Ingenieur jdi 125

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Mensuel - Novembre 2009 - Bureau de dépôt : CHARLEROI X

Photo : Woodwalker - Centrale nucléaire de Doel sur l’Escaut

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Belgique - België P.P. CHARLEROI X BC 1781

ÉNERGIE

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Le Journal des Ingénieurs Mensuel N°125 Novembre 2009

Rue Hobbema 2 - 1000 Bruxelles Tél. 02 734 75 10 - Fax 02 734 53 15 info@fabi.be - www.fabi.be ÉDITEUR Ir. Maximilien Le Begge Tous droits réservés. Reproduction et diffusion interdite par quelque moyen que ce soit, sans autorisation préalable écrite de l’éditeur. Les textes et illustrations sont publiés sous la responsabilité de leur auteur. COMITÉ DE RÉDACTION Ir. Maximilien Le Begge (rédacteur en chef) Ir. Jean Lambelé (rédacteur en chef adjoint) Pascal-Pierre Delizée (secrétaire de rédaction) Marie Montes (coordination) RÉDACTION Philippe Crêteur Pascal Delizée Ir. Olgan Durieux Ir. Vincent Gobbe Dr Ir. Benoît Haut Ir. Christian Legrand Ir. Régine Merz Ir. Alison Vincent AVEC LA COLLABORATION DE : Dr Ir. Georges Van Goethem Ir. Dominique Woitrin Ir. Dominique Corbisier Tirage : 10 000 ex. Distribution : personnalisée Édition : mensuelle, sauf janvier, juillet et août Format : 210 x 297 mm full quadri

À quoi sert la FABI ? Interrogation mille fois entendue : à quoi sert la FABI ? Nos statuts sont relativement clairs, représenter les Associations d’école auprès des autorités compétentes, défendre les intérêts professionnels et moraux des membres affiliés, promouvoir la place de l’ingénieur dans la société, définir et faire respecter des règles de déontologie et d'éthique, être à l’écoute des besoins de l’économie et notamment des entreprises, et enfin développer des activités d'information, de formation et de coordination propices au rayonnement des ingénieurs et de l'activité économique belge. Toutes les actions que la FABI mène depuis plus de 80 ans vont bien évidemment dans ce sens mais certains peuvent avoir le sentiment que nous n’en faisons pas assez, que des résultats concrets se font attendre, que cela coûte trop cher, bref que nous pouvons mieux faire. Mais faire quoi et avec quels moyens ? Actions et moyens vont de pair, si les moyens financiers sont limités, des moyens humains pourraient être mieux mobilisés auprès des Associations fédérées à deux conditions : que l’action bénévole soit limitée dans le temps et que les objectifs à atteindre soient clairs et partagés par tous. Depuis octobre, la Fabi a entamé une réflexion visant à recadrer les actions qu’elle doit mener à court et moyen terme ainsi que les moyens financiers et humains que les Associations s’engagent à

mettre à sa disposition. Actions et moyens étant indissociables. Dans un premier temps, une liste d’actions potentielles sera établie. Cette série d’actions potentielles – forcément utopique puisque les moyens disponibles ne sont pas pris en compte à ce stade – ainsi que les actions déjà mises en œuvre par la Fabi seront soumises aux Associations d’école. À elles la responsabilité de choisir parmi cette série, les actions qui ont leur priorité et de définir les moyens financiers et humains qu’elles s’engagent à mettre à disposition. Je terminerai en saluant l’excellente initiative de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique qui a créé une nouvelle classe « Technologie et Société » qui compte une importante proportion d’ingénieurs parmi ses membres. Dans une approche interdisciplinaire, la Classe Technologie et Société veut offrir des avis indépendants sur des problèmes importants liés à la recherche et à l’ingénierie et sur les choix des stratégies à adopter pour répondre aux besoins et aux aspirations de la Société. Ir. Luc Minne, Président

Sommaire

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Édito

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Nucléaire

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Fission nucléaire, aujourd’hui et demain : de la renaissance au saut technologique (Génération IV)

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La CREG, le Régulateur fédéral de l’Électricité et du Gaz

Station polaire

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Station polaire Princess Elizabeth : le concept zéro émission Dans notre supplément « Ingénieurs Mag - 11/2009 » Vos communications, events & news, infos techniques et commerciales & high level jobs - Ingénieurs, universités, hautes écoles, associations : Contact emploi : jobs@delta7.be - Contact rédactionnel : adl@delta7.be - Site : www.topbe.eu

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Nucléaire Fission nucléaire, aujourd’hui et demain : de la renaissance au saut technologique (Génération IV) par Dr Ir. Georges Van Goethem « Oui, mes amis, dit Cyrus Smith, je crois qu'un jour l'eau servira de carburant, que l'hydrogène et l'oxygène qui la constituent, utilisés seuls ou ensemble, fourniront une source inépuisable d'énergie et de lumière, d'une intensité dont le charbon n'est pas capable, et que lorsque les ressources en charbon seront épuisées, nous nous chaufferons grâce à l'eau. L'eau sera le charbon du futur. » L'île mystérieuse (1874), Jules Verne Ce sujet a fait l’objet d’un exposé au cours du déjeuner-conférence organisé par la SEII le 24 avril 2009.

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Figure 1 : Évolution, sur 250 ans, de la demande globale d'énergies primaires : fossile (charbon, pétrole, gaz), fissile (nucléaire) et renouvelable (Marchetti, IIASA, 1985)

Un des principaux besoins, auxquels les généDans ce document, nous abordons les ques- rations futures (horizon 2040) seront confrontées, est la forte croissance de la tions suivantes : consommation d'énergie dans le monde. Il – quels sont les défis majeurs pour la fission faudra des nouveaux vecteurs d’énergie (par nucléaire dans le cadre de politiques visant exemple l’hydrogène, en plus de l'électricité à une énergie durable, compétitive et sûre et des hydrocarbures), qui seront produits si (besoins futurs de la société et de l'indus- possible en utilisant de la chaleur « propre » trie) ? (c.-à-d. sans rejet de gaz à effet de serre) à très haute température. – quelle recherche en fission nucléaire est mise en œuvre pour relever ces défis (en En Europe, les défis énergétiques nécessitent particulier, la collaboration internationale naturellement une approche communautaire. sur les systèmes de Génération IV, 2040) ? L'UE est chargée, entre autres, de créer le cadre politique et scientifique qui permet de Il y a en fait deux types de défis majeurs pour relever ces défis. Cela se fait, en particulier, par les programmes de recherche et innovaréaliser un saut technologique : tion (PCRD), comme le mentionne le Livre – politique : la recherche, surtout si elle vise Vert sur l'énergie « Une stratégie européenne le long terme, a besoin de guidance interna- pour une énergie durable, compétitive et sûre » tionale et de synergie des secteurs privé et (8 mars 2006). public (financements en partenariat) ; En ce qui concerne la fission nucléaire, si l’on – scientifique : la recherche, en général très regarde hier, aujourd'hui et demain, on peut coûteuse, doit mener à des technologies au distinguer trois générations de technologies service de la société et de l’industrie, et (appelées GEN II, III et IV, resp.). À chacune être capable d’anticiper les besoins futurs. de ces générations sont associés des défis de type politique et scientifique : L'histoire montre que la fission nucléaire a sa – GEN II (hier, 1970-2000) : sûreté des instalplace dans le mix d’énergies primaires d'aulations nucléaires et indépendance énergéjourd'hui (Figure 1 – période 1850 – 2100). tique (sécurité d'approvisionnement dans La politique énergétique de l’Union euroun contexte politique mondial instable) ; péenne (UE) s’intéresse naturellement à – GEN III (aujourd'hui, 2000-2040) : améliotoutes les énergies primaires, qu'elles soient ration continue de la sûreté et compétitifossile, fissile ou renouvelable, avec une attenvité industrielle accrue (dans un marché tion particulière pour les économies d’énerénergétique très diversifié en pleine croisgie (objectifs 20/20/20 pour 2020). Quant à la sance) ; future économie à – GEN IV (demain, 2040) : cogénération faible teneur en carnucléaire (électricité – chaleur) et minimibone, la fission sation de l’impact environnemental grâce nucléaire gardera au recyclage intégral (développement duraune place imporble). tante à l’horizon Cet article se concentre sur la recherche et 2040, même si, à la formation internationale (en particulier très long terme, une Euratom) relatives aux systèmes et aux toute nouvelle cycles du combustible de Génération IV. génération d'éner- L’accent est sur les bénéfices de ces systèmes gies renouvelables selon les critères internationaux, c.-à-d. : pourrait dominer développement durable, compétitivité indusnettement (horizon trielle, sûreté (et fiabilité), et résistance à la 2100). prolifération.

Résumé

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Nucléaire 1. Introduction : recherche et innovation communautaire « pour une énergie durable, compétitive et sûre » (Union européenne) L'énergie a joué un rôle clé dans la construction de l'Union européenne. Deux des traités fondateurs ont trait à l'énergie, à savoir : la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA) fondée en 1951 par le Traité de Paris et la Communauté européenne de l'énergie atomique (Euratom) établie en 1957 par le Traité de Rome. L'Union européenne (27 États membres), qui comporte 492 millions de consommateurs et 25 millions d'entreprises, représente le deuxième marché énergétique du monde. Rappelons toutefois que l'Union européenne doit importer 50 % de ses besoins énergétiques (c'est-à-dire une facture annuelle de 240 milliards d’euros) et que la consommation d'énergies primaires continue à augmenter chaque année. En fait, la croissance de la demande européenne en énergies primaires est de 2 % par an. Si rien n'est fait, la quantité d'énergies primaires importée pourrait donc atteindre 70 % en 2030. Ces faits démontrent que l'énergie ne peut pas être considérée comme allant de soi. En mars 2006, la Commission européenne (CE) a publié un Livre Vert (COM 2006 105) intitulé « Une stratégie européenne pour une énergie durable, compétitive et sûre ». Cette stratégie devrait mener à une économie à faible teneur en carbone, basée sur un équilibre entre développement durable, compétitivité industrielle et sécurité d'approvisionnement. La société de la connaissance, également promue par l'UE, sera un support naturel de cette nouvelle économie : cette politique exige dès maintenant de gros efforts de recherche, innovation et formation (Figure 2 – Triangles de la connaissance et de l'énergie). En ce qui concerne l’énergie nucléaire et la recherche associée (connaissance) dans l’UE, il faut mentionner le rôle stratégique de la Sustainable Nuclear Energy Technology Platform (SNE-TP, lancée en 2007 – site web http://www.snetp.eu/), incluant entre autres le European Nuclear Education Network (ENEN – site web http://www.enen-assoc.org/). En ce qui concerne l'énergie nucléaire (fission et fusion), il convient de rappeler la mission de recherche donnée à l’UE par le Traité Euratom (1957) : « afin d’effectuer sa tâche, la Communauté promouvra notamment la recherche et assurera la

Figure 2 : Cycle de l'innovation (RD&DD) : « Triangle de la Connaissance » (Recherche et Développement) et « Triangle de l'Énergie » (Démonstration et Déploiement)

diffusion d’informations… » (Titre 1 : Tâches de la Communauté). Dans l'Union européenne, la fission nucléaire est un fait : à la fin de 2008, il y avait un total de 146 réacteurs dans 15 des 27 États membres, c.-à-d. la majorité de l’UE : Belgique, Bulgarie, République tchèque, Finlande, France, Allemagne, Hongrie, Lituanie, Pays-Bas, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, Suède et Royaume-Uni. En ce qui concerne la production électrique par source d'énergie primaire dans l’UE en 2006, le nucléaire arrive en tête (29,5 %), suivi par le charbon (28,6 %), le gaz naturel (21,1 %), le pétrole (3,9 %), l’énergie hydraulique (1,1 %), les énergies renouvelables (14,6 %), et d'autres sources (1,2 %). Cela signifie que dans l'Union européenne plus de la moitié de la production électrique (53,6 %) augmente les émissions de CO2.

tèmes de Génération IV ne devrait commencer véritablement que vers 2040. Il s’agira alors principalement de systèmes à neutrons rapides à métaux liquides ou à gaz, avec recyclage intégral des actinides.

2.1.1. Génération I (période 19501970, USA, Union soviétique, France et Royaume-Uni) Il s’agit des réacteurs commerciaux prototypes des années 1950 et 1960 (construits à l’époque Atoms for Peace, 1953). Ils utilisent principalement l'uranium naturel comme combustible (évitant ainsi le recours à l'enrichissement qui n’était pas commercialisé), le graphite comme modérateur (ralentisseur de 5 neutrons) et le CO2 comme réfrigérant. Il y en a très peu qui fonctionnent encore dans l’Union européenne. Il faut mentionner durant cette période 1950-1970, les premiers développements de surgénérateurs rapides refroidis au sodium, à savoir : Enrico Fermi en 1963 2. Énergie nucléaire dans le monde : 50 ans d'expérience (USA), Rapsodie en 1967 (France), BOR60 en 1968 (Union soviétique), ainsi que industrielle Joyo en 1978 (Japon). Ces réacteurs à 2.1. Quatre générations de réacneutrons rapides visent à une meilleure teurs de fission : une évolution utilisation des ressources naturelles technologique continue (conversion de U-238 fertile en Pu-239 Dans la grande majorité des pays qui ont fissile par capture neutronique). Cette opté pour la production électronu- génération pionnière des réacteurs cléaire, les réacteurs d’hier rapides a ouvert la voie à la (Génération II) continueront à fonction- Génération IV de demain. Déjà à ner au cours des prochaines décennies. l'époque, un de leurs soucis majeurs était La durée de vie initiale des réacteurs une meilleure gestion du cycle du comd’hier et d’aujourd'hui est en général bustible au sens de développement durad’une quarantaine d’années. Comme la ble (utilisation optimale des ressources plupart de ces réacteurs ont atteint leur naturelles par la surgénération, et retraidemi-vie (20 ans), l'industrie et les auto- tement du combustible usé pour récupérités politiques commencent à examiner rer l'uranium et le plutonium). les avantages et les inconvénients du renouvellement de leur flotte nucléaire. En 2.1.2. Génération II (période 1970ce qui concerne les nouvelles construc- 2000, 31 pays dans le monde) tions, tout semble indiquer qu’au moins Il s’agit des réacteurs commerciaux pendant un certain temps, les nouvelles déployés depuis les années 1970 (suite à centrales nucléaires seront de type évolu- la première crise du pétrole, OPEP en tionnaire (c'est-à-dire réacteurs à neu- 1974) et qui sont toujours en service trons thermiques à eau légère, aujourd'hui. Ce sont les réacteurs à eau Génération III). Le déploiement des sys- légère (LWR) dont les deux grandes Le Journal des Ingénieurs n°125 - Novembre 2009


Nucléaire

Figure 3 : EPR, un concept robuste de Génération III en construction (avec des performances techniques et des systèmes de sûreté avancés – AREVA)

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Figure 4 : Évolution de Génération I à III et saut technologique pour Génération IV

familles sont les réacteurs à eau bouillante (BWR) et les réacteurs à eau pressurisée (PWR). Ils utilisent l'uranium enrichi comme combustible et sont refroidis et modérés à l’eau. Les techniques d’enrichissement de l’uranium ne sont plus réservées à des fins de défense : elles deviennent commerciales (centrifugation et diffusion gazeuse). Rappelons que ces technologies LWR sont dérivées de concepts utilisés à l’origine pour la propulsion navale.

bonne disponibilité et la possibilité de voir leur durée de vie étendue jusqu’à 50 ans (en particulier aux USA – 27 candidatures reçues par NRC en 2007) contribuent fortement à renouveler la confiance des électriciens dans l’énergie nucléaire. Fin 2007, il y avait de nombreux chantiers nucléaires : un total de 33 nouvelles centrales étaient en construction, pour une puissance nette de 28 GWe. Certaines sont déjà de type Génération III, c’est-à-dire évolutionnaires, comme les premiers EPR (Réacteur Européen Pressurisé) de AREVA NP : le premier chantier a commencé en Finlande en 2005. Il faut aussi signaler les commandes d’unités électronucléaires confirmées, soit un total de 9 (en Chine, Corée, Japon et Russie). En Chine (Zhejiang et Shandong), il s'agit entre autres du AP-1000 de Westinghouse Electric – Toshiba dont la construction a commencé en 2009.

2.1.3. Génération III (aujourd’hui, réacteurs de type évolutionnaire pour une renaissance du nucléaire) Bien que la sûreté des LWR de seconde génération bénéficie d’un excellent palmarès, de gros efforts ont été déployés pour améliorer encore cette sûreté et réduire les rejets déjà très faibles d’atomes radioactifs dans l’environnement. C'est l'objectif poursuivi par Dans le monde, à la fin de 2007, plus de les réacteurs de Génération III, conçus dans 550 centrales nucléaires ont déjà été les années 1990. Certains sont déjà en construites, parmi lesquelles plus de 110 ont construction (tels que EPR et AP-1000, menété mises hors service. À cette même date, il tionnés ci-dessus). Il s’agit en général de LWR y avait 439 centrales nucléaires pour une avec améliorations de type évolutionnaire par puissance nette de 372 GWe (production rapport à la Génération II. totale de 2 610 TWh en 2007). Leur âge Par exemple, pour EPR (Figure 3 – Un moyen dépasse 20 ans tandis que 50 réac- concept robuste), une double enceinte de teurs ont plus de 30 ans et 8 plus de 40 ans. béton de très forte épaisseur assure le confiLes centrales sont réparties dans 31 pays (à nement des matières radioactives en cas de peu près 90 % de type Génération II et 10 % fusion du cœur. Un système de recombinaide type Génération I), accumulant un total de son de l'hydrogène permet d'éviter une accuprès de 13 000 années-réacteurs d'expé- mulation d'hydrogène et ainsi une détonarience (dont 5 340 rien que dans l'UE). Leur tion. Les protections contre les secousses sismiques sont améliorées. Une nouveauté est le « récupérateur de corium », qui représente une avancée significative : c'est un dispositif pour limiter au maximum les conséquences d'un accident grave si, malgré les nombreuses mesures de prévention, il se produisait quand même. La sûreté est enfin accrue du fait de la présence de systèmes de contrôle et de sécurité plus que redondants. 2.1.4. Génération IV (horizon 2040, saut technologique pour les systèmes et leurs cycles de combustible) Ces nouveaux systèmes nucléaires devront montrer un net avantage par rapport aux générations précédentes en termes de développement durable, compétitivité industrielle, sûreté (et fiabilité) et résistance à la prolifération (d'où le terme de saut technologique). Ils viseront à produire non seulement de

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Nucléaire l'électricité mais également de la chaleur à haute température (400 – 900 °C) pour des applications industrielles telles que : la pétrochimie, la production de combustibles synthétiques, la production d'hydrogène à partir de l'eau ou encore la fabrication du verre ou du ciment. Ces hautes températures (en général, dans des conditions chimiques et radioactives très contraignantes) sont un grand défi pour les matériaux des structures du réacteur : aujourd'hui, au niveau industriel, on arrive à maximum 650 °C. Une autre application importante de la cogénération est le dessalement d'eau de mer et la production d’engrais (100 – 300 °C). Le cycle du combustible sera entièrement fermé : non seulement l'uranium et le plutonium mais tous les actinides mineurs (neptunium, americium, curium) seront recyclés. Ces nouveaux systèmes nucléaires seront donc particulièrement performants selon les critères ci-dessus, en comparaison avec les générations précédentes (Figure 4 – Évolution de Génération I à IV). Ce seront de préférence des réacteurs à neutrons rapides.

– les institutions de formation et d’enseignement supérieurs (telles que les universités). Une autre catégorie d’acteurs importants regroupe les institutions internationales, telles que l’IAEA (Vienne) et l’OECD/NEA (Paris), qui collaborent étroitement avec Euratom.

2.2.1. Développement durable En ce qui concerne le respect de l'environnement, une analyse de cycle de l’énergie nucléaire montre que la production de gaz à effets de serre est équivalente à celle de l’énergie hydro-électrique, c.-àd. extrêmement basse. En ce qui concerne l’utilisation optimale des ressources naturelles, un point faible des technologies actuelles (à spectre de neutrons thermiques, utilisant le combustible standard UOX) est leur capacité limitée d'extraire l'énergie potentielle du combustible uranium (U). Pour rappel, l'uranium naturel extrait de la croûte terrestre est composé principalement de deux isotopes : 99,3 % de U-238 non fissile et 0,7 % de U-235 fissile. Par conséquent, dans les réacteurs thermiques de Génération I et II (sans 2.2. À la veille d'un saut technoloMOX), on utilise un isotope de U qui gique (Génération IV) représente moins de 1 % de la quantité Les systèmes nucléaires de 4e génération totale de U dans la nature. Rappelons en représentent un défi pour la recherche outre que le combustible usé d’un LWR et l'innovation face aux besoins futurs de contient en général encore 1 % de U-235 la société et de l'industrie. Il s'agit d'un fissile et 1 % de Pu également fissile ainsi saut technologique qui doit répondre à que 94 % de U-238 fertile. Si on parveune série de critères, déjà mentionnés nait à utiliser cet isotope U-238, en parprécédemment : ticulier avec des réacteurs rapides, on – développement durable (respect de pourrait donc réutiliser une grande parl'environnement, utilisation optimale tie des 96 % du combustible usé, ce qui des ressources naturelles et traitement contribuerait au développement durable. des déchets) ; Avec l’introduction des réacteurs rapides, on tirera donc profit d'une – compétitivité industrielle ; grande partie de l'énergie qui n'est pas – sûreté (et fiabilité) ; utilisée dans les réacteurs thermiques – résistance à la prolifération. LWR. C’est d’un facteur 50 à 60 qu’on En réalité, il existe un large consensus augmentera la quantité d'énergie extraite international de la part de la société et à partir de la même quantité d'uranium. de l'industrie au sujet de ces critères. Les réacteurs rapides peuvent convertir Avant de discuter comment la le U-238 fertile en Pu-239 fissile par capGénération IV apportera effectivement ture neutronique à un rythme plus une réponse en ligne avec ces critères, il rapide que sa consommation (surgénération). On pourrait ainsi rentabiliser des faut rappeler les acteurs principaux : – les organismes de recherche et déve- minerais de concentrations très faibles loppement nucléaire (publics et pri- en U et peut-être même celui présent dans les océans (concentration naturelle vés) ; de 0,0032 mg/litre). – les fabricants de systèmes et les En ce qui concerne le traitement des bureaux d’ingénieurs-architectes ; déchets, un point faible de la stratégie – les fournisseurs d'énergie (services aux actuelle du cycle ouvert (évacuation du collectivités, relatifs à l’électricité et la combustible usé sans retraitement) est la chaleur) ; quantité, la radio-toxicité et la chaleur – les autorités de réglementation dégagée par ce combustible usé. Ce pronucléaire et leurs organisations de sup- blème n'existe évidemment pas dans les pays qui ont opté pour le cycle fermé en port techniques ;

appliquant le retraitement du Pu, comme la France, le Royaume-Uni, la Fédération russe, le Japon et l’Inde. En fait la plupart des radionucléides (surtout les produits de fission) se décomposent rapidement, de sorte que leur radioactivité collective se réduit à moins de 0,1 % du niveau original après 50 ans. Les principaux actinides à vie longue sont les radionucléides transuraniens lourds (avec nombre atomique plus grand que l'uranium U*92), résultant de la capture de neutrons, ce sont Np*93, Pu*94, Am*95 et Cm*96. Ces éléments transuraniens ont des isotopes de haute radio-toxicité. Les actinides mineurs sont Np, Am et Cm (considérés comme déchets), tandis que les actinides majeurs sont U et Pu (fissiles). Dans le cadre de la recherche autour de Génération IV, la chimie nucléaire permet de séparer les actinides majeurs et mineurs du combustible usé. On fabrique également du combustible contenant des actinides mineurs, ce qui est intéressant au point de vue résistance à la prolifération. Plus tard, dans la phase industrielle, ce combustible innovant sera réintroduit soit dans des systèmes à neutrons rapides de Génération IV (avec recyclage intégral) soit dans des systèmes dédiés à 7 l'incinération (systèmes critiques ou sous-critiques, comme le projet belge « Multi-purpose hYbrid Research Reactor for High-tech Applications – MYRRHA » au SCK-CEN de Mol). Les produits de fission à vie longue (tels que technétium99, iode-129, césium-135) et ceux à vie courte à fort pouvoir thermogène (tels que strontium-90, césium-137) nécessitent une solution particulière. En principe, l'objectif ultime de ces technologies GEN IV avec recyclage intégral est de produire des déchets propres (c’est-à-dire des produits de fission à vie relativement courte et en petite quantité) et de recycler dans les centrales nucléaires le combustible sale (c’est-à-dire celui qui contient les transuraniens et éventuellement certains produits de fission à vie longue). La durée de la radiotoxicité serait ainsi fortement réduite : pour le stockage souterrain des déchets ultimes, on passerait de centaines de milliers d'années à quelques siècles (Figure 5 – Radio-toxicité des déchets et de l' U naturel). Par conséquent, le maximum d'énergie sera extrait des ressources naturelles en minerai (surgénération), tout en optimisant le traitement des déchets (recyclage intégral de tous les actinides) et en minimisant les risques de prolifération (combustible contenant des actinides mineurs).

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Nucléaire

Figure 5 : Améliorations possibles dans le traitement des déchets : cycles ouvert et fermé (recyclage du Pu dans les rapides et de tous les actinides dans GEN IV) – CEA

En ce qui concerne les rendements thermodynamiques des réacteurs à eau légère de Génération II et III, un point faible est la basse température de sortie du cœur, soit environ 300 °C. Cela signifie que le rendement thermodynamique est relativement limité (approximativement 33 % pour un LWR classique). La Génération IV devrait atteindre des rendements thermodynamiques beaucoup plus élevés. En utilisant d'autres réfrigérants, on peut atteindre des températures telles que : 400 – 600 °C pour le CO2, 500 – 700 °C pour les métaux liquides (sodium, plomb) et 700 – 900 °C pour le gaz (hélium). Par exemple, une température de sortie du cœur de 900 °C se traduit par un rendement thermodynamique pouvant aller jusqu'à 44 %, soit environ un tiers de plus qu'un LWR classique. 2.2.2. Compétitivité industrielle Pour la Génération III qui est en chantier aujourd'hui, les électriciens se sont donné une liste de spécifications techniques (European Utility Requirements – EUR), dont s'inspire naturellement la Génération IV. Il s'agit par exemple de : – une sûreté absolue (mesures de prévention et de limitation des accidents graves) ; – des concepts plus robustes, permettant une meilleure gestion des centrales nucléaires ;

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– une augmentation des facteurs de capacité (92 %) et de durée de vie (60 ans).

Figure 6 : Comparaison des coûts d'électricité pour les sources fossile, fissile et renouvelable (Tarjanne Risto et al., Lappeenranta University, Finlande, 2008)

Pour rappel, la production d'électricité d’origine nucléaire applique un coût total (interne + externe), contrairement à ce qui se passe pour les autres types d’énergies (coût interne uniquement), c.-à-d. comprenant les assurances et les provisions pour la gestion des déchets et pour le démantèlement des installations. Les coûts fixes de l'énergie nucléaire sont assez élevés (gros investissement initial), mais les coûts variables sont faibles en raison du faible prix du combustible, menant à un coût global par MWh produit qui est généralement bien au-dessous des autres (Figure 6 – Coût de l'électricité par type d'énergie primaire).

Pour la future économie à faible teneur en carbone (société de l’après-pétrole), l'hydrogène semble très prometteur. L'hydrogène n'est pas une source d'énergie primaire, comme les énergies fossile, fissile ou renouvelable. L'hydrogène (ou plus précisément la famille des vecteurs d’énergie basés sur l’hydrogène) pourrait cependant devenir primordial, comme alternative qui fournira à l'humanité la réponse à la sécurité d'approvisionnement énergétique et au respect de l’environnement au sens le plus large. La concurrence entre l'électricité, les hydrocarbures et l'hydrogène, comme vecteurs d'énergie, sera probablement très serrée. Ces trois vecteurs pourraient d'ailleurs continuer à coexister dans un futur lointain (mais dans des proportions très différentes d’aujourd'hui). Il y a cependant plusieurs problèmes à résoudre avant que l'économie basée sur l'hydrogène ne devienne réalité. L'un des problèmes principaux est sa production en grandes quantités par des technologies à faible teneur en carbone. Les systèmes nucléaires de Génération IV (certains d'entre eux avec des températures supérieures à 900 °C) pourraient être les seules technologies propres avec densité d'énergie suffisamment élevée pour produire des quantités très abondantes d’hydrogène à partir de l'eau, tout en produisant de l'électricité. Il s'agit en fait des cycles thermochimiques de décomposition de l'eau (TCWSC, minimum 750 °C) ou de l’électrolyse de vapeur à haute température (HTES, minimum 700 °C). 2.2.3. Sûreté (et fiabilité) L'Europe n'a jamais produit autant d'électricité d'origine nucléaire qu'aujourd’hui (à peu près un tiers du total). Avec un facteur de capacité souvent proche de 90 % (c'est-à-dire approximativement 8 000 heures par an), le nucléaire est une source d'énergie remarquablement fiable pour la production d'électricité de base (c’est-à-dire celle nécessaire à tout moment, durant toute l'année). Le fac-

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Nucléaire États disposant légalement de l'arme nucléaire ; – par l'acquisition de matières fissiles par des organisations terroristes. L’IAEA propose des règles techniques et juridiques et veille à ce qu’un maximum de mesures de sécurité nucléaire (en parCependant certaines personnes ont ticulier, résistance à la prolifération et proencore des craintes quant à la vulnérabi- tection physique) soient mises en place lité des centrales nucléaires aux acci- dans les installations nucléaires sous sa dents graves. La confiance en la sûreté est juridiction. encore fragile, de sorte qu'un accident En ce qui concerne le risque de prolifégrave, même sans victime, aurait un ration, un point faible des technologies impact très défavorable sur l'avenir de actuelles pourrait être le transport de l'énergie nucléaire. Bien que des règle- plutonium (MOX) à partir des installaments nationaux et internationaux tions de retraitement vers les centrales. rigoureux visent à réduire tout risque à De plus, une solution doit être trouvée un minimum, les conséquences poten- pour les réserves de matières nucléaires tielles d’accidents graves (de probabilité de type militaire. En 1997, les USA et la extrêmement faible) pourraient être très Fédération de Russie ont admis que grandes. Pour regagner la confiance du leurs parcs nucléaires dépassaient largepublic et des investisseurs, il faut amélio- ment leurs objectifs militaires d’après rer sans cesse la sûreté nucléaire et guerre froide. Par conséquent ils ont radiologique dans toutes les phases du démonté des milliers de têtes nucléaires, cycle des installations nucléaires. déclaré des centaines de tonnes de leurs Un des buts principaux de la recherche réserves de matières fissiles comme et de l’industrie nucléaires est d’amélio- étant excédentaires à leurs besoins milirer constamment la sûreté. Ainsi, les sys- taires, et promis que ces matières ne tèmes de sûreté actuels sont actifs, c.-à- seront jamais utilisées pour la producd. basés sur le contrôle électrique et tion d’armes. mécanique actif d'équipements tels que Aujourd’hui, pour incinérer le plutonium sondes, valves, pompes, accumulateurs, civil ou militaire, on peut utiliser du échangeurs de chaleur et systèmes MOX et le transmuter soit dans des d'énergie auxiliaires. Les Générations III LWR soit dans des réacteurs rapides. et IV auront des systèmes de sûreté plus Demain, les systèmes rapides de simples tout en étant plus performants. Génération IV vont transmuter non seuIls utiliseront des systèmes passifs de lement le plutonium mais également tous sûreté qui n'exigent aucun contrôle actif les actinides mineurs. De plus, l'utilisation ou intervention manuelle pour la gestion du retraitement sur site rendra hautede situations accidentelles. Ces systèmes ment impraticable tout détournement reposent sur la force de gravité, la illégitime de matières fissiles. Cela n'éliconvection naturelle, ou des systèmes à minera cependant pas le besoin de ressorts ou à gaz comprimé, tout en régime international de non-prolifération résistant aux températures élevées. Le IAEA (ni, d'ailleurs, celui de stockage en facteur humain est également mieux pris couche géologique profonde pour les en compte. déchets radioactifs ultimes). Pour la Génération IV, la défense en profondeur (avec de grandes marges de 3. Génération IV (horizon sûreté) reste naturellement la base de la 2040) : saut technologique sûreté. Cette approche est essentielle- pour satisfaire de nouveaux ment déterministe et est basée sur le besoins concept d'accident de référence de 3.1. Nouvelles constructions nuclédimensionnement (DBA). En fait, afin de aires (initiatives internationales) mieux traiter les incertitudes inhérentes aux concepts innovants de On assiste aujourd'hui à une renaissance Génération IV, une étude mixte détermi- nucléaire, principalement dans les pays où niste et probabiliste de sûreté est néces- les questions de sûreté, de sécurité et de traitement des déchets sont sur la voie saire. d’une solution acceptable. En Europe, cette tendance est claire en Finlande et 2.2.4. Résistance à la prolifération en France où des centrales nucléaires de Pour rappel, l’objectif de l’IAEA est de type évolutionnaire (Génération III) sont répondre aux préoccupations créées : en chantier. – par le développement de programmes En Finlande, à la suite d'un débat public d'armes nucléaires en dehors des cinq et d'une approbation gouvernementale teur de capacité est le rapport de l'énergie fournie à l'énergie qui serait produite si le système de production était exploité à sa capacité maximale durant une année. Un rapport de 90 % dépasse de loin tous les autres moyens de production électrique en efficacité.

en décembre 2003, la société TVO a commandé la construction d'une centrale de type Génération III. Il s'agit d'un EPR de 1 600 MWe (Olkiluoto III, contrats avec Areva NP et Siemens AG). Le certificat de construction a été donné en février 2005 et le raccordement au réseau est prévu en 2012. Une demande de décision de principe a été introduite par TVO en mai 2008 pour la construction d'un deuxième réacteur de type Génération III (Olkiluoto IV). En France, à la suite d'un débat public, en mai 2006, la société EDF a décidé de lancer la construction de sa première unité d’une série EPR : 1 600 MWe à Flamanville (Basse-Normandie) avec raccordement au réseau prévu en 2012. En juillet 2009, la construction d'un deuxième réacteur nucléaire de type EPR a été annoncée : le site sera Penly (Seine-Maritime) et le projet sera mené par EDF et GDF Suez. La construction devrait commencer en 2012 pour un raccordement au réseau en 2017. De plus, certains pays se préparent très activement à faire le saut technologique vers Génération IV. À ce propos, il convient de rappeler l'annonce faite par le président Jacques Chirac en janvier 2006. M. Chirac a annoncé « le lancement 9 immédiat d’un programme CEA sur un réacteur prototype de quatrième génération, avec mise en service prévue en 2020 ». Il s'agit d'un réacteur à neutrons rapides, refroidi au sodium. Avec la construction de ce réacteur innovant, la France compte rester un leader mondial dans l'énergie nucléaire. Dans le même registre, il faut mentionner une initiative américaine qui s'adresse au monde. Aux USA, le président G. W. Bush a lancé en janvier 2006 un partenariat global d'énergie nucléaire (GNEP) après discussion avec le Royaume-Uni, la France, la Fédération russe, le Japon et la Chine. Il s’agit de limiter l'accès aux technologies sensibles (c.-à-d. essentiellement : la fabrication avec enrichissement et le retraitement du combustible) et de renforcer le régime de garanties international dans le cadre d'une utilisation accrue de l'énergie nucléaire, tout en assurant l'approvisionnement aux partenaires. GNEP vise également à résoudre aux USA le problème des déchets hautement radioactifs en autorisant de nouveau le retraitement du combustible usé et les réacteurs à neutrons rapides (notamment les réacteurs incinérateurs de pointe). Il s'agit donc d'un abandon de la doctrine Carter des années 1980 qui interdisait le recyclage du Pu.

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Nucléaire (OECD/NEA). Ce secrétariat gère l'accord intergouvernemental GIF et la coordination de la recherche internationale à Les défis ci-dessus se situent en fait dans un travers les différents comités associés contexte mondial. En 1999, un groupe de aux six systèmes nucléaires (site web neuf pays (mené par DOE aux USA) lança http://www.gen-4.org/). une initiative internationale dont le but était de sélectionner une série de systèmes Comme autre initiative internationale, comnucléaires qui seraient mûrs pour un déploie- plémentaire au GIF, il faut mentionner ment industriel vers 2040. Ces pays sont INPRO : l'IAEA a lancé en 2000 le l'Argentine, le Brésil, le Canada, la France, le « International project on innovative nuclear Japon, l'Afrique du Sud, la République de reactors and fuel cycles » (horizon 2050). Corée du Sud, le Royaume-Uni et les USA. Cette initiative a été proposée au sommet En 2001 ce groupe devient le Forum du Millénaire et confirmée par l'Assemblée International Génération IV (GIF). En février générale des Nations Unies en 2001. En août 2002, la Suisse devient membre du forum. La 2009, INPRO comptait 31 membres : Algérie, Communauté européenne de l'Énergie atomique Argentine, Arménie, Belarus, Belgique, Brésil, (Euratom), représentant les 27 États mem- Bulgarie, Canada, Chili, Chine, République bres, s'y associe en juillet 2003. La tchèque, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Fédération de Russie et la Chine deviennent Italie, Japon, Kazakhstan, République de partenaires de GIF en 2007. Six systèmes Corée, Maroc, Pays-Bas, Pakistan, Fédération nucléaires innovants ont été sélectionnés en russe, Slovaquie, Afrique du Sud, Espagne, 2002 après l'évaluation de plus de 100 Suisse, Turquie, Ukraine, USA et l'Union concepts différents de systèmes nucléaires européenne (Euratom). En fait, INPRO étudie par plus de 100 experts d'une douzaine de les besoins des usagers en systèmes pays. Le secrétariat technique du GIF est à nucléaires innovants, tandis que GIF organise l'Agence de l'Énergie nucléaire la recherche technologique internationale. 3.2. Programmes de recherche internationaux pour Génération IV

Figure 7 : Les six systèmes de Génération IV (en phase conceptuelle)

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SFR

GFR

LFR

VHTR

SCWR

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MSR

3.3. Sélection de six systèmes nucléaires de type Génération IV En 2002, le GIF a sélectionné six systèmes nucléaires qui font l'objet de collaborations scientifiques entre les pays membres du GIF. Les laboratoires européens, en particulier à travers Euratom, travaillent sur les six systèmes GIF et les cycles de combustible associés (http://cordis.europa.eu/fp7/euratom-fission/fisa2009_en.html). Il s’agit de trois systèmes à neutrons rapides (SFR, LFR, GFR), un système à neutrons thermiques (VHTR) et deux systèmes à neutrons soit thermiques, soit rapides (SCWR, MSR). Un budget d’à peu près 1 milliard de US $ est prévu par système pour cette collaboration scientifique internationale jusqu'en 2020. Voici quelques caractéristiques des six systèmes de GIF (Figure 7) : (1) Réacteur rapide au sodium – SFR (Euratom, Japon, France, Corée, USA) – production d’électricité et recyclage intégral des actinides (utilisation optimale des ressources naturelles) ; – température de sortie du cœur 550 °C avec efficacité 40 % ; – puissance de référence = modules de 50 – 150 MWe et unités de 600 – 1 500 MWe (démonstration vers 2020). (2) Réacteur rapide au plomb – LFR (Euratom, USA, Japon, Corée) – cogénération d’électricité et de chaleur à haute température ; – température de sortie du cœur jusque 800 °C avec efficacité 45 % ; – recyclage intégral des actinides ;


Nucléaire – puissance de référence = batteries de 10 – 100 MWe et unités de 300 – 600 MWe (démonstration vers 2025). (3) Réacteur rapide au gaz (hélium) – GFR (Euratom, Japon, France et Suisse) – cogénération d’électricité et de chaleur à très haute température ; – température de sortie du cœur 850 °C avec efficacité 45 % ; – recyclage intégral des actinides (utilisation optimale des ressources naturelles) ; – puissance de référence = 1 000 MWe (démonstration vers 2025). (4) Réacteur à très haute température au gaz (hélium) – VHTR (Euratom, Japon, Canada, France, Corée, Suisse, USA et Chine) – cogénération d’électricité et de chaleur à très haute température ; – température de sortie du cœur jusque 1 000 °C avec efficacité 50 % ; – spectre de neutrons thermiques (pas de traitement d’actinides, cycle ouvert) ; – puissance de référence = 300 MWe (démonstration vers 2020). (5) Réacteur à eau supercritique – SCWR (Euratom, Japon, Canada) – production d’électricité (évolution de LWR) ; – spectre de neutrons thermiques ou rapides (dans ce dernier cas, recyclage intégral des actinides) ; – température de sortie du cœur 510 °C avec efficacité 45 % ; – puissance de référence = 1 700 MWe (démonstration vers 2025). (6) Réacteur à sels fondus – MSR (Euratom, France, USA) – cogénération d’électricité et de chaleur ; – température de sortie du cœur jusque 700 °C avec efficacité 45 % ; – surgénérateur thermique avec thorium et rapide avec U-Pu (recyclage intégral des actinides) ; – puissance de référence = 1 000 MWe (démonstration vers 2030).

4. Conclusion : Génération IV au service d'une économie à faible teneur en carbone (horizon 2040) Dans ce document on a décrit brièvement les défis politiques et scientifiques majeurs liés à l'évolution des technologies de fission nucléaire, à savoir : – GEN II (hier, 1970-2000) : sûreté des installations nucléaires et indépendance énergétique (sécurité d'approvisionnement dans un contexte politique mondial instable) ;

– GEN III (aujourd'hui, 2000-2040) : amélioration continue de la sûreté et compétitivité industrielle accrue (dans un marché énergétique très diversifié en pleine croissance) ; – GEN IV (demain, 2040) : cogénération nucléaire (électricité – chaleur) et minimisation de l’impact environnemental grâce au recyclage intégral (développement durable). « L'âge de la pierre s'est terminé, non par manque de pierres, et l'âge du pétrole se terminera, mais non par manque de pétrole » est une prédiction célèbre prononcée en septembre 2000 par Cheik Zaki Yamani, le ministre saoudien du pétrole durant la période 1962 à 1986 (c'est-à-dire pendant l'embargo de pétrole de 1974, crise de l'OPEP). Dans un autre registre, on peut également rappeler Jules Verne, le créateur du roman scientifique d'anticipation, dans L'île mystérieuse (1874) – voir citation en début d'article. Pour la future économie à faible teneur en carbone, la fission nucléaire s'avère en réalité une partie de la solution : elle restera une composante importante dans un mix de technologies énergétiques durable, c.-à-d. à transmettre aux prochaines générations. Les systèmes de Génération IV représentent un vrai saut technologique à l'horizon 2040, après la renaissance que connaît aujourd'hui la fission nucléaire. Il s'agira non seulement de produire de l'électricité moins chère mais également de la chaleur à haute température, tout en exploitant un maximum de matières nucléaires fissiles et fertiles, et en recyclant tous les actinides. Les phases de fiabilité scientifique et de performance technologique sont en cours d'étude dans des laboratoires privés et publics du monde entier (accord intergouvernemental GIF). En ce qui concerne la phase de déploiement commercial prévue pour 2040, nul ne peut prédire quand l'industrie nucléaire et les investisseurs prendront les décisions effectives qui s'imposent. Ce type de décision dépend non seulement de l'innovation scientifique et technologique mais également du contexte économique et politique. Quoiqu'il en soit, qu'il s'agisse de la renaissance d’aujourd'hui ou du saut technologique de demain, le public doit être assuré que la recherche en fission nucléaire permet d'améliorer toujours plus. Des critères internationaux ont été fixés : développement durable; compétitivité industrielle, sûreté, résistance à la prolifération. De plus, l’enseignement et la formation nucléaires garantissent le maintien des compétences. Euratom participe très activement à la recherche internationale liée à Génération IV, y compris à la formation.

Dr Ir. Georges Van Goethem est ingénieur civil mécanicien (UCL, 1974) et docteur en sciences appliquées (UCL, 1979). Il a travaillé quelques années pour Belgonucléaire et a ensuite entamé une carrière à la Commission européenne. Aux Centres Communs de Recherche de Ispra (Italie) et Karlsruhe (Allemagne), il a travaillé sur la sûreté des réacteurs rapides (19771992). Ensuite, à la DG Recherche à Bruxelles, il a été responsable de programmes de recherche Euratom sur la fission nucléaire (PCRD 4, 5 et 6) et, en particulier aujourd’hui, sur Génération IV (PCRD 7). Il est également responsable des actions Euratom d'enseignement et de formation. Il est membre de jurys académiques et anime des séminaires sur l'innovation en fission nucléaire. Il est auteur ou co-auteur de nombreux articles scientifiques, monographies et conférences internationales. E-mail : georges.van-goethem @cec.eu.int Tél. : +32 2 295 14 24

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Rencontre Ir. Philippe Fiévez

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Ir Philippe Fiévez a supervisé le 1er forage horizontal et la 1re gazéification souterraine en Europe (1985-1987). Il a participé à l’extinction d’un puit de pétrole en éruption, à Brunei (1989). Il a été le premier ingénieur européen à entrer au Vietnam libéralisé (1989). Il dirige aujourd’hui une entreprise spécialisée dans la fabrication d’outils diamantés sur mesure et à façons. C’est son entreprise (New Abraco Services), à Strépy, qui a réalisé toutes les meules à façonner pour l’entreprise Saluc (Tournai), leader mondial dans la maîtrise de la sphère – des boules de billard aux TrackBall. Le moins qu’on puisse écrire est qu’Ir Philippe Fiévez aura baroudé, des années durant, hors de Belgique. Né en Afrique (Congo belge) où il restera durant les 6 premières années de son existence, il y retournera en 5e Polytech pour y effectuer son stage d’un mois et demi chez Petrofina. Bardé de diplômes – Ingénieur civil des Mines - Faculté polytechnique de Mons (1985), Ingénieur civil en Génie nucléaire Faculté polytechnique de Mons (1989), PostGraduat en Gestion - Solvay - CEPAC Université Libre de Bruxelles (1996), diplôme complémen« Ce parcours à taire en Techniques environl’étranger m’a offert nementales - Faculté polyune expérience et un technique de Mons (1998) – réseau de contact qui Philippe Fiévez a entamé son m’ont permis parcours professionnel, de septembre 1985 à septemd’envisager des bre 1987, au Centre de créations plus globales, comme celle Recherche de l’Institut pour le Développement de la de mon entreprise. Gazéification Souterraine Cette formation-là, (IDGS) où il a dirigé le site elle est inaccessible à de démonstration d’un prol’université. Ce sont jet pilote européen (1 milliard de francs belges). Il a des expériences ainsi supervisé le 1er forage techniques qui horizontal et la 1re gazéificarenforcent à la fois tion souterraine en Europe.

votre polyvalence de compétences et votre maîtrise d’un process mais aussi culturelles et relationnelles. »

Comme ingénieur consultant agissant pour le compte de sociétés spécialisées dans les services et les forages pétroliers (Schlumberger, Tractebel, Geoter), il s’est chargé de septembre 1987 à mai 1988, de la prospection et de la recherche de partenaires industriels en Inde dans le cadre d’un projet de gazéification souterraine tout en participant au remodelage de deux terrils en Belgique (verdurisation) : il a mis au point un procédé permettant de diviser par deux le temps de plantation. D’août 1988 à août 1996, Philippe Fiévez a été le Product Manager (Asie et Moyen-Orient, Europe) pour l’entreprise Security-DBS, une multinationale américaine spécialisée dans la

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fourniture et les services de forages pétroliers, plus connue aujourd’hui sous le nom d’Halliburton, avant d’occuper la fonction de Business Line Manager de l’entreprise, en Europe et aux États-Unis. Comme Product Manager, il a lancé une nouvelle ligne de produits/services et a développé leurs applications. Chargé également du support technico-économique aux filiales, il a assumé la formation chantier et le suivi clients. Surtout, il a multiplié par deux, en 3 ans, la marge de l’entreprise et multiplié par dix son chiffre d’affaires. Il fut ainsi le premier ingénieur européen à se rendre au Vietnam, en 1989, un mois seulement après l’ouverture au monde de ce pays longtemps isolé. On le retrouvera aussi, à la même époque, dans le désert de Gobi, en Chine, seul européen à des kilomètres à la ronde alors qu’à Pékin les étudiants se heurtaient à l’armée place Tian'anmen. Il participera à l’extinction d’un puit de pétrole en éruption, toujours en 1989, à Brunei. Philippe Fiévez se trouvait sur les plates-formes de forage en haute mer, entre l’Iran et AbuDhabi, lors de la première guerre du Golfe. Comme Business Line Manager, il a réalisé des plans stratégiques et supervisé le marketing de trois gammes de produits, repositionné et restructuré deux lignes de produits/services, développé les services et amélioré les ventes des filiales américaines. Il a également géré une équipe de quatre ingénieurs chantiers pour un chiffre d’affaires de 42 millions d’US$ (ROI de 14 %). Et ce ne sont que quelques étapes d’un long parcours. On le retrouvera sur des platesformes pétrolières des cinq continents : en Australie (Darwin, Melbourne…), en Amérique du Sud et du Nord (Venezuela…), en Asie (Chine, Brunei, Indonésie, Malaisie…), en Europe (Pays-Bas, France, Grèce, Italie, Ecosse, Danemark…), au Moyen-Orient (Egypte, Syrie, Algérie, Tunisie, Quatar, Abu Dhabi, Sultanat d’Oman…). Parfait bilingue français-anglais dès avant son entrée à l’université, Philippe Fiévez n’est pas revenu de son périple doté de nouvelles compétences linguistiques : « la maîtrise de l’anglais en tant qu’outil de dialogue est largement suffisant (à l’exception notable de la Chine) : c’est la langue véhiculaire type même si l’anglais australien et l’anglais écossais présentent plus que des nuances. Par contre, le fait de voyager, de rencontrer des techniciens d’origine culturelle différente vous oblige à dialoguer, à déléguer et à faire confiance ». Et vous apprend à être débrouillard, à être autonome et à maîtriser l’autarcie : « quand vous êtes au milieu du désert de Gobi, réserver un avion devient un tour de force ».


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CREG La CREG, le Régulateur fédéral de l’Électricité et du Gaz

Par Ir. Dominique Woitrin

La Commission de Régulation de l’Électricité et du Gaz, en abrégé CREG, est l’organisme fédéral de la régulation des marchés de l’électricité et du gaz naturel en Belgique1. Contexte légal Instituée par la loi du 29 avril 1999 relative à l’organisation du marché de l’électricité et par celle relative à l’organisation du marché du gaz et au statut fiscal des producteurs d'électricité, la CREG a pour missions, d’une part, de conseiller les autorités publiques en ce qui concerne l’organisation et le fonctionnement des marchés de l’électricité et du gaz naturel et, d’autre part, de surveiller et contrôler l’application des lois et règlements relatifs à ces marchés. 14 Les deux lois précitées transposent en fait en droit belge les dispositions des directives européennes de 1996 et 1998 concernant des règles communes pour le marché intérieur de l’électricité et du gaz naturel, dont l’objectif principal était de réaliser, de manière progressive, une ouverture partielle du marché européen de l’électricité et du gaz naturel à la concurrence. Ces directives exhortaient notamment les États membres à désigner « une autorité compétente, qui doit être indépendante des parties, pour régler les litiges » et à « créer des mécanismes appropriés et efficaces de régulation, de contrôle et de transparence afin d'éviter tout abus de position dominante, au détriment notamment des consommateurs, et tout comportement prédateur ». C’est donc dans ce contexte que la CREG a été mise en place, en janvier 2000.

Composition La CREG est composée de deux organes : le Comité de direction, qui assure la gestion opérationnelle de la CREG et accomplit tous les actes nécessaires ou utiles à l'exécution de ses missions, et le Conseil général, qui a pour missions, au travers de groupes de travail composés de divers acteurs du marché

(gouvernements fédéral et régionaux, travailleurs, consommateurs, monde patronal, producteurs, gestionnaires de réseaux, fournisseurs, entreprises de gaz, intermédiaires, associations environnementales), de définir des orientations et de formuler des avis sur toute question qui lui est soumise par le Comité de direction. Il est également un forum de discussion sur les objectifs et les stratégies de la politique énergétique belge. La CREG est organisée en une Présidence, et trois directions : – contrôle des prix et des comptes ; – administration et affaires juridiques ; – fonctionnement technique des marchés. Elle compte actuellement une septantaine d’employés, pour la plupart ingénieurs, économistes et juristes. Les frais de fonctionnement de la CREG sont financés par le biais de la cotisation fédérale, prélevée chez les clients finaux de l’électricité et du gaz naturel2 comme voulu par le législateur. Cette particularité assure l’indépendance du régulateur, ce qui est assez unique en Belgique et en Europe.

Compétences Les compétences de la CREG sont énumérées dans la loi électricité et la loi gaz. Il est à noter que ces deux lois ont été modifiées à de nombreuses reprises, notamment en 2005 et 2008. Depuis cette réforme de 2005, les lois électricité et gaz prévoient également un recours contre certaines décisions de la CREG, notamment auprès de la Cour d’appel de Bruxelles. Dans le cadre de sa mission de conseil auprès des autorités publiques, la CREG est ainsi amenée à donner des avis motivés et soumettre des propositions dans les cas prévus par les lois électricité et gaz ou leurs arrêtés d'exécution.

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Dans le cadre de sa mission générale de surveillance et de contrôle, la CREG, notamment, surveille la transparence et la concurrence sur les marchés, contrôle l’application du règlement technique pour la gestion du réseau de transport d’électricité et l’application du code de bonne conduite pour la gestion de réseau de transport de gaz naturel, contrôle l’indépendance et l’impartialité de la gestion des réseaux de transport d’électricité et de gaz naturel, la non discrimination dans l’accès des tiers à ces mêmes réseaux, contrôle l’exécution du plan de développement du réseau de transport d’électricité. La CREG, par ailleurs, instruit les demandes d’autorisation pour la construction de nouvelles installations de production d’électricité et de nouvelles lignes directes, approuve les principales conditions d’accès aux réseaux de transport de gaz naturel et approuve les tarifs d’utilisation des réseaux de transport et de distribution d’électricité et de gaz naturel. Outre les compétences qui viennent d’être énumérées, la CREG est chargée, depuis 2008, de la surveillance de la concurrence sur les marchés et du monitoring de ceux-ci, tout en veillant aux intérêts essentiels des consommateurs ; elle peut formuler des avis et proposer toute mesure en matière de prix ou favorisant le bon fonctionnement et la transparence sur les marchés de l’électricité et du gaz naturel. Cet élargissement des missions du régulateur fédéral se rapporte spécifiquement aux activités permettant la concurrence qui déterminent la majeure partie de la facture totale des consommateurs. La CREG est également amenée à participer aux discussions sur l’énergie au niveau européen, par le biais de l’ERGEG (European Regulators Group for Electricity and Gas) dont elle est membre. Il est à noter qu’un troisième paquet législatif européen relatif au marché intérieur de l’énergie a été adopté en juillet 20093, après de longs débats au sein des instances européennes compétentes. Les textes visent notamment à harmoniser et renforcer l’indépendance et les compétences des régulateurs nationaux de l’énergie en vue de promouvoir une régulation plus efficace des marchés.

Rôle du régulateur Ce nouvel acteur dans le paysage électrique et gazier est souvent perçu avec certaines réticences par les acteurs de marché, en particulier par les acteurs historiques qui voient évoluer leur position de monopole.


CREG S’il est vrai que le Régulateur se doit d’appliquer strictement la législation belge et européenne en vigueur, cela ne veut pas dire qu’il ne tient pas compte des besoins du marché, bien au contraire. Son rôle est également celui d’un facilitateur de marché permettant à une concurrence correcte de s’exercer en vue d’alimenter dans la continuité et à des prix justes les consommateurs industriels et résidentiels, excluant toute rente de monopole (historique, national) dans les segments en principe en concurrence libre (production-fourniture). Cette tâche demande de l’inventivité étant donné le cadre de référence depuis la libéralisation de la production-fourniture en 1999 : alors qu’avant la libéralisation toutes les activités étaient intégrées au sein d’un même opérateur, la segmentation de l’approvisionnement en énergie électrique et gazière (production/importation - transport - distribution - fourniture) voulue par le législateur européen et belge ne rend pas les choses simples. Le nouveau modèle de marché libéralisé génère des risques : il pourrait être tentant pour un producteur dominant de créer, par un dispatching choisi de ses unités de production, des congestions et/ou des augmentations de prix artificielles afin d’empêcher l’arrivée de concurrents potentiels. Soulignons que le gestionnaire de réseau de transport d’électricité a au contraire le devoir de lever/diminuer ces congestions afin de faciliter la création d’un marché régional en concurrence, par la dilution du pouvoir de marché des acteurs historiques. Le Régulateur doit donc faciliter les marchés et leur fonctionnement optimal (qualité correcte et sans interruption) et finalement optimiser ce que nous appelons le « Welfare ». Le Régulateur sait que par son action, les bénéfices à en retirer ne seront probablement pas répercutés dans des tarifs de transport ou de distribution mais dans un prix de la commodité « électron » ou « molécule » rendu plus juste par la concurrence et une certaine péréquation dans un grand marché européen.

Organisation des marchés libéralisés de l’électricité et du gaz naturel en Belgique

oblige à la solidarité de tous les acteurs : si un seul fait défaut, les consommateurs ne seront pas livrés et tous les autres acteurs ne pourront rien facturer ! Aujourd’hui, les gestionnaires de réseaux (transport et distribution) devraient reprendre l’initiative et la responsabilité des défis de la sécurité (mission opérationnelle légale) et de la continuité de l’approvisionnement, sous la guidance et avec l’aide des régulateurs, dans un cadre légal qui est probablement à adapter, car il n’a pas été prévu comme tel lors de la libéralisation : grand « oubli » des premières Directives européennes en la matière.

Mission de l’ingénieur/ régulateur

Elle est très importante. En effet, on pourrait croire que la mission de régulateur des marchés de l’électricité et du gaz est essentiellement tarifaire et juridique. Ces aspects sont effectivement fondamentaux mais également indissociables de l’apport de l’ingénieur : pas de régulateur efficace sans cette triple Dans « l’ancien monde » (avant la libéra- vision des marchés : fonctionnement, lois lisation), avec l’intégration des fonctions et règlements, tarifs des monopoles et « contrôlées » par les pouvoirs natio- prix des énergies. naux, l’acteur historique national (ou L’ingénieur apporte sa connaissance des régional) se devait de tendre vers l’opti- procédés de production et d’importamum global des chaînes d’approvisionne- tion, de transport et de distribution de ment. La libéralisation a « libéré » les ces énergies et donc du fonctionnement acteurs historiques (producteurs et complet de la chaîne d’approvisionnefournisseurs) de la recherche de cet ment des consommateurs. Cette optimum : ils clament d’ailleurs publique- connaissance technique et fonctionnelle ment leur indifférence à cet égard. Et est indispensable au régulateur pour pourtant, cette chaîne d’approvisionne- appliquer les lois et, surtout, pour jouer ment, particulièrement en électricité, son rôle de surveillance, tant des réseaux

régulés (transport et distribution) que des marchés régulés (par exemple la bourse belge d’électricité Belpex) et libéralisés (production-fourniture). De par sa formation, souvent complétée par de solides bases en économie, l’ingénieur parvient à comprendre rapidement les 15 problèmes et le fonctionnement déficient des marchés en schématisant de façon claire les mécanismes tant purement techniques que de formation des prix. Le rôle de la formation des ingénieurs dans ces métiers ainsi que celui de la recherche dans ces domaines est capital pour l’avenir de nos sociétés : sans énergie (durable) continuellement disponible, il n’y a pas (plus) de vie en société possible, plus de « welfare ». Un des grands défis de nos sociétés est d’attirer des jeunes dans des carrières techniques passionnantes bien que peutêtre ardues au départ. Ces fonctions liées à l’électricité et au gaz naturel et la recherche dans ces domaines ne semblent actuellement pas « dans l’air du temps » pour nos jeunes. Et pourtant, elles sont dynamiques, innovantes et indispensables à notre société moderne où l’énergie a un rôle primordial dans le bien-être de nos pays et de l’humanité en développement. Le rôle des jeunes et particulièrement des Ingénieurs, est notamment de relever les défis technologiques du développement durable dans l’Énergie. Le régulateur en Énergie est au centre du triplet 3E : Énergie-Économie-Environnement.

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CREG directeur du marché pour la rencontre de l’offre et de la demande ». Seulement, ceux qui produisent, que ce soit avec du nucléaire, du charbon ou du gaz au moyen de centrales amorties disposent d’un avantage énorme, ce qui a engendré, dans toute l’Europe, des proNous sommes « le gendarme » fits exagérés et de nombreuses fusions-acquidu marché de l’énergie sitions. Les grands groupes, dont Suez-GDF Ir. Dominique Woitrin qui a finalement repris Electrabel, disposaient de liquidités colossales, grâce à ces marges, Ir. Dominique Woitrin (DW) : – Dans ma carentre un prix de marché soi-disant équitable rière d’ingénieur, j’étais arrivé à un moment et des prix de revient qui ne comportaient où j’avais l’impression d’en avoir fait le tour, quasi plus que les coûts variables (combusticomme on dit. Je suis, en effet, un ancien de ble, entretien…). Tractebel Engineering et j’ai, notamment, collaboré à la réalisation de centrales élec- « Il y a quelque chose qui ne va triques en Belgique et à l’étranger, avant d’œuvrer pour Elia – le gestionnaire du pas ! » réseau électrique HT belge – puis, en deve- LJI : – En quelque sorte, vous désapprounant consultant indépendant, j’ai participé à la vez les bénéfices exagérés de certains création du premier IPB, comprenez producteurs… Independant Power Producer, en Belgique. Par DW : – Depuis la loi de 2008, nous sommes ce biais-là, j’avais le regard sur l’énergie en chargés du monitoring de toute la chaîne de tant que telle, sur la distribution et le trans- valeurs, ce qui va nous permettre de pointer port de cette énergie, ainsi que sur tous les du doigt les bénéfices exagérés, tant entre la aspects contractuels qu’un producteur doit production et le prix de marché qu’entre le maîtriser, soit une palette assez complète. Ce prix de marché et le prix au consommateur. fut l’occasion de poser ma candidature en Il s’agit effectivement d’une avancée très tant que directeur à la CREG. Pour moi, importante. Mais, nous n’avons pas actuellec’était une façon de pouvoir rendre service à ment de pouvoir d’injonction, puisque le marla société, par le biais de la défense des ché de la production et de la vente est totaconsommateurs, fort de toutes mes années lement libéralisé. Par contre, nous allons de carrière. essayer de montrer où il y a des abus de marché. À cet égard, l’étude que nous avons LJI : – Était-ce un défi pour vous ? DW : – Oui. Parce que, de caractère, je suis publiée au mois de juin dernier et qui a fait quelqu’un qui a réalisé des projets tout au quelques remous dans la presse, est une indilong de sa vie. Ici, on ne fait pas de projets. On cation de notre volonté d’analyser le marché, surveille, on vérifie et on essaye de construire en tant que tel, de façon absolument rigou– et cela est un peu neuf – un marché plus reuse, en tant qu’ingénieurs et économistes, concurrentiel. C’est une tâche de longue et d’indiquer là où « il y a quelque chose qui ne va pas ». Après cela, le dossier répressif, haleine. s’il y en a un éventuellement, est confié au Le « gendarme du marché », comme on nous Conseil de la Concurrence. Les lois sont appelle, peut être mal perçu par certains telles que cela n’est plus de notre responsaacteurs, en particulier par les acteurs histo- bilité. Je souligne, en passant, que le budget de riques qui voient évoluer leur position de la CREG est entièrement payé par vous et monopole. Mais, il faut bien se rendre compte moi, en qualité de consommateurs d’énergie, que ce rôle de « gendarme » a été instauré ce qui est rarissime en Europe et unique en par des directives européennes visant à sépa- Belgique et ce qui garantit l’indépendance du rer le client des secteurs de la production, régulateur fédéral. des fournitures et du transport et de la distribution. Tout ce qui est monopole naturel Ce qui est important également, c’est que la doit être régulé, bien évidemment. Il ne s’agit loi de 2008 nous confère des pouvoirs de pas qu’un monopole naturel de transport ou police judiciaire. Il y a toute une série de de distribution pratique n’importe quel tarif modalités pratiques de mise en œuvre et, et encaisse n’importe quel bénéfice. Mais, ce honnêtement, je ne crois pas trop à l’inspecque la Commission européenne a oublié, teur qui va chercher une aiguille dans une c’est que le marché existait avant les direc- botte de foin. Mais, il s’agit effectivement d’un tives européennes et que, finalement, les élec- pouvoir « coercitif » auquel, je l’espère, j’autriciens disposaient de capacités de produc- rai le moins possible recours. Je préfère de tion qui étaient largement amorties, parfois loin la collaboration dans la recherche de la depuis des dizaines d’années et qu’ils pou- vérité, sans être naïf. vaient pratiquer n’importe quel prix sur le marché. Le problème est que le marché, lui- Économie d’énergie et substitumême, s’est créé selon les lois de l’offre et de tion des énergies fossiles la demande. Tout le monde a dit : « on prend DW : – L’énergie doit devenir chère. la centrale marginale comme étant le prix Pourquoi ? C’est une ressource rare et forcé-

Le Journal des Ingénieurs a rencontré Ir. Dominique Woitrin

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La Belgique compte par ailleurs trois régulateurs régionaux : la Commission wallonne pour l’énergie (CWaPE) en Région wallonne, la Vlaamse reguleringsinstantie voor de elektriciteits- en gasmarkt (VREG) en Région flamande et la Commission de régulation pour l’énergie en Région de Bruxelles-Capitale (BRUGEL). Le partage des compétences entre l’Etat et les Régions est fixé par la loi spéciale du 8 août 1980 de réformes institutionnelles. 2 Pour plus de détails : http://www.creg.be/fr/cotfede1_fr.html (électricité), http://www.creg.be/fr/cotfedg1_fr.html (gaz). 3 Ce troisième paquet comprend trois règlements et deux directives, publiés au Journal officiel de l’Union européenne le 14 août 2009. 1

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CREG ment limitée. Et nous devons tout de même veiller à ce que les pays en voie de développement et les générations qui nous suivent disposent encore de l’énergie indispensable. Car, les combustibles (pétrole, gaz, charbon et uranium) sont des matières premières, avant tout. Pour l’instant, on les brûle et leur stock diminue inexorablement vers l’épuisement. C’est un peu dommage. Il faut absolument trouver des moyens, soit de les brûler de manière plus rationnelle – avec moins de CO2, mais je ne vais pas aborder ici cette question –, soit certainement en brûler beaucoup moins et donc faire des économies d’énergie. L’avenir passera donc par les économies d’énergie et la substitution des énergies fossiles qui sont des ressources finies de notre terre. LJI : – Par ailleurs, vous considérez la géothermie avec beaucoup de sérieux… DW : – Actuellement, pour un investisseur privé, un chauffage central dans une maison ne coûte pas tellement cher. La première chose qu’il faut avoir à l’esprit est d’avoir une maison qui coûte le moins possible à l’usage. D’ailleurs les lois régionales y invitent, puisqu’il y a des coefficients d’isolation qui sont désormais imposés. D’autre part, il ne faut pas s’intéresser uniquement qu’au type d’énergie fossile ou autre, mais également au vecteur final d’énergie. On commence à voir, aujourd’hui, des maisons quasi passives qui disposent uniquement d’une pompe à chaleur. Donc, il n’y a plus de cuve à fuel, plus de raccordement au gaz, mais uniquement un peu d’électricité. Cela peut-être intéressant, même dans le cadre du développement des réseaux, parce que ces pompes à chaleur pourraient se déconnecter lors des pointes de consommation du réseau électrique. C’est un des gros soucis des électriciens du monde entier : la couverture des pointes est indispensable si on veut éviter des coupures de consommateurs, ou pire un black-out.

« Sans gaz, il n’y aura pas d’électricité ! » LJI : – Être ingénieur et économiste et siéger au sein de la CREG, c’est une position non négligeable pour vous… DW : – C’est déjà une plus-value dans le métier d’ingénieur. Je ne dis pas que tous les ingénieurs doivent être économistes. Mais, un certain nombre d’entre eux, et cela n’a vraiment rien à voir avec des problèmes hiérarchiques ou autres, doivent se rendre compte qu’un investissement est quelque chose qui doit être payé. Et cela manque un peu, parfois, aux jeunes ingénieurs. Même quelques cours de dernière année ne suffisent pas. Je crois qu’il faut être dans le bain pour se rendre compte que, comme ingénieur, on influe grandement sur le fonctionnement de la société et qu’on a des comptes à rendre, d’une façon ou d’une autre. Parce que ces investissements

seront aussi payés par nos enfants et nos petits-enfants. Donc, il faut faire très attention. Et il y a encore un avantage en plus au poste que j’occupe maintenant, c’est qu’il y a une synergie parfaite gaz-électricité, tant en contrôle des prix que pour celui du fonctionnement des marchés. C’est quelque chose d’extraordinaire d’autant plus que le gaz sera la clef de l’électricité des dix prochaines années. Je ne dis pas que c’est la clef du grand futur. Mais, au cours des dix prochaines années, sans gaz il n’y aura pas d’électricité.

« Je crois dur comme fer à la technologie ! » LJI : – Nos ingénieurs d’aujourd’hui vous semblent-ils suffisamment conscientisés ? DW : – Je vais vous raconter une anecdote échangée avec l’un de mes professeurs d’économie politique, à qui je disais : « tout compte fait, au fond, l’économie est une science du passé et être ingénieur, c’est une science du futur ». Chose étonnante : il m’a donné raison en me disant que les économistes ne savent pas prévoir. Je crois que marier les deux, comprendre pourquoi le passé s’est déroulé comme ça et, en même temps, imaginer des solutions technologiques pour l’avenir, en envisageant les résultats au niveau du bienêtre global de la société, c’est formidable. Donc, comme ingénieur, on construit l’avenir, cela reste vrai, mais on bâtit un peu avec un rétroviseur sur ce qui s’est moins bien passé, avant. Et donc, cela ne peut qu’aller mieux. Moi, je crois à la technologie. J’y crois dur comme fer. « Les quatre membres du Comité de Direction actuel de la CREG sont nommés pour un mandat de 6 ans, ont tous aux environs de 60 ans et n’ont donc plus à attendre de promotion. Ils peuvent ainsi mettre leur expérience au service des consommateurs belges (et européens), en toute indépendance. Clairement, nous avons déjà eu des conflits avec le gouvernement, avec les gestionnaires de réseaux (des centaines de procès), avec les producteurs (Electrabel et d’autres), avec tous les acteurs du marché, parce que nous disons parfois tout haut ce que d’autres n’osent pas dire tout bas.Vis-à-vis des médias, c’est assez difficile car il n’est jamais aisé de faire passer un message technique ou économique, en opposition aux discours publics de lobbies bien plus puissants que le régulateur. Il faut être capable de vulgariser, sans simplifier à outrance bien entendu : c’est parfois le travers (obligé ?) de certains médias. » Propos recueillis par Pascal-Pierre Delizée

Ir. Dominique Woitrin a été nommé par le Roi en février 2007, pour un mandat de six ans, comme Directeur à la CREG (Commission de Régulation de l'Électricité et du Gaz – Organisme fédéral belge de droit public) en charge du Fonctionnement Technique des Marchés. Ingénieur civil électromécanicien diplômé de l’Université Catholique de Louvain, il a suivi la formation de sciences économiques pures à l’UCL et, par après, le Cepac EMGM auprès de la SBS de l’Université Libre de Bruxelles. Jeune assistant, il a participé à l’installation de l’Université à Louvain-la-Neuve. Ensuite, il est engagé par Traction et Électricité pour la construction des centrales nucléaires de Doel. Au sein de la division Ingénierie de Tractebel, il a effectué plusieurs missions de longue durée à l’étranger et dirigé diverses équipes d’ingénierie. En 2001, il a repris la direction de la division « Postes électriques » de BEL Engineering, racheté par ELIA, TSO belge, en 2004. Plus tard, en qualité de consultant indépendant, il a notamment participé, pour le compte d’un important groupe chimique européen, à la création d’un nouveau producteur indépendant de 400 MW, en Belgique.

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Station polaire

Station polaire Princess El le concept zéro émission ront à la compréhension mondiale du Figure 2 : L’équipe de Laborelec changement climatique. La station polaire Princess Elisabeth a été conçue de manière à fonctionner intégralement avec des énergies renouvelables ou naturellement disponibles. L’énergie utilisée par la station sera produite à partir d’éoliennes et de panneaux solaires. S’il est possible de relever le défi « zéro Nous nous penchons ici sur les émission » en Antarctique, c’est égale- Les contributions des chercheurs et ment possible ailleurs dans le monde. techniciens de Laborelec ont été multiaspects liés à l’utilisation de ples : l’eau dans la station ainsi qu’à Les projets scientifiques – optimiser le (mini) réseau électrique ; sa gestion énergétique. 2008-2009 – gérer par automates l’équilibre entre C’est Laborelec qui a réalisé (Référence : http://eies.ats.aq/Ats.IE/ production et consommation élecla mise en place des systèmes ieGenRpt.aspx?idParty=4&period=2& trique (rationalisation et prioritisation de l’utilisation de l’énergie) ; électriques et du circuit d’eau idYear=2008) La station polaire est une station de – gérer la qualité de l’électricité (Power de la station. Nous avons recherche scientifique ; en 2008-2009, Quality) dans les circuits, tenant rencontré Dominique différents projets de recherche ont déjà compte du problème de mise à la terre Corbisier, Ingénieur Civil été menés : du système (roche granitique) ; 18 Chimiste AIMs ; elle fait partie – minimiser les perturbations électro– Discipline : “Microbiology de l’équipe de Laborelec qui a – BELDIVA magnétiques ; Belgian microbial diversity project in participé à l’aventure Antarctica”; – garantir la sécurité électrique ; antarctique en 2009. – BELATMOS – Discipline : “Monitoring of – proposer des systèmes d’éclairage intérieur et extérieur ; Ozone and Related Trace Gases, UV Les objectifs Radiation and Aerosol Particles in Support – optimiser le système de traitement des of Atmospheric Chemistry and Climate eaux et des déchets dans la perspecPourquoi une station scientifique polaire ? Research”; tive « zéro émission » ; Il est désormais acquis que les activités – participer à la transmission des donhumaines contribuent au changement cli- – BELISSIMA – Discipline : “Glaciology nées environnementales vers l’Europe BELgian Ice Sheet-Shelf Ice Measure matique. L’Antarctique constitue une et de télécontrôle/télégestion de l’insments in Antarctica”. archive unique et irremplaçable de l’histallation elle-même. toire climatique de la planète. Il apparaît La construction, les tests et la mise en donc indispensable de creuser ce passé La participation de service sur site ont été assurés par afin de trouver des solutions à l’urgence Laborelec Laborelec. des problèmes rencontrés aujourd’hui. Une équipe de 7 personnes de Laborelec Les enjeux de la station Princess s’est rendue en Antarctique pour mener Le concept électrique Elisabeth sont importants. En fournissant à bien la campagne BELARE 2008-2009. Il aux scientifiques un lieu équipé des meil- s’agit de : Sven Kerremans, Rafaël Jahn, L’équipement permettant d’alimenter la leures technologies, les projets de Denis Herbert, Sebastian Falkenberg, station en électricité est à 100 % basé sur les énergies renouvelables, sans émisrecherche menés à la station contribue- Dominique Corbisier et Conrad Bottu. sion de CO2 : – 408 panneaux solaires photovoltaïques Figure 1 : Situation de la station Princess Elizabeth sur le continent antarctique (380 m2) d’une puissance totale de 62,72 kWp (kilowatt peak ou crête) ; – des panneaux solaires thermiques pour une surface totale de 24 m2 ; – 9 éoliennes d’une puissance totale de 54 kWp. L’énergie excédante est stockée dans des batteries (48 VDC , 8 000 Ah) performantes d’une durée de vie d’environ 1 000 cycles.

Dans son numéro 112 de mai 2008, le Journal des Ingénieurs vous présentait un dossier sur la station polaire Princess Elizabeth. Depuis lors, des ingénieurs ont œuvré pour que ce projet devienne réalité et la station est désormais implantée en Antarctique.

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Station polaire

izabeth : Un système permet le contrôle énergétique à distance. Tous les appareils ont un fonctionnement à basse consommation d’énergie. Deux générateurs diesel de 40 kVA sont prévus comme équipements de secours. Ces données démontrent clairement la rationalisation énergétique réalisée. « La première complication, révélée par la pré-étude, se situait au niveau des énergies qui permettent de répondre aux objectifs zéro émission de la station : l’éolien et le solaire. Étant donné que les énergies renouvelables produisent des ressources énergétiques instables dans le temps, il est important de pouvoir stocker l’énergie pour ensuite l’utiliser lorsque la production est plus faible. La difficulté réside dans la détermination de la part à prélever afin de maintenir un équilibre entre stock et utilisation. Parce que si l’on stocke de l’énergie, on réduit une partie de la production que l’on pourrait directement attribuer à des charges. Par ailleurs, il faut aussi gérer la part d’électricité utilisable et qui va alimenter les charges de la station. Non seulement le réseau accepte un volume de charge différent en fonction des réserves et de la production disponible, mais les charges mêmes du réseau varient dans le temps en fonction des priorités à certains moments de la journée. Ce qui est particulier à la station, c’est que l’on a un facteur 10 entre production installée et charges totales de la station. Cela n’est pas gérable avec un système de gestion de réseau conventionnel et nous avons donc dû développer un système beaucoup plus performant pour la station. Voilà pourquoi nous avons créé un algorithme qui permet d’accepter ou de refuser les différentes charges en fonction de plusieurs critères comme l’heure et le niveau de priorité. Les charges non prioritaires peuvent être déclenchées et mises en attente par un mécanisme « déclencheur » qui va rediriger l’énergie là où elle est sollicitée prioritairement. Ce « déclencheur » peut être réévalué dans le cadre de certaines urgences comme, par exemple, une intervention médicale, un incendie, etc. Il a donc également fallu prendre en considération les diverses situations d’urgence dans le développement de nos algorithmes. » (S. Kerremans)

Figure 3 : Cycle des émissions gazeuses et liquides

traitement de l’eau, en centrale électrique principalement. L’ingénieur étant polyvalent, il est également capable d’offrir sa compétence et sa compréhension dans d’autres domaines. Ses collègues électriciens, spécialistes du micro- et smartgrid (réseau électrique intelligent capable, à l’aide de systèmes électroniques, informatiques et de télécommunications, d’adapter son comportement en fonction de la charge et de la production à tout instant) et de la compatibilité électromagnétique, étaient déjà actifs dans le projet quand l’IPF (International Polar Fundation) a demandé à Laborelec si un chimiste pouvait également être mis à disposition pour la campagne BELARE 2008-2009 afin de gérer les aspects « émissions liquides » de la station polaire. Le fonctionnement de la station polaire repose sur un concept zéro émission, que ce soit pour les émissions gazeuses ou pour les émissions liquides. Différents effluents (Figure 3) sont produits et nécessitent un traitement avant rejet dans l’environnement, et ce afin de minimiser aussi l’impact de la station polaire au niveau des rejets liquides. Le traitement d’eau se déroule en différentes étapes : 1. bioréacteur anaérobie : digestion par micro-organismes de l’eau « noire », chauffage à 55 °C par l'énergie solaire, les boues sont collectées et renvoyées vers le continent pour recyclage ; 2. unité d’ultrafiltration, première étape d’hygiénisation ; 3. bioréacteur membranaire aérobie : dégradation des composés organiques résiduels provenant du traitement Le rôle d’Ir. Dominique anaérobie et traitement de l’ammoCorbisier niaque, traitement combiné avec l’eau « grise » ; Étant ingénieur chimiste de formation, les activités de Dominique Corbisier au 4. charbon actif (AC) pour absorption des composés organiques résiduels ; sein de Laborelec gravitent autour du

5. unité de chloration ; 6. régénération : système intégré utilisant des rayons UV pour maintenir l'eau à un niveau potable. La tâche de Dominique Corbisier a d’abord consisté à prendre connaissance de la conception des unités de traitement et de stockage de l’eau, afin de pouvoir concevoir l’automatisation du système. Cette phase du travail a été effectuée en Belgique, de juin à novembre 2008. Une fois acheminé en Antarctique, l’équipement devait être 19 installé dans la station polaire. Cette phase du travail a été réalisée de décembre 2008 à janvier 2009. C’est à partir de janvier 2009 qu’elle a rejoint l’équipe sur place afin de finaliser l’intégration des différents équipements dans la station. Les connections hydrauliques ont été effectuées par l’équipe de plombiers, et les connections électriques ont été effectuées en collaboration avec ses collègues électriciens. Tout a dû se passer très vite pour respecter l’échéance importante de l’inauguration de la station le 15 février 2009. Toute l’équipe sur place (pas seulement Laborelec) s’est unie pour que les délais soient respectés et que la station soit fonctionnelle et habitable pour cette date. Ce n’est qu’après que les tests d’étanchéité, d’équipements et d’automatisation sous eau ont pu démarrer. La phase de test du traitement (le processus à proprement parler) n’a pas commencé mais sera réalisée lors de la campagne 2009-2010. Sources : – Dominique Corbisier et Sven Kerremans, Laborelec – Dossier de presse GDF SUEZ – Sites Internet Dossier réalisé par P. Delizée et Ir. O. Durieux

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Station polaire celui de participer à un projet fabuleux, extraordinaire. Et cette station est vraiment très belle. J’éprouvais également un sentiment de fierté pour mon entreprise, au travers de son engagement dans ce projet international, s’inscrivant dans le cadre du développement durable. Merci à mon patron de m’avoir fait confiance ! Le Journal des Ingénieurs (JI) : – Quelle est JI : – Et vous ne saviez pas que votre employeur votre fonction à Laborelec, et plus particu- était également à la recherche d’un chimiste lièrement dans la ligne de produits pour ce projet… « Sustainable Process Technology » ? DC : – Pour moi, il était logique que ce soit les Ir. Dominique Corbisier (DC) : – Je suis électriciens qui participent à ce projet. Jusqu’au responsable de la Division Environnement de la jour où, effectivement, mon chef m’a appelée ligne de produits, pour Laborelec, filiale de – je me trouvais en Pologne dans le cadre d’une GDF-Suez. Au quotidien, mes collègues et moi mission – et m’a proposé de partir en travaillons sur différents aspects environne- Antarctique. Nous sommes, alors, en mars mentaux au niveau des centrales électriques : 2008. J’ai manifesté un peu de réticence car je – traitement de l’eau pour la production d’eau devais améliorer l’état de mes connaissances en déminéralisée et d’eau de refroidissement cette matière spécifique. Comme il m’était (en utilisant des technologies plus respec- offert de prendre part à cette expérience hors tueuses vis-à-vis de l’environnement) ; du commun, j’ai réuni un maximum d’informations. Pour moi, il s’agissait d’un vrai challenge. – traitement des effluents ; J’ai donc accompagné, en janvier 2009, toute – mesure de polluants atmosphériques, calibral’équipe de Laborelec ainsi que toutes les pertion, validation et recommandations sur les sonnes qui ont pris part à la construction de la appareils de mesure, optimisations des perstation : des plombiers, des électriciens, des formances de brûleurs, catalyseurs et absormécaniciens et même des militaires en charge beurs. de la coordination du chantier, sous l’angle JI : – Comment, de Laborelec, êtes-vous par- logistique. Sans oublier les scientifiques occuvenue au cœur de la Station polaire ? pés à effectuer les recherches, sur place. Nous DC : – Au départ, c’est grâce à l’équipe d’élec- logions dans des tentes. Il y avait même une triciens qui allait construire le réseau électrique tente mess, pour y prendre les repas. de la station – l’optimiser et l’exploiter – qui a JI : – Lorsque vous êtes arrivée, il n’y avait été contactée par l’IPF, la Fondation Polaire pas d’électricité disponible à l’intérieur… Internationale. En tout premier lieu, il s’agissait, principalement, de minimiser les perturbations DC : – Effectivement. Dès lors, avant de pouélectromagnétiques. Parce que la station voir démarrer mon traitement biologique de polaire est construite sur de la glace et du gra- l’eau, j’ai mis la main à la pâte et j’ai câblé avec nit, deux isolants électriques, l’évacuation des les électriciens. Ils m’ont expliqué la marche à charges électrostatiques n’est pas aisée, mais suivre. C’était la toute première chose à réaliest nécessaire pour la protection des équipe- ser : intégrer les équipements dans la station. ments et des personnes. Ensuite, la conception Sachant que, dans la vie de tous les jours, en ma du réseau électrique de la station nécessitait la qualité d’ingénieur, je n’effectue pas souvent ce collaboration de plusieurs spécialistes électri- type de travail. Je mets beaucoup plus de temps ciens. Au sein de Laborelec, nous avons des qu’une personne expérimentée, en ce domaine. spécialistes en micro-réseaux intelligents, qui Or, il fallait que le câblage électrique soit terétaient à même de concevoir et construire un miné pour pouvoir effectuer les tests élecréseau électrique stable, fonctionnant avec dif- triques, mécaniques et d’automatisation. Le férentes énergies, et capable de couvrir les rythme de travail était assez soutenu, celui-ci besoins énergétiques de la Station polaire avec s’opérant dans des conditions particulièrement un minimum de capacité de production instal- rigoureuses. lée. JI : – Vous aviez déjà beaucoup travaillé JI : – Saviez-vous que vous seriez appelée à avant de vous rendre dans l’Antarctique… collaborer à cet extraordinaire projet ? DC : – En effet, avant le départ, ici, dans les DC : – Pas du tout. Quand la maquette de la locaux de Laborelec, entre mars 2008 et janvier Station polaire a été présentée sur le site de 2009, j’ai pris une part active à la partie concepTour et Taxis, à Bruxelles, je suis vraiment tom- tuelle : comment parvenir à automatiser le sysbée des nues car j’ignorais que Laborelec était tème de traitement de l’eau et comment le partie prenante dans ce projet. J’ai trouvé cela mettre en œuvre, assurer son démarrage ? extraordinaire. Je suis allée voir la Station. J’ai J’avais également rédigé l’étude portant sur d’ailleurs passé trois quarts d’heure dans la file l’automatisation, en collaboration avec la d’attente (!), pour la voir et, finalement, passer société gantoise EPAS, une entreprise de un quart d’heure à l’intérieur de celle-ci. Cela consultance spécialisée dans le traitement de m’a, d’emblée, procuré un très bon sentiment, l’eau.

« Un challenge personnel mais, surtout, une extraordinaire expérience au service du développement durable » Ir. Dominique Corbisier Figure 4 : Ir. Dominique Corbisier en pleine phase de test des équipements

20 Ir. Dominique Corbisier est Ingénieur Civil Chimiste, diplômée de la Faculté Polytechnique de Mons en 1999. Elle est membre de l’AIMs. Après ses études, elle exerce pendant deux ans et demi la fonction d’Assistante de recherche en traitement électrochimique des effluents liquides à l’UCL. Elle rejoint ensuite Laborelec à Linkebeek dans le département SPRT (Sustainable Process Technology Product Line) où elle étudie entres autres les problèmes liés au traitement des eaux et des gaz dans les centrales électriques. Dominique exerce actuellement la fonction de Technology Manager Environment chez Laborelec ; elle gère une équipe de spécialistes en traitement des eaux, des fumées et en mesures d’émissions.

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Un Job Day pour les ingénieurs et les entreprises du secteur technologique Le chômage à Bruxelles a dépassé les 20 %, les prévisions 2011 pour la Belgique sont de 16 % de chômage, pourtant, les secteurs de l’ingénierie et des hautes technologies sont toujours à la recherche de nouveaux candidats. Les Brussels Job Days souhaitent donc favoriser la rencontre entre, d’une part, les entreprises à la recherche de collaborateurs, ingénieurs ou techniciens, et, d’autre part, les personnes en recherche d’emploi ou déjà actives mais désirant acquérir une nouvelle expérience professionnelle. Pour cette raison, un Brussels Job Day Ingénieurs-Techniciens et IT sera organisé ce 11 décembre à l’initiative de BECI avec le soutien de la Région Bruxelles-Capitale, en collaboration avec Agoria, Fédération de l’Industrie Technologique et IrisTech, Centre de Référence de l’Industrie Technologique. Le Job Day Ingénieurs-Techniciens et IT 2008 s’est déroulé au Centre Diamant, siège d’Agoria. Les candidats ont d’ores et déjà la possibilité de s’inscrire en ligne à l’édition 2009 sur www.jobdays.eu . Quelques résultats de l’édition 2008 Plus de 50 entreprises ont participé au Job Day Ingénieurs, Techniciens et IT de l’an dernier. Sur les 1.500 CV récoltés, près d’un tiers a donné lieu à une procédure de recrutement. Selon l’enquête de satisfaction réalisée auprès des employeurs présents en 2008, 73 % des recruteurs étaient satisfaits de la qualité des candidats. Chaque entreprise a recruté au moins une personne rencontrée lors de l’événement. Plus de 800 candidats particulièrement motivés, dont un grand nombre d’ingénieurs industriels et civils, se sont présenté à ce Job Day en décembre 2008. 75 % d’entre eux avaient moins de 35 ans et étaient diplômés d’une université ou une école supérieure. Depuis 5 ans, plus de 35.000 demandeurs d’emploi se sont rendus à un Job Day et près de 4.000 personnes ont trouvé un job suite aux entretiens d’embauche qu’elles ont eu l’occasion d’y passer. Voilà la grande spécificité des Brussels Job Days : ils constituent une occasion unique pour les demandeurs d’emploi de passer des entretiens d’embauche immédiats avec des recruteurs. Brussels Job Days, mode d’emploi Chaque candidat, préalablement inscrit sur le site internet des Job Days, a la possibilité de consulter en ligne les offres d’emploi proposées par les entreprises participantes. Il sélectionne celles qui l’intéressent et se rend ensuite sur place à la date prévue. Le jour même, munis de plusieurs exemplaires de son CV, le candidat se dirige vers les stands des employeurs qu’il aura sélectionnés pour y demander un entretien. De leur côté, les entreprises ont une occasion unique de concentrer en une seule journée le travail de plusieurs jours, et d’augmenter l’efficacité de leur recrutement puisque chaque Job Day cible un secteur ou un métier bien précis.

Les Brussels Job Days offrent aux personnes à la recherche d’un emploi l’occasion d’éviter la première étape ingrate de l’envoi de lettre et de C.V., et de se confronter directement avec des employeurs potentiels. Les candidats découvrent ainsi leurs forces et leurs lacunes en interview, créent des contacts, se sentent au cœur de l’action… Les sociétés, quant à elles, sont toujours aussi nombreuses à participer. Cela s’explique par le fait que de plus en plus de sociétés préfèrent mettre l’action sur des actions beaucoup moins coûteuse et plus « pragmatiques », immédiatement efficaces pour trouver les profils qu’ils recherchent. Pourquoi un Job Day pour les ingénieurs ? Malgré la crise économique, les entreprises sont continuellement à la recherche de candidats ingénieurs. De leur côté, ces candidats, même s’ils sont de plus en plus difficiles à trouver, sont toujours là, qu’ils soient fraîchement diplômés ou avec une première expérience professionnelle derrière eux : la mission des Brussels Job Days est justement d’aider à mettre en contact les entreprises qui recrutent avec les candidats qui leur correspondent. Il est évident qu’un secteur comme celui des ingénieurs, informaticiens et techniciens, profils particulièrement pointus, méritait d’avoir son propre Job Day. Lors de ce Job Day, comme à chaque Brussels Job Day, des ateliers sont organisés, en français et en néerlandais, sur différents thèmes liés à la recherche d’emploi : Quelles sont les techniques utilisées par les recruteurs ? Comment rédiger un bon CV ? Conseils pour un entretien réussi, etc. Notez donc dans votre agenda : Brussels Job Day « IT, Techniciens et Ingénieurs », le vendredi 11 décembre 2009 à Bruxelles. Les entreprises intéressées peuvent contacter l’organisation au 02/346.38.00 ou à info@jobdays.eu . Toutes les infos et inscriptions des candidats sur www.jobdays.eu Sibylle Dechamps

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Event & News

Ingénieurs mag - 11/2009

Pleinement intégrées en une même entité opérationnelle, les sociétés LIMPENS & FEXIM font partie du Groupe EIFFAGE BENELUX (www.eiffagebenelux.be), actif en Belgique au travers de nombreuses sociétés du domaine de la construction, ainsi que de la conception, du montage et de la maintenance d'installations d'applications thermiques relevant de l'ingénierie climatique. Branche spécialisée du Groupe, FEXIM prend en charge les domaines suivants: • la gestion et la maintenance d'installations techniques • la garantie totale des équipements techniques • la gestion des énergies dans le cadre d'un contrat de gestion technique • la rénovation ou le remplacement d'équipements. Dans le cadre de la mise en œuvre d'un nouveau “business model” renforçant une stratégie novatrice associant: “valeurs ajoutées” aux clients, innovations technologiques, optimisations énergétiques & environnementales, performances économiques et offres de services homogènes en matière de services et de gestion, FEXIM engage un (m/f)

RESPONSABLE DIVISION MAINTENANCE HVAC GENIE CLIMATIQUE - INNOVATIONS ENERGETIQUES Finalités: Dans un esprit de leadership entrepreneurial, le “Responsable Division Maintenance” dirige l'ensemble des activités visant à atteindre les performances économiques et techniques du “Service Maintenance”. Ceci implique: dynamisation commerciale, gestion générale de la division, organisation et coordination opérationnelle, planification des objectifs, optimisation des budgets et mise en œuvre technologique, gestion globale des contrats de maintenance, animation des équipes, conformité & qualité, fidélisation clients et anticipation des besoins tout en favorisant l'innovation et l'apport de valeurs ajoutées réelles.

Informations - Description de fonction & envoi de candidature: www.goldhand.be/jobs Pour un premier contact ou un entretien confidentiel, contactez-nous sans attendre, même le week-end: Maurice LEON, 0475 390 095 ou Catherine VERBIEST, 0472 920 036 ou au +32 10 300 380

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Vous pouvez également envoyer votre candidature avec la référence 381 par: • e-mail: info@goldhand.be • fax: + 32 10 300.399 • courrier: GOLDHAND IMSA, Rue André Dumont 3, 1435 Mont St-Guibert.

Journée d’études

Les risques d’explosion (Atex) : généralités, législation applicable, mise en pratique et expériences industrielles 24 Novembre 2009 (Liège) Nous avons le plaisir de vous informer que l’AIM (Association des Ingénieurs de Montefiore) organise le mardi 24 novembre 2009 une journée d’études sur les risques d’explosion (Atex). Cette journée se déroulera au centre de Liège (Salle de la BNP Paribas-Fortis). Les risques d’explosion sont présents dans de nombreuses industries. C’est pourquoi l’Union européenne a publié deux directives qui ont été transposées dans les lois nationales des états membres. Ces législations sont parfois peu connues et l’organisation d’une journée d’études sur ce sujet permettra aux différents acteurs de faire le point sur les risques d’explosion. Cette journée sera complétée par une visite l’aprèsmidi (au choix entre 3 propositions : Chimac-Agriphar à Ougrée, Total à Wandre ou Centrale Electrabel des Awirs). Plus d’informations : http://www.aimontefiore.org/atex

La construction en bois : du traditionnel au multi étagés ? le lundi 07 décembre 2009 de 13H30 à 18H00 dans l’auditorium des Moulins de Beez (Namur) La construction en bois a le vent en poupe pour le résidentiel mais aussi pour des immeubles de bureaux. Quelles sont les spécifications techniques actuelles à respecter ? Quelles sont les recommandations pour garantir une bonne exécution face à des performances ? Avec quel type de bois et quel élément en bois devrait-on travailler? Existe-t-il des solutions pour des bâtiments multi étagés ? Pour le savoir venez nous rejoindre. Public cible : Ingénieurs, ingénieurs architectes, bureaux d’études, bureaux d’architecture, producteurs, promoteurs, entrepreneurs généraux, maîtres d’ouvrage publics, maîtres d’ouvrage privés (banques, assurances, chaînes de magasins…). Intéressé ? Faites-nous signe à l’adresse : fabi@fabi.be En partenariat avec la :


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Event & News

Ingénieurs mag - 11/2009 Association des Ingénieurs issus de la Faculté Polytechnique de l’ERM

GRASMECH’ 2009 - NCTAM FNRS Graduate school www.mech.kuleuven.be/GraSMech

École Royale Militaire - 30 Avenue de la Renaissance – 1000 Bruxelles

26–27/11/2009 - Royal Military Academy - Brussels

Vous êtes cordialement invité à la conférence du 09 décembre 09 à 17h00 à l’ERM (accueil dès 16h30) Vous munir de cette invitation et informer elrecker@rma.ac.be avant le 30 nov. 2009

Quel rôle pour l'énergie nucléaire dans l'avenir ? Ernest MUND - Université Libre de Bruxelles Les inquiétudes liées à la transformation du climat comme conséquence des activités humaines conduisent les « politiques » aujourd’hui à ne miser que sur les économies d'énergie et le développement des renouvelables (éolien, solaire...) pour satisfaire les besoins futurs de la population en énergie primaire.

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Est-ce suffisant ? En attendant le nucléaire de fusion, peut-on se passer d'une source comme le nucléaire de fission (non émettrice de CO2) qui, malgré des atouts indéniables, reste un épouvantail aux yeux de beaucoup ? Compte tenu des différentes facettes du sujet, la réponse à ces deux questions est loin d'être tranchée dans un sens comme dans l’autre. C'est ce que tentera de montrer l'exposé qui analysera l'évolution la plus probable du sujet, compte tenu des progrès prévisibles sur le plan technologique (Génération IV), mais aussi des résistances liées à la sécurité prise dans un sens large.

European Society for Engineers and Industrialists International Round Table Conference (in cooperation with SEFI and CLAIU-EU)

Educating the European Engineer for the challenges of the 21st century Brussels – 20th November 2009 • A Committee of Honour composed of 25 personalities from Europe and the USA. • Two sessions bringing together 7 prestigious speakers from 6 different countries, followed by the actual round table. • A unique occasion to hear about the latest developments in Engineering Education in Europe, which is of the utmost importance, not only for you and for your organization, but also for your children, should they be tempted to undertake engineering studies. To learn more about that conference and register on line: www.seii.org

www.aia.rma.ac.be

Registration Form: www.eneest.eu

www.rma.ac.be

Experimentation in Environmental Engineering: Vibrations, Acoustics and Fluid Mechanics Organisators: Royal Military Academy, Vrije Universiteit Brussel, Katholieke Universiteit Leuven, Von Karman Institute Day 1: 26 November 2009 A. Vibrations, Acoustics, Laser Vibrometry and Applications: Prof. Dr Ir. P. Guillaume (VUB) and Dr Ir. K. HARRI (KMS), LMS International, Prof. Dr Ir. D. Vandepitte (KUL) a. Application of optical measurement techniques in Modal Analysis, Prof. Dr Ir. Patrick Guillaume (VUB) b. Application of transmissibility functions in Modal Analysis, Ir. Christof Devriendt (VUB) c. Application of optimization techniques in Modal Analysis, Dr Ir. Gunther Steenackers (VUB) d. Application of vibration measurements in Structural Health Monitoring, Dr Ir. Kristof Harri (KMS) e. Auralization of traffic noise and application at the optimization of sound quality, Dr Ir. Dries Berckmans (KUL) f. Experimental analysis of structure-borne tyre/road noise due to road surface discontinuities, Dr Ir. Peter Kindt (KUL) Day 2: 27 November 2009 B. Fluid Mechanics: measurement of speed, mass flow, air quality and heat transfer: Prof. Dr Ir. Tony Arts (VKI) and Prof. Dr Ir. Walter Bosschaerts (RMA) a. Heat transfer measurements (convection), Prof. Tony Arts (VKI) b. PIV measurements of jets, Prof. Ilinca Nastase (Romanie) c. Fine dust particles (quantification), Prof. Karim Limam (France) d. Special probes (cooled probes), Prof. Jean-François Brouckaert (VKI) e. Hot Wire (turbulence measurements), Prof. Walter Bosschaerts (RMA)

Aux Éditions P.I.E. Peter Lang

Le dernier carré : Les charbonniers belges, libres entrepreneurs face à la CECA Roch Hannecart La crise charbonnière est assurément un des événements les plus lourds de conséquences dans l’histoire de l’après-guerre en Belgique et, paradoxalement, elle demeure largement méconnue. Or, il faut constater que la gestion de cette crise a laissé derrière elle une impression de gâchis et que c’est aux gouvernements de l’époque et à leur manque de courage politique que l’on en a généralement attribué la responsabilité. Mais quel fut le rôle des dirigeants charbonniers belges face à la crise de leur secteur ? En tentant d'apporter une réponse à cette question, l’auteur apporte une vision tout à fait neuve de la faillite des mines belges et de leur intégration au marché commun de la CECA. Par le portrait qu’il dresse de la profession des charbonniers en Belgique et par l'analyse qu'il donne de ses activités de lobby, à la fois sur les plans national et européen, il met en évidence une dimension nettement plus politique et idéologique de cette faillite, en plus des explications économiques et techniques qu'on a pu donner jusqu’à présent.


Innovation

Ingénieurs mag - 11/2009

AMPACIMON Le futur baromètre de nos réseaux électriques Ces dernières années, le secteur du transport et de la distribution de l’électricité a subi de profondes mutations. La demande en électricité ne cesse d'augmenter et le développement des moyens de génération d’électricité de taille réduite (cogénération, éoliennes) a changé radicalement le transit actuel des flux d’électricité. Le réseau vieillissant n’a pas été conçu à l’origine pour fonctionner de la sorte et la construction de nouvelles lignes est chère et soumise à l’approbation des pouvoirs publics. Les compagnies d'électricité recherchent donc des moyens pour maximiser la capacité de transport de leurs lignes électriques actuelles. L’ampacité, contraction de ampere capacity, définit la réserve de puissance d'une ligne électrique à haute tension. C’est un facteur clé pour éviter toute surcharge qui pourrait avoir des conséquences dramatiques comme le black out de New York en 2003.

temps réel, autonomes, capables de fournir des informations sur la réserve de puissance disponible et sur l'état vibratoire de la ligne. Le module de mesure Ampacimon est alimenté par la ligne haute tension sur laquelle il est placé grâce à un transformateur.

Afin d’optimiser l’utilisation du réseau électrique en toute sécurité, des chercheurs de l’Université de Liège ont mis au point Ampacimon (ampacity monitoring), un système de monitoring des lignes haute tension.

L'énergie ainsi soutirée assure le fonctionnement de l'électronique de mesure (accéléromètres, capteurs de température…) et de l'électronique de gestion des données (traitement embarqué et transmissions GSM).

Limitations du réseau électrique Lorsqu’une ligne à haute tension s’échauffe, celle-ci se détend et se rapproche du sol en fonction du courant et des conditions météorologiques. Pour des raisons de sécurité, une distance minimale entre la ligne et les obstacles environnants doit être respectée ; la puissance transitant dans la ligne ne peut donc excéder une certaine limite. Dans la pratique actuelle, les compagnies d'électri-

cité font généralement l'hypothèse d'une ampacité statique calculée pour des conditions atmosphériques critiques (ensoleillement maximum, température ambiante maximale, vitesse du vent minimale…). Cependant, les conditions atmosphériques sont souvent plus favorables (généralement plus de 98 % du temps). Par conséquent, l’ampacité réelle est souvent sousestimée engendrant une sous-exploitation de la ligne. En utilisant des systèmes de surveillance en temps réel, la capacité d'une ligne augmente en moyenne de 10 à 15 %. Le système Ampacimon Les équipements Ampacimon sont des microsystèmes de surveillance en

Ces appareils ont également été conçus pour résister aux conditions extrêmes propres à l’environnement des lignes électriques (haute tension, champ électromagnétique élevé, intempéries…).

En 2003, au sein de l’Université de Liège, l’équipe du Prof. JeanLouis Lilien (service de transport et distribution de l’énergie électrique) s’associe à celle du Prof. Jacques Destiné (service d’électronique, microsystèmes, mesures et instrumentation). Une action de recherche concertée en partenariat avec le Centre Spatial de Liège est menée et une expérimentation à grande échelle sur le réseau belge débute en 2008 avec la collaboration de ELIA.

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Mailview

Ingénieurs mag - 11/2009

Robert Leclère Synatom, filiale d'Electrabel Qui êtes-vous ? Robert Leclère, président du Forum nucléaire, et CEO de Synatom, filiale d'Electrabel qui gère l'ensemble du cycle du combustible des centrales belges ainsi que les provisions pour le démantèlement des centrales. Ingénieur civil chimiste de formation, je suis passionné par le métier nucléaire, qui mérite d'être reconnu à sa juste valeur. En effet, plus de 9 000 personnes, la plupart hautement qualifiées, travaillent quotidiennement en Belgique dans le nucléaire au sens large (production d'électricité mais aussi recherche, applications médicales, etc.). Elles témoignent du rôle du nucléaire dans notre pays et peuvent faire valoir leur expertise unique, internationalement reconnue. Avec les milieux académiques, le Forum nucléaire et ses membres sont représentatifs de l'expertise belge dans l'ensemble des domaines d'application du nucléaire. Le respect dont nous bénéficions à l'étranger, nous le revendiquons aussi dans notre propre pays.

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En quoi consiste le Forum nucléaire ? Le Forum Nucléaire Belge est une ASBL créée – sous cette dénomination – le 29 février 1972. En tant qu'association professionnelle, il réunit donc la plupart des sociétés et organismes actifs dans le domaine des applications de la science et de la technologie nucléaires. Ses membres sont Agoria, Areva, Belgonucléaire, Belgoprocess, Electrabel, IRE, Laborelec, MPE, SCK CEN, SPE, Synatom, Tractebel Engineering, Tecnubel, Transnubel, Transrad et Westinghouse Electric Belgium.

Forum nucléaire Gulledelle, 96 1200 Bruxelles Tel: 02/761 94 50 Fax: 02/761 94 59 E-mail: info@nuclearforum.be Site web: www.nuclearforum.be

Au-delà de son rôle de fédération du secteur nucléaire, le Forum s’est progressivement imposé un devoir d’explication et d’information. Dans le cadre du débat énergétique global, le Forum nucléaire informe donc sur les applications pacifiques de la science et de la technologie nucléaires. Après avoir été longtemps discret, le Forum nucléaire prend maintenant part au débat démocratique, sans tabous ni préjugés, sans a priori ni exclusives. Pourquoi le Forum nucléaire s'est-il donné un devoir d'information ? Jusqu'à présent, le grand public était surtout informé sur la question par les opposants à l'énergie nucléaire. Cela a créé autour du nucléaire un climat négatif, injustifié. En effet, si le nucléaire comporte des inconvé-

nients, il a aussi de nombreux avantages ! Et dans le contexte énergétique actuel, il était important qu'un interlocuteur mette en lumière la place du nucléaire dans le mix énergétique, pour des raisons tant de sûreté d'approvisionnement que de prix maitrisé de l'énergie et de limitation des émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, un sondage effectué en 2007 avait montré que 32 % de la population n'avait pas d'avis sur l'énergie nucléaire. Il s'agissait donc d'informer cette cible afin qu'elle puisse se forger une opinion sur la question. Quelles actions concrètes le Forum nucléaire entreprend-il ? Le Forum est d'une part un lien entre tous les acteurs du secteur nucléaire. Il leur permet d'échanger leurs connaissances et expériences et de communiquer sous la bannière du secteur dans son ensemble. D'autre part, le Forum est un interlocuteur incontournable dans le débat sur la question nucléaire qui a lieu à différents niveaux : politique mais aussi citoyen. Le Forum souhaite en effet porter le débat au-delà des seules assemblées représentantes des citoyens. Les moyens de susciter le débat et de délivrer de la substance pour débattre sont nombreux. Les campagnes, ponctuelles, se veulent un moyen d'intriguer le grand public et de le sensibiliser à la question du nucléaire. Notre site web, continuellement alimenté et mis à jour, est lui une source d'informations permanente. Enfin, le Forum informe également les médias et les décideurs (politiques ou autres) via des publications et des rencontres. Le Forum, aidé par ses membres, se veut la référence par excellence en matière d'applications pacifiques du nucléaire.


VOUS VENEZ DE TROUVER UN JOB DANS LE NUCLEAIRE. COMMENT ALLEZ-VOUS L’ANNONCER A VOS AMIS? C’est quoi le métier idéal ? Un métier qui fait appel à des compétences très pointues, un métier qui aiguise le sens des responsabilités, ou un métier qui fait l’unanimité ? Si un job dans le nucléaire passe facilement le cap des premières questions, il met par contre rarement tout le monde d’accord. C’est un secteur de pointe, qui joue un rôle important dans de nombreux domaines de notre vie quotidienne, mais c’est aussi un secteur que d’aucuns trouvent opaque parce qu’il fait appel à une technologie à risques ou encore parce qu’il génère des déchets radioactifs dont la majorité des gens ne sait pas très bien ce qu’on fait. Et même si ces déchets sont effectivement gérés, même s’il n’y a pas d’endroit plus sécurisé qu’une installation nucléaire, certains clichés ont la vie dure. Finalement, à quoi les gens qui travaillent dans le nucléaire sont-ils le plus exposés : aux risques ou aux a priori ? L’ÉNERGIE NUCLÉAIRE. Y AVEZ-VOUS DÉJÀ VRAIMENT RÉFLÉCHI ?

www.forumnucleaire.be


Construisez avec nous le train de demain! Vous êtes ingénieur et vous êtes à la recherche d’un job passionnant ? Infrabel a besoin de vous ! Dans le sillage de… Dans les dix prochaines années, de nombreux collaborateurs partiront à la retraite. Nous cherchons d’ores et déjà de nouveaux collègues pour les remplacer. Notre offre ? Des conditions de travail optimales, un excellent encadrement et des formations permanentes. Ainsi, nous garantissons votre sécurité, ainsi que celle des voyageurs. Car chaque collaborateur est un maillon indispensable dans notre chaîne… Pour en savoir plus sur les jobs d’ingénieurs que nous vous proposons, surfez sur www.lescheminsdeferengagent.be. Les étudiants de dernière année peuvent également s’inscrire!

On vous attend avec impatience!

Christophe Ingénieur civil – Ouvrages d’art chez Infrabel “Ma mission principale consiste à définir et à réaliser les travaux d’entretien et d’investissement nécessaires au maintien de la capacité du réseau ferroviaire. Concrètement, avec mon équipe, nous inspectons le réseau afin de mettre en évidence les ouvrages d’art qui nécessitent une intervention. On détermine alors les travaux à réaliser et on assure le suivi des chantiers. Notre travail vise essentiellement à améliorer la sécurité et la ponctualité. En matière de génie civil, Infrabel est un important maître d’ouvrages et sa mission s’inscrit pleinement dans le développement durable. Particulièrement sensible à la recherche d’une mobilité plus verte, je peux intégrer cet aspect dans mon travail quotidien. A côté de cela, j’aime le travail d’équipe que requièrent nos projets. Ils font en effet souvent appel à de multiples compétences. Infrabel offre une véritable opportunité aux ingénieurs : relever des défis techniques, dans un environnement opérationnel contraignant. Ce qui est pour moi un réel épanouissement!” Suite aux règles européennes en matière de libéralisation du rail, l’opérateur historique SNCB a été réorganisé le 1er janvier 2005 et a donné naissance à une nouvelle structure : le Groupe SNCB. Il se constitue de 3 sociétés autonomes : - Infrabel, le gestionnaire de l’infrastructure ferroviaire - SNCB, exploitant du réseau ferroviaire - SNCB-Holding, qui chapeaute le Groupe SNCB

Plus d’informations sur les activités d’Infrabel ?

www.infrabel.be


Devenez l’un de nos nouveaux collègues Pour relever le défi de notre mobilité, le Groupe SNCB développe de passionnants projets d’avenir qui sont à la pointe du progrès technique: le RER, le TGV, la modernisation du réseau ferroviaire, la rénovation ou la reconstruction de très nombreuses gares dont Liège et Anvers... Nous sommes actuellement à la recherche d’ingénieurs civils et industriels. Venez nous rejoindre!

Découvrez toutes nos offres d’emploi sur w w w.les chemins de fer engagent .be


Demandes d’emploi Ingénieurs mag - 11/2009

Notre client, expert environnemental pour l’industrie et le secteur public, recherche pour l’élargissement de son bureau d’études des sols, situé à Gembloux :

La Confédération Construction Wallonne (CCW) est l’aile wallonne de la Confédération Construction qui représente plusieurs milliers d’entreprises de bâtiment, menuiserie, chauffage, toiture, électricité, voirie, etc. La CCW remplit plusieurs missions : conseils et services aux entreprises affiliées, promotion et représentation du secteur dans les domaines économique, juridique, environnemental, technique et social. Dans le cadre des actions de son département « environnement et technologie », la CCW recherche un(e) :

chargé(e) de mission « Environnement »

Un chef de projets : études de sol et assainissement (m/f) Fonction Vous êtes le responsable d'une équipe d'ingénieurs réalisant des études de sol (3 à 5 personnes) pour nos clients en Wallonie et à Bruxelles. Vous réalisez en collaboration avec votre équipe le suivi budgétaire et le suivi de la qualité des différentes études. Vous prenez un rôle actif et dynamique pour le suivi de portefeuilles clients. Vous participez directement à la réalisation d'études de caractérisation et de plans d'assainissement. Profil

Vos responsabilités : • Aides et conseils aux entreprises en matière d’environnement (application des réglementations et permis, amélioration de la gestion environnementale). • Développement d’outils de gestion environnementale. • Concevoir et dispenser des formations environnementales à destination des entreprises.

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• Organiser ou participer à des séances d’information et de sensibilisation pour les professionnels sur des thématiques environnementales.

Vous possédez un diplôme de bio-ingénieur en environnement, d'ingénieur industriel en environnement ou autre diplôme avec expérience équivalente. · Francophone, vous avez une bonne connaissance orale de l'anglais ; la connaissance du néerlandais est un atout. · Vous avez quelques années d'expérience dans le domaine des études de pollution du sol, idéalement en Région wallonne. · Vous avez déjà réalisé et suivi des études de sol ainsi que des travaux d'assainissement et vous êtes capable de mener à bien et de façon autonome ces études.

Votre profil :

· La connaissance de la législation dans le domaine des sols et des déchets en Régions wallonne et bruxelloise est un atout.

• Diplôme universitaire en construction ou agronomie (bio-ingénieur, ingénieur civil…). Une formation d’éco-conseiller est un plus.

· La maîtrise des procédures existantes à Bruxelles et en Région wallonne en matière de réalisation d'études de sol et d'assainissement est également un atout.

• Une expérience professionnelle en matière de gestion des déchets, gestion de l’eau, assainissement des sols est un plus. • Grande capacité relationnelle et rédactionnelle.

· Vous avez un esprit d'analyse et un bon sens de la communication, vous rapportez de manière claire et précise. · Vous êtes flexible, autonome et vous avez un esprit d'initiative.

• Possession d’un véhicule.

· Vous avez une approche orientée vers le client, vous comprenez ses besoins et cherchez à proposer des solutions adéquates.

Nous offrons :

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• Connaissance de Word, Excel, Powerpoint.

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Un contrat à durée indéterminée et la possibilité d'évoluer dans un cadre de travail dynamique au sein d'un groupe international vous offrant bon nombre de possibilités de carrière. Un poste à responsabilités en charge d'une équipe d'ingénieurs. Une fonction dans laquelle vous êtes en contact avec les clients. Un salaire attractif ainsi que de nombreux avantages extralégaux. Intéressé ? Pour postuler, cliquez sur le lien suivant : http://www.profilegroup.com/en/ jobs_detail.asp?id=6317 Pour toute question, appelez Séverine Dieu au 067/64.47.63.


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