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le chemin de Bellevilles
Après 3 ans d’amorçage, Bellevilles a commencé à trouver une place au sein de l’écosystème de l’immobilier solidaire et plus largement parmi les acteurs de l’ESS. Loin d’être arrivée au bout, il lui reste un long chemin à parcourir : des projets à matérialiser, des manques à combler, des freins à lever, et, sur la route, beaucoup de choses à apprendre et à partager. Dans ce processus, Bellevilles cherche toujours à réduire l’écart, le décalage, entre les intentions, sincères, et la réalité de ce que nos actions produisent sur le terrain (par manque de moyen, d’expérience…).
Quelques jalons sur le chemin
Pour Bellevilles ces trois dernières années ont été l’occasion de poser les premiers jalons d’un projet de long terme qui va continuer à évoluer tout au long de la vie du projet.
--- Dans sa phase d’émergence, Bellevilles a tenté de coder l’ADN du projet, de poser les bases des activités à réaliser, rassembler les personnes et les partenaires qui lui semblaient nécessaires pour avancer, en cohérence avec ses objectifs.
--- Dans la phase qui s’ouvre, Bellevilles va chercher à affiner ses modalités d’intervention, structurer de nouveaux outils juridiques et financiers, rendre le projet plus collectif.
Plus la foncière avancera, plus elle espére pouvoir intervenir avec finesse, à la place qui conviendra le mieux.
Entre-temps et pour y arriver, Bellevilles avance en se fixant un cap le plus aligné possible avec sa vision et ses valeurs. Cap qu’elle adapte au gré de ses expérimentations, de ses réussites et de ses erreurs (voir Partie 1).
Voici en synthèse quelques pistes de réflexion en gestation sur la voie prise et pensée par Bellevilles dans la structuration de sa foncière et l’accompagnement des projets :

--- Démontrer sa capacité à intervenir sur l’environnement bâti par des réhabilitations frugales pour améliorer la qualité des espaces produits (sobriété constructive, performance énergétique…)
--- Travailler à affiner son modèle pour faciliter l’accès de ses bénéficiaires directs (porteurs de projets, exploitants, résidents) à l’immobilier ainsi que renforcer leurs capacités pour une meilleure appropriation des projets
--- Pérenniser des lieux, des activités et des usages sur le temps long et mettre en œuvre de nouveaux modèles de gouvernance pour contribuer à l’amélioration de la qualité de vie, la résilience locale et, in fine, soutenir la capacitation des bénéficiaires directs et indirects (riverains, usagers…).
--- Mettre en oeuvre des dispositifs au sein des projets et de la foncière (p.ex. limitation de l’enrichissement personnel, partage de la valeur, mécanismes de lutte contre la spéculation…) qui pourront contribuer à l’évolution de pratiques sectorielles (tant de l’immobilier que de l’entreprenariat) afin de soutenir un monde en transition.s (sociales, économiques, écologiques).
Comment?
Meilleure répartition des richesses
Ouverture, adaptabilité
Accès facilité à l’immobilier
Réhabilitations frugales et efficacité énergétique
Quoi ?
Qui ?
Sobriété constructive
Lutte contre la spéculation
Enrichissement non personnel
Gouvernance partagée
Partage de compétences
Transparence
Performance énergétique
Amélioration de la qualité de l’environnement bâti
Bâtiment
Loyer modéré
Renforcement de la capacité de nos bénéficiaires directs
Usages adaptés et pérennes
Amélioration de la qualité de vie de nos bénéficiaires indirects
Exploitants, résidents Salariés, utilisateurs, riverains
Maîtrise et partage de la valeur
Evolution de pratiques sectorielles
Partenaires du secteur de l’immobilier et de l’entreprenariat
Le changement systémique :


Bellevilles commence à explorer la notion d’approche systémique, qu’elle souhaite progressivement appliquer à elle-même et à ses modalités d’intervention, en la mettant au cœur de sa stratégie de développement.
Ce courant transdisciplinaire, datant de l’après seconde guerre mondiale, que l’on retrouve à l’origine du rapport du club de rome des années 70 sur les limites à la croissance, ou bien en lien avec la pensée complexe d’Edgard Morin, s’est progressivement diffusée au sein de l’ESS, notamment via le réseau ashoka et ses “fellows”. Dernièrement, le collectif Racines, regroupant les écosystèmes de la philanthropie, de l’innovation sociale et de la recherche a fait avancer le sujet.
Cyrille Tassart, Entrepreneur et chercheur en approche systémique, décrit bien dans la partie 0 de son anti guide l’origine de la démarche, les raisons et modalité de mise en œuvre, notamment en prenant l’exemple de l’association Voisin Malin.
“L’Approche Systémique permet d’améliorer sa compréhension des mécanismes qui génèrent le besoin social de manière systématique. Elle contribue à trouver d’éventuelles pistes pour diminuer ou éradiquer l’apparition de ce besoin social. Elle aide aussi l’association à comprendre quelles sont les parts de responsabilité des différents acteurs de l’écosystème dans la persistance du problème - elle comprise !”
Des questionnements en chemin
Au cours des Comités Impact, lors de séminaires entre associés et avec les équipes, Bellevilles se pose régulièrement la question de sa “juste” place, de la nécessité de faire évoluer les outils structurés, et de leur bon usage, au service de qui et de quoi.
Autrement dit, Bellevilles se questionne sur comment calibrer où mettre l’énergie pour soutenir des retombées positives ; sans remettre en question les conditions fondamentales de Bellevilles : qualité des projets et épanouissement de l’équipe.
Concrètement, cela se fixe sur plusieurs enjeux, points de tension,problématiques, dont voici 2 exemples :
1 - Répliquer les projets VS continuer d’accompagner sur-mesure pour coller aux besoins de chaque projet :
- soigner le modèle économique tout en innovant (projets atypiques et complexes):
- répliquer ce qui peut l’être (les processus mais pas nécessairement les typologies de projet) ;
- permettre le confort et l’épanouissement personnel des équipes ;
- gagner en lisibilité.
Il s’agit d’un continuum, un équilibre à trouver en permanence (mettre en place des process, apporter de la clarté, sécuriser…).
2 - Trouver le bon rythme : consolidation VS développement,
- stabiliser la structure pour la consolider ;
- continuer à renforcer les équipes pour rendre la structure efficiente ;
- dire NON aux nombreuses demandes de projet VS répondre aux besoins ;
- Réaliser la mission du collectif et déployer le projet pour augmenter ses retombées VS prendre soin de chaque individu, respecter la culture commune et l’ énergie de l’équipe.