DÉCOUVRIR
LES PÉPITES DU SUD
PORTFOLIO AU CŒUR DE LA VAGUE DE TEAHUPOO
Ghana NZULEZU, LE VILLAGE SUR L’EAU
Belgique
ILS PÊCHENT LA CREVETTE À CHEVAL
Madère UN JARDIN DANS L’ATLANTIQUE
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Chères lectrices, chers lecteurs,
Nous sommes heureux de pouvoir publier dans ce numéro le magnifique reportage réalisé par l’anthropologue Elena Dak et le photographe Bruno Zanzottera. Ensemble, ils ont partagé le quotidien des nomades Rabari qui, plusieurs mois par an, arpentent le vaste territoire du Gujarat, devenu l’un des moteurs économiques de la nation. Cette poussée s’est accompagnée d’un développement fulgurant des infrastructures qui a bouleversé l’environnement dans lequel ces bergers transhument comme ils le font depuis plusieurs siècles. La quête toujours plus difficile de pâturages libres pour leurs troupeaux illustre de façon aussi symbolique que cruelle les limites que notre civilisation semble avoir atteint. Dans cet état comme dans bien d’autres régions du monde, la nature, balafrée par les autoroutes et les zones industrielles, a été asphyxiée. Elle est désormais réduite à de simples poches, polluées et stériles. Si aucun changement de cap positif ne se dessine, la résistance silencieuse des Rabari force l’admiration. Au milieu du chaos, ils continuent d’avancer, perpétuant des traditions séculaires que la modernité n’a pas encore réussi à leur voler.
Alexander Zelenka Rédacteur en chefRabaris en chemin avec leurs dromadaires.
© Bruno Zanzottera/ ParallelozeroEntre Rio et Brasilia, le Brésil égrène les perles naturelles, du maquis de la Mata
Atlantica aux canyons de la Chapada dos Veadeiros, en passant par les chutes d’Iguaçu.
Par Franck Charton
Depuis plusieurs siècles, cette tribu nomade transhume à travers l’État du Gujarat. Nos reporters les ont accompagnés.
Par Elena Dak et Bruno Zanzottera/ Parallelozero
Installé à Tahiti, Ben Thouard photographie depuis plusieurs années la vague mythique de Teahupoo, qui attire les surfeurs du monde entier.
Par Ben Thouard
À Nzulezu, la vie au bord de l’eau
Ce village traditionnel construit sur pilotis occupe la rive sud du lac Amansuri, près de la Côte d’Ivoire. Les descendants des fondateurs y vivent à l'écart du fracas de la modernité.
Par Didier Bizet
Une pêche pas comme
Sur le littoral belge, les Paardevisser pêchent la crevette à cheval, perpétuant une tradition unique au monde.
Par Clément Grandjean et Juliette Pavy
Surnommée l’île aux fleurs, Madère ravira les férus de botanique mais aussi les amateurs de randonnée dans des paysages grandioses. Découverte.
Par Marie Paturel, Lionel Montico et Hemis
Légende de la couverture: Nomade Rabari. © Bruno Zanzottera/Parallelozero
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Cette image du photographe japonais Kazuaki Koseki a été primée dans la catégorie Runner Up du concours Travel Photographer of the Year (TPOTY), qui offre un aperçu saisissant des beautés de notre planète mais aussi des menaces qui pèsent sur elle. Réalisée grâce à de multiples expositions, elle donne à voir des lucioles qui se rassemblent dans la forêt lors des nuits d’été. Ce spectacle des «hotaru», qui ne dure qu’une dizaine de jours, est très prisé des Japonais, au même titre que la floraison des cerisiers au printemps. Dans la littérature traditionnelle, en particulier dans la poésie, les lucioles sont une métaphore de l’amour passionné. Les Japonais y voient également la manifestation des âmes des guerriers morts au combat. Pour cette édition 2022 du concours, près de 20 000 clichés ont été soumis par des photographes amateurs et professionnels de 154 pays au jury du TPOTY qui a eu fort à faire pour les départager. Les vainqueurs seront à l’honneur de l'exposition en plein air gratuite «Travel Photographer of the Year», qui aura lieu à Bristol du 1er au 31 mai.
PourvoirtousleslauréatsduconcoursTravelPhotographeroftheYear2022: www.tpoty.com
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Capitale de l’archipel Portugais de Madère, Funchal mérite qu’on s’y attarde pour profiter de sa douceur de vivre, de sa culture historique et de ses nombreux jardins.
Flâner dans la ville
Avec ses façades noires et blanches, mélange de pierres volcaniques et de chaux, Funchal est une ville chargée d’histoire. Le centre historique est un joyau architectural avec de nombreux monuments historiques tels que la cathédrale, l’église SaintJean l’Évangéliste ou encore la mairie. On n’hésite pas à pousser la porte de ces bijoux car leurs intérieurs nous réservent bien des surprises. Richement décorés avec des fresques, azulejos, dorures, bois précieux et trompe-l’œil, ce sont de véritables musées.
Parcs et jardins en abondance
À Funchal la végétation est luxuriante. De nombreux parcs permettent des promenades reposantes aux parfums multiples. Pour n’en citer qu’un, le jardin tropical de Monte Palace que vous pouvez atteindre grâce au téléphérique. Il vous enchantera avec ses plantes extraordinaires, ses œuvres d’art et ses azulejos disséminés ça et là, ainsi que ses nombreuses compositions japonaises. Les plus téméraires feront le retour avec les «carreiros», ces hommes qui poussent les pittoresques luges en osier.
Des saveurs exquises et exotiques
Grâce au climat subtropical et aux sols volcaniques, la gastronomie de Madère affine ses saveurs depuis la nuit des temps. Parmi les plats typiques: les brochettes de bœuf ou «espetada» sur un bâton de laurier; les patelles, ces délicieux mollusques de mer à la poêle; le steak de thon; le filet d’espadon; le «bolo do caco», un pain à base de farine de blé et de patates douces au beurre d’ail; le gâteau au miel; le vin de Madère bien sûr; sans oublier les fruits tropicaux que l’on retrouve dans le célèbre pudding aux fruits de la passion.
Vols directs tous les samedis au départ de Genève.
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Si la ville, véritable fourmilière à ciel ouvert, est foisonnante au dehors, comment décrire le vide, le silence, la solitude de toutes ces vies cachées, dedans, derrière des façades qui sont comme autant de miroirs? Comment montrer cette tension palpable entre le mouvement perpétuel des mégalopoles du XXI e siècle et la sidération des particules élémentaires dont il semble se jouer, quand chacun est rentré chez soi, à l’abri des regards, si ce n’est celui, discret, d’une photographe aux aguets? Avec des mises en scène sophistiquées,
Floriane de Lassée explore dans un travail au long cours les contradictions de nos vies contemporaines, de plus en plus citadines, entre besoin de faire corps avec la ville et déshumanisation d’un anonymat solitaire, parfois choisi, souvent imposé. www.hemeria.com
La nouvelle exposition temporaire de Photo Élysée, à voir jusqu’au 21 mai, retrace l’histoire du flou dans la photographie, de l’invention du procédé à nos jours. Jalonnée de comparaisons avec la peinture et le cinéma, elle raconte, notamment par des œuvres clés, l’évolution de cette forme, ainsi que les valeurs qui lui sont associées selon les époques et les différentes pratiques photographiques. L’exposition prend comme point de départ certaines peintures du XVIIe siècle –période à laquelle le flou constitue une catégorie picturale très spécifique –, pour aller jusqu’à l’époque contemporaine où il devient un élément prépondérant de l’esthétique photographique. À la fois riche et insaisissable, le flou est sans cesse tiraillé entre l’erreur technique primaire qu’il implique et les ambitions artistiques dont il est porteur. www.elysee.ch
Fondateur à l’Université de Lausanne de la première école de police scientifique au monde, Rodolphe Archibald Reiss (1875-1929) était un criminaliste de réputation internationale. Il a mis sa maîtrise de la photographie au service de la science, mettant au point des techniques de prises de vues qui sont encore utilisées aujourd’hui. L’exposition détaille ses méthodes photographiques appliquées aux scènes de crime, aux faux
billets de banque, aux armes des meurtriers, aux outils des cambrioleurs, aux tatouages ou aux empreintes digitales. Une comparaison est faite avec les instruments utilisés il y a un siècle et ceux employés aujourd’hui en science forensique. L’exposition, à voir jusqu’au 20 août 2023, est réalisée en collaboration avec l’École des sciences criminelles de l’UNIL. www.cameramuseum.ch
© National Geographic/Jen Guyton
Lauréat des Rolex Awards en 2019, le biologiste sudafricain Steve Boyes a lancé le projet d’exploration Great Spine of Africa en 2022, qui a pour but de mieux connaître et de protéger les principaux fleuves d’Afrique. La première expédition, qui vient de s’achever avec succès, a permis de pénétrer au cœur des hauts plateaux de l’Angola, là même où la rivière Lungwebungu prend sa source. Steve Boyes et son équipe sont en passe de pouvoir démontrer que cet affluent du Zambèze pourrait bel et bien être la source du fleuve, facteur important lorsqu’il s’agit de déterminer les menaces qui pèsent sur lui. L’équipe a descendu la rivière dans des mekoros (des pirogues traditionnelles) chargés d’équipement scientifique. En recueillant de nombreux enregistrements et points de données, elle espère créer des valeurs de référence exhaustives et détaillées sur la santé et les écosystèmes de la rivière. Bénéficiant d’un soutien de Rolex par le biais de son initiative Perpetual Planet, l’équipe prévoit de parcourir plus de 40 000 km ces prochaines années. Elle pourra ainsi collecter des informations essentielles pour protéger les peuples ainsi que la faune et la flore qui dépendent des grandes étendues d’eau d’Afrique. www.rolex.com
Participez à notre nouveau concours photo
Thème Portrait – Regards du monde
Ouvert aux amateurs et aux professionnels.
Les 15 meilleures photos retenues par notre jury seront publiées dans l’édition de juin-juillet (numéro 235) ainsi que sur nos comptes Instagram / Facebook et feront l’objet d’un vote du public.
Envoi des images jusqu’au 13 avril 2023.
Remise des prix et vernissage courant octobre 2023.
Conditions de participation
www.animan.com/concours-photo-2023
Le temps de réfléchir PÉRIL EN ANTARCTIQUE
Surnommé le «Glacier de l’apocalypse», Thwaites inquiète les scientifiques du monde entier qui craignent que l’immense bloc de glace se trouvant à sa base se détache d’ici trois à cinq ans, sous l’effet du réchauffement climatique. D’une taille équivalente à la Grande-Bretagne, sa disparition pourrait entraîner une hausse de plusieurs mètres du niveau des mers à l’échelle du globe. Sous surveillance depuis plus de 30 ans, le glacier de Thwaites est aujourd’hui au centre d’un vaste programme de recherche mobilisant 60 chercheurs qui tentent de percer les secrets de la dynamique de fonte de ce territoire situé à l’ouest de l’Antarctique dont dépend la stabilité de tout le continent.
www.thwaites-explorer.org
Nous avons ouvert la première station-service à hydrogène de Suisse et transportons les marchandises dans les premiers camions à hydrogène du monde fabriqués en série. Nous économisons ainsi 500 tonnes de CO² par an.
Texte et photos: Franck Charton
EntreRioetBrasilia,leBrésiloffreunfantastiqueterraindejeu, desfalaisestapisséesdumaquisdela MataAtlantica auxplateaux etcanyonsdelaChapadadosVeadeiros,enpassantparles cataractesd’IguaçuoulesrioscristallinsdeBonito.
RBRÉSIL Campo Grande Ouro Preto Paraty Rio de Janeiro Brasilia
BOLIVIE ARGENTINE PÉROU
io mérite bien son surnom de Cidade Maravilhosa. Nul besoin d’être un Carioca pour se sentir vibrer à l’unisson de cette mégapole de 13 millions d’habitants qui s’étire sur plus de quarante kilomètres d’un littoral de rêve, de Barra da Tijuca, site du village olympique, à l’immense pont de Niterói permettant de traverser la baie de Guanabara: des dizaines de plages de sable blond, de criques rocheuses et, chapeautant l’horizon de toutes parts, ces morros, ou mornes, collines et falaises emblématiques se dressant au-dessus de la conurbation tentaculaire et qui constituent autant de miradors exceptionnels.
Cinq heures de bus sont nécessaires pour couvrir les 280 kilomètres qui séparent la capitale de la charmante cité coloniale de Paraty, première escale de ce périple. Le littoral de la Costa Verde, d’allure souvent paradisiaque, doit son nom à la fameuse Mata Atlantica, une forêt aux allures de jungle qui recouvre les reliefs côtiers d’une toison luxuriante, d’où émergent clochers d’églises et petits villages. En 1700, les Portugais découvrent les gisements aurifères et de pierres précieuses du Minas Gerais, choisissant la baie de Paraty pour établir leur port. Reliant les deux sur près de 400 kilomètres, le Chemin de l'Or,
Depuis le sommet du Pain de Sucre, vue plongeante sur la baie de Rio, le foisonnement des morros avec, à gauche, le Corcovado, et à droite, la plage de Copacabana. Ci-dessus: le Pain de Sucre et la plateforme sommitale de la Pedra da Gavea, plus haute falaise au monde surplombant l’océan, récompense 844 mètres d’ascension escarpée et moite, avec un panorama unique sur l’archipel des îles Tijucas.
Fondée à la fin du XVIIe siècle, Ouro Preto a été l’épicentre de la ruée vers l'or. La capoeira est un art martial afro-brésilien qui s’inspire directement des traditions guerrières des peuples africains. Ci-contre: pour accéder au Caminho do Ouro, l’antique chemin taillé par les Indiens Guaianás au début de notre ère puis pavé à l’époque coloniale, au XVIe siècle, on peut emprunter un petit bateau qui remonte la rivière Perequê-Açu, depuis la cité coloniale de Paraty.
presque entièrement pavé à l’époque, servira pendant des décennies d’axe principal pour les caravanes de mulets, convoyant esclaves et matériel à l'aller et précieux métal jaune au retour, embarqué ensuite sur les navires en partance vers Lisbonne. Classée au patrimoine mondial par l’Unesco, Paraty concentre demeures de charme, églises baroques, balcons ouvragés et petit port de pêche, au fil de ruelles étroites et pavées, témoignage du faste des XVIIe et XVIIIe siècles. Des portions pavées du Chemin de l’Or serpentent encore à travers la forêt tropicale où sont installées des distilleries de cachaça, cet alcool de canne à sucre distillé (garapa), ingrédient de base de la caïpirinha. Au rythme des baignades dans les cascades et face à la mer, on accède à pied aux réserves écologiques de Joatinga et Mamangua, ponctuées de plages désertes et de criques paradisiaques. L’enchantement se poursuit dans les villages où il est tout naturel de partager le mode de vie rural des pêcheurs caiçaras. Après un crochet par Teresópolis et sa fascinante Serra dos Órgãos aux incroyables élancements granitiques, on fait halte à Ouro Preto, splendide cité baroque au cœur du pays minier. Comme à Paraty, il est fréquent d’y entendre le son guttural et syncopé du berimbau, l’arc musical servant à rythmer la capoeira, combat dansé inventé par les esclaves noirs pour se préparer à la fuite sans éveiller les soupçons de leurs maîtres.
Ci-dessous: le Cerrado typique du Goias, vaste savane luxuriante bouquetée de palmiers buriti (Mauritia flexuosa). De nombreux canyons entaillent le plateau, laissant dans les zones calcaires des formations fantasmagoriques. Vue sur le double salto du Rio Preto, depuis le mirador de Janela, près de Sao Jorge. A droite: le centre de conventions Ulysses Guimarães, sur l’Eixo, ou axe monumental, l'élément structurant de la capitale fédérale Brasilia, qui coupe la ville en deux parties symétriques.
C’estparlesairsqu’onrelieBelo Horizonte,dansleMinasGerais, àBrasilia,pointdedépartidéal pourexplorerleparcnationalde Veadeiros,dansleGoias.Sortede petitecapitaleésotériqueduBrésil, haut lieuderencontredelagypset (contractiondegypsyetdejetset, ndlr.),AltoParaisoestunédenutopisteoùspiritualité,artetécologie serencontrent.Enchanteur,lesiteest bordédetoutespartsparleshauts plateauxdelaChapada,quidonnent naissanceàunemultitudedecanyons lunaires,decascadestonifiantesetde sourcescristallines.Delonguesrandonnéespermettentd’atteindreces lieuxpréservésd’unebeautééblouissante,accompagnésparlevolmajes-
tueuxdesperroquetsmulticolores. Véritablemust,lemiradordeJanela, extraordinairebelvédèresurlesplus belleschutesduparc,semériteau prixdedeuxheuresdeprogression escarpéedanslajunglemoite.Mais quelspectacled’admirer,depuiscet escarpementtitanesque,unedouble chuted’eauquidégringoleensautoirsurprèsde100mètresdansun panached’écume!
Au retour, impossible de ne pas s’arrêter à Brasília. Œuvre de l’urbaniste Lucio Costa et de l’architecte Oscar Niemeyer destinée à incarner la «ville idéale», repeupler le centre vide du Brésil et partager les ressources alors concentrées sur la côte, la nouvelle capitale, bâtie ex nihilo en 1000 jours entre 1957 et 1960, a certes vieilli mais le mythe perdure et continue d’exercer son charme, même
un peu décati. Pour la découvrir, il est impératif de se déplacer en voiture, sous peine de se retrouver à parcourir un semi-marathon entre chaque visite. L’«axe monumental», le grand boulevard central qui structure la ville, entre la gare et la place des Trois Pouvoirs, fait environ 10 kilomètres de long par 250 mètres de large, soit l’équivalent d’une autoroute 2 x 6 voies avec un terrain de foot entre les deux! Conceptuelle au point d’en devenir parfois abstraite, s’appuyant sur l’espace, le jeu des symétries, les courbes et la monumentalité, Brasília, au-delà de son épure urbanistique, nourrit également un projet politique d’inspiration «socialiste»: l’harmonie, oui, mais pour réaliser l’égalité sociale. Ou quand le récit national acquiert la puissance d’un mythe fondateur.
Scène de western dans le Cerrado : une colonne de zébus blancs poussés par un vaqueiro à cheval, en bottes et stetson. Nous sommes dans le Mato Grosso do Sul, antichambre du Pantanal. Bourgades poussiéreuses, prairies inondées et savanes infinies, piquetées de troupeaux. Depuis l’aéroport de Campo Grande, quatre heures de route sont nécessaires pour rallier la charmante petite cité de Bonito, la bien-nommée. On vient ici pour visiter ses fazendas, ou fermes touristiques, admirer ses grottes tapissées de concrétions, parfois baignées d’un lac souterrain translucide, mais surtout pour se laisser dériver en mode snorkeling au fil de ses rivières cristallines. Une véritable expérience sensorielle! La descente dure d’une heure à une demijournée, en flottaison contemplative, comme en apesanteur. Une délicieuse balade bucolique, à mi-chemin entre
Dans la région de Jardim (Mato Grosso do Sul), près de Campo Grande, le Buraco Das Araras mérite le détour. Il s’agit d’un gouffre tapissé de végétation, choisi comme refuge par une colonie d’aras rouges et verts. Cet énorme cratère de grès serait la plus grande dépression circulaire d’Amérique latine. Ci-contre: Iguaçu n’est pas à proprement parler une chute, mais un ensemble de 275 cataractes formant un front de trois kilomètres environ, dont la plus haute atteint 80 mètres de hauteur, en pleine forêt tropicale. L'ensemble déverse jusqu'à six millions de litres d'eau par seconde.
safari aquatique et extrait de poésie naturaliste…
Foz do Iguaçu marque la dernière étape du périple. Les célèbres cataractes sont-elles terrestres ou plutôt célestes?
Même sous des orages tropicaux, le site exerce la même fascination, prodige de puissance chtonienne, déversant à chaque seconde des millions de mètres cubes limoneux. La latérite orange et brune charriée par les eaux en furie constitue alors la seule couleur chaude d’un tableau de fin du monde en noir et blanc. Au fil d’une succession de belvédères, la promenade de 1,2 kilomètre dévoile un éventail de points de vue souvent très larges, car l’essentiel des cascades se trouvant en face, côté argentin, on bénéficie, côté brésilien, d’une vision panoramique sur ces dizaines de panaches blancs et de brumisateurs naturels. L’eau encore et toujours, comme fil conducteur de ce voyage en terre brésilienne!
