ASI Mag #5 October 2022 FR

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SARAH HELLER MW, MATHIAS CAMMILERI MS, DR. NAMI GOTO : Le point sur la culture des boissons en Asie SHINYA TASAKI : Un entretien avec une lĂ©gende vivante de la sommellerie L’annĂ©e de L’ASIE ET DE L’OCÉANIE pour l’ASI ASI MAGAZINEOCTOBRE 2022 NUMÉRO #5

PubliĂ© par : Association de la Sommellerie Internationale Éditeur, responsable de la rĂ©daction : Mark DeWolf

Directrice partenariats & marketing : Claire Berticat

Assistante marketing : Xeniya Volosnikova

Assistante administrative : Juliette Jourdan

Traduction : MichÚle Aström ChantÎme, Manuel Negrete Conception / Mise en page : Julia Webb Design

Photographie : RF123, iStock, Unsplash, Ethan Chan,Louis Hansel, Andy Kho, Asem Tusupbayeva

Photo de couverture : Traditional sake service

Collaborateurs : Jungmin Ahn, Sirayu Aupping, Nelson Chow, Jacques Chua Shu Hui, Tan Chuan Ann, Matthew Camilleri, Thibault de la Haye, Mark DeWolf, Nami GotoYamamoto, Sarah Heller, Chan Siang Jyun, Yuya Kondo, Ngurah Koriawan, Gerald Lu, Heidi MĂ€kinen, Jorge Nunes, Olivier Poussier, Ian Santos, Aki Sudo, Shinya Tasaki, Xeniya Volosnikova, Lincoln VU, Jessica Wood, William Wouters

Bureau Ă©xĂ©cutif de l’ASI

Président : William Wouters Secrétaire général : Peer F. Holm Secrétaire générale adjointe : Julie Dupouy-Young / Beåta Vlnkovå

Trésorier : Philippe Faure-Brac

Trésorier adjoint : Samuil Angelov Vice-présidente pour Asie & Océanie : Saiko Tamura-Soga Vice-présidente pour Afrique & Moyen-Orient : MichÚle Aström ChantÎme

Vice-prĂ©sident pour l’Europe : Piotr Kamecki Vice-prĂ©sident pour les AmĂ©riques : Marcos Flores Tlalpan

Renseignements sur le magazine : Mark DeWolf, responsable de la RĂ©daction de l’ASI markdewolf@asi.info

Demandes générales : www.asi.info info@asi.info

© Association de la Sommellerie Internationale. Tous droits rĂ©servĂ©s. Aucune partie de ce magazine ne peut ĂȘtre reproduite, stockĂ©e dans des systĂšmes d’extraction ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit sans l’autorisation Ă©crite prĂ©alable de l’éditeur.

Mot de bienvenue du président

William Wouters, prĂ©sident de l’ASI

Une conversation avec ...

Le point sur la culture des boissons en Asie

Notre équipe

La Commission Concours de Sommeliers : l’équilibre entre passĂ©, prĂ©sent et avenir

Notre équipe

Shinya Tasaki : Entretien avec une légende vivante Article de fond

L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie Article de fond

5 rĂ©gions viticoles : À la dĂ©couverte des rĂ©gions viticoles Ă©mergentes d’Asie Article de fond

Ce que boivent les gens d’ici : 4 boissons rĂ©gionales Article de fond

5 Whiskies RĂ©putĂ©s : d’Asie et d’OcĂ©anie Ă  avoir dans son backbar ÉvĂšnements Apprendre. DĂ©fier. Concurrencer. Bootcamp de l’ASI en Malaisie SĂ©lections Somm Recommander un vin Faites-moi un accord !

Le mariage du vin et des saveurs de l’Asie Article de fond Singapour: l’essor d’une nation vinicole insulaire Nouvelles de nos membres et du secteur

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Sommaire
ASI MAGAZINE OCTOBRE 2022 | NUMÉRO #5 6 4 12 16 20 31 24 34 40 48 54 58 36 Partenaires ASI

Bienvenue !

L’annĂ©e de l’Asie et de l’OcĂ©anie

Au cours du mandat de l’actuel Bureau de l’ASI, nous avons concentrĂ© nos efforts sur la promotion de la nature mondiale de notre association. Dans notre premier numĂ©ro du magazine ASI, nous avons repĂ©rĂ© et mis en valeur les sommeliers de tous les coins des AmĂ©riques, de la Patagonie, en Argentine, tout au sud, jusqu’aux sommeliers qui travaillent sur une petite Ăźle au large des cĂŽtes de Terre-Neuve, dans les eaux froides de l’Atlantique nord canadien.

Dans ce numĂ©ro, je suis heureux de vous annoncer que nous mettons l’accent sur la sommellerie en Asie et en OcĂ©anie. À bien des Ă©gards, cette annĂ©e a Ă©tĂ© et restera « l’annĂ©e de l’Asie » pour l’ASI. Nous avons organisĂ© notre assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale annuelle en juillet dernier Ă  Nagoya, au Japon, oĂč nous avons accueilli le Vietnam en tant que membre observateur. Plus rĂ©cemment, nous avons organisĂ© le Bootcamp ASI Ă  Kuala Lumpur, en Malaisie. Forts du succĂšs de notre premier Bootcamp ASI qui s’est tenu l’annĂ©e derniĂšre en Pologne, nous avons accueilli 46 sommeliers ambitieux, pour la plupart originaires d’Asie et d’OcĂ©anie, dĂ©sireux d’étudier et apprendre auprĂšs de nos meilleurs sommeliers, Ă©ducateurs et confĂ©renciers. L’évĂ©nement a connu un succĂšs remarquable. Notre Ă©quipe de l’ASI, ainsi que nos hĂŽtes de l’Association des sommeliers de Malaisie (SOMLAY) se sont associĂ©s pour organiser un programme intensif et enrichissant, comprenant un nombre ambitieux de sĂ©minaires, de dĂ©gustations Ă  l’aveugle et de dĂ©monstrations. Il en a rĂ©sultĂ© un Ă©vĂ©nement qui a mis au dĂ©fi et inspirĂ© nos sommeliers Ă  continuer Ă  s’efforcer de donner le meilleur d’eux-mĂȘmes. De nombreux participants s’entraĂźnent pour le prochain concours du Meilleur Sommelier d’Asie & OcĂ©anie, qui aura lieu au Japon le mois prochain.

Beaucoup de ces concurrents ont Ă©tĂ© inspirĂ©s par les grands sommeliers qui les ont prĂ©cĂ©dĂ©s, dont le Japonais Shinya Tasaki. Shinya a propulsĂ© la sommellerie en Asie vers l’avant, lorsqu’il a remportĂ© le titre de Meilleur Sommelier du Monde ASI 1995 devant un public enthousiaste Ă  Tokyo. Un moment dĂ©cisif qui a placĂ© le Japon sur la scĂšne mondiale du vin. Le moment Ă©tait opportun, car l’Asie n’en Ă©tait qu’à ses dĂ©buts dans le dĂ©veloppement de la culture du vin. Plus d’un quart de siĂšcle plus tard, la consommation de vin en Asie a considĂ©rablement augmentĂ© et les meilleurs sommeliers de la rĂ©gion se classent parmi les meilleurs au monde. Dans ce numĂ©ro, nous avons interviewĂ© Shinya sur son parcours pour devenir le Meilleur Sommelier du Monde ASI et sur sa responsabilitĂ© en tant que mentor pour d’autres qui aspirent Ă  atteindre les mĂȘmes sommets.

Nous avons Ă©galement le plaisir d’accueillir en tant que rĂ©dacteurs invitĂ©s Sarah Heller, Master of Wine basĂ©e Ă  Hong Kong, Mathias Camilleri, Master Sommelier basĂ© Ă  Singapour, et le Dr Nami Goto, une scientifique japonaise respectĂ©e dont les travaux sur le sakĂ© et le koshu ont contribuĂ© Ă  faire de ces boissons fermentĂ©es japonaises des boissons trĂšs demandĂ©es dans le monde entier. Ce trio de professionnels du vin trĂšs accomplis apporte son Ă©clairage sur l’état actuel de la sommellerie et de la culture du vin en Asie.

Je vous encourage donc à explorer les pages de cette édition du magazine ASI, et à vous délecter de la diversité de la nourriture, des boissons et de la culture de la sommellerie en Asie et en Océanie.

MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 4 William Wouters, Président
l’ASI Bienvenue !
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Asie

Lepoint sur la culture des boissons enAsie

L’ASI a le plaisir d’accueillir trois leaders du secteur en tant que rĂ©dacteurs invitĂ©s pour cette Ă©dition du magazine ASI. Sarah Heller, la plus jeune Master of Wine d’Asie, a Ă©tudiĂ© et travaillĂ© en AmĂ©rique du Nord, en Europe et en Asie. Mathias Camilleri est un Master Sommelier qui a travaillĂ© dans des restaurants prestigieux Ă  Paris, Londres et Singapour. EnïŹn, le Dr Nami Goto-Yamamoto est un universitaire, un chercheur, un juge du vin et une lĂ©gende vivante dans le domaine de l’Ɠnologie, de la fermentation et de la brasserie, en tant qu’expert reconnu de la production de sakĂ© et de vin Koshu.

MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 6 Le point sur la culture des boissons en
Une conversation avec ...
Photo : Barry / Unsplash.com

Le parcours de Sarah Heller pour devenir Master of Wine a commencĂ© par un intĂ©rĂȘt pour la nourriture. Pendant ses Ă©tudes Ă  l’universitĂ© de Yale, elle a commencĂ© Ă  apprendre Ă  cuisiner. Elle raconte : « J’étais tellement passionnĂ©e que j’ai commencĂ© Ă  suivre des cours dans une Ă©cole culinaire pendant mon temps libre et j’ai finalement dĂ©cidĂ© de prendre un semestre de congĂ© pour travailler dans un restaurant du PiĂ©mont. Mon chef Ă©tait un vĂ©ritable amateur de vin et m’emmenait dans toute la campagne pour goĂ»ter les vins locaux. InĂ©vitablement, j’ai Ă©tĂ© alors complĂštement sĂ©duite par le vin et lorsque je suis retournĂ©e Ă  l’universitĂ©, j’ai commencĂ© Ă  travailler Ă  temps partiel chez un importateur/distributeur Ă  New York. » La prochaine grande Ă©tape dans la carriĂšre de Sarah Heller a Ă©tĂ© de travailler Ă  Hong Kong avec Debra Meiburg MW, l’un des premiers Master of Wine d’Asie. Selon Heller, « elle (Debra Meiburg) a pu utiliser sa position pour rĂ©ellement façonner le discours rĂ©gional sur le vin et aider le marchĂ© Ă  se dĂ©velopper, ce qui a Ă©tĂ© une grande source d’inspiration. AprĂšs trois ans avec Debra, j’ai dĂ©cidĂ© de me mettre Ă  mon compte pour Ă©tudier le MW et commencer Ă  façonner ma propre plateforme. »

Mathias Camilleri a un parcours vaste et diversifi Ă© avec une maman singapourienne, un grand-pĂšre italien et un pĂšre nĂ© en Tunisie. Il est laurĂ©at des concours du jeune sommelier du Royaume-Uni 2015, du jeune sommelier international prĂ©sentĂ© par la ChaĂźne des RĂŽtisseurs, ainsi que du Meilleur Sommelier du Royaume-Uni de l’annĂ©e 2017. La mĂȘme annĂ©e, il a obtenu le statut de Master Sommelier. De ses ambitions, Camilleri dit « au dĂ©but de ma carriĂšre de sommelier, je pensais que les concours et les examens m’aideraient Ă  ĂȘtre plus performant au travail. C’est alors qu’est nĂ© mon amour pour les concours et les dĂ©fis, qui m’a poussĂ© dans cette direction. » L’annĂ©e suivant l’obtention de son titre de Master Sommelier, Camilleri a pris la dĂ©cision personnelle de s’installer Ă  Singapour. Comme il le dit, « ayant une mĂšre singapourienne, j’ai toujours Ă©tĂ© intĂ©ressĂ© par la dĂ©couverte des racines de ma mĂšre, et aprĂšs presque six ans au Royaume-Uni, j’ai dĂ©cidĂ© que c’était le bon moment pour un nouveau dĂ©fi professionnel. » Camilleri a rejoint CÉ LA VI Ă  Singapour en tant que chef sommelier, avant de prendre un poste de responsable principal des boissons Ă  l’emblĂ©matique Marina Bay Sands en 2019. En 2022, Mathias Camilleri a rejoint le groupe COMO de Singapour en tant que directeur associĂ© des opĂ©rations F & B. RĂ©cemment, Mathias Camilleri a Ă©tĂ© l’un des tuteurs vedettes du Bootcamp ASI en Malaisie.

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Une conversation avec ... Le point sur la culture des boissons en Asie

Une conversation avec ...

Heller et Camilleri font tous deux partie d’une nouvelle gĂ©nĂ©ration de professionnels du vin, qui observent l’évolution de la culture du vin en Asie sous un angle nouveau. Depuis les annĂ©es 1980, la consommation et la collection de vin sont dominĂ©es par des pays comme le Japon, Singapour, Hong Kong et Taiwan. Les traditions ont jouĂ© un rĂŽle dans la consommation de vin en Asie, mais selon Sarah Heller, « ce n’est qu’une partie de l’histoire. Il faut garder Ă  l’esprit que le vin est gĂ©nĂ©ralement plus cher en Asie, Ă  la fois par rapport aux autres formes de boissons alcooliques et par rapport au prix du vin en Europe, et donc, pour que quelqu’un dĂ©cide d’investir dans la consommation et l’apprentissage du vin, il faut une forte motivation. Il peut s’agir d’une question de statut, mais c’est souvent plus une question de respect — historiquement, le vin a presque toujours Ă©tĂ© consommĂ© en groupe en Asie et la nature et la qualitĂ© de la bouteille que vous apportez est un indicateur de votre opinion sur vos compagnons de boisson. »

Sarah Heller ajoute que « la consommation parmi une population plus large est un phĂ©nomĂšne beaucoup plus rĂ©cent. La dĂ©cision prise en 2008 par le gouvernement de Hong Kong de supprimer les droits de douane et de faciliter les importations de vin a manifestement jouĂ© un rĂŽle majeur dans l’explosion de l’intĂ©rĂȘt pour le vin dans la rĂ©gion, rendant la consommation, la collecte et le commerce du vin plus accessibles et potentiellement trĂšs lucratifs. Cependant, le fait que le vĂ©ritable intĂ©rĂȘt pour le vin ait dĂ©passĂ© cette premiĂšre explosion commerciale suggĂšre que la culture du vin s’est installĂ©e Ă  un niveau plus profond sur ces marchĂ©s et sur plusieurs autres. Il est certain que l’éducation et les Ă©vĂ©nements liĂ©s au vin, qui sont devenus si omniprĂ©sents que certains d’entre nous dans la rĂ©gion les considĂšrent presque comme acquis, ont aidĂ© les gens Ă  dĂ©velopper une apprĂ©ciation plus profonde du vin et de sa complexitĂ©. »

Le point sur la culture des boissons en Asie

depuis quatre ans maintenant, et je n’arrive pas Ă  croire Ă  la vitesse Ă  laquelle Singapour s’est dĂ©veloppĂ©e. Le marchĂ© du vin est vraiment gĂątĂ© avec une Ă©norme diversitĂ© de vins provenant du monde entier, servis par des professionnels dĂ©vouĂ©s Ă  de vĂ©ritables amateurs de vin et de gastronomie. Singapour est l’un des endroits les plus dynamiques oĂč j’aie jamais travaillĂ©. L’effervescence de la sommellerie Ă  Singapour s’accompagne d’une scĂšne gastronomique dynamique. MalgrĂ© les dĂ©fis posĂ©s par la COVID, des restaurants de styles diffĂ©rents ont vu le jour derniĂšrement ... J’imagine que cela et l’incroyable diversitĂ© des sommeliers qui travaillent dur Ă  Singapour ont formĂ© un noyau solide qui contribue au succĂšs actuel de Singapour comme l’un des meilleurs endroits pour le vin en Asie et peut-ĂȘtre Ă  l’avenir l’un des meilleurs au monde. »

Sarah Heller reconnaĂźt le rĂŽle des chefs cĂ©lĂšbres : « L’adoption du guide Michelin en tant que mesure de la qualitĂ© d’un restaurant signifie presque que le vin fait nĂ©cessairement partie de l’équation. Cependant, elle prĂ©cise : « ce que je n’ai pas encore vu se produire dans une large mesure, ce sont les restaurants vraiment locaux et dĂ©contractĂ©s qui adoptent le vin, en dehors des BYO (oĂč le client peut apporter sa propre bouteille). Il n’y a toujours pas de grandes cartes de vins de tous les jours dans les Dai Pai Dongs ou les hawker centers, pour autant que je sache. »

L’un de ceux qui soutiennent l’éducation est Mathias Camilleri, tuteur au Bootcamp de l’ASI en Malaisie, qui dĂ©clare : « J’aimerais pouvoir faire plus. Avec le manque de main-d’Ɠuvre, j’ai moins de temps Ă  consacrer au mentorat pour la communautĂ© des sommeliers au sens large, mais sur une note positive, cela me donne plus de temps Ă  passer avec les sommeliers et les Ă©quipes de restaurants avec lesquels je travaille. Les voir dĂ©ployer leurs ailes sur le plan professionnel est trĂšs satisfaisant. » Mathias Camilleri ajoute, Ă  propos de la croissance de la culture du vin Ă  Singapour : « Je suis Ă  Singapour

En rĂ©sultera-t-il une croissance de la production de vins asiatiques et le dĂ©veloppement d’une culture du vin et d’une sommellerie asiatiques plus larges ? Pour Mathias Camilleri, « Je ne peux pas le prĂ©dire, mais je crois qu’il y a un avenir pour les vins asiatiques, notamment en Chine et au Japon, mais cela dĂ©pendra de l’ouverture d’esprit du monde (aux vins d’Asie). J’ai goĂ»tĂ© des vins incroyables en provenance de lĂ -bas, qui mĂ©ritent notre attention. » En ce qui concerne la reconnaissance, il affirme que « tout est possible, » soulignant le succĂšs du whisky japonais dans le dĂ©veloppement d’un marchĂ© local et international, grĂące en partie au film « Lost in Translation » dans lequel le personnage de Bill Murray fait la publicitĂ© du whisky Suntory avec la citation mĂ©morable : « Pour des moments de dĂ©tente, c’est l’heure de Suntory.» Mathias » Camilleri note Ă©galement que la mĂ©daille d’or remportĂ©e par le whisky Yamazaki 12 ans d’ñge de Suntory lors de l’International Spirits Challenge au Royaume-Uni en 2003 a Ă©tĂ© un moment dĂ©cisif pour la croissance et la reconnaissance du whisky japonais. En sera-t-il de mĂȘme pour les vins asiatiques, ou cela sera-t-il « perdu dans la traduction » ?

DĂ©couvrez l’évolution de la culture des boissons dans notre articledefondenpage20. etl’essorspectaculairedelaconsommationdevinetdelasommellerieĂ Singapourenpage54.

MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 8

Conversation avec le Dr. Nami Goto-Yamamoto

Le Dr Nami Goto-Yamamoto est une chercheuse universitaire actuellement prĂ©sidente de l’Association japonaise de recherche en sakĂ©ologie et de la SociĂ©tĂ© japonaise d’Ɠnologie et de viticulture. Elle Ă©tait auparavant prĂ©sidente de l’Institut national de recherche sur la brasserie et, en tant que chercheuse, elle a Ă©tudiĂ© la levure du sakĂ© et du vin, les anthocyanes et le tanin dans les raisins et le vin, ainsi que l’analyse de l’ADN des vignes, avec une spĂ©cialitĂ© pour le cĂ©page japonais Koshu. Elle a mĂȘme Ă©tĂ© le juge en chef du concours des vins japonais pendant sept ans.

L’ASI a demandĂ© au Dr Goto-Yamamoto de lui faire part de ses rĂ©flexions sur l’état actuel de la culture du vin et du sakĂ© en Asie, en particulier au Japon.

ASI : Dans le monde entier, le mouvement locavore gagne en force. Constatez-vous que les consommateurs japonais accordent plus de valeur aux boissons alcoolisées fabriquées localement ?

Dr. Nami Goto-Yamamoto (NGY) : À l’origine, le sakĂ© Ă©tait produit et consommĂ© localement. Mais aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, le sakĂ© des grandes entreprises, appelĂ© marques nationales, est devenu populaire. Ainsi, de nombreuses petites brasseries de sakĂ© ont fait faillite. Pendant cette pĂ©riode difficile, certaines petites brasseries de sakĂ© ont essayĂ© de diffĂ©rencier leurs produits des marques nationales, et le sakĂ© local est redevenu populaire.

En outre, il existe un autre mouvement locavore dans le sakĂ©, Ă  savoir la provenance de l’ingrĂ©dient, le riz. Contrairement au raisin, le riz peut ĂȘtre transportĂ© sur de longues distances. Ainsi, le Yamadanishiki, une variĂ©tĂ© de riz cĂ©lĂšbre, rĂ©coltĂ©e dans les rĂ©gions de culture du riz Ă  sakĂ©, est distribuĂ© dans tout le Japon.

Certaines brasseries de sakĂ© s’engagent toutefois Ă  n’utiliser que du riz cultivĂ© localement. De telles activitĂ©s conduisent Ă  la protection de l’agriculture locale, de l’environnement naturel, de l’emploi, etc., ce qui contribue aux ODD (Objectifs de dĂ©veloppement durable) !

Le shochu a Ă©tĂ© produit et consommĂ© principalement dans le sud de la rĂ©gion de Kyushu, et cette tendance se poursuit jusqu’à prĂ©sent, mais la consommation de shochu s’est maintenant Ă©tendue Ă  tout le Japon.

Dans le cas de la biĂšre, il n’y avait que de grandes brasseries au Japon. Cependant, de petites brasseries ont vu le jour en 1994, lorsque la rĂšgle de licence pour la production de biĂšre a Ă©tĂ© modifiĂ©e. DĂšs lors le nombre de petites brasseries a augmentĂ© considĂ©rablement, puis il a baissĂ© une premiĂšre fois, pour augmenter rĂ©cemment Ă  nouveau, en raison du boom de la biĂšre artisanale et de l’amĂ©lioration de la qualitĂ©. En consĂ©quence, le sakĂ© et la biĂšre artisanale locale ont acquis une certaine popularitĂ© au Japon.

Pendant longtemps, le vin Ă©tait une boisson rĂ©servĂ©e Ă  un petit nombre de consommateurs. Aujourd’hui, grĂące Ă  l’abaissement des droits de douane, les vins importĂ©s Ă  des prix raisonnables ont du succĂšs.

Le vin japonais lui ne représente que 5 % du vin consommé au Japon, dont une partie localement et majoritairement par les amateurs de vin japonais dans tout le Japon.

ASI : En tant que scientifique, chargĂ©e d’examiner la fermentation avec un Ɠil analytique, ĂȘtes-vous parfois confrontĂ©e Ă  la question de la valeur du maintien des mĂ©thodes de production traditionnelles par rapport Ă  la suggestion de nouvelles techniques motivĂ©es par la dĂ©couverte scientifique ?

Une conversation avec ...

9 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Le
point sur la culture des boissons en Asie

Une conversation avec ...

NGY : Personnellement, je n’ai pas cette lutte mais c’était vrai il y a 100, voire 50 ans. Par exemple, la technique moto Sokujo pour la fabrication du sakĂ© a Ă©tĂ© mise au point en 1909, mais elle n’a Ă©tĂ© largement utilisĂ©e qu’aprĂšs la Seconde Guerre mondiale. De nombreuses brasseries de sakĂ© croyaient que le Kimoto ou le Yamahai traditionnel Ă©tait indispensables pour produire leur juste goĂ»t de sakĂ©. Cette tendance perdure encore aujourd’hui dans certaines brasseries, mais beaucoup de brasseries de sakĂ© motivĂ©es s’adaptent Ă  de nouvelles techniques, voire mĂȘme les dĂ©veloppent.

ASI : Dans le monde du vin, on constate un intĂ©rĂȘt croissant pour le vin « nature. » Constatez-vous un intĂ©rĂȘt parallĂšle pour le sakĂ©, fabriquĂ© Ă  l’aide de bactĂ©ries sauvages, de levures telles que le Kimoto et le Yamahai ?

NGY : L’intĂ©rĂȘt pour le Kimoto et le Yamahai, ainsi que pour la fermentation sans ajout de levure, c’est-Ă -dire la fermentation par les levures de l’habitat naturel dans une brasserie, a augmentĂ© rĂ©cemment. C’est une question controversĂ©e, comme c’est le cas pour le vin. Le sakĂ© fait naturellement ou traditionnellement attire un certain type de consommateur, et on dit qu’il contribue Ă  la diversification du sakĂ©. Toutefois, il ne s’agit pas d’une technique reproductible et, dans le pire des cas, elle peut provoquer des goĂ»ts dĂ©sagrĂ©ables ou des altĂ©rations. Je pense que le mouvement orientĂ© vers le naturel est une antithĂšse Ă  une sociĂ©tĂ© hautement industrialisĂ©e. Il n’est pas appropriĂ© de nier toutes les connaissances et techniques scientifiques.

ASI : En plus de votre travail sur le sakĂ©, vous ĂȘtes une chercheuse de premier plan sur la gĂ©nĂ©tique et la production du koshu. Vous avez mĂȘme Ă©tĂ© le juge en chef du concours des vins japonais pendant sept ans. Comment le Koshu a-t-il Ă©voluĂ© au cours de la derniĂšre dĂ©cennie ?

des techniques Ɠnologiques a contribuĂ© Ă  ce changement, comme Ă©viter l’oxydation, la fermentation Ă  tempĂ©rature contrĂŽlĂ©e, l’utilisation d’auxiliaires de fermentation et le contrĂŽle de l’azote assimilable par la levure (YAN), ainsi que l’utilisation de souches de levure appropriĂ©es. Outre l’application d’informations extĂ©rieures, de nombreuses recherches ont Ă©tĂ© menĂ©es pour parvenir Ă  ces amĂ©liorations. Les programmes d’éducation des Ă©tablissements vinicoles par les universitĂ©s et les instituts de recherche ont Ă©galement jouĂ© un rĂŽle important. En outre, je pense que le concours japonais des vins a incitĂ© les Ă©tablissements vinicoles Ă  produire de meilleurs vins.

ASI : Il y a eu un certain dĂ©veloppement des vignobles dans des pays, comme la ThaĂŻlande, qui ne sont pas historiquement liĂ©s au vin. ConsidĂ©rez-vous que la diffusion de la viticulture et de la vinification en Asie, au-delĂ  des pays traditionnels comme la Chine et le Japon, est un Ă©lĂ©ment positif pour la croissance de la culture du vin sur le continent ? Ou devrait-on plutĂŽt mettre l’accent sur le dĂ©veloppement de la biĂšre et des boissons fermentĂ©es Ă  base de riz dans les pays qui luttent contre l’adaptation Ă©cologique de la vigne ?

NGY : Je ne pense pas que le Japon deviendra un grand producteur de vin Ă  cause des limites dues au climat et Ă  la superficie des terres agricoles. MĂȘme si son volume est faible, le vin japonais de haute qualitĂ©, qui est produit avec beaucoup d’efforts dans des conditions difficiles, intĂ©resse de nombreux consommateurs japonais. En tant que tel, cela contribuera Ă  une augmentation de la culture du vin.... Cette augmentation de la consommation et de l’intĂ©rĂȘt pour le vin au Japon semble due au changement des habitudes alimentaires au Japon en raison de la mondialisation. De plus, le vin a dĂ©veloppĂ© une bonne image au Japon, car il est considĂ©rĂ© comme Ă©lĂ©gant et sain. En outre, le mode de vie des vignerons est attrayant pour de nombreuses personnes, ce qui entraĂźne une augmentation du nombre de petits Ă©tablissements vinicoles.

Le point sur la culture des boissons en Asie

NGY : Le vin Koshu a beaucoup changĂ© au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies. Autrefois, de nombreux vins issus du Koshu Ă©taient oxydĂ©s, avaient un goĂ»t amer et manquaient d’arĂŽmes caractĂ©ristiques. Par consĂ©quent, beaucoup d’entre eux Ă©taient mi-doux pour masquer l’amertume. De nos jours, le vin Koshu typique a un goĂ»t modĂ©rĂ©ment fruitĂ©, un corps Ă©lĂ©gant et une aciditĂ© fraĂźche. Il existe Ă©galement diffĂ©rents styles de Koshu. Certains ont une saveur d’agrume comme le Sauvignon Blanc, et certains vins sont fermentĂ©s en fĂ»t, pĂ©tillants, bien vieillis, ou mĂȘme transformĂ©s en vin orange. L’amĂ©lioration

D’autre part, le sakĂ© est traditionnel et se marie bien avec la cuisine japonaise, mais il a une image un peu nĂ©gative dans le pays, car il est considĂ©rĂ© comme dĂ©modĂ©, en particulier par les jeunes. Ainsi, la production/consommation de sakĂ© et le nombre de brasseries de sakĂ© ont beaucoup diminuĂ©.

Cette diminution de la consommation de boissons alcoolisĂ©es traditionnelles, par exemple le vin en France et la biĂšre en Allemagne, est observĂ©e dans le monde entier. Il est raisonnable de cultiver du riz et de produire du sakĂ© Ă  partir du riz dans le climat humide du Japon. Cependant, ce n’est peut-ĂȘtre pas suffisant pour attirer le nouveau consommateur japonais.

10 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022

Singapour sera incontournable pour les vins et spiritueux en 2023

À l’heure oĂč le vin cherche encore son grand marchĂ©, Ă  l’heure oĂč tous les regards s’interrogent sur l’Asie, l’activitĂ© portuaire de Singapour vient encore de battre son record de volume de fret et s’impose ainsi comme l’épicentre du commerce maritime mondial.

CitĂ© Etat d’Asie du Sud Est stratĂ©giquement situĂ©e aux confins des marchĂ©s historiquement Ă©tablis et des grands marchĂ©s en dĂ©veloppement, de l’Australie au Japon, de la Chine en Inde, Singapour est indĂ©niablement devenu le meilleur poste d’observation pour prendre le pouls de la mondialisation du vin.

Sans production locale, la totalitĂ© des volumes de vin consommĂ©s par la population est importĂ©e. PortĂ© par l’essor de sa classe moyenne, le marchĂ© singapourien connaĂźt une expansion prometteuse : la consommation de vin a doublĂ© entre 2000 et 2010 tandis que les volumes importĂ©s ont augmentĂ© de 242,5% entre 2018 et 2020 (AD’OCC, 2022) Un marchĂ© au potentiel qui n’est plus Ă  prouver, renforcĂ© par le dĂ©veloppement du tourisme et la prĂ©sence d’une importante communautĂ© d’expatriĂ©s bĂ©nĂ©ficiant d’un pouvoir d’achat Ă©levĂ©. Capitale mondiale du cocktail, Singapour observe Ă©galement une franche augmentation de sa consommation de spiritueux, poussĂ©e par son Ă©cosystĂšme de bars Ă  cocktails qui font la rĂ©putation de la citĂ© Etat.

Mais c’est avant tout ses infrastructures modernes, sa position stratĂ©gique et sa forte capacitĂ© d’attractivitĂ© qui s’étend jusqu’en Australie, qui font d’elle une plateforme logistique et de distribution incontournable pour la rĂ©exportation de vins et spiritueux en Asie Pacifique.

Preuve Ă  l’appui, fort d’une prĂ©sence de 20 ans dans la rĂ©gion, Vinexposium s’installe Ă  Singapour en 2023 avec Vinexpo Asia, entendant ainsi renforcer son ancrage en Asie Pacifique PrĂšs de 1 000 exposants en provenance de multiples pays producteurs se retrouveront du 23 au 25 mai 2023 au cƓur de l’emblĂ©matique Marina Bays Sands pour l’évĂ©nement professionnel le plus attendu en Asie.

vinexpoasia .com | #vinexpoasia

Par Vinexposium

LA COMMISSION CONCOURS DE SOMMELIERS

MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
L’ÉQUILIBRE ENTRE PASSÉ, PRÉSENT ET AVENIR

CONCOURS

Il y a certains sommets de la sommellerie, et le titre de Meilleur Sommelier du Monde de l’ASI, est tout en haut de cette liste. Les sommeliers du monde entier participent Ă  des concours rĂ©gionaux, nationaux et continentaux pour avoir la chance de remporter ce titre mondial. La Commission Concours de Sommeliers de l’ASI est chargĂ© de crĂ©er les examens, les Ă©preuves de service et les dĂ©gustations Ă  l’aveugle pour les concours continentaux et mondiaux. C’est un travail que la commission codirigĂ©e par les champions du Monde ASI, Olivier Poussier et Shinya Tasaki, prend trĂšs au sĂ©rieux. C’est aussi une commission qui a Ă©voluĂ©, intĂ©grant de nouveaux membres avec de nouvelles idĂ©es et rĂ©flexions sur la façon dont les sommeliers doivent ĂȘtre Ă©valuĂ©s. Nous avons demandĂ© Ă  Olivier Poussier et Ă  Heidi MĂ€kinen MW, l’un des membres les plus rĂ©cents de la commission, de nous faire part de leurs rĂ©flexions.

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Commission Concours de Sommeliers : l’équilibre entre passĂ©, prĂ©sent et avenir

MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 13 La
Membres du ComitĂ© des concours de sommellerie de l’ASI lors du concours du Meilleur Sommelier des AmĂ©riques 2022 de l’ASI Photo : ContributĂ©e

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La Commission Concours de Sommeliers : l’équilibre entre passĂ©, prĂ©sent et avenir

ASI : En tant que directeur de la Commission Concours de Sommeliers (CCS), vous travaillez avec des sommeliers du monde entier. Est-il difficile de parvenir Ă  un consensus sur des questions lorsque vous devez coordonner votre action avec un si grand nombre de personnes ?

Olivier Poussier (OP) : William (Wouters) nous a confiĂ©, Ă  Shinya (Tasaki) et moi-mĂȘme, la responsabilitĂ© de constituer une commission technique. Nous avons une super commission constituĂ©e de femmes et d’hommes de qualitĂ©. Tout le monde tire dans le mĂȘme sens et nous veillons tous Ă  servir notre mĂ©tier le mieux possible. Nous avons tous un intĂ©rĂȘt commun : faire que les Ă©preuves et les concours soient impeccables.

ASI : Dans le passĂ©, la CCS Ă©tait principalement composĂ©e d’anciens laurĂ©ats du concours du Meilleur Sommelier du Monde. Quelle a Ă©tĂ© l’impulsion pour l’élargir Ă  d’autres sommeliers de renom ? Certains de vos membres ont remportĂ© leur titre il y a plusieurs dĂ©cennies. Pourquoi pensez-vous qu’il est important d’avoir un lien avec le passĂ© alors que vous faites Ă©voluer votre commission dans une perspective d’avenir ?

OP : La commission est constituĂ©e de sommeliers titrĂ©s et nous avons intĂ©grĂ© des personnes qui nous apportent une autre vision. Heidi par exemple qui est Master of Wine nous aide beaucoup dans sa rĂ©flexion et sa vision de la dĂ©gustation. Cette association entre des plus anciens et les jeunes gĂ©nĂ©rations est fondamentale pour la qualitĂ© du travail de la commission. Nous apprenons des uns et des autres et nous grandissons ensemble. L’unitĂ© de la CCS est trĂšs importante et Shinya et moi-mĂȘme nous y veillons.

ASI : En tant qu’un des membres les plus rĂ©cents, pensez-vous que le fait d’avoir plus de femmes dans l’équipe apporte une perspective alternative positive ou devrions-nous simplement considĂ©rer une commission telle que celle-ci comme neutre en termes de genre ?

Heidi MĂ€kinen (HM) : J’aimerais que nous vivions dans un monde oĂč les questions de genre ne se poseraient pas et oĂč nous pourrions reconnaĂźtre que le genre est non-binaire. Cependant, ce n’est pas encore une rĂ©alitĂ©, et je crois fermement que les organisations et les entreprises modernes doivent prendre en considĂ©ration diverses responsabilitĂ©s sociales. Les secteurs du vin et de l’hĂŽtellerie ont longtemps Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme des secteurs Ă  prĂ©dominance masculine et une CCS plus Ă©galitaire pourrait encourager davantage de femmes Ă  entrer dans le secteur et Ă  tester leurs connaissances et leurs compĂ©tences lors des concours. Nous devons rendre

l’ensemble du monde de la sommellerie, y compris les concours, accessible Ă  tous, quelles que soient leurs origines physiques, sociales, Ă©thiques ou ethniques, et montrer l’exemple en tant que commission est un aspect important de cette dĂ©marche.

ASI : Le monde de la sommellerie est en constante évolution et croissance. De plus en plus de personnes du monde entier, représentant différents pays, religions, sexes et identités sexuelles, deviennent sommeliers et réussissent. Comment une commission comme la CCS peut-elle devenir plus inclusive ?

HM : PremiĂšrement, en reconnaissant que notre monde Ă©volue et deuxiĂšmement, en adaptant nos mĂ©thodes de travail pour nous aligner sur cette Ă©volution. L’ASI a rĂ©cemment publiĂ© ses Directives qui sont utiles pour le dĂ©veloppement professionnel et la prĂ©paration aux concours. Ces lignes directrices sont en constante Ă©volution et s’adaptent au monde changeant qui nous entoure. La CCS tient compte de ces lignes directrices lors de la planification des concours et la façon dont chaque Ă©preuve est jugĂ©e. Notre tĂąche consiste Ă  juger le professionnalisme, les connaissances et les compĂ©tences des concurrents, et non la façon dont ils s’identifient ou leurs antĂ©cĂ©dents.

ASI : Le monde de la sommellerie devenant de plus en plus vaste et global par nature, est-il nĂ©cessaire, lors de l’évaluation des sommeliers, d’élargir les questions au-delĂ  des rĂ©gions, des styles et des boissons classiques et d’intĂ©grer davantage de connaissances sur le monde plus large du vin, des spiritueux et des boissons ?

OP : Bien sĂ»r, nous prenons en compte l’évolution du mĂ©tier de sommelier et l’ensemble de la commission doit ĂȘtre au courant des derniĂšres nouvelles du monde du vin et de l’évolution des vignobles. Les autres boissons, fermentĂ©es ou non, brassĂ©es ou distillĂ©es, font Ă©galement partie des connaissances que nous devons avoir. Les rĂ©seaux sociaux permettent aux sommeliers d’ĂȘtre bien prĂ©parĂ©s et la commission doit toujours avoir un peu d’avance.

ASI : Le fait d’avoir Ă  concourir dans une deuxiĂšme langue est une source Ă©ternelle de discussion parmi les sommeliers. Y a-t-il eu des discussions sur la possibilitĂ© d’éliminer cette exigence ou de la modifier pour qu’elle reflĂšte mieux la communautĂ© mondiale des sommeliers ?

OP : C’est une question qui revient souvent, mais je dirais que c’est l’exemple parfait de l’intĂ©rĂȘt de regarder le passĂ© comme un guide pour le prĂ©sent et l’avenir. Il n’y a pas si longtemps, tous les meilleurs sommeliers de notre concours mondial parlaient

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une seule langue, le français. Il a alors Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de crĂ©er une plateforme Ă©gale en faisant concourir tous les sommeliers dans une langue qui n’était pas leur langue maternelle (anglais, français ou espagnol). Ainsi, bien qu’il s’agisse d’un dĂ©fi pour certains participants, il s’agit, pour reprendre un terme sportif, d’un « terrain de jeu Ă©gal. »

ASI : Nous avons deux grands concours Ă  venir. Pour le Meilleur Sommelier d’Asie & OcĂ©anie et le Meilleur Sommelier du Monde. Pouvez-vous nous dire combien de temps il faut Ă  la CCS pour prĂ©parer les examens de ces concours ? Quelle importance accordez-vous Ă  l’intĂ©gration de la connaissance des boissons, de la nourriture et de la culture locales dans vos Ă©preuves ?

OP : En ce qui concerne la premiĂšre question, cela prend des mois de prĂ©paration. Nous avons une banque de donnĂ©es de questions qui est constamment mise Ă  jour pour reflĂ©ter les changements de lois et de tendances. En ce qui concerne la deuxiĂšme question, il est particuliĂšrement important pour nous d’adapter nos concours pour qu’ils reflĂštent les cultures, les traditions et les boissons des pays hĂŽtes.

ASI : La plupart des sommeliers ne concourront jamais pour un titre continental ou mondial. Pourquoi des concours comme celui-ci sont-ils importants pour le développement de la sommellerie ?

OP : Je pense que cela peut se rĂ©sumer en quelques mots ... inspiration, aspiration, et visibilitĂ©. Les concours inspirent les sommeliers et les incitent Ă  ĂȘtre le meilleur possible. Les concours offrent Ă©galement une visibilitĂ© Ă  notre profession, permettant Ă  la presse, aux consommateurs et au reste du secteur de l’hĂŽtellerie de comprendre la valeur des sommeliers. Ils crĂ©ent Ă©galement un sentiment de communautĂ© entre notre association et les sommeliers en compĂ©tition.

HM : Les concours sont une mĂ©thode de dĂ©veloppement professionnel, au mĂȘme titre que les divers cours, formations et programmes Ă©ducatifs. D’aprĂšs mon expĂ©rience, il est souvent plus facile d’étudier en ayant Ă  l’esprit un objectif prĂ©cis ou une structure construite. Les concours offrent une occasion unique d’échanger avec les autres et d’apprendre d’eux, de se mettre au dĂ©fi dans diverses situations et d’apprendre Ă  se produire et Ă  se prĂ©senter devant un public. Ils sont un excellent moyen de tester son niveau d’expertise parmi des personnes travaillant dans le mĂȘme secteur. La prĂ©paration aux Ă©preuves du concours aide Ă©galement les sommeliers dans leur vie quotidienne en salle, et dans le secteur oĂč les sommeliers sont de plus en plus appelĂ©s Ă  faire des prĂ©sentations et Ă  prononcer des discours publics.

ASI : Les sommeliers qui concourent sur la scĂšne mondiale font preuve d’un savoir-faire et d’un savoirĂȘtre Ă©tonnants. Au-delĂ  des exigences techniques et des connaissances, quelle valeur accordez-vous Ă  la personnalitĂ© ? Est-ce un Ă©lĂ©ment mesurable de votre systĂšme de notation ? Quelle importance accordez-vous, en tant que juge, Ă  l’envie d’ĂȘtre servi par le sommelier ?

OP : C’est trĂšs important. Vous ne voulez pas qu’un robot remporte le titre de “meilleur sommelier”. Un grand sommelier ne se contente pas d’apporter des connaissances approfondies, il fait aussi plaisir Ă  une table en crĂ©ant une expĂ©rience gastronomique. Il doit ĂȘtre un baromĂštre de l’humeur du client et adapter ses maniĂšres et son discours en consĂ©quence. Il doit Ă©galement faire preuve d’humilitĂ© et d’empathie, afin que chaque client vive l’expĂ©rience qu’il souhaite. Bien que ces Ă©lĂ©ments puissent sembler intangibles, nous avons plusieurs personnes qui jugent le concours, chacune avec son propre avis, et nous pouvons ainsi leur attribuer une valeur mesurable.

HM : En tant que personne qui a vĂ©cu des expĂ©riences culinaires et vinicoles extraordinaires, plus qu’on ne pourrait en mĂ©riter dans une vie, la chose qui m’enthousiasme le plus dans les restaurants de nos jours est le service et l’atmosphĂšre. C’est aussi quelque chose que nous mettons de plus en plus en avant Ă  la CCS. Nous apprĂ©cions la confiance et l’humilitĂ©, l’amabilitĂ© et le sourire, la volontĂ© de faire des suggestions, mais aussi la capacitĂ© d’écouter le client et de valoriser son temps et ses prĂ©fĂ©rences.

ASI : Lorsque vous rĂ©flĂ©chissez Ă  qui devrait ĂȘtre le Meilleur Sommelier du Monde, ou le Meilleur Sommelier d’Asie & OcĂ©anie, par exemple, quelles qualitĂ©s pensez-vous qu’il devrait possĂ©der ?

OP : Avoir de bonnes connaissances. Être professionnel, gracieux, humble, empathique.

HM : Un grand sommelier est quelqu’un qui aime son mĂ©tier, qui est passionnĂ© et curieux de l’environnement dans lequel il/elle travaille, et qui est prĂȘt(e) Ă  faire des efforts pour s’amĂ©liorer chaque jour. Tout cela doit ĂȘtre fait avec un grand cƓur, afin de pouvoir offrir Ă  ses clients la meilleure expĂ©rience possible et mĂ©morable Ă  chaque fois.

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Shinya Tasaki  (田殎真äčŸ)

Entretien avec une légende vivante

Shinya Tasaki  (田殎真äčŸ) n’a pas besoin d’ĂȘtre prĂ©sentĂ©. Shinya Tasaki a attirĂ© l’attention du monde entier en remportant le titre de Meilleur Sommelier du Monde ASI en 1995 devant un public japonais enthousiaste. Il est ensuite devenu encore plus cĂ©lĂšbre Ă  travers des centaines d’interviews, en Ă©crivant plusieurs livres et en Ă©tant le premier et le seul chef non professionnel Ă  gagner Ă  Iron Chef, le lĂ©gendaire concours culinaire de Fuji TV.

En raison de ses rĂ©alisations, Shinya Tasaki a Ă©tĂ© honorĂ© par l’empereur du Japon de la prestigieuse mĂ©daille d’honneur du ruban jaune dĂ©cernĂ©e aux personnes qui, par leur diligence et leur persĂ©vĂ©rance dans le cadre de leurs activitĂ©s professionnelles, sont devenues des modĂšles pour le public.

Shinya Tasaki a ensuite dirigĂ© l’ASI en tant que prĂ©sident de l’association de 2010 Ă  2016 et est actuellement co-directeur, avec Olivier Poussier, de la Commission Concours de Sommeliers de l’ASI. L’ASI a interrogĂ© Shinya sur son parcours pour devenir Meilleur Sommelier du Monde, et sur la responsabilitĂ© que cela a fait peser sur ses Ă©paules d’ĂȘtre un mentor pour les jeunes sommeliers en Asie.

À l’époque, avant l’Internet, nous n’avions pas d’outils efficaces pour recueillir des informations. Vivant au Japon, il m’était quasiment impossible d’obtenir le matĂ©riel d’étude ou les Ă©chantillons nĂ©cessaires pour me prĂ©parer au concours. J’ai donc voyagĂ© Ă  l’étranger, principalement dans des pays producteurs de vin, oĂč j’ai pratiquĂ© la dĂ©gustation et recueilli les informations nĂ©cessaires Ă  la prĂ©paration des Ă©preuves Ă©crites.

J’ai relevĂ© le dĂ©fi en 1986 et 1989, et lors de ma troisiĂšme tentative en 1995, j’ai finalement remportĂ© le titre de Meilleur Sommelier du Monde. Au cours de ces annĂ©es de prĂ©paration, j’ai dĂ©gustĂ© au moins 10 000 vins par an, j’ai rĂ©sumĂ© dans un carnet les points importants des documents recueillis pour les Ă©preuves Ă©crites et, Ă  l’approche du concours, j’ai pris deux mois de congĂ© et vĂ©cu sĂ©parĂ© de ma famille afin de me concentrer sur la mĂ©morisation des informations nĂ©cessaires. Pour ce qui est de l’entraĂźnement aux Ă©preuves de service, j’ai servi des VIP du monde entier en tant que chef sommelier dans un hĂŽtel prestigieux, en essayant de m’habituer Ă  offrir un service appropriĂ© dans une atmosphĂšre tendue.

Shinya Tasaki : Entretien avec une légende vivante

ASI : Atteindre le plus haut niveau dans n’importe quel domaine requiert un ensemble d’attributs et de compĂ©tences, dont la motivation et le dĂ©vouement ne sont pas les moindres. Pouvez-vous nous dire comment vous vous ĂȘtes prĂ©parĂ© pour le concours de Meilleur Sommelier du Monde ?

Shinya Tasaki (ST) : Ce qui m’a motivĂ© Ă  participer au concours du Meilleur Sommelier du Monde, c’est une rencontre avec M. Jean-Luc Pouteau, le vainqueur du concours ASI du Meilleur Sommelier du Monde 1983. Alors que j’avais remportĂ© le titre de Meilleur Sommelier du Japon, Ă©galement en 1983, j’ai rĂ©alisĂ© que la compĂ©tition internationale est d’un autre niveau. AprĂšs cette rencontre, je me suis fixĂ© pour objectif de devenir le meilleur du monde.

ASI : DĂ©crivez-nous le sentiment d’avoir gagnĂ© le concours. Était-ce un soulagement ? Avez-vous eu le sentiment d’avoir atteint tous vos objectifs avec cette victoire ?

ST : Lors de ma troisiĂšme tentative en 1995, je voulais absolument ĂȘtre le premier finaliste japonais, afin de pouvoir transmettre mon expĂ©rience Ă  la gĂ©nĂ©ration suivante. Je ne m’attendais pas Ă  gagner, ce fut donc une surprise totale pour moi.

Le concours s’est dĂ©roulĂ© Ă  Tokyo, et je suis heureux d’avoir pu partager ce moment d’émotion avec ma famille et les nombreuses personnes qui m’ont soutenu, notamment les restaurateurs, les hĂŽteliers et les membres de l’Association des sommeliers du Japon.

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Shinya Tasaki : Entretien avec une légende vivante
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Notre équipe Shinya Tasaki Photo : Contrubtée

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ASI : En tant que seule personne originaire d’Asie Ă  avoir remportĂ© le titre de Meilleur Sommelier du Monde, vous sentez-vous investi de la responsabilitĂ© d’aider d’autres sommeliers asiatiques Ă  aspirer Ă  un succĂšs similaire ?

ST : Pendant les 15 annĂ©es qui se sont Ă©coulĂ©es entre le concours national et le challenge de 1995, j’ai passĂ© beaucoup de temps Ă  collecter des informations de diffĂ©rentes sources. Mais au moment oĂč j’ai Ă©tĂ© couronnĂ© Meilleur Sommelier du Monde, j’ai rĂ©alisĂ© que j’allais devenir moi-mĂȘme une source d’information.

Au cours des trois annĂ©es qui ont suivi, j’ai Ă©tĂ© interviewĂ© par des magazines plus de 300 fois par an et je suis apparu Ă  la tĂ©lĂ©vision et Ă  la radio. Au fur et Ă  mesure de ces interviews, j’ai pris conscience de la responsabilitĂ© qui Ă©tait la mienne.

Au Japon, le mot « sommelier » s’est rapidement rĂ©pandu en raison de mon accomplissement, et le nombre d’aspirants sommeliers a augmentĂ©. Aujourd’hui, l’Association des sommeliers du Japon compte plus de 17 000 membres. Il est certainement trĂšs important pour la communautĂ© des sommeliers d’un pays de produire un laurĂ©at du concours du Meilleur Sommelier du Monde.

ASI : Vous ĂȘtes-vous senti dĂ©savantagĂ© en tant que non-EuropĂ©en lors de la compĂ©tition, Ă©tant donnĂ© que le centre de la sommellerie et de l’industrie du vin a longtemps Ă©tĂ© en Europe occidentale ?

ST : Dans les annĂ©es 1980, lorsque je me prĂ©parais pour ma premiĂšre tentative, il n’y avait pas une grande variĂ©tĂ© de vins disponibles au Japon pour s’entraĂźner Ă  la dĂ©gustation. En outre, il Ă©tait presque impossible d’obtenir du matĂ©riel et des rĂ©fĂ©rences pour les Ă©preuves Ă©crites. Je n’avais pas d’autre choix que d’aller Ă  l’étranger, et j’avais l’impression d’ĂȘtre dĂ©savantagĂ© en termes de temps et d’économie.

ASI : Dans votre rÎle de co-directeur de la Commission Concours de Sommeliers, avez-vous vu ou apporté des changements aux concours continentaux et mondiaux pour les rendre plus inclusifs et refléter un monde plus large de la sommellerie ?

ST : Je voudrais demander quel est le but d’un concours de sommeliers ? Je pense qu’il ne s’agit pas seulement de choisir le meilleur sommelier Ă  un moment donnĂ©, mais aussi de fournir une plateforme pour montrer un modĂšle de sommelier et partager cet idĂ©al Ă  travers la communautĂ© internationale des sommeliers.

A cet Ă©gard, le contenu des Ă©preuves donnĂ©es aux concurrents Ă©volue avec le temps. En outre, nous devons toujours ĂȘtre conscients qu’un sommelier n’est pas essentiellement un critique de vin mais un professionnel du service Ă  la clientĂšle.

ASI : Au fur et Ă  mesure que la sommellerie se dĂ©veloppe, la connaissance des boissons non europĂ©ennes, par exemple le sakĂ©, deviendra-t-elle plus importante dans la façon dont vous Ă©valuez les connaissances d’un sommelier ?

ST : Dans la sociĂ©tĂ© de l’information d’aujourd’hui, les gens peuvent se renseigner sur les aliments, les cuisines et les ingrĂ©dients du monde entier, y compris sur la façon de les manger ou de les cuisiner. Par consĂ©quent, les sommeliers doivent acquĂ©rir des connaissances sur les boissons apprĂ©ciĂ©es dans diffĂ©rents pays du monde, sans parler des vins et des boissons non alcooliques. Le sakĂ© japonais est un exemple, mais il existe de nombreuses autres boissons telles que les biĂšres artisanales, les gins artisanaux et les piscos que les futurs sommeliers devraient connaĂźtre. Le nombre de ces boissons ne cessera d’augmenter, car les sommeliers essaient d’acquĂ©rir des connaissances non seulement pour participer Ă  un concours, mais aussi pour offrir le meilleur service Ă  leurs clients.

Shinya Tasaki : Entretien avec une légende vivante

Dans les annĂ©es 1990 cependant, une variĂ©tĂ© de vins importĂ©s, de qualitĂ©, est devenue disponible Ă  Tokyo, ce qui m’a permis de pratiquer la dĂ©gustation comparative de vins, en plaçant cĂŽte Ă  cĂŽte sur une table des verres de vins du monde entier. Je devais encore voyager Ă  l’étranger pour obtenir des livres sur le vin et d’autres rĂ©fĂ©rences, mais comme j’avais de plus en plus d’occasions de dĂ©guster des vins, j’en suis venu Ă  penser que j’avais peut-ĂȘtre un avantage sur les sommeliers europĂ©ens, car j’avais davantage l’occasion de dĂ©guster des vins de la rĂ©gion de l’OcĂ©anie, par exemple.

ASI : Pensez-vous qu’il y aura un autre champion non-europĂ©en dans le futur ? Le fossĂ© entre les sommeliers europĂ©ens et non-europĂ©ens se rĂ©duit-il ?

ST : De nos jours, on peut accĂ©der Ă  l’information de la mĂȘme maniĂšre partout dans le monde. Vous avez tort si vous avez un complexe de ne pas vivre en Europe. À l’inverse, vous devriez vous convaincre que votre situation gĂ©ographique vous donne un avantage sur les sommeliers europĂ©ens. Soyez confiant et relevez le dĂ©fi. Et si vous voulez gagner la mĂ©daille d’or, vous devez consacrer beaucoup plus d’efforts que n’importe quel autre concurrent.

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L’essor
de la sommellerie : Exploration du vin, du saké et du whisky en Asie
20 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Article de fond
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L’essor de la Sommellerie

Exploration du vin, du saké et du whisky en Asie

Il y a quelques dĂ©cennies Ă  peine, la consommation de vin en Asie Ă©tait presque inexistante, mais un changement spectaculaire des fortunes Ă©conomiques, l’incroyable ascension d’une classe moyenne et d’une classe supĂ©rieure, en particulier dans ses grands centres urbains, a entraĂźnĂ© un boom de la consommation de vin. Ce boom est peut-ĂȘtre une exagĂ©ration, car Hong Kong (une anomalie avec 6 litres par personne et par an, OIV, 2019) et le Japon montrent la voie. Le taux de consommation par habitant au Japon est d’à peine 3 litres par personne et par an, mais ce chiffre dĂ©passe celui de la Chine, premier importateur de la rĂ©gion et cinquiĂšme au monde, qui n’est que d’1 litre par personne.

Si l’on considĂšre que de nombreuses nations europĂ©ennes affichent des taux de consommation souvent 10 fois supĂ©rieurs, et dans le cas de la France, plus de 15 fois supĂ©rieurs Ă  ceux du Japon, il devient Ă©vident que le chemin Ă  parcourir pour dĂ©velopper la culture du vin en Asie est encore long. Les sommeliers d’Asie deviennent rapidement les gardiens du savoir et peuvent contribuer Ă  guider l’évolution de la gastronomie en Asie, une Ă©volution qui inclut plus de vin et plus de sommeliers.

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Exploration du vin, du saké et du whisky en Asie

L’essor de la sommellerie :
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Article de fond L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie

au cours de la derniÚre décennie, ce qui a permis un meilleur choix et des vins visibles. »

La croissance de la classe supĂ©rieure, la diversification de la gastronomie et l’existence de communautĂ©s de sommeliers et d’amateurs de vin de plus en plus Ă©duquĂ©s dans les plus grandes villes d’Asie sont Ă  l’origine de l’évolution du vin en Asie. Selon Thibault de la Haye, « les consommateurs de vin en Asie font en quelque sorte partie d’une Ă©lite culturelle qui a eu la chance de voyager Ă  l’étranger. Ils vivent dans de grandes villes ouvertes sur le monde, sur les tendances de vie et le commerce occidentaux. » Thibault note Ă©galement que ces villes ont jouĂ© un rĂŽle majeur dans le dĂ©veloppement de l’intĂ©rĂȘt pour le vin dans toute l’Asie du Sud-Est : « l’essor de Singapour et de Hong Kong en tant que vitrines pour les producteurs de vin et la culture du vin occidentaux. Ces villes ont jouĂ© un rĂŽle majeur en Asie du Sud-Est. »

Nous avons demandĂ© Ă  deux directeurs asiatiques de partenaires de l’ASI de partager leurs points de vue sur le passĂ©, le prĂ©sent et l’avenir du vin et de la sommellerie dans la rĂ©gion. Thibault de la Haye est le directeur des exportations d’Advini pour la rĂ©gion Asie-Pacifique et Jorge Nunes est le responsable du marchĂ© Asie-Pacifique pour Symington Family Estates. Thibault de la Haye prĂ©voit que les taux de consommation vont continuer Ă  augmenter mais prĂ©vient qu’il faut limiter les attentes en citant « le taux de consommation va continuer Ă  augmenter mais il n’atteindra jamais les niveaux europĂ©ens. La raison principale est que la consommation de vin en Asie est trĂšs liĂ©e au mode de vie de ses habitants. »

La religion, le statut socio-économique et un fort clash entre la culture rurale et la culture urbaine peuvent entraver la croissance à part entiÚre de la culture du vin au sein de la population.

Actuellement, la consommation de vin est dominĂ©e par le Japon, Hong Kong et Singapour, bien que la croissance, selon Jorge Nunes, provienne « de pays comme la CorĂ©e du Sud, TaĂŻwan, la Chine et le Vietnam, oĂč l’alcool fait partie de la culture locale depuis des siĂšcles. » La classe moyenne des consommateurs est en pleine expansion et les barriĂšres Ă  l’importation, mĂȘme si elles impliquent souvent des taxes assez Ă©levĂ©es, sont gĂ©rables. J’ajouterais Ă©galement que la qualitĂ© et les connaissances du commerce, en particulier des sommeliers, ont augmentĂ© de maniĂšre exponentielle

Jorge Nunes est d’accord pour dire que les grandes villes d’Asie ouvrent la voie du vin en Asie. Comme il le dit, « la consommation de vin est centrĂ©e sur les principales zones urbaines. Que ce soit en Chine avec Shanghai ou Guangzhou, SĂ©oul en CorĂ©e, Hong Kong ou Singapour, c’est dans les grands centres urbains que la consommation est la plus importante. À cela, plusieurs raisons, parmi lesquelles des salaires plus Ă©levĂ©s et donc un revenu disponible plus important, un accĂšs plus facile au vin, des styles de vie plus cosmopolites qui incluent de meilleurs restaurants avec un meilleur service du vin. »

Si la croissance Ă  court terme peut rester lente et rĂ©guliĂšre, le vĂ©ritable potentiel est Ă  long terme. Selon Jorge Nunes, « le vin est toujours considĂ©rĂ© comme un symbole de statut social et comme un produit liĂ© au bon goĂ»t et Ă  la culture. C’est le principal moteur pour l’instant, mais au fur et Ă  mesure que l’exposition au vin et son intĂ©gration dans la vie quotidienne

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Thibault d e l a eyaH Photo : Contributée Photo : Contributée Haye
Jorg
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augmentent, il finira par devenir de plus en plus une marchandise, et quelque chose qui fait simplement partie d’un mode de vie agrĂ©able et sain. »

Les deux sociĂ©tĂ©s ont profitĂ© de la nature actuelle de « symbole de statut » des vins fins sur le continent. Advini a eu du succĂšs avec la Maison Champy (Beaune) et le Domaine Laroche (Chablis), ainsi qu’avec ses domaines ChĂąteau Capet-Guillier et ChĂąteau Patache d’Aux Ă  Bordeaux. Selon Jorge Nunes, le porto « est un produit de niche dans un marchĂ© de niche, » ce qui rend difficile l’augmentation des ventes, mais il souligne que l’éducation et la sommellerie sont des facteurs de rĂ©ussite. Selon Jorge Nunes, les portos Tawny sont le moteur du marchĂ© et il note le succĂšs de ses portos Vintage vendus en primeur.

Jorge Nunes explique : « Le porto Graham’s se situe au sommet de l’industrie du porto, Ă©tant la maison la plus axĂ©e sur le porto Premium. Notre objectif a Ă©tĂ© et continuera d’ĂȘtre de le positionner Ă  l’extrĂ©mitĂ© supĂ©rieure de l’industrie du porto, avec des prix plus Ă©levĂ©s reflĂ©tant une approche plus artisanale de chaque aspect de la production, des vins Ă  l’emballage. Ce travail cohĂ©rent — qui implique par exemple de se concentrer sur la qualitĂ© sur place — a portĂ© ses fruits et Graham’s est dĂ©sormais la force motrice de la famille Symington dans la rĂ©gion en termes de valeur. Notre partenariat avec l’ASI va dans ce sens, car nous voulons continuer Ă  travailler en Ă©troite collaboration avec les sommeliers, en leur fournissant des solutions plus grandes et meilleures pour augmenter leurs ventes de Porto. »

Si tous deux ont connu le succĂšs sur le marchĂ©, ils voient aussi le potentiel de croissance Ă  long terme, Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur des centres urbains. La croissance continue de la sommellerie, de l’enseignement du vin et le dĂ©veloppement des vignobles locaux soutiennent la croissance potentielle Ă  long terme du marchĂ©. En ce qui concerne le dĂ©veloppement des rĂ©gions viticoles en Asie, Thibault de la Haye dĂ©clare : « Cela contribuera au dĂ©veloppement de la culture du vin et Ă  l’intĂ©rĂȘt de la population pour le vin. » Jorge Nunes poursuit en disant : «  Je pense que ce sera un grand catalyseur pour la croissance continue du vin. MĂȘme si l’augmentation de la production nationale va Ă©videmment accroĂźtre la concurrence avec les importations, elle Ă©largira considĂ©rablement la base de consommateurs. Des droits de douane moins Ă©levĂ©s (ou inexistants), ainsi que des coĂ»ts logistiques moindres, permettront des prix plus compĂ©titifs pour ces vins, ce qui facilitera leur accĂšs Ă  un plus grand nombre de personnes. Il en rĂ©sultera une plus grande population de consommateurs de vin, d’oĂč de plus grandes possibilitĂ©s d’expansion pour les vins importĂ©s. »

Ce sont les sommeliers qui soutiennent la croissance de la production locale de vin et qui, Ă  terme, construisent un avenir durable pour eux-mĂȘmes et pour l’industrie mondiale du vin en Asie.

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L’essor
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Exploration du vin, du saké et du whisky en Asie
5 rĂ©gions viticoles À la dĂ©couverte des rĂ©gions viticoles Ă©mergentes d’Asie
Khao Yai Photo : Contributée
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SirayuAupp

Khao Yai en ThaĂŻlande

Bien que la ThaĂŻlande ait un climat tropical, il est gĂ©nĂ©ralement chaud et humide tout au long de l’annĂ©e, avec des pluies imprĂ©visibles et mĂȘme des moussons. Toutefois, dans certaines rĂ©gions de haute altitude bĂ©nĂ©ïŹciant de la modĂ©ration oïŹ€erte par l’altitude et la protection des chaĂźnes de montagnes, la viticulture est possible. Khao Yai, situĂ© Ă  quelques heures de route de la capitale Bangkok, est une indication gĂ©ographique (IG) oïŹƒcielle. L’élĂ©vation de Khao Yai, dans le nordouest de la province de Nakhon Ratchasima, au statut d’IG a Ă©tĂ© annoncĂ©e par l’Association des vins thaĂŻlandais en 2018. Deux autres rĂ©gions de l’est de la ThaĂŻlande, dans les provinces de Chonburi et Kabin Buri, sont Ă©galement Ă  l’étude pour obtenir le statut d’IG. Cela dit, il existe en outre des vignobles intĂ©ressants en dehors de ces zones, comme Huahin, dans la province de Prachuap Khiri Khan.

Le cépage rouge le plus cultivé à Khao Yai, et dans toute la Thaïlande, est la Syrah. Dans le climat modérément

tropical de Khao Yai, la Syrah peut produire un style trĂšs exotique de vin rouge, avec une combinaison d’arĂŽmes et de saveurs tropicales et d’épices uniques. De nombreux producteurs viniïŹent Ă©galement la Syrah pour produire des vins rosĂ©s vifs. Si la Syrah est la plus populaire, les producteurs obtiennent Ă©galement de bons rĂ©sultats avec le Durif (Petite Syrah), qui, dans ce climat, peut donner des vins rouges aux saveurs vives, juteuses et Ă©clatantes de fruits rouges et de mĂ»res, Ă  l’aciditĂ© appĂ©tissante et croquante et aux arĂŽmes de violette et d’épices douces. Parmi les autres cĂ©pages rouges plantĂ©s en ThaĂŻlande ïŹ gurent le Cabernet Sauvignon, la Grenache et le Dornfelder. En ce qui concerne les blancs, le Chenin Blanc et le Colombard sont en tĂȘte, Ă  la fois comme vins de table tranquilles et comme composants de vins eïŹ€ervescents de mĂ©thode traditionnelle. Le Chenin Blanc, ainsi que le SĂ©millon et le Muscat sont destinĂ©s Ă  faire des vins doux dans la rĂ©gion.

Alors que l’industrie vinicole thaĂŻlandaise reste jeune, moins de 50 ans, et que les vignobles sont encore peu nombreux, on constate une reconnaissance croissante des vins thaĂŻlandais de qualitĂ©. De plus en plus, ces vins, dont certains ont acquis un statut d’icĂŽne au niveau local, sont prĂ©sentĂ©s sur les cartes des vins des restaurants, des hĂŽtels et des centres de villĂ©giature. À mesure que la culture gastronomique de ThaĂŻlande se dĂ©veloppe, je prĂ©vois une augmentation parallĂšle de la production locale de vin.

de fond L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie

27 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Article
Un vin d’une nouvelle altitude, l’IG
ing
Khao Yai Photo : Contributée

Xeniya Volosnikova

VallĂ©e d’Assa, Kazakhstan :

Redécouvrez les vins de la route de la soie

Le Kazakhstan est un nom exotique sur la carte mondiale du vin, qui n’a jamais figurĂ© en tĂȘte de la production de raisin ou de l’esprit des consommateurs. Pourtant, des dĂ©couvertes archĂ©ologiques, notamment des restes de pĂ©pins de raisin fermentĂ©s de Vitis vinifera, remontent Ă  2500 ans. SituĂ© entre l’Europe et l’Asie, le Kazakhstan faisait partie de la route de la soie, et on peut supposer que les pĂ©pins de raisin ont Ă©tĂ© apportĂ©s ici depuis le Caucase, puis plus tard depuis la Perse. La superficie totale de la vigne au Kazakhstan atteint son apogĂ©e dans les annĂ©es 1980 avec 28 000 ha, juste avant la prohibition mise en place par MikhaĂŻl Gorbatchev. Aujourd’hui, on compte prĂšs de 13 000 ha de vignes, y compris les raisins de table.

Le sud et plus prĂ©cisĂ©ment le sud-est du pays, oĂč se trouve la vallĂ©e de l’Assa, sont les zones les plus propices Ă  la viticulture, avec notamment une production de vin de qualitĂ© Ă  partir de raisins cultivĂ©s dans des vignobles situĂ©s au pied de la chaĂźne de montagnes Tian Shan. Le mĂ©lange d’une forte teneur en roche et de sable explique le fait que le phylloxĂ©ra n’a jamais Ă©tĂ© prĂ©sent dans la rĂ©gion, ce qui explique que certaines vieilles vignes soient franches de pied. Le climat peut ĂȘtre dĂ©crit comme hautement continental : avec des tempĂ©ratures hivernales descendant parfois en dessous de moins 40° Celsius, et des tempĂ©ratures estivales supĂ©rieures Ă  35° Celsius. À une altitude de 1000 mĂštres, l’amplitude thermique diurne de la vallĂ©e peut atteindre 15 degrĂ©s pendant la saison de croissance. Les vins qui en rĂ©sultent sont puissants et fruitĂ©s, mais avec une vive aciditĂ©.

Quant aux raisins cultivĂ©s, des variĂ©tĂ©s telles que le Saperavi et le Rkatsiteli (toutes deux originaires de GĂ©orgie) ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©es en raison de leur capacitĂ© d’adaptation au climat local et de leur rendement Ă©levĂ©, tandis que les principaux cĂ©pages europĂ©ens de Vitis vinifera tels que le Pinot Noir, le Riesling et le Cabernet Franc, entre autres, se sont rĂ©vĂ©lĂ©s adaptĂ©s au climat continental frais. Mon prĂ©fĂ©rĂ© est le Cabernet Franc RĂ©serve d’Arba Wine : des notes de cassis, de cerise noire et de prune, des tanins fins et des saveurs Ă©lĂ©gantes d’épices douces, ainsi qu’un goĂ»t fumĂ©, rafraĂźchissant et fruitĂ© !

28 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Article de fond
L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie
Kazakhstan Photo : Asem Tusupbayeva

AkiSudo Le duo dynamique du Japon

Au Japon, la production de vin est en hausse, puisque le secteur est passé de 230 établissements vinicoles en 2017 à 413 en 2022. Nagano et Hokuriku sont deux régions qui produisent des vins bien faits et distinctifs à partir de raisins cultivés dans des vignobles situés à seulement deux ou trois heures de train de Tokyo.

Nagano : change la donne pour le vin japonais

SituĂ© Ă  la mĂȘme latitude que l’üle de Santorin, en GrĂšce, Nagano est entourĂ© de hautes montagnes, dont certaines atteignent 3000 mĂštres d’altitude. La rĂ©gion viticole compte quelques vignobles plantĂ©s Ă  plus de 900 mĂštres d’altitude, dispersĂ©s dans les bassins des chaĂźnes de montagnes. Ici, ces vignobles

bĂ©nĂ©ficient d’un climat idĂ©al combinant de faibles prĂ©cipitations annuelles, une forte variation de tempĂ©rature diurne, et sont en grande partie protĂ©gĂ©s des dĂ©gĂąts causĂ©s par les typhons de la rĂ©gion. Parmi les quatre sous-rĂ©gions, Kikyogahara a la plus longue histoire dans le Nagano avec le Merlot comme cĂ©page le plus apprĂ©ciĂ©, produisant des vins Ă©lĂ©gants avec une aciditĂ© notable et des tannins magnifiquement Ă©quilibrĂ©s. Un autre style Ă  noter est le Chardonnay de la sous-rĂ©gion de Chikumagawa qui Ă©clate de saveurs mĂ»res, soutenues par une minĂ©ralitĂ© et une aciditĂ© fines. En 2020 et 2021, l’un de ses principaux domaines viticoles, le ChĂąteauMercianMarikoWinery, a Ă©tĂ© placĂ© sur la liste des meilleurs vignobles du monde par worldsbestvineyards.com. Il convient de noter que la communautĂ©, dans son ensemble, se consacre Ă  l’éducation et au commerce du vin.

Dans la « cÎteviticoledeNiigata, » cinq établissements vinicoles font face à la mer du Japon. Dans ces vignobles

29 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Article de fond
L’essor
de la sommellerie : Exploration du vin, du saké et du whisky en Asie
Hokuriku : pour ceux qui recherchent « quelque chose de diïŹ€Ă©rent »
Japon Photo : Contributée

Article de fond L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie

cĂŽtiers, l’Albariño (Alvarinho) pousse sur des sols sablonneux, produisant un « style japonais » Ă  la fois pur et dĂ©licat. Une dĂ©gustation cĂŽte Ă  cĂŽte de vins issus du cĂ©page indigĂšne Koshu et d’Albariño, provenant des rĂ©gions cĂŽtiĂšres d’Espagne, offre Ă©galement une comparaison intĂ©ressante. Au restaurant Cave d’Occi, essayez un Albariño local avec un Nodoguro (poisson rare de Hokuriku) saisi avec une compote d’aubergines, un plat dĂ©licat et savoureux Ă  dĂ©guster en automne.

Ningxia :

La région viticole en or de la Chine

Nelson Chow, prĂ©sident de l’Association des sommeliers de Hong Kong et de la Grande Chine

Le Ningxia, dans les contreforts de la montagne Helan, est une rĂ©gion autonome aride de haute altitude, reconnue comme la rĂ©gion viticole d’or de la Chine Elle est connue pour ses assemblages de style bordelais Ă  base de cabernet sauvignon, de merlot et de cabernet gersnicht (carmĂ©nĂšre). À la fin du mois de septembre 2013, le « classement des vignobles de la montagne Helan Est, Ningxia » a Ă©tĂ© publiĂ©. Les contreforts de la montagne Helan Est au Ningxia sont Ă©galement devenus la premiĂšre et actuellement la seule zone viticole dotĂ©e d’un systĂšme de classification en Chine. DirigĂ© par le Ningxia Wine Bureau de la montagne Helan Est, le systĂšme est similaire au Grand Cru ClassĂ© de Bordeaux de 1855.

Les vignobles entrant dans le cinquiùme cru ont besoin d’au moins 8 ans, au minimum, pour atteindre le statut de vignoble de premier cru.

Pour ĂȘtre classĂ©e, une cave doit possĂ©der son propre vignoble, l’ñge des vignes doit ĂȘtre supĂ©rieur Ă  cinq ans, la cave doit respecter des restrictions de rendement, et la vinification, la mise en bouteille et le vieillissement doivent ĂȘtre effectuĂ©s dans la cave. En outre, l’établissement vinicole doit mettre l’accent sur la promotion et les activitĂ©s touristiques, rĂ©crĂ©atives et culturelles.

Les Ă©tablissements vinicoles sont Ă©valuĂ©s par le Ningxia Helan Mountain East Wine Bureau, l’Organisation internationale du vin (OIV) et une Ă©quipe de dĂ©gustation composĂ©e d’experts en vin.

Le comitĂ© note les Ă©tablissements vinicoles sur une Ă©chelle de 400 points, 35 % de la note Ă©tant attribuĂ©e Ă  la qualitĂ© du vin, 45 % Ă  la qualitĂ© du vignoble et 20 % Ă  la capacitĂ© d’accueil touristique.

Le systĂšme a reçu un mĂ©lange d’éloges et de critiques. Bien qu’il reprĂ©sente un avantage Ă©vident pour le gouvernement local du Ningxia, ce parti pris de « se concentrer sur le tourisme et d’ignorer la qualitĂ© » a suscitĂ© de nombreuses questions de la part des initiĂ©s du secteur.

Lors de la derniÚre révision en 2021, 57 établissements vinicoles ont été classés dans la liste de la montagne Helan Est, Ningxia, dont aucun de premiÚre catégorie, 9 de deuxiÚme catégorie, 15 de troisiÚme catégorie, 18 de quatriÚme catégorie et 15 de cinquiÚme catégorie.to y 15 bodegas de quinto crecimiento.

30 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Ningxia Photo : Contributée Nelson Chow

Ce que boivent les gens d’ici :

boissons régionales

Arak est le nom d’un cĂ©lĂšbre spiritueux Ă  base de raisin fabriquĂ© dans le Levante, c’est aussi le nom d’une liqueur locale qui est produite Ă  Bali (IndonĂ©sie) depuis des siĂšcles, et qui joue encore aujourd’hui un rĂŽle important dans la culture balinaise. À la base, l’Arak est une liqueur balinaise traditionnelle lĂ©gĂšrement pimentĂ©e, fabriquĂ©e Ă  partir de sucre de palme, de noix de coco ou de sĂšve de riz. En comparaison, sa teneur en alcool est beaucoup plus Ă©levĂ©e (40 Ă  50 % d’alcool par volume) que celle du Tuak, un autre spiritueux local populaire fabriquĂ© Ă  partir de riz fermentĂ©. Si l’arak est utilisĂ© pour mĂ©langer des boissons — souvent mixĂ© avec du gingembre (Arak Mabasa), du cola ou avec du miel et du citron (Arak Madu), il est Ă©galement utilisĂ© pour fabriquer de nombreux mĂ©dicaments traditionnels balinais et servi lors des cĂ©rĂ©monies religieuses hindoues.

Le riz fait partie intĂ©grante de l’Asie du Sud-Est et plus particuliĂšrement du Vietnam. Il n’est donc pas surprenant que le riz figure non seulement dans le rĂ©gime alimentaire quotidien des Vietnamiens, mais qu’il soit Ă©galement utilisĂ© pour Ă©laborer certaines des meilleures boissons alcooliques que l’on trouve dans notre pays.

Náșżp cĂĄi hoa vĂ ng est le nom d’une variĂ©tĂ© unique de riz gluant cultivĂ© dans les plaines du nord du Vietnam, ainsi que le nom de l’eau de vie dorĂ©e que produit ce riz. Náșżp cĂĄi hoa vĂ ng tire son nom de son pollen dorĂ© (hoa vĂ ng signifie fleur dorĂ©e). Il est produit via une fermentation parallĂšle utilisant une eau naturelle soigneusement sĂ©lectionnĂ©e et des « bĂĄnh men » — une combinaison de champignons, de bactĂ©ries et de levures. AprĂšs la distillation, un náșżp cĂĄi hoa vĂ ng de haute qualitĂ© sera affinĂ© pendant quelques mois, afin de laisser les arĂŽmes du spiritueux se stabiliser. Le rĂ©sultat est un magnifique liquide dorĂ© aux riches arĂŽmes de gĂąteau de riz, de cĂ©rĂ©ales, de yaourt, de miel et de canne Ă  sucre. En bouche, l’attaque est douce, avec une douceur harmonieuse et une subtile saveur de musc et de champignon cuit. Cependant, c’est en fin de bouche que le náșżp cĂĄi hoa vĂ ng se distingue vraiment des autres boissons Ă  base de riz fermentĂ©, car il prĂ©sente une finale longue, persistante et vive.

31 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Article
Arak, l’esprit de Bali, IndonĂ©sie
Ngurah Adnyana Koriawan, sommelier, directeur de la restauration et des boissons Padma Hotel Legian, Bali
Náșżp CĂĄi Hoa VĂ ng, la boisson de riz distillĂ©e prĂ©fĂ©rĂ©e du nord du Vietnam
Lincoln VU, chef-sommelier de Đa Lộc – WeWine, Nord du Vietnam
L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie 4
NgurahKoriawa n Lincoln VU
MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Chan Siang Jyun Photo : Contributée

Pour mieux apprĂ©cier ses saveurs, servez le « náșżp cĂĄi hoa vĂ ng » lĂ©gĂšrement refroidi Ă  14ÂșC dans un verre en forme de bol. Selon le degrĂ© d’alcool et de douceur de chaque producteur, le « náșżp cĂĄi hoa vĂ ng » peut constituer un accord polyvalent avec de nombreux aliments rĂ©confortants Ă  base d’amidon tels que les rouleaux de printemps vietnamiens, les sautĂ©s, les phở, ainsi que certains plats de viande vieillie sĂšche servis avec une sauce sucrĂ©e et fermentĂ©e. Ces derniers sont meilleurs avec un náșżp cĂĄi hoa vĂ ng vieilli. Personnellement, j’aime dĂ©guster un verre de náșżp cĂĄi hoa vĂ ng avec du nem phĂčng (porc fermentĂ©), un cĂ©lĂšbre plat originaire de la banlieue de Hanoi, composĂ© de porc bouilli coupĂ© en laniĂšres, puis mĂ©langĂ© Ă  une combinaison grillĂ©e et moulue de deux types de riz et de soja. Le mĂ©lange est ensuite enveloppĂ© dans des feuilles de figuier ou de bananier avant d’ĂȘtre ficelĂ© en paquets de forme carrĂ©e. La combinaison des saveurs et des arĂŽmes des deux cĂŽtĂ©s ressort vraiment, tandis que la douceur de la boisson Ă©quilibre la sauce de poisson salĂ©e et Ă©picĂ©e, Ă©galement utilisĂ©e dans la prĂ©paration du plat.

La consommation de lambanog est trĂšs populaire dans les zones rurales lors des rassemblements, des fĂȘtes d’anniversaire et autres cĂ©lĂ©brations. Il est surtout produit et consommĂ© dans la rĂ©gion de Tagalog du sud du pays. Il gagne en popularitĂ©, notamment auprĂšs des jeunes, qui en boivent des versions aromatisĂ©es. Un producteur qui fait parler de lui est « Lakan, » qui produit du lambanog de haute qualitĂ© avec une prĂ©cision et un raffinement artistiques.

Lambanog : L’esprit des Philippines

IanSantos

Les Philippines sont connues pour leur population, leur sens de l’hospitalitĂ© et leur gastronomie. Bien qu’il existe plusieurs types de nourriture et de boissons que le pays produit et exporte vers plusieurs pays, il y a une liqueur qui a volĂ© la vedette — le Lambanog.

Le lambanog est connu sous le nom de vin de coco, Ă©galement surnommĂ© la vodka philippine. Il est issu de la distillation de la sĂšve de noix de coco naturellement fermentĂ©e. Il est d’un blanc limpide, avec des arĂŽmes naturels que l’on obtient donc naturellement de la noix de coco distillĂ©e. Connu pour sa forte teneur en alcool, le lambanog contient au moins 30 % d’alcool et peut ĂȘtre utilisĂ© comme eau de vie de base, comme la vodka ou le gin, pour les cocktails.

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ChanSiangJy

Si Paolyta B et Whisbih ont peu de chances d’ĂȘtre servies dans les meilleurs restaurants taĂŻwanais, elles sont populaires parmi la classe ouvriĂšre de TaĂŻwan et, pour cette raison, reprĂ©sentent pour moi la vĂ©ritable culture et le peuple de TaĂŻwan. Ces boissons « Ă©nergisantes, » fabriquĂ©es Ă  partir de taurine (un acide aminĂ© soufrĂ© naturel), de sucre, d’alcool et de l’extrait liquide de la mĂ©decine traditionnelle chinoise, sont populaires parmi la classe ouvriĂšre taĂŻwanaise, y compris les serveurs, qui les consomment comme rafraĂźchissement pendant le travail, mais aussi pendant les jours de repos, dans des restaurants de fritures pour accompagner la cuisine taĂŻwanaise classique. Les TaĂŻwanais les boivent souvent en combinaison avec du cola, du lait, du lait de coco (la combinaison la plus courante), du jus ou mĂȘme du thĂ© ou du cafĂ©.

Article de fond L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie

33 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Paolyta B et Whisbih : Les désaltérants taïwanais
Hsiang Chun, Sommelier Sinasera 24, Taiwan
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Article de fond L’essor de la sommellerie : Exploration du vin, du sakĂ© et du whisky en Asie

5Whiskies RĂ©putĂ©s d’Asie et d’OcĂ©anie Ă  avoir dans son backbar

Les origines de la production de whisky en Asie se trouvent au Japon. Des whiskies japonais ont Ă©tĂ© fabriquĂ©s dans les annĂ©es 1800, mais c’est le dĂ©veloppement de la distillerie Yamazaki, prĂšs de Kyoto, en 1924, qui a donnĂ© le coup d’envoi de la production commerciale de ce spiritueux. Au cours du siĂšcle dernier, la grande qualitĂ© du whisky japonais a incitĂ© des entrepreneurs de toute la rĂ©gion Ă  se lancer dans la fabrication de ce prĂ©cieux alcool brun.

SULLIVAN’S COVE FRENCH OAK (Australie)

C’est probablement la marque qui a fait connaĂźtre le whisky australien. La distillerie basĂ©e en Tasmanie s’appuie sur son eau de source pure, son orge cultivĂ©e localement et un alambic qu’elle appelle affectueusement Myrtle pour Ă©laborer un style riche et robuste aux arĂŽmes et saveurs de mĂ©lasse, de noisette et de cuir frais.

THE NEW ZEALAND WHISKY COLLECTION OAMARUVIAN CASK STRENGTH DOUBLEWOOD (Nouvelle-Zélande)

Ce whisky complexe, distillĂ© Ă  l’origine par la dĂ©funte distillerie Willowbank, a Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans d’ex-fĂ»ts de bourbon puis affinĂ© dans des fĂ»ts de chĂȘne français prĂ©cĂ©demment utilisĂ©s pour le vieillissement du vin rouge nĂ©o-zĂ©landais. Il a Ă©galement passĂ© 8 ans Ă  mĂ»rir dans la communautĂ© cĂŽtiĂšre du Harbour Precinct d’Oamaru, ce qui confĂšre une note subtile d’embruns Ă  ce whisky fruitĂ© et Ă©picĂ©.

AMRUT (Inde)

La lĂ©gende du premier whisky single malt de l’Inde est

connue dans le monde entier. Ce whisky complexe, floral, Ă©picĂ© et subtilement sucrĂ© est notamment Ă©laborĂ© Ă  partir d’orge indienne cueillie Ă  la main et cultivĂ©e sur les contreforts de l’Himalaya. Amrut a Ă©tĂ© le premier whisky single malt en Inde, mais certainement pas le seul. Le Rampur Select de la distillerie Radico Khaitan gagne Ă©galement une base de fans fidĂšles.

KAVALAN VINHO BARRIQUE (Taiwan)

Si le Japon produit les whiskies asiatiques les plus cĂ©lĂšbres, la distillerie taĂŻwanaise Kavalan en produit Ă©galement certains. Leur Kavalan Vinho Barrique, mĂ»ri dans des fĂ»ts de chĂȘne blanc amĂ©ricain re-toastĂ©s prĂ©cĂ©demment utilisĂ©s pour le vieillissement du vin, rouge et blanc, a mĂȘme reçu le prix du meilleur single malt du monde lors des World Whisky Awards 2015.

SUNTORY HIBIKI ANS D’ÂGE (Japon)

Les whiskies japonais cĂ©lĂšbres ne manquent pas, comme les Yamazaki 12 ans et 18 ans d’ñge de Suntory, et si vos clients peuvent se le permettre, leurs 55 ans d’ñge (selon winesearcher.com, le prix de dĂ©tail moyen est d’environ 850 000 euros), Hashuku 12 ans d’ñge, Akkeshi Sarorunkamuy, Akashi, Kikori, et la gamme de whiskies de Nikka, comme son prĂ©cieux et rare Taketsuru, tous largement acclamĂ©s. Suntory Hibiki 17 ans d’ñge est un assemblage prestigieux de plus de 30 whiskies de malt et de grain vieillis individuellement et vieillis en fĂ»ts de mizunara dans la distillerie Yamazaki. Le rĂ©sultat est un whisky harmonieux (Hibiki signifie harmonie), fruitĂ© et distinguĂ©, mais qui, Ă  environ 550 euros la bouteille, peut encore ĂȘtre servi au verre dans les bars Ă  whisky, les bars Ă  vin et les restaurants gastronomiques.

34 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Photo : Contributée
Apprendre. DĂ©fier. Concurrencer. Bootcamp de l’ASI en Malaisie 36 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 ÉvĂšnements

APPRENDRE. DÉFIER. CONCURRENCER. Bootcamp de l’ASI en Malaisie

Le mois dernier, l’ASI a organisĂ© avec succĂšs la deuxiĂšme Ă©dition du Bootcamp ASI. Cette fois, le Bootcamp a eu lieu en Malaisie, marquant une premiĂšre incursion en Asie. Avec un groupe d’organisation composĂ© en grande partie de la mĂȘme Ă©quipe que le premier camp en Pologne, qui s’est tenu l’annĂ©e derniĂšre, la deuxiĂšme Ă©dition s’est avĂ©rĂ©e encore plus harmonieuse que la premiĂšre. C’est Claire Berticat, directrice du marketing et des partenariats de l’ASI, qui a supervisĂ© l’évĂ©nement avec Saiko TamuraSoga, vice-prĂ©sidente de l’ASI pour l’Asie et l’OcĂ©anie, et Piotr Kamecki, vice-prĂ©sident de l’ASI pour l’Europe. Claire Berticat a dĂ©clarĂ© Ă  propos de l’évĂ©nement : « Comme pour tout Ă©vĂ©nement complexe de ce type, le succĂšs n’est que le rĂ©sultat du dĂ©vouement des personnes impliquĂ©es. En plus de l’équipe malaisienne trĂšs organisĂ©e qui nous soutenait, nous avions un groupe de tuteurs dynamiques, expĂ©rimentĂ©s et talentueux, ainsi que des sommeliers trĂšs motivĂ©s. Leur enthousiasme et leur dĂ©sir constant d’apprendre davantage ont apportĂ© un sentiment de joie palpable Ă  cet Ă©vĂ©nement. Ils ont « bu » les connaissances de nos tuteurs et se sont dĂ©lectĂ©s des informations prĂ©sentĂ©es par nos partenaires. En tant qu’association chargĂ©e d’éduquer et d’inspirer une communautĂ© mondiale de sommeliers, nous pouvons tous ĂȘtre trĂšs satisfaits de ce qui a Ă©tĂ© accompli lors de notre rĂ©cent Bootcamp ASI. »

Quant Ă  Xeniya Volosnikova, c’est elle qui a gĂ©rĂ© la communication et les relations avec les partenaires, tandis que le Polonais David Sojka Ă©tait chargĂ© de la logistique, avec le soutien des membres de l’Association des sommeliers de Malaisie (SOMMLAY).

L’Argentine Maria Laura Ortiz et le Meilleur Sommelier du Monde ASI Marc Almert ont supervisĂ© le contenu exĂ©cutĂ© par un groupe de tuteurs et d’instructeurs de la famille mondiale de l’ASI, dont des titulaires du diplĂŽme ASI, des Masters of Wine, des Master Sommeliers, des anciens et actuels Meilleurs Sommeliers du Monde ASI (Giuseppe Vaccarini, Marc Almert).

Piotr Kamecki a dĂ©clarĂ© Ă  propos du Bootcamp : « Dans l’ensemble, ce fut un excellent exemple de Bootcamp. Pendant ces deux jours, nous avons organisĂ© 20 sĂ©minaires comprenant Ă  la fois des prĂ©sentations de pays viticoles et des Master Classes thĂ©oriques axĂ©es sur les aspects du service, de la nourriture, de l’accord des vins, etc. Six dĂ©gustations Ă  l’aveugle ont Ă©galement Ă©tĂ© organisĂ©es. Ces dĂ©gustations ont Ă©tĂ© faites de maniĂšre Ă  ce que les participants aient l’occasion de goĂ»ter avec tous les tuteurs pendant le Bootcamp, ce qui leur a donnĂ© une variĂ©tĂ© de perspectives. »

Une partie de l’attrait du Bootcamp de l’ASI est la nature globale des participants et des tuteurs, car contrairement aux concours qui ont une atmosphĂšre compĂ©titive Ă©vidente, le Bootcamp, bien qu’incroyablement rigoureux, fournit Ă©galement une occasion pour les participants de partager des connaissances et de construire un rĂ©seau mondial de sommeliers partageant les mĂȘmes idĂ©es.

Les participants n’ont pas tari d’éloges sur l’organisation du Bootcamp. Vu Duc Linh (Vietnam) a dĂ©clarĂ© : « Il (le Bootcamp ASI) a dĂ©passĂ© mes attentes. C’était un honneur de rencontrer tant de sommeliers talentueux, mais aussi les grands noms du secteur. »

Pour Britt NG, “les sessions les plus agrĂ©ables ont Ă©tĂ© toutes les dĂ©gustations Ă  l’aveugle que nous avons pu faire, animĂ©es par diffĂ©rents leaders du secteur, et prĂ©sentant diffĂ©rents styles de vins. J’ai vraiment beaucoup appris. Cela m’a vraiment ouvert les yeux et m’a donnĂ© tellement d’informations pour prĂ©parer les examens et les concours.”

Évùnements

37 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Apprendre.
DĂ©fier. Concurrencer. Bootcamp de l’ASI en Malaisie

Dégustation SommelierS International en Champagne

En octobre SommelierS International a organisé sa traditionnelle dégustation en Champagne, présidée par Salvatore Castano, Meilleur Sommelier Europe et Afrique.

Lors de laquelle, sommeliers, blogueurs, inïŹ‚uenceurs, cavistes, restaurateurs et associations rĂ©gionales de l’Union de la Sommellerie Française, se sont rĂ©unis autour d’un festival de bulles et de robes brillantes, aux reïŹ‚ets dorĂ©s. Un avant-goĂ»t de fĂȘtes pour ce bel Ă©vĂ©nement devenu incontournable.

Une nouvelle fois, c’est au sein des somptueux salons de la mairie de Reims que les vignerons et maisons de Champagne ont pu partager et faire dĂ©couvrir leurs

vins élaborés avec passion.

Autour d’une centaine de cuvĂ©es les dĂ©gustateurs ont pu apprĂ©cier la diversitĂ© des ïŹ‚acons prĂ©sentĂ©s, aux terroirs et assemblages Ă©tonnants, et ont conïŹrmĂ©s l’adage on ne parle pas de champagnes mais bien de vins de Champagne. Une personnalitĂ© propre Ă  chaque vin, une cuvĂ©e propre Ă  chaque personnalitĂ©.

Avant de conclure la dĂ©gustation, l’intĂ©gralitĂ© des participants Ă©tait conviĂ©e Ă  un dĂ©jeuner gastronomique dans le salon principal de l’HĂŽtel de Ville.

Encore un trĂšs beau moment d’échanges oĂč chacun a Ă©tĂ© heureux de se retrouver.

Pour le compte rendu de l’évĂ©nement, retrouvez-nous en kiosque n novembre, ou sur notre site : www.sommeliers-international.com

Les Masterclasses du Bootcamp ASI Malaisie :

Masterclasses théorique :

COMMENT PRÉPARER UN PLAN D’ÉTUDE Orateur : Henri Chapon, MS, DipWSET

COMMENT UTILISER LA GRILLE DE DÉGUSTATION – Directives Sommelier ASI Intervenant(s) : Sören Polonius & Julie Dupouy

LES ACCORDS METS ET VINS

Conférencier : Evan Goldstein, MS

HOSPITALITÉ : Comment organiser un Ă©vĂ©nement pour les petits et grands groupes ConfĂ©rencier : Mathias Camilleri, MS

LA CARTE DES VINS : Les secrets d’une sĂ©lection rĂ©ussie ConfĂ©renciĂšre : Paz Levinson, DiplĂŽme ASI Gold Plus

SERVICE DU VIN ET DÉCANTATION

Intervenants : Marc Almert (ASI Best Sommelier of the World 2019), ASI Gold Excellence Diploma & Sören Polonius

VENTES Intervenant : Giuseppe Vaccarini (Meilleur Sommelier du Monde ASI 1978), DiplĂŽme ASI Gold Excellence

RIOJA DOCa Conférencier : Doug Frost, MS MW

CHAMPAGNE AOP

ConfĂ©rencier : Toru Takamatsu MS, ASI DiplĂŽme d’argent

Masterclasses partenaires :

GOÛTEZ LA DIFFÉRENCE : l’impact du bouchon sur l’évolution du vin Orateur : Marc Schelcher (Vinventions)

VIEILLES VIGNES AVEC UN GRAND AVENIR – Chenin Blanc d’Afrique du Sud

Conférencier : Dr Edo Heyns (AdVini Afrique du Sud)

LE PORTO VINTAGE GRAHAM’S : la diffĂ©rence entre les millĂ©simes ConfĂ©rencier : Jorge Nunes (Graham’s)

LE RHÔNE MÉRIDIONAL À TRAVERS 3 APPELLATIONS : Chñteauneuf-du-Pape, Gigondas et Vinsobres Intervenant : Florian Garrigues (Famille Perrin)

LES CÉPAGES ANCESTRAUX Intervenante : Joelle Marti-Baron (Familia Torres)

VIN DE MOLDAVIE : dĂ©voiler les joyaux d’un surprenant petit pays aux grands vins Intervenant : Robert Joseph (Wine of Moldova)

Évùnements

Apprendre. DĂ©fier. Concurrencer. Bootcamp de l’ASI en Malaisie

39 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022

Recommander un vin

Recommander un vin ... c’est le cƓur mĂȘme de la sommellerie. Cette tĂąche, apparemment simple, est en fait la façon dont un sommelier peut rehausser l’expĂ©rience culinaire d’un client, en se basant sur ses connaissances pour trouver l’option parfaite. Bien que la formulation de recommandations basĂ©es sur les expĂ©riences et les connaissances du sommelier fasse partie du processus, les grands sommeliers recueillent des informations auprĂšs des clients, et associent leurs propres opinions Ă  leurs attentes, Ă  leurs prĂ©fĂ©rences et Ă  l’occasion spĂ©ciïŹque.

L’ASI, dans le cadre de son engagement Ă  Ă©duquer et Ă  soutenir le dĂ©veloppement de la sommellerie, a lancĂ© les Directives ASI et les Tutoriels ASI. Les Tutoriels ASI sont une collection de vidĂ©os couvrant les aspects de la formation des sommeliers que le texte Ă©crit (les Directives ASI) ne peut pas saisir entiĂšrement, y compris comment recommander un vin.

40 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Sélections Somm Recommander un vin

L’ASI a demandĂ© Ă  Jacques Chua Shu Hui, qui a dĂ©jĂ  reprĂ©sentĂ© Singapour au concours ASI du Meilleur Sommelier du Monde et qui est actuellement chef sommelier adjoint du 67 Pall Mall de Singapour, et Ă  Jessica Wood, sommeliĂšre certiïŹ Ă©e par la Court of Master sommeliers, chef sommelier du Noble Rot Wine Bar de Wellington, cofondatrice et propriĂ©taire de Wine-ojiÂź , d’expliquer comment ils recommandent un vin.

Chua S h u H iu

41 Sélections
Somm Recommander un vin Pall Mall Service Photo : Contributée
Jacques

Sélections Somm

ASI : Lorsque vous abordez une table, un(e) client(e), qui vient pour la premiùre fois, quel type d’information essayez-vous de recueillir auprùs de lui (d’elle) ?

Jacques Chua Shu Hui (JCSH) : Avec la technologie d’aujourd’hui, beaucoup de restaurants ont un historique de la visite d’un client. Je vais regarder leur rĂ©servation pour vĂ©rifier ce qu’ils ont mangĂ© auparavant et avoir une idĂ©e de ce qu’ils pourraient vouloir boire. S’il s’agit d’une premiĂšre visite, j’essaierai probablement de poser des questions plus techniques sur le style de vin qu’il recherche ou sur ce qu’il boit habituellement pour avoir une idĂ©e de ce qu’il pourrait prĂ©fĂ©rer.

Jessica Wood (JW) : L’information la plus importante que je peux recueillir auprĂšs d’une nouvelle table est transmise par son langage corporel. Lorsque je m’approche d’une table pour saluer des clients qui viennent pour la premiĂšre fois, que je verse de l’eau ou que je prĂ©sente un menu, il est vital pour moi d’évaluer leur humeur, la raison de leur occasion, et de savoir qui est susceptible de choisir le vin. S’agitil d’un visiteur de passage ou d’une rĂ©servation ? Ont-ils l’air dĂ©tendu et sont-ils prĂȘts Ă  passer un bon moment, ou semblent-ils fatiguĂ©s aprĂšs une longue journĂ©e de travail ? Il est essentiel pour moi de dĂ©terminer l’ambiance afin d’évaluer le degrĂ© d’interaction dont mes invitĂ©s auront besoin ou envie tout au long de la soirĂ©e pour leur offrir une expĂ©rience sur mesure. Ce sont les 10 Ă  30 secondes les plus importantes de mon approche. La façon dont un client lit la carte des vins est Ă©galement trĂšs rĂ©vĂ©latrice, car elle me donne souvent une indication de l’intĂ©rĂȘt qu’il porte aux vins. Parcourt-il rapidement la liste Ă  la recherche de quelque chose de familier ou la parcourt-il avec intĂ©rĂȘt et intrigue ? L’évaluation de ces petits indices fait partie intĂ©grante de mon service, car elle me permet de dĂ©terminer le rĂŽle que je dois jouer pour cette table. Ma premiĂšre interaction avec un nouveau client est l’occasion d’établir la confiance et, si l’occasion se prĂ©sente, de suggĂ©rer une premiĂšre boisson pour briser la glace. Par exemple, suggĂ©rer un magnum de Prosecco pour un groupe de dames en week-end signifie que personne n’a besoin d’ĂȘtre le premier Ă  choisir une boisson pour la table, mais peut plutĂŽt se dĂ©tendre dans la soirĂ©e et profiter de leur conversation.

ASI : Dans quelle mesure est-il important pour vous de dĂ©terminer de quel type d’occasion il s’agit pour les clients ? Cela influence-t-il la façon dont vous interagissez avec eux, ou le sommelier doit-il fournir le mĂȘme style de service quelle que soit la situation ?

plus reconnaissable et dans une fourchette de budget modĂ©rĂ©e. Cependant, dans le cas d’une cĂ©lĂ©bration d’un accord signĂ©, l’hĂŽte peut ĂȘtre prĂȘt Ă  dĂ©penser plus pour une bouteille de qualitĂ© supĂ©rieure. S’il s’agit d’une soirĂ©e amusante avec des amis amateurs de vin, ils peuvent choisir une bouteille d’un cĂ©page et d’une rĂ©gion moins connus pour la dĂ©guster. Je pense que le sommelier doit s’adapter Ă  la situation pour recommander au mieux les vins.

JW : L’interaction la plus importante pour moi est d’approcher avec un sourire authentique et de toujours garder une bonne posture Ă  table, cela permet aux clients de se sentir immĂ©diatement Ă  l’aise dans leur environnement et adoucit la tĂąche parfois intimidante de choisir un vin pour la table. Je pense qu’il est important d’ĂȘtre prĂȘt Ă  comprendre une table et d’adapter mon service en consĂ©quence. Notre mĂ©tier tourne autour des gens, et il n’y a pas deux personnes ou deux occasions qui se ressemblent. Une table d’entreprise nĂ©cessite souvent un service discret oĂč tout se passe en douceur en arriĂšre-plan. Je ne suis pas au centre de leur expĂ©rience, mais mon rĂŽle est plutĂŽt de devancer leurs besoins et de leur offrir une expĂ©rience sans faille qui met en valeur l’hĂŽte et son entreprise. Cette table n’a peut-ĂȘtre pas besoin de la mĂȘme attention ou du mĂȘme niveau de service qu’un couple romantique profitant d’une dĂ©gustation, oĂč j’ai une implication et une influence significatives dans leur expĂ©rience. La raison pour laquelle un client visite mon restaurant influencera mes recommandations en matiĂšre de boissons. Le chef d’entreprise qui dĂźne avec son conseil d’administration le mercredi peut boire des vins diffĂ©rents de ceux qu’il boit le samedi soir avec sa famille. Il sera peut-ĂȘtre plus enclin Ă  essayer d’autres vins. De mĂȘme, un client qui vient pour la premiĂšre fois aura des besoins et des exigences diffĂ©rents de ceux d’un client rĂ©gulier qui vient chercher mon attention. J’essaie de donner des conseils de maniĂšre Ă  ce que le client ait le sentiment d’avoir pris une bonne dĂ©cision. Je ne considĂšre jamais comme acquise l’impression qu’un client a de moi ; j’aime connaĂźtre intimement ses besoins pour pouvoir anticiper ses souhaits, mais je ne laisse pas la familiaritĂ© affecter ma philosophie en tant que professionnel de l’accueil.

ASI : Pour ce qui est de trouver un vin qui convient le mieux aux palais, aux goĂ»ts de vos clients, y a-t-il des questions spĂ©cifiques que vous posez pour Ă©valuer leurs prĂ©fĂ©rences ? Y a-t-il des techniques que vous utilisez pour dĂ©coder le langage personnel du client en matiĂšre de vin ? Comme nous le savons, tous les clients ne sont pas capables d’articuler leurs prĂ©fĂ©rences comme un sommelier.

Recommander un vin

JCSH : Je pense qu’il est trĂšs important de comprendre quel type d’occasion les clients cĂ©lĂšbrent. Cela peut Ă  son tour dĂ©terminer le budget et la prĂ©fĂ©rence des vins Ă  recommander pour la table. Par exemple, une rĂ©union d’affaires formelle avec des partenaires commerciaux potentiels peut nĂ©cessiter une bouteille

JCSH : Je vĂ©rifie gĂ©nĂ©ralement ce qu’ils ont envie de prendre aujourd’hui. J’essaie d’affiner leurs prĂ©fĂ©rences en leur posant des questions suggestives comme « un vin lĂ©ger, moyen ou corsĂ© ? Un vin Ă  l’aciditĂ© vive, de style fruitĂ©, beurrĂ© ou salin ? » Une fois que j’ai une idĂ©e de la direction Ă  prendre,

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un vin Jessica Wood Photo : Contributée Jessica Wood Photo : Contributée Noble Rot Restaurant Photo : Contributée Noble Rot Duck Photo : Contributée

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Pall Mall Wine Cabinet Photo : Contributée

je recommande trois vins diffĂ©rents, Ă  des prix diffĂ©rents, avec une brĂšve description du profil gustatif de chacun d’entre eux pour voir lequel correspond Ă  leurs attentes.

JW : C’est un phĂ©nomĂšne que nous constatons de plus en plus souvent dans les restaurants. Des Ă©tudes rĂ©centes montrent qu’en gĂ©nĂ©ral, les connaissances des gens sur le vin diminuent, mais que leur confiance dans l’achat et la consommation de vin augmente, grĂące Ă  l’accĂšs instantanĂ© Ă  Internet et Ă  la possibilitĂ© de rassembler des informations du bout des doigts. Si quelqu’un rencontre une description peu familiĂšre sur une carte des vins, par exemple Brut Nature ou Sur Lie, il peut simplement la googler sur son tĂ©lĂ©phone Ă  table. En mĂȘme temps, la plupart des gens savent s’ils aiment ou non un goĂ»t particulier, mais n’ont souvent pas le vocabulaire pour le traduire Ă  leur sommelier. Combien de fois entendons-nous des gens dire « Je n’aime pas le Chardonnay » alors qu’ils veulent dire « Je n’aime pas le goĂ»t du chĂȘne neuf » ? Ma premiĂšre question dĂ©pend gĂ©nĂ©ralement de la section de la carte des vins qu’ils consultent. Par exemple, une personne qui recherche un vin blanc aura des exigences diffĂ©rentes de celles d’une personne qui regarde la sĂ©lection de Bordeaux. Il y a gĂ©nĂ©ralement deux types de clients : ceux qui savent ce qu’ils aiment et ceux qui sont prĂȘts Ă  se lancer dans l’aventure. Pour certains, les marques et les styles habituels sont la rĂ©fĂ©rence, pour d’autres, c’est Ă  moi de les guider dans un voyage du vin et d’élargir leur palais et leurs goĂ»ts. Si le client m’a dĂ©jĂ  donnĂ© quelques paramĂštres, par exemple « Je veux un bon verre de Pinot Noir, » je commencerai par demander les styles de Pinot qu’il prĂ©fĂšre ou qu’il boit habituellement, car cela rĂ©duit assez rapidement la sĂ©lection Ă  partir de laquelle je peux faire quelques suggestions. Lors de la description d’un vin, la terminologie est une technique importante pour aider les clients Ă  comprendre la sensation du vin sur leur palais. En gĂ©nĂ©ral, les gens ne demanderont pas un vin aux « tanins fondus » ou Ă  la « finale longue, » mais un vin rouge moyennement corsĂ©, ou quelque chose de « gros et audacieux. » Un langage colorĂ© est Ă©galement important pour rendre le vin attrayant sans ĂȘtre prĂ©tentieux. Par exemple, « fruits rouges vibrants » Ă©voque l’image d’un vin opulent. Je continue Ă  lire les expressions faciales des gens en rĂ©action Ă  ma description. TrĂšs souvent, ils attendent de moi que je leur recommande le vin qu’ils souhaitent, mĂȘme s’ils ne le voient pas sur la carte. En dĂ©finitive, les clients veulent se sentir guidĂ©s par des conseils mais responsables de leur dĂ©cision, surtout s’ils commandent pour la table.

ASI : Comment abordez-vous les questions de prix ? Est-ce à vous de le demander ou préférez-vous laisser aux clients le soin de déterminer si vos sélections sont dans leur gamme de prix ?

JCSH : Pour un repas d’affaires, j’indique gĂ©nĂ©ralement le prix sur la carte des vins et je vĂ©rifie s’il convient sans

mentionner le prix, certains clients vous rĂ©pondront et vous diront la gamme qu’ils recherchent en indiquant une autre gamme. Parfois, lorsque je sais qu’il s’agit d’un repas dĂ©contractĂ© avec la famille ou des amis, je leur demande directement « dans quelle fourchette de prix ils comptent s’inscrire » afin de trouver un vin dans cette fourchette.

JW : Pour moi, cela dĂ©pend de quelques facteurs importants : tout d’abord, si le client dĂźne pour la premiĂšre fois dans le restaurant et Ă  quelle occasion.

Il est facile pour quelqu’un de chercher sur Google ce que vaut un vin, mais aujourd’hui plus que jamais, les gens recherchent une expĂ©rience personnelle.

Le prix qu’une personne est prĂȘte Ă  payer pour une bouteille de vin dĂ©pend en grande partie de la confiance qu’elle accorde Ă  l’établissement, Ă  l’ambiance, Ă  la qualitĂ© de la nourriture, Ă  la verrerie, Ă  la qualitĂ© du service et aux recommandations du sommelier. J’ai tendance Ă  ne pas demander Ă  mes clients combien ils sont prĂȘts Ă  dĂ©penser pour une bouteille, car cela peut les mettre dans une position inconfortable (est-ce que je dĂ©pense assez, ou vais-je ĂȘtre jugĂ© pour mon budget ?). Je pense plutĂŽt qu’il est de ma responsabilitĂ© d’établir une fourchette de prix correcte en posant des questions sur le style et les prĂ©fĂ©rences. TrĂšs souvent, mais pas toujours, une occasion spĂ©ciale ou une affaire commerciale peut signifier un budget plus flexible pour impressionner. S’il s’agit d’une occasion familiale, on peut prĂ©fĂ©rer un vin plus abordable, d’un style accessible et qui peut ĂȘtre apprĂ©ciĂ© par beaucoup. Il est important d’ĂȘtre sensible Ă  la situation financiĂšre de la personne et de l’aborder avec empathie. Par exemple, ne supposez jamais que, parce qu’ils ont commandĂ© un grand cru de Bourgogne avec leurs collĂšgues la semaine derniĂšre, ils cherchent une bouteille Ă  un prix similaire cette semaine. Je prĂ©fĂšre de loin recommander un vin abordable adaptĂ© aux prĂ©fĂ©rences du client, qui sera apprĂ©ciĂ©, plutĂŽt qu’un vin cher qui ne le sera peut-ĂȘtre pas, dans le but de rĂ©aliser une vente importante.

Il est beaucoup plus probable qu’il commande une deuxiĂšme bouteille avec ma recommandation ou qu’il revienne et me fasse confiance Ă  une autre occasion. Parfois, cela dĂ©pend aussi de l’ordre dans lequel je prĂ©sente les recommandations — si je donne trois suggestions Ă  trois prix diffĂ©rents en fonction du style qu’ils recherchent, ils me feront souvent confiance pour les aider Ă  prendre la bonne dĂ©cision en fonction du repas et de l’occasion.

ASI : Quelle est l’importance des choix de menu des clients dans vos recommandations de vins ?

JCSH : Je pense que c’est trĂšs subjectif. J’ai l’habitude de vĂ©rifier leur commande pour faire correspondre au moins un plat de leur menu. Mais je pense aussi que tout le monde ne souhaite pas un accord mets et vins, ils veulent probablement juste une bouteille qu’ils prĂ©fĂšrent boire pendant tout le repas.

JW : Une bonne connaissance du menu du restaurant

Sélections Somm

vin

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fait partie intĂ©grante de la capacitĂ© d’un sommelier Ă  recommander des vins adaptĂ©s. En gĂ©nĂ©ral, je cherche Ă  respecter les rĂšgles fondamentales de l’accord mets et vins et Ă  faire correspondre la complexitĂ© du vin Ă  celle du plat, en prĂȘtant une attention particuliĂšre aux sauces, aux condiments et aux Ă©lĂ©ments puissants du plat dans sa composition globale. Le fait que je m’intĂ©resse de prĂšs Ă  diffĂ©rentes cuisines et que j’expĂ©rimente souvent des saveurs et des textures diffĂ©rentes lorsque je cuisine m’aide beaucoup. Comprendre les rĂšgles clĂ©s de la complĂ©mentaritĂ© ou du contraste entre les mets et les vins est une occasion d’exprimer nos connaissances et nos compĂ©tences, et c’est important pour Ă©tablir la confiance avec les clients et leur faire apprĂ©cier davantage le vin. Je considĂšre la sĂ©lection d’un menu comme une occasion de guider les clients dans leur voyage Ă  travers le vin et de leur offrir une expĂ©rience mĂ©morable. J’aurai peut-ĂȘtre l’occasion de prĂ©senter un accord exceptionnel mais classique, ou un accord inhabituel qui fera sortir le client de sa zone de confort. Les menus dĂ©gustation sont une merveilleuse façon de mettre en valeur le restaurant, car ils illustrent l’harmonie entre l’offre du menu et la carte des vins, rehaussant ainsi l’expĂ©rience au restaurant.

ASI : Il existe une tendance locavore mondiale. Comment le local joue-t-il un rĂŽle dans votre processus de recommandation de vin ?

un vin

JCSH : Je suis basĂ© Ă  Singapour, oĂč l’on trouve un grand nombre de cuisines et de groupes ethniques diffĂ©rents. Par consĂ©quent, il y a beaucoup de cuisine fusion avec des plats occidentaux et asiatiques prĂ©sentĂ©s sur le mĂȘme menu. Je dois tenir compte de la sauce et des Ă©pices utilisĂ©es dans la crĂ©ation et la provenance du plat avant de recommander une bouteille appropriĂ©e.

JW : En Nouvelle-Zélande, le consommateur de vin

est plus conscient que jamais de l’origine de son vin et de la façon dont il a Ă©tĂ© produit. Nous observons des tendances pour les vins « nature, » les vins en contact avec la peau, les vins vĂ©gĂ©taliens, les styles plus secs, les alternatives Ă  faible teneur en alcool ou sans alcool, pour n’en citer que quelques-unes. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, je pense que la tendance locavore est un Ă©tat d’esprit. Chez Noble Rot, nous avons une grande sĂ©lection de vins nĂ©o-zĂ©landais et internationaux disponibles au verre, et pour la sĂ©lection de bouteilles, les vins nĂ©o-zĂ©landais sont divisĂ©s en sections selon le cĂ©page et la rĂ©gion. Au cours de la pandĂ©mie mondiale, nous avons assistĂ© Ă  un changement dans la mentalitĂ© des NĂ©o-ZĂ©landais, qui ont cessĂ© de voyager par procuration en buvant des vins internationaux (parce qu’il n’y avait pas de dĂ©placement physique), pour boire localement afin de soutenir le marchĂ© national qui souffrait dans une pĂ©riode difficile (Ă  diffĂ©rents stades de verrouillage). En gĂ©nĂ©ral, lorsque nous avons beaucoup de voyageurs internationaux, nous avons plus de vins nĂ©o-zĂ©landais disponibles, car les clients nous rendent visite pour goĂ»ter les nombreuses variĂ©tĂ©s et styles diffĂ©rents qu’offre la Nouvelle-ZĂ©lande. Notre menu est principalement axĂ© sur les ingrĂ©dients nĂ©o-zĂ©landais de saison, et notre carte des vins en tient compte et est attentive aux saveurs de la cuisine. Tous ces facteurs influencent mon processus de dĂ©cision lorsque je sĂ©lectionne des vins pour la carte, en particulier pour les vins au verre. Avoir une conscience aiguĂ« des tendances actuelles et de l’humeur des consommateurs de vin, et ĂȘtre capable de s’adapter en consĂ©quence, a un impact direct sur les vins que nous rĂ©fĂ©rençons et dont nous parlons pendant le service.

ASI : Globalement, lorsque vos clients quittent le restaurant, que voulez-vous qu’ils pensent de votre service et de vos recommandations ?

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Pall Mall Decanter Photo : Contributée

JCSH : Je veux qu’ils apprĂ©cient vraiment les vins recommandĂ©s et qu’ils soient Ă  l’aise pour revenir la fois suivante et me dire qu’ils sont ouverts Ă  l’idĂ©e d’essayer d’autres types de vins.

JW : En fin de compte, le plus grand compliment que je puisse recevoir d’un client, c’est une nouvelle visite au restaurant. C’est la confirmation que, collectivement avec mon Ă©quipe, nous avons offert une expĂ©rience satisfaisante qui a laissĂ© aux clients un sentiment de plĂ©nitude et d’attention. Pour moi, c’est l’occasion de reprĂ©senter chaque jour la sommellerie et d’illustrer

les subtilitĂ©s et la validitĂ© de notre rĂŽle dans l’expĂ©rience gastronomique de chaque client. J’aime laisser l’impression que mon service Ă©tait exclusif, professionnel et attentif, tout en Ă©tant authentique et amical, et qu’il a Ă©tĂ© dispensĂ© avec passion et aisance comme s’ils Ă©taient les seuls clients dans le restaurant, afin qu’ils aient envie de revenir pour une autre expĂ©rience et explorer d’autres recommandations.

Je souhaite que mes clients se sentent comme si je les avais accueillis chez moi, Ă  la seule diffĂ©rence qu’ils doivent payer l’addition Ă  la fin.

Nous avons présenté à Jacques et Jessica un scénario typique, en leur demandant comment ils pourraient aborder la situation. Quels vins recommanderiez-vous ?

Un couple d’Europe occidentale est en vacances dans votre pays et a rĂ©servĂ© une table pour deux dans votre restaurant pour cĂ©lĂ©brer un anniversaire. Ils veulent dĂ©guster des plats qui, selon vous, reprĂ©sentent le mieux le style de votre restaurant et sont prĂ©parĂ©s avec des ingrĂ©dients locaux. Ils sont prĂȘts Ă  manger de tout. Ils boivent principalement des vins français, mais n’ont pas d’affinitĂ© particuliĂšre avec un cĂ©page, une couleur ou un style.

JCSH : Comme je travaille pour le 67 Pall Mall Ă  Singapour, notre cuisine est un mĂ©lange de plats asiatiques et de plats britanniques classiques de Londres. J’ai l’habitude de demander aux clients ce qu’ils ont en tĂȘte pour la soirĂ©e. Je leur recommande gĂ©nĂ©ralement 2 Ă  3 vins diffĂ©rents de diffĂ©rents pays ou du mĂȘme pays s’ils veulent s’en tenir Ă  un thĂšme pour la soirĂ©e. Pour ce couple, je vais leur recommander d’essayer certains de nos plats asiatiques et classiques avec des vins de France, pour les accords. Un excellent plat pour commencer avec notre tartare de steak et notre burrata Bang Bang (fromage burrata avec une sauce d’inspiration asiatique Ă  base de vinaigre noir, d’un trio de poivre et de sĂ©same et de cacahuĂštes Ă©crasĂ©es, servi avec un accompagnement de pĂąte frite appelĂ©e you tiao), associĂ© Ă  un champagne Bourgeois Diaz BD’RS RosĂ© de SaignĂ©e Brut Nature NV pour accompagner les deux plats. Le poids plus lourd de ce style de champagne rosĂ©, centrĂ© sur les cerises rouges juteuses, et l’aciditĂ© vive et savoureuse complĂšte les plats sans ĂȘtre dominĂ©s par la saveur forte et rafraĂźchissent le palais aprĂšs chaque gorgĂ©e. Quant aux plats principaux, le classique bƓuf Wellington et un favori local, notre cuisse de poulet français Tandoori GG. Un verre de Domaine Comte Abbatucci Ministre Imperial Ajaccio 2015 de Corse, avec ses

notes juteuses de cerise noire avec des notes de thym, de romarin et des notes savoureuses de cumin et de cardamome complĂštera les Ă©pices utilisĂ©es pour le curry et l’assaisonnement tandoori. Un vin aux tanins rustiques permettra Ă©galement de couper le gras de la viande. Enfin, pour le dessert, mes choix se portent sur le pudding aux dattes et le gĂąteau aux pommes. Ici, je vais aller dans le sud de la France et tel que le Rivesaltes Ambre Vin Doux Naturel du Domaine des ChĂȘnes 2008. Le vin prĂ©sente des notes de dattes sĂ©chĂ©es et de fruits Ă  caractĂšre avec des notes d’épices comme la vanille, la cannelle, la noix de muscade, un verre qui s’accordera avec les deux desserts.

JW : Noble Rot propose une cuisine moderne axĂ©e sur des produits de saison et principalement locaux de Nouvelle-ZĂ©lande. Ce serait l’occasion parfaite de prĂ©senter des cĂ©pages français classiques de diffĂ©rentes rĂ©gions de Nouvelle-ZĂ©lande, en partageant les histoires de certains de nos vins les plus emblĂ©matiques, pour crĂ©er une expĂ©rience spĂ©ciale et mĂ©morable appropriĂ©e Ă  l’occasion. Pour cĂ©lĂ©brer l’anniversaire du couple, je suggĂ©rerais de commencer par une demi-douzaine d’huĂźtres Te Matuku, accompagnĂ©es d’un verre de NV Esses ‘Pia’ Extra Brut MĂ©thode Traditionnelle de Kaikƍura, puis de servir en entrĂ©e le saumon d’Akaroa sĂ©chĂ©, accompagnĂ© du Riesling Bel Canto de Pegasus Bay de Waipara, Canterbury Nord, et les coquilles SaintJacques de Coromandel poĂȘlĂ©es, accompagnĂ©es du Chenin Blanc Clos de Ste Anne La Bas de Millton de Gisborne. Le plat principal mettra en valeur nos produits nĂ©o-zĂ©landais, notamment le canard de Canterbury accompagnĂ© du Pinot Noir Neudorf Moutere de Nelson, ainsi que notre filet de bƓuf Wakanui ĂągĂ© de 55 jours accompagnĂ© de la Syrah Dry River de Martinborough. Pour finir, une petite sĂ©lection de fromages nĂ©o-zĂ©landais associĂ©s au Rippon Gamay de Wanaka, Central Otago, suivie d’un dessert de Millefeuille avec le Paritua « Isabella »Late Harvest Semillon-Sauvignon de Hawke’s Bay.

Sélections Somm

47 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
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MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Le mariage du vin et des saveurs de l’Asie 48 Faites-moi un accord ! Le mariage du vin et des saveurs de l’Asie F FAITES-MOI UN ACCORD !

La nourriture est une porte d’entrĂ©e pour comprendre la culture. Les plats rĂ©gionaux classiques ont des recettes qui ont Ă©tĂ© transmises de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration, remontant parfois Ă  des siĂšcles, voire des millĂ©naires. Nombre de ces plats sont souvent des fenĂȘtres sur l’ñme d’un pays, tĂ©moignant non seulement de son passĂ© culinaire, mais aussi de toutes les influences culturelles qui l’ont façonnĂ©. Il n’est pas surprenant que lorsqu’on leur demande d’associer leurs plats prĂ©fĂ©rĂ©s de leur pays d’origine, les sommeliers abondent en recommandations judicieuses, qui viennent du cƓur, de l’ñme et de l’esprit.

MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022
Le
mariage du vin et des saveurs de l’Asie
49 Faites-moi un accord !
Photo : Louis Hansel / Unplash.com Photo : Feey / Unplash.com

Corée du Sud

Saveur locale : Riz mélangé Bibimbap

Accord : Grand Coteaux Cheongsoo 2020, Corée du Sud

Sommelier : Jungmin Ahn

Chef Sommelier, Groupe SPC

Restaurant : Bicena Seoul, Lotte World Tower

À propos du plat :

Ce plat est une signature de longue date de « BicenaSeoul, » le restaurant Ă©toilĂ© Michelin du 81e Ă©tage de la Lotte World Tower. Ce plat Ă  base de riz corĂ©en cuit avec des feuilles de radis, de l’aster assaisonnĂ©, de la fougĂšre, de la campanule et de la gelĂ©e de haricot mungo est prisĂ© par les clients du restaurant pour sa tradition et ses saveurs uniques. Il est garni de fleurs comestibles et servi avec une sauce soja prĂ©parĂ©e par le chef ainsi que des accompagnements, appelĂ©s « Ban-Chan. »

À propos de l’accord :

Mon accord parfait est toujours basĂ© sur la philosophie « Sin-to-bul-yi (신토불읎) » qui se traduit par « le corps et le sol ne font qu’un. » Le plat corĂ©en le plus cĂ©lĂšbre est le Bibimbap (riz mĂ©langĂ©). Le Bibimbap n’a pas une saveur forte, mais il donne les saveurs traditionnelles de la CorĂ©e, qui se ressentent Ă  chaque bouchĂ©e. Notre version est spĂ©ciale car elle est prĂ©parĂ©e avec une sauce soja maison, selon la recette secrĂšte de notre chef. Elle n’est pas trop salĂ©e mais a beaucoup de saveur. Je suggĂšre d’associer le plat avec un vin corĂ©en, le Grand Coteaux Cheongsoo 2020. Ce vin a un nez dĂ©licat d’agrumes et de fleurs et un Ă©quilibre parfait entre aciditĂ© et douceur. Il se marie parfaitement avec le bibimbap.

50 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Le mariage du vin et des saveurs de l’Asie Faites-moi un accord !
Photo : Ranurte / Unplash.com
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mariage du vin et des saveurs de l’Asie Faites-moi un accord ! Bibimbap Photo : ContributĂ©e

Saveur locale : Rendang Daging

Accord : Zinfandel Sommelier : Tan Chuan Ann

Mailleur Sommelier de Malaisie 2022, chefsommelier Resort World Sentosa, Singapour Restaurant : Nipah, EQ Kuala Lumpur

Malaisie Japon

Saveur locale : Anguille grillĂ©e kabayaki au poivre japonais (ć±±æ€’ / Sansho )

Accord : 2016 Cabernet Franc Grace Wine, Chuo Budo-shu, Yamanashi, Japon

Sommelier : Yuya Kondo

Directeur des boissons du groupe LÊŒĂ©crin Ă  Tokyo, 3e place au concours du meilleur sommelier du Japon, 2020

À propos du plat :

Le Rendang Daging est du bƓuf braisĂ© dans du lait de coco, de la noix de coco rĂąpĂ©e grillĂ©e, de la citronnelle, du galanga et des feuilles de curcuma, et se mange gĂ©nĂ©ralement avec du riz gluant cuit au curcuma.

À propos de l’accord :

Le Rendang Daging est un plat riche et savoureux. Je choisirais le Zinfandel de Californie pour correspondre Ă  l’intensitĂ© du plat. Ce vin offre un mĂ©lange succulent de fruits rouges et noirs mĂ»rs comme la mĂ»re, la framboise et la cerise, ainsi que des Ă©lĂ©ments typiques de noix de coco et d’épices douces. L’agrĂ©able douceur du Zinfandel complĂšte parfaitement la juxtaposition de saveurs sucrĂ©es et Ă©picĂ©es de la sauce riche, tandis que ses tanins polis et son Ă©lĂ©gante aciditĂ© rehaussent les saveurs du bƓuf.

À propos du plat :

L’anguille grillĂ©e kabayaki est populaire au Japon depuis longtemps. Le kabayaki est lentement grillĂ© sur du charbon de bois et badigeonnĂ© d’une sauce soja sucrĂ©e. Il a un goĂ»t trĂšs profond et savoureux en soi et lorsque nous mangeons du kabayaki, nous le saupoudrons d’un peu de poivre sansho. Le sansho est l’épice japonaise originale. Le sansho offre un accent Ă©picĂ© ainsi qu’un goĂ»t notable de yuzu qui se marie harmonieusement avec le kabayaki.

À propos de l’accord :

Je recommande vivement le cabernet franc produit par Ayana Misawa, l’un des principaux producteurs japonais. Yamanashi, oĂč ce vin est produit, bĂ©nĂ©ficie de beaucoup de soleil et de peu de pluie. Ainsi, les raisins mĂ»rissent bien, ce qui se traduit, dans ce vin, par des arĂŽmes concentrĂ©s de baies, ainsi que de violette, et des notes Ă©picĂ©es attrayantes comme la vanille, le poivre noir. En termes de structure, le vin prĂ©sente une aciditĂ© Ă©lĂ©gante, une texture lisse et des tannins bien intĂ©grĂ©s. Il fait ressortir le goĂ»t profond de la sauce soja sucrĂ©e et la saveur Ă©picĂ©e du Cabernet Franc rehaussĂ©e par le poivre Sansho. La note grillĂ©e du vin et le parfum du charbon de bois grillĂ© se diffusent confortablement dans votre bouche.

52 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Le mariage du vin et des saveurs de l’Asie Faites-moi un accord !
53 Le
mariage du vin et des saveurs de l’Asie Faites-moi un accord ! Rendang Daging Photo : ContributĂ©e Kabayaki Photo : 123RF.com

Singapour l’essor d’une nation vinicole insulaire

Une conversation avec le sommelier Gerald Lu

Au cours des 60 derniĂšres annĂ©es, depuis qu’elle a obtenu son autonomie (1959) et le statut de nation souveraine (1965), Singapour est passĂ©e d’une situation de pauvretĂ© relative Ă  celle d’une puissance Ă©conomique rĂ©gionale, puis d’un leader en matiĂšre de gastronomie, de consommation de vin et de sommellerie en Asie. Cette nation insulaire, situĂ©e juste au nord de l’équateur, Ă  l’extrĂ©mitĂ© sud de la pĂ©ninsule malaise, a Ă©tĂ© pendant des siĂšcles une escale et un comptoir commercial, reliant l’OcĂ©anie, l’Asie du Sud-Est et ses voisins du nord et de l’est. En tant que plaque tournante du commerce, la population de Singapour en est le reflet, avec un mĂ©lange d’hĂ©ritages, de religions et de cultures. Cela se reflĂšte dans sa cuisine qui a des influences chinoises, malaises, indiennes, tamoules et britanniques, ces derniĂšres reflĂ©tant l’époque oĂč Singapour Ă©tait une colonie britannique.

Gerald Lu, de l’Association des sommeliers de Singapour et chef sommelier du Praelum Wine Bistro, estime que la diversitĂ© de la cuisine ne peut que s’accroĂźtre car « au cours de ce siĂšcle, les Singapouriens ont davantage voyagĂ© et leurs revenus disponibles ont augmentĂ©. Ces facteurs, associĂ©s Ă  une vie quotidienne qui tourne autour d’internet et

Singapour: l’essor d’une nation vinicole insulaire 54 MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 Article de fond
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des mĂ©dias sociaux, ont fait que tout le secteur de l’alimentation et des boissons a Ă©tĂ© propulsĂ© sous les feux de la rampe, bien plus que dans les annĂ©es 80 ou 90. Et tout cela n’est pas de la haute gastronomie traditionnelle. » Gerald Lu ajoute : « Singapour est un pays jeune avec beaucoup de dynamisme et d’intĂ©rĂȘt pour la gastronomie, ce qui fait que beaucoup de restaurateurs essaient toujours d’aller de l’avant. Cependant, il existe encore un groupe de Singapouriens de deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, ce qui fait que l’on trouve de nos jours beaucoup de tradition et d’histoire dans certaines zones de la ville. Cela a créé une scĂšne gastronomique bien Ă©quilibrĂ©e oĂč les Singapouriens sont conscients, acceptent et attirent de nouveaux concepts gastronomiques et embrassent les cultures du monde entier, tant dans les troncs supĂ©rieurs qu’infĂ©rieurs de la gastronomie. Il y a un fort mouvement pour maintenir les plats traditionnels locaux, et aussi pour accueillir une race moderne de colporteurs et de vendeurs de nourriture qui aspirent Ă  garder la nourriture locale intĂ©ressante et excitante. »

Ce mĂ©lange vibrant et passionnant de cultures, de traditions, de modernisme et de traditionalisme est synonyme d’une Ă©poque particuliĂšrement

passionnante pour la gastronomie et la sommellerie Ă  Singapour. Dans les annĂ©es 1990, le service du vin, et les quelques sommeliers de l’époque Ă  Singapour, se limitait essentiellement Ă  la haute gastronomie, mais selon Gerald Lu, « il est intĂ©ressant de noter qu’aujourd’hui, ce ne sont pas seulement les restaurants de haute gastronomie qui repoussent les limites et suscitent l’intĂ©rĂȘt pour le vin et la sommellerie, mais toute une sĂ©rie de restaurants indĂ©pendants et de bars Ă  vin, tenus par des talents locaux et Ă©trangers. »

L’essor de la sommellerie, et plus largement de la culture du vin, se reflĂšte dans les chiffres de la consommation. Selon Stastista.com, les ventes de vin Ă  Singapour devraient augmenter de 11,92 % entre 2022 et 2025, et d’ici 2025, 79 % des dĂ©penses (57 % du volume) de la consommation de vin se feront dans les bars et les restaurants. Il reste Ă  dĂ©terminer quels bars et quels restaurants. Au fur et Ă  mesure que les prouesses Ă©conomiques de Singapour se sont accrues au cours des deux derniĂšres dĂ©cennies, Singapour a vu une augmentation spectaculaire des restaurants « Michelin » et des restaurants de chefs cĂ©lĂšbres, qu’il s’agisse de chefs locaux ou Ă©trangers tels qu’Anne Sophie Pic et Alain Ducasse, bien que Gerald Lu

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Article de fond Singapour: l’essor d’une nation vinicole insulaire Photo : ContributĂ©e

Article de fond Singapour: l’essor d’une nation vinicole insulaire

note que pour chaque restaurant de chef célÚbre qui ouvre, un autre ferme.

La nation insulaire compte dĂ©sormais plus de 50 restaurants Ă©toilĂ©s par le guide Michelin, dont trois 3 Ă©toiles et sept 2 Ă©toiles. Gerarld Lu, qui prĂ©cise que sa rĂ©ponse « est purement une opinion et n’est pas basĂ©e sur des faits statistiques, » ajoute que « du point de vue du public, Michelin a suscitĂ© beaucoup d’enthousiasme au cours des premiĂšres annĂ©es, mais au fil des ans, les discussions semblent s’ĂȘtre calmĂ©es. Les commentaires en ligne se sont assagis et l’intĂ©rĂȘt des mĂ©dias a Ă©galement diminuĂ©, le public semblant moins intĂ©ressĂ© ou influencĂ© par Michelin pour dĂ©terminer si un restaurant est bon ou non. Je connais beaucoup de restaurants « Michelin » qui gĂ©nĂšrent moins de revenus que des restaurants de taille similaire avec des moyennes de visites plus faibles, dont certains Ă©toilĂ©s Michelin ont encore du mal Ă  attirer des talents pour travailler pour eux et un bon nombre d’entre eux n’ont pas de sommelier certifiĂ© dans leur Ă©tablissement. »

Bien que Michelin et les restaurants de chefs cĂ©lĂšbres n’exercent peut-ĂȘtre plus le mĂȘme pouvoir qu’autrefois, Gerald Lu affirme que « Michelin a donnĂ© Ă  de nombreux Ă©tablissements une raison de continuer Ă  s’efforcer de mieux faire et c’est sans aucun doute un point influent en termes de dĂ©veloppement de la gastronomie et de la sommellerie. »

La diversitĂ© mĂȘme de la gastronomie et des restaurants

de Singapour amĂšne les sommeliers Ă  exercer leur mĂ©tier dans un large Ă©ventail d’établissements. Cette fusion des styles culinaires, et le nombre de restaurants, est Ă  la fois une bĂ©nĂ©diction et un dĂ©fi pour les sommeliers de Singapour. Gerald Lu dit de la scĂšne gastronomique qu’il y a des croisements locaux (de cuisine), des croisements locaux-Ă©trangers et des croisements Ă©trangers-Ă©trangers. Le plus intĂ©ressant, c’est qu’ils existent Ă  diffĂ©rents niveaux de prix et s’adressent Ă  diffĂ©rentes catĂ©gories dĂ©mographiques. « Dans le domaine de la gastronomie, Singapour compte un grand nombre de restaurants modernes et contemporains, mais aussi des restaurants axĂ©s sur les saveurs locales. » Selon Gerald Lu, « c’est une bĂ©nĂ©diction pour les sommeliers car ils ont un large Ă©ventail de restaurants parmi lesquels choisir. Mais c’est aussi un dĂ©fi pour les sommeliers d’atteindre un haut niveau de compĂ©tence car ils sont nombreux Ă  passer d’un restaurant Ă  l’autre et, en raison de la pĂ©nurie de personnel, les propriĂ©taires de groupes de restaurants dĂ©placent les autres d’un concept Ă  l’autre. Le sommelier se retrouve donc avec un manque d’expĂ©rience, ce qui est l’un des facteurs nĂ©cessaires pour affiner ses compĂ©tences. En rĂ©sumĂ©, notre vivier de sommeliers est petit et en pleine croissance, mais nous ne grandissons pas encore assez vite pour rĂ©pondre Ă  la vitesse Ă  laquelle les concepts s’ouvrent. »

Quant Ă  ce que les sommeliers servent, il n’est pas surprenant, compte tenu des prouesses Ă©conomiques

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Photo : iStock

du pays et de la consommation de vin la plus élevée parmi sa classe supérieure, que les ventes de classiques tels que Napa Valley, Bordeaux, Bourgogne, Champagne, RhÎne, Toscane, Piémont, Rioja, Barossa et Margaret River aient le plus de poids sur les cartes des vins.

Faisant un clin d’Ɠil Ă  la diversitĂ© croissante de la gastronomie et Ă  la fiertĂ© de Singapour d’accepter toutes les cultures, Gerald Lu affirme que « si un pays possĂšde un vignoble qui fait l’objet d’un battage mĂ©diatique, vous pouvez ĂȘtre sĂ»r qu’il sera sur le radar des amateurs de vin ici, y compris les vins asiatiques Ă©mergents. Les vins asiatiques de pays tels que l’Inde, la Chine et le Japon figurent sur la plupart des cartes dirigĂ©es par des sommeliers, mais en petits volumes, et les vins d’Asie du Sud-Est sont Ă©galement reprĂ©sentĂ©s dans les meilleurs bars Ă  vins, Ă  tout le moins. »

Pour ce qui est de l’avenir, Gerald Lu s’attend Ă  ce que les sommeliers s’inspirent du changement climatique, et donc Ă  voir davantage de vins provenant de rĂ©gions au climat frais, ainsi que davantage de vins insulaires et de vins tropicaux. Il ajoute en plaisantant que « l’autre tendance du secteur qui sera inĂ©vitablement reprise ici est le besoin d’ĂȘtre diffĂ©rent, pour qu’un concept se distingue dans un ocĂ©an de restaurants de premier ordre. Ainsi, si vous ĂȘtes un pays bizarre ou inouĂŻ qui produit ou tente de produire du vin, il y aura un petit marchĂ© Ă  Singapour qui achĂštera ces vins, quelle que soit leur qualitĂ©. »

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Actualités

NOUVELLES DE NOS MEMBRES

Nouvelles de nos membres et du secteur

L’Association des Sommeliers de Malaisie (SOMLAY) a couronnĂ©

Tan Chuan Ann vainqueur du Championnat de Malaisie du Meilleur Sommelier, Ă  l’issue d’un concours qui s’est dĂ©roulĂ© Ă  l’hĂŽtel The Gardens de Kuala Lumpur. Le concours Ă©tait supervisĂ© par le juge en chef Teng Wee Jeh et Roderick Wong, le directeur technique du concours. Wong Yin How, du groupe Vintry, Daisuke Kawai, de La Terre Singapour, laurĂ©at du prix du Meilleur Sommelier d’Asie en Vins Français, ainsi que Shawn Chong, juge vĂ©tĂ©ran et mixologue renommĂ©, ont Ă©galement participĂ© aux travaux du jury.

Le concours s’est dĂ©roulĂ© sur deux jours et a rĂ©uni huit sommeliers. AprĂšs une premiĂšre journĂ©e de service, de dĂ©gustation et de thĂ©orie Ă©crite, un dĂźner de gala proposant des accords de vins chiliens sĂ©lectionnĂ©s par les anciens laurĂ©ats du championnat de Malaisie du Meilleur Sommelier. A savoir, Peter Teng, Britt Ng, Justin Ho et Yong Yi Ying. Le deuxiĂšme jour de la compĂ©tition, les trois meilleurs

concurrents qui se qualifiaient pour la finale, ont Ă©tĂ© annoncĂ©s. Peter Teng, Britt Ng et Tan Chuan Ann ont eu un total de huit tĂąches Ă  accomplir. Si les juges ont Ă©tĂ© impressionnĂ©s par les performances de chacun des finalistes, c’est Ă  Tan Chuan Ann qu’est revenue la victoire.

SHANI RAMAWMY EST LE MEILLEUR SOMMELIER DE L’ÎLE MAURICE 2022

Bien qu’elle ait moins de 15 ans, l’Association des Sommeliers de l’üle Maurice s’est rĂ©vĂ©lĂ©e ĂȘtre une

organisation fort compĂ©tente. Sous la direction de JĂ©rĂŽme Faure, l’association continue de prospĂ©rer. Au cours de son histoire, elle a dĂ©cernĂ© six fois le titre de Meilleur Sommelier de l’üle Maurice. Le dernier laurĂ©at est Shani Ramasawmy, sommelier et coordinateur d’évĂ©nements vinicoles pour le groupe Constance Hotels & Resorts, qui, avec les autres participants, a concouru devant un public de juges respectĂ©s, dont le sommelier français de renommĂ©e internationale David Biraud, Anja Cramer (propriĂ©taire du domaine Contratto, PiĂ©mont), la sommeliĂšre Margareta Krpciarova, Melissa Oxenham (Oxenham Company), Alexandre Harel (Bacchanal Company), le Meilleur Sommelier de l’üle Maurice 2016 Jeff ThomĂ© et Thierry Kasprowick, prĂ©sident de l’association des sommeliers de l’üle de la RĂ©union, et François Pages, directeur export Afrique, ocĂ©an Indien et MoyenOrient de GĂ©rard Bertrand.

Le championnat de Lituanie de

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TAN CHUAN ANN REMPORTE LE CHAMPIONNAT DU MEILLEUR SOMMELIER DE MALAISIE 2022
KAMILĖ BARTUSEVIČIĆȘTĖ EST LA NOUVELLE CHAMPIONNE DE LA SOMMELLERIE LITUANIENNE
Tan Chuan Ann Photos : Contributée Shani Ramawmy (centre) Photo : Contributée

sommellerie 2022 a Ă©tĂ© remportĂ© par Kamilė BartusevičiĆ«tė. Kamilė BartusevičiĆ«tė a battu en finale Edgards Kazokaitis, Gycis Pečiulis et le sommelier invitĂ©, l’Estonien Aleksei Pogrebnoi. La compĂ©tition finale Ă©tait jugĂ©e par le Meilleur Sommelier ASI d’Europe & Afrique 2017 Raimonds Tomsons, Arminas Darasevičius, prĂ©sident de l’Association des Sommeliers de Lituanie, Martynas Pravilonis et Narimantas MieĆŸys, tous deux anciens champions de Lituanie, le directeur de l’École des Sommeliers de Lituanie ArĆ«nas Starkus, l’expert en vin Darius Miler et le prĂ©sident de l’Association des Sommeliers d’Estonie Kristjan Markii.

ET LE MEILLEUR SOMMELIER DE LETTONIE 2022 EST...DMITRIJS SINKEVIČ

En septembre, Dmitrijs Sinkevičs a surpassĂ© la concurrence lors d’une finale marquĂ©e par des tĂąches rigoureuses que les concurrents ont dĂ» accomplir dans le temps imparti. En tant que dĂ©tenteur du titre de Meilleur Sommelier de Lettonie, Sinkevič rejoint les Raimonds Tomsons, et Kaspars Reitups, qui ont tous deux connu le succĂšs sur la scĂšne rĂ©gionale et internationale.

Anke Hartman, la sommeliĂšre d’origine allemande du petit bar Ă  vin The Lamplight de Galway, a remportĂ© le titre de Meilleur Sommelier d’Irlande. Hartman est une chef cuisiniĂšre de formation devenue sommeliĂšre, qui a travaillĂ© dans de grands restaurants en Europe avant de s’installer en Irlande en 2008, oĂč elle a travaillĂ© dans des Ă©tablissements de renom tels que le Cliff House Hotel Ă  Waterford, Drury Buildings et The Dean & Devlin Hotel Ă  Dublin.

JUNGMIN AN EST LE MEILLEUR SOMMELIER DE CORÉE DU SUD

Au terme d’un concours trĂšs disputĂ© qui s’est dĂ©roulĂ© au Daejoen Convention Centre de Daejeon, en CorĂ©e du Sud, Jungmin An est sorti vainqueur. Jungmin An, chef-sommelier du groupe SPC, l’une des plus grandes entreprises de produits alimentaires et de boissons du pays, reprĂ©sentera dĂ©sormais la CorĂ©e du Sud lors

MAGAZINE de ASI OCTOBRE 2022 59 Nouvelles
de nos membres et du secteur
Actualités
du prochain concours du Meilleur Sommelier d’Asie &OcĂ©anie de l’ASI. UNE SOMMELIÈRE D’UNE PETITE VILLE REMPORTE LE TITRE DE MEILLEUR SOMMELIER D’IRLANDE Kamilė BartusevičiĆ«tė Photo : ContributĂ©e Anke Hartman (right) Photo : ContributĂ©e Dmitrijs Sinkevičs (centre) Photo : ContributĂ©e Jungmin An Photo : ContributĂ©e

Nouvelles de nos membres et du secteur

NOUVELLES DU SECTEUR

REMISE DES PRIX DE L’OIV 2021-2022 A LA CITE DU VIN, BORDEAUX

Une PremiĂšre ! C’est Ă  la CitĂ© du Vin de Bordeaux que s’est dĂ©roulĂ©e la remise des Prix de l’OIV, en prĂ©sentiel, le 30 septembre dernier. AprĂšs la cĂ©rĂ©monie de 2020 en ligne en raison de la pandĂ©mie de Covid et le gala de 2021 annulĂ© en raison des restrictions imposĂ©es par le gouvernement français, cette Remise des Prix a rĂ©uni 50 laurĂ©ats et 100 participants des Ă©ditions 2021 et 2022.

L’ASI Ă©tait Ă  l’honneur grĂące Ă  trois grands amis de l’association rĂ©compensĂ©s pour leurs livres. En effet, Philippe Faure-Brac, Meilleur Sommelier du Monde 1992, trĂ©sorier de l’ASI, Ă©tait distinguĂ© pour son livre sur les vins et les mets, Jacques Orhon, fondateur de l’Association des Sommeliers

du Canada et hĂŽte du concours Mondial 2000 qui a couronnĂ© Olivier Poussier, a remportĂ© le Prix LittĂ©rature pour son roman « Les Fruits de l’Exil » et JeanVincent Ridon, Sommelier ASI Gold, membre, entre autres, du Bureau de l’association du Zimbabwe et de la Commission Examens de Certification de l’ASI, a vu son trĂšs beau livre Passion For Pairing rĂ©compensĂ© pour ses textes ainsi que pour les photos rĂ©alisĂ©es par Gerda Louw.

Les Prix 2021 leur ont Ă©tĂ© remis par la prĂ©sidente du jury des Prix de l’OIV, Azelina Jaboulet-Verchere, et le secrĂ©taire scientifique, Richard Pfister.

Rappelons que les Prix OIV, créés en 1930, valorisent la littĂ©rature, la photographie, l’histoire et la crĂ©ativitĂ© du monde de la vigne et du vin.

L’évĂ©nement a Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ© par le prĂ©sident de l’OIV, Luigi Moio, qui a prononcĂ© un discours d’ouverture dans lequel il a soulignĂ© l’importance de la culture dans le monde de la vigne et du vin.

En marge des Prix 2021 et 2022, l’OIV a signĂ© un protocole d’accord avec la Fondation pour la culture et les civilisations du vin afin de renforcer leur collaboration. Les deux entitĂ©s sont dĂ©terminĂ©es Ă  continuer Ă  travailler ensemble pour promouvoir les aspects culturels inhĂ©rents au secteur « contre les ennemis qui tentent de mettre en danger la lĂ©gitimitĂ© du vin, » a dĂ©clarĂ© le directeur gĂ©nĂ©ral de l’OIV, Pau Roca.

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Actualités
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2022 une année riche pour AdVini !

Le premier : celui des 150 ans de la Famille Jeanjean dans le Languedoc ! DĂšs 1872, la famille Jeanjean s’installe en effet dans le Languedoc, Ă  St FĂ©lix de Lodez. En pleine crise du phylloxera, Etienne-Maurice Jeanjean, surnommĂ© « Le PĂšre La Minute », se lance corps et Ăąme dans le commerce du vin. 6 gĂ©nĂ©rations se succĂšdent, insufïŹ‚ent un Ă©tat d’esprit, une audace, un savoirfaire unique, tels des pionniers, des « Ă©claireurs ». La famille Jeanjean a toujours cru au formidable potentiel des appellations du Languedoc et a contribuĂ© par la valorisation de ces multiples terroirs au renouveau de cette rĂ©gion viticole.

Aujourd’hui, les Vignobles Jeanjean comptent 9 domaines intĂ©gralement conduits en agriculture biologique et situĂ©s sur les plus belles appellations de la rĂ©gion. Brigitte Jeanjean, 6Ăšme gĂ©nĂ©ration et Matthieu Carliez, directeur technique, travaillent ensemble Ă  dĂ©velopper un style de vins identitaire, avec des vins plaisir, intenses, sur le fruit, lumineux, tout en Ă©quilibre et en fraĂźcheur.

Le second anniversaire est d’AdVini South Africa qui cĂ©lĂšbre ses 10 ans d’existence. L’histoire a dĂ©butĂ© en 2012 avec L’Avenir, propriĂ©tĂ© qui a fait du Pinotage un de ses territoires d’expression favori. Elle s’est poursuivie au cours de la dĂ©cennie, faisant d’AdVini South Africa un acteur de premier plan dans la rĂ©gion de Stellenbosch. Aujourd’hui, AdVini South Africa compte en son sein cinq superbes propriĂ©tĂ©s telles que L’Avenir Wine Estate, Ken Forrester Vineyards, Le Bonheur, Kleine Zalze et Stellenbosch Vineyards.

AdVini South Africa incarne un des plus beaux exemples au monde de rĂ©ussite interculturelle et de coopĂ©ration entre deux grands pays du vin. Cette collaboration s’exprime dans les domaines de la recherche et du dĂ©veloppement, de la viticulture et une vision commune en matiĂšre de responsabilitĂ© Environnementale, SociĂ©tale et de Gouvernance (ESG). Riche de ces Ă©changes, AdVini South Africa a Ă  cƓur de rĂ©vĂ©ler l’excellence des vins de la rĂ©gion de Stellenbosch, Ă  travers la valorisation de ses vignobles et ses hommes.

2022 est une année riche pour AdVini qui célÚbre non pas un mais deux anniversaires !

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