence stratégique : (1) l’accueil officiel de Paul et de ses compagnons (15 : 4) ; (2) une rencontre privée entre Paul et les principaux responsables (Gal. 2 : 2) ; (3) une seconde réunion publique au cours de laquelle les légalistes ont présenté leurs arguments (15 : 5-6 et Gal. 2 : 3-5) et (4) le débat public décrit dans Actes 15 : 6 et suivants. Au cours de ce dernier volet, quatre leaders clés ont défendu la 25


Soyez audacieux nécessité de laisser les portes de la grâce ouvertes pour les païens perdus. Pierre revient sur le passé (v. 6-11). Nous avons l’impression que Pierre est resté patiemment assis pendant le débat, attendant la direction du Saint-Esprit. « Celui qui répond avant d’avoir écouté, voilà bien pour lui stupidité et confusion ! » (Prov. 18 : 13). Pierre rappelle à l’Église quatre ministères importants accomplis par Dieu envers les païens, des ministères dans lesquels il a joué un rôle important. D’abord, Dieu a décrété que Pierre devait prêcher l’Évangile aux païens (v. 7). Jésus avait confié les clés du Royaume à Pierre (Matt. 16 : 19) et il s’en est servi pour ouvrir les portes de la foi aux Juifs (Actes 2), aux Samaritains (Actes 8 : 14-17) et aux païens (Actes 10). Les apôtres et les frères en Judée avaient critiqué Pierre pour s’être rendu chez les païens et avoir mangé en leur compagnie, mais il s’était défendu efficacement (11 : 1-18). Notez que Pierre établit clairement que Corneille et sa famille ont été sauvés pour avoir entendu et cru en l’Évangile et non pour avoir obéi à la loi de Moïse. Ensuite, Dieu a accordé le Saint-Esprit aux païens pour témoigner qu’ils étaient réellement nés de nouveau (v. 8). Dieu seul peut voir le cœur humain. Dès lors, si ces gens n’avaient pas été sauvés, Dieu ne leur aurait jamais donné son Esprit (Rom. 8 : 9). Ils n’ont pas reçu l’Esprit parce qu’ils se conformaient à la loi, mais parce qu’ils ont cru en la Parole de Dieu (Actes 10 : 43-46 ; voir aussi Gal. 3 : 2). Le message de Pierre était : « Quiconque croit en lui reçoit le pardon des péchés » (Actes 10 : 43) et non « Quiconque croit et obéit à la loi de Moïse… ». Par ailleurs, Dieu a aboli une distinction (v. 9, 11). Pendant des siècles, Dieu a établi une séparation entre Juifs et païens, et il incombait aux chefs religieux juifs de préserver et de maintenir cette différence (Lév. 10 : 10 ; Éz. 22 : 26 ; 44 : 23). Jésus a enseigné que les prescriptions alimentaires juives n’avaient rien à voir avec la sainteté intérieure (Marc 7 : 1-23) et Pierre avait à nou26


Actes 15 : 1-35 veau appris cette leçon dans sa vision sur le toit à Jaffa (Actes 10 : 1 et suivants). Depuis l’œuvre du Christ au Calvaire, Dieu ne fait plus de distinction entre les Juifs et les païens en matière de péché (Rom. 3 : 9, 22) ou de salut (Rom. 10 : 9-13). Les pécheurs ne peuvent purifier leur cœur que par la foi en Jésus-Christ. Le salut ne s’obtient pas en respectant la loi (Actes 15 : 9). On pourrait s’attendre à entendre Pierre conclure son discours par : « Ils [les païens] seront sauvés comme nous, les Juifs », or il dit précisément l’inverse ! « Nous [les Juifs] serons sauvés de la même manière qu’eux ! » Le quatrième ministère exercé par Dieu (et c’était là l’argument le plus percutant de Pierre) a été de retirer le joug de la loi (v. 10). En effet, la loi était un lourd fardeau qui pesait sur la nation juive, un poids qui avait été ôté par Jésus-Christ (voir Gal. 5 : 1 et suivants ; Col. 2 : 14-17 ; Matt. 11 : 28-30). Après tout, la loi avait été donnée à la nation juive pour la protéger des maux du paganisme et la préparer à la venue du Messie dans le monde (Gal. 4 : 1-7). La loi ne peut ni purifier le cœur du pécheur (Gal. 2 : 21) ni obtenir le don du Saint-Esprit (Gal. 3 : 2) ni donner la vie éternelle (Gal. 3 : 21). Ce que la loi ne pouvait accomplir, Dieu l’a opéré à travers son propre Fils (Rom. 8 : 1-4). Ceux qui ont cru en Jésus possèdent la justification de la loi en leur cœur et, par l’Esprit, ils obéissent à sa volonté. Ils ne sont pas motivés par la peur, mais bien par l’amour, « car celui qui aime les autres a accompli la loi » (Rom. 13 : 8-10). Paul et Barnabas témoignent du présent (v. 12). Le discours de Pierre a produit un grand impact sur les participants car ils ont gardé le silence lorsqu’il s’est tu. Puis Paul et Barnabas se sont levés pour raconter au groupe ce que Dieu avait accompli parmi les païens à travers leur témoignage. Luc ne consacre qu’un seul verset récapitulatif à leur intervention puisqu’il en a déjà fait état dans le détail aux chapitres 13 et 14. Paul et Barnabas étaient profondément respectés par l’église 27


Soyez audacieux (voir v. 25-26) et leur témoignage avait énormément de poids. Ils ont particulièrement insisté sur les miracles que Dieu leur avait permis d’accomplir parmi les païens. Ils attestaient que Dieu était à l’œuvre parmi eux (Marc 16 : 20 ; Actes 15 : 4) et qu’ils étaient les messagers choisis par le Seigneur (Rom. 15 : 18-19 ; Héb. 2 : 2-4). « Celui qui vous accorde l’Esprit, et qui opère des miracles parmi vous, le fait-il donc parce que vous pratiquez la loi, ou parce que vous écoutez avec foi ? » (Gal. 3 : 5). Ils avaient prêché la grâce, et non la loi, et Dieu avait honoré leur message. Si nous revenons sur le récit du premier voyage missionnaire (Actes 13-14), nous pouvons constater que l’accent est mis sur ce que Dieu a fait en réponse à la foi des hommes. Lisez les versets 13 : 8, 12, 39, 41, 48 ; 14 : 1, 22, 23, 27. Notez aussi l’importance accordée à la grâce (13 : 43 ; 14 : 3, 26). Dieu a ouvert la porte de la foi aux païens, et non la porte de la loi. D’ailleurs, l’église d’Antioche, qui a envoyé Paul et Barnabas, avait été fondée par des personnes « qui crurent et se convertirent au Seigneur » (11 : 21) et connurent « la grâce de Dieu » (11 : 23). Elles avaient été sauvées de la même façon que les pécheurs le sont aujourd’hui : « Par la grâce […] par le moyen de la foi » (Éph. 2 : 8-9). Pierre et Paul ont tous deux reçu des visions particulières de Dieu pour les pousser vers les païens (10 : 1 ; 22 : 21). C’est toutefois Paul qui a été mis à part comme apôtre auprès des païens (Éph. 3 : 1-12 ; Rom. 11 : 13 ; Gal. 2 : 6-10). Si les pécheurs païens devaient obéir à la loi de Moïse pour être sauvés, alors pourquoi Dieu avaitil donné à Paul l’Évangile de la grâce et l’avait-il envoyé vers eux ? Dieu aurait aussi bien pu envoyer Pierre ! Pierre avait évoqué les ministères exercés par Dieu auprès des païens par le passé et Paul et Barnabas font état de l’œuvre de Dieu parmi les païens au jour présent. Jacques est le dernier intervenant ; il se concentre sur l’avenir. 28


Actes 15 : 1-35 Jacques relie tout à l’avenir (v. 13-18). Jacques était l’un des frères de Jésus (Gal. 1 : 19 ; Matt. 13 : 55) et l’auteur de l’épître qui porte son nom. Ses frères et lui n’ont cru en Christ qu’après sa résurrection (Jean 7 : 5 ; 1 Cor. 15 : 7 ; Actes 1 : 14). Jacques possédait un penchant marqué pour la loi (son épître compte au moins dix références à la loi). Il jouissait donc d’un grand crédit auprès du clan légaliste de l’église de Jérusalem. L’idée maîtresse du discours de Jacques est l’accord. Il commence par exprimer son accord total avec Pierre et confirme le fait que Dieu sauve les païens par la grâce. Les légalistes ont dû être extrêmement surpris de l’entendre appeler les païens convertis « un peuple consacré à son nom », car depuis des siècles, ce titre prestigieux était réservé aux Juifs (voir Deut. 7 : 6 ; 14 : 2 ; 28 : 10). Aujourd’hui, dans sa grâce, Dieu appelle un peuple, l’Église, composé à la fois de Juifs et de païens. En réalité, le mot grec pour « église » (ekklesia) signifie « assemblée appelée dehors » (kaleo = appeler ; ek = dehors). Or, s’ils sont appelés, leur salut est dû à la seule grâce et non au respect de la loi ! Les légalistes ne comprenaient pas comment païens et Juifs pouvaient se côtoyer dans l’Église ni comment cette dernière s’inscrivait dans la promesse de Dieu d’établir un royaume pour Israël. L’Ancien Testament annonce à la fois le salut des païens (Ésaïe 2 : 2 ; 11 : 10) et le futur établissement d’un royaume glorieux pour Israël (Ésaïe 11-12 ; 35 ; 60), mais il n’explique pas comment les deux sont liés. Les légalistes étaient jaloux à la fois de la future gloire d’Israël et de la gloire passée de Moïse et de la loi. Il leur semblait qu’en acceptant les païens comme leurs « égaux spirituels », ils menaçaient l’avenir d’Israël. Nous comprenons mieux cette vérité aujourd’hui parce que Paul l’a expliquée dans Éphésiens 2 et 3 et Romains 9-11. Les païens et les Juifs sauvés sont tous membres du même corps et « un en Christ-Jésus » (Gal. 3 : 28). Après être restée un « mystère » (un secret sacré) pendant les siècles passés, la vérité au sujet de 29


Soyez audacieux l’Église, le corps du Christ, a été révélée à l’Église par l’Esprit. Le programme mystérieux de Dieu pour son Église n’annule pas son grand programme prophétique pour Israël. Paul dit clairement en Romains 9-11 qu’il y a un avenir pour Israël et que Dieu tiendra les promesses de son Royaume envers son peuple. Jacques affirme aussi que les prophètes sont d’accord avec cette conclusion et il cite Amos 9 : 11-12 pour étayer son argument. Remarquons qu’il ne dit pas que les propos de Pierre, Paul et Barnabas sont l’accomplissement de cette prophétie. Il dit que le texte d’Amos concorde avec leur témoignage. Une lecture attentive d’Amos 9 : 8-15 montre que le prophète décrit les événements qui surviendront à la fin des temps, quand Dieu rassemblera son peuple Israël dans son pays et le bénira abondamment. Si nous « spiritualisons » ces promesses, nous les privons de leur sens le plus simple et l’argument de Jacques ne tient plus. Amos a aussi annoncé que la maison déchue (« tente ») de David serait relevée et que Dieu accomplirait son alliance avec David en vertu de laquelle un roi prendrait place sur son trône (voir 2 Sam. 7 : 25-29). Ce futur roi, bien entendu, sera Jésus-Christ, le descendant de David (Luc 1 : 32 ; 2 Sam. 7 : 13, 16 ; Ésaïe 9 : 6-7) qui régnera sur Israël. En fait, le seul vivant capable de démontrer sa généalogie et de revendiquer sa royauté, c’est Jésus-Christ ! Dieu a progressivement révélé ces vérités à son peuple, mais son plan avait été défini dès le début. Ni la croix ni l’Église ne sont des ajouts de dernière minute (Actes 2 : 23 ; 4 : 27-28 ; Éph. 1 : 4). Les légalistes pensaient qu’Israël devait s’élever dans son royaume glorieux avant que les païens puissent être sauvés, mais Dieu a révélé que les païens trouveraient le salut à travers la chute d’Israël (Rom. 11 : 11-16). À l’époque de la conférence de Jérusalem, la maison et le trône de David étaient en effet déchus, mais ils seraient restaurés un jour et le royaume serait rétabli. 30


Actes 15 : 1-35

La décision (15 : 19-35) Sous la direction du Saint-Esprit (v. 28), les responsables et toute l’église (v. 22) ont pris une double décision ; une décision doctrinale sur le salut et une décision pratique sur la façon de mener la vie chrétienne. Nous nous sommes déjà attardés sur la décision doctrinale. L’église a conclu que Juifs et païens sont tous pécheurs devant Dieu et ne peuvent être sauvés que par la foi en Jésus-Christ. Il existe un problème commun et un seul Évangile pour y répondre (Gal. 1 : 6-12). Dieu ne poursuit qu’un seul programme aujourd’hui : il appelle un peuple à se rallier à son nom. Israël est écarté, mais pas rejeté (Rom. 11 : 1) et quand son programme pour l’Église sera accompli, il remplira progressivement ses promesses concernant le Royaume des Juifs. Toute doctrine entraîne cependant des obligations. Jacques l’a souligné dans son épître (2 : 14-26), de même que Paul dans ses lettres. Il ne nous suffit pas d’accepter simplement une vérité biblique ; nous devons l’appliquer personnellement dans la vie quotidienne. Les problèmes de l’Église ne sont pas résolus par l’adoption de résolutions, mais bien par l’application des révélations données par Dieu dans sa Parole. Jacques conseille à l’assemblée d’écrire aux croyants païens pour partager les décisions prises lors de la conférence. Ce courrier réclame l’obéissance à deux commandements et la volonté d’accorder deux concessions. Les deux commandements étaient d’éviter l’idolâtrie et l’immoralité, des péchés très répandus parmi les païens (voir 1 Cor. 8-10). Les deux concessions consistaient à s’abstenir volontairement de consommer le sang et la viande d’animaux abattus par strangulation. Les deux commandements ne posent aucun problème car l’idolâtrie et l’immoralité ont toujours été réprouvées par Dieu, pour les Juifs comme pour les païens. Mais que penser des concessions alimentaires ? Souvenons-nous que l’Église primitive pratiquait énormément les repas en commun et l’hospitalité. La 31


Soyez audacieux plupart des assemblées se réunissaient dans des foyers et certaines organisaient un repas en plus de la Cène (1 Cor. 11 : 17-34). Ce n’était probablement pas très différent de nos propres agapes. Si les païens mangeaient de la nourriture considérée « impure » par les Juifs, cela engendrerait une division dans l’église. Paul a clairement abordé ce problème dans Romains 14-15. L’interdiction de consommer du sang avait déjà été prescrite par Dieu avant l’époque de la loi (Gen. 9 : 4) puis répétée par Moïse (Lév. 17 : 11-14 ; Deut. 12 : 23). Quand un animal est abattu par strangulation, il conserve du sang dans le corps et devient impropre à la consommation pour les Juifs, ce qui explique la mise en garde contre la strangulation. La viande casher provient d’animaux purs, abattus de façon à extraire la totalité de leur sang. Il est merveilleux de constater que cette lettre exprime l’unité affectueuse d’individus qui ont débattu en exprimant des points de vue opposés. Les légalistes ont renoncé à réclamer la circoncision des païens pour leur salut et les païens ont accepté de modifier leurs habitudes alimentaires. C’était là un compromis rempli d’amour qui n’affectait en rien la vérité de l’Évangile. Comme le sait tout conjoint et tout parent, il y a des circonstances dans la vie d’un foyer où le compromis est néfaste et d’autres où il est favorable. L’auteur anglais Samuel Johnson a dit : « La vie ne peut subsister dans une société qu’à travers des concessions réciproques ». Il est difficile de vivre heureux à côté d’un être qui veut toujours avoir raison et qui insiste pour parvenir à ses fins. Quel effet a produit cette décision dans la pratique ? Elle a entraîné au moins trois conséquences. D’abord, elle a renforcé l’unité de l’Église et empêché sa scission en deux groupes extrêmes, l’un partisan de la loi et l’autre de la grâce. Le Président américain Eisenhower a comparé un bon compromis à « toute la surface utilisable. Les extrémités gauches ou droites de la route sont des rigoles qui mènent aux égouts ». Une fois encore, il 32


Actes 15 : 1-35 ne s’agit pas d’un compromis doctrinal car celui-là est toujours mauvais (Jude 3), mais bien le désir de donner et de prendre dans le cadre des dispositions pratiques de la vie afin que les individus puissent vivre et travailler ensemble dans l’amour et l’harmonie. Deuxièmement, cette décision a permis à l’Église de présenter un témoignage uni aux Juifs perdus (v. 21). Les églises restaient en grande partie assimilées aux synagogues juives et il est probable que certaines villes aient vu toute l’assemblée de la synagogue se convertir à Jésus-Christ : Juifs et prosélytes. Si les chrétiens d’origine païenne abusaient de leur liberté en Christ et mangeaient de la viande contenant du sang, leur comportement offenserait à la fois les Juifs sauvés et les amis incrédules qu’ils s’efforçaient de gagner au Christ. Il s’agissait simplement de ne pas être une pierre d’achoppement pour les faibles ou les perdus (Rom. 14 : 13-21). Troisièmement, cette décision a apporté la bénédiction quand la lettre a été partagée avec les diverses communautés païennes. Paul et Barnabas, ainsi que Jude et Silas, ont apporté la Bonne Nouvelle à Antioche et l’église s’est réjouie et a été encouragée parce qu’elle n’avait pas à supporter le joug pesant de la loi (v. 30-31). Lors de son second voyage missionnaire, Paul a transmis cette lettre aux églises qu’il avait fondées lors de son premier voyage. La foi des églises s’en trouva fortifiée et le nombre des fidèles augmenta (16 : 5). Nous pouvons apprendre énormément de cette expérience difficile vécue par l’Église primitive. Pour commencer, les problèmes et les différences offrent autant l’occasion de grandir que la tentation de se disputer et se diviser. Les églises doivent travailler ensemble et prendre le temps d’écouter, d’aimer et d’apprendre. Combien de divisions et de conflits douloureux auraient pu être évités si seulement quelques enfants de Dieu avaient laissé le temps à l’Esprit de s’exprimer et d’œuvrer. La plupart des divisions sont provoquées par des « partisans » et des « meneurs ». Un meneur puissant peut rallier des adeptes et provoquer rapidement une division 33


Soyez audacieux en refusant de faire la moindre concession. La majorité des problèmes rencontrés par les églises ne sont pas le fait de différences doctrinales, mais de points de vue divergents sur des questions pratiques. En quelle couleur repeindrons-nous la cuisine de l’église ? Pouvonsnous modifier le programme du culte ? J’ai entendu parler d’une assemblée qui avait failli éclater au sujet de la place de l’orgue ou du piano sur l’estrade ! Les chrétiens doivent apprendre l’art du compromis dans l’amour. Ils doivent définir leurs priorités pour savoir quand se battre pour ce qui importe vraiment dans l’église. C’est un péché que se rallier à la cause d’un membre autoritaire de l’assemblée qui se bat pour obtenir raison sur une question mineure. Toute communauté a besoin d’une dose régulière de l’amour décrit dans 1 Corinthiens 13 pour éviter la division et la dissension. En affrontant nos différences, nous devons nous demander : « Quel sera l’impact de nos décisions sur l’unité du témoignage de l’église auprès des perdus ? » Jésus a prié que son peuple soit uni pour que le monde puisse croire en lui (Jean 17 : 20-21). L’unité n’est pas l’uniformité, car l’unité repose sur l’amour et non sur la loi. L’Église a profondément besoin de diversité dans l’unité (Éph. 4 : 1-17) car c’est là l’unique façon pour le corps de mûrir et d’accomplir son travail dans le monde. Dieu a ouvert pour nous une porte merveilleuse vers de multiples occasions de présenter l’Évangile de la grâce divine à un monde condamné. Aujourd’hui encore, des forces sont toutefois à l’œuvre dans l’Église pour fermer cette porte. Certains prêchent « un autre évangile » qui n’est pas celui de Jésus-Christ. Veillez à garder cette porte ouverte et touchez autant d’âmes que possible ! Soyez remplis d’audace !

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3 Actes 15 : 36 à 16 : 40

Davantage de portes ouvertes Pour l’apôtre Paul, l’église d’Antioche n’était pas un emplacement de parking, mais bien une piste de lancement. Il ne s’est jamais installé dans un « ministère confortable » tant qu’il subsistait des portes ouvertes à la prédication de l’Évangile. Paul aurait acquiescé avec enthousiasme aux paroles de l’auteur Robertson McQuilken : « Dans un monde où neuf personnes sur dix sont perdues, où trois sur quatre n’ont jamais entendu parler du remède, et où une sur deux ne peut de toute façon pas entendre le message de délivrance, l’Église reste endormie. Pensons-nous donc qu’il existe un autre chemin ? Ou peut-être ne nous en soucions-nous pas vraiment ? » Paul, lui, s’en souciait et nous devrions faire de même. Plusieurs éléments nouveaux caractérisent ce second voyage et montrent que Dieu restait à l’œuvre, malgré l’apparition d’obstacles visibles et de difficultés personnelles.

Un nouveau partenaire (15 : 36-41) Paul et Barnabas s’accordaient sur l’importance du voyage, mais s’opposaient au sujet de la composition de l’équipe. Ces deux hommes profondément engagés venaient de contribuer à instaurer l’unité de l’Église, mais ne parvenaient pas à régler leurs propres désaccords ! Aussi dérangeants et douloureux que soient ces 35


Soyez audacieux conflits, ils sont fréquents dans l’histoire de l’Église. Dieu est pourtant capable de les dépasser et d’accomplir ses desseins. Le soutien de Barnabas en faveur de Jean-Marc n’a rien de surprenant puisqu’ils étaient cousins (Col. 4 : 10) et que les liens familiaux étaient très forts. Par ailleurs, Barnabas était également le genre d’homme qui s’efforçait toujours d’aider les autres, ce qui explique pourquoi l’Église primitive l’a surnommé « fils d’exhortation » (4 : 36). Il voulait donner à Jean-Marc l’occasion de servir le Seigneur et de faire ses preuves. Barnabas insistait beaucoup pour l’emmener. Mais Paul s’est montré tout aussi intransigeant dans son refus que Jean-Marc les accompagne ! Après tout, lors de leur premier voyage missionnaire, le jeune homme les avait abandonnés pour retourner chez lui (13 : 13), ce qui trahissait une certaine faiblesse. Le ministère était trop important et le travail trop exigeant pour engager une personne susceptible de se révéler indigne de confiance. La discussion a tourné en véritable dispute et il est apparu que la seule solution pour les deux amis consistait à se séparer et à se répartir le territoire. Barnabas a emmené Marc et s’est rendu à Chypre, sa terre natale, tandis que Paul a emmené Silas en Syrie et en Cilicie (voir v. 23). Qui avait raison ? Cela importe peu. Les deux hommes avaient probablement raison à certains égards et tort à d’autres. Nous savons que Jean-Marc a finalement réussi dans le ministère et que Paul a appris à l’apprécier et à l’aimer (voir Philémon 23-24, Col. 4 : 10 et 2 Tim. 4 : 11). Des chrétiens bons et fidèles se disputent. C’est l’une des circonstances douloureuses de la vie que nous devons accepter. Paul considérait les individus en se demandant : « Que peuvent-ils faire pour l’œuvre de Dieu ? » tandis que Barnabas les regardait en se demandant : « Que peut faire l’œuvre de Dieu pour eux ? » Les deux questions sont importantes pour l’œuvre du 36


Actes 15 : 36 à 16 : 40 Seigneur et il est parfois difficile de conserver l’équilibre entre les deux impératifs. Paul a donc choisi un nouveau partenaire, Silas, prophète et homme estimé au sein de l’église (v. 22, 32), également désigné pour apporter les décrets de la conférence de Jérusalem aux églises (v. 27). « Silas » est probablement une version grecque du prénom Saul. Il a coécrit les épîtres aux Thessaloniciens de Paul et il a été le secrétaire de Pierre pendant la rédaction de sa première épître (5 : 12). Comme Paul, Silas était citoyen romain (Actes 16 : 37). Dieu change d’ouvriers, mais il poursuit son œuvre. Il peut désormais compter sur deux équipes missionnaires au lieu d’une ! Si Dieu devait dépendre d’individus parfaits pour accomplir ses projets, rien ne se réaliserait. Nos limites et nos imperfections sont autant de bonnes raisons pour dépendre de sa grâce car notre capacité vient de Dieu seul (2 Cor. 3 : 5).

Un nouvel assistant (16 : 1-5) Paul et Silas se sont dirigés vers leur destination en partant vers l’est. Ils sont donc d’abord parvenus à Derbe et à Lystre, à l’inverse du premier voyage (14 : 6-20). Les prédicateurs sont allés d’église en église pour y apporter les décrets de Jérusalem et fortifier les fidèles dans la foi. Le travail a été béni et, grâce au témoignage des croyants, les assemblées croissaient en nombre chaque jour (voir 2 : 47). Cette tournée a incontestablement été un succès, mais je me demande si les chrétiens locaux ont demandé des nouvelles de Barnabas. Et quelle a été la réponse de Paul ? Le séjour à Lystre a aussi été marqué par l’engagement de Timothée pour remplacer Jean-Marc comme assistant. Timothée s’était probablement converti lors du premier passage de Paul à Lystre, car l’apôtre l’appelle « mon enfant bien-aimé » (1 Cor. 4 : 17) et « mon enfant légitime en la foi » (1 Tim. 1 : 2). La mère et la grand-mère de Timothée avaient préparé la voie de sa 37


Soyez audacieux conversion en étant les premières de la famille à croire en Christ (2 Tim. 1 : 5). Le jeune Timothée a inévitablement assisté aux souffrances de Paul dans cette ville (Actes 14 : 19-20 ; 2 Tim. 3 : 10-11) et il a été attiré par le Seigneur vers l’apôtre. Timothée était le compagnon et le collaborateur préféré de Paul (Phil. 2 : 19-23), probablement le fils qu’il n’a jamais eu mais qu’il a toujours désiré. Comme il jouissait d’un bon témoignage de la part des églises (1 Tim. 3 : 7), Timothée a été ordonné par Paul et intégré dans son « équipe » (1 Tim. 4 : 14 ; 2 Tim. 1 : 6). Paul a ensuite pris la décision de faire circoncire le jeune homme. Cette mesure semble contredire les conclusions de la conférence de Jérusalem, mais un important principe spirituel sous-tend pourtant la décision de l’apôtre. Le décret de Jérusalem stipulait qu’il était superflu d’être circoncis pour être sauvé. Paul n’a pas autorisé la circoncision de Tite de crainte que l’ennemi pense qu’il défendait sa cause (Gal. 2 : 1-5). Le débat de Jérusalem portait sur la véracité de l’Évangile et non sur les qualités qui rendaient un homme apte à servir. Paul ne se souciait pas du salut de Timothée, mais de son aptitude au service. En effet, Timothée travaillerait à la fois avec des Juifs et des païens dans les églises et il était essentiel qu’il ne heurte aucun d’eux. C’est pourquoi Paul a décidé de le faire circoncire (voir 1 Cor. 9 : 19-23). Une fois encore, ni le salut de Timothée ni son tempérament n’étaient en cause, mais bien la nécessité d’éviter de graves problèmes qui ne manqueraient pas de devenir des pierres d’achoppement alors que ces hommes cherchaient à servir l’Éternel (Rom. 14 : 13-15). Paul était un chef spirituel sage qui savait comment et quand appliquer les principes de la Parole de Dieu, quand tenir bon et quand céder. Dans les années qui ont suivi, Timothée a joué un rôle important dans l’expansion et la consolidation des églises. Il a voyagé avec Paul et il a souvent été son ambassadeur particulier auprès des « foyers troublés » 38


Actes 15 : 36 à 16 : 40 de la mission, comme Corinthe. Il est devenu le berger de l’église d’Éphèse (1 Tim. 1 : 3) et il a probablement rejoint Paul à Rome peu avant le martyre de l’apôtre (2 Tim. 4 : 21).

Une nouvelle vision (16 : 6-40) Dans ce paragraphe, nous distinguons trois merveilleuses « ouvertures ». Dieu ouvre la voie (v. 6-12). Après avoir rendu visite aux églises qu’il avait fondées, Paul a voulu explorer un nouveau territoire pour le Seigneur, en se dirigeant à l’est vers l’Asie Mineure et la Bithynie, mais Dieu a fermé la porte. Nous ignorons comment Dieu a révélé sa volonté à cet égard, mais nous pouvons imaginer que Paul a été déçu et peut-être même légèrement découragé. Tout se déroulait si bien lors de ce second voyage que ces portes closes ont dû se révéler très surprenantes. Il est toutefois réconfortant de savoir que même les apôtres ne connaissaient pas toujours très clairement la volonté de Dieu pour leur ministère ! Dieu avait prévu la diffusion de l’Évangile dans cette région à un autre moment (18 : 19 – 19 : 40 ; voir aussi 1 Pi. 1 : 1). Dans sa grâce souveraine, Dieu a guidé Paul à l’ouest vers l’Europe, et non à l’est vers l’Asie. Il est intéressant de spéculer sur la manière dont l’histoire du monde aurait pu être modifiée si Paul avait été envoyé en Asie et non en Europe. À Troas, Paul a été appelé en Macédoine par un homme aperçu dans une vision nocturne. « Rien ne galvanise davantage un homme qu’un appel au secours », écrivit George MacDonald, et Paul a réagi rapidement à sa vision (comparez avec 26 : 19). Remarquez le pronom « nous » au verset 10 qui marque l’arrivée de Luc, l’auteur du livre des Actes, auprès de Paul et de son équipe à Troas. Les Actes comptent trois parties avec le pronom « nous » : 16 : 10-17 ; 20 : 5-15 et 27 : 1 – 28 : 16. Luc passe de « nous » à « ils » au verset 17 : 1, ce qui suggère qu’il a pu rester à Philippes pour diriger l’église après le départ de Paul. Le prochain 39


Soyez audacieux passage à la première personne du pluriel commence au verset 5 du chapitre 20 dans le cadre du voyage de Paul entamé en Macédoine. Luc a consacré un espace significatif au ministère de Paul à Philippes, ce qui pourrait indiquer qu’il vivait dans cette ville. Certains exégètes pensent que Luc était l’homme vu par Paul dans sa vision. Néapolis, le port de la ville de Philippes, était situé à environ 240 kilomètres de Troas et il leur fallut deux jours pour effectuer le voyage. Plus tard, le trajet de retour prendra cinq jours, apparemment à cause de vents contraires (20 : 6). Philippes se trouvait à 16 kilomètres de Néapolis, à l’intérieur des terres, et la façon dont Luc décrit la ville semble indiquer qu’il en était effectivement l’un des citoyens les plus fiers. Philippes était une colonie romaine. Autrement dit, la ville était comme Rome mais à l’extérieur de Rome. L’empereur organisait des « colonies » en ordonnant à des citoyens romains, en particulier des militaires à la retraite, de s’installer dans des lieux précis afin de créer des villes fortes favorables à Rome dans ces régions stratégiques. Bien qu’installés sur un sol étranger, les citoyens devaient rester fidèles à Rome, obéir à ses lois et honorer son empereur. En retour, ils jouissaient de certains privilèges politiques, dont le moindre n’était pas l’exemption des impôts. C’était leur première récompense pour avoir accepté de quitter leur foyer en Italie pour aller vivre ailleurs. Dieu ouvre le cœur de Lydie (v. 13-15). Paul et ses amis ne se sont pas immédiatement lancés dans l’évangélisation de la ville même s’ils savaient que Dieu les y avait appelés. Ils avaient besoin de se reposer, de prier et de définir leurs projets. Il ne suffit pas de savoir où Dieu veut que nous travaillions, nous devons aussi savoir quand et comment il veut que nous procédions. La population juive de Philippes devait être très réduite parce qu’il ne s’y trouvait aucune synagogue, mais seulement un lieu de prière au bord de la rivière à l’extérieur de la ville. (Il fallait dix hommes pour ouvrir 40


Actes 15 : 36 à 16 : 40 une synagogue.) Paul avait vu un homme dans sa vision à Troas, mais voici qu’il annonçait l’Évangile à un groupe de femmes ! Les rabbins ont coutume de dire qu’il vaut mieux brûler la Loi que l’annoncer à une femme, mais ce n’était plus la philosophie de Paul. Il s’était montré obéissant et le Seigneur avait préparé le terrain avant son arrivée. Lydie était une femme d’affaires aisée de Thyatire, ville réputée pour sa teinture pourpre. Elle dirigeait probablement une filiale de sa corporation à Philippes. Dieu l’a donc amenée d’aussi loin que de la Grèce pour entendre l’Évangile et se convertir. Lydie n’était pas vraiment une prosélyte juive, mais bien une païenne qui adorait ouvertement aux côtés des Juifs. Elle cherchait la vérité. Paul a annoncé la Parole (le verbe « disait » au verset 14 évoque une conversation personnelle et non une prédication) et Dieu a ouvert son cœur à la vérité. Elle a cru et elle a été sauvée. Elle s’est fièrement identifiée au Christ en passant par le baptême et elle a insisté pour que les missionnaires séjournent chez elle. Toute sa famille s’est convertie et c’était donc pour Paul et ses collaborateurs une excellente occasion de leur enseigner la Parole et de fonder une église locale. (Nous aborderons le « salut familial » lorsque nous arriverons au verset 31.) Nous ne devons pas en conclure que parce que Dieu a ouvert le cœur de Lydie, son rôle dans sa conversion est resté entièrement passif. Elle a écouté attentivement la Parole car c’est la Parole qui amène le pécheur vers le Sauveur (Jean 5 : 24). Le Dieu qui a fixé l’issue, le salut de Lydie, a aussi déterminé le moyen d’y parvenir, le témoignage de Jésus-Christ rendu par Paul. C’est là une merveilleuse illustration de 2 Thessaloniciens 2 : 13-14. Dieu ouvre les portes de la prison (v. 16-40). Des pécheurs sont à peine sauvés que Satan commence à vouloir entraver le travail. Dans ce cas, il utilise une servante possédée qui fait la fortune de ses maîtres grâce à ses prédictions. Alors que Paul et son équipe se rendent régulièrement au lieu de prière des Juifs et témoignent 41


Soyez audacieux sans relâche auprès des perdus, cette fille les interpelle bruyamment : « Ces hommes sont les serviteurs du Dieu Très-Haut, et ils vous annoncent la voie du salut ». Mais Paul refusait que l’Évangile ou le nom de Dieu soit promu par l’un des esclaves de Satan. Il a donc chassé le démon. Après tout, Satan peut dire la vérité puis mentir l’instant suivant, sans que les perdus soient en mesure de faire la différence. Les maîtres ne se souciaient pas du tout de la jeune fille, mais bien des revenus qu’elle leur rapportait. Un revenu désormais perdu. (Le conflit entre l’argent et le ministère apparaît souvent dans les Actes : 5 : 1-11 ; 8 : 18-24 ; 19 : 23 ; 20 : 33-34.) Leur seul recours était la loi romaine et ils pensaient disposer de solides éléments puisque les missionnaires étaient juifs et qu’ils propageaient une religion qui n’était pas approuvée par Rome. Émus à la fois par les préjudices religieux et raciaux, les magistrats ont agi sur un coup de tête sans examiner l’affaire en profondeur. Cette négligence ne manquera pas de les embarrasser plus tard. Pourquoi Paul et Silas n’ont-ils pas fait valoir leur citoyenneté romaine ? (Voir 22 : 25-29 ; 25 : 11-12.) Ils n’ont peut-être pas eu le temps, ou bien Paul a préféré garder cette arme pour un meilleur usage ultérieurement. Les deux hommes ont été dévêtus et battus (voir 2 Cor. 11 : 23, 25) puis jetés dans la prison de la ville. Un sort qui semblait marquer la fin de leur témoignage à Philippes, mais Dieu avait d’autres plans. Au lieu de se plaindre ou d’en appeler à Dieu pour juger leurs ennemis, les deux hommes ont prié et loué le Seigneur. Quand vous êtes dans la souffrance, minuit n’est pas l’heure la plus propice à un concert de louanges, mais Dieu « inspire des psaumes pendant la nuit » (Job 35 : 10 ; voir aussi Ps. 42 : 9). « N’importe qui peut chanter le jour, a dit Charles H. Spurgeon. Il est facile de chanter quand on peut lire les notes à la lueur du jour, mais le chanteur vraiment habile est celui qui peut chanter en l’absence du moindre rayon de soleil pour l’aider à lire sa partition… Les chants qui s’élèvent la nuit ne 42


Actes 15 : 36 à 16 : 40 viennent que de Dieu ; ils ne dépendent pas des hommes ». La prière et la louange sont des armes puissantes (2 Chr. 20 : 1-22 ; Actes 4 : 23-37). Dieu a répondu en ébranlant les fondations de la prison, en ouvrant toutes les portes et en détachant les liens des prisonniers. Ils auraient pu s’enfuir vers la liberté, mais ils ont préféré demeurer là où ils se trouvaient. Paul a immédiatement pris la direction des événements et il ne fait aucun doute que la crainte de l’Éternel pesait sur les païens présents. Les prisonniers doivent avoir compris que ces deux prédicateurs juifs avaient quelque chose de très spécial ! L’attention de Paul était fixée sur le geôlier, l’homme qu’il voulait vraiment gagner au Christ. La loi romaine décrétait que si un gardien perdait un prisonnier, il se voyait infliger la sentence que le condamné aurait dû recevoir. La prison devait renfermer des criminels. Le geôlier aurait préféré se suicider plutôt qu’affronter la honte et l’exécution. Un individu impitoyable et assoiffé de vengeance aurait laissé le cruel geôlier mettre fin à ses jours, mais Paul n’était pas ce genre d’homme (voir Matt. 5 : 10-12, 43-48). Le véritable prisonnier était le geôlier et non lui. Paul a non seulement sauvé la vie de cet homme, mais il lui a aussi permis de découvrir la vie éternelle en Christ. « Que faut-il que je fasse pour être sauvé ? » est le cri lancé par les perdus du monde entier et nous ferions bien d’être prêts à leur donner la bonne réponse. Les légalistes de l’Église auraient répondu : « Si tu ne te fais pas circoncire selon la coutume de Moïse, tu ne peux pas être sauvé » (voir 15 : 1). Mais Paul connaissait la bonne réponse : la foi en Jésus-Christ. Dans le livre des Actes, l’accent est placé sur la foi en Jésus-Christ uniquement (2 : 38-39 ; 4 : 12 ; 8 : 12, 37 ; 10 : 10-43 ; 13 : 38-39). L’expression « toi et ta famille » ne signifie pas que la conversion du geôlier a automatiquement apporté le salut à toute sa famille. Chaque pécheur doit faire personnellement confiance au Christ pour naître de nouveau. En effet, nous ne pouvons pas être sauvés « par 43


Soyez audacieux procuration ». L’expression signifie « et ta famille sera sauvée si elle croit également ». Cette phrase n’évoque pas non plus le salut des jeunes enfants (baptisés ou non) car il est clair que Paul décrit des personnes en âge d’entendre la Parole (v. 32), de croire et de se réjouir (v. 34). Le prétendu « salut familial » ne trouve aucun fondement dans la Parole de Dieu, à savoir que la décision du chef de famille apporterait le salut à tous ses membres. Les membres de la famille de Corneille étaient en âge de répondre à son appel (10 : 24), de comprendre la Parole et d’y croire (10 : 44 ; 11 : 15-17 ; 15 : 7-9). Le foyer de Crispus se composait de personnes suffisamment âgées pour entendre et croire en la Parole de Dieu (18 : 8). Rien n’indique ici que les adultes ont pris une décision pour les enfants. Il est émouvant d’observer le changement d’attitude du geôlier alors qu’il lave les plaies de ces deux prisonniers, désormais devenus ses frères en Christ. L’un des signes de la véritable repentance est le désir profond de réparer le tort causé à d’autres. Nous devrions non seulement nous laver mutuellement les pieds (Jean 13 : 14-15), mais aussi nettoyer les blessures que nous avons infligées. Que dire des autres prisonniers ? Luc ne donne aucun détail, mais il est possible que certains d’entre eux soient également nés de nouveau grâce au témoignage de Paul, de Silas et du geôlier. Quelques-uns attendaient peut-être leur exécution. Imaginez leur joie en recevant le message du salut ! Paul et Silas avaient oublié leurs propres douleurs alors qu’ils se réjouissaient de ce que Dieu avait accompli dans cette prison ! Il ne fait aucun doute que le geôlier a rejoint plus tard l’assemblée qui se réunissait chez Lydie. Les dignitaires de la ville savaient qu’ils ne disposaient d’aucune preuve convaincante contre Paul et Silas, et ils ont donc ordonné leur libération. Paul a toutefois refusé de quitter la ville en douce car ce genre d’attitude aurait fait planer un nuage de suspicion sur la jeune église. Les gens se seraient demandé : « Qui étaient 44


Actes 15 : 36 à 16 : 40 ces hommes ? Étaient-ils des criminels ? Pourquoi ontils quitté la ville si rapidement ? Que croient leurs disciples ? » Paul et son équipe voulaient laisser derrière eux le témoignage puissant de leur propre intégrité ainsi qu’un bon témoignage pour la jeune église de Philippes. C’est alors que Paul a fait usage de sa citoyenneté romaine en remettant audacieusement en cause la légalité du traitement qui leur avait été infligé. Il ne faut pas y voir une revanche personnelle, mais bien le désir de garantir la protection et le respect de la jeune église. Le texte ne dit pas que les magistrats se sont officiellement et publiquement excusés, mais il précise qu’ils se sont respectueusement présentés devant Paul et Silas, qu’ils les ont escortés jusqu’à la porte de la prison et leur ont poliment demandé de quitter la ville. Paul et Silas sont restés à Philippes assez longtemps pour visiter les nouveaux croyants et les encourager dans le Seigneur. En lisant ce chapitre, nous constatons que l’œuvre du Seigneur progresse à travers les difficultés et les défis. Parfois, les ouvriers se heurtent les uns aux autres et parfois les problèmes viennent de l’extérieur. Il est également utile de noter que les pécheurs ne viennent pas tous à Christ de la même façon. Timothée a été sauvé en partie grâce à l’influence d’une mère et d’une grandmère pieuses. Lydie s’est convertie par le biais d’une conversation paisible avec Paul lors d’une réunion de prière juive, tandis que la conversion du geôlier a été plus spectaculaire. Il était sur le point de se suicider et, l’instant d’après, il était devenu un enfant de Dieu ! Ce sont autant d’individus différents avec des expériences différentes, mais tous ont été transformés par la grâce de Dieu. D’autres, semblables à eux, attendent de pouvoir écouter le plan si simple du salut de Dieu. Voulez-vous les aider à l’entendre ? Serez-vous un témoin audacieux pour Jésus-Christ ?

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4 Actes 17

Répondre à la Parole de Dieu Ce chapitre décrit le ministère de Paul dans trois villes et la façon dont certains habitants ont répondu à la Parole de Dieu. Ces illustrations sont des instantanés, et non des fresques murales, car Luc ne nous donne pas beaucoup de détails. Toutefois, nous pouvons assurément dresser des parallèles entre ces trois réactions différentes et notre société moderne et mieux comprendre à quoi nous devons nous attendre lorsque nous voulons témoigner pour le Christ aujourd’hui.

Thessalonique : résister à la Parole (17 : 1-9) Paul et Silas ont emprunté le célèbre chemin ignatien et parcouru cent soixante kilomètres entre Philippes et Thessalonique. (Timothée n’est plus mentionné avant le verset 17 : 14, on peut donc supposer qu’il est resté à Philippes.) Pour autant que nous le sachions, ils ne se sont arrêtés pour prêcher ni à Amphipolis ni à Apollonie. Il n’y avait peut-être pas de synagogue dans ces villes et Paul attendait probablement, des nouveaux convertis de Philippes, qu’ils apportent le message à leurs voisins. La politique de Paul a toujours consisté à annoncer l’Évangile dans les grandes villes et à en faire des centres d’évangélisation pour toute une région (voir 19 : 10, 26 et 1 Thes. 1 : 8). 47


Soyez audacieux Paul savait que Thessalonique (notre Salonique) était une ville stratégique pour l’œuvre du Seigneur. Elle était non seulement la capitale de la Macédoine, mais aussi un centre commercial qui n’avait d’égal que Corinthe. La ville était située au carrefour de plusieurs routes commerciales et elle s’enorgueillissait de posséder un excellent port. Sous domination romaine, Thessalonique restait toutefois majoritairement grecque. La cité était une « ville libre », ce qui signifiait qu’elle possédait une assemblée de citoyens élus, qu’elle était autorisée à frapper sa propre monnaie et qu’aucune garnison romaine ne vivait en ses murs. Paul se consacrait à son métier de fabricant de tentes (Actes 18 : 3 ; 1 Thes. 2 : 9 ; 2 Thes. 3 : 7-10), mais le jour du sabbat il enseignait à la synagogue où il savait qu’il trouverait à la fois des Juifs, des sympathisants païens et des prosélytes. Il a ainsi rendu témoignage pendant trois sabbats puis il a dû poursuivre son ministère en dehors de la synagogue. Nous ignorons combien de temps exactement Paul est resté à Thessalonique, mais une aide financière envoyée par l’église de Philippes a pu lui parvenir à deux reprises (Phil. 4 : 15-16). Lisez 1 Thessaloniciens 1 pour savoir comment Dieu a béni le ministère de Paul et comment l’Évangile s’est propagé de Thessalonique à d’autres lieux. Ce ministère n’a pas été très long, mais il a été très efficace. Aux versets 2 et 3, quatre mots-clés décrivent l’approche de Paul envers les fidèles de la synagogue. D’abord, il raisonnait (« eut des entretiens ») avec les fidèles ce qui signifie qu’il débattait avec eux par le biais de questions et de réponses. Il leur expliquait les Écritures et démontrait (« exposait ») que Jésus était effectivement le Messie. Le mot traduit par « exposer » signifie « spécifier, démontrer en présentant des preuves ». L’apôtre multipliait les preuves issues de l’Ancien Testament pour prouver à ses interlocuteurs que Jésus de Nazareth était Dieu, le Messie. Paul veillait à « annoncer » la mort et la résurrection de Jésus-Christ, le cœur même du message de l’Évangi48


Actes 17 le (1 Cor. 15 : 1). Les sermons des Actes mettent l’accent sur la résurrection car les croyants sont appelés à en être les témoins (1 : 21-22 ; 2 : 32 ; 3 : 15 ; 5 : 32). « Le christianisme est intrinsèquement une religion de résurrection, a dit John R. W. Stott. Le concept de la résurrection est au cœur même du christianisme. Si vous l’en privez, vous le détruisez ». Trois semaines de ministère ont vu un grand nombre d’individus venir à la foi, en particulier des prosélytes grecs et des femmes d’influence. Parmi les hommes se trouvaient Aristarque et Secondus, qui allaient plus tard voyager avec Paul (20 : 4). Le mot « plusieurs », également utilisé au verset 12 (traduit par « assez grand nombre »), décrit une grande foule ! Mais ces fruits n’ont pas réjoui tout le monde. Les Juifs incrédules étaient jaloux du succès de Paul et frustrés de voir des païens et des épouses de notables quitter la synagogue. Paul espérait que le salut des païens pousserait les Juifs à sonder les Écritures pour y découvrir l’identité de leur Messie (Rom. 11 : 13-14) mais en l’occurrence, les nombreuses conversions les ont essentiellement amenés à persécuter l’église naissante. Les Juifs voulaient traîner les missionnaires devant l’assemblée de la ville (« le peuple » au verset 5, voir aussi 19 : 30). Ils ont donc déclenché une émeute pour attirer l’attention des magistrats. Incapable de trouver les missionnaires, la foule a saisi Jason, l’hôte de Paul et de ses amis. Elle l’a donc emmené à leur place avec quelques autres croyants. Les accusations des Juifs étaient similaires à celles invoquées au procès de Jésus : troubler l’ordre public et encourager la révolte (Luc 23 : 2). Leur crime consistait à annoncer « qu’il y a un autre roi, Jésus ». Le mot grec traduit par « autre » signifie « d’un autre type », à savoir un roi qui n’est pas semblable à César. En lisant les deux épîtres de Paul adressées aux Thessaloniciens, nous constatons combien Paul a insisté à Thessalonique sur la royauté de Jésus et sur la promesse de son retour. Il va de soi que le royaume de notre 49


Soyez audacieux Seigneur n’est ni d’ordre politique ni « de ce monde » (Jean 18 : 36-37), mais nous ne pouvons pas attendre de païens incrédules qu’ils le comprennent. La royauté de Jésus-Christ ne ressemble pas à celle des dirigeants de ce monde. Il conquiert avec des ambassadeurs et non des armées, et ses armes sont la vérité et l’amour. Il apporte la paix aux hommes en bouleversant la paix et en chamboulant l’ordre établi ! Il obtient la victoire par la croix où il est mort pour un monde de pécheurs perdus. Il est même mort pour ses ennemis ! (Rom. 5 : 6-10) Frustrée parce qu’elle ne parvenait pas à trouver Paul et Silas, la foule s’est contentée de prises de second choix. Elle a fini par obtenir un compromis et Jason a dû rassembler de l’argent et apporter la garantie que Paul et Silas quitteraient la ville et n’y reviendraient plus. Jason était peut-être apparenté à Paul ce qui rend la transaction encore plus significative (Rom. 16 : 21). L’apôtre a vu dans cette interdiction un moyen utilisé par Satan pour entraver l’œuvre du Seigneur (1 Thes. 2 : 18), mais la manœuvre n’a pas empêché l’église de Thessalonique de « faire retentir » la Parole et de gagner des âmes (1 Thes. 1 : 6-9).

Bérée : recevoir la Parole (17 : 10-15) Paul et Silas ont donc quitté la ville sous le couvert de la nuit et se sont dirigés vers Bérée, située à un peu plus de soixante-dix kilomètres. Timothée n’était apparemment pas à leurs côtés puisqu’il travaillait à Philippes. Plus tard, il rejoindra Paul à Athènes (v. 15), puis sera envoyé à Thessalonique pour encourager l’église pendant un temps de persécution (1 Thes. 3 : 1-2). Comme Timothée était païen et n’avait pas assisté à l’émergence des troubles, il pouvait travailler librement dans la ville. L’accord passé entre les autorités de Thessalonique et les chrétiens empêchait Paul de revenir, mais ne s’appliquait pas à son jeune assistant. 50


Actes 17 Paul est entré dans la synagogue où il a trouvé un groupe très intéressé par l’étude des textes de l’Ancien Testament. En fait, ces fidèles se rencontraient chaque jour pour sonder les Écritures et déterminer si les dires de Paul étaient vrais ou non. L’apôtre s’était réjoui de la façon dont les habitants de Thessalonique avaient reçu la Parole (1 Thes. 2 : 13) et il a dû vraiment être encouragé par ces croyants de Bérée. Nous devrions tous les imiter en étudiant fidèlement la Parole de Dieu chaque jour, en débattant de son contenu et en éprouvant les prédications qui s’appuient sur elle. Dieu s’est servi de sa Parole pour amener de nombreuses personnes à Christ. Parmi elles se trouvait Sopater, qui accompagnera Paul plus tard (20 : 4). Il pourrait s’agir de l’homme (Sosipater) qui adressera ses salutations aux chrétiens de Rome (Rom. 16 : 21). Une fois encore, Satan amène l’ennemi sur le terrain lorsque les Juifs incrédules de Thessalonique se rendent à Bérée pour soulever la foule. (Voir 1 Thes. 2 : 13-20). Comment ont-ils appris que Paul et Silas prêchaient à Bérée ? Le témoignage croissant des chrétiens de Bérée devait avoir atteint Thessalonique ou peut-être qu’un agitateur avait rapporté la nouvelle à ses amis thessaloniciens. Satan possède aussi ses « missionnaires » et ils sont très affairés (2 Cor. 11 : 13-15). Les croyants de Bérée ont déjoué les intentions de l’ennemi en amenant Paul au bord de la mer où il a pu embarquer pour Athènes. Une fois de plus, Paul a dû quitter un lieu de ministère florissant et laisser derrière lui des êtres qu’il avait appris à aimer profondément. Plus tard, Silas et Timothée ont rejoint Paul à Athènes, puis Timothée a été envoyé à Thessalonique pour y aider les saints (1 Thes. 3 : 1-6). Silas a également été envoyé en mission particulière quelque part en Macédoine (Philippes ?), puis les deux hommes ont retrouvé Paul à Corinthe (18 : 1-5).

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Soyez audacieux

Athènes : ridiculiser la Parole (17 : 16-34)

Paul est arrivé dans la grande cité d’Athènes, non pas en touriste, mais pour gagner des âmes. Noel O. Lyons, qui dirigea une grande œuvre missionnaire en Europe, avait coutume de dire : « L’Europe est visitée par des millions de touristes et ignorée par des millions de chrétiens ». L’Europe a besoin de l’Évangile aujourd’hui comme à l’époque de Paul et nous ne devons pas manquer la moindre occasion. Comme le grand apôtre, nous devons garder les yeux ouverts et le cœur brisé. La Cité. Athènes traversait une période de déclin même si elle conservait la réputation d’être un centre de la culture et de la formation. Sa gloire politique et commerciale s’était éteinte depuis longtemps. Elle possédait une université célèbre et de nombreux édifices magnifiques, mais elle n’était plus la ville influente de jadis. Elle s’abandonnait à un « paganisme intellectuel » alimenté par l’idolâtrie, la nouveauté (v. 21) et la philosophie. « La religion grecque consistait simplement en la déification des attributs humains et des forces naturelles, écrivent Conybeare et Howson, auteurs d’un livre sur la vie et les épîtres de Paul. Cette religion soutenait les arts et les divertissements et était entièrement dépourvue de puissance morale ». Les mythes grecs évoquent des dieux et des déesses qui, à travers leurs propres rivalités et ambitions, ressemblent davantage à des humains qu’à des dieux. Et le choix des divinités était particulièrement abondant ! Un observateur fin d’esprit a fait remarquer qu’à Athènes, il était plus facile de trouver un dieu qu’un homme. Paul a constaté que la ville était entièrement « vouée aux idoles » et il en a eu le cœur brisé. Aujourd’hui, nous admirons la sculpture et l’architecture grecques à travers des œuvres d’art magnifiques, mais à l’époque de Paul, la plupart d’entre elles étaient directement liées à la religion. Paul savait que l’idolâtrie est démoniaque (1 Cor. 10 : 14-23) et que les innombrables dieux grecs n’étaient que des personna52


Actes 17 ges imaginaires, incapables de changer la vie des hommes (1 Cor. 8 : 1-6). Malgré toute leur culture et leur sagesse, les Grecs ne connaissaient pas le vrai Dieu (1 Cor. 1 : 18-25). Quant à la nouveauté, elle était la quête principale des citoyens et des visiteurs (v. 21). Ils consacraient leur temps libre à raconter ou à écouter « quelque nouvelle ». Eric Hoffer a écrit : « La crainte de devenir un « has been » empêche certains de devenir qui que ce soit ». Celui qui poursuit la nouveauté et ignore le passé ne tarde pas à découvrir qu’il ne possède aucune racine solide pour alimenter son existence. Il constate aussi que rien n’est jamais vraiment neuf, mais que notre mémoire nous fait simplement défaut (Eccl. 1 : 8-11). La cité grecque était également le centre de la philosophie. La Grèce évoque d’emblée Socrate, Aristote et tout un tas d’autres penseurs dont les œuvres continuent d’être lues et étudiées aujourd’hui. L’éditorialiste Franklin P. Adams a défini la philosophie comme un ensemble « de réponses inintelligibles à des problèmes insolubles », mais les Grecs n’auraient pas été d’accord avec lui. Ils approuvaient Aristote qui appelait la philosophie « la science de la vérité ». En témoignant à Athènes, Paul a été confronté à deux écoles philosophiques opposées : celle des épicuriens et celle des stoïciens. Aujourd’hui, le mot « épicurien » est associé à la quête du plaisir et à l’amour des bonnes choses de la vie, en particulier la nourriture, mais la philosophie épicurienne impliquait bien davantage. Dans un certain sens, son fondateur, Épicure, était un existentialiste parce qu’il cherchait la vérité à travers l’expérience personnelle et non le raisonnement. Les épicuriens étaient matérialistes et athées et leur but dans la vie était le plaisir. Pour certains, le plaisir couvrait les activités purement physiques, mais pour d’autres, il désignait une vie de sérénité raffinée, exempte de douleur et d’angoisse. Les véritables épicuriens évitaient les extrêmes et cherchaient à apprécier l’existence en 53


Soyez audacieux préservant l’équilibre des choses, mais en poursuivant avant tout le plaisir. Les stoïciens rejetaient l’idolâtrie païenne et enseignaient qu’il existait un dieu global. Ils étaient panthéistes et mettaient l’accent sur la discipline personnelle et la maîtrise de soi. Selon eux, le plaisir n’est pas bon et la douleur n’est pas mauvaise. Le plus important dans la vie est de suivre sa raison, d’être indépendant, sans se laisser émouvoir par ses sentiments ou les circonstances extérieures. Bien entendu, une telle philosophie ne fait qu’attiser les flammes de l’orgueil et enseigne aux hommes qu’ils n’ont pas besoin de l’aide de Dieu. Il est intéressant de noter que les deux premiers pères de l’école stoïcienne se sont suicidés. Les épicuriens clamaient : « Appréciez la vie ! » et les stoïciens affirmaient : « Supportez la vie ! » Il restait à Paul à leur expliquer comment entrer dans la vraie vie par la foi dans le Fils de Dieu ressuscité. Le témoignage. Seul à Athènes (voir 1 Thes. 3 : 1), Paul était exaspéré (même mot qu’au verset 15 : 39 traduit par « dissentiment ») par la ville idolâtre. Il a donc exploité toutes les possibilités pour annoncer la Bonne Nouvelle de l’Évangile. Comme à son habitude, il s’entretenait avec les Juifs dans la synagogue, mais il témoignait aussi sur la place du marché (agora) auprès des Grecs. Tous ceux qui désiraient débattre étaient accueillis par Paul qui donnait des « cours » quotidiennement. Les philosophes n’ont pas tardé à entendre parler de la « nouveauté » présentée sur l’agora et ils sont venus écouter Paul et probablement débattre avec lui. Son message a provoqué chez eux deux réactions différentes. Un groupe s’est moqué de Paul et de son enseignement, en le qualifiant de « discoureur ». Le mot désigne littéralement « des oiseaux qui picorent des grains ». Le terme s’applique à un individu qui « picore » des idées à droite et à gauche et présente comme siennes des pensées de seconde main empruntées à d’autres. Ce n’était pas là 54


Actes 17 une description très flatteuse du plus grand missionnaire et théologien de l’Église chrétienne. Le second groupe était confus, mais intéressé. Il pensait que Paul croyait aussi en plusieurs dieux parce qu’il prêchait « Jésus et Anastasis » (le mot grec signifiant « résurrection »). Le mot traduit par « annoncer » au verset 18 signifie « prêcher l’Évangile ». Ceux qui affirment que Paul a modifié sa tactique évangélique à Athènes, dans l’espoir d’interpeller les intellectuels, se trompent. Paul a prêché l’Évangile avec la même audace à Athènes qu’il l’avait fait à Bérée et le fera à Corinthe. La défense. Le conseil de l’Aréopage était chargé de veiller à la fois sur la religion et l’éducation dans la cité, de sorte qu’il était naturel pour lui d’enquêter sur le « nouvel enseignement » dispensé par Paul. L’apôtre a donc été courtoisement invité à présenter sa doctrine lors de ce qui ressemble à une rencontre informelle du conseil sur la colline de Mars. Il ne s’agissait pas d’un procès car les membres du conseil voulaient seulement entendre Paul expliquer ce qu’il avait présenté au peuple sur l’agora. Après tout, la vie à Athènes consistait à écouter et à présenter des nouveautés, et Paul avait là quelque chose de nouveau ! Le message de Paul est un chef-d’œuvre de communication. Il commence là où se situe son public en évoquant leur autel au dieu inconnu. Ayant ainsi éveillé son intérêt, il explique qui est ce Dieu et à quoi il ressemble. Il achève son message par une application personnelle qui confronte chaque membre du conseil à une décision morale et certains décident de suivre Jésus-Christ. Paul a introduit son discours par un compliment : « Je vois que vous êtes à tous égards extrêmement religieux » (v. 22). Tellement religieux, en fait, qu’ils avaient même érigé un autel à un dieu inconnu, de crainte de négliger quelque divinité bienveillante. Or, s’ils ne connaissaient pas ce dieu, comment pouvaient-ils l’adorer ? C’était ce Dieu-là que Paul venait annoncer.

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Soyez audacieux Dans son message, semblable au sermon de Lystre (14 : 15-17), Paul partage quatre vérités fondamentales sur Dieu. 1. La grandeur de Dieu : il crée (v. 24). Tout individu capable de réflexion se demande : « D’où est-ce que je viens ? Pourquoi suis-je ici ? Où vais-je ? » La science tente de répondre à la première question et la philosophie se débat avec la seconde, mais seule la foi chrétienne fournit une réponse satisfaisante aux trois interrogations. Les épicuriens, qui sont athées, affirment que tout est matière et l’a toujours été. Les stoïciens pensent que tout est dieu, l’esprit de l’univers. Dieu n’a rien créé ; il s’est contenté d’organiser la matière et d’y imposer de l’ordre et des lois sommaires. Paul, lui, affirme avec force : « Au commencement, Dieu ! » Dieu a fait le monde et tout ce qu’il contient. Il est Seigneur de tout ce qu’il a fait. Il n’est pas un Dieu distant, séparé de sa création, pas plus qu’un Dieu prisonnier de sa création. Il est trop grand pour être contenu dans un temple fabriqué par l’homme (1 Rois 8 : 27 ; Ésaïe 66 : 1-2 ; Actes 7 : 48-50), mais il n’est pas trop grand pour se soucier des besoins de l’homme (v. 25). Je me demande comment les membres du Conseil ont réagi aux propos de Paul à l’égard des temples car à cet endroit précis, sur l’Acropole, se trouvaient plusieurs chapelles consacrées à Athéna. 2. La bonté de Dieu : il pourvoit (v. 25). Les hommes peuvent s’enorgueillir de servir Dieu, mais c’est Dieu qui sert l’homme. Si Dieu est Dieu, alors il se suffit à luimême et n’a besoin de rien que l’être humain puisse lui donner. Non seulement les temples ne contiennent pas Dieu, mais les cultes rendus dans les sanctuaires n’ajoutent rien à Dieu ! En deux affirmations concises, Paul balaie complètement tout le système religieux grec ! C’est Dieu qui nous donne ce dont nous avons besoin : « la vie, le souffle et toutes choses ». Il est la source de tout don parfait (Jac. 1 : 17). Il nous a donné 56


Actes 17 la vie et il alimente cette vie par sa bonté (Matt. 5 : 45). C’est la bonté de Dieu qui devrait mener les hommes à la repentance (Rom. 2 : 4). Toutefois, au lieu d’adorer le Créateur et de le glorifier, les hommes adorent sa création et se glorifient eux-mêmes (Rom. 1 : 18-25). 3. La gouvernance de Dieu : il règne (v. 26-29). Les dieux grecs étaient des êtres distants qui se moquaient complètement des problèmes et des besoins des hommes. Mais le Dieu de la création est aussi le Dieu de l’histoire et de la géographie ! Il a créé l’humanité à partir « d’un seul homme » (v. 26) pour que toutes les nations soient constituées de la même matière et partagent le même sang. Les Grecs étaient convaincus de former une race particulière, différente des autres, mais Paul affirme le contraire. Même leur précieuse terre, qu’ils révéraient, était un cadeau de Dieu. Ce n’est pas la puissance des hommes, mais bien la gouvernance de Dieu qui détermine l’essor et le déclin des nations (Dan. 4 : 35). Dieu n’est pas une divinité distante. « Il n’est pas loin de chacun de nous » (v. 27). C’est pourquoi l’homme doit le chercher et le découvrir dans la vérité. Paul cite ici le poète Epiménide : « Car en lui nous avons la vie, le mouvement et l’être ». Puis il ajoute une citation de deux poètes, Aratus et Cléanthe : « Nous sommes aussi de sa race ». Paul ne dit pas que tous les hommes sont les enfants spirituels de Dieu, car des pécheurs ne deviennent enfants de Dieu que par la foi en Jésus-Christ (Jean 1 : 1-13). Il affirme plutôt la « paternité de Dieu » au sens naturel car l’homme a été créé à son image (Gen. 1 : 26). Dans ce sens, Adam était un « fils de Dieu » (Luc 3 : 38). Ceci nous amène à la conclusion logique de Paul : si Dieu nous a créés à son image, il est insensé pour nous de fabriquer des dieux à notre propre image ! La religion grecque n’était rien de plus que la fabrication et l’adoration de dieux inspirés des hommes et agissant comme des hommes. Paul démontre non seulement l’ineptie des 57


Soyez audacieux temples et des rituels religieux, mais aussi la folie de toute idolâtrie. 4. La grâce de Dieu : il sauve (v. 30-31). Alors qu’il amène son message à son terme, Paul résume les preuves manifestes de la grâce divine. Pendant des siècles, Dieu s’est montré patient envers le péché de l’homme et son ignorance (voir 14 : 16 et Rom. 3 : 25). Cela ne signifie pas pour autant que les hommes sont innocents (Rom. 1 : 19-20), mais seulement que Dieu a contenu sa divine colère. En son temps, il a envoyé un Sauveur et il commande désormais à tous les hommes de se repentir de leurs actes insensés. Ce Sauveur a été tué puis est ressuscité d’entre les morts et, un jour, il reviendra juger le monde. La preuve qu’il jugera est précisément le fait qu’il est ressuscité des morts. C’est la doctrine de la résurrection que la plupart des membres du Conseil n’ont pas pu admettre. Pour un Grec, le corps n’était qu’une prison et plus vite un individu en était libéré, plus il était heureux. Pourquoi ressusciter un corps mort et revivre à nouveau dans cette enveloppe ? Et pourquoi Dieu se soucierait-il de juger chaque homme personnellement ? Cet enseignement était décidément incompatible avec la philosophie grecque. Ils croyaient en l’immortalité, mais pas en la résurrection. Le message de l’apôtre a suscité trois réactions différentes. Certains ont ri et se sont moqués, sans prendre son discours au sérieux. D’autres se sont montrés intéressés, mais désiraient en entendre davantage. Un petit groupe a accepté les propos de l’apôtre, ils ont cru en Jésus-Christ et ils ont été sauvés. Nous ignorons si ceux qui ont réservé leur décision ont fini par se donner au Christ. Nous espérons que c’est le cas. Si nous comparons les maigres résultats engrangés à Athènes aux moissons abondantes de Thessalonique et de Bérée, nous sommes tentés d’en conclure que le ministère de Paul dans cette ville a été un échec lamentable. Dans ce cas, nous pourrions bien tirer une conclu58


Actes 17 sion hâtive et erronée. Paul n’a pas reçu l’ordre de partir, nous pouvons donc supposer qu’il a séjourné à Athènes et poursuivi son ministère auprès des croyants et des non-croyants. L’orgueilleuse et sage Athènes n’adhérerait pas aisément au message humble de l’Évangile annoncé par Paul, en particulier après qu’il eut résumé toute l’histoire grecque par l’expression « des temps d’ignorance ». Le sol à cet endroit n’était pas profond et il était envahi par d’abondantes mauvaises herbes, mais il a malgré tout produit une petite récolte. Et puis, une âme vaut le monde entier ! Nous avons encore besoin de témoins qui envahissent les cercles universitaires et présentent le Christ aux individus sages aux yeux de ce monde, mais ignorants de la véritable sagesse du monde à venir. « Considérez, frères, comment vous avez été appelés : il n’y a parmi vous ni beaucoup de sages selon la chair ni beaucoup de puissants ni beaucoup de nobles » (1 Cor. 1 : 26), mais certains le sont malgré tout et Dieu peut vous utiliser pour les appeler. Apportez l’Évangile dans votre « Athènes ». Soyez audacieux !

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Warren W. Wiersbe

Actes 13 à 28 • Soyez audacieux

COLLECTION « SOYEZ » : COMMENTAIRES BIBLIQUES À LA PORTÉE DE TOUS POUR COMPRENDRE ET METTRE EN PRATIQUE LA PAROLE DE DIEU. À UTILISER SEUL OU EN GROUPE.

audacieux

« […] nos chers frères Barnabas et Paul qui ont risqué leur vie pour la cause de notre Seigneur Jésus-Christ » (Actes 15 : 25-26 – Parole vivante). Quelle audace ! Autour de nous, la société se refroidit au point d’ériger ses craintes en « principe de précaution ». Le livre des Actes montre que les chrétiens, moins paralysés par la peur que motivés par l’espoir, partagent une même vision : celle de Dieu pour les perdus. Leur enthousiasme et leur dévouement leur permettent de tout affronter pour communiquer l’Évangile. Avons-nous gardé intact le premier amour ou notre prudence l’emportet-elle au point de calculer les sacrifices avant de s’engager pour la cause de notre Seigneur ? « En effet, si nous possédons la dynamique du Saint-Esprit dans notre vie, nous ne nous satisferons assurément pas du train-train spirituel. Nous attendrons du Seigneur qu’il nous place au cœur de l’action et fasse de nous des pionniers audacieux au lieu de spectateurs apathiques » (W. Wiersbe). Que ce commentaire nous apprenne à ne pas nous limiter à profiter de l’amour de Dieu pour nous, mais à brûler d’amour pour lui ! Des questions à la fin du livre vous permettront d’approfondir votre réflexion.

commentaire

9 782910 246518 ISBN 978-2-910246-51-8

W. Wiersbe

biblique

Warren W. Wiersbe • Pasteur, professeur et conférencier de renommée internationale. Auteur de nombreux livres dont Quand la vie chancelle et les commentaires du Nouveau Testament de la collection « Soyez ».

biblique

Actes 13 à 28 • Soyez audacieux

commentaire

Actes 13 à 28 Texte de Parole vivante inclus


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