Ingenieur jdi 129

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Belgique - België P.P. CHARLEROI X BC 1781

Mensuel – Septembre 2010 – Bureau de dĂ©pĂŽt : CHARLEROI X

Carriùre de pierre bleue à Soignies – Source : S.C.A. Carriùres du Hainaut

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Hommage Ă  Maximilien Le Begge (p. 4)

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Le thé

mis Ă  nu par un scientifique

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Le Journal des Ingénieurs Mensuel N°129 Septembre-octobre 2010

Rue Hobbema 2 - 1000 Bruxelles TĂ©l. 02 734 75 10 - Fax 02 734 53 15 info@fabi.be - www.fabi.be ÉDITEUR Ir. Maximilien Le Begge Tous droits rĂ©servĂ©s. Reproduction et diffusion interdite par quelque moyen que ce soit, sans autorisation prĂ©alable Ă©crite de l’éditeur. Les textes et illustrations sont publiĂ©s sous la responsabilitĂ© de leur auteur. COMITÉ DE RÉDACTION Ir. Maximilien Le Begge (rĂ©dacteur en chef) Ir. Jean LambelĂ© (rĂ©dacteur en chef adjoint) Pascal-Pierre DelizĂ©e (secrĂ©taire de rĂ©daction) Marie Montes (coordination) RÉDACTION Philippe CrĂȘteur, Pascal DelizĂ©e Ir. Olgan Durieux, Ir. Vincent Gobbe Dr Ir. BenoĂźt Haut, Ir. Christian Legrand Ir. RĂ©gine Merz, Ir. Alison Vincent AVEC LA COLLABORATION DE : Dr Louis Huyghebaert Ir. Laurence Lambert Paul Meeussen Dany T’Jampens Ir. Étienne Fockedey Ir. RenĂ© Poliart Tirage : 10 000 ex. Distribution : personnalisĂ©e Édition : bimestrielle les mois pairs Format : 210 x 297 mm full quadri

Votre journal rend hommage Ă  la mĂ©moire de son rĂ©dacteur en chef, Ir. Max Le Begge qui nous a malheureusement quittĂ© cet Ă©tĂ©. Le Journal des IngĂ©nieurs Ă©tait son bĂ©bĂ©, Max avait rĂ©ussi Ă  le faire grandir et Ă  lui trouver des parrains, des marraines et de nombreux amis. Max Ă©tait Ă©galement SecrĂ©taire GĂ©nĂ©ral de la FABI depuis dix ans, dix ans passĂ©s Ă  dĂ©fendre et Ă  promouvoir l’ingĂ©nierie, dix ans passĂ©s Ă  convaincre de l’apport important de tous les ingĂ©nieurs dans le dĂ©veloppement de nos sociĂ©tĂ©s. De maniĂšre totalement bĂ©nĂ©vole, Max avait mis Ă  la disposition de notre fĂ©dĂ©ration son expĂ©rience, son Ă©nergie et ses nombreuses relations professionnelles. Jusqu’au dernier jour, il s’est inquiĂ©tĂ© de la bonne marche de notre fĂ©dĂ©ration. Max Ă©tait conscient des limites de son mandat et nous avions ensemble commencĂ© Ă  prĂ©parer sa succession de maniĂšre rĂ©flĂ©chie et organisĂ©e. Suite Ă  son dĂ©part, de nombreux confrĂšres nous ont spontanĂ©ment proposĂ© leur aide ou leur soutien. Nous les remercions car de l’aide et du soutien, la FABI en aura besoin tant les projets sont nombreux Ă  la rentrĂ©e. Le projet de suppression de l’examen d’entrĂ©e est, rappelons-le, toujours gravĂ© dans la dĂ©claration de politique communautaire 2009-2014 du Gouvernement de notre CommunautĂ© française et nous devons rester attentif Ă  l’évolution de ce dossier.

Le Conseil d’État frappe toujours deux fois, cet Ă©tĂ© ce fut Ă  la RĂ©gion wallonne. Comme Ă  la RĂ©gion bruxelloise l’an dernier, une rĂ©cente dĂ©cision du Conseil d’État remet en cause les conditions d’octroi d’une prime spĂ©cifique accordĂ©e aux IngĂ©nieurs. La FABI a dĂ©jĂ  pris les contacts nĂ©cessaires et dĂ©veloppera les mĂȘmes arguments qu’elle a dĂ©fendus avec succĂšs Ă  la RĂ©gion bruxelloise. La FABI a Ă©galement amorcĂ© une profonde mutation afin de tenir compte de l’évolution de son environnement : Bologne et l’adaptation des formations d’ingĂ©nieur, la consolidation des universitĂ©s et des hautes Ă©coles, l’appĂ©tit croissant de nos sociĂ©tĂ©s pour les technologies. Pour terminer, j’ai le plaisir de vous annoncer qu’un groupe d’ingĂ©nieurs actifs dans la construction a crĂ©Ă© au sein de la FABI une nouvelle commission. La commission « Patrimoine et Histoire » organisera des journĂ©es d’études autour de la rĂ©novation. DĂšs ce 26 octobre Ă  Namur, on parlera de rĂ©novation d’anciens ouvrages en bĂ©ton (page 30). Ir. Luc Minne, PrĂ©sident 3

Sommaire

Édito

P. 3 P. 4

Hommage Hommage Ă  Maximilien Le Begge

AG 2010

P. 6

Quel avenir pour la Fabi ?

Matériaux

P. 8

Le sable silicieux : matiĂšre premiĂšre pour l’industrie DÉPARTEMENT CHASSEUR DE TÊTES ET PUBLICITÉ Contact : Lydia De Lutis lydia@delta7.be Deadline pour matĂ©riel publicitaire :

15 de chaque mois avant la date d’édition Rive de l’Heure 16 6120 Ham-sur-Heure TĂ©l. +32 71 31 50 00 Fax +32 71 32 74 19 imag@delta7.be jobs@delta7.be www.topbe.eu

Agriculture

P. 12

Agriculture et alimentation biologique : entre enjeux, perspectives et défis

Pharma

P. 17

SpĂ©cificitĂ©s de l’ingĂ©niĂ©rie pharmaceutique

Matériaux

P. 20

L’ingĂ©nieur au cƓur de la pierre bleue

P. 24

Dans notre supplément « Ingénieurs Mag - 9/2010 » Vos communications, events & news, infos techniques et commerciales & high level jobs - Ingénieurs, universités, hautes écoles, associations : Contact emploi : jobs@delta7.be - Rédactionnel : adl@delta7.be - Site : www.topbe.eu

Membres de la FABI :

A.I.Ms Association des IngĂ©nieurs sortis de l’UniversitĂ© de LiĂšge

www.airbr.be

www.aimontefiore.org

ag.ovl@ovl.kviv.be www.aims.fpms.ac.be

www.ailg.be

www.aia-rma.be

www.ailouvain.be

www.aigx.be

www.aialv.be

Le Journal des Ingénieurs n°129 - Septembre-octobre 2010


Hommage Le Journal des IngĂ©nieurs perd son fondateur « Max » ou « Monsieur », selon
 Plus officiellement : Ir. Maximilien Le Begge, RĂ©dacteur en Chef du pĂ©riodique de la FABI, dont il fut le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, pendant plusieurs annĂ©es, Ă  l’instigation de sa consƓur et amie Ir. Marie-Anne Belfroid, Past President. Le « Boss » nous a, hĂ©las, quittĂ©, voici peu. Notre Ami laisse un grand vide parmi les siens. Et son ComitĂ© de RĂ©daction, sous le choc, se sent quelque peu orphelin, depuis son dĂ©part inopinĂ©. Nous rendons hommage, de maniĂšre rĂ©solument non larmoyante – car, il n’aurait nullement apprĂ©ciĂ© le 4 contraire (!) – Ă  l’initiateur de notre belle publication, au travers de ce dossier spĂ©cial. Quoi de plus lĂ©gitime
 Merci et Bravo « Monsieur Le Begge » !

Constructions, obtenu Ă  l’UniversitĂ© de l’État, Ă  LiĂšge. AprĂšs avoir Ă©tĂ© assistant de cette mĂȘme universitĂ©, au Service des Ponts et Charpentes du Professeur Henri Louis, il dĂ©butera sa carriĂšre Ă  la Compagnie d’Entreprises CFE s.a. major de la construction, en Belgique, faisant partie aujourd’hui du Groupe Vinci. Il y restera 38 ans.

AprĂšs avoir participĂ© Ă  la conception et Ă  la rĂ©alisation de grands ouvrages en travaux publics et en bĂątiments, principalement situĂ©s en Belgique et en Afrique, feu le RĂ©dacteur en Chef du « Journal des IngĂ©nieurs » fut appelĂ© Ă  la fonction de responsable « Études, Recherches et DĂ©veloppements », l’amenant Ă  diriger En outre, Maximilien Le Begge participait une Ă©quipe de 30 ingĂ©nieurs et techniactivement, depuis plusieurs annĂ©es, aux ciens. travaux d’organismes professionnels clĂ©s En tant que responsable « QualitĂ© », il a du secteur de la construction : permis Ă  CFE de devenir le premier ConfĂ©dĂ©ration Construction et l’ADEB, entrepreneur gĂ©nĂ©ral de Belgique, certi- Centre Scientifique et Technique de la Construction (CSTC) et Centre de fiĂ© ISO 9001. Recherches RoutiĂšre (CRR), Commission Depuis neuf ans Ă  la barre du Technique de la Construction (au SPFÉconomie), Office de ContrĂŽle et de « Journal des IngĂ©nieurs » Recherches expĂ©rimentales concernant Ir. Maximilien Le Begge avait repris en l’art de construire (OREX), Organisation mains, avec succĂšs, la promotion et la pour le ContrĂŽle des Aciers pour BĂ©ton coordination du « Journal des (OCAB), Centre de Recherches de IngĂ©nieurs », publication officielle de la l’Industrie CimentiĂšre Belge (CRIC), Sa raison de se « battre » FABI, en mars 2002. À cette fin, il a Bureau de Normalisation de Belgique « Il nous tient fort Ă  cƓur de prĂ©senter ce constituĂ© un ComitĂ© de RĂ©daction qui a (NBN), Cobaty International. Depuis sujet, consacrĂ© au parc d’éoliennes offshore, prouvĂ©, rapidement, sa capacitĂ© de pro- quelques mois, il Ă©tait aussi PrĂ©sident de situĂ© au large de Knokke, de façon un peu duire un magazine professionnel pĂ©rio- la SociĂ©tĂ© EuropĂ©enne des IngĂ©nieurs et plus complĂšte et technique, dans un journal dique de trĂšs bonne tenue. des Industriels (SEII). des ingĂ©nieurs que j’essaie de faire vivre
 Ce qui n’est, certes, pas chose facile
 ». L’hommage d’un Ami : Ir. ArsĂšne Burny Ces quelques mots, enregistrĂ©s lors d’un reportage effectuĂ©, sur le terrain, voici DiscrĂštement, rapidement, comme s’il Ă©tait pressĂ©, Max s’en est allĂ© laissant derdeux ans, dĂ©montrent la foi en notre riĂšre lui des orphelins et un fameux bagage, concret et solide, un vrai bagage d’inmĂ©dia, ainsi que le dĂ©vouement et l’opigĂ©nieur. IngĂ©nieur civil des constructions, il nous laisse un bel hĂ©ritage, ponts et niĂątretĂ© de Monsieur Le Begge, dans le viaducs mais aussi des constructions moins visibles aux yeux de tous. cadre de « sa » chĂšre publication. « Des constructions intĂ©rieures
 » Maximilien Le Begge nous a quittĂ©s, le 22 Ces constructions-lĂ  ce sont des constructions intĂ©rieures, exemples merveilleux aoĂ»t 2010, Ă  l’ñge de 71 ans. Un grand d’un grand homme. Nous gardons de lui l’image de son Ă©lĂ©gante stature, de son Humaniste qui s’est dĂ©vouĂ©, corps et irrĂ©ductible idĂ©al, de sa profonde humanitĂ©. Voyons sa gĂ©nĂ©rositĂ© vis-Ă -vis du Ăąme, durant plusieurs annĂ©es, Ă  la pro« TĂ©lĂ©vie », de ces petits ou grands que les ingĂ©nieurs peuvent aider, voyons son motion de la profession d’ingĂ©nieur et Ă  dĂ©vouement sans limite pour la FABI et le « Journal des IngĂ©nieurs ». la fĂ©dĂ©ration des associations d’écoles d’ingĂ©nieurs. Nous dĂ©dions tout spĂ©ciale« Intelligence, gĂ©nĂ©rositĂ© et persĂ©vĂ©rance » ment cet article Ă  sa chĂšre Ă©pouse. Intelligence, gĂ©nĂ©rositĂ© et persĂ©vĂ©rance caractĂ©risent Max Le Begge. Je garde un souvenir vivace et Ă©mu de nos repas de midi Ă  « son » petit restaurant italien. Il y Un parcours exemplaire connaissait beaucoup de gens, c’était son heure de dĂ©tente et de rĂ©flexion. Je suis Maximilien Le Begge Ă©tait nĂ© Ă  Gand, le heureux d’avoir rencontrĂ© un tel homme. Merci pour la richesse qu’il m’a donnĂ©e. 6 janvier 1939. Il Ă©tait porteur du Ir. ArsĂšne Burny, PrĂ©sident de la Commission TĂ©lĂ©vie du FNRS, 8/9/2010 diplĂŽme d’IngĂ©nieur Civil des Le Journal des IngĂ©nieurs n°129 - Septembre-octobre 2010


Hommage

« Le rĂŽle majeur d’une bonne information »

taient Ă©tait accueilli favorablement ou jetĂ© aux oubliettes. Tout le comitĂ© se rappellera longtemps l’enthousiasme communicatif avec lequel il a menĂ© ce projet. Il nous faudra maintenant maintenir cet effort, quelle que soit la forme que prendra notre publication Ă  l’avenir. Ir. Christian Legrand

Nous publions l’hommage de son Ă©quipe du comitĂ© de rĂ©daction au travers des tĂ©moignages d’Ir. Christian Legrand et Ir. Olgan Durieux


« Nous partagions la valeur du respect de l'engagement »

Officier de l’Ordre de LĂ©opold, Officier de l’Ordre de la Couronne et LaurĂ©at du Travail (MĂ©daille d’or), Ir. Maximilien Le Begge manque, notamment, Ă  de trĂšs nombreux lecteurs de « son » cher journal.

Ma rencontre avec Max Le Begge date de 2002 lorsque je suis rentrĂ© dans le comitĂ© de rĂ©daction du Journal des IngĂ©nieurs. À l'Ă©poque, l'Ă©quipe Ă©tait relativement restreinte. Elle s'est ensuite Ă©toffĂ©e jusqu'Ă  sa forme actuelle suite au souhait de Max que chaque association fĂ©dĂ©rĂ©e ait son reprĂ©sentant dans le comitĂ© de rĂ©daction. J'ai trĂšs rapidement dĂ©veloppĂ© avec lui une relation de confiance, notamment due au fait que nous partagions la valeur du respect de l'engagement. Par sa dĂ©termination et son charisme, il a su mettre en place une Ă©quipe solidaire, complĂ©mentaire, cohĂ©rente et ani« Maintenir cet effort, quelle mĂ©e par le dĂ©sir commun de mettre en que soit la forme ! » Ă©vidence les ingĂ©nieurs au travers d'un À son arrivĂ©e, le journal paraissant une mĂ©dia fĂ©dĂ©rateur. Il en Ă©tait le ciment. fois l’an avait un retentissement Ă  la Homme de conviction, Max faisait mesure de sa frĂ©quence. Il s’est battu preuve de fermetĂ© lorsque celle-ci Ă©tait avec la conviction et la persĂ©vĂ©rance nĂ©cessaire mais il savait Ă©galement se qu’on lui connaĂźt pour arriver quelques montrer Ă  l'Ă©coute. annĂ©es plus tard Ă  neuf numĂ©ros annuels, Sa disparition brutale a suscitĂ© chez moi tout en accroissant le nombre de pages de la tristesse et une grande Ă©motion. Je dans bon nombre de cas. me souviendrai de lui et de notre collaIl a tout mis en Ɠuvre pour rendre le boration
 Ir. Olgan Durieux contenu attractif et documentĂ©, permettant ainsi de communiquer un savoir fort variĂ© aux ingĂ©nieurs, membres ou non de « AprĂšs moi, il faut que les la FABI, et de mettre en Ă©vidence le plus choses continuent ! » possible le savoir-faire des entreprises Nous reproduisons, enfin, quelques courts belges et de ses ingĂ©nieurs. Il a donc extraits de l’interview d’Ir. Le Begge (MLB), organisĂ© un comitĂ© de rĂ©daction com- par Guy Duplat (GD), journaliste du quotiprenant des reprĂ©sentants des diffĂ©- dien « Le Soir », et ex-ingĂ©nieur, publiĂ© dans rentes associations d’ingĂ©nieurs mem- notre 100e numĂ©ro, voici bientĂŽt quatre bres de la FABI et des personnes du ans
 monde de la communication. Ce comitĂ©, MLB : – Au stade actuel, avec une publicomposĂ© de douze personnes dont une cation qui a renaĂźt et qui est sortie quadu staff de la FABI, est devenu, petit Ă  tre fois par an, depuis quelques annĂ©es, le petit, une Ă©quipe solide, unie et souvent premier objectif est de faire savoir aux fort inventive. ingĂ©nieurs entre eux ce que font l’un et Bien sĂ»r, fidĂšle Ă  son tempĂ©rament et l’autre, parce que je vous garantis qu’un formĂ© (ou dĂ©formĂ©) par son expĂ©rience ingĂ©nieur des constructions, par exemprofessionnelle, il conservait toujours la ple, est au courant de choses qui se pashaute direction de tout. Les membres du sent dans son domaine, mais pas assez de comitĂ© apprenaient donc trĂšs rapide- tout ce qui se passe dans d’autres ment, parfois d’un regard, parfois d’une domaines. Quand on parle, par exemple, interjection, que le projet qu’ils prĂ©sen- des retombĂ©es industrielles d’activitĂ©s Ayant pris en main les rennes de la FABI, il y a dix ans, il a vite pris conscience du rĂŽle majeur que doit avoir une bonne information dans un organisme fĂ©dĂ©rateur tel que la FABI. Son passĂ© chez CFE et son engagement actif dans les organes statutaires du CSTC ou de la ConfĂ©dĂ©ration Construction l’ont bien prĂ©parĂ© Ă  cette tĂąche. Il a donc proposĂ© et fait accepter par la FABI une stratĂ©gie de communication dans laquelle le Journal de IngĂ©nieurs prenait une place dominante, sans nĂ©gliger aucune piste destinĂ©e Ă  assurer Ă  la FĂ©dĂ©ration une renommĂ©e et une force Ă  la mesure de sa mission.

dĂ©veloppĂ©es par l’ESA (Agence Spatiale EuropĂ©enne), on constate que celles-ci sont tout Ă  fait ignorĂ©es par certains. Les ingĂ©nieurs sont rĂ©putĂ©s pour ĂȘtre assez gĂ©nĂ©ralistes, dans leur formation. Ils deviennent des hyper spĂ©cialistes dans leurs domaines d’activitĂ©s et perdent un peu la connaissance de ce qui se fait chez d’autres. Or, ils ont la capacitĂ© de se tenir informĂ©s grĂące Ă  l’information gĂ©nĂ©rale que nous leur proposons, au travers de notre journal. GD : – Est-ce que le Journal des IngĂ©nieurs n’a pas comme but aussi de pouvoir susciter davantage l’intĂ©rĂȘt des jeunes pour la profession d’ingĂ©nieur, car on sait qu’il y a des manques
 MLB : – C’est un objectif tout Ă  fait avouĂ©. HĂ©las, nous ne sommes pas en mesure de dire que nous avons dĂ©jĂ  rĂ©alisĂ© des progrĂšs de ce cĂŽtĂ©-lĂ . Nous constatons, autant Ă  la FABI que chez nos amis nĂ©erlandophones, que le membership dans nos fĂ©dĂ©rations a diminuĂ©. Il diminue chaque annĂ©e. C’est vrai que le journal devrait avoir un rĂŽle motivant. C’est un objectif rĂ©el. D’ailleurs, pour ce faire, tout rĂ©cemment, nous avons distribuĂ© le journal Ă  tous les Ă©tudiants de derniĂšre annĂ©e, dans les facultĂ©s de sciences appliquĂ©es de nos universitĂ©s et 5 dans les facultĂ©s d’agronomie et de bioingĂ©nierie. Le message Ă©tant : « Vous allez sortir avec un diplĂŽme bientĂŽt, votre fĂ©dĂ©ration qui vous invite chaleureusement Ă  vous affilier, publie un journal ainsi qu’un annuaire
 ». Dossier rĂ©alisĂ© par Pascal-Pierre DelizĂ©e

De l’ambition pour « son » journal Si, demain, j’avais les moyens financiers, je ferais en sorte qu’on se lance dans une production dĂ©passant nos 10.000 exemplaires actuels. Nous irions jusqu’à proposer la vente dans les kiosques. Nous en sommes loin, hĂ©las
 J’ai besoin de personnes sur lesquelles je puisse compter, bien entendu, pour arriver Ă  ce rĂ©sultat. Certains sont bĂ©nĂ©voles, ce sont les ingĂ©nieurs qui sont prĂȘts Ă  s’investir un peu. D’autres sont moins bĂ©nĂ©voles car on les a recrutĂ©s pour ça. C’est le cas de notre journaliste. Les choses commencent Ă  fonctionner correctement. Et j’ai des secrĂ©taires qui remplissent toute une sĂ©rie de tĂąches non nĂ©gligeables dans la production de ce journal. Ir. Maximilien Le Begge

Le Journal des Ingénieurs n°129 - Septembre-octobre 2010


AG2010 Quel avenir pour la FABI ?

fois-ci, je trouve qu’il est nĂ©cessaire de vous expliquer ce qu’est pour moi l’avenir de la FABI », a dĂ©clarĂ© Mme Poedts. « Depuis 1971, soit 39 ans, je travaille de tout cƓur Ă  la FABI. J’ai connu, au dĂ©but de ma carriĂšre, des annĂ©es avec quatre employĂ©es, un secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral et un secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral adjoint (tous rĂ©munĂ©rĂ©s). C’était les annĂ©es d’or. Plus tard, C’est dans les locaux de l’UniversitĂ© Libre de Bruxelles que j’ai vĂ©cu des temps plus durs. Certains d’ens’est dĂ©roulĂ©e, le 20 mars dernier, l’AssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la tre vous le savent fort bien. Mais, ma volontĂ© FABI. Une sĂ©ance quelque peu atypique, sur fond de de travailler pour le bien de nos ingĂ©nieurs est toujours restĂ©e. Que ce soit un Montois, rĂ©cession et de divergences de points de vue, qui montre Ă  suffisance que la fĂ©dĂ©ration doit, Ă  prĂ©sent, inĂ©vitablement, un Bruxellois, un Louvaniste ou un LiĂ©geois, un ingĂ©nieur civil, un agronome ou un bioinnĂ©gocier un virage, certes difficile, qui puisse garantir sa gĂ©nieur. Pour moi, c’était toujours nos ingĂ©pĂ©rennitĂ©. Et dĂ©montrer sa nĂ©cessitĂ© d’ĂȘtre, pour la nieurs. Nous avons connu des annĂ©es avec promotion de notre profession. plus de 11.500 membres. Nous avons organisĂ© une biennale de l’ingĂ©nieur gĂ©nĂ©rant un Sachant, notamment, que la FABI a enregistrĂ©, bĂ©nĂ©fice de prĂšs de 2.500.000 BEF fin 2009, une nouvelle diminution de son (± 62.000 €) qui a Ă©tĂ© redistribuĂ© aux AE. membership : –728 unitĂ©s (!), soit prĂšs de 9 % Certains d’entre vous s’en souviennent sĂ»rede recul. Soulignons que le nombre total d’af- ment encore. Les annĂ©es d’or sont finies filiĂ©s a accusĂ© une baisse de plus de 27 % de maintenant ! », regrette Mme Poedts. son effectif, en dix ans, soit donc plus d’un quart (!). Aussi, la situation est-elle prĂ©occu- Comment dĂ©fendre le titre ? pante. « Mais, la FABI doit rester sinon je ne vois pas L’ULB a accueilli l’AG FABI 2010 comment nous pouvons encore dĂ©fendre le Le budget 2010, proposĂ© par le Conseil en ses locaux d'Administration, s'appuie sur une cotisation titre, s’il n’y a plus de moyen d’existence ! Je de 17,51 € par membre individuel. Ce bud- vous demande donc d’y rĂ©flĂ©chir. Je ne parle get est en Ă©quilibre et a Ă©tĂ© approuvĂ© Ă  l’una- pas spĂ©cialement pour moi-mĂȘme mais bien nimitĂ©. Le Conseil d'Administration a recom- pour ceux qui vont me succĂ©der ». mandĂ© de fixer la cotisation, pour 2011, au Cette intervention courageuse, rĂ©aliste et 6 niveau de 15 € par membre. Le montant de non dĂ©nuĂ©e d’émotion, a Ă©tĂ© unanimement celle-ci est, ainsi, ramenĂ© au niveau de celle de applaudie par l’assemblĂ©e. 2002, pour tenir compte des difficultĂ©s financiĂšres de trois associations d’école ! La FABI doit Ă©voluer et

L’Union fait la Force ! Mme Marie-Anne Belfroid-Ronveaux (AILg), particuliĂšrement prĂ©occupĂ©e par le devenir de la FABI, est intervenue pour rappeler que, dĂ©jĂ , lors Cette double de sa prĂ©sidence, elle avait rĂ©duction de insistĂ© pour que les AE travaillent de concert moyens (nombre au sein de la fĂ©dĂ©ration. Elle de membres x a insistĂ©, une nouvelle cotisation) fois, pour qu’ « en travailentraĂźnera sans lant ensemble, on Ă©vite de faire les choses « en doudoute la disparible » Ă  la FABI et dans les tion du Journal AE individuellement (!) ». des IngĂ©nieurs, Selon Mme Belfroid-RondĂšs 2011. Une veaux, « la rĂ©duction de cotisation qui entraĂźnera la bien mauvaise suppression du Journal des nouvelle ! IngĂ©nieurs, rĂ©duira d’autant la visibilitĂ© de la FABI au monde extĂ©rieur ». Celle-ci a ensuite donnĂ© la parole Ă  Mme Maria Poedts, secrĂ©taire Ă  la FABI.

La FABI doit rester ! « Ce n’est normalement pas Ă  une petite employĂ©e de demander la parole mais, cette Le Journal des IngĂ©nieurs n°129 - Septembre-octobre 2010

s’adapter, pour survivre À la fin de la partie statutaire, le PrĂ©sident a brossĂ© un rapide tableau de toutes les actions dĂ©veloppĂ©es par la FABI, telles que la Table ronde des doyens, la Commission des questions sociales, le Journal des IngĂ©nieurs, le ComitĂ© Construction et le Groupe de travail « Auteurs de projets », parmi d’autres initiatives.

...grĂące aux bĂ©nĂ©voles ! Le prĂ©sident a soulignĂ© que toutes ces actions Ă©taient dĂ©veloppĂ©es par des bĂ©nĂ©voles, au profit des membres
 « Mais, les attentes de nos ingĂ©nieurs sont encore bien plus grandes, comme l’a montrĂ© le « brainstorming » organisĂ© les 22 octobre et 10 dĂ©cembre 2009. À prĂ©sent, avec nos moyens fortement diminuĂ©s – la cotisation de 15 € par membre ramĂšne la FABI au niveau de 2002, mais avec 27 % de membres en moins (!) –, il faudra, Ă  l’instar de la thĂ©orie de Darwin selon laquelle seules survivent les espĂšces qui s’adaptent (!), que la FABI Ă©volue et s’adapte pour mieux rĂ©pondre Ă  ces attentes », a dĂ©clarĂ© l’actuel prĂ©sident. Et de conclure : « L’évolution des Ă©tudes d’ingĂ©nieur, dans le schĂ©ma de Bologne, et la prochaine intĂ©gration des Hautes Écoles dans les


AG2010

Ir. Luc Minne, Président de la Fabi

Ir. Max Le Begge, Secrétaire général de la Fabi

des Sciences appliquĂ©es de l’UniversitĂ© Libre de Bruxelles, a prĂ©sentĂ© la nouvelle formation d’IngĂ©nieur civil biomĂ©dical (deuxiĂšme cycle) dont la rĂ©ussite est sanctionnĂ©e par le grade acadĂ©mique de Master en Sciences de l’ingĂ©nieur : IngĂ©nieur civil biomĂ©dical. Le programme a pour objectif d’assurer la formation d’ingĂ©nieurs capables de rĂ©pondre aux dĂ©fis technologiques futurs, dans les domaines scientifiques et techniques liĂ©s au gĂ©nie biomĂ©dical, dans un contexte europĂ©en et mondial en pleine Ă©volution. Tant pour la biomĂ©canique et l'instrumentation que pour l'informatique et l'imagerie biomĂ©dicales, l'avenir est aux associations d'Ă©quipes pluridisciplinaires. L'ingĂ©nieur civil biomĂ©dical a donc un rĂŽle fondamental Ă  jouer dans la synthĂšse des approches scientifiques et techniques des mondes de l'ingĂ©nieur et du mĂ©decin. Cette formation trouve ses justifications dans l'Ă©volution constante des technologies mĂ©dicales et des innovations dans des secteurs aussi divers que la gĂ©nĂ©tique, la biochimie, la micromĂ©canique, la physique des matĂ©riaux, le traitement de signal, l’imagerie et, bien Ă©videmment, les technologies de l'information.

Relever les dĂ©fis du gĂ©nie biomĂ©dical Les Ă©tudes de Master en Sciences de l’ingĂ©nieur, IngĂ©nieur civil biomĂ©dical, ont pour objectif d’assurer la formation d’ingĂ©nieurs capables de rĂ©pondre aux dĂ©fis technologiques futurs, dans les domaines scientifiques et techniques liĂ©s au gĂ©nie biomĂ©dical. À l’issue de leur cursus, les Ă©tudiants auront acquis des connaissances de base dans tous les domaines du gĂ©nie biomĂ©dical : bioinstrumentation, biomatĂ©riaux, imagerie mĂ©dicale, modĂ©lisation mathĂ©matique, organes artificiels et rĂ©habilitation, bioinformatique et bioLe Prof. Alain Delchambre a prĂ©sentĂ© mĂ©canique. la formation d’IngĂ©nieur civil biomĂ©dical Par la place importante laissĂ©e aux cours Ă  AcadĂ©mies universitaires sont deux facteurs option, les Ă©tudiants peuvent orienter leur qui nous poussent Ă©galement Ă  Ă©voluer, alors formation entre un profil de « gĂ©nĂ©raliste » que les universitĂ©s elles-mĂȘmes s’obligent de ou de « spĂ©cialiste », dans un domaine prĂ©cis. plus en plus Ă  gĂ©rer leurs anciens diplĂŽmĂ©s. » Par la collaboration entre la facultĂ© des sciences appliquĂ©es et la facultĂ© de mĂ©decine, Des synergies pour survivre ! la formation dispensĂ©e vise Ă  dĂ©velopper Selon Ir. Luc Minne, « la FABI devra Ă  l’avenir, chez les Ă©tudiants une formation interdisciplipour dĂ©fendre les ingĂ©nieurs et l’ingĂ©nierie, naire oĂč l’art de l’ingĂ©nieur s’applique au dĂ©velopper des synergies avec d’autres asso- domaine biomĂ©dical, Ă  la fois complexe et ciations professionnelles telles qu’AGORIA variĂ©. et Essencia, notamment. Dans un premier À l'issue de ses Ă©tudes, l'ingĂ©nieur civil biomĂ©temps, un rapprochement avec l’UFIIB est dical sera en mesure de collaborer efficaceenvisagĂ© », prĂ©cise-t-il. ment avec des collĂšgues biologistes, mĂ©decins Tout un chacun l’a bien compris : les pro- et pharmaciens, pour faire face aux prochains mois seront cruciaux pour la FABI. blĂšmes actuellement posĂ©s par les nouvelles technologies mĂ©dicales, tant dans les hĂŽpitaux, que les industries, les assurances ou les L’IngĂ©nieur civil du Vivant Au cours de la seconde partie de la sĂ©ance, le administrations. Dossier rĂ©alisĂ© par Pascal-Pierre DelizĂ©e Professeur Alain Delchambre, de la FacultĂ© Mme Maria Poedts lors de son intervention

175 ans d’esprit libre, ça se fĂȘte, Ă  l’ULB CrĂ©Ă©e le 20 novembre 1834, l'UniversitĂ© Libre de Bruxelles fĂȘte son 175e anniversaire. Durant l'annĂ©e acadĂ©mique 2009-2010, toute une sĂ©rie de manifestations riches et extrĂȘmement variĂ©es ont Ă©tĂ© organisĂ©es : « 175 ans d'esprit libre, ça se fĂȘte ! ». La signification donnĂ©e Ă  la commĂ©moration d'un anniversaire dĂ©pend de tout un chacun. Pour certains, elle peut ĂȘtre vue comme l'occasion d'effectuer un bilan. Dans cette optique, ces 175 ans d'existence seraient considĂ©rĂ©s comme la preuve de la rĂ©ussite d'un pari risquĂ© pris par quelques personnalitĂ©s entreprenantes du dĂ©but du 19e siĂšcle. Pour d'autres, la commĂ©moration peut servir de prĂ©texte pour rĂ©affirmer son positionnement. Le parti pris par l’ULB a Ă©tĂ© de privilĂ©gier cette vision. Toutes les informations relatives Ă  cet anniversaire ont Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©es par le Professeur Philippe Bouillard (Vice-recteur de l'ULB) lors de l'AssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale de la FABI. Deux ouvrages sur cette anniversaire sont disponibles Ă  l'adresse : www.ulb.be/docs

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Matériaux

Le sable siliceux, m premiĂšre pour l’ind Ce qui nous occupe ici, c’est le sable siliceux, le sable de quartz. Le sable de quartz est un sĂ©diment qui rĂ©sulte d’une sĂ©rie de cycle d’érosion, de transport et de sĂ©dimentation. Un long pĂ©riple gĂ©ologique a permis de concentrer les grains de quartz, mais d’autres minĂ©raux, moins nombreux, ont fait partie du voyage : des micas, des feldspaths, des tourmalines, des zircons, des rutiles, etc. Ce cortĂšge de minĂ©raux, compagnons des grains de quartz, se divise en deux groupes selon leur densitĂ©, les minĂ©raux dits « lourds » (densitĂ© supĂ©rieure Ă  2,9) sont les plus rĂ©fractaires. Un sable pour l’industrie contient entre 10 et 500 g de minĂ©raux « lourds » par tonne de 1. DĂ©finition sable. Parce qu’il a Ă©tĂ© notre premier compagnon En français et en anglais, on parle gĂ©nĂ©ralede jeu sur la plage, le sable nous est familier, ment de sable siliceux (silica sand), en allemais le connaissons-nous vraiment ? Le sable mand et en nĂ©erlandais, de quarzsand et se rĂ©vĂšle une matiĂšre riche de propriĂ©tĂ©s kwartszand, selon que l’on dĂ©finit le sable par multiples, parfois surprenantes. Il servit Ă  la chimie ou la minĂ©ralogie. Tout ce qui s’écrit mesurer le temps Ă  l’aide d’un sablier. Le ici sur le sable siliceux vaut Ă©galement pour le quartz, dont il est composĂ©, se trouve de nos grĂšs siliceux, qui est un ancien sable consojours dans nos montres qui fonctionnent lidĂ©, cimentĂ© par de la silice. Le grĂšs (sandgrĂące Ă  la propriĂ©tĂ© piĂ©zoĂ©lectrique du stone), aprĂšs dĂ©sagrĂ©gation au concassage, se traite comme un sable. Aux Ăšres primaire et quartz ! secondaire, ce sont de nombreux gisements Le mot sable est d’abord une indication gra- de grĂšs siliceux qui se sont dĂ©posĂ©s spĂ©cialenulomĂ©trique. La taille des grains doit ĂȘtre ment sur le continent amĂ©ricain. À l’ùre tercomprise entre 0,065 mm et 2 mm. Plus gros, tiaire ce sont les gisements de sable siliceux c’est du gravier, plus petit, c’est du silt. On qui sont prĂ©sents, surtout en Europe. peut donc parler d’un sable de chromite, de Le sable pour l’industrie est un sable vendu grenat, de zircon ou de cendres volcaniques. selon des spĂ©cifications trĂšs strictes, chimiques, minĂ©ralogiques et granulomĂ©triques.

Écrire un article sur le sable siliceux, utilisĂ© dans l’industrie, c’est inĂ©vitablement dĂ©crire l’activitĂ© de la SociĂ©tĂ© SCRSIBELCO, SociĂ©tĂ© fondĂ©e en 1872 Ă  LiĂšge. À l’origine, la SociĂ©tĂ© se dĂ©nommait seulement « SabliĂšres et CarriĂšres RĂ©unies » et avait vocation d’exploiter les « sables blancs » de Mol. Bien plus tard, aprĂšs 1950, la SociĂ©tĂ© belge « SCRSIBELCO » est devenue, en un peu plus de 50 ans, un groupe global. Le groupe « SIBELCO » est en effet le leader mondial non seulement du sable siliceux pour l’industrie mais aussi d’autres minĂ©raux industriels, tels que la syĂ©nite nĂ©phĂ©linique, l’olivine, l’argile plastique (ball clay), la SociĂ©tĂ© s’étant diversifiĂ©e depuis trĂšs largement.

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Le site de Dessel-Mol

2. SpĂ©cifications Chimie Quelle que soit l’application, le sable est achetĂ© pour sa teneur en SiO2. Pour la qualitĂ© la plus courante, cette teneur atteindra 99,5 %, la teneur en Al2O3 sera de 0,25 % et celle de la perte au feu de 0,1 %. Il reste 0,15 % Ă  attribuer Ă  tous les autres Ă©lĂ©ments chimiques, y compris les Ă©lĂ©ments colorants que sont le fer, le titane et le chrome, qui retiennent toute l’attention des verriers car ces Ă©lĂ©ments colorants absorbent la lumiĂšre. La spĂ©cification concernant la teneur en Fe2O3 du sable varie en fonction des teneurs en Fe2O3 des autres matiĂšres premiĂšres (les dolomies en Belgique sont assez riches en Fe2O3). Cette spĂ©cification varie aussi en fonction de la teneur en Fe2O3 du verre. En Le Journal des IngĂ©nieurs n°129 - Septembre-octobre 2010


Matériaux

atiĂšre ustrie

secteurs d’application, les spĂ©cifications sont tout aussi sĂ©vĂšres. Un gisement de sable siliceux, quelle que soit sa puretĂ© chimique Ă  l’origine, doit toujours ĂȘtre traitĂ©, il n’est jamais suffisamment homogĂšne en ce qui concerne ses caractĂ©ristiques chimiques, minĂ©ralogiques et granulomĂ©triques.

Par Dr Louis Huyghebaert 3. Le gisement de Mol

Le gisement, dĂ©crit dans nos livres de Italie, la teneur en Fe2O3 du verre est gĂ©ographie comme « les sables blancs de plus Ă©levĂ©e qu’en SuĂšde suivant que l’on Mol », s’étend principalement sur les ait trop ou pas assez de soleil ! En communes de Dessel 2et de Lommel, et Belgique, les teneurs de Fe2O3 et de couvre environ 20 km . L’usine de traiteCr2O3 sont respectivement de 0,035 % ment de sable siliceux de SCR-SIBELCO, et de 10 ppm maximum pour un verre la plus complĂšte en terme de gamme de produits, est situĂ©e Ă  Dessel. plat type « float ». Elle traite les sables situĂ©s dans la partie MinĂ©ralogie ouest du gisement. C’est le siĂšge histoLe grain de quartz a un point de fusion rique de la SociĂ©tĂ© oĂč se trouvent les de 1.710 °C. La tempĂ©rature maximum services techniques et le laboratoire qui rĂšgne dans un four de verrerie est de central. 1.590 °C. Le quartz ne pourra donc fon- En 1983, une nouvelle usine de traitedre que grĂące Ă  l’ajout de « fondant » ment fut Ă©rigĂ©e par SCR-SIBELCO Ă  comme le carbonate de soude et le Lommel dans la zone est du gisement. feldspath dans la composition du Ces deux zones sont dĂ©limitĂ©es par une « batch » verrier. faille importante, qui divise le gisement D’autres minĂ©raux, souvent prĂ©sents en deux zones ou blocs bien distincts. dans un sable destinĂ© Ă  la verrerie, peu- Ces zones contiennent des sables silivent poser des problĂšmes comme des ceux aux caractĂ©ristiques diffĂ©rentes. silicates d’alumine (l’andalousite, la dis- Tenant compte de ces caractĂ©ristiques, thĂšne, la sillimanite) ou comme la chro- les deux usines de traitement, celle de mite FeCr2O4, dont le point de fusion Dessel et celle de Lommel, se sont spĂ©Ă©levĂ© 1.770 °C et l’opacitĂ© rendent ce cialisĂ©es. L’usine de Lommel a Ă©tĂ© minĂ©ral particuliĂšrement dangereux. conçue pour produire des gros tonnages Infondu, il forme un grain noir dans le de sable de verrerie et de sable pour la verre. Au laboratoire central de Mol, un fabrication du carbure de silicium. La contrĂŽle de chromite est effectuĂ© production de l’usine de Dessel est chaque jour pour rĂ©pondre Ă  des orientĂ©e vers des produits Ă  plus haute normes strictes Ă  ce sujet. Une sĂ©rie de valeur ajoutĂ©e : les produits broyĂ©s et la tests permet d’identifier, de mesurer les cristobalite. tailles, et de compter des grains de chro- Avant de dĂ©crire sommairement les promite contenus dans 100 kilos de sable. cessus d’extraction et de traitement, faiLa rĂ©fractaritĂ© ou la non-rĂ©fractaritĂ© sons un flash-back dans les temps gĂ©olod’un sable de verrerie est une qualitĂ© giques. Comment expliquer la genĂšse du gisement de Mol ? Les caractĂ©ristiques essentielle. du gisement (forme du gisement, anaGranulomĂ©trie lyses polliniques, granulomĂ©trie) reprĂ©Les sables pour l’industrie ont gĂ©nĂ©rale- sentent un dĂ©pĂŽt d’estuaire dont le tracĂ© ment des granulomĂ©tries comportant a Ă©tĂ© influencĂ© par des failles. Il y a envi96 % des grains entre 0,1 et 0,5 mm, ron 3 millions d’annĂ©es, un fleuve trĂšs rĂ©partis autour d’une mĂ©diane situĂ©e large, Ă  faible dĂ©bit, se jetait dans la mer entre 220 et 260 ÎŒm. Les spĂ©cifications du Nord toute proche de Mol Ă  cette portent sur la prĂ©sence de gros grains, Ă©poque. C’était une « Meuse » du pliosupĂ©rieurs Ă  0,8 mm (temps de fusion cĂšne qui charriait les sables provenant de plus long) et sur l’abondance de grains l’érosion de dĂ©pĂŽts du Condroz et des fins (poussiĂšres), influence sur le dĂ©ga- Ardennes. Ce fleuve charriait aussi beauzage (le CO2 doit s’échapper dans les coup de vĂ©gĂ©taux et quelques souches de sĂ©quoĂŻdĂ©s. Ces vĂ©gĂ©taux se sont meilleures conditions). Pour l’utilisation en verre plat (float), on transformĂ©s en lignite. comprend que les spĂ©cifications ci-des- Un dĂ©pĂŽt d’estuaire est bĂ©nĂ©fique : les sus soient strictes car le sable siliceux marĂ©es et les courants ont permis de reprĂ©sente 65 % de la composition des bien calibrer le sable. L’acide humique, matiĂšres premiĂšres, mais pour les autres issu des couches de lignite, a « nettoyĂ© »

Le site de Lommel

Le site de Lommel

la surface des grains de quartz. Que le sable se soit dĂ©posĂ© dans un milieu estuarien est conforme aux diffĂ©rentes caractĂ©ristiques du dĂ©pĂŽt. Le climat Ă©tait mĂ©diterranĂ©en. L’exploitation du gisement de Mol concerne des terrains qui sont, le plus souvent, des propriĂ©tĂ©s de SIBELCO, propriĂ©tĂ©s achetĂ©es il y a plus de 70 ans. C’est un grand atout actuellement car l’obtention d’un permis d’exploitation s’assimile Ă  un parcours du combattant. 9 Le gisement des sables de Mol est tout entier sous le niveau de la nappe phrĂ©atique. Toute la connaissance gĂ©ologique du gisement repose donc uniquement sur un rĂ©seau de sondages ce qui rend la tĂąche du gĂ©ologue malaisĂ©e. L’ingĂ©nieur, par contre, se rĂ©jouit de pouvoir extraire par dragues ! Sur les quatre sites d’extraction actuels, des plans d’eau de dizaines voire d’une centaine d’hectares, on peut voir des dragues dont certaines sont impressionnantes. La plus grande dispose de deux moteurs de 1 MW, faisant fonctionner une pompe d’aspiration et une pompe de refoulement. L’exploitation par drague est une mĂ©thode d’extraction qui permet, d’une part, d’atteindre de grandes capacitĂ©s mais, d’autre part, elle comporte des risques d’éboulement et de mouvements de matiĂšre sous eau, parfois difficiles Ă  contrĂŽler. Les mesures en temps rĂ©el de position, de profondeur et de visualisation des mouvements sous eau permettent, Ă  prĂ©sent, de mieux maĂźtriser ces risques. En principe, chaque usine de traitement est alimentĂ©e par deux dragues de maniĂšre Ă  assurer non seulement la continuitĂ© de la production mais aussi la possibilitĂ© d’opĂ©rer des mĂ©langes de sable brut. Au total, un rĂ©seau de plus de 4 km de conduites (pipelines) assure le transport de la pulpe (sable et l’eau) vers

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MatĂ©riaux sĂ©lectivement sur certaines plages normandes (FĂ©camp, Saint-ValĂ©ry-en-Caux). Ces Les diffĂ©rentes Ă©tapes galets sont en silex et contiennent seulement du traitement humide des traces d’oxyde de fer. Toute contaminadu sable consistent en tion par de l’oxyde de fer est ainsi Ă©vitĂ©e. criblage Ă  diffĂ©rentes L’usine de Dessel produit ainsi plusieurs granulomĂ©tries, en moutures de quartz appelĂ©es improprement attrition et en classe- des silices. Une mouture est spĂ©cialement produite pour la clientĂšle qui fabrique de la ment hydraulique. fibre de verre, comme Ă  Battice, par exemple. L’attrition (scrubbing) consiste Ă  faire passer L’usine de Dessel a encore une autre spĂ©ciala pulpe Ă  forte concen- litĂ© : on y produit de la cristobalite. À haute tration de solide dans tempĂ©rature, vers 1.500 °C, le quartz se des cellules munies transforme en cristobalite, c’est-Ă -dire que d’une hĂ©lice. Le mouvement des hĂ©lices force les distances entre les atomes d’oxygĂšne et les grains Ă  se frotter entre eux. Le but est de de silicium changent, la symĂ©trie cristallogradĂ©tacher les pellicules argileuses, limonitiques phique se trouve modifiĂ©e, la chimie (SiO2) ou ligniteuses qui collent aux grains de est identique mais les propriĂ©tĂ©s physiques quartz. C’est une mĂ©thode classique en trai- sont toutes diffĂ©rentes du quartz (densitĂ©, dilatation thermique, etc.). Le fait de porter le tement de sable industriel. sable Ă  cette haute tempĂ©rature le rend trĂšs Le classement hydraulique consiste Ă  faire blanc. Ce sable de cristobalite est Ă©galement passer la pulpe dans trois cellules en cascade. broyĂ© en diffĂ©rentes moutures dont la blanDans chaque cellule un contre-courant d’eau cheur est particuliĂšrement apprĂ©ciĂ©e. La crisoblige les grains Ă  se classer suivant leur tobalite, produite par SIBELCO, porte le nom poids hydraulique, en fonction donc de leur de « SibĂ©liteÂź », marque dĂ©posĂ©e. densitĂ© et de leur taille. Suivant leur poids Le traitement du sable humide et du sable hydraulique, le grain se sĂ©dimente dans la cel- sec de l’usine de Lommel est semblable Ă  lule (sousverse) contenant les gros grains celui de l’usine de Dessel. Le sable de la zone (lourds) ou dĂ©borde de la cellule (surverse) est Ă©tant plus riche en matiĂšre organique, il contenant les grains fins (lĂ©gers). Si le prin- en est tenu compte dans le processus de traicipe est simple, son application ne l’est pas. tement. Ce qui diffĂ©rencie principalement les Le sable, classĂ© et traitĂ© est pompĂ© dans les deux usines de traitement, c’est la capacitĂ© de silos pour essorage. Le sable humide n’est traitement (bien plus importante Ă  Lommel) vendu que si le pourcentage d’humiditĂ© est d’une part, et la production de moutures de quartz et de cristobalite Ă  l’usine de Dessel Ă©gal ou infĂ©rieur Ă  5 %. d’autre part. Le sable de verrerie est la fraction moyenne du classement hydraulique. La fraction 4. Le gisement de moyenne reprĂ©sente 80 Ă  85 % du sable brut, Maasmechelen in situ. En dehors des gisements, dits « des sables de Le traitement du sable sec consiste Ă  sĂ©cher Mol », la SociĂ©tĂ© SCR-SIBELCO exploite un le sable dans des sĂ©choirs Ă  lit fluidisĂ©. autre gisement qui s’étend sur les communes L’usine de Dessel est Ă©quipĂ©e de broyeurs Ă  de Maasmechelen et d’Opgrimbie, localitĂ©s boulets. Le revĂȘtement du broyeur est en situĂ©es Ă  mi-chemin entre Maastricht et bloc de silex provenant d’Eben-Emael, ou en Maaseik. Le gisement est situĂ© en bordure du pierre artificielle (Al2O3). Les corps broyants plateau de la Campine limbourgeoise, plateau sont en gĂ©nĂ©ral des galets de mer ramassĂ©s limitĂ© par la vallĂ©e de la Meuse. les deux usines de traitement.

Le site d’Anvers

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Ci-dessous et en bas : Le site de Maasmechelen

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MatĂ©riaux GĂ©ologiquement, la genĂšse du dĂ©pĂŽt de sable siliceux n’est pas trĂšs diffĂ©rente de celle de Mol : une large riviĂšre s’écoule du sud au nord parallĂšlement au cours du Rhin. Les sables siliceux que cette riviĂšre transportait, Ă©taient moins riches en minĂ©raux qu’à Mol. Le milieu oĂč le sable s’est sĂ©dimentĂ© a permis un meilleur calibrage qu’à Mol. Le sable de Maasmechelen a certes subi un « lessivage » (leaching) par l’acide humique plus intense et plus long que dans le cas de Mol. Le gisement se caractĂ©rise par une sĂ©dimentation de bancs de sable sĂ©parĂ©s par des chenaux remplis de lignite d’une Ă©paisseur de 2 Ă  9 m. Le gisement est traversĂ© par des petites failles, les chenaux occupent les zones de failles. En ce qui concerne l’ñge du gisement, c’est du miocĂšne supĂ©rieur (± 12 millions d’annĂ©es). Il faut enlever ± 25 m d’épaisseur de dĂ©couverte composĂ©e de gravier et de sable argileux, et de lignite, avant d’atteindre la couche de sable siliceux Ă©paisse en moyenne de 8 m. Ce sable est donc plus cher Ă  exploiter qu’à Mol. La raison pour laquelle SIBELCO exploite ce gisement est qu’on peut y produire, aprĂšs traitement adĂ©quat, un sable d’une qualitĂ© bien supĂ©rieure Ă  celle de Mol. La maniĂšre d’extraire par dragage et le flowsheet du traitement humide sont semblables Ă  ceux de Mol, sauf qu’à Maasmechelen on y a ajoutĂ© une ligne complĂšte de flottation. C’est une flottation classique aux sulfonates mais elle est trĂšs sĂ©lective, trĂšs performante et trĂšs contrĂŽlĂ©e. L’analyse chimique du sable de Maasmechelen se fait au milliĂšme de pourcent prĂšs en ce qui concerne la teneur en Fe2O3 ! Pour des analyses aussi fines, il y a heureusement peu de contestation entre le laboratoire du client et celui de SIBELCO. La clientĂšle la plus exigeante est celle des verriers fabriquant du verre pour cellules photovoltaĂŻques, bien plus que les cristalleries. Le sable de Maasmechelen peut atteindre une teneur en Fe2O3 de 0,006 % (60 ppm) ! La chance de SCR-SIBELCO est de pouvoir exploiter deux gisements qui se complĂštent admirablement : Ă  Mol le gisement permet de faire des gros tonnages, Ă  Maasmechelen le gisement permet d’atteindre une qualitĂ© trĂšs probablement la meilleure d’Europe. La conclusion concernant ces deux gisements de Mol et de Maasmechelen est de considĂ©rer dorĂ©navant la Meuse du miocĂšne supĂ©rieur et celle du pliocĂšne comme des riviĂšres bienfaitrices.

5. Les applications Les applications industrielles du sable siliceux sont multiples. Citons, d’abord, les applications les plus classiques dans cinq secteurs de l’industrie : 1. la verrerie (cristallerie, verre plat, bouteille, flacon, lampe, Ă©cran TV, etc.) ;

2. la cĂ©ramique (carreaux, sanitaire, faĂŻence, porcelaine, isolateur Ă©lectrique, etc.) ; 3. la chimie (silicates et silicones) ; 4. le secteur des abrasifs (fabrication du carbure de silicium, SiC) ; 5. la fonderie (le sable siliceux utilisĂ© comme sable de moulage). Ce dernier secteur a fortement diminuĂ© d’importance en Belgique comme partout ailleurs en Europe occidentale. En effet, les fonderies du secteur automobile (bloc-moteur) se dĂ©localisent depuis plus de 20 ans. La fabrication du silicium mĂ©tal et du ferrosilicium ne se fait pas Ă  partir de sable siliceux mais bien Ă  partir de quartzite, roche siliceuse compacte. Le broyage du sable siliceux et de la cristobalite (SibeliteÂź), en diffĂ©rentes granulomĂ©tries qui s’étalent suivant le diamĂštre moyen de 70 Ă  3 ÎŒm, permet d’accĂ©der Ă  des applications nombreuses, voire insoupçonnĂ©es. Ces moutures (farines) de quartz ou de cristobalite peuvent ĂȘtre utilisĂ©es comme charges en peinture pour le marquage de routes, en peinture anti-corrosive pour coques de navires, comme matĂ©riau de moulage en fonderie de prĂ©cision (bijouterie, dentisterie), comme charge dans la fabrication du marbre artificiel, comme additif dans les feuilles en polyĂ©thylĂšne comme absorbant de rayons infrarouges. Cette derniĂšre application est une application qui concerne l’agriculture (les serres). Ces quelques exemples montrent que les applications sont trĂšs diversifiĂ©es. Certes les deux usages, disons « classiques », des moutures de quartz sont la fibre de verre et les Ă©maux. Pour les besoins de l’industrie Ă©lectronique, la filiale amĂ©ricaine de SIBELCO, UNIMIN Corporation, produit du sable siliceux d’une puretĂ© chimique exceptionnelle, dont les Ă©lĂ©ments chimiques, y compris les Ă©lĂ©ments radioactifs, s’expriment en ppm, voire en ppb. Les inclusions gazeuses, liquides ou solides, contenues dans les grains de quartz sont sĂ©vĂšrement contrĂŽlĂ©es. Ce sable siliceux de trĂšs haute puretĂ© est le rĂ©sultat d’un trĂšs long processus de traitement Ă  partir d’une roche, riche en quartz, c’est une sorte de granite trĂšs rare. On se rend donc compte que les applications du sable siliceux touchent directement ou indirectement des trĂšs nombreux secteurs de l’industrie. En conclusion, le sable siliceux paraĂźt, Ă  premiĂšre vue, ĂȘtre une matiĂšre premiĂšre banale, mais comme source de quartz et de silicium, elle ne l’est pas, tout au contraire ! J’ose espĂ©rer qu’à la lecture de cet article vous en conviendrez.

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Dr Louis Huyghebaert est nĂ© en 1936 Ă  Olen, en Campine. AprĂšs avoir obtenu une licence en Sciences gĂ©ologiques et minĂ©ralogiques Ă  l’UniversitĂ© Catholique de Louvain, il a entrepris un doctorat sur la gĂ©ologie des dĂ©pĂŽts pliocĂšnes de Campine sur base des donnĂ©es de forages rĂ©alisĂ©s par « La Provinciale des Eaux » (Anvers). Ensuite, il est engagĂ©, en janvier 1964, par la SociĂ©tĂ© SCR-SIBELCO, Ă  Mol, en tant que gĂ©ologue, responsable de la prospection. Pendant 37 ans, il a participĂ© au dĂ©veloppement de cette SociĂ©tĂ©. À la retraite depuis 2001, Louis Huyghebaert reste nĂ©anmoins actif auprĂšs d’une filiale du groupe SIBELCO.

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Agriculture Agriculture et alimentation biologique : entre enjeux, perspectives et défis Par Ir. Laurence Lambert Notre agriculture : le modÚle de développement en question

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Le rĂ©chauffement climatique, la perte menaçante de biodiversitĂ©, la dĂ©gradation des Ă©cosystĂšmes, des sols et de l’environnement dĂ©montrent Ă  quel point notre agriculture doit se rĂ©orienter pour assurer la pĂ©rennitĂ© des systĂšmes de production. Les crises financiĂšres, Ă©conomiques et Ă©cologiques relĂšguent au second plan les crises agricoles et alimentaires sĂ©vissant Ă  travers la planĂšte. Elles ne sont pourtant que les diffĂ©rentes Changer le modĂšle facettes d’un mĂȘme modĂšle : celui de logiques de notre productivistes menĂ©es dans agriculture, c’est une vision de court terme faisant fi des limites de l’enle faire Ă©voluer vironnement ; celui de dans son rapport logiques compĂ©titives guiĂ  l’environnement dĂ©es aux dĂ©pens du travail et du revenu des agriculet aux limites teurs et de la survie de mildes ressources lions d’emplois paysans. naturelles. Changer le modĂšle de notre agriculture, c’est le faire Ă©voluer dans son rapport Ă  l’environnement et aux limites des ressources naturelles. Face au rĂ©chauffement climatique, l’agriculture biologique peut constituer une rĂ©elle alternative. Le modĂšle alimentaire prĂŽnĂ© par le bio prĂ©sente une rĂ©ponse aux dĂ©fis sociĂ©taux : celui de faire Ă©voluer le rapport Ă  notre consommation (moins et mieux) et celui de retrouver un lien entre notre alimentation et notre agriculture. Et l’augmentation de la demande de produits bio ouvre des opportunitĂ©s pour nos agriculteurs, en maintenant un Ă©quilibre harmonieux entre le sol, la plante et l’animal. Le Journal des IngĂ©nieurs n°129 - Septembre-octobre 2010

En comptant sur l’engouement des consommateurs (ceux qui y voient un effet de mode ou ceux qui dĂ©cident de changer leur modĂšle alimentaire) et sur la demande d’une gamme de plus en plus variĂ©e de produits bio, on peut dire que s’ouvre une perspective de dĂ©veloppement pour le secteur globalement. Mais si la perspective Ă©conomique liĂ©e Ă  l’augmentation de la consommation des produits bio est bien prĂ©sente, l’opportunitĂ© pour l’ensemble de la filiĂšre est avant tout de saisir les clĂ©s pour offrir des solutions aux multiples enjeux sociĂ©taux auxquels notre agriculture et notre modĂšle alimentaire doivent faire face. À l’échelle mondiale, il s’agit notamment des enjeux climatiques, de la restauration de l’environnement, de la biodiversitĂ© et de la fertilitĂ© des sols. Au niveau social, les dĂ©sĂ©quilibres entre coĂ»ts de production et prix de vente, accentuĂ©s par les difficultĂ©s d’accĂšs Ă  la terre, ont pour consĂ©quence l’abandon de l’activitĂ© par un grand nombre de petits agriculteurs. À l’échelle rĂ©gionale, notre agriculture est aussi Ă  la croisĂ©e des chemins et est amenĂ©e Ă  se positionner sur le plan environnemental, social (une perte moyenne de 1000 emplois par an en agriculture depuis 20 ans) et Ă©conomique (les exploitations les plus petites et donc les moins rentables disparaissent progressivement).

L’agriculture bio : des fondements et des rĂšgles de production L’agriculture biologique, c’est bien plus qu’une rĂšglementation, un cahier des charges, des pratiques de production, des contrĂŽles et une certification. Des valeurs fondamentales guident l’action du mouvement bio dans toute sa diversitĂ©. SantĂ©, Écologie, ÉquitĂ© et PrĂ©caution1 sont les fondements de l’agriculture bio dont les pratiques culturales durables s’inscrivent dans le respect de la santĂ© de la terre, de celle des hommes et des femmes qui la travaillent et du devenir du produit. Dans son lien fort avec les Ă©quilibres biologiques, le bio veut assurer la viabilitĂ© et la pĂ©rennitĂ© du systĂšme pour les gĂ©nĂ©rations actuelles et futures. Au-delĂ  du respect des lois fondamentales de la nature, le bio rĂ©pond Ă  un cahier des charges europĂ©en dont la nouvelle rĂ©glemen-

Photo : EwigLemender


Agriculture tation est entrĂ©e en vigueur le 1er septembre 20092. Le cahier des charges fixe notamment les rĂšgles de production et de conversion. Il rĂ©git Ă©galement les importations de produits, l’étiquetage en protĂ©geant l’appellation, le systĂšme de contrĂŽle ainsi que l’utilisation d’OGM en agriculture. Tout produit agricole ou alimentaire bio mis sur le marchĂ© est contrĂŽlĂ©, notamment sur le plan sanitaire, au mĂȘme titre que d’autres productions, les contrĂŽles Ă©tant organisĂ©s par les pouvoirs publics dont l’AFSCA. Par ailleurs, l’agriculture biologique se conforme aux mĂȘmes lĂ©gislations rĂ©gionales que l’agriculture conventionnelle au niveau des permis d’environnement, du programme de gestion de l’azote en agriculture
 La certification propre au bio est le garant du systĂšme qui permet au consommateur d’acheter bio en toute confiance. Elle est octroyĂ©e par un organisme certificateur agrĂ©Ă© et accrĂ©ditĂ© sur base de contrĂŽles effectuĂ©s au minimum deux fois par an. Aux contrĂŽles administratifs (factures, entrĂ©e et sortie de produits
) s’ajoutent des analyses d’échantillons (terres, aliments pour le bĂ©tail, produits finis
) rĂ©alisĂ©es de façon systĂ©matique ou inopinĂ©e (gĂ©nĂ©ralement un contrĂŽle inopinĂ© par an en plus des deux contrĂŽles obligatoires). On produit bio Ă  l’échelle mondiale. Les pratiques agricoles et culturales varient nĂ©cessairement d’un pays Ă  l’autre, voire d’un continent Ă  l’autre. Mais toutes ces pratiques ont au moins un socle commun, celui des normes de production et de contrĂŽle Ă©dictĂ©es par la rĂ©glementation europĂ©enne. Cela signifie que tout produit bio mis sur le marchĂ© chez nous doit respecter la lĂ©gislation et est soumise aux mĂȘmes contrĂŽles que le bio. La production biologique exclut l’utilisation de pesticides et d’engrais de synthĂšse dans l’agriculture. Les opĂ©rateurs doivent prendre les mesures nĂ©cessaires afin de rĂ©duire le risque de contamination par des produits non-autorisĂ©s (ce cas pourrait se prĂ©senter lorsqu’une parcelle bio est contigĂŒe d’une parcelle non bio). En cas de dĂ©rive, mĂȘme accidentelle (prĂ©sence avĂ©rĂ©e de pesticides par exemple), le produit est immĂ©diatement dĂ©classĂ© et ne peut ĂȘtre mis sur le marchĂ©. En cas de rĂ©cidive, un rĂ©gime de sanctions progressives est prĂ©vu. Mais il faut bien reconnaĂźtre que dans un contexte global d’augmentation de rĂ©sidus dans l’alimentation, notamment fruits et lĂ©gumes, les statistiques de produits non conformes au bio sont trĂšs faibles. Le systĂšme de contrĂŽle conduit Ă  une obligation de rĂ©sultats pour le produc-

teur qui doit mettre sur le marché des produits irréprochables sur le plan sanitaire et en accord avec la réglementation bio.

OGM et bio ne font pas bon mĂ©nage L’utilisation d’organismes gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©s (OGM) et de produits d’OGM est strictement interdite dans le bio, Ă  tous les stades de la filiĂšre. MĂȘme au niveau de l’alimentation animale, le bio est trĂšs strict et offre un maximum de garanties. Les filiĂšres bio et non bio coexistantes dans une mĂȘme unitĂ© de transformation doivent ĂȘtre physiquement sĂ©parĂ©es, ce qui a pour objectif de limiter les risques de contamination. Les produits rentrant dans la ferme doivent ĂȘtre essentiellement bio, et donc sans OGM. C’est le cas de produits importĂ©s comme le soja, le maĂŻs ou le colza. Le secteur bio au niveau mondial, et particuliĂšrement en Belgique, a toujours menĂ© une lutte constante contre l’usage des OGM dans l’agriculture. Pourtant, depuis le 1er janvier 2009, la rĂ©glementation europĂ©enne autorise la prĂ©sence fortuite ou accidentelle d’OGM dans les produits bio. Ainsi, pour l'agriculture biologique, la Commission europĂ©enne se fonde sur la rĂ©glementation de l'Ă©tiquetage des produits en gĂ©nĂ©ral qui tolĂšre un Ă©tiquetage sans la rĂ©fĂ©rence Ă  la prĂ©sence d'OGM pour des teneurs infĂ©rieures Ă  0,9 %. De ce fait, des produits contenant jusqu'Ă  0,9 % d'OGM peuvent ĂȘtre utilisĂ©s en agriculture biologique et des produits bio peuvent contenir jusqu'Ă  0,9 % d'OGM. Cette dĂ©cision est loin de satisfaire les acteurs de la filiĂšre bio en Wallonie qui y voient un affaiblissement potentiel des points de vue environnemental, Ă©conomique et face aux

consommateurs qui ne verraient plus nĂ©cessairement une plus-value environnementale ou sociĂ©tale du mode de production bio. Sur le terrain, les rĂ©sultats des analyses sont encore trĂšs rassurants, mais la dĂ©couverte de produits bio contenant des OGM n’est et ne sera plus un fait exceptionnel en raison de potentielle contamination. Mais toute contamination avĂ©rĂ©e en-dessous du seuil de 0,9 % n’est 13 acceptĂ©e que dans des cas fortuits, qu’elle doit ĂȘtre suivie d’investigations et de mesures de correction et qu’elle ne peut se reproduire ! Face Ă  cette Ă©volution, la RĂ©gion wallonne a souhaitĂ© appliquer le principe de prĂ©caution qui vise notamment Ă  prĂ©server le caractĂšre spĂ©cifique de l’agriculture rĂ©gionale, en l’occurrence de l’agriculture biologique. Ainsi, le dĂ©cret rĂ©gional votĂ© en 2008 « coexistence cultures bio et non bio3 » rend sur le terrain, impossible la culture OGM.

Le bio en chiffres4 L’agriculture biologique, en pleine croissance en RĂ©gion wallonne, sort de la confidentialitĂ© et reprĂ©sente actuellement quelque 5,06 % de la superficie agricole utilisĂ©e en 2009. Pour 2009, on recense 37 695 ha de superficie sous contrĂŽle bio, soit une augmentation de 29 % par rapport Ă  2007 (29 222 ha). On recense 779 agriculteurs bio soit une augmentation du 29 % par rapport Ă  2007 (cela mĂ©rite d’ĂȘtre soulignĂ© au vu de la diminution constante du nombre d’agriculteurs en Wallonie). Le nombre d’animaux certifiĂ©s en bio sont Ă©galement en croissance entre 2007 et 2009, particuliĂšrement pour les secteurs bovin (+41 % avec 51 222 animaux) et avicole (+17 % avec 998 800 animaux en 2009).

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Agriculture du modĂšle productiviste qui a menĂ© l’agriculture droit dans le mur. Ces produits bio n’ont pas d’avenir chez nous si les pouvoirs publics, les agriculteurs, le secteur lui-mĂȘme et les consommateurs ne se donnent la chance d’un dĂ©veloppement des filiĂšres qui rencontre l’évolution d‘une alimentation plus durable.

Au niveau des transformateurs, on dĂ©nombre 309 opĂ©rateurs wallons en 2009. En 2009, le secteur bio belge reprĂ©sente 350 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une augmentation de plus de 24 % par rapport Ă  2007.

Un potentiel de développement important
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Photo : Sigurdas

Le secteur bio, pour assurer sa crĂ©dibilitĂ© et maintenir la confiance que lui accorde la sociĂ©tĂ©, ne peut souffrir trop longtemps des incohĂ©rences existant sur le plan environnemental (quelle est la plus-value Ă©cologique d’un produit bio qui parcourt 6000 km ?), sur le plan Ă©conomique (pourquoi la plus-value ne profite-t-elle pas aux agriculteurs et Ă  des entreprises de la rĂ©gion ?) et sur le plan social (on reproche souvent aux produits bio d’ĂȘtre trop coĂ»teux alors que les produits bio, locaux, de saison et vendus en circuits courts ne sont pas nĂ©cessairement plus chers que des produits conventionnels). Parce que le bio est bien plus qu’un produit « bon pour la santĂ© ».


et des difficultés à franchir le pas

La reconversion en bio peut ĂȘtre un frein Aujourd’hui, la toute grande majoritĂ© des pour des agriculteurs qui souhaitent franchir produits bio est importĂ©e ! Paradoxalement, le pas. Car avant de devenir bio, les terres on achĂšte Ă  l’étranger des produits que l’on agricoles entrent dans une pĂ©riode de reconpeut cultiver ou Ă©lever dans notre rĂ©gion version pendant laquelle le fermier recourt Ă  sous notre climat. Il existe donc un potentiel des pratiques respectant le cahier des de dĂ©veloppement important, particuliĂšre- charges sans que la production ne soit comment pour des productions maraĂźchĂšres. La mercialisĂ©e en bio. Cette pĂ©riode difficiledemande croissante des consommateurs et ment rentable doit ĂȘtre soutenue par les des collectivitĂ©s (Ă©coles, crĂšches, restaurants pouvoirs publics. C’est le cas en RĂ©gion wald’entreprise
), qui souhai- lonne qui, les derniĂšres annĂ©es, a augmentĂ© tent changer leurs habitudes les subsides Ă  la reconversion. Mais il y a trop et pratiques alimentaires et peu de soutien pour structurer les filiĂšres. augmenter la part du bio, doit Face au coĂ»t de la main-d’Ɠuvre, particuliĂštrouver une rĂ©ponse priori- rement dans le bio-maraĂźchage, ce sont des tairement chez nous, pour structures coopĂ©ratives qui doivent ĂȘtre valoriser nos productions encouragĂ©es. En effet, les logiques individualocales. C’est une question listes et compĂ©titives, calquĂ©es sur le modĂšle fondamentale pour rester en conventionnel, sont intenables pour supporaccord avec les valeurs du ter les coĂ»ts de la main-d’Ɠuvre, mĂȘme peu bio. En effet, des incohĂ©- qualifiĂ©e. rences peuvent naĂźtre de l’en- Dans les Ă©coles d’agriculture, les programmes gouement pour les produits d’enseignement intĂšgrent encore trop peu bio, comme par exemple la les pratiques du bio. Les Ă©lĂšves de l’enseigneprĂ©sence chez nous de pro- ment des mĂ©tiers de bouche (hĂŽtellerie, cuiduits frais importĂ©s parfois sine
) ou d’artisanat (boulangerie, bouchede pays lointains (par exem- rie, traiteurs
) n’ont pratiquement pas de ple, des poires d’Argentine notion sur les produits et la cuisine bio. La hors saison) pesant lourde- formation pour accompagner les agriculteurs ment sur les Ă©missions de dans la pĂ©riode de conversion est trĂšs peu CO2 liĂ©es au transport. Au dĂ©veloppĂ©e. Et que dire des faibles budgets mĂȘme titre, l’importation de consacrĂ©s Ă  la recherche-dĂ©veloppement produits bio cultivĂ©s dans des dans les universitĂ©s. Aujourd’hui, l’agriculture, conditions intensives, au l’agro-alimentaire et l’alimentation biolomĂ©pris des conditions de tra- giques font encore l’objet de peu – trop vail (par exemple, les tomates peu – d’attention dans nos mĂ©tiers d’ingĂ©bio d’AlmĂ©ria) ne s’écarte pas nieurs !

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Agriculture tire la sonnette d’alarme Ă  propos de l’exposition aux pesticides puisque le lien Bon nombre de consommateurs se posent la entre l’exposition aux pestiquestion de la rĂ©elle plus-value d’un produit cides et certaines maladies, bio. Les mises en cause surviennent rĂ©guliĂšre- dont certains cancers, est ment, plus particuliĂšrement encore Ă  l’occa- Ă©tabli. Rappelons que ce sont sion de la publication d’une Ă©tude anglaise5, les agriculteurs eux-mĂȘmes parue dans la revue American Journal of Clinical qui sont le plus exposĂ©s aux Nutrition, comparant la qualitĂ© nutritionnelle pesticides. des aliments bio et conventionnels. Cette Ă©tude, basĂ©e sur 162 Ă©tudes de rĂ©fĂ©rence Dans un contexte global publiĂ©es dans diffĂ©rentes revues scientifiques, d’augmentation de rĂ©sidus de conclut qu’il n’existe pas d’avantage nutri- pesticides dans l’alimentation, tionnel comparatif entre produits bio et particuliĂšrement les fruits et conventionnels pour divers nutriments lĂ©gumes, il semble Ă©vident que les produits bio sont importants. favorables Ă  la santĂ© et Dans de nombreux milieux scientifiques et contribuent Ă  la prĂ©servation dans le secteur bio, l’étude elle-mĂȘme, l’inter- de l’environnement notamprĂ©tation des rĂ©sultats et les conclusions font ment au niveau de l’exclusion l’objet de contestation Ă  l’échelle internatio- des pesticides. nale. Suivant le Mouvement pour le Droit et le Respect des GĂ©nĂ©rations Futures (MDRGF) en France, sur les 162 Ă©tudes de Du bio pour tous ? rĂ©fĂ©rence, un certain nombre d’entre elles Aujourd’hui, le modĂšle agrirĂ©vĂšlent que les produits bio prĂ©sentent rĂ©el- cole basĂ© sur les logiques lement un avantage nutritionnel. compĂ©titives ne rĂ©pond plus C’est pourtant le contraire qui est affirmĂ© Ă  un objectif de souverainetĂ© alimentaire dans les conclusions de l’étude anglaise et puisque, Ă  travers le monde, 862 millions de dans les mĂ©dias. Le MDRGF constate que les personnes sont sous-alimentĂ©es (chiffre FAO, auteurs ont dĂ©cidĂ© d’appliquer des critĂšres juin 2008). L’agriculture biologique sera-t-elle de sĂ©lection arbitraires pour le choix des capable de rĂ©pondre Ă  ce dĂ©fi, au Nord Ă©tudes de rĂ©fĂ©rence servant Ă  comparer les comme au Sud ? Il s’agit d’un enjeu complexe rĂ©sultats et Ă  Ă©tablir les conclusions globales. qui ne peut se rĂ©sumer Ă  des questions techPar exemple, les Ă©tudes ne faisant pas rĂ©fĂ©- niques ou de rendements. L’objectif de souverence Ă  la dĂ©finition de la mĂ©thode de pro- rainetĂ© alimentaire dĂ©pend davantage de poliduction biologique des aliments testĂ©s ou tiques commerciales ou financiĂšres, de celles ne mentionnant pas le nom de l’orga- modĂšles alimentaires ou choix de consomnisme certificateur, ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es dans mation, que des innovations techniques ou l’analyse des rĂ©sultats. Ce qui exclut prĂšs de de pratiques culturales. La question de la deux tiers des Ă©tudes sur les 162 de rĂ©fĂ©- rĂ©gulation des pratiques commerciales agricoles et des filiĂšres alimentaires est fondarence. mentale pour assurer un partage Ă©quitable Toujours selon l’analyse du MDRGF, le rap- des ressources et la protection des Ă©cosysport annexe6 Ă  l’étude dĂ©montre que les pro- tĂšmes. duits vĂ©gĂ©taux bio contiennent ainsi en moyenne plus de magnĂ©sium, de zinc, de composĂ©s phĂ©noliques, de flavonoĂŻdes, de Entre perspectives de sucres et de matiĂšre sĂšche que les cultures dĂ©veloppement et jalons intensives, qui contiennent, elles, plus d’azote. d’une agriculture durable De mĂȘme les produits animaux bio contien- RĂ©sumer le bio Ă  un simple marchĂ© ou Ă  une nent plus de certains acides gras que leurs perspective Ă©conomique quelconque est homologues non bio, contrairement Ă  ce qui beaucoup trop rĂ©ducteur. Par sa spĂ©cificitĂ© et a Ă©tĂ© publiĂ© partout. Pourtant les conclusions sa logique, l’agriculture biologique est au de l’étude n’y font pas rĂ©fĂ©rence. cƓur mĂȘme des objectifs du dĂ©veloppement Au-delĂ  de la polĂ©mique et du dĂ©bat que sus- durable. À ce titre, elle doit se positionner citent cette Ă©tude et ses rĂ©sultats partiels, il comme modĂšle agricole crĂ©dible pour des importe de mettre en lumiĂšre que la plus- agriculteurs conventionnels qui veulent mainvalue incontestable de l’agriculture biolo- tenir une activitĂ© et un(des) emploi(s) sur gique par rapport Ă  l’agriculture convention- l’exploitation tout en faisant Ă©voluer le mode nelle est l’exclusion de pesticides et d’engrais de production vers un Ă©quilibre sol-plantede synthĂšse. Les produits bio ne peuvent animal. Elle doit gagner la confiance de tout le contenir des rĂ©sidus de pesticides, l’usage en secteur agricole qui doit y voir, non pas une production, Ă©tant par ailleurs strictement concurrence entre agriculture conventioninterdit. Or, on le sait, depuis 1990, nelle et bio, mais un systĂšme crĂ©dible et un l’Organisation Mondiale de la SantĂ© (OMS) choix d’avenir.

La plus-value alimentaire du bio : entre doutes et réalités


Photo : Sigurdas

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Agriculture

Photo : Elza Fiuza/ABr

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RĂ©fĂ©rences 1 Principles of Organic Agriculture International Federation of Organic Agriculture Movements (IFOAM) : www.ifoam.org 2 RÈGLEMENT (CE) N° 834/2007 DU CONSEIL du 28 juin 2007 relatif Ă  la production biologique et Ă  l'Ă©tiquetage des produits biologiques et abrogeant le rĂšglement (CEE) n° 2092/91 RÈGLEMENT (CE) n° 889/2008 DE LA COMMISSION du 5 septembre 2008 portant modalitĂ©s d’application du rĂšglement (CE) n° 834/2007 du Conseil relatif Ă  la production biologique et Ă  l’étiquetage des produits biologiques en ce qui concerne la production biologique, l’étiquetage et les contrĂŽles 3 DĂ©cret du 19 juin 2008 relatif Ă  la coexistence des cultures gĂ©nĂ©tiquement modifiĂ©es avec les cultures conventionnelles et les cultures biologiques 4 Source : Bioforum-2009 (www.bioforum.be) 5 http://www.ajcn.org/cgi/content/ abstract/ajcn.2009.28041v1 6 Comparison of composition of organically and conventionally produced foodstuffs: a systematic review of the available literature. Report for the FSA, July 2009

L’agriculture biologique doit aussi entretenir la confiance des consommateurs et des citoyens qui choisissent des produits bio, soucieux d’une alimentation saine, en maintenant un niveau d’exigence trĂšs Ă©levĂ© en termes de production et de produits. Enfin, l’agriculture bio doit ĂȘtre crĂ©dible auprĂšs des pouvoirs publics et dĂ©montrer que tous les acteurs du secteur peuvent se structurer et sont capables d’innover pour saisir les opportunitĂ©s d’un dĂ©veloppement Ă©quilibrĂ©. Elle doit Ă©galement dĂ©montrer l’intĂ©rĂȘt stratĂ©gique d’un tel dĂ©veloppement en gardant la maĂźtrise des prix et en conservant une autonomie par rapport Ă  l’industrie agroalimentaire multinationale. Les pionniers du secteur bio avaient dĂ©jĂ  bien compris que la confiance en leur projet Ă©tait capitale pour assurer la pĂ©rennitĂ© du systĂšme. Forts de ces valeurs fondamentales, les producteurs bio dĂ©montrent rĂ©guliĂšrement qu’ils sont capables d’expĂ©rimenter des pratiques innovantes dans une relation Ă©quilibrĂ©e entre modes de production et environnement. En effet, l’agriculture biologique montre qu’elle est susceptible de tirer profit de la nature, des Ă©cosystĂšmes et de la diversitĂ© biologique pour elle-mĂȘme contribuer Ă  prĂ©server la santĂ© du sol, de la plante, des animaux et des hommes. De cette maniĂšre, les pratiques culturales et modes de production assurent la viabilitĂ© et la pĂ©rennitĂ© du systĂšme. Aujourd’hui tout le secteur bio, et particuliĂšrement les pionniers, doivent se donner pour objectif de transmettre les valeurs et le savoir-faire aux acteurs qui le rejoignent. C’est indispensable pour Ă©viter la querelle entre agriculteurs conventionnels et biologiques.

Le bio pour recrĂ©er du lien entre agriculture et alimentation Tout autant que la perspective Ă©conomique qui permet d’assurer l’existence et la pĂ©rennitĂ© d’une exploitation et du secteur bio dans son ensemble, les agriculteurs et, en mĂȘme temps, l’ensemble de la sociĂ©tĂ© peuvent y trouver un intĂ©rĂȘt mobilisateur : celui d’offrir la possibilitĂ© de tisser un lien fort entre agriculture de proximitĂ© et une alimentation durable, gage de confiance et de cohĂ©rence dans la logique du dĂ©veloppement durable. Notre rĂ©gion ne peut se permettre de rater le train du bio, pour contribuer Ă  amĂ©liorer la qualitĂ© de l’agriculture, pour soutenir une activitĂ© Ă©conomique et des emplois dans le secteur et pour offrir une diversitĂ© de produits sains et savoureux. Pour faire du bio une alternative crĂ©dible, il est urgent que les pouvoirs publics, les agriculteurs et plus globalement la sociĂ©tĂ© considĂšrent le secteur autrement que confinĂ© dans une niche de produc-

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tion destinĂ©e aux plus nantis. Le secteur bio se positionne comme alternative crĂ©dible Ă  une agriculture et une alimentation durables et viables pour tous. Comme le secteur des Ă©nergies renouvelables il y a quinze ans ! Il y a lĂ  un enjeu important et un dĂ©fi passionnant pour nos mĂ©tiers d’ingĂ©nieurs.

Ir. Laurence Lambert est ingĂ©nieur agronome issue de la FUSAGx (promotion Élevage-1993) et membre de l’AIGx. Elle a un parcours socioprofessionnel riche et variĂ© qui a alimentĂ© sa rĂ©flexion sur le lien entre alimentation et agriculture et sur la nĂ©cessitĂ© de faire converger les politiques publiques alimentaires et agricoles, Ă  tout niveau de pouvoir. D’abord assistante Ă  la FacultĂ© de Gembloux, puis professeur de sciences appliquĂ©es dans une Ă©cole technique et professionnelle en agro-alimentaire (c’est lĂ  qu’elle dĂ©couvrira Ă  quel point les professionnels et futurs professionnels de l’agro-alimentaire sont rĂ©ellement coupĂ©s du monde de la production primaire et des rĂ©alitĂ©s agricoles), elle a aussi une expĂ©rience dans le domaine du dĂ©veloppement de l’agriculture en RĂ©gion wallonne, plus particuliĂšrement dans le domaine des productions de qualitĂ© diffĂ©renciĂ©e. Elle est ensuite chargĂ©e d’étude « DĂ©veloppement durable » au Centre d’animation et de Recherche en Écologie politique (Etopia). AprĂšs s’ĂȘtre impliquĂ©e dans le dĂ©veloppement du secteur bio, Laurence rejoint, en septembre 2009, le Cabinet du Ministre wallon de l’Environnement, de l’AmĂ©nagement du Territoire et de la MobilitĂ©, comme conseillĂšre au sein de la cellule « Environnement ». Au-delĂ  d’une expĂ©rience professionnelle multidisciplinaire, elle a Ă©galement une expĂ©rience politique et associative. Elle a rĂ©cemment fondĂ© l’asbl Slow Food Namur dont les objectifs visent Ă  recrĂ©er du lien entre notre agriculture locale, la biodiversitĂ© et notre alimentation et Ă  retrouver une culture du goĂ»t.


Pharma SpĂ©cificitĂ©s de l’ingĂ©nierie pharmaceutique Par Paul Meeussen, Dany T’Jampens et Ir. Étienne Fockedey Depuis 2002, les Randstad Awards1 classent le secteur pharmaceutique parmi les plus attractifs pour les employĂ©s. Contrastant avec cette affirmation, il apparaĂźt que l’industrie pharmaceutique est continuellement Ă  la recherche d’employĂ©s qualifiĂ©s, parmi lesquels des ingĂ©nieurs. On constate Ă©galement que ce secteur reste mĂ©connu des ingĂ©nieurs. Nous prĂ©sentons dans cet article une des spĂ©cificitĂ©s de l’ingĂ©nierie pharmaceutique en abordant le processus de validation. Cet exemple nous permet de mettre en Ă©vidence l’un des aspects importants de ce secteur fortement rĂ©gulĂ©. Ce processus de validation est celui auquel se trouvera confrontĂ© la plupart des sous-traitants de l’industrie pharmaceutique.

L’industrie pharmaceutique est l'un des exemples les plus importants de notre Ă©conomie moderne basĂ©e sur la connaissance et le savoir-faire. Ceci se remarque par le niveau de formation particuliĂšrement Ă©levĂ© des employĂ©s du secteur pharmaceutique : 65 % des travailleurs ont une formation supĂ©rieure alors que la moyenne dans l’industrie chimique est de 47 %. Le secteur est de plus un moteur de l’économie puisque pas moins de 750 millions d’euros ont Ă©tĂ© investis dans des projets d’infrastructure sur le territoire belge en 2008 et, qu’en moyenne, 1,9 milliards d’euros par an sont investis en R&D. Cet investissement a triplĂ© en 10 ans ; il reprĂ©sente actuellement 40 % de l’investissement privĂ© en R&D et place donc le secteur pharmaceutique en tĂȘte des investisseurs privĂ©s en Belgique.

ReprĂ©sentation de l’industrie pharmaceutique

La plupart des entreprises pharmaceutiques belges sont regroupĂ©es dans pharma.be qui a Ă©tĂ© fondĂ©e en 1996 sous l’égide de la fĂ©dĂ©ration de l’industrie chimique (Fedichem). Pharma.be est actuellement intĂ©grĂ©e dans l'organisation gĂ©nĂ©rale Essencia et sert d’organisation secImportance de l’industrie torielle pour l'industrie pharmaceutique. pharmaceutique2 L'organisation regroupe environ 135 entreprises qui opĂšrent dans le La Belgique est depuis longtemps un domaine des produits Ă  usage humain important exportateur de produits phar- (avec et sans ordonnance) et les disposimaceutiques. Une Ă©tude de l’OCDE3, a tifs mĂ©dicaux, ainsi que des sociĂ©tĂ©s montrĂ© qu’en 2006, la Belgique a Ă©tĂ©, actives dans le domaine des mĂ©dicaaprĂšs l’Allemagne, le second exportateur ments vĂ©tĂ©rinaires et de diagnostic in de produits pharmaceutiques de l’Union vitro. europĂ©enne. Les exportations du secteur pharmaceutique reprĂ©sentent 10,6 % des exportations totales de la SociĂ©tĂ© Belgique et s’élĂšvent Ă  4,3 milliards d’euros. Dans le mĂȘme temps, le dĂ©ficit de la GSK Biologicals balance commerciale de la Belgique se Janssen Pharmaceutica montait 1,5 milliards d’euros. Le nombre d’employĂ©s dans l’industrie pharmaceutique (tableau 1) est en croissance constante depuis 1995, et cette croissance a Ă©tĂ© plus Ă©levĂ©e que la moyenne du secteur privĂ© manufacturier. Avec environ 29 000 employĂ©s actifs en 2007, l’industrie pharmaceutique reprĂ©sente actuellement 1,1 % de l’activitĂ© totale de l’industrie.

UCB Pharma Baxter Pfizer Mfg. Belgium Schering-Plough Labo Alcon-Couvreur Astra Zeneca Tibotec

Il existe Ă©galement un certain nombre d'organisations qui regroupent les ingĂ©nieurs actifs dans l'industrie pharmaceutique. L’ISPE4 (International Society for Pharmaceutical Engineering) est l'une des organisations professionnelles du secteur parmi les plus actives au niveau mondial. En Belgique, elle est animĂ©e par des bĂ©nĂ©voles issus d’une vingtaine d’entreprises, tant producteurs que fournisseurs du secteur pharmaceutique. Au niveau mondial, l’ISPE est connue pour la publication de lignes directrices recommandant les bonnes pratiques d’engineering. Ces « guidelines » sont souvent soutenues par les principaux organes de rĂ©glementation (tels que la FDA5) et leur mise en Ɠuvre permet de respecter les « bonnes pratiques de fabrication » (Good Manufacturing Practices).

Du processus de validation dans l’industrie pharmaceutique En raison d’un certain nombre d’évĂ©nements catastrophiques dans le passĂ© (prenons l’exemple des malformations congĂ©nitales chez les bĂ©bĂ©s rĂ©sultant de l’utilisation de la thalidomide pendant la grossesse ou de contamination par des produits avec effet mortel), une rĂšglementation trĂšs contraignante s’est dĂ©veloppĂ©e dans l’industrie pharmaceutique. Les autoritĂ©s ont imposĂ© des rĂšgles strictes pour l’organisation et le contrĂŽle du dĂ©veloppement clinique, la production et la distribution des produits pharmaceutiques. Ces exigences sont Tableau 1 : Nombre de travailleurs dans l’industrie pharmaceutique

Nombre de travailleurs Année 2008 Année 2007 5 748 5 159 4 082 4 439 2 308 2 138 1 303 1 233 1 233 1 269 901 822 850 784 556 577 463 376

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Pharma dĂ©crites dans les bonnes pratiques de laboratoire, de dĂ©veloppement clinique, de production, de documentation, d’automation
 (Good Laboratory Practices – GLP, Good Manufacturing practices – GMP, Good Automated Manufacturing Practices – GAMP
 ou sous le terme gĂ©nĂ©ral GXP). Les sociĂ©tĂ©s pharmaceutiques doivent dĂ©poser un dossier d’enregistrement auprĂšs des autoritĂ©s afin d’obtenir l’approbation pour la mise sur le marchĂ© d’un mĂ©dicament. La vĂ©rification par les autoritĂ©s de l’application des rĂšglementations se fait sous forme d’audit des sociĂ©tĂ©s productrices. Ces audits visent Ă  vĂ©rifier le respect des GXP tout comme la conformitĂ© du produit au dossier d’enregistrement. Le cadre rĂšglementaire qui rĂ©git l’obtention d’un permis de production dans une installation donnĂ©e impose de soumettre le systĂšme Ă  une batterie de test approfondis. Ces tests existent dans tous les secteurs de l’industrie mais sont spĂ©cialement poussĂ©s dans le secteur pharmaceutique. Sous certains aspects, il se rapproche en cela du secteur aĂ©ronautique, lui aussi trĂšs rĂ©glementĂ© et contrĂŽlĂ©. Le but de ces tests est de montrer que le systĂšme fonctionne de maniĂšre stable et rĂ©pĂ©titive et que pour chaque paramĂštre 18 du processus, une variation dans un intervalle dĂ©terminĂ© n’a pas d’impact sur la qualitĂ© du produit. Le travail se fait de plus avec un important effort de documentation se basant sur l’adage bien connu du monde pharmaceutique : « if not documented, it did not happen ». Chaque document de test est systĂ©matiquement identifiĂ©, signĂ© et datĂ©, avant (le protocole de test) et aprĂšs l’exĂ©cution du test (rĂ©sultats). L’importance et la lourdeur des dossiers d’enregistrement a conduit l’industrie Ă  adopter une attitude trĂšs rigide vis-Ă -vis des dĂ©veloppements technologiques. Les processus, une fois validĂ©s et approuvĂ©s, sont figĂ©s. Des nouveautĂ©s ou des Ă©volutions ne peuvent gĂ©nĂ©ralement pas ĂȘtre dĂ©ployĂ©es immĂ©diatement en production, mĂȘme lorsqu’elles sont susceptibles de conduire Ă  une rĂ©duction des coĂ»ts de production ou Ă  une amĂ©lioration de la qualitĂ©. Ces aspects trĂšs contraignants et la rĂ©sistance Ă  la mise en Ɠuvre des innovations expliquent peut-ĂȘtre le peu d’attrait qu’ont a priori les ingĂ©nieurs pour le secteur pharmaceutique.

Figure 1 : Le processus de validation dans l’industrie pharmaceutique

tion des risques et des modes de dĂ©faillance afin de justifier les tests qui seront ou ne seront pas effectuĂ©s. Ainsi, tous les composants d’un systĂšme ne seront pas soumis Ă  la mĂȘme quantitĂ© de tests car il sera tenu compte de leur impact potentiel sur la qualitĂ© du produit, et ce indĂ©pendamment de la complexitĂ© technique ou du coĂ»t de l’élĂ©ment considĂ©rĂ©.

La qualification des installations La qualification de l’installation (IQ – Installation Qualification) Ă©tablit les preuves documentaires que l’équipement, le systĂšme ou le composant et son intĂ©gration sont « statiquement » conformes Ă  ce qui a Ă©tĂ© dĂ©crit lors des phases de conception. Les documents d’étude utilisĂ©s pour effectuer cette vĂ©rification auront Ă©tĂ© clairement identifiĂ©s dans le protocole de validation. Cette vĂ©rification Ă©tablit Ă©galement que le systĂšme, l’équipement ou le composant est correctement identifiĂ© (aucun risque de confusion n’est permis), que le fournisseur disposait des qualifications requises pour effectuer le travail, que les procĂ©dures des fournisseurs ont Ă©tĂ© suivies lors de la fabrication, que les Ă©lĂ©ments critiques sont conformes Ă  l’ensemble des exigences
 Il est Ă©galement vĂ©rifiĂ© durant la qualification de l’installation que l’ensemble des documents nĂ©cessaires pour l’utilisation et la maintenance de l’équipement sont prĂ©sents. Une attention particuliĂšre est portĂ©e sur les manuels et la formation, la formation des opĂ©rateurs Ă©tant un Ă©lĂ©ment important des bonnes pratiques de fabrication.

Le protocole de validation

La qualification opérationnelle

Le protocole de validation est le document dans lequel toutes les activités de test sont décrites. Les méthodes et les conditions de test y sont détaillées et approuvées avant exécution. Ce document comprend également une évalua-

La qualification opĂ©rationnelle (OQ – Operation Qualification) Ă©tablit les preuves que le systĂšme ou l’équipement fonctionne conformĂ©ment Ă  ce qui est dĂ©crit dans l’analyse fonctionnelle, qu’il fournit la rĂ©ponse attendue Ă  une sollici-

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tation donnĂ©e et qu’il se met correctement Ă  l’arrĂȘt dans des conditions de stress (arrĂȘt d’urgence, coupure Ă©lectrique, dĂ©faillance d’un capteur ou d’un composant
). Les tests de qualification opĂ©rationnelle ne peuvent commencer sans avoir prĂ©alablement vĂ©rifiĂ© que toutes les sondes du systĂšme ont Ă©tĂ© dĂ»ment calibrĂ©es. Les divers modes de fonctionnement seront ensuite testĂ©s, les modes d’arrĂȘt, l’ensemble des alarmes, les conditions extrĂȘmes de fonctionnement, et certaines dĂ©faillances seront expressĂ©ment provoquĂ©es pour vĂ©rifier la conformitĂ© de la rĂ©ponse du systĂšme. Il sera Ă©galement vĂ©rifiĂ© lors de la qualification opĂ©rationnelle que les procĂ©dures permettant aux opĂ©rateurs d’exploiter le systĂšme sont effectivement disponibles et que les opĂ©rateurs ont bien Ă©tĂ© formĂ©s.

La qualification de performance La qualification de performance (PQ – Performance Qualification) a pour but de dĂ©montrer que le systĂšme maintient les processus de maniĂšre consistante dans des conditions opĂ©ratoires dĂ©finies et complĂštement documentĂ©es. La dĂ©monstration de la rĂ©pĂ©titivitĂ© du processus exige que l’essai soit rĂ©alisĂ© de maniĂšre consistante au minimum trois fois de suite dans le cas de procĂ©dĂ©s par lots (batch processing) ou sur une durĂ©e prĂ©alablement dĂ©finie (5 jours Ă  1 an) dans le cas de procĂ©dĂ©s continus. La justification du nombre de rĂ©pĂ©titions ou la durĂ©e requise sera typiquement basĂ©e sur une analyse de risque Ă©tablie dans le protocole de validation.

Le rapport de validation Le processus de validation se conclut par un rapport dĂ©taillĂ© comprenant l’ensemble des tests effectuĂ©s, des rĂ©sultats obtenus, des dĂ©viations Ă©ventuelles constatĂ©es lors des tests, ainsi que des modifications qui auraient Ă©ventuellement Ă©tĂ© faites sur le systĂšme.


Pharma Le contrĂŽle des changements Si des modifications doivent ĂȘtre effectuĂ©es sur un systĂšme qualifiĂ©, une Ă©valuation prĂ©alable de l’impact de ces changements sur le fonctionnement de l’ensemble du systĂšme permettra d’évaluer le risque d’incidence sur la qualitĂ© du produit, ou, de maniĂšre Ă©quivalente, permettra de s’assurer que le systĂšme reste dans le domaine pour lequel il a Ă©tĂ© validĂ©. Des changements sur un systĂšme entraĂźneront de maniĂšre frĂ©quente une revalidation totale ou partielle de l’installation.

Tendances actuelles La complexification des installations de production dans l’industrie pharmaceutique a entraĂźnĂ© une augmentation importante du temps et des ressources nĂ©cessaires Ă  la validation, une augmentation des coĂ»ts d’investissement et une rigiditĂ© supplĂ©mentaire du systĂšme, sans augmentation du niveau de qualitĂ©. Des tendances nouvelles se sont donc dĂ©veloppĂ©es, d’une part, en poussant l’analyse de risque et, d’autre part, en intĂ©grant les aspects qualitĂ© dĂšs la conception et l’introduction des techniques de contrĂŽle en ligne. Le dĂ©veloppement de l’analyse de risques permet de concentrer l’effort de validation sur les Ă©lĂ©ments au sein du systĂšme qui auront Ă©tĂ© identifiĂ©s comme critiques pour la qualitĂ© du produit. Ainsi l’effort de validation sur des systĂšmes complexes peut ĂȘtre rĂ©duit sur une part importante du systĂšme et se concentrer sur les parties critiques pour la qualitĂ©

en termes d’équipement, de traitement des donnĂ©es ainsi que de leur validation. D’autre part, des technologies disruptives voient Ă©galement le jour, y compris en Belgique, faisant le pari d’aborder les problĂšmes Ă  rĂ©soudre sous un angle complĂštement diffĂ©rent afin de proposer des solutions technologiques radicalement plus simples et plus faciles Ă  valider. Mais la rĂ©sistance au changement est importante compte tenu du contexte rĂ©glementaire extrĂȘmement contraignant. Le secteur pharmaceutique, toujours en pleine Ă©volution, est un dĂ©bouchĂ© intĂ©Figure 2 : Exemple de nouvelle technologie ressant pour les ingĂ©nieurs en Belgique. dĂ©veloppĂ©e en Belgique par Aseptic Les ingĂ©nieurs civils, agronomes et bioTechnologies : un robot remplit des flacons ingĂ©nieurs, les ingĂ©nieurs industriels ont stĂ©riles en polymĂšre Ă  travers leur bouchon, un rĂŽle Ă  jouer dans l’industrie pharmapuis referme la trace laissĂ©e par le passage ceutique en tant que superviseurs de de l'aiguille au moyen d'un tir laser. production, ingĂ©nieurs de validation, du produit. L’intĂ©gration des aspects qua- ingĂ©nieurs en gĂ©nie des procĂ©dĂ©s ou litĂ© dĂšs la conception se base sur l’adage ingĂ©nieurs de projet, tant du cĂŽtĂ© des « Quality shall be built in, not controlled ». producteurs que des fournisseurs de Le processus s’est formalisĂ© par l’ajout services et d’équipements pour le secd’une phase de qualification de la teur. Dans les annĂ©es Ă  venir, de nouconception qui dĂ©montre que l’ensemble veaux dĂ©fis apparaĂźtront. Ces dĂ©fis visedes exigences pour la qualitĂ© du produit ront le contrĂŽle de procĂ©dĂ©s de plus en plus complexes et intĂ©grĂ©s. y est intĂ©grĂ©e. Les techniques de contrĂŽle en ligne de la qualitĂ© ont Ă©tĂ© permis grĂące au dĂ©veloppement des technologies de surveillance en temps rĂ©el des procĂ©dĂ©s, dont parmi celles-ci les PAT (process analytical technology). Ce dĂ©veloppement permet d’espĂ©rer plus de souplesse dans les processus pharmaceutiques. Ces technologies apportent toutefois de nouveaux dĂ©fis

RĂ©fĂ©rences 1 www.randstad.be/fr/employee/randstad/infos/?id=965 http://randstad.be/_files/etude-randstad-award-2010.pdf 2 Source : pharma.be (www.pharma.be) 3 OCDE : Organisation de coopĂ©ration et de dĂ©veloppement Ă©conomiques (www.oecd.org) 4 ISPE – International Society for Pharmaceutical Engineering (www.ispe.org) 5 FDA – U.S. Food and Drug Administration (www.fda.org)

Étienne Fockedey

Paul Meeussen

Dany T’Jampens

est Pharmacien d’Industrie (KUL, 1981). AprĂšs avoir travaillĂ© plusieurs annĂ©es au Pays-Bas, il est depuis 1999 responsable des validations chez Alcon Belgium Ă  Puurs, le plus important fabriquant de produits ophtalmiques. Il est Ă©galement membre du comitĂ© de gestion de l’ISPE Belgique.

est Pharmacien d’Industrie (UGent, 1999). AprĂšs 10 ans d’expĂ©rience en Assurance QualitĂ©, il travaille actuellement chez UCB dans l’outsourcing des activitĂ©s de packaging et de distribution pour IMP (Investigational Medicinal Products). Il est membre du comitĂ© de gestion de l’ISPE Belgique.

est ingĂ©nieur civil en science des procĂ©dĂ©s (UCL, 1998). AprĂšs une thĂšse de doctorat, il a travaillĂ© plusieurs annĂ©es dans le dĂ©partement d’ingĂ©nierie de sociĂ©tĂ©s pharmaceutiques. Il est actuellement Project Definition Manager pour GSK Biologicals. Il est membre du comitĂ© de gestion de l’ISPE Belgique.

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Matériaux

L’ingĂ©nieur au cƓur de la pierre bleue Par Ir. RenĂ© Poliart

20 Figure 1 : Les CarriĂšres du Hainaut, une exploitation sur plus de 160 ha

La pierre bleue. Elle est prĂ©sente dans notre environnement quotidien, fonctionnelle ou ornementale, sur les trottoirs et les places des villes, dans les espaces publics et privĂ©s
 Mais d’oĂč vient-elle ? De quoi est-elle constituĂ©e ? Comment les gisements sont-ils exploitĂ©s ? Comment la pierre brute est-elle travaillĂ©e ? Pour le Journal des IngĂ©nieurs, Ir. RenĂ© Poliart (AIMs) prĂ©sente une description de la pierre bleue et met en Ă©vidence le rĂŽle fondamental des ingĂ©nieurs dans les processus d’extraction et de façonnage.

carrelages, tables de travail, dalles, bancs, bordures, monuments, etc. Elle est visible partout, que se soit pour le privĂ© ou le public, Ă  l'intĂ©rieur ou Ă  l'extĂ©rieur des bĂątiments, dans les rues et boulevards ou encore sur les places ou les squares. Sa premiĂšre qualitĂ© : son inaltĂ©rabilitĂ© face aux intempĂ©ries ; la pierre bleue est nongĂ©live. GrĂące Ă  sa compacitĂ©, elle prĂ©sente une trĂšs faible porositĂ© et ne retient donc pas l'eau, ce qui lui confĂšre une trĂšs bonne tenue au gel. OĂč la trouve-t-on ? En Belgique, dans le bassin de Soignies, dans les vallĂ©es de l’Ourthe, du Hoyoux et de l’AmblĂšve au sud de LiĂšge, et Ă  Spontin et Yvoir dans la rĂ©gion namuroise.

Les origines de la pierre bleue

Il y a 345 millions d'annĂ©es, le paysage Ă©tait fondamentalement diffĂ©rent. Le petit-granit, appelĂ© pierre bleue, est un La mer recouvrait la rĂ©gion de Soignies (mer matĂ©riau que l'on retrouve partout dans la dite tournaisienne qui allait de Tournai Ă  Aixconstruction et en voirie : parement de la-Chapelle) et la terre Ă©mergeante se situait façade, seuils de fenĂȘtre et de porte, balcons, vers le Nord, dans la rĂ©gion d’Enghien (massif dit de Brabant). La roche exploitĂ©e rĂ©sulte aujourd’hui de la prĂ©cipitation de carbonate de calcium (CaCO3) cimentant des dĂ©bris d’organismes dans une mer peu profonde sous climat chaud Ă  proximitĂ© du littoral. Le fond de la mer Ă©tait plat et rĂ©gulier et des organismes y Ă©taient fixĂ©s : les crinoĂŻdes. Les crinoĂŻdes sont des animaux (bien que souvent appelĂ©s lys de mer) du groupe des Ă©chinodermes (Ă©galement les Ă©toiles de mer) composĂ©s typiquement d’un calice (ou thĂšque) rĂ©gulier Ă  symĂ©trie axiale d’ordre 5, portant des bras, et d’une tige assurant la fixation de l’animal. D’autres organismes peuplaient la mer tournaisienne comme par exemple des coraux coloniaux (Syringopora, Michelina) et solitaires (Zaphrentis, Caninia), des organismes Ă  coquilles comme des moules ou des huĂźtres (Spirifer, Productus), des invertĂ©brĂ©s bryozoaires, ou encore des Ă©ponges. La vase sous marine sur laquelle prolifĂšrent les crinoĂŻdes est au dĂ©part non consolidĂ©e et gorgĂ©e d’eau ; les crinoĂŻdes, Ă  leur mort, ainsi que les autres organismes y sont enfouis. Le phĂ©nomĂšne se poursuit faisant que les couches s’enfoncent progressivement sous le poids accumulĂ©. Les couches infĂ©rieures se

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MatĂ©riaux consolident de plus en plus jusqu’à devenir la pierre que l’on connaĂźt aujourd’hui.

Pourquoi l'appellation « petitgranit » ? Lorsque l’on brise la roche, la surface du clivage scintille comme le quartz et le feldspath des granites (caractĂ©ristique directement liĂ©e Ă  l’abondance en restes fossiles), d’oĂč l’assimilation. Le constituant principal, les encrines ou entroques, est en effet composĂ© de petits dĂ©bris, notamment les articles de la tige du squelette des crinoĂŻdes.

Les CarriĂšres du Hainaut Ă  Soignies Allons donc faire un tour du cĂŽtĂ© de Soignies, aux CarriĂšres du Hainaut. La S.C.A. CarriĂšres du Hainaut exploite Ă  Soignies une pierre calcaire compacte de couleur grise, gris-bleu Ă  gris-noir appelĂ©e petit-granit. L’exploitation se fait Ă  ciel ouvert. Nous sommes dans la plus grande carriĂšre de roche ornementale d'Europe : quelques 450 personnes y travaillent pour l'extraction de quelques 180.000 m3 de pierre bleue par an, sur un site de 160 hectares (figure 1). L'objet de la CarriĂšre est d'y extraire de la pierre bleue et de la façonner par la suite. Il est donc impĂ©rieux de faire en sorte que la forme et le volume du bloc extrait puissent ĂȘtre maintenus : rien Ă  voir avec le mĂ©tier de concassage. Le gisement s’étend sur une hauteur de 30 m, rĂ©parti en plusieurs bancs d’épaisseurs diffĂ©rentes, formant des marches gĂ©antes. Chaque banc est limitĂ© Ă  sa base et Ă  son sommet par une absence de dĂ©pĂŽt qui correspond Ă  un arrĂȘt temporaire de la sĂ©dimentation. Chaque banc prĂ©sente ses propres caractĂ©ristiques : hauteur, structure, compacitĂ©, couleur etc., ce qui oriente la finalitĂ© du produit (figure 2).

Le gisement se trouve aujourd’hui à plus de 95 m de profondeur, car dans la configuration actuelle, plus l’exploitation avance, plus on descend.

Figure 2 : Vue sur l’extraction On distingue, de haut en bas : la dĂ©couverture comprenant respectivement les meubles et les raches et enfin les bancs de pierre bleue (en gris clair) avec un pendage Ă  20 %.

Voici le processus type, en version simplifiée, pour l'obtention d'un carreau de pierre bleue : 1. Découverture du gisement : enlÚvement des diverses couches au-dessus des bancs de pierre bleue. On y trouve notamment des terres arables, des argiles, des limons, des sables et de la roche calcaire (appelée raches). Les raches sont envoyées dans une station de concassage.

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2. Extraction de la pierre bleue en suivant les couches gĂ©ologiques, c'est-Ă -dire les bancs. Entrent en jeu les haveuses pour le sciage vertical et parallĂšle aux bancs et les diafils pour le dĂ©bitage vertical et perpendiculaire aux bancs. Les haveuses peuvent ĂȘtre comparĂ©es Ă  une tronçonneuse dont le bras peut avoir une longueur de 8 m ; les diafils consistent en des machines mettant un Figure 3 : Un chĂąssis d’armure oĂč des blocs de 40 tonnes sont sciĂ©s en tranches en 8 heures

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MatĂ©riaux - Ă  la gestion de toute une sĂ©rie d'engins et d'Ă©quipements mobiles : leur caractĂšre mobile complique leur mise en Ɠuvre pour l'alimentation Ă©lectrique et l'alimentation en eau, ainsi que pour les interventions d'entretien et de rĂ©paration, et ce d'autant plus que le site prĂ©sente un accĂšs difficile. À toutes ces contraintes, s'ajoutent : - le pendage (les bancs de pierre bleue sont inclinĂ©s Ă  raison de 20 %) de sorte que l'extraction se fait donc sur un terrain en pente ;

Figure 4 : Station de pompage d’eau potabilisable vers la SWDE (dĂ©bit actuel : 500 m3/h, hauteur gĂ©omĂ©trique : 116 m, longueur totale de tuyaux : 3 km)

cĂąble muni de perles diamantĂ©es en mouvement sans fin. 3. Équarrissage des blocs : les dimensions des blocs sont corrigĂ©es pour que ceux-ci puissent entrer dans les machines de façonnage. 4. Sciage des blocs en tranches dans des machines appelĂ©es chĂąssis d'armure (figure 3). Un chĂąssis est composĂ© d'un 22 cadre qui comprend plusieurs lames tendues Ă  10 t (suivant les machines, entre 40 et 100 lames), un mĂ©canisme bielle-manivelle pour crĂ©er le mouvement de battement du chĂąssis (70 Ă  90 coups/minute) et un mĂ©canisme d'avance qui fait soit monter le bloc vers les lames ou qui fait descendre le cadre porte-lame vers le bloc. Suivant les applications, l'Ă©paisseur des tranches peut ĂȘtre de 2, 3, 4, 5, 8, 10, 12 cm et plus encore. 5. Traitement de surface des tranches dans les polissoirs, bouchardeuses, ciseleuses, etc. À chacune des techniques de construction ou de dĂ©coration correspondent des façonnages adaptĂ©s, rĂ©alisĂ©s manuellement ou mĂ©caniquement. Les diffĂ©rentes textures dĂ©coratives modifient le relief et la teinte de la pierre, et relĂšvent soit d’un processus de taille (coups d’outils), soit d’un meulage ou adoucissage superficiel. Plus le grain abrasif est fin, plus la pierre s’assombrit. Dans les finitions marbriĂšres (poli mat et brillant), le fond de la pierre devient noir. On dĂ©crit ainsi la finition par gradinĂ©, sclypĂ©, bouchardĂ©, poli, adouci bleu clair, adouci bleu foncĂ© etc. Les CarriĂšres du Hainaut proposent 18 finitions de surface. 6. DĂ©bitage en carreaux dans une unitĂ© complĂštement automatisĂ©e, suivi de la

- les difficultĂ©s d'accĂšs : la carriĂšre est Ă  ciel ouvert, et l'exploitation descend au fur et Ă  mesure (contrairement aux sites oĂč l'exploitation se fait quasi horizontalement, Ă  flanc de colline). Les distances Ă  parcourir sont de plus en plus longues ;

palettisation en vue de l'expĂ©dition en - les conditions mĂ©tĂ©orologiques : le clientĂšle. temps sec qui favorise l'apparition des Toutes ces Ă©tapes sont jalonnĂ©es de poussiĂšres, la pluie et les averses oracontrĂŽles de la qualitĂ© et de tris afin geuses qui ajoutent de grandes quantid'Ă©carter les imperfections naturelles de tĂ©s d'eau Ă  exhaurer, la neige, le gel et le la matiĂšre et les Ă©carts de production. verglas qui perturbent toutes les instalAinsi, une premiĂšre sĂ©lection sur la qualations sous eau et qui rendent les litĂ© des blocs Ă©carte les matĂ©riaux altĂ©accĂšs beaucoup plus difficiles, sans rĂ©s, fissurĂ©s et morcelĂ©s. oublier la notion de pĂ©nibilitĂ© du travail ; On notera que les phases 1 et 2 du processus dĂ©crit ci-avant peuvent ĂȘtre vues comme suit : le poste de travail va vers la - la dĂ©couverture qu'il faut anticiper : avant d'accĂ©der aux bancs de pierre matiĂšre. Tous les jours, le poste de travail bleue, l'exploitant doit enlever toutes se dĂ©place en mĂȘme temps que le giseles couches supĂ©rieures. Dans le cas ment. Par contre, pour les phases 3 Ă  6, le schĂ©ma est plus conventionnel puisque c'est la matiĂšre qui va vers le poste de travail. Il existe par ailleurs d'autres cheminements de production en fonction de la destination du produit final. De plus, certains clients n'achĂštent que des produits Figure 5 : Exemple de rĂ©alisation : semi-finis tels que des tranches. Cours de Justice Ă  Mons, vue extĂ©rieure En outre, pour le bon dĂ©roulement des opĂ©rations de production, il est nĂ©cessaire de procĂ©der : - Ă  l'Ă©vacuation des eaux dans la carriĂšre (provenant de la nappe phrĂ©atique et du ruissellement) au moyen d'installations d'exhaure : ces installations sont critiques, car sans elles, pas d'extraction possible; plusieurs mines et carriĂšres ont Ă©tĂ© contraintes d'arrĂȘter l'exploitation pour cause de gisement noyĂ© ; - au traitement de l'eau utilisĂ©e pour le refroidissement des outils de coupe et l'Ă©vacuation des copeaux (poussiĂšres de calcaire) : on parle ici de stations de clarification qui permettent de rĂ©cupĂ©Figure 6 : Exemple de rĂ©alisation : Cours rer l'eau de sorte qu'elle puisse ĂȘtre de Justice Ă  Mons, salle des pas perdus utilisĂ©e en circuit fermĂ© ;

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MatĂ©riaux Quelques chiffres relatifs aux CarriĂšres du Hainaut : - Chiffre d’affaires : 60 MEUR - Personnel occupĂ© : 450 personnes (85 employĂ©s, 365 ouvriers) - Volume d’eau exhaurĂ© : 5.5 Mm3/an - Vitesse de sciage d'un bloc : entre 20 et 30 cm/h - QuantitĂ© d’eau (recyclĂ©e) pour scier un bloc en tranches : 360 m3 Des exemples de rĂ©alisations remarquables : - le beffroi, la collĂ©giale Sainte-Waudru et les Cours de Justice Ă  Mons ; - les ascenseurs du canal du Centre entre StrĂ©py et La LouviĂšre ; - l’arcade et les palais du Cinquantenaire, la Bourse et le Palais de Justice Ă  Bruxelles - la gare centrale et la Maison du Roi sur la Grand-Place de Bruxelles - les quais de l’Escaut Ă  Anvers - le pilori de Braine-Le-ChĂąteau - peut-ĂȘtre aussi chez vous : vos seuils de fenĂȘtre, le carrelage dans la vĂ©randa ou dans la cour etc. Vous trouverez encore plus d’information Ă  propos du travail de la pierre bleue (explications par sĂ©quences filmĂ©es), des finitions de surface, des revendeurs et distributeurs, de conseils d’utilisation et d’entretien, beaucoup d’exemples de rĂ©alisation sur le site internet www.carrieresduhainaut.com. prĂ©sent, il doit gĂ©rer jusque 95 m, ce qui ne se fait pas en quelques semaines. Le rĂŽle de l'ingĂ©nieur dans une carriĂšre de roche ornementale est fondamental. Celui-ci doit donc pouvoir : - gĂ©rer la matiĂšre : la pierre bleue est un matĂ©riau naturel qui prĂ©sente beaucoup de qualitĂ©s, mais qui a aussi quelques dĂ©fauts qu'il faut savoir maĂźtriser tout au long du processus qui va de l'extraction Ă  la vente du produit ; - gĂ©rer le personnel, comme dans toute activitĂ© de production ; - gĂ©rer les machines d'exploitation ou de production : comme dans tout mĂ©tier, les Ă©quipements sont spĂ©cifiques au secteur. Dans le cas prĂ©sent, le matĂ©riel est dimensionnĂ© en fonction des contraintes de la pierre bleue : charges lourdes, poussiĂšres, prĂ©sence d'eau ; - allier toutes les contraintes ci-dessus avec la demande de la clientĂšle : elle dispose d'un choix de dimensions, de types de finition, de catĂ©gories de qualitĂ© et mĂȘme de nuances de couleurs. Contrairement Ă  une usine oĂč il est possible de gĂ©rer la production en fonction de la demande de la clientĂšle, l'exploitant d'une carriĂšre ne peut vendre que ce qu'il extrait.

« Un ingĂ©nieur sur quatre est une femme ingĂ©nieur » Sous l’éclairage de cette description, il n'est pas surprenant que la majoritĂ© des ingĂ©nieurs soient ingĂ©nieurs civils des mines. Huit ingĂ©nieurs des mines sont actifs aux CarriĂšres du Hainaut suivant la rĂ©partition suivante :

- à la direction d'exploitation : Ir. Xavier Verdonck ; - à la direction des ressources humaines : Ir. Philippe De Mol ; - à la prévention santé et sécurité : Ir. Marc Flament ; - à la production : Ir. Frédéric Van Den Berg, Ir. Frédérick Anceau, Ir. HélÚne Vanaise ;

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- ingĂ©nieur de projet et responsable qualitĂ© : Ir. Alexandra Ciuch-Pilette (jeune promue en 2009) ; - l’environnement : Ir. Yves Debast. En outre, votre serviteur, ingĂ©nieur civil mĂ©canicien y exerce au titre de personne extĂ©rieure en renfort pour les projets et investissements. Tous ces ingĂ©nieurs civils sont sortis de la FacultĂ© Polytechnique de Mons, oĂč la formation d'ingĂ©nieur des mines est organisĂ©e. Il est Ă  noter qu’un ingĂ©nieur sur quatre est une femme ingĂ©nieur ; elles sont en effet actives sur les chantiers. Les CarriĂšres du Hainaut font confiance aussi Ă  la gent fĂ©minine dans un milieu essentiellement masculin (les ouvriers sont exclusivement des hommes). En conclusion, tout l'art de l'ingĂ©nieur dans le secteur de la pierre bleue est de sĂ©lectionner la bonne pierre adaptĂ©e Ă  l'application finale, le tout dictĂ© par les disponibilitĂ©s de personnel, de machines, de matiĂšre (car la nature ne peut donner que ce qu'elle a) et par la clientĂšle, sans oublier d'anticiper plusieurs annĂ©es Ă  l'avance l’organisation de l'exploitation de demain. Toutes ces facettes font du mĂ©tier d’ingĂ©nieur en carriĂšre un mĂ©tier complet, riche et variĂ©.

Ir. RenĂ© Poliart Ir. RenĂ© Poliart est ingĂ©nieur civil mĂ©canicien (AIMs 1986). Il exerce son mĂ©tier sous le statut d'indĂ©pendant en industrie dans les domaines d’engineering/suivi de projets dans des secteurs variĂ©s : carriĂšres (CarriĂšres du Hainaut), dĂ©chets, eaux, nuclĂ©aire, chimie, caoutchouc, bois, etc. Il est vice-prĂ©sident de l'AIMs et prĂ©sident de la section de Mons de l'AIMs. Il est mariĂ© et pĂšre d'un enfant. E-mail : rene.poliart@gmail.com

Le Journal des Ingénieurs n°129 - Septembre-octobre 2010


Le magazine de recrutement des ingénieurs, informaticiens et emplois de haut niveau Communication, innovation, environnement, event & news Visitez notre site :

www.topbe.eu RĂ©daction Philippe CrĂȘteur, Albert De Lutis Robert Freeman, Robert Verdi, Virginie De Lutis Production Infographie : Virginie De Lutis, Biscotto Imprimerie Havaux – Nivelles Distribution : personnalisĂ©e Parution : bimestrielle les mois pairs Format : 210 x 297 mm Tirage : 10 000 ex. par la Poste 100 000 ex. par e-mail Deadlines - RĂ©servation espaces et annonces : le 15 du mois avant la publication - Fourniture matĂ©riel publicitaire : le 20 du mois avant la publication

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Le thĂ© mis Ă  nu par u « Si vous saviez ce qui se passe dans une simple tasse de thé  » Cette phase d’AndreĂŻ Sakharov, prix Nobel de la paix, le papa de la bombe atomique soviĂ©tique, m’a toujours intriguĂ© : voilĂ , je vais enfin savoir
 DĂ©but aoĂ»t, La Rochelle, un grand soir, ponton 14, Ă  bord du Triskell, superbe voilier VLIM, taillĂ© pour le grand voyage, 12 bons mĂštres : la fiertĂ© de son Capitaine. Le lendemain, SĂ©bastien, marin, grand amateur d’amitiĂ©s prendrait le large, au grand large du « bout du monde » avec femme et enfant. Enfin, enfant, ce sera pour plus tard, aprĂšs la Corogne, aprĂšs le cap FinistĂšre, aprĂšs force 7
 Ce soir, rĂ©jouissances. Des amis viennent lui faire « la fĂȘte », Ă  lui et Ă  Carole, sa compagne. Des amis, dont un Ă©minent spĂ©cialiste du thĂ© : ZBYSZEK CZYZAK. Un « spĂ©cialiste du thĂ© », yeux bleu : Ă  l’évidence, un original anglais ? Que nenni ! Polonais ! Original, oui : « Je ne connais pas : donc ça m’intĂ©resse ! » disait-il. CuriositĂ© piquĂ©e au vif, glace vite brisĂ©e, ce scientifique commente ses recherches sur le thĂ©. Et rapidement : comment, pourquoi, pour qui, depuis quand, implications scientifiques, industrielles
 « Appelez-moi Alex : c’est plus simple. » Je vous le disais : un original ! Voyageur, scientifique, ingĂ©nieur, auteur, confĂ©rencier : voilĂ  de quoi intĂ©resser les lecteurs du « IngĂ©nieurs Mag », jeunes ou vieux ! Alors, rencontre ! Imag - Alex, pourquoi un livre de plus sur le thĂ© ? ZBYSZEK CZYZAK – ALEX - AprĂšs l’eau, c’est la deuxiĂšme boisson la plus bue au monde par homo sapiens, elle mĂ©rite donc d’ĂȘtre mieux connue, et en plus elle est actuellement Ă  la mode
 Mes travaux scientifiques ont durĂ© 5 ans Ă  l’UniversitĂ© de la Rochelle, orientĂ©s exclusivement sur le thĂ©. SpĂ©cialiste, j’ajouterai ma petite contribution Ă  la pyramide de connaissances sur la plante camellia sinensis : le thĂ©. Je vais donc tenter de redresser certaines fausses croyances sur la prĂ©paration du thĂ©, croyances propagĂ©es par les rĂ©seaux entiers de fabricants et distributeurs de thĂ©. J’ajouterai aussi des informations qui ne plaisent pas trop aux groupes pharmaceutiques
 Enfin, boire du bon thĂ© est tellement plus efficace que d’acheter les complĂ©ments alimentaires extraits Ă  grands frais des feuilles du thĂ©.

Imag – Comment est nĂ© le thĂ© ? Alex – Il y a 5.000 ans, un empereur de Chine s’assoupit sous un thĂ©ier. Une feuille tombe dans son bol d’eau chaude, la teint en jaune. Une fois rĂ©veillĂ©, il boit cette eau chaude, l’a trouve Ă  son goĂ»t
 Voila comment le thĂ© est nĂ©. C’est une lĂ©gende, mais c’est celle qui me plaĂźt le plus ! Imag – En quelles circonstances s’est-il dĂ©veloppĂ© ? Alex – D’abord par la route de la soie, Samarkande,
 Et ensuite, au XIXe siĂšcle, les anglais arrivent en Chine, obtiennent de l’Empereur la location d’une Ăźle dĂ©serte (Hong Kong) pour y stocker leur thĂ©. Le transport du thĂ© par voie maritime, par gros bateaux, a permis l’importation en grandes quantitĂ©s et Ă  des prix trĂšs rĂ©duits. AprĂšs la guerre de CrimĂ©e, en 1855, les anglais se sont retrouvĂ©s avec des stocks de thĂ© destinĂ©s Ă  l’Empire ottoman : ne sachant qu’en faire, ils les ont offerts aux arabes
 Et voilĂ  comment le thĂ© d’un empereur de Chine est arrivĂ© sous la tente d’un simple bĂ©douin. Imag - Comment juger des qualitĂ©s d’un bon thĂ© ? Alex – Un thĂ© peut ĂȘtre une simple boisson et possĂ©der des vertus mĂ©dicinales. À cette description rĂ©pondent uniquement le thĂ© vert et le thĂ© blanc. Le thĂ© noir ou oolong n’est qu’une boisson
 Le thĂ© qui pousse plus haut dans les montages contient davantage de molĂ©cules intĂ©ressantes : c’est pourquoi « Darjeeling » est si renommĂ©. Imag - IngĂ©nieur, scientifique, voyageur, docteur en sciences, qui ĂȘtes-vous donc Monsieur Zcyzak ? Alex – Un peu de tout cela Ă  la fois, mais aussi aventurier. En fait, un homme Ă  la recherche de sa vĂ©ritĂ© qui aimerait ne pas dire Ă  ses petits-enfants qu’un jour en 2003

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Ingénieurs mag - 9/2010

En collaboration avec : CSTC, GBB, Cobomedia, GBMS, Infosteel, NBN , SECO, S.P.F. Mobilité et Transport

Cycles Eurocodes 2010-2011 Programme Les Eurocodes constituent un outil normatif au niveau europĂ©en. Globaux, logiques, mais complexes, ils devraient aider les professionnels Ă  condition des les appliquer avec discernement. Ils introduisent en effet des notions nouvelles, tant sur le plan technique (valeur caractĂ©ristique, valeur de calcul, mĂ©thode des coefficients partiels, 
) que sur le plan normatif (Annexes nationales, paramĂštres dĂ©terminĂ©s nationalement, prescriptions informatives ou normatives, normes harmonisĂ©es ou non, « normes de base »,
)

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Le cycle de formation sur les Eurocodes a pour objectif d’amĂ©liorer la connaissance pratique de ces codes pour les ingĂ©nieurs de bureaux d’études. Les sessions se focaliseront donc sur la mise en Ă©vidence des changements que les Eurocodes impliquent dans les mĂ©thodes de calculs traditionnelles et sur la prĂ©sentation d’exercices rĂ©solus ainsi que d’exemples. Le passage des Eurocodes version « prĂ©normes » (ENV 199x) aux Eurocodes dĂ©finitifs (EN 199x) sera effectif lorsque les annexes nationales (ANB) de ces derniers seront publiĂ©es. Ce cycle s’attachera Ă  prĂ©senter les changements apportĂ©s par le passage Ă  ces nouvelles normes. Il est donc requis que les participants aient une bonne connaissance des Eurocodes dans leur version ENV. Les modules 1 Ă  5 se sont dĂ©roulĂ©s en mai et juin 2010. Voici le programme des prochaines sessions : ‱ Module 6 > Sessions 8 Ă  10 : Eurocode 7 : Calcul GĂ©otechnique Jeudi 16, 23 et 30 septembre 2010 14h-19h - Lieu : ConfĂ©dĂ©ration Construction Orateurs : Ir. Monika De Vos (CSTC), Prof. Ir. Christophe Bauduin (BESIX, VUB), Dr IngĂ©nieur SĂ©bastien Burlon (France) ‱ Module 7 > Sessions 11 Ă  15 : Eurocode 2 : Calcul des structures en BĂ©ton Mardi 5, jeudi 14, mardi 19, jeudi 28 octobre et jeudi 2 dĂ©cembre 2010 14h-19h Lieu : ConfĂ©dĂ©ration Construction Orateurs : Prof. Dr Ir. Jean-François Cap (SECO), Dr Ir. Denis Zastavni (UCL), Prof. Dr Ir. Philippe Van Bogaert (UGent &Tuc Rail), Ir. Jean-François DenoĂ«l (FEBELCEM), Ir. Benoit Parmentier (CSTC) ‱ Module 8 > Sessions 16 Ă  18 : Eurocode 5 : Calcul des structures en Bois Jeudi 2, 9 et lundi 27 septembre 2010 14h-19h - Lieu : ConfĂ©dĂ©ration Construction Orateur : Ir. Albert Mahy (ECAM) ‱ Module 9 > Sessions 19 Ă  23 : Eurocode 3 : Calcul des structures en Acier Mardi 26 octobre, mardi 2, 9, 23, 30 novembre 2010 14h-19h Lieu : ConfĂ©dĂ©ration Construction Orateurs : Prof. Dr Ir. RenĂ© Maquoi (ULg), Prof Dr Ir. Jean-Pierre Jaspart (ULg) ‱ Module 10 > Sessions 24 Ă  27 : Eurocode 4 : Calcul des structures mixtes acier-bĂ©ton Vendredi 7, 14, 21 et 28 janvier 2011 14h-19h - Lieu : ConfĂ©dĂ©ration Construction Orateurs : Prof. Dr Ir. RenĂ© Maquoi (ULg), Prof. Dr Ir. Jean-Pierre Jaspart (ULg) Pour plus d’informations et inscriptions : www.fabi.be

CLAIU – EU Conference : “The Formation of the Engineer – International Models” Universita di Sapienza, Rome, Italy Fri/Sat, 11th – 12th February 2011 First Announcement and Call for Papers The 2011 CLAIU EU Conference will focus on the different approaches to the formation of the professional engineer. This will include the continental European model which considers that the process is completed through a five year Master degree programme in engineering. This model will be compared to the process which prevails in jurisdictions of the Washington Accord signatories, that is, a formal education process normally through a four year Bachelor degree followed by a period of approximately four years working in industry developing professional competences. The conference will also deal with approaches to the education and formation of engineering technicians and technologists and how these professionals contribute to industry and the profession. Full information is available on the CLAIU EU website www.claiu.org


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ENERGY CHALLENGES

stimulating innovation

employment industry

Plenary sessions with international recognized speakers and representatives from industry, the academic world & public authorities and organizations

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N Wednesday, December 8, RE2010 GISTREER Cinquantenaire Arch Complex, Brussels

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Comité des Ingénieurs Belges Belgisch IngenieursComité


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Ingénieurs mag - 9/2010

FU U

organise un 2 cycle lié à la construction durable e

Comment mesurer les performances d’un bĂątiment durable ? AprĂšs le premier cycle de la FABI : Comment prescrire une construction durable ?, ce second cycle a pour objectif de rĂ©pondre aux besoins des professionnels pour prĂ©dĂ©finir et fixer les exigences d’un bĂątiment durable (soutenable), pour concevoir et rĂ©aliser ce bĂątiment et pour le gĂ©rer.

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Il est prĂ©vu 8 sĂ©ances d’information d’une demi-journĂ©e chacune oĂč des experts feront la synthĂšse des connaissances actuelles et des recommandations. La sĂ©ance 1 : L’intĂ©gration du bĂątiment dans un site (Concevoir un bĂątiment tenant compte du site qui l’entoure) Date : le jeudi 14 octobre 2010 Lieu : Auditoire du Moulin de Beez (prĂšs de Namur) Cette sĂ©ance s’inscrit dans la mesure de l’impact du bĂątiment sur son environnement extĂ©rieur Pour plus d’infos : www.fabi.be (rubrique Agenda : Ă©vĂšnements FABI)

organise une demi-journĂ©e d’étude sur le thĂšme

« Connaissez-vous les bĂ©tons armĂ©s ? » Des origines Ă  1914 Le 26 octobre 2010 de 9h Ă  12h30 suivi d'un buffet sandwichs Lieu : Auditoire du Moulin de Beez (prĂšs de Namur), rue du Moulin de Meuse 4 – 5000 Namur (Beez) IntĂ©ressĂ© ? www.fabi.be (rubrique Agenda : Ă©vĂšnements FABI)


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IngĂ©nieurs mag - 9/2010 La SociĂ©tĂ© EuropĂ©enne des IngĂ©nieurs et des Industriels (SEII) nous annonce l’organisation des Ă©vĂšnements suivants :

Colloque ClimatEnergie : Comment atteindre les 3 x 20 !

Déjeuner-conférence le 22 octobre 2010

Quel avenir pour notre industrie, maintenant que les ingénieurs sont devenus banquiers ? Par Jean-Pierre Delwart

21 octobre 2010 Ă  L’ULB Dans son paquet climat-Ă©nergie dit « 3 fois 20 », l'Europe s'est fixĂ© d'ambitieux objectifs de rĂ©duction des Ă©missions de CO2 pour 2020. Quels plans d’actions l’Europe, la Belgique et les RĂ©gions mettent-elles en Ɠuvre ? Sur quelles thĂ©matiques nos universitĂ©s dĂ©veloppent-elles des activitĂ©s de recherches ? Quelles solutions nous prĂ©parent les ingĂ©nieurs et les industriels ? Les ingĂ©nieurs rĂ©pondent aux enjeux Ă©nergĂ©tiques de demain Colloque organisĂ© par l'Association des Anciens ÉlĂšves des FacultĂ©s des Sciences AppliquĂ©es de Bruxelles (A. Ir. Br.) et de Mons (A. I. Ms)., dans les locaux de l'UniversitĂ© Libre de Bruxelles, Salle DuprĂ©el, Avenue Jeanne 44 Ă  1050 Bruxelles.

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infos et inscriptions : www.airbr.be - www.aims.fpms.ac.be

Déjeuner-conférence le 26 novembre 2010

Le nucléaire et la gestion des risques Par Bertrand Barré

Déjeuner-conférence le 17 décembre 2010

À qui la faute : les gouvernements ou les marchĂ©s ? Par Alain Siaens Ces dĂ©jeuners-confĂ©rences auront lieu Ă  12h00, Ă  l'International Club ChĂąteau Sainte-Anne, rue du Vieux Moulin 103 Ă  1160 Bruxelles (tĂ©l : 02 660 29 00) Informations et inscriptions : www.seii.org

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