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Belgique - België P.P. CHARLEROI X BC 1781

Trimestriel – Septembre-Octobre 2011 – Bureau de dépôt : CHARLEROI X

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Le Journal des Ingénieurs Mensuel N°133 Septembre-octobre 2011

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Le 7 juillet dernier, le Gouvernement wallon a pris acte d’une note du Ministre de la Fonction publique Jean-Marc Nollet intitulée : « Échelles spéciales. Analyse des régimes existants. Pistes de solutions. » et l’a chargé de lui présenter un avant-projet d’arrêté modifiant le code de la fonction publique wallonne basé sur la piste A.3.4 de cette note. En clair, il s’agit de trouver une solution à la suppression – suite à un arrêt du Conseil d’État – des échelles barémiques spéciales attribuées aux ingénieurs civils, ingénieurs agronomes, bioingénieurs, médecins, pharmaciens, vétérinaires et cadres informatiques. Comme nous le craignions, le Gouvernement wallon a fait le choix de réduire de manière scandaleuse le salaire initial des ingénieurs qu’elle engagera et de réduire les perspectives d’évolution de rémunération des ingénieurs nommés. En termes de rémunération des ingénieurs, le retard de la Wallonie par rapport aux deux autres régions (flamande et bruxelloise) et au fédéral sera important. En effet en page 13, on lit « Le recrutement se fait de manière générale au rang A6… ». Le jeune ingénieur qui sera engagé par la Wallonie touchera en début de carrière 60 à 80 % du salaire octroyé par les autres entités régionales et fédérale. À partir du jeudi, il aura donc l’impression de travailler gratis. Après 12 ou 13 ans d’une carrière linéaire – si les promesses sont tenues – notre ingénieur wallon gagnera 10 à 30 % de moins que son collègue flamand ou bruxellois.

Édito Archéologie

Je vous épargne la comparaison avec le secteur privé. La Fabi a proposé à la Wallonie de mettre en place un cadastre des fonctions d’ingénieur et de lier rémunération, responsabilité et compétence technique. C’est la base d’une gestion dynamique et objective des rémunérations, c’est d’ailleurs ce qui se fait dans de nombreuses entreprises privées ou publiques ainsi qu’à la région bruxelloise. Cette option était – en partie – reprise dans la note présentée au Gouvernement wallon le 7 juillet dernier mais celui-ci a préféré suivre la proposition du Ministre de la Fonction publique JeanMarc Nollet. Une administration wallonne compétente et dynamique devrait attirer, conserver et motiver les meilleurs ingénieurs et donc proposer au minimum des conditions d’engagement et d’évolution de carrière comparables aux autres entités fédérées. Manifestement, le Gouvernement wallon est convaincu du contraire et nous le regrettons. Ir. Luc Minne, Président Vous trouverez dans ce journal une analyse de cette note par la Commission des questions sociales de la FABI en page 28.

Sommaire

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Les technologies 3D au service de l'archéologie

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P. 10

Aspects environnementaux dans les projets techniques de la Société wallonne des eaux

Énergie

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Centrale TGV Siemens et interview M. André Bouffioux Dans notre supplément « Ingénieurs Mag - Communication »

P. 22

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Archéologie

Les technologies 3D au service de l'arch L’archéologie, comme de nombreux autres domaines, a su tirer profit depuis quelques décennies de l’évolution de la puissance de traitement des ordinateurs et des cartes graphiques. Utilisée avec rigueur et en accord avec les sources historiques, l’infographie devient un outil privilégié dans le domaine de l’archéologie : la restitution de sites, la numérisation 3D ainsi que la reconstruction virtuelle d’objets sont de plus en plus mis en œuvre. Grâce à la flexibilité de l’outil informatique, différentes reconstitutions peuvent ainsi être proposées aux experts afin de vérifier des hypothèses et de détecter ou de rejeter d’éventuelles incohérences.

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Figure 1: Reconstruction manuelle et virtuelle d’une niche

La démocratisation des scanners 3D donne l’opportunité de créer des doubles numériques d’objets ou de sites archéologiques. Les modèles 3D obtenus peuvent ensuite être visualisés sous forme d’images fixes, de films, d’animations ou intégrés dans un logiciel permettant des visites virtuelles. Ils peuvent également prendre corps par le biais des nombreuses techniques de prototypage qui permettent de passer d’un modèle numérique au modèle physique. Une collaboration étroite entre archéologues, ingénieurs et infographistes a été développée au sein du CReA (Centre de Recherches Archéologiques) de l’ULB. Depuis 2004, plusieurs projets ont été menés à bien. D’autres sont encore en développement. Parmi eux, nous en décrirons brièvement deux :

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– la reconstruction d’objets à partir de fragments provenant de fouilles sous le chœur de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule (Bruxelles) ; – la restitution d’une nécropole et d’un bâtiment archaïque à Itanos (Crète).

Reconstruction d’objets archéologiques Le CReA possède, stockés dans ses locaux, plus de 11.000 fragments découverts lors de fouilles sous le chœur de la cathédrale SaintsMichel-et-Gudule. Actuellement, afin d’essayer de reconstituer les objets originaux, ces pièces sont assemblées manuellement, tel un puzzle. Elles sont au préalable triées (toujours manuellement) selon divers critères comme par exemple le type d’ornementation des sculptures (feuilles, fruits, tiges). Le déplacement des fragments est une tâche délicate lorsqu'elle s'applique à des pièces fragiles qu'il est nécessaire de manipuler le moins possible afin d'éviter toute détérioration. La caractérisation des fragments, c'est-àdire la mise en évidence d’informations significatives qui permettront à l'archéologue de les classifier, nécessite également des manipulations. Elle constitue à nouveau une étape qui risque d'altérer les pièces. Il s'agit d'un travail long et fastidieux dont les résultats sont difficilement reproductibles étant donné la présence de l'interprétation humaine et le nombre de fragments concernés. Enfin, les tentatives d'assemblage constituent aussi une étape à risque pour les fragments, non seulement à cause de leur manipulation, mais également compte tenu des frottements qui en résultent et qui altèrent de manière significative les zones de contact. De plus, lorsque deux fragments coïncident, il est difficile de considérer ces deux pièces assemblées comme une seule sans les attacher physiquement. Le but du projet mené avec le Professeur Pierre Bonenfant était de fournir un outil informatique permettant d’aider à reconstituer de tels puzzles. Afin de manipuler non pas directement les pièces archéologiques, mais une représentation numérique de celles-ci, un digitaliseur 3D a été utilisé. Il s’agit d’un appareil capable de mesurer et d’enregistrer les coordonnées


Archéologie

éologie Par Prof. Ir. Nadine Warzée de plusieurs millions de points tridimensionnels en quelques minutes. Les modèles obtenus présentent une précision de l’ordre du millimètre. Un ensemble d’outils a été développé afin d’obtenir des attributs à partir des représentations numériques des fragments, le but étant ensuite de les exploiter dans des tentatives automatisées d’assemblages entre fragments. Il s’agit essentiellement de primitives géométriques telles que des plans, des surfaces de révolution, des droites et des arcs de cercle. Ce processus est illustré à la figure 1 où la reconstruction virtuelle d’une niche de style renaissance a été réalisée et comparée à la reconstruction manuelle effectuée par les archéologues1. La reconstruction virtuelle a été effectuée en choisissant les associations entre fragments via leurs primitives géométriques : dans la partie supérieure gauche, les deux fragments le long du bord ont été associés via les deux lignes droites, les autres fragments ont été ajoutés au montage en faisant correspondre les arcs de cercle qui y avaient été détectés. L’élément situé à la base de la niche a ensuite été ajouté à l’ensemble déjà constitué en lui appliquant une translation de telle manière à associer les deux paires de droites à distance. En exploitant l’aspect symétrique de l’ornementation apparaissant sur les fragments, une estimation des dimensions de la niche a pu être calculée, ce qui a été confirmé par le positionnement d’un dernier élément à droite, en extrapolant les arcs de cercle. On peut remarquer qu’un des fragments placé par les archéologues ne figure pas dans la reconstruction virtuelle. Ceci est dû à l’absence de primitive géométrique à mettre en commun avec les fragments voisins. Cette même méthodologie de détermination de primitives géométriques a été mise en œuvre pour des fragments provenant de poteries. Ce type de pièce n’est pas un objet 3D quelconque puisqu’on fait l’hypothèse qu’il a la particularité d’avoir une symétrie de révolution. En se basant sur la courbure du fragment, on peut calculer son axe de rotation, ce qui permet ensuite de construire le profil du fragment en projetant tous les

points de son modèle 3D sur un plan passant par l’axe trouvé précédemment (figure 2). La reconstitution d’une poterie peut être envisagée sous deux aspects différents : d’une part en tant qu’illustration, pouvant alors être sujette à l’interprétation de l’archéologue, et d’autre part en tant que reconstruction à partir de plusieurs fragments assemblés les uns aux autres. Pour le premier aspect, une méthode de génération de la forme complète d’une poterie consiste à extrapoler les informations concernant un fragment. En effet, à la suite de l’orientation d’un fragment, il est possible de générer toute la partie à laquelle il appartient en le faisant tourner autour de son axe de rotation. Cela permet dans certains cas d’obtenir une estimation locale de l’allure de la poterie. Bien entendu, cette démarche ne fournit qu’une première interprétation de l’allure de l’objet et n’a pas d’autre valeur scientifique (figure 3).

Figure 2 : Fragment numérisé, détermination de l’axe de rotation et du profil

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La reconstruction d’une poterie à partir de ses fragments nécessite d’effectuer des tests d’association entre eux et de valider ceux qui correspondent à une configuration d’assemblage vraisemblable. Dans un premier logiciel développé, ces tests s’effectuent sur les profils des fragments. Ceux-ci n’ont plus comme seule possibilité de déplacement les uns par rapport aux autres qu’une translation le long de l’axe vertical. Les différentes combinaisons sont ainsi testées afin de tenter de reconstituer le profil le plus complet possible. Cette démarche permet également d’éliminer les profils de fragments qui ne proviendraient pas de la poterie étudiée.

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Figure 3 : Estimation de la forme d’une poterie à partir d’un fragment

C. Laugerotte. Contribution à l’extraction et à l’exploitation d’attributs géométriques du maillage 3D de fragments archéologiques. Thèse de doctorat, ULB, 2006.

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Archéologie restes d'une nécropole, bordée par un bâtiment archaïque.

Figure 4 : Application web de calcul de capacité

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À partir de la forme complète d’une poterie, il est possible d’estimer son volume intérieur. Cette forme peut provenir soit de l’acquisition 3D d’une poterie complète, soit d’une reconstitution à partir d’un fragment couvrant toute la hauteur de la poterie (du pied à la lèvre) ou à partir d’un ensemble de fragments non nécessairement jointifs, couvrant cette même hauteur totale. Ensuite, la capacité de la poterie peut être calculée à partir de son profil en indiquant les niveaux inférieur et supérieur de remplissage que l’on souhaite. Cette application est accessible à tous sur le site internet du CReA2. Elle est intensivement utilisée par des archéologues qui, à partir du dessin d’un profil de poterie, peuvent ainsi obtenir une estimation du volume de celle-ci (figure 4).

La situation stratigraphique de ce site est particulièrement complexe car il a été occupé à plusieurs reprises, à différentes périodes. Diverses hypothèses concernant l’occupation de la nécropole dans l’espace et le temps ont été formulées3. Elles sont basées sur les informations collectées durant les campagnes de fouilles et sont difficiles à vérifier puisque nous sommes confrontés à un problème à quatre dimensions : trois dimensions pour l’espace et une dimension pour le temps. Le but du projet mené avec le Professeur Didier Viviers est d’utiliser l’infographie 3D pour fournir une aide dans ce processus de vérification des hypothèses en permettant aux archéologues de visualiser, explorer et manipuler des reconstitutions virtuelles. La modélisation 3D de la nécropole a été effectuée sur base des plans établis lors des fouilles ainsi qu’à partir de vidéos et d’une grande quantité de photographies du site. Cette réalisation est le résultat d’une collaboration étroite entre les archéologues, les ingénieurs et les infographistes. Le modèle complet se compose de 901 objets (93.026 polygones) structurés en niveaux correspondant aux différentes phases d’occupation de la nécropole. Une première restitution de deux tombes importantes a été réalisée en déplaçant et assemblant virtuellement des pierres pré-

Reconstitution de la nécropole et du bâtiment archaïque d’Itanos Figure 5 : Vestiges de la nécropole et restitution 3D d’un monument funéraire

La ville antique d'Itanos est située à l’extrémité nord-est de la Crète. Des campagnes de fouilles ont, entre autres, mis en évidence les

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Figure 6 : Vestiges du bâtiment archaïque


Archéologie Figure 7 : Proposition de modèle 3D du bâtiment archaïque

Figure 8 : Pièce principale du bâtiment archaïque

dimensions de lits ont été testés avant d'obtenir le meilleur ajustement avec la place disponible (figure 8). Des objets découverts lors des fouilles ont été reproduits virtuellement et placés dans le bâtiment. Des personnages ont également été ajoutés, en se basant sur des illustrations de postures et vêtements provenant de la littérature. Finalement, deux campagnes de numérisation du site ont été réalisées à l’aide d’un scanner 3D à longue portée (figure 9). On obtient ainsi des nuages de points colorés qui doivent ensuite être traités pour créer un modèle 3D global réaliste du site archéologique dont les utilisations seront multiples : y insérer les propositions de restitutions, effectuer des visites virtuelles, réaliser une documentation complète de ce patrimoine, effectuer aisément des mesures, etc.

Figure 9 : Digitalisation du site archéologique L. Engels, P. Dunham, N. Warzée. Interactive web-based application for potteries capacity computing. Proceedings of the 11th International Conference “Cultural Heritage and New Technologies”, p. 1-5, 2006. http://lisaserver.ulb.ac.be/capacity/ 3 D. Viviers. Itanos : archéologie d’une cité crétoise. L’archéologie à l’Université Libre de Bruxelles (20012005). Matériaux pour une histoire des milieux et des pratiques humaines. Études d’archéologie 1., pp. 97-108. 2

sentes sur le site selon les indications de l'archéologue (figure 5). Des propositions de restitutions 3D de l'édifice archaïque (extérieur et intérieur) ont également été réalisées. L’imagination y a joué un rôle important, vu le peu de vestiges disponibles (figure 6). Lors de la conception du modèle 3D, l'archéologue a dû s'interroger sur diverses hypothèses : types et sens d'ouverture des portes, nombre, dimensions et positions des fenêtres, structure, forme et aspect du toit, écoulement de l’eau, etc. La figure 7 représente une vue de la proposition de restitution replacée sur le site actuel (réalité augmentée). L’intérieur du bâtiment a été également modélisé. Dans la pièce principale, présentant un foyer central, plusieurs configurations et

Remerciements En plus des personnes citées dans les références bibliographiques, je tiens à remercier les infographistes qui ont participé activement à ces projets (Mohamed Tamajnit, Daphné Van Grieken, Olivier Deleclos et Audrey Cauchie) ainsi qu’Athéna Tsingarida et Isabelle Algrain qui nous ont fourni la documentation nécessaire.

9 Prof. Ir. Nadine Warzée est ingénieur civil informaticien et docteur en Sciences appliquées de l’ULB où elle enseigne la programmation et la synthèse d’images aux futurs ingénieurs. Elle a été présidente de la nouvelle filière d’ingénieur civil biomédical de 2006 à 2010. Elle dirige le LISA (Laboratory of Image Synthesis and Analysis), composé d’une vingtaine de personnes. Ses principaux domaines de recherche actuels concernent la modélisation 3D et la réalité virtuelle. Le LISA participe à de nombreux développements avec l’industrie, mais a également des collaborations privilégiées avec la Faculté de Médecine (par exemple en chirurgie assistée par ordinateur) et la Faculté de Philosophie et Lettres (reconstructions 3D en archéologie). www.ulb.ac.be/polytech/lisa

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Gestion durable

Aspects environnemen techniques de la Sociét Par Ir. Guillaume Lefebvre et L'intégration des aspects environnementaux dans les projets techniques de la Société wallonne des eaux (SWDE) nécessite la prise d’une série de mesures qui s’inscrivent non seulement dans le domaine de la gestion durable de l’environnement et de la construction mais aussi, plus globalement, dans la démarche qualité adoptée par l’entreprise. Cet article fait suite et développe les considérations abordées lors de la conférence du 16 décembre 2010 du cycle 10 « Construction durable » organisé par la FABI et le CSTC. La Société wallonne des eaux (SWDE), société publique, est le plus important producteur-distributeur d’eau potable de Wallonie : un million de raccordements, près de 1.700 femmes et hommes au service de 2,5 millions de clients, 36.000 km de conduites, 160 millions de m³ d'eau produite par an, 1.066 réservoirs, 288 châteaux d'eau, 420 captages, 7 grands centres de production d'eau (eaux de surface et eaux d’exhaure), un bureau d’études et un laboratoire accrédité, etc. Ce sont là quelques atouts présentés par cette entreprise, riche de son expérience de plusieurs décennies.

L’environnement est au cœur des valeurs de l’entreprise Depuis de nombreuses années déjà, la SWDE s’est inscrite dans une démarche environnementale forte et en constante évolution. L’eau étant une ressource précieuse, il est naturel que l’entreprise l’exploitant s’inscrive dans une logique de durabilité et de respect de son environnement. Actuellement, la SWDE est certifiée ISO 9001 pour l’ensemble de ses ser-

vices, ISO 14001 pour les sites de Verviers et de Couillet, ISO 17025 pour son laboratoire. L’ensemble de l’entreprise vit au rythme d’un système de management de la qualité et de l’environnement (SMQE) animé. La maîtrise et l’évaluation des impacts environnementaux d'un projet sont analysées en détail (liste des clauses environnementales à rendre d'application dans les cahiers des charges, série d'instructions de travail visant à intégrer les aspects environnementaux dès la genèse d'un projet, instructions relatives aux sites Natura 2000, aux rejets d'eau, à l'intégration de la biodiversité dans les projets, méthode d’évaluation des impacts sur l’environnement, études d’incidence, etc.). Passons en revue quelques exemples concrets de réalisations répondant à des normes environnementales strictes ou innovant en matière d’environnement.

L’exploitation et la valorisation des eaux d’exhaure La SWDE peut se prévaloir d’un certain savoir-faire dans l’innovation et la recherche de solution technique respectueuse de l’environnement. L’exploitation des eaux d’exhaure de carrière est un exemple. La SWDE est d’ailleurs la seule à exploiter et potabiliser ce type de ressources dans des carrières en activité. Sa première réalisation en la matière est le complexe de la Transhennuyère situé à Gaurain-Ramecroix, près de Tournai. Ce complexe a vu le jour pour pallier à la défaillance provoquée par la surexploitation de la nappe (Pecq-Roubaix). Il faut savoir que la nappe du Tournaisis est une partie du vaste réservoir aquifère des calcaires carbonifères qui s’étend depuis Namur jusqu’à Lille. Les ressources en eau de ce réservoir pris dans sa totalité sont évaluées entre 140 et 150 millions de m3 par an. Dans le Tournaisis, la nappe des calcaires est compartimentée par des failles en plusieurs entités. • Au sud de Tournai, la nappe de Peruwelz-Seneffe : libre à semi-captive,

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cette nappe est très bien réalimentée par les précipitations et dispose de réserves renouvelables de l’ordre de 90 millions de m3 par an. • Au nord de Tournai, la nappe de PecqRoubaix : recouverte de terrains imperméables, cette nappe est captive et sa réalimentation par drainance latérale est fortement limitée et plus lente. Ses ressources renouvelables sont estimées à 57 millions de m3 par an environ. Exploitée par la France (± 25 millions de m3/an en 1990) pour la communauté urbaine de Lille et par la Belgique (± 34 millions de m³/an en 1993) tant en Wallonie qu’en Flandre pour les besoins des agglomérations de Courtrai, Tournai et Mouscron, elle souffrait de surexploitation chronique depuis la fin des années quarante. Les prélèvements d’eau souterraine inégalement répartis et dépassant les ressources disponibles, provoquaient l’abaissement progressif de la nappe (un mètre par an et jusqu’à plus de 70 mètres au total à Tournai), ce qui hypothéquait gravement l’alimentation en eau de ces régions et augmentait les risques d’effondrements karstiques (incident de la perte de l’Escaut à Kain en 1977). Pour remédier à ce problème, dès 1993, le projet de la Transhennuyère (figure 1) fut élaboré. Il fallait réduire fortement ou arrêter certains pompages à Tournai, Mouscron et en Flandre en compensant les pertes d’alimentation par l’adduction d’eau à partir de ressources dans la zone non surexploitée de l’aquifère au sud de Tournai. L’originalité de la solution consiste à valoriser une partie de l’eau d’exhaure des carrières de la région de TournaiAntoing et de diluer cette eau de qualité industrielle (2/3) avec de l’eau souterraine (1/3) à partir de nouveaux puits implantés dans la nappe en équilibre de Péruwelz-Seneffe. Les eaux sont potabilisées dans la station de traitement de Gaurain-Ramecroix avant d’être acheminées vers les clients wallons et vers la Flandre via une conduite d’adduction raccordée aux infrastructures de transport existantes. Cette conduite a été


Gestion durable

taux dans les projets é wallonne des eaux Ir. Issam El Dakdouki - SWDE - Pôle technique - Bureau d’études dimensionnée (diamètre 900 mm) pour assurer une capacité de transport pouvant atteindre 21 millions de m3 par an. Les travaux, entrepris avec l’aide financière du programme européen OBJECTIF 1, ont été réalisés pour un montant total de 53 millions d'€. La Transhennuyère est opérationnelle depuis 2002. L’objectif initial de la Transhennuyère visant à réduire les prélèvements sur la nappe de Pecq-Roubaix, un accord de coopération entre la Région wallonne et la Région flamande a été concrétisé dès 1997. Le protocole d’accord entre les trois producteurs d’eau (VMW, SWDE et IEG) a fixé un calendrier de réductions des prélèvements par paliers en Wallonie et en Flandre, réductions en principe compensées par les fournitures d’eau équivalentes de la Transhennuyère. Un comité technique interrégional est chargé de suivre l’évolution des prélèvements et de la nappe, en particulier dans sa partie surexploitée. En 2010, le volume prélevé dans la nappe de Pecq-Roubaix a été réduit à 17,7 millions de m3 soit 600.000 m3 de moins que les 18,3 millions de m3 autorisés. À comparer aux 34 millions de m³ prélevés en 1993, l’objectif de réduction est donc atteint et même dépassé puisque les volumes captés ont diminué de presque 50 % en 10 ans, nonobstant une demande en eau importante liée au développement de la région de Mouscron. En France, le ralentissement de l’activité

économique et industrielle et la diversification de l’alimentation avec les eaux de surface ont aussi largement contribué à la réduction des prélèvements. Ce constat doit cependant être nuancé par un déficit chronique d’alimentation compensatoire de la Transhennuyère évoluant entre 4 et 5 millions de m3/an. Ce déficit trouve son origine principale dans un manque de volume à exhaurer mettant en cause le potentiel directement valorisable en fond de fosse de la carrière. Des solutions sont actuellement à l’étude (forages de puits et mise à disposition d’exhaure supplémentaires) pour pallier ce manque d’eau. Pour le piézomètre de référence à Kain, la remontée de la nappe de PecqRoubaix, amorcée dès 1999 avec une phase de stabilisation en 2005 s’est ensuite poursuivie jusqu’en 2010. Cette tendance devra être confirmée pour l’ensemble de la nappe par les observations sur un réseau de piézomètres à développer dans les zones peu influencées par les captages. En ce qui concerne la nappe de Peruwelz-Seneffe, son évolution à proximité des puits de la Transhennuyère est marquée par une baisse modérée mais progressive entre 2001 et 2005, suivie d’une stabilisation puis d’une légère remontée à l’instar d’autres nappes de Wallonie dans des conditions hydrogéologiques similaires. L’influence des pompages sur l’équilibre de cette nappe est donc minime.

La remontée rapide de la nappe de PecqRoubaix, de l’ordre de 1 mètre par an, doit cependant rester sous surveillance. Le renversement de tendance attendu semble en effet à l’origine de problèmes qualitatifs locaux suite à la mise en solution d’éléments indésirables comme le fer, le manganèse ou les sulfates engendrés lors du dénoyage de l’aquifère. Un contrôle de la remontée par la modulation des pompages autorisés devrait pouvoir limiter cette dégradation prévisible afin de maintenir l’eau dans les normes de potabilité sans traitement onéreux. L’évolution à moyen et long terme du niveau de la nappe est néanmoins régi par des facteurs naturels complexes comme les cycles hydrologiques pluriannuels ou les changements climatiques, mais aussi par des facteurs anthropiques tels que l’exploitation de 11 nouveaux puits ou de nouvelles carrières (projet Holcim à Antoing). La superposition de ces phénomènes induira un nouvel équilibre hydrologique de la nappe qu’il conviendra de gérer de manière durable au niveau suprarégional et supranational.

La nappe du Tournaisis étant exploitée des deux côtés de la frontière francobelge, un accord transfrontalier avec la France restait à conclure. Des consultations officielles avec les autorités françaises ont débuté avec la mise en place de l’Observatoire transfrontalier de l’eau et du projet SCALDWIN.

Figure 1 : Photo générale de la Transhennuyère

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Gestion durable

Ci-dessus - Figure 2 : Station de traitement de Soignies Ci-contre - Figure 3 : Station de traitement d'Écaussinnes

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Figure 4 : Turbines Francis à Nisramont

Ce projet, adopté en décembre 2009 par la France, la Région wallonne, la Région flamande, la Région de Bruxelles-Capitale et les Pays-Bas, a pour objectif de mener des actions transnationales pour améliorer la qualité des eaux de surface et souterraines du district hydrographique de l’Escaut. Dans ce cadre, un accord de coopération trilatérale Wallonie-Flandre-France pour le suivi et l’étude hydrogéologique de la nappe des calcaires carbonifères devrait déboucher en 2013 sur un modèle mathématique en vue d’une gestion durable et concertée de la ressource aquifère telle que prévue par la Directive Cadre européenne sur l’Eau. Forte de son expérience et des résultats positifs de la Transhennuyère, la SWDE s’est dotée de deux autres stations de potabilisa-

tion des eaux d’exhaure. Il s’agit des stations de Soignies et d’Écaussinnes. Pour la valorisation des eaux des carrières situées entre Soignies et Écaussinnes, un Groupement d'intérêt économique (GIE) a été créé avec IDEA en 2003 et des contrats de fourniture d'eau ont été signés entre le GIE et deux carriers. En effet, après étude de l'ensemble des exploitations de calcaire carbonifère entre Soignies et Feluy, seules deux carrières en 2003 offraient des possibilités de valorisation de leurs eaux d'exhaure. Il s'agissait, à l'ouest, des carrières du Hainaut et Soignies et, à l'est de la carrière de Restaumont située à Écaussinnes. Dans un futur relativement proche, deux autres carrières pourraient être reprises dans le projet : il s'agit de la carrière du Clypot (Soignies) et de la carrière du Tellier des Prés (Écaussinnes). La valorisation des eaux d'exhaure nécessite la réalisation de lourdes infrastructures : prise d'eau en carrière, conduites, stations de potabilisation, adductions vers les clients. Ce projet n'a pu être mené à bien que grâce à un cofinancement de la Région wallonne et de l'Europe à concurrence de 60 % du budget total (31 millions d'€). Dans le cadre de la valorisation des eaux d'exhaure, si l'impact environnemental est positif (éviter le gaspillage de la ressource), il reste à souligner qu'un intérêt économique existe également souvent pour les carriers qui peuvent parfois, en cas de valorisation de leur exhaure, être exempté de taxe sur le rejet de cette eau. Les stations de potabilisation de Soignies (figure 2) et Écaussinnes (figure 3), inaugurées en 2009 ont une capacité de production de 800 et 1.200 m³/h respectivement. Les volumes produits en 2010 étaient de l'ordre de 5 millions de m³. L’exemple des stations de traitement des eaux d’exhaure est remarquable par la solution technique de traitement et d’exploitation proposée au niveau environnemental. D’autres caractéristiques telles que l’intégration paysagère, la qualité architecturale ont été également prises en compte.

La production d’énergie verte La consommation globale d'électricité est une charge importante pour la SWDE (≈ 110 GWh/an). La recherche de solutions pour la diminuer reste donc un objectif sousjacent à chacun des projets techniques. Les importants sites de production d’eau que sont les barrages (Eupen, Nisramont…) offrent parfois la possibilité de développer des solutions d’hydro-électricité. Ainsi, au complexe de la Vesdre à Eupen, ce sont 4 turbines « Francis » de 0,16 à 0,60 MW qui fournissent à la SWDE (et au réseau) 5 GWh/an. Le Journal des Ingénieurs n°133 - Septembre-octobre 2011


Gestion durable Ces dernières ont été rénovées complètement en 2008. Au complexe de l'Ourthe à Nisramont, les 2 turbines existantes ont été remplacées par 2 turbines « Francis » plus puissantes de 0,60 MW en 2010 (figure 4). Ces turbines plus puissantes exploitent mieux le potentiel du site (capacité de production électrique augmentée de 80 % environ). Ces turbines ont fourni respectivement en 2010 environ 5 et 6,5 GWh. Cette énergie verte est, pour la plupart, utilisée par la SWDE dans ses installations, et pour le reste, revendue au réseau. Outre les tonnes de CO2 épargnées, le temps de retour sur investissement, calculé sur base des puissances installées et des certificats verts escomptés, est également très favorable (de l’ordre de 3 ans pour Nisramont).

La conception des bâtiments et installations techniques Le bâtiment de secteur de Villers-leBouillet (figure 5) est un autre exemple d’innovation. Conçu en 2007 et terminé fin 2009, ce bâtiment, d'environ 800 m² au sol, abrite 41 techniciens. Le bâtiment comprend un magasin d'environ 450 m², le reste étant dédié aux bureaux, sanitaires, réfectoire et salle de réunion. Les activités de ce secteur consistent en l’alimentation en eau potable de 21 communes situées essentiellement en Hesbaye et dans la vallée de la Meuse. Pour ce bâtiment, outre le renforcement de l'isolation prévu à la conception du projet (k = 42), l'originalité du bâtiment est son système de chauffage par pompe à chaleur (figure 6). En effet, la pompe à chaleur prend ici ses calories de l'eau du château d'eau voisin, dans lequel transitent plusieurs centaines de mètres cubes chaque jour. Les bureaux et sanitaires bénéficient d'un chauffage par le sol, tandis que le magasin et les locaux de l'étage sont desservis par des ventilo-convecteurs. Une chaudière au gaz a cependant été installée pour le complément de chauffage de l'eau sanitaire (le préchauffage étant assuré par la pompe à chaleur), mais également pour l'alimentation de quelques aérothermes dans le magasin. Le système adopté fonctionne bien mais nécessite cependant encore quelques ajustements et réglages complémentaires (suivi en cours). Par ailleurs, l'évolution de la technique et de la législation (PEB notamment, mais également nombre de directives européennes) permettent ou induisent des réductions d'impacts environnementaux non négligeables.

Figure 5 : Bâtiment et château d’eau de Villers-le-Bouillet

Figure 6 : Le système de chauffage du bâtiment de Villers-le-Bouillet

En matière d'électricité industrielle, on peut citer l'utilisation généralisée de variateurs de fréquences sur les installations de pompage, le choix d'un équipement fait sur base d'un coût actualisé prenant en compte la consommation énergétique sur la durée de vie de l'équipement, le choix de moteurs de classe IE 2 minimum (bientôt IE 3). Le potentiel de réduction dans ce domaine est important, vu la multiplicité des installations. L'éclairage est également un secteur actuellement très dynamique. Des réductions de consommations peuvent être réalisées en adaptant le dimensionnement à l'utilisation réelle (RGPT), en imposant, via les documents d'adjudications des consommations maximales à ne pas dépasser (par exemple 2 W/m² x 100 lux) en tenant compte des auxiliaires, en adaptant le flux lumineux à la luminosité extérieure, en anticipant autant que possible sur l'évolution technologique (directives ERT et DIM/TIM), en développant rationnellement le recours à l'automatisation et la domotique. Les bâtiments devant devenir énergétiquement performants, avec une trentaine de bâtiments occupés en permanence, et un parc en cours de rationalisation, des solutions énergétiquement (et économiquement) intéressantes sont développées et parfois adoptées en principes :

- généralisation de certaines installations comme la ventilation mécanique double flux avec récupération d'énergie dans les nouveaux bâtiments ; - conception d’une unité de cogénération à partir du gaz pour le chauffage d'un nouveau bâtiment avec utilisation de l'électricité pour le processus de traitement des eaux (projet de bâtiment de secteur à Stembert - 2,8 millions €) ; - utilisation de panneaux solaires thermiques pour le chauffage de l'eau sanitaire et pompe à chaleur (projet de bâtiment à Tournai - 4,4 millions €). Outre la consommation d’énergie, d’autres précautions sont inclues dans les projets techniques : elles sont issues, parfois de la législation (Code de l’eau, CWATUPE…) mais relèvent souvent de pratiques ancrées depuis longtemps à la SWDE. Au stade des projets, on retiendra : - la protection contre les polluants : systèmes d’encuvements étanches pour les produits chimiques, aires sécurisées pour le déchargement en vrac des produits du processus, utilisation croissante d’huiles biodégradables (panneaux de coffrage, huile des machines chargées des entretiens des terrains, 13 aires égouttées et sécurisées sur site de captage ; - la biodiversité : plantations d’espèces indigènes et évitant les espèces exotiques (à caractère envahissant ou non) ; - la consommation responsable des ressources : prescription de matériaux plus « durables », locaux, ou plus respectueux de l’environnement dans les projets (bois labellisé FSC, matériaux naturels ou manufacturés nécessitant peu d’entretien...). Au bureau : utilisation de papier FSC, incitation à diminuer la consommation inutile de papier (impression recto verso…) ; - la limitation des impacts sur les égouts ou sur le réseau hydrographique des eaux rejetées (infiltration souterraine des eaux propres quand c’est possible, toitures vertes – autant pour limiter l’impact du ruissellement que pour l’aspect esthétique et écologique…) ; - l’intégration environnementale de bâtiments conçus pour durer (figure 7).

Sur les chantiers de la - architecture privilégiant les apports SWDE gratuits en limitant les pertes énergétiques (les nouveaux projets présentent des volumes protégés offrant un K entre 25 et 33) ;

Comme implanté dans le processus relatif aux projets techniques de la SWDE, outre la concrétisation des décisions prises lors de l’étude du projet, l'ap-

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Gestion durable sont prises pour maîtriser la situation d'urgence en cas d'incident environnemental. Le plan environnemental constitue, quant à lui le « pendant » environnemental du plan de sécurité et de santé. Il est adapté, complété et revu tout au long du chantier. Enfin, les points environnementaux à surveiller sur chantier sont recensés dans un document officiel intégré dans le processus et destiné aux contrôleurs des travaux.

Figure 7 : Château d'eau de Neufvilles (Arch. V. Piwowarczyk)

Remerciements 14

Les auteurs remercient leurs collègues pour leur collaboration à la rédaction de l’article et en particulier MM. Drèze et Closset, Géologues.

proche environnementale respectueuse est poursuivie à la réalisation du projet. Les cahiers des charges intègrent, de manière contractuelle les obligations environnementales auxquelles les entreprises doivent se conformer. La charte environnementale constitue l'engagement principal. En s'y soumettant, les entrepreneurs s'engagent notamment à trier et évacuer leurs déchets suivant la législation en gardant ordre et propreté sur chantier. Cette charte environnementale constitue également un outil de sensibilisation sur chantier et est largement diffusée aux sous-traitants et affichée sur chantier. En outre, les outils, machines et véhicules du chantier doivent être propres et sécurisés pour éviter tout épanchement de polluant accidentel (hydrocarbures) et un kit anti-pollution doit être disponible en permanence sur chantier. Des encuvements protégés sont prévus pour les produits à stocker sur chantier. Outres ces dispositions, ainsi que d'autres sur le bruit (limitations des nuisances sonores) et l'air (feux interdits, moteurs à éteindre durant les interruptions d'activité), toutes les mesures d'information et de formation du personnel présent sur chantier

Toutes ces précautions, initialement d'application sur les sites de captages, sont étendues depuis plusieurs années à tous les chantiers des projets techniques élaborés par le Bureau d'études de la SWDE.

L'avenir… La SWDE poursuit actuellement l’intégration de la maîtrise des impacts de toutes ses activités sur l'environnement. La certification ISO 14001 a été obtenue pour deux de ses sites suite aux audits de février et novembre 2010. Cependant, bien consciente de la limite de l'approche des certifications site par site, la SWDE a voulu mener une réflexion plus large sur l'empreinte globale de ses activités sur l'environnement. Cette nouvelle approche vise à adopter une attitude plus globale à l'échelle de la société pour diminuer les impacts majeurs en s'attaquant aux vrais défis environnementaux. Elle s'articule autour des étapes suivantes : - phase 1 : établissement d'un Bilan Carbone de l'organisation ; - phase 2 : obtention de la certification ISO 14001 à l'horizon 2016. La première phase a été clôturée en décembre 2010 et a permis de mesurer l'impact global des activités de la SWDE sur l'environnement en matière d'émissions de gaz à effets de serre (GES). Ses conclusions étaient les suivantes : - une forte proportion du bilan carbone est incompressible à court et à moyen terme car une grande partie des émissions de GES est liée à des immobilisations (grande durée de vie des installations) ; - une réduction d'émissions non négligeable est possible dans les secteurs-clés comme la consommation d'énergie, les déplacements, l'achat de biens et services ;

Issam El Dakdouki, Directeur du Bureau d’étude, et Guillaume Lefebvre, Responsable de la cellule Bâtiments,

- le potentiel de la SWDE de diminution de GES est situé entre 8 et 16 %.

sont tous deux ingénieurs civil des constructions ; leurs parcours variés les ont amenés à travailler en équipe sur l’étude et l’exécution de projets divers dans le domaine de l’eau potable (réservoirs, châteaux d’eau, stations de traitement ou de pompage, captages, canalisations, bâtiments de secteur d’exploitation, etc.).

La seconde phase, en cours, a pour objectif de développer la maîtrise des impacts environnementaux de toutes les activités de la SWDE et de couronner cette démarche par l'obtention de la certification ISO 14001 pour l'ensemble de ses activités en 2016.

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Energie Record mondial d’efficacité pour une turbine gaz-vapeur Dix ans après le lancement d’un programme ambitieux visant à développer une nouvelle génération de turbine à gaz de classe H, la turbine à gaz SGT58000H de Siemens, installée dans la centrale d’Irsching 4 – à côté de Munich –, vient de battre un nouveau record mondial d’efficacité énergétique. Avec une puissance de plus de 578 mégawatts (MW) et une efficacité de 60,75 % (nette), Siemens a largement dépassé son objectif d’une efficacité « supérieure à 60 % » au cours de la phase de test. Ce résultat fera date dans l’histoire de la technologie des centrales électriques. « Le Journal des Ingénieurs » a visité cette centrale, en mai dernier. La nouvelle turbine à gaz de Siemens est conçue pour produire 400 MW, en exploitation simple, et 600 MW en configuration à cycle combiné. Non seulement Siemens a pulvérisé tous les records actuels de puissance et d’efficacité mais elle a aussi relevé la barre en termes de flexibilité opérationnelle. Vu l’augmentation du nombre de centrales éoliennes et solaires, à la capacité fluctuante, il est capital, pour maintenir la stabilité du réseau, de disposer de grandes centrales électriques capables de réagir rapidement pour compenser les fluctuations de production et d’alimentation sur le réseau électrique de ces sources d’énergie tributaires des conditions météorologiques. La nouvelle centrale de classe H est en mesure de réagir vite aux demandes d’augmentation ou de réduction de puissance. Siemens a testé plusieurs gradients de charge, à cet effet. Ainsi, il est Figure 1 : La centrale Irsching 4, site de test de la turbine à gaz SGT5-8000H ©Siemens AG

possible de générer plus de 500 MW en l’espace de 30 minutes, à peine, et de maintenir des gradients de charge stables de 35 MW/minute.

Une production d’énergie qui préserve le climat Cette performance repose sur l’interaction parfaite entre une technologie de turbine à gaz innovante et les composants clés de la centrale, lesquels ont été optimalisés pour des températures et une pression élevées. Cette centrale, à la pointe de l’innovation, basée sur une turbine à gaz de la classe d'efficacité la plus élevée, démontre de manière éclatante que la protection du climat et la production d'énergie fossile à moindre coût peuvent être compatibles. Des centrales flexibles à haut rendement énergétique telles qu’Irsching 4 et Irsching 5, dont le démarrage a eu lieu en 2010, contribuent largement à compenser les fluctuations de production et d’alimentation de plus en plus marquées, inhérentes aux énergies renouvelables, et à garantir l’approvisionnement énergétique de l’Allemagne.

Figure 2 : Une turbine à gaz SGT5-8000H en cours d’assemblage à l’usine Siemens de Berlin – ©Siemens AG

250 ingénieurs mobilisés ! Bien évidemment, un tel succès ne s’est pas fait du jour au lendemain. En effet, plus de 750 employés de Siemens, dont 250 ingénieurs, ont été mobilisés pour Les centrales à cycle comdévelopper la nouvelle turbiné à haut rendement bine à gaz et la nouvelle énergétique font partie du centrale à cycle combiné. portefeuille environneSiemens a investi plus de mental de Siemens, qui a 500 millions d'euros dans le permis au groupe de dégadéveloppement de la turger, au titre de l’exercice bine, ainsi que dans la 2010, un chiffre d’affaires construction et l’exploitade près de 28 milliards tion d’une centrale protod’euros, faisant de type. Pendant un an et Siemens le premier fourdemi, le groupe industriel y nisseur mondial de techa mené des essais sur la nologies écocompatibles. turbine à gaz. À la mi-2009, après un premier essai de fonctionnement réussi, la centrale à gaz a été étendue en une configuration à cycle combiné. Avec l’ajout du cycle vapeur basé sur un générateur à récupération de chaleur innovant et une turbine à vapeur à haute température, qui fonctionne à 600° C, l’installation est devenue la centrale à cycle combiné la plus efficace au monde. La phase de test est actuellement terminée et la firme allemande E.ON a repris l’exploitation commerciale d’Irsching 4, dès l’été dernier. Le Journal des Ingénieurs n°133 - Septembre-octobre 2011

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Energie Une centrale à cycle combiné qui dépasse les 60 % d’efficacité en classe H par Lothar Balling, Siemens (*)

Figure 3 : L’acheminement par chemin de fer d’une turbine à gaz SGT5-8000H vers son site d’installation © Siemens AG

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Figure 4 : Schéma de la centrale à cycle combiné SSC5-8000H 1S ©Siemens AG

Nous publions les données de performance et d’exploitation, désormais officiellement homologuées, de la nouvelle centrale à cycle combiné SCC5-8000H. Au cours des 30 dernières années, les exigences pesant sur nos centrales alimentées par des combustibles fossiles n’ont cessé d’évoluer. Si les années 90 ont privilégié la faiblesse des coûts d’investissements et la rentabilité à court terme, dès les toutes premières années du nouveau millénaire, l’impératif d’économie des ressources et de réduction des émissions de gaz à effet de serre a déplacé les enjeux sur le terrain de l’efficacité. La « décarbonisation » qui figure désormais parmi les priorités les plus urgentes en vue de développer le potentiel de production des énergies renouvelables (éolienne et solaire), par nature fluctuantes, nous a conduits à travailler essentiellement à

une amélioration significative de la flexibilité de nos produits et solutions. Si nous, Européens, nous donnons les moyens de renforcer de manière significative notre capacité de production d’électricité à partir des énergies renouvelables, des pays comme l’Allemagne seront en mesure, dès 2020, de satisfaire la totalité de leur demande d’électricité pendant certaines périodes favorables – les jours de fort ensoleillement ou très ventés par exemple – à partir de leurs centrales éoliennes, solaires, hydroélectriques ou exploitant la biomasse.

Solutions « au pied levé » Cependant, en cas de changement à court terme des conditions météos, nous devront disposer d’environ 20 à 50 GW d’énergie produite par d’autres sources afin de compenser cette perte dans un délai de quelques minutes à quelques heures. Comme nous ne serons pas en mesure de produire une telle quantité d’énergie au moyen d’unités de stockage à grande échelle de type centrales hydroélectriques dans un avenir prévisible, nous devrons disposer de solutions à l’intérieur de notre parc qui puissent être lancées et exploitées, au pied levé, dans le respect de ces délais, afin de pouvoir compenser ces fluctuations naturelles. Une telle réactivité ne pouvant être garantie que très imparfaitement par notre actuel parc de centrales nucléaires et à charbon, nos marchés appellent donc des solutions beaucoup plus versatiles et en même temps encore plus efficaces.

La turbine sur un arbre unique pour une économie optimale Outre notre nouvelle turbine à gaz et notre turbine à vapeur haute température, nous avons également élaboré un concept général qui répond, de manière efficace, aux exigences les plus pointues en matière de versatilité, sans pour autant compromettre l’efficacité énergétique et la sobriété de la technologie utilisée. Cette solution s’appuie sur un système à une ligne d’arbres extrêmement efficace que nos ingénieurs ont élaboré, au début des années 90, et qui a ensuite été intégré avec grand succès dans la classe F avec la centrale SCC5-4000F 1S dont on compte actuellement environ 100 unités en exploitaLe Journal des Ingénieurs n°133 - Septembre-octobre 2011


Energie tion commerciale. Le principe de cette technologie qui rassemble la turbine à gaz, le générateur, le système d’accouplement et la turbine à vapeur sur un arbre unique reste, à ce jour, inchangé car il continue à garantir à nos clients un niveau d’économie optimal, en même temps qu’une flexibilité opérationnelle et financière irréprochable. Au concept d’origine, nous avons intégré, en outre, tous les grands éléments susceptibles d’améliorer la versatilité du système : optimisation du jeu hydraulique, la chaudière Benson, un dispositif de démarrage rapide et d’autres fonctions destinées à améliorer la flexibilité. En outre, nous avons aussi veillé à respecter certaines contraintes spécifiques du réseau et concernant l’îlotage.

Figure 5 : Schéma d’un générateur de vapeur à récupération de chaleur (GVRC) de type BensonTM ©Siemens AG

Sans conséquence sur l’économie et la versatilité du système Un autre composant essentiel a été retenu, en plus de « l’élément en rotation », à savoir le Générateur de vapeur à récupération de chaleur (GVRC), de type Benson, qui permet de viser des critères élevés de production de vapeur. Étant donné la valeur stratégique de ce composant, en vue d’optimiser l’efficacité et la flexibilité, nous avons décidé de le concevoir et de le fabriquer nous-mêmes à partir de notre expérience acquise sur nos anciennes chaudières. Pour atteindre cet objectif d’efficacité, nous avons également renforcé les paramètres du processus du cycle eau-vapeur et nous faisons appel à des matériaux avancés pour fabriquer les composants du cycle. La chaudière utilisée est une référence dans cette technologie également vis-à-vis des autres grands paramètres. Si l’on ajoute à cela la turbine à gaz et à vapeur haute température, on obtient un cycle de processus largement plus puissant et efficace sans conséquences sur l’économie et la versatilité du système. Cela nous ramène aux fondamentaux de la mise en service et de la performance d’exploitation. À la suite de la reconversion d’une unité en centrale à cycle combiné qui s’est déroulée sans anicroche, dans un délai pourtant serré de seulement 16 mois, nous avons rallumé la turbine à gaz pour la première fois, dans sa nouvelle configuration, début janvier, et mis en route la turbine à vapeur à peine quelques semaines plus tard. Quelques jours plus tard, en mars, nous avons pu faire fonctionner la centrale à sa puissance de base, pour la première fois. Les autres opérations de mise en service entreprises consécutivement ont consisté en des tests destinés à valider la performance de nos composants et du cycle dans sa totalité, à apporter la preuve de la versatilité de l’unité dans sa capacité à répondre aux exigences les plus fortes du réseau – mais aussi à optimiser les temps de

démarrage et la baisse de charge – et à vérifier son rendement et son efficacité.

Une première dans l’Histoire Après la réalisation de tous les tests prévus, la centrale a été mise à niveau, dans le respect des conditions de garantie définies de manière contractuelle avec l’exploitant, E.ON. On notera que toutes les valeurs définies par la garantie, en 2005, et renforcées à nouveau, en 2008, sont respectées et même dépassées, en termes de rendement, d’efficacité, d’émissions et de temps de démarrage. Nous pouvons donc affirmer, après vérification par E.ON, que cette centrale est la première, dans l’histoire de la production d’énergie, à pouvoir atteindre un rendement électrique net supérieur à 60,4 %, tout en garantissant un rendement unitaire supérieur à 550 MW avec une seule turbine à gaz, un générateur et une turbine à vapeur. Une telle efficacité constitue, nous l’avons vu, non seu-

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Figure 6 : Démarrage à chaud en moins de 30 minutes grâce à la fonction FACYTM – © Siemens AG

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Energie Figure 7 : Réduction rapide de la puissance, en moins de 30 minutes, grâce à la fonction FACYTM © Siemens AG

lement un record du monde supplémentaire, mais elle fait de cette centrale un exemple à suivre en matière de compatibilité environnementale en ce qui concerne les rejets de CO2, d’oxyde d’azote et de monoxyde de carbone. Non seulement nous avons décroché un record du monde, mais nous avons, dans le même temps, construit une centrale d’une incroyable flexibilité. Outre les améliorations apportées à la turbine à gaz que nous avons conçue sans refroidissement de vapeur et sans refroidisseurs d’air extérieurs, nous avons aussi intégré des fonctions déjà existantes sur le SCC5-4000F 1S, sous le nom de FACY, afin de nous donner les moyens d’atteindre la flexibilité spécifique que nous recherchons.

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« Fast Starting and Cycling » Figure 8 : Variations de charge de plus de 200 MW en moins de 7 minutes Différents gradients de charge ont été testé avec succès pour un système de fonctionnement stable. ©Siemens AG

L’un des facteurs essentiels pour la flexibilité de la centrale électrique, dans les conditions de marché que nous avons évoquées, est le délai de « démarrage à chaud » qui survient généralement après 6 à 8 heures de découplage, tôt le matin, au moment où la demande

du réseau recommence à décoller. Nous avons démontré ici que, grâce à la fonction FACY (Fast Starting and Cycling), il est très facile de relancer la centrale toute entière, à pleine puissance, avec une grande fiabilité en moins de 30 minutes. Tout aussi important est l’impératif inverse, à savoir la nécessité de réduire la puissance de la centrale, parfois très rapidement en cas de perturbation soudaine à l’intérieur du réseau ou de pic de puissance des générateurs éoliens ou solaires. Là encore, nous sommes en mesure de prouver que l’activité de notre centrale pourra être ralentie jusqu’à une charge minimum voire jusqu’à zéro en moins de 30 minutes. Malgré sa taille record unique au monde, notre centrale peut, en cas de besoin, fonctionner de manière stable autour de 100 MW, c’est-à-dire à moins de 20 % de sa puissance de sortie nominale totale, en mode de cycle combiné avec une efficacité égale à celle des centrales de pointe (à circuit ouvert) traditionnelles. Cela montre l’extrême efficacité du système à charge basse, intermédiaire et de pointe.

Réponses très rapides, stabilité et flexibilité Pour montrer notre capacité à répondre rapidement aux aléas de la demande exigeant des variations de puissance plus ou moins grandes, nous avons testé des systèmes de variation en puissance, et les résultats obtenus indiquent que là encore, notre centrale est capable d’atteindre des taux de variation de crêtes jusqu’à 35 MW/min avec une stabilité remarquable. Les opérateurs de petits réseaux parfois en quasi îlotage comme cela peut être le cas au Royaume Uni ou à Singapour ont des exigences très spécifiques en termes de stabilité du réseau. Des tests effectués conformément Le Journal des Ingénieurs n°133 - Septembre-octobre 2011


Energie au « UK Grid Code Frequency Response » (réponse en fréquence du code du réseau britannique) ont montré que nous pouvons utiliser dans cette centrale les éléments déjà installés et commercialement exploités dans les centrales à cycle combiné de classe F, ce qui nous permettra d’obtenir des résultats supérieurs aux exigences pour des valeurs de 64 MW, en 10 secondes. Un autre test imposé par le « UK Grid Code » exige une baisse de charge de 45 % pour une exploitation stable permanente, afin de s’adapter aux augmentations de fréquence rapides qui peuvent survenir du fait de l’introduction de hautes puissances fournies par d’autres sources, mais aussi de la déconnexion de charges importantes. Dans un tel cas, notre centrale est également capable de réduire sa puissance de 250 MW, en moins de 6 secondes, tout en continuant à assurer un fonctionnement stable, comme l’exige le type de demande du réseau considéré.

Figure 9 : Absorption d’une chute de charge en 6 seconde avec maintien d’un fonctionnement stable de la centrale © Siemens AG

lance des observateurs de l’expert indépendant TÜV, le potentiel de la centrale dans cette configuration, en vue d’une intégration à différents projets commerciaux d’avenir. Si l’on observe ces résultats, maintenant acquis, Réduire significatiNous avons réussi à dans une logique de respect vement l’ematteindre une puissance de l’environnement, il appade sortie de 578 MW, avec preinte du carbone raît clairement que l’introune efficacité (nette) Voici les résultats de nos duction de cette technoloremarquable de 60,75 %. tentatives de « record du gie dans des marchés monde » dans lesquelles comptant de gros émetnous avons fait fonctionner et testé notre teurs de CO2 permettra de réduire de centrale dans les conditions de fonctionne- manière significative l’empreinte de CO2 du ment prévues par ses concepteurs. Ces expé- client dans la région considérée. riences ont permis d’établir, sous la surveil-

(*) Lothar Balling est Ingénieur et Directeur de GT Power Plant Solutions pour le groupe industriel Siemens - Division Fossil Power Generation du département Siemens Energy.

« Une technologie à semi-maturité, déjà très rentable ! » Ir. André Bouffioux : L'énergie est l'un des quatre grands piliers de notre société, aux côtés de l'industrie, du médical (healthcare) et de « Infrastructures and Cities ». Nous sommes également un grand acteur au niveau énergétique, en Belgique. Nous avons d'ailleurs réalisé plusieurs projets. Le problème énergétique est assez complexe car nous sommes toujours « netto » importateur d'énergie, cela veut dire que nous achetons l'énergie à nos voisins ainsi qu'à d'autres pays. En plus, nous avons un effort à fournir en matière d'énergie verte, secteur que nous devons développer. À cet égard, nous avons lancé, en Belgique, le projet « Volt-Air », parmi d'autres. Également, avec la SNCB, nous avons élaboré des stratégies visant à accroître l'utilisation des trains par les usagers. Par ailleurs, nous avons développé un projet d'énergies renouvelables : réseaux intelligents, infrastructures de chargement intelligentes et un centre de contrôle où nous pouvons mesurer l'efficacité énergétique de nos clients, ainsi que de leurs voitures électriques et en assurer, dans le même temps, un monitoring assez précis. Nous élaborons, en outre, des projets d'« energy saving », de réduction de la consommation de l'énergie. Le problème n'étant pas de les réduire mais bien de maintenir les réductions d'énergie. Pour ce faire, nous disposons de systèmes de monitoring performants. Dans le futur, plus il y a aura d'énergies renouvelables, plus la production d'énergie sera aléatoire. En outre, il faudra disposer de réseaux intelligents. De plus, il faudra compenser le manque de vent et de soleil par des centrales qui n'ont pas seulement

un rendement élevé, comme celle d'Irsching, mais aussi qui présentent des temps de démarrage et d'arrêt très courts. Vis-à-vis de cette flexibilité, Siemens est à la pointe de la technologie, que ce soit dans les turbines gaz-vapeur (TGV) ou dans les centrales classiques. Dans le domaine de l'énergie, comme dans toute autre technologie, il y en a qui sont à maturité et d'autres qui sont en pleine expansion, en plein développement. La centrale d'Irsching est plutôt une technologie à semi-maturité, où l'amélioration technologique se mesure dans l'accroissement des rendements et de l'efficacité de la centrale. Nous sommes aujourd'hui à un rendement de plus de 60 %, à Irsching, ce qui est tout de même un résultat énorme. À présent, il faut mettre l'ensemble du problème énergétique sur la table. Pour ce faire, nous allons avoir besoin, en Belgique, de plusieurs centrales pour compenser les fluctuations sur le réseau et aussi pour pouvoir facilement arrêter et démarrer ce type de centrales. Plus il y aura de l'énergie renouvelable, plus ce nouveau type de centrale sera indispensable. Nous avons déjà plusieurs réalisations « qui tournent », à notre actif, en Belgique. Partout où cela est rentable, il est possible d'installer une centrale TGV avec des partenaires. Comme c'est d'ailleurs le cas avec le producteur de papier, Burgo Ardennes, parmi tant d'autres. Propos recueillis par Pascal-P. Delizée Le Journal des Ingénieurs n°133 - Septembre-octobre 2011

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Energie Entretien avec Ir. André Bouffioux, CEO de Siemens Belgique-Luxembourg

« Le manque d'ingénieurs est un problème sociétal ! » Ir. André Bouffioux (AB) : – En Belgique, il faut que le communautaire ne pollue pas et que l'on reste bien concentré sur les tâches socio-économiques. Parce que la force de la Belgique, c'est d'être quadrilingue, c'est que nos genres soient culturellement diversifiés. J'ai moi-même cette force. En effet, je suis de parents wallons, né à Anvers, marié à une épouse francophone, ayant accompli toutes mes études en flamand. Quant à ma sœur, elle est née en Flandre, mariée à un flamand. Quand toute la famille est à table, cela représente une belle mixité culturelle. Le Journal des Ingénieurs (JI) : – Comment expliquez-vous le manque d'engouement actuel pour la profession d'ingénieur ?

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Figure 10 : Des moyens exceptionnels ont été mis en œuvre pour amener la turbine SGT58000H (444 t) à Irsching 4. ©Siemens AG

AB : – On n'a, peut-être, pas volontairement découragé mais on n’a pas, en tout cas, favorisé la profession. Je m'en explique... Il y a vingt ans, les études techniques menaient directement à des postes de management et à responsabilités, en ce qui concerne surtout les ingénieurs civils et industriels. Aujourd'hui, on assiste à une concurrence au niveau des postes supérieurs, entre les ingénieurs – ou autres professions « techniques » –, les diplômés en sciences économiques et les juristes. En effet, ceux-ci accèdent actuellement à des postes à hautes res-

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ponsabilités. D'autre part, du point de vue de la rémunération, la plupart des ingénieurs se retrouve dans la section « cadres ». Or, il faut tout de même souligner qu'en Belgique les cadres sont saignés à blanc du point de vue de la fiscalité et que, à l'heure d'aujourd'hui, la fiscalité est tueuse d'emplois et tueuse d'innovation. La différence entre le net et le brut, ajoutée à la différence entre argent de poche et ce que l'employeur doit payer n'est pas assez grande, par rapport à d'autres professions, par rapport à d'autres besoins. JI : – Vous affirmez que le manque d'ingénieurs est un problème sociétal... AB : – Exactement. Dans le sens où toute innovation est technique et technologique ou n'est pas. À ma connaissance, des services, à eux seuls, ne font pas d'innovation au niveau de la transformation de matières au niveau de l'accroissement de la richesse. En fait, vous avez, tout d'abord, une transformation au niveau de l'industrie qui accroît vraiment la richesse. Puis, vous avez les banquiers qui gèrent l'argent de cette usine, les assureurs qui assurent, les juristes qui gèrent les conflits et tout un monde de services autour. Mais, il est bien clair que sans industrie qui augmente la valeur ajoutée, il n'y a naturellement pas de services.

« Tout ce que nous payons à l'État est au détriment de l'innovation technologique, d'où d'inévitables délocalisations... » AB : – Chaque personne agit comme un « homo economicus ». Cela veut dire qu'il essaie d'acheter au meilleur rapport qualité/prix. C'est pareil pour les usines, pour la production. En effet, on essaie de produire là où le rapport qualité/prix est optimal. Si vous allez dans un magasin, êtes-vous prêt à


Energie payer 10 ou 15 % en plus parce que le produit a été fabriqué à deux pas de chez vous ou parce qu'il vient d'Asie ? D'un point de vue statistique, la réponse est « non ». Dès lors, si nous voulons rester compétitifs et, à la fois, être plus chers dans nos coûts, nous allons devoir compenser cela par une productivité supérieure. Dans certains domaines, nous avons encore une avance en productivité. Mais, plus la technologie est affirmée et mature, plus il est difficile d'avoir cette avance au niveau de la productivité. Donc, si vous voulez avoir une industrie florissante dans un pays, vous avez besoin de réunir quatre facteurs essentiels : une position de coûts avantageuse – or, le coût de ma main-d’œuvre, en Belgique est élevé (!) –, un marché – or, le marché actuel de la Belgique n'est pas en croissance, il s'agit plutôt d'un marché de renouvellement tant qu'il n'y a pas de technologies révolutionnaires qui changent la donne –, d'appareils (État, financiers, banques, assureurs...) qui fonctionnent – or, chacun sait que notre système est trop onéreux et qu'il coûte trop cher par rapport à nos voisins, et que cet argent que nous consacrons à l'État ne peut pas être consacré à l'innovation et la technologie modernes. Ces facteurs font que nous sommes en permanence moins concurrentiels que d'autres pays de la Communauté européenne, comme la Hongrie ou la Roumanie. Et ce que nous ne pouvons pas compenser au niveau coûts, nous devons le compenser en productivité. Et là où la balance est en équilibre, vous allez observer des délocalisations. Cela veut dire que le monde économique, dans son ensemble planétaire, va produire là où c'est le plus avantageux pour lui, tout comme le consommateur achète là où c'est le plus avantageux pour lui. JI : – Vous dites : une société qui pense à l'avenir doit investir dans ses ingénieurs... AB : – Un nouveau marché se profile à l'horizon : l'« économie verte ». Même si ce mot a été usurpé, on va bien vite se rendre compte que si on veut maintenir notre qualité de vie, dans son ensemble, il va falloir trouver quelques solutions à certains problèmes fondamentaux. Parmi ces problèmes, j'épingle l'urbanisation. En effet, la Belgique est une grande ville avec ses soucis de transport, de communications, de pollution, de CO2, d'agrément de vie et autres. Il y a aussi la démographie. Certes, notre immigration ne croît plus mais nous connaissons tout de même une immigration assez importante et une population qui va vieillir avec une demande d'espérance de vie de plus en plus importante. Les soins de santé vont donc être plus importants. D'autre part, nous sommes confrontés à un problème de compétition internationale et d'autres peuvent inonder notre marché avec des produits qui sont fabriqués ailleurs, peut-être moins chers pour une qualité égale. Et les solutions à ces

problèmes vont devoir venir de la technologie. Or, pour mémoire, toute innovation est technologique ou n'est pas. Et ces technologies nécessiteront des ingénieurs. Donc, une société qui pense à l'avenir doit investir dans ses ingénieurs, se doit de donner le goût pour la science et de proposer une rémunération adéquate, une fois que des citoyens ont consenti l'effort de devenir ingénieurs pour pouvoir tirer la société technologiquement vers le haut. Et donner des réponses à l'économie verte. Mais, il est bien clair que ce n'est pas avec « flower power » qu'on va résoudre les problèmes du monde de demain. Mais, c'est en travaillant et en mettant en œuvre des idées créatives. JI : – Vous soulignez, à juste titre, les atouts de l'ingénieur belge... AB : – Je pense que l'enseignement, en Belgique, est de qualité. J'ai tout de même travaillé pendant 12 ans à l'étranger et j'ai pu constater que l'ingénieur belge était apprécié, pour ses qualités techniques et technologiques, mais aussi pour ses qualités culturelles, d'intégration et de diversité inhérentes et propres à notre pays. Le fait d'avoir plusieurs communautés, de parler plusieurs langues – nous sommes, en effet, souvent quadrilingues –, nous donne quand même un avantage énorme, avec cette touche de diplomatie à la belge, par rapport à d'autres nations qui sont, disons-le, un peu plus carrées. Aucun autre pays ne peut vivre plus d'un an sans gouvernement, ce qui prouve, si besoin est, la maturité de notre population, ce qui montre vraiment la responsabilité de la population vis-à-vis de la situation actuelle.

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En Belgique, il faut mettre en œuvre, dès à présent, un plan de restructuration à l'échelle de l'État. Pour accroître son efficacité et développer une nouvelle stratégie de développement. JI : – Vous dites : la notoriété de l'ingénieur belge n'a pas de frontières... AB : – Les centres de compétences techniques de Siemens passent largement au-delà des frontières belges. Par exemple, nous réalisons des lignes de traitement de surface, en sidérurgie, partout dans le monde, avec nos équipes belges, la plus grande ligne en la matière se situant en Chine. Nous disposons également de centres de compétences dans le Maghreb, dans le domaine du transport de l'eau. À partir de la Belgique, nous servons la France, grâce à notre centre de compétences dans le domaine du papier. Je le souligne : les compétences de nos techniciens sont reconnues mondialement. Néanmoins, ces dernières années, nous connaissons, au niveau de la Belgique, des problèmes de compétitivité, en matière de coût, par rapport à l'Allemagne. Propos recueillis par Pascal-P. Delizée

Ir. André Bouffioux a obtenu son diplôme d’Ingénieur civil en électronique à l’Université de Gand, en 1984. L’année suivante, il a suivi des cours de gestion des entreprises à l’UCL (Louvain-la-Neuve). En 1996, il a entrepris des études en gestion des entreprises à l’EPM (Enterprise for Perfection in Management), à Wavre, où il reçut, en 1999, le Prix du « Manager de l’année 1999 ». Ir. Bouffioux entame sa carrière chez Siemens, en 1986, en qualité de stagiaire. Depuis 2008, il n’est autre que le CEO de Siemens BeLux.

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Le but de l'auteur est de sauvegarder le savoir ancestral des populations locales en matière d'identification et d'exploitation des ressources alimentaires naturelles. C'est à l'avenir de ces populations qu'il pense quand il espère « participer à la mise en place d'un développement humain harmonieux s'intégrant dans une politique respectueuse de l'environnement ». Tout au long de l'ouvrage, l'auteur confronte ses observations personnelles et ses résultats de recherche et d'enquêtes aux connaissances publiées à ce jour sur les produits sauvages consommés en Afrique intertropicale, dont il a effectué une compilation minutieuse. Le souci d'exactitude et d'exhaustivité dont témoignent les matières traitées, les tableaux détaillés, les nomenclatures latine et vernaculaire, l'abondante bibliographie, fait de cet ouvrage un livre de référence pour les spécialistes (écologistes, systématiciens, nutritionnistes), tandis que les nombreuses illustrations en couleurs, le texte concis et accessible attireront un public plus large dont les connaissances en ethnobiologie se trouveront singulièrement enrichies. Enfin, les « aménagistes » y trouveront la suggestion de pistes originales et prometteuses.

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In the Miombo ecoregion (2,865,000 km² or 9.1% of Africa), the Zambezian open forest constitutes the main vegetation unit. It extends to no less than eight countries, from Burundi in the North to South Africa in the South, and from Angola in the West to Mozambique in the East. The austral part of Africa’s open forests falls within the Zambezian Regional Center of Endemism outlined by White in 1983. This book focuses mainly on the wetter Zambezian Miombo woodlands. Also patches of mosaic Zambezian dry evergreen forests and small areas of grasslands on Kalahari sands are incorporated in the study. The aim of this book is to gather together the amazing local environment knowledge of Zambezian open forests peoples in order to permit an easier improvement of their well-being. This research has been developed in an ethno ecological way of thinking. Indeed, the synergy arising from putting together local knowledge and updated ecological research provides huge information on ecosystem management, including biodiversity aspects. Ethno ecology is an emergent field that focuses on local peoples’ perception and management of complex and co-evolved relationships between the cultural, ecological, and economic components of anthropogenic and natural ecosystems. In the present book, the Zambezian wild edible products are treated according to fourteen items (from fungi, plants and honey, to beverages and salt, through mammals, birds, fish, insects and other animals). Some other comments concern agriculture and ethno ecology. All together more than a thousand edible products are involved; their ecology, their phenology, as well as their nutritional values are presented and discussed. The iconography is supported by a CD with 387 color photographs. The earlier French version of 1997 has been reviewed and enlarged, taking into account recent progress of knowledge. An important bibliography is presented.

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Rencontre

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Zoom sur quelques proje Impossible de décrire en quelques pages toutes les activités de l’asbl Aide au Développement Gembloux (ADG). Nous vous proposons de « zoomer » sur quelques projets, grands ou plus petits. Nous y joignons des témoignages de bénéficiaires. Soutien de coopératives au Sénégal, parce qu’ensemble on est plus fort Au Sénégal, plus de 70 % de la population vit de l’agriculture, très souvent dans des conditions précaires. Le monde rural est organisé en petites exploitations familiales qui sont victimes de la crise mondiale. Les difficultés sont liées notamment à la baisse des prix des denrées destinées à l’exportation (arachides, coton, canne à sucre), à l’accès difficile à la terre et aux intrants (semences, engrais, équipements…). S’y ajoutent le changement climatique et la dégradation des sols. Les familles paysannes sont de plus en plus endettées. Face aux échéances d’un emprunt agricole à rembourser, à une maladie, à un minerval scolaire, elles sont amenées à brader leurs récoltes. Leurs revenus ne cessent de s’affaiblir et elles ont du mal à assurer leurs besoins vitaux en eau potable, soins de santé, scolarité, électricité…

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Ces familles désirent produire plus et mieux et vendre à un prix plus juste. Pour les aider à relever ces défis, des organisations paysannes les accompagnent aux niveaux technique, économique et politique.

Figure 1 : Grâce au soutien d’ADG, des groupements de femmes du RESOPP ont pu s’équiper de moulins à mil et installer des poulaillers.

Depuis 2006, ADG soutient le Réseau des Organisations Paysannes et Pastorales du Sénégal et l’accès aux services sociaux de base. Les 35.000 membres bénéficient d’un encadrement rapproché, peuvent se procurer des semences et des équipements de qualité à des prix compétitifs et commercialiser leur production dans des conditions favorables.

Des fonds de développement locaux ont également été mis en place avec ADG depuis 2006. Ils permettent de financer des projets d’intérêt public ou communautaire, en collaboration avec les communautés rurales et la population qui décident ensemble des projets prioritaires. Ces fonds ont permis d’améliorer par exemple l’accès à l’eau par la réhabilitation de réseaux d’adduction. La santé est une autre priorité : construction de maternités, soutien aux programmes de vaccination et sensibilisations au paludisme, à la tuberculose, au sida… Des classes ont été construites, de même que des foyers de jeunes. Grâce au soutien d’ADG, des groupements de femmes du RESOPP ont pu construire des unités de transformation de leurs produits agricoles, comme des moulins pour ne plus passer des heures à piler le mil qui est la base de l’alimentation locale. Elles ont créé des caisses de solidarité, mis en place des poulaillers... Produire des légumes pour vivre mieux au Cambodge Au Cambodge, les activités économiques du pays comme le textile (vêtements et chaussures) ou le tourisme se développent bien depuis le début des années 2000, mais les 7/10 des habitants vivent d’une petite agriculture familiale de subsistance, axée sur le riz. L’agriculture est vulnérable aux aléas climatiques, la productivité est basse, les supports gouvernementaux sont insuffisants. ADG mène deux projets au Cambodge. Le projet intitulé Facilité alimentaire vise plus de 3.300 familles de la province de Kompong Speu à proximité de la capitale Phnom Penh. Les agriculteurs reçoivent une formation en riziculture intensive et un encadrement pour une production de légumes qui permet de mieux nourrir la famille et de vendre les surplus. « Bien que sceptique au début, j’ai été attiré par le système de riziculture intensive proposé par ADG car la méthode ne demandait presque pas d’intrants extérieurs et à la récolte, j’ai obtenu presque 4 tonnes, contre un peu plus de 2 tonnes auparavant » confie Chhoum Nath, riziculteur. Le second projet d’ADG au Cambodge comporte 3 composantes. La première est l’appui à des organisations paysannes et à leurs membres pour développer leurs productions de riz biologique, de légumes, de poulets fermiers, de sucre de palme ou de feuilles de mûrier pour l’élevage du ver à soie dorée. Le deuxième axe de travail est le renforcement de l’unité de commercialisation du PeriUrban Agricultural Centre, une coopérative agricole créée lors d’un précédent projet. La troisième composante est l’amélioration des services offerts par une fédération paysanne regroupant diverses organisations dans le pays. Ce


Rencontre

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ts d’ADG projet concerne plus de 4.000 familles réparties sur tout le territoire national, avec une concentration dans 5 provinces (deux au sud et trois au nord-ouest). Comme au Sénégal, ADG focalise donc son action, outre l’appui technique, sur le développement et l’implication des petits producteurs dans la prise en charge de leur avenir par leur regroupement en structures collectives. C’est particulièrement important dans ce pays qui a souffert sous le régime des Khmers rouges de la négation de toute démocratie, de la destruction de son enseignement, puis d’une corruption tentaculaire… Le fonctionnement de la coopérative maraîchère de Kompong Speu par exemple n’est pas facile tous les jours, nous confie le fermier qui la préside. « Nous apprenons, à notre manière, de nos erreurs », reconnaît Long Vantha. « On essaye et on rate un peu, mais cela nous renforce. La coopérative doit vendre plus pour survivre, cela se fera dans le futur proche, je le promets ». Enfin, comme dans les Andes, les deux projets proposent des alternatives pour diminuer les coûts de production et l’impact sur l’environnement, notamment par la réduction de la dépendance aux intrants achetés dans le commerce (engrais, produits phytosanitaires). Enfin, l’organisation de la commercialisation en circuit court (magasin au centre ville à Phnom Penh et vente à domicile aux hôtels, restaurants et particuliers) apporte une plusvalue importante dont bénéficient les familles paysannes. Des serres originales dans l’Altiplano bolivien Dans la région andine où l’ONG est présente depuis 1999, un programme de développement se déploie au Pérou et en Bolivie, en partenariat avec des organisations locales. Le programme comporte 4 axes d’intervention : l’alimentation saine, l’agroécologie, la promotion d’espaces de dialogue entre acteurs du monde rural et l’appui à l’élaboration de politiques favorables à l’agriculture familiale, à la souveraineté alimentaire et au développement local.

club féminin et d’une école tournaisienne pour construire des serres originales (figure 3 : murs traditionnels en terre et bâche plastique), promouvoir la production de légumes, développer la production de quinoa biologique, améliorer le stockage de la pomme de terre et organiser la commercialisation conjointe de quinoa, de pomme de terre et des excédents de légumes. Une partie des serres sont construites dans les écoles et ce sont les élèves, aidés par leur instituteur et le comité des parents, qui y cultivent des légumes. Cela permet de leur fournir un bon repas équilibré, car dans l’Altiplano comme dans beaucoup de pays pauvres, paradoxalement, les agriculteurs et leurs familles souffrent souvent de malnutrition. Le surplus de légumes est distribué aux familles ou vendu. « Les légumes récoltés sont aussi une base pour l’enseignement en classe avec des thèmes comme la biologie et la nutrition. », explique un instituteur, « Le comité des parents aide aussi pour la préparation et à chaque fois, on rappelle la valeur nutritionnelle de chaque aliment ». Les autorités locales ont beaucoup apprécié ce projet et maintenant, elles développent et financent d’autres serres dans des écoles des villages voisins. L’ONG ADG n’en est pas peu fière.

En Bolivie, l’altiplano est la région la plus pauvre et l’espérance de vie y est inférieure à 50 ans. Les familles paysannes vivent traditionnellement du quinoa, une (fausse) céréale typique très riche en protéines, de la pomme de terre et de l’élevage du lama et du mouton. Le climat est très rude (il gèle plus de la moitié de l’année et nos températures semblent très élevées en comparaison), les sols sont sableux et souvent gorgés de sels et la région très aride est soumise à des vents violents. ADG seconde l’Asociación de Promotores de Salud de Área Rural avec l’aide de la Coopération belge mais aussi d’un service

Figure 3 : Sous le climat rude de l’Altiplano, les serres permettent aux écoliers aidés de leur instituteur, de la technicienne de ADG et de quelques mamans de cultiver des légumes pour des repas équilibrés à l’école.

Figure 2 : Grâce au jardin potager qu’elle cultive maintenant, cette agricultrice n’a rien dépensé cette année pour les achats de légumes de sa famille et a pu vendre une bonne partie de sa production.

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Rencontre

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Le Journal des Ingénieurs a rencontré Ir. Guy Mergeai, Président d’ADG Le Journal des Ingénieurs (JI) : – ADG a eu 25 ans le 5 août dernier. Comment a été créée cette ONG ? Ir. Guy Mergeai (GM) : – La naissance d’ADG (Aide au Développement Gembloux) se situe dans le contexte d’un grand élan de solidarité internationale vis-à-vis des populations de la corne de l’Afrique touchées en 1986 par une famine catastrophique. Tragiquement, cette partie du monde est à nouveau frappée aujourd’hui par la famine. Le recteur de la faculté de Gembloux, à l’époque Albert Ledent, avait soutenu la création d’une organisation qui témoignerait de l’importance accordée par les agronomes de Gembloux au développement des pays du Sud. JI : – Quels sont les objectifs d’ADG ?

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GM : – Compte tenu des spécificités de la Faculté et des autres institutions constituant aujourd’hui l’agrobiopôle gembloutois, trois objectifs essentiels se sont imposés naturellement aux fondateurs d’ADG : améliorer les conditions de vie des populations défavorisées des pays du Sud en mobilisant les compétences existant au niveau de Gembloux, permettre aux jeunes souhaitant travailler outre-mer d’y acquérir une première expérience professionnelle et sensibiliser les populations du Nord à la problématique du développement des pays du Sud. Ce sont toujours les principales missions d’ADG aujourd’hui. JI : – Quelle est la structure d’ADG ? GM : – ADG emploie actuellement sur le terrain plus d’une soixantaine de personnes originaires du Sud et une quinzaine d’équivalents temps plein européens. Parmi ces derniers, 9 personnes travaillent à Gembloux où elles gèrent un budget annuel qui dépasse à présent les 3.000.000 d’euros par an. ADG est pilotée par un conseil d’administration com-

posé de bénévoles que j’ai l’honneur de présider depuis mars 2000. JI : – Où travaille ADG ? GM : – Les premiers projets d’ADG ont concerné le Rwanda, le Burundi et la RD du Congo. Nous avons eu également des projets au Guatemala, au Laos, au Venezuela, au Sri Lanka… Aujourd’hui, ADG concentre ses activités en Bolivie et au Pérou, au Cambodge et au Sénégal, outre les activités pédagogiques et de sensibilisation chez nous. ADG a installé deux bureaux de coordination régionale : un basé à Lima pour les pays de la zone andine, et un bureau basé à Thiès au Sénégal pour les pays d’Afrique de l’Ouest. Ces bureaux de coordination permettent d’acquérir une bonne connaissance du terrain et de nouer des partenariats solides avec des organisations locales, en prenant le temps d’apprécier leurs compétences, leur fiabilité, leur engagement pour le développement, leur complémentarité avec ADG et leurs besoins pour devenir plus efficaces. ADG mène en effet toujours ses projets avec des partenaires locaux. JI : – Quel est le plus gros projet d’ADG en ce moment ? GM : – Au Sénégal, ADG gère un Programme d’Appui à la Souveraineté Alimentaire et d’Accompagnement d’un Mouvement d’Économie Sociale, Coopérativiste et Communautaire. Il est financé par le Fonds belge de Survie et cofinancé partiellement par une ONG autrichienne. Le but principal de ce projet est d’améliorer la sécurité alimentaire des populations rurale du Sénégal via le soutien à des coopératives de services agricoles regroupées au sein d’un réseau. Les six coopératives encadrées comptent actuellement environ 35.000 membres, ce qui représente un total de plus de 250.000 personnes touchées sur 6 départements, soit près de 5 % de la population rurale sénégalaise. JI : – Ce 25e anniversaire est un moment adéquat pour faire le bilan des activités menées par ADG. GM : – Depuis sa création, ADG a été impliqué dans la réalisation de près de 30 projets de développement dans le Sud et a permis à plus de 25 jeunes diplômés, en très grande majo-

LA SOLIDARITÉ, CʼEST LʼAFFAIRE DE TOUS! Pour continuer à mener à bien nos actions et assurer nos engagements, nous avons besoin de vous! Compte dons: BE04 5230 8027 2831 (banque Triodos - code TRIO BE BB) Tout don supérieur ou égal à 40 euros fera lʼobjet dʼune déduction fiscale. ADG est membre de lʼAssociation pour une Ethique dans la Récolte de Fonds. Nous respectons la loi du 8/12/1992 sur la vie privée. Nos comptes et lʼutilisation de nos fonds sont vérifiés chaque année par un réviseur. Ils sont disponibles sur simple demande ou via notre site Internet.


Rencontre

Ingénieurs mag - 10/2011 rité issus de la Faculté des Sciences agronomiques devenue Gembloux Agro-Bio Tech au sein de l’Université de Liège (GxABT-ULg), d’acquérir une première expérience professionnelle. À partir de 1999, ADG a encadré plus de 90 stages, soit un peu moins de dix stages par an, dans ses différents projets outremer pour des étudiants d’institutions belges et européennes. Au cours de la même période, plus de 350 stagiaires provenant du Sud ont été formés par ADG à Gembloux et outremer. JI : – Qu’est-ce qui vous mobilise, vous, pour agir au travers d’ADG ? GM : – Le maintien d’un tiers des habitants du monde dans des conditions d’extrême pauvreté risque de se traduire à terme par la transformation du désespoir de ces populations en actes de violence aveugle à l’égard des nantis que nous sommes. Sans doute autant, sinon plus, que les considérations morales qui devraient nous pousser tous à être plus solidaires par rapport au sort des habitants des régions les plus pauvres de notre planète, les problèmes sociaux, politiques et éthiques que posent à nos sociétés l’arrivée massive d’immigrants clandestins, mettent en exergue la nécessité de trouver des solutions durables aux problèmes du sous-développement. ADG a choisi de relever ce défi.

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JI : – En quoi ADG est-elle une ONG particulièrement compétente ? GM : – Les pays du Sud ont des besoins énormes en expertise de qualité pour assurer un développement rural durable. Les compétences développées au sein de GxABT-ULg sont donc particulièrement pertinentes pour contribuer à la mise en œuvre d’actions de développement dans ces parties de notre planète. ADG est sans aucun doute l’une des ONG belges qui possède le plus d’expertise concrète en matière de développement rural, d’amélioration de la sécurité alimentaire et de gestion durable de l’environnement dans les pays en développement.

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CONFERENCES CONCOURS JEUNES INVENTEURS INVENTIONS ORIGINALES

JI : – Quel est votre message à la FABI ? GM : – Si comme nous, vos membres lecteurs pensent que la solidarité est l’affaire de tous, je les invite à soutenir notre action. En tant qu’ONG, ADG doit trouver chaque année 15 à 20 % du financement nécessaire à la réalisation des activités qu’elle mène. En 1986, lors de la création de l’asbl, un courrier envoyé aux membres du personnel de la Faculté et du Centre de Recherche agronomique les invitait à faire un ordre permanent de 0,5 % de leur salaire au profit de la toute jeune asbl. Vingtcinq ans plus tard, fort de tout ce qui a été réalisé depuis lors, je me permets de réitérer cette invitation aux ingénieurs FABI en rappelant à ceux qui souhaitent aider ADG financièrement que les dons versés sont déductibles fiscalement à partir d’un montant de 40 euros sur base annuelle. Interview réalisée par Pascal-Pierre Delizée

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Le projet de barème des Ir. le paradoxe des ambitions Rétroactes Depuis plusieurs décennies, les ingénieurs universitaires de la Fonction publique disposent de salaires supérieurs à ceux des autres fonctionnaires de même niveau. Cette situation se justifie par le fait qu’ils assurent des fonctions à forte responsabilité et ont suivi un cursus universitaire particulier de haut niveau. Il en était ainsi avant la régionalisation. Il en est toujours ainsi après la régionalisation mais avec des régimes différents selon les Régions. Chaque entité régionale a en effet tout naturellement reçu l’occasion de gérer de façon responsable les salaires des différents fonctionnaires hérités du Fédéral, et de traduire cela au travers de son propre statut administratif et pécuniaire. C’est ainsi qu’en novembre 1994, la Région wallonne supprime le principe des filières de carrière – et donc celui de la carrière d’ingénieur universitaire – tout en maintenant une rémunération préférentielle commune pour les ingénieurs universitaires, médecins, pharmaciens, vétérinaires et cadres informaticiens, en les gratifiant d’une échelle spéciale liée à certains métiers.

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En juillet 2010, le Conseil d’État (CE) a cassé ce lien faute d’argumentation pour le justifier1. C’est en fait la troisième fois que le CE statue sur cette question suite à la requête déposée par deux juristes2 du Service public de Wallonie (SPW). Lors des deux premiers arrêts, le gouvernement wallon (GW) avait pris des dispositions permettant de rétablir l’échelle spéciale. À l’occasion de ce troisième arrêt du CE, le GW a souhaité mettre en place un nouveau régime pécuniaire répondant à l’avis du CE.

1

Cette décision ne concerne pas la carrière scientifique.

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Toujours les deux mêmes. Ils disposent de l’échelle spéciale.

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Cette piste ne concerne pas la carrière scientifique.

4

Il s’agit uniquement des barèmes appliqués dans les ministères. Les barèmes des OIP, trop nombreux, n’ont pas été étudiés.

5

Hors Beliris

6

Hors tout avantage en nature, hors pécule de vacances, hors primes de réussite d’examen (fédéral), hors primes de fin d’année.

7

La Région est responsable d’un patrimoine gigantesque d’infrastructures et de bâtiments ainsi que du patrimoine naturel le plus important du pays.

L’effet de cet arrêt est de réduire de 20 % le salaire brut des fonctionnaires concernés, à savoir les ingénieurs universitaires, les médecins, les vétérinaires, les pharmaciens et les cadres informaticiens. Les ingénieurs représentent 85 % de ce groupe de fonctionnaires. En décembre 2010, en attendant une solution définitive, le GW a pris des mesures provisoires pour maintenir l’échelle spéciale aux agents qui en bénéficiaient déjà. Il en résulte que les nouveaux Ir. recrutés depuis le 6 juillet 2010 sont engagés au barème de base. Le 7 juillet 2011, le ministre de la Fonction publique, Monsieur Jean-Marc Nollet, présentait au GW une note non chiffrée intitulée « Échelles spéciales. Analyse des régimes existant. Pistes de solutions. ». Et, malgré l’avis défavorable du comité stratégique des Directeurs Généraux, la plus haute instance

des Services publics de Wallonie, proposait au GW l’adoption de la piste répertoriée A.3.4 dans cette note, piste qui entérine la suppression de l’échelle spéciale sans contrepartie. Cette proposition a été retenue par le GW en sa séance du 7 juillet 20113. Analyse quantitative La FABI a dressé deux graphiques comparatifs des barèmes4 de base accordés aux ingénieurs dans les 3 régions belges et au Fédéral5 pour une carrière sans promotion sur une période de 30 ans6. Dans ces graphiques, la ligne intitulée « Région wallonne old » correspond à l’échelle spéciale et celle intitulée « Région wallonne new » correspond à la proposition retenue par le GW, hors éventuelle promotion pour emploi déclaré vacant par le comité de Direction. La figure 1 donne la valeur des salaires annuels en euros. La figure 2, plus parlante, les compare en valeurs relatives visà-vis du barème appliqué au fédéral. Le constat est déprimant pour les ingénieurs de la RW. L’échelle spéciale est : - plus ou moins équivalente au barème fédéral bien que l’intégration sur 30 ans soit défavorable à la RW ; - inférieure de 10 à 15 % au barème de la Région flamande ; - inférieure de 10 à 20 % au barème de la Région bruxelloise. La piste retenue par le GW a pour conséquence : - de réduire de 10 à 20 % le salaire de l’Ir. du SPW par rapport à celui du Fédéral ; - de rendre le salaire de l’Ir. du SPW 20 à 30 % inférieur à celui de l’Ir. de la Région flamande ; - et de 30 à 40 % inférieur à celui de l’Ir. de la Région bruxelloise. Il faut donc malheureusement conclure que : Parmi les services publics belges, la Région wallonne est celle qui offrait les barèmes les plus faibles depuis 1995. Aujourd’hui, elle envisage de creuser davantage cet écart d’une valeur de 20 % en début de carrière et de 10% en fin de carrière.

Analyse qualitative L’analyse qualitative peut porter sur 2 thèmes : - la méthode suivie pour mener au projet, le présenter et le faire accepter ; - les conséquences à court et long terme de la politique engrangée.


Barème

Ingénieurs mag - 10/2011

en Région wallonne : de la Région Les conséquences de la politique salariale du GW envers les Ir. sautent aux yeux (pourquoi pas aux yeux des membres du GW ?) et peuvent se résumer en une inquiétude pour l’avenir de la Région. La seule manière de faire face aux compétitions et aux chocs du futur – la RW a de grandes ambitions –, c’est d’enthousiasmer les générations montantes et non de décapiter tout ce qui dépasse. La pérennité de l’administration technique est mise à mal. La démotivation latente va s’accentuer entrainant une fuite des Ir. fonctionnaires vers le privé tant en début de carrière qu’en cours de celle-ci. Comment assurer valablement le maintien du service et la maintenance du patrimoine7 dans ces conditions ? Les difficultés de recrutement existantes vont s’accroître, les places seront occupées par les éléments les moins valables du marché. Comment assurer la qualité du service et relever les défis de la Déclaration de Politique Régionale et plus particulièrement du Plan Marshall 2.Vert dans ces conditions ? Partout, les gestionnaires responsables de gros projets prennent des mesures de motivation du personnel pour s’assurer de trouver les meilleurs éléments et les garder. Partout la prise de responsabilités professionnelles, particulièrement importantes dans les domaines techniques, est spécialement soutenue pour l’encourager. Les autres régions l’ont bien compris mais la RW fait l’inverse. En mesure-telle bien les conséquences ? L’ingénieur universitaire est un polytechnicien formé à plusieurs disciplines. Il peut ainsi gérer et maîtriser des dossiers de grande ampleur et en endosser la responsabilité ce qui n’est pas le cas pour toutes les formations. Ses connaissances spécifiques doivent lui donner accès à des emplois spécifiques caractérisés par des responsabilités importantes. La Région wallonne nie cette spécificité et cette responsabilité spéciale. Elle prévoit de traiter tous ses cadres de la même manière en nivelant par le bas.

Le comité stratégique des Directeurs généraux convoqué en urgence à l’initiative du secrétaire général de la RW a bien compris les enjeux. Il s’est opposé à ce projet et s’est montré favorable à la piste répertoriée A.3.5 dans la note citée au point 1. Il n’a malheureusement pas été entendu par les responsables politiques. La piste A.3.5 repositionne l’Ir. au niveau salarial antérieur. L’Ir. fonctionnaire wallon y trouverait une amélioration salariale de 20 % mais il resterait moins apprécié que l’Ir. fonctionnaire dans les autres institutions publiques. La FABI mènera prochainement des actions pour sensibiliser le GW à l’irresponsabilité sociétale de la piste A.3.4. Elle défend la piste A.3.5 bien qu’elle eût préféré une solution basée sur un cadastre des fonctions. Elle regrette qu’aucune incitation à la formation ne soit prévue.

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Bien que le premier thème puisse donner lieu à de nombreuses remarques, il ne sera pas abordé dans cet article.

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Que va devenir une civilisation qui, sous prétexte d’égalité, abat stupidement ceux qui sont capables de la faire survivre et progresser ?

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La proposition présentée au GW c’est aussi déclarer que le niveau de la formation dispensée par les facultés de sciences appliquées belges est en baisse sévère. Qu’en pensent les recteurs et doyens ?

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Event & News

Ingénieurs mag - 10/2011 La Société Européenne des Ingénieurs et des Industriels (SEII) nous annonce l’organisation des évènements suivants : Déjeuner-conférence le 30 sept. 2011

Intelligence artificielle par le Prof. Hughes Bersini Colloque International le 14 octobre 2011

Les nanotechnologies Déjeuner-conférence le 28 octobre 2011

Que s’est-il passé à Fukuhsima ? par M. Yvan Pouleur 30

Informations et inscriptions : www.seii.org

Fancy working

with a

particle

accelerator?

Séminaire interactif Méthodes de créativité pour les PME 13 octobre 2011 La créativité, c'est comme la prose de Monsieur Jourdain, toutes les PME la pratiquent sans s'en rendre compte. Mais la mise en œuvre d'outils appropriés peut rendre la génération d'idées beaucoup plus efficace. Ces outils vont des plus simples, gratuits ou presque, aux plus complexes, qui nécessitent l'appui de spécialistes. Par ailleurs, les techniques inventives ne sont rien sans un climat qui permettra de transformer les idées en innovations. L'objectif de ce séminaire "Méthodes de créativité pour les PME" est de fournir aux participants quelques pistes très concrètes qu'elles pourront s'approprier. Lieu : Sirris Rue du Bois Saint-Jean 12 - 4102 Ougrée-Seraing Prix de participation : Séminaire gratuit mais inscription obligatoire Inscription : auprès de Fabienne.windels@sirris.be tél. +32 4 361 87 57

Coachez votre équipe et parvenez à la faire évoluer... Cette formation est destinée à aider les responsables d'équipes "juniors" à développer les différentes facettes d'un manager-coach. Les points forts de cette formation : • Une co-animation avec richesse dapproches et points de vue complémentaires, encadrement plus fort. • Une détection préalable des attentes des participants quant à la formation pour un meilleur encadrement. • Un séminaire résidentiel permettant de renforcer la dynamique de groupe et léchange entre participants et animateurs. • Un groupe restreint misant sur linteractivité et la mise en situations. • Un entretien dintégration en fin de formation (entretien individuel dune heure) pour fixer les acquis et aider au transfert dans la pratique quotidienne. HEC-ULg Executive School | Centre Créapôle Liege Science Park | Allée des Noisetiers, 2 | 4031 ANGLEUR T. +32(0)4/232.73.10 | F. +32(0)4/367.83.48 hexececutiveschool@ulg.ac.be

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