Ingenieur jdi 131

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Belgique - België P.P. CHARLEROI X BC 1781

Trimestriel – Février-Mars 2011 – Bureau de dépôt : CHARLEROI X

Photo : Homme lisant son journal dans la mer Morte Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license

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Projet Canal mer Morte 0 ION - PAGE 2 T A IC N U M M T CO SUPPLEMEN www.topbe.eu

Assemblée Générale FABI 2011 Samedi 2 avril 2011 à 9h00 à Louvain-la-Neuve

Espace communication ! Event & News - Innovation Offres d'emploi de haut niveau

Fabi-Télévie

Candidats et employeurs


Travailler chez Electrabel, c’est aussi aider André et Etienne à passer la crise de la cinquantaine. Qu’il s’agisse d’électricité ou de gaz naturel, plus de 7 000 employés chez Electrabel, Groupe GDF SUEZ s’engagent tous les jours à fournir partout en Belgique une énergie qui réponde aux attentes de ses clients. Car travailler chez Electrabel, c’est bien plus que produire de l’énergie. En rejoignant nos équipes, vous décidez en effet d’évoluer dans une entreprise internationale dynamique offrant la stabilité, une grande variété d’emplois,d’intéressantes perspectives de carrière et de nombreuses possibilités de formations. Un moyen idéal pour développer vos compétences multidisciplinaires et multiculturelles afin de relever plus efficacement les défis du quotidien. Comme aider André et Etienne à rester jeunes par exemple !

Nous recherchons régulièrement des techniciens, des scientifiques et des ingénieurs pour nos centrales nucléaires et classiques, ainsi que pour nos projets relatifs aux sources d’énergie renouvelables. Pour notre siège central et notre département commercial, nous avons également besoin d’informaticiens, de traders, de profils tant commerciaux que financiers et de nombreux autres talents. Intéressé(e) ? Surfez sur www.travaillerchezelectrabel.be pour postuler en ligne ou découvrir toutes nos offres d’emploi. Vous pourrez directement discuter de l’ambiance et des conditions de travail avec des employés qui ont la même passion du métier que vous et qui l’exercent déjà chez nous.


Le Journal des Ingénieurs Mensuel N°131 Février-Mars 2011

Rue Hobbema 2 - 1000 Bruxelles Tél. 02 734 75 10 - Fax 02 734 53 15 info@fabi.be - www.fabi.be ÉDITEUR FABI Tous droits réservés. Reproduction et diffusion interdite par quelque moyen que ce soit, sans autorisation préalable écrite de l’éditeur. Les textes et illustrations sont publiés sous la responsabilité de leur auteur. COMITÉ DE RÉDACTION Ir. Jean Lambelé (rédacteur en chef) Pascal-Pierre Delizée (journaliste) Marie Montes (secrétaire de rédaction & coordination) RÉDACTION Philippe Crêteur Pascal Delizée Ir. Olgan Durieux Ir.Vincent Gobbe Dr Ir. Benoît Haut Ir. Christian Legrand Ir. Régine Merz Ir. Alison Vincent AVEC LA COLLABORATION DE : Ir. Cédric Boey Prof. Ir. Frédéric Debaste Ir. François Halgand Ir. Laurent Lonys Ir. David Meehan Ir. Antoine Nonclercq Prof. Ir. Jacques Schittekat Tirage : 10 000 ex. Distribution : personnalisée Édition : trimestrielle Format : 210 x 297 mm full quadri

Comme vous le savez, la FABI s’est toujours engagée à défendre les intérêts légitimes des ingénieurs civils, des ingénieurs agronomes et des bio-ingénieurs. À ce titre, nous sommes très attentifs à l’évolution des rémunérations dans la fonction publique qui doit, selon nous, être en phase avec le marché privé. Bonne nouvelle, la Région wallonne a rétabli – juste avant les fêtes – les échelles barémiques spéciales des ingénieurs civils, des ingénieurs agronomes et des bio-ingénieurs. Le problème reste cependant entier : la Région devra trouver des arguments convaincants pour ne pas remettre en marche le carrousel du Conseil d’État et – surtout – il faudra rapidement trouver une solution afin que les nouveaux engagés (les jeunes ingénieurs) bénéficient eux aussi des échelles spéciales au risque de se retrouver avec des ingénieurs à deux vitesses. Notre comité des questions sociales est en contact avec les Ministres Nollet et Lutgen afin d’assurer le suivi de ce dossier.

entendre la voix des ingénieurs. Le 2 avril, vous êtes tous conviés à Louvain-la-Neuve pour assister à notre Assemblée Générale. Notre orateur du jour sera Monsieur Frédéric Chomé. Docteur en Sciences, Frédéric Chomé s’est spécialisé dans l’élaboration de bilans carbone et est reconnu en Belgique et à l’étranger pour son expertise dans ce domaine. Le 2 avril, il ne nous parlera pas uniquement de carbone mais plus largement de la nécessité pour les entreprises et pour nous-mêmes de prendre en compte la totalité des risques écologiques. Nos entreprises sont encore trop souvent accros à tout ce qui nous manquera demain : énergie, matières premières non renouvelables, eau, biodiversité et espace. Frédéric Chomé nous apprendra comment identifier ces risques écologiques, anticiper leurs conséquences et minimiser leurs impacts.

Nous recherchons toujours un nouveau Secrétaire Général pour remplacer Max. Un trio d’ingénieurs (que je remercie chaleureusement) assure pour l’instant l’intérim, mais je lance ici un appel à celles ou ceux qui pré- Nous vous attendons nombreux ! fèrent agir que subir, pour nous rejoindre, Ir. Luc Minne, Président nous aider à développer nos projets et faire

Sommaire Édito

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Grands projets

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Projet de transfert d’eau de la mer Rouge à la mer Morte

Assemblée générale 2011

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Programme et inscription

Nord - Sud

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Rencontre entre coopération et pédagogie DÉPARTEMENT CHASSEUR DE TÊTES ET PUBLICITÉ Contact : Lydia De Lutis lydia@delta7.be Deadline pour matériel publicitaire :

15 de chaque mois avant la date d’édition Rive de l’Heure 16 6120 Ham-sur-Heure Tél. +32 71 31 50 00 Fax +32 71 32 74 19 imag@delta7.be www.topbe.eu

Membres de la FABI :

Agro-alimentaire

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La cristallisation du chocolat : savoir-faire, science et ingénierie Dans notre supplément « Ingénieurs Mag - Communication »

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Le département « Chasseur de têtes » recherche ingénieurs et informaticiens Vos communications, events & news, infos techniques et commerciales & high level jobs - Ingénieurs, universités, hautes écoles, associations : Contact confidentiel : Albert De Lutis - adl@delta7.be GSM 0475 64 11 49 - site : www.topbe.eu

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Le Journal des Ingénieurs n°131 - Février-Mars 2011

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Grands projets

Projet de transfert d’eau de la mer Rouge à la mer Morte

- l’augmentation spectaculaire de l’érosion dans le lit des oueds dont la mer Morte est l’exutoire ; - l’apparition de larges étendues de boue laissée sur le rivage par le retrait de la mer ; - l’accès plus difficile à la mer Morte réduisant son intérêt touristique ; - l’accroissement des coûts de pompage des entreprises Dead Sea Works et Arab Potash qui sont, avec la production de potasse extraite de l’eau de mer, les fournisseurs majeurs de devises étrangères. Les objectifs du projet sont (a) d’enrayer la baisse du niveau de la mer Morte et ainsi d’interrompre la formation des puits d’effondrement et d’éviter des dégradations environnementales supplémentaires causées par la baisse du niveau de la mer Morte, (b) de fournir près de 30 m3/s d’eau douce principalement à la Jordanie, l’un des pays les plus arides du monde, et (c) de donner l’occasion aux Palestiniens, Israéliens et Jordaniens de collaborer sur un projet de grande envergure et de contribuer ainsi à l’effort de paix dans cette région du monde.

Par Ir. François Halgand, Prof. Ir. Jacques Schittekat, Description du projet, principales tâches à réaliser Ir. David Meehan En accord avec le processus imaginé pour la 4 L’idée d’un canal reliant la mer Rouge ou la Méditerranée à la mer Morte, à des fins très diverses d’ailleurs, est vieille de bien plus d’un siècle. Nous nous penchons ici sur le projet de transfert d’eau de la mer Rouge à la mer Morte dont l’étude de faisabilité dirigée par la Banque Mondiale et menée par Tractebel Engineering, est actuellement en cours. Ce projet comporte d’autres études menées en parallèle, dont, entre autres, l’évaluation de l’impact environnemental et social du projet. Elles ne sont pas abordées ici. La fin de la phase d’étude de faisabilité du projet est prévue en juin 2011. Objectif principal La mer Morte constitue l’embouchure du fleuve Jourdain. Ces dernières années, son niveau baisse annuellement de plus d’un mètre suite aux prélèvements intensifs d’eau dans le Jourdain, principalement à des fins d’irrigation. Cela engendre une série de problèmes, tels que : - l’apparition de plusieurs centaines de puits d’effondrement par an, affectant les infrastructures situées aux abords de la mer Morte. Ils sont la conséquence de l’écoulement d’eau saumâtre donc non saturée en chlorures au travers d’une épaisse couche de sel par le biais de failles orientées nordsud, qui dissout en grande quantité le sel et donne lieu à des effondrements ; - la baisse du niveau des nappes d’eau souterraine connectées à la mer Morte ; Le Journal des Ingénieurs n°131 - Février-Mars 2011

réalisation de l’étude de faisabilité, un grand nombre d’options ont été évaluées lors de la première phase de l’étude de façon à identifier les options les plus pertinentes, c’est-àdire celles qui satisfont les objectifs du projet, qui s’adaptent le mieux aux conditions naturelles des sites du projet, qui limitent les impacts socio-environnementaux et qui minimisent les coûts d’investissement et d’exploitation du projet. Les options évaluées ont principalement concerné la capacité du transfert d’eau et le type et la localisation des différents composants du projet (prise d’eau, ouvrage de transfert, usine de dessalement, usines hydroélectriques). Dans un deuxième temps, ces options les plus pertinentes, qui sont décrites ci-dessous, ont été évaluées plus en détail. Il est cependant important de signaler que la description ci-dessous est le résultat d’un travail en cours et qu’à ce stade aucune décision n’a été prise quant à la réalisation du projet. Une telle décision sera basée notamment sur les conclusions de l’étude de faisabilité actuellement menée par Tractebel Engineering. Capacité du projet • Prélèvement et transfert d’eau de la mer Rouge jusqu’à un maximum de 2.000 millions m3/an • Capacité de production d’eau dessalée à la mise en service du projet : 350 millions m3/an • Capacité de production d’eau dessalée à terme : 850 millions m3/an


Grands projets • Stabilisation du niveau de la mer Morte entre les cotes -410 et -420 à l’horizon 2050 Prises d’eau dans la mer Rouge Les deux sites suivants de prise d’eau ont été évalués en détail : • une prise d’eau nord, adjacente à la frontière israélo-jordanienne, du côté jordanien, située sur une étroite bande de terrain entre la frontière et le projet de développement immobilier dénommé Ayla. Ce site présente de nombreux inconvénients notamment celui d’être situé à proximité de la grande faille d’Arava et à l’exutoire des crues issues de la vallée d’Arava ; • une prise d’eau est, située sur la côte est du golfe d’Aqaba/Eilat à l’emplacement d’une ancienne centrale électrique thermique démantelée, à environ 5 km au sud du centre ville d’Aqaba. La prise d’eau est de type offshore et est calée à une profondeur de l’ordre de 25 mètres. La profondeur de la prise d’eau sera ajustée le cas échéant en fonction des résultats de l’évaluation des impacts dans la mer Rouge. Dispositif de transport de l’eau de mer Les trois dispositifs d’adduction d’eau de la mer Rouge vers la mer Morte décrits ci-dessous ont été évalués en détail.

5 Figure 1 : Carte de la région montrant la zone faisant l’objet de l’étude

Option 00.1 Dans ce cas l’aqueduc est constitué d’un tunnel avec écoulement gravitaire, démarrant juste sous le niveau de la mer Rouge à proximité immédiate de la prise d’eau est, et aboutissant à quelques 15 km au sud-est de l’escarpement oriental de l’ancien bassin sud de la mer Morte, à une cote d’environ -30. Ce tunnel sera long d’environ 162 km, aura un diamètre de 8,3 m et permettra un écoulement à surface libre (le tunnel n’est pas en pression). Depuis l’extrémité aval de ce tunnel jusqu’à la centrale hydroélectrique, l’eau de la mer Rouge s’écoulera via deux ou trois conduites métalliques en charge sur une longueur de 11 km.

164 km. La partie en tunnel, non pressurisée, aura un diamètre de 8,6 m et sera le siège d’un écoulement à surface libre. La partie en canal suivra en grande partie les contours de l’Arabah1 au pied de son escarpement est avec une pente faible de 0,2 m/km. Ce canal, de section trapézoïdale avec revêtement en béton, aura 6 m de largeur à sa base, avec une pente latérale de 3/2 et une profondeur de près de 4 m. À l’extrémité de la dernière section en tunnel, située à une altitude d’environ 180 m, l’eau s’écoulera jusqu’à la centrale hydroélectrique via deux ou trois conduites métalliques en charge, chacune d’un diamètre de 3 m et longue d’environ 14 km.

Option 220.1 Cette solution prévoit également un tunnel démarrant à proximité immédiate de la prise d’eau est. L’eau serait pompée vers un tronçon de tunnel en pression de 4,2 km de long et de 8,3 m de diamètre aboutissant à un point situé à la cote +220. De ce point, l’eau s’écoulera par gravité via une série de tunnels et de canaux à ciel ouvert. L’ensemble de ces tunnels et canaux sera long d’environ

Option de transfert par pipeline Le tracé du pipeline se situerait sur presque toute sa longueur au centre de l’Arabah, entre la frontière israélo-jordanienne et la grand-route jordanienne reliant Aqaba à la mer Morte. Le premier tronçon de ce pipeline consisterait en un ensemble de conduites sous pression permettant d’élever l’eau depuis la prise d’eau jusqu’au point culminant de l’Arabah, au col de Gharandal à la cote

+210 environ, à quelque 80 km au nord d’Aqaba. Si le point de captage choisi est celui situé à l’est, les premiers 25 km seraient réalisés en tunnel pressurisé de 5,5 m de diamètre, depuis la prise d’eau jusqu’à un collecteur proche de l’aéroport d’Aqaba, en contournant Aqaba par l’est et le nord-est. De là, six conduites métalliques enterrées, de 3 m de diamètre chacune achemineraient l’eau jusqu’à un réservoir tampon situé au col de Gharandal. Si le point de captage choisi est celui situé au nord, il sera nécessaire de construire un tunnel de grand diamètre dans les matériaux sédimentaires de la vallée d’Arava, avec très peu de couverture, sur une douzaine de kilomètres de longueur. Ce tunnel permettra un écoulement gravitaire de la prise jusqu’à une 1

L’Arabah (en hébreu : translittéré Ha'Arava, en hébreu tibérien , en arabe : _ _ : translittéré Wad l ’Araba) est une partie de la vallée du grand rift située entre la mer Morte au nord et le golfe d'Aqaba au sud. Elle forme une partie de la frontière terrestre entre Israël à l'ouest et la Jordanie à l'est.

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Grands projets station de pompage situé au nord de l’aéroport d’Aqaba. Du réservoir tampon situé au col de Gharandal jusqu’à la centrale hydroélectrique, l’écoulement se ferait par gravité via 3 ou 4 conduites métalliques parallèles de 3 m de diamètre chacune. Station de pompage Une station de pompage sera nécessaire pour les deux dernières options de transfert décrites ci-dessus. Dans ces deux cas, la station de pompage sera de grande capacité et comprendra près de 14 pompes d’une puissance totale d’environ 230 MW. Si l’on choisit la prise d’eau est, la station de pompage lui serait toute proche, à l’emplacement de l’ancienne centrale thermique. Si l’on choisit la prise d’eau nord, la station de pompage serait située à 12 km à l’intérieur des terres, près de l’aéroport d’Aqaba, et nécessiterait la réalisation de profondes excavations. Installations de dessalement L’usine de dessalement fonctionnera selon le procédé d’osmose inverse. Sa capacité finale de 850 millions de m3 par 6 an en ferait de loin la plus grande usine de ce type au monde. Deux emplacements possibles peuvent être considérés pour chacune des options du dispositif de transport de l’eau.

Emplacement à basse altitude Dans ce cas, quelle que soit l’option retenue pour le transfert d’eau, l’usine de dessalement devrait être située à la cote -350 environ à proximité de la centrale hydroélectrique. Le processus d’osmose inverse pourrait alors utiliser la charge d’eau disponible, ce qui permettrait de diminuer la quantité d’énergie nécessaire au processus de dessalement. En contrepartie, il faudra ensuite d’avantage d’énergie pour pomper l’eau dessalée jusqu’aux points où cette eau sera distribuée.

ment est de l’Arabah, à environ 14 km au sud-est du village jordanien de Feifa, à l’altitude d’environ -130 m ; • pour l’option du transport par pipeline, l’emplacement devrait se situer dans la vallée le long du pipeline à environ 30 km au sud-sud-ouest du village jordanien de Feifa, à l’altitude d’environ -95 m.

Centrale hydroélectrique Cette installation permet de produire de l’électricité en profitant de la différence d’altitude entre la mer Rouge et la mer Morte. Emplacement à haute altitude Aucune charge hydraulique n’est dispo- La puissance installée de la centrale nible dans cette configuration pour par- hydroélectrique dépendra de l’option de ticiper au processus de dessalement. Par transport d’eau retenue et de la configurapport au cas précédent, les coûts en ration de l’installation de dessalement énergie sont plus importants pour l’ex- (basse altitude ou haute altitude), mais ploitation de l’usine de dessalement et restera dans tous les cas modeste, avec moins importants pour l’acheminement une puissance maximum de l’ordre de de l’eau dessalée jusqu’aux centres de 240 MW. Quelle que soit l’option de consommation car la hauteur de pom- transport retenue, l’usine hydroélectrique sera située immédiatement au sud page est moindre. des bassins d’évaporation des sociétés L’emplacement de l’usine de dessalement de production de potasse, près du village sera fonction de l’option de transport jordanien de Feifa, à une altitude de retenue : 350 m (voir figure 5). Si l’on opte pour • pour l’option 00.1, l’emplacement l’option pipeline combinée avec une insdevrait se situer le long de l’escarpe- tallation de dessalement à haute altitude, ment est de l’Arabah, à environ 11 km une seconde centrale hydroélectrique au sud-est du village jordanien de Feifa, sera nécessaire à côté de cette dernière. à une altitude d’environ -45 m ; • pour l’option 220.1, l’emplacement Restitution dans la mer Morte devrait se situer le long de l’escarpe- Le point de restitution dans la mer Morte, et le système d’évacuation des eaux depuis la centrale hydroélectrique, n’ont pas encore été définis. Cependant, il est fort probable qu’il s’agira d’un canal de décharge à ciel ouvert similaire à celui décrit dans l’option 220.1, restituant les eaux à l’extrémité sud de la mer Morte.

Figure 2 : Carte du relief de la zone concernée

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Système d‘adduction de l’eau potable Le projet comprend un dispositif d’acheminement de l’eau issue de l’usine de dessalement vers les différents points de distribution qui seront desservis par le projet sur les territoires jordaniens, israéliens et palestiniens. Pour l’adduction d’eau potable vers la Jordanie, il est prévu d’amener l’eau dans la zone du Grand Amman, avec une capacité maximum de 560 millions m3/an. Le dispositif acheminera l’eau par pompage depuis l’installation de dessalement jusqu’au sommet de l’escarpement est de l’Arabah ; il comprendra deux conduites parallèles de 2,1 à 2,25 m de diamètre et de 34 km de long, lesquelles seront jalonnées à intervalles réguliers de 4 stations de pompage. L’eau se déversera dans un réservoir tampon


Grands projets d’où elle s’écoulera par gravité dans deux conduites parallèles de 144 km jusqu’aux faubourgs d’Amman, en suivant la grand-route du désert sur une grande partie du tracé. Pour la distribution d’eau potable vers Israël, les quantités finales, les zones desservies et donc la localisation du dispositif d’adduction, n’ont pas encore été déterminés. Les volumes d’eau fournis par le projet seront probablement assez faibles et la zone desservie sans doute limitée à la vallée de l’Arava. Pour l’adduction de l’eau potable à l’Autorité palestinienne, les quantités finales, les zones desservies et donc la localisation du dispositif d’adduction doivent encore être déterminés.

Géographie Le cadre régional de l’étude comprend les territoires de la Jordanie, d’Israël et de l’Autorité palestinienne et inclut aussi le golfe d’Aqaba/Eilat. La zone qui serait directement influencée par ce projet est indiquée sur la figure 1 et comprend, du sud au nord : • la partie nord du golfe d’Aqaba/Eilat ; • les villes d’Aqaba et d’Eilat le long de la côte nord de ce golfe ; • l’Arabah entre le golfe d’Aqaba/Eilat et la mer Morte, incluant les escarpements et les vallées latérales immédiatement adjacentes ; • la mer Morte et son rivage immédiat ;

Figure 3 : Carte marine de la partie nord du golfe d’Aqaba/Eilat

• les corridors pour l’alimentation en eau potable (via des pipelines), jusqu’à la ville d’Amman (Jordanie), et aux zones desservies en Israël et dans les territoires de l’Autorité palestinienne. La topographie de la zone de l’étude est dominée par la vallée du rift occupée par

la mer Morte, et orientée sud-nord 7 depuis le golfe d’Aqaba/Eilat jusqu’à la mer Morte et par les escarpements de la vallée du rift. Cette topographie est illustrée sur les figures 1 et 2. Le bassin hydrographique de la mer Morte est illustré sur la figure 2. Figure 4 : Image satellite de l’Arabah

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Grands projets poches de zones d’agriculture intensive du côté israélien de la vallée. II faut noter que certains de ces développements agricoles israéliens reçoivent leur eau des forages situés du côté jordanien, à proximité du tracé envisagé pour le transfert d’eau. Un élément caractéristique de cette vallée est la série de cônes de déjection impressionnants situés à l’exutoire des wadis (petites vallées sèches à écoulement temporaire) qui ont fortement entaillé les escarpements bordant le rift.

La figure 4 montre que l’escarpement sur le flanc est de l’Arabah est fort escarpé et extrêmement accidenté. Il s’élève jusqu’à une altitude de plus de Figure 5 : Le bassin sud de la mer Morte et 1.700 m près de la ville de Ma’an située ses bassins d’évaporation à mi-chemin du golfe et de la mer Morte (Photo Space Shuttle March 2001) et est profondément entaillé par un grand nombre de wadis ou petites vallées Le littoral nord du golfe d’Aqaba/Eilat est dont l’étendue du bassin hydrographique caractérisé par un fond marin sablon- va de moins de 1 km2 jusqu’à plus de neux plat s’élevant en pente douce vers 4.000 km2. Ces wadis, en fonction de la la côte (figure 3) ; il est caractérisé par taille de leur bassin versant, sont donc des sables et silts venant du rivage nord susceptibles de générer des crues imporet étalés par le mouvement des marées. tantes et parfois dévastatrices. Les Cependant, au fur et à mesure que l’on niveaux inférieurs de l’escarpement sont descend vers le sud vers les frontières de arides et rocheux et n’abritent que peu 8 l’Egypte et de l’Arabie Saoudite, les de villages avec des petites poches dissérivages, tant à l’est qu’à l’ouest, devien- minées et non organisées d’agriculture nent plus raides et plus rocheux avec irriguée sur les cotés des wadis. À l’est et présence de massifs coralliens. La plus au nord-est de l’escarpement, le terrain grande partie de ce rivage et son hinter- peut être caractérisé comme un plateau land immédiat se sont développés pour montagneux s’étendant vers l’est à traformer les villes côtières et portuaires vers la frontière de l’Arabie Saoudite et d’Aqaba (Jordanie) et d’Eilat (Israël) ; on au nord-est via Amman en direction des y trouve aussi des plages et des hôtels frontières de la Syrie et de l’Iraq. touristiques, des zones de plongée sous- Quelque 3,4 millions de personnes (soit marine et des parcs marins. 60 % de la population totale de la Jordanie) habitent ces plateaux dans la Comme le montrent les figures 2 et 4, la zone du Grand Amman. vallée du rift s’étend vers le nord depuis le golfe ; sa largeur varie de 5 à 15 km ; elle est appelée Wadi Araba en Jordanie et vallée d’Arava en Israël. Le fond de cette vallée s’élève progressivement depuis le golfe jusqu’au col de Gharandal qui forme la ligne de partage entre le bassin du golfe d’Aqaba/Eilat et celui de la mer Morte. Ce col se situe approximativement à 80 km au nord d’Aqaba et d’Eilat, à une altitude de +210 m. Depuis ce seuil, la vallée descend en pente douce vers le nord pendant 120 km jusqu’à la mer Morte dont le niveau est de -423 m (en 2010). La frontière entre la Jordanie et Israël suit le tracé des points bas de la section transversale de la vallée qui a essentiellement un caractère désertique avec des zones de dunes et localement quelques zones marécageuses salées (sebkas). Il n’y a que quelques villages Figure 6 : Carte géologique de la zone étudiée permanents, associés à des petites Le Journal des Ingénieurs n°131 - Février-Mars 2011

L’escarpement ouest de l’Arabah s’élève en général à une altitude d’environ 500 à 600 m et jusqu’à une altitude de plus de 900 m près d’Hébron. Le terrain est moins accidenté et les pentes moins raides que du côté est, mais il est aussi caractérisé par des wadis latéraux raides et profondément accidentés. La mer Morte a actuellement une longueur de 50 km et sa plus grande largeur est de 16,5 km, avec une surface de quelques 608 km2. Le niveau de l’eau y est actuellement à la cote -423 m (2010), ce qui en fait le point le plus bas de la surface terrestre. La profondeur maximale est aujourd’hui de 307 m. Jusqu’à récemment, la mer Morte comprenait deux bassins distincts, l’un au nord, plus large et plus profond, l’autre au sud plus petit et peu profond. Le niveau étant en constante régression, le petit bassin sud s’est séparé du bassin nord en 1976. Sur ce site se trouve aujourd’hui des industries (Dead Sea Works et Arab Potash Company) qui l’utilisent comme bassin d’évaporation pour l’extraction de différents sels contenus dans l’eau (figure 5). Le niveau de ces bassins est maintenu à une altitude de -406 m par pompage d’eau dans le bassin nord de la mer Morte. Après extraction des sels, une fraction seulement de l’eau pompée est ensuite renvoyée au bassin nord, ce qui contribue significativement à la baisse du niveau de cette mer. La côte sud est relativement plate et est occupée par l’industrie d’extraction des sels citée ci-dessus et par des zones de cultures irriguées au sud-est. Quelques petites villes telles que Ghor Safi, Ghor Haditha, Ghor Mazra’a, Ghor Fifa et Ghor Assal sont associées à ces cultures. La côte nord n’est pas développée. Le terrain présente une pente douce vers le nord et est dominé par la vallée basse du Jourdain et les zones agricoles irriguées par le fleuve. L’ancienne cité de Jéricho est située dans la vallée du Jourdain à environ 10 km au nord-ouest de la mer Morte. La côte est, jordanienne, comprend un centre de développement touristique et résidentiel en expansion dans le district de Suwaimeh, district qui s’étend depuis le coin nord-est de la mer jusqu’à environ 20 km vers le sud. Plus au sud, la côte est peu développée et la réserve naturelle de Mujib s’étend jusqu’au deuxième tiers de cette côte est. L’installation industrielle d’Arab Potash Company qui extrait les sels présents dans l’eau de mer est située à l’extrémité sud de cette côte.


Grands projets La côte ouest, israélienne, est généralement peu développée. Toutefois, un certain nombre de petites implantations du genre kibboutz pratiquent la culture irriguée à petite échelle et assurent l’accueil touristique. La plus grande de ces implantations est Ein Gedi. Il y a également une importante station touristique à Ein Bokek au bout de la côte sud-ouest comptant quelque treize grands hôtels. Il y a lieu de remarquer que suite à la baisse du niveau de la mer, cette station est aujourd’hui séparée de la mer et est en fait centrée sur les bassins d’évaporation de Dead Sea Works, ce qui ne semble pas affecter son attrait touristique.

Contexte géologique Structure géologique La zone étudiée est déterminée par un élément orogénique majeur : l’Arabah s’étendant du sud vers le nord sur 165 km, du golfe d’Aqaba/Eilat jusqu’à la pointe sud de la mer Morte. L’Arabah est large de 5 à 15 km et est bordé par : • à l’est, dans sa partie méridionale, de montagnes de roches formées au Précambrien (plus de 560 Ma), dans sa partie centrale et méridionale, de roches formées au Primaire (560 à 230 Ma), au Secondaire (230 à 65 Ma) et au Tertiaire (65 à 1,8 Ma), ces dernières étant constituées majoritairement de grès mais aussi de marne et de calcaire. Cet escarpement est raide avec des altitudes dépassant les 1.500 m laissant apparaître des roches cristallines (Précambrien) et des grès.

Figure 8 : Composition tectonique de l’Arabah (DEM image from Hall(1994) with fault interpreted from satellite images and fieldwork)

• à l’ouest, des collines constituées principalement de calcaire, de dolomite et de marne datant du Tertiaire. Celles-ci sont moins élevées qu’à l’est, atteignant les 500 à 600 m en s’élevant graduellement vers l’ouest. L’Arabah est un bassin de subsidence de terrains sédimentaires alluviaux de forte épaisseur déposés depuis le Néogène (de 23 à 1,8 Ma) ; leur épaisseur dépasse les 500 m. Ce bassin résulte d’une faille transformante2 partie du système du rift africain. Au début du Miocène moyen (15-18 Ma), débuta un mouvement latéral gauche le long de la faille de la mer Morte, résultant de la séparation de l’Arabie et de l’Afrique, qui devinrent des plaques tectoniques indépendantes. Elles continuent à s’écarter l’une de l’autre le long de la mer Rouge, selon une ligne les séparant sur environ 1.800 km. Au nord de la mer Rouge, le mouvement des deux plaques s’est séparé selon deux axes. La partie la plus importante du mouvement s’est produite le long de la faille transformante de la mer Morte, tandis que le reste a été transféré vers le rift de Suez séparant la sous-plaque du Sinaï de la plaque africaine. La mer Morte occupe une vallée morpho-tectonique qui s’est formée lors de cette faille transformante en même temps qu’une profonde structure de graben (effondrement). Formations géologiques et propriétés Le décrochement senestre3 d’Araba pousse les formations géologiques du côté est de la faille vers le nord sur environ 120 km ; il en résulte que les formations géologiques des deux côtés de la vallée du rift sont complètement différentes. Séquence géologique du côté est de la vallée On trouve des roches cristallines (métamorphiques et intrusives) du Précambrien du côté est, sur une longueur de 60 km à l’extrémité sud de la vallée du rift. Elles consistent en granite, granodiorite, monzonite, diorite et des intrusions de gabbro formant de nombreux et impressionnants dykes épais (veines de roche magmatique). La composition de ces dykes peut être subdivisée, en gros, en quatre types majeurs : basalte, dolérite, andésite et trachyte. Les propriétés géo-mécaniques du massif rocheux dépendent partiellement des propriétés matricielles de la roche mais principalement de la configuration des fractures. Le massif des roches cristallines est fortement fracturé, les principales fractures ont été injectées par le

9 Figure 7 : Table des profondeurs des nappes d’eau de l’Arabah

magma générant ainsi les dykes. Ces fractures sont principalement orientées NNE, NNO, NE et EO, ce qui correspond bien aux linéaments observés. Des mylonites, qui sont des roches cataclastiques, apparaissent localement dans des failles de compression. Les propriétés géo-mécaniques de ces mylonites sont faibles. On trouve des roches du Secondaire et du Tertiaire sur le socle cristallin depuis 60 km au nord d’Aqaba jusqu’à la mer Morte. Les roches du Secondaire sont constituées de grès faiblement

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Une faille transformante est un type particulier de décrochement à la limite d’une plaque tectonique océanique. Le mouvement réel de la faille de transformation va dans le sens opposé de son déplacement apparent, ceci résultant de l’interaction entre l’extension et le glissement des plaques tectoniques.

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Un décrochement est un type de faille, à fracture typiquement verticale ou quasi. Son mouvement est parallèle à la ligne de faille en surface, les deux compartiments glissant l’un par rapport à l’autre. Un décrochement peut être dextre ou sénestre, suivant que le compartiment opposé à l'observateur se déplace vers la droite ou la gauche, respectivement. La déformation locale aux coudes d’un décrochement peut créer des bassins d’extension ou des grabens (effondrements). Les décrochements peuvent également produire des structures en forme de fleur.

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Grands projets plus souvent ouverts. Il en résulte que les propriétés de la masse rocheuse sont faibles à bonnes. Ces formations constituent la roche hôte du tunnel des options 00.1 et 220.1. Il est conçu pour pouvoir reprendre des pressions hydrostatiques de 10 MPa en milieu moyennement perméable et la méthode de creusement est adaptée pour le passage des mylonites qui fortement comprimées peuvent fluer en masse. L’option 00.1 présente aussi l’avantage d’être situé dans sa majeure partie sous le niveau de la nappe ce qui, vu son écoulement à surface libre, empêche toute perte d’eau salée et donc la contamination des aquifères.

Figure 9 : Localisation estimée des tremblements de terre historiques et sismicité mesurée de 1900 à 1996 Figure 10 : Décrochement d’un mur sur le site de la forteresse de Tilah (la personne au sommet du mur à gauche indique l’échelle)

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Séquence géologique du côté ouest de la vallée L’escarpement ouest de la vallée du rift comprend essentiellement des formations du Secondaire se composant de grès, de dolomite, de calcaire et d’argile. Pour l’escarpement est, la conductivité hydraulique des roches précambriennes est estimée être de l’ordre de 10-9 m/s. Localement toutefois, aux failles et joints principaux, la conductivité hydraulique atteint 10-4 m/s. Les conductivités hydrauliques des roches sédimentaires néogènes atteignent ces mêmes valeurs, toutefois 10-3 m/s pourraient être atteints. Une indication du niveau des eaux souterraines de l’aquifère alluvial de l’Arabah est donnée à la figure 7. L’eau se trouve généralement entre 30 et 100 m de profondeur mais peut, localement, affleurer ou être trouvée à 170 m.

Sismicité et risque sismique cimentés à « cross bedding ». De la dolomite, du calcaire, de la marne et de l’argile sont également présents. Leurs propriétés géomécaniques dépendent de la configuration des joints dont les directions principales sont NE et NS, et verticaux. Les joints NS sont le

Figure 11 : Carte des zones sismiques établie sur base de la modélisation du risque sismique

Figure 12 : Carte des pics d’accélération pour une probabilité de dépassement de 10 % en 50 ans

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La sismicité de la zone étudiée et le risque sismique associé au projet sont cruciaux. La zone étudiée est une zone sismique active avec un haut niveau de risque sismique. Les conséquences de ces risques sur les infrastructures potentielles du projet, les solutions techniques pour les atténuer et les risques résiduels après atténuation sont donc partie intégrante du projet. L’Arabah résulte d’un décrochement sénestre résultant du mouvement relatif entre les plaques africaine et arabique. C’est une faille en échelon avec des poussées d’extension et des bassins disloqués comme la mer Morte. Une partie du déplacement a été transféré au rift de Suez qui sépare la sous-plaque du Sinaï du reste de l’Afrique. Le bord ouest du bassin de la mer Morte est déterminé par une distribution bimodale de décrochements formant un assemblage orthorhombique de parois de rift en zigzag comme observé sur le terrain (failles nord-sud et est-ouest à la mer Morte). À grande échelle, les décrochements sont discontinus, engendrant de grands grabens en losange comme la mer Morte, causant ainsi une compression et un soulèvement accentué dans le nord (montagnes liba-


Grands projets naises). Ces caractéristiques structurelles sont les critères principaux montrant la prédominance d’un glissement latéral vers la gauche (sénestre). Ce décrochement principal correspond à une association de deux failles comme montré sur la carte géologique de la figure 6. Les principales failles observées et déduites sont indiquées sur l’image satellitaire de la figure 8. Il s’agit de : • la faille transformante principale d’Arava est un décrochement dont la vitesse de glissement estimé est de l’ordre de 4 ± 2 mm/an, traversant le site de la prise d’eau nord et longeant l’alignement du dispositif d’adduction sur une distance de 16 km à l’intérieur des terres depuis le golfe d’Aqaba/Eilat ; • la faille d’Aqaba-Gharandal est une faille normale principale active avec une composante de glissement latéral estimé à 1 mm/an. Cette faille est présente sur toute la longueur de l’Arabah et est particulièrement proche du dispositif d’adduction dans le nord de la vallée. Historiquement, la faille d’Arava, longue de 160 km a provoqué quelques tremblements de terre de magnitude importante. Les événements bien documentés les plus importants ont eu lieu en 1068, 1212, 1293 et 1458 comme montré à la figure 9. Un exemple particulier de décrochement sénestre peut être observé sur le site du réservoir d’eau de la forteresse byzantine de Tilah montré à la figure 10. On observe que depuis la construction du mur, la faille a coulissé de 2,2 ± 0,5 m, à l’occasion des évènements peut-être de 1293, sûrement de 1458 à la suite duquel il est supposé que la forteresse fut détruite. Diverse études dont certaines sur tranchées paléoséismiques concluent que durant le Pléistocène tardif, des tremblements de terre de magnitude 6,7 à 7 ont déplacé la surface de 1 à 1,5 m avec un intervalle de récurrence moyen de 2.800 ± 700 ans. Durant l’Holocène, des tremblements de terre plus fréquents (récurrence 1.200 ± 300 ans), de plus petites magnitudes (5,9 à 6,7) ont déplacé la surface de 0,2 à 1,3 m. Sur base de données géologiques des derniers 40.000 ans, de données historiques pour les derniers 2.000 ans et une extrapolation de données instrumentales pour les 100 dernières années, Begin, du service géologique d’Israël, a suggéré que l’intervalle de récurrence moyen d’un séisme de magnitude de moment de 7 à 7,3 est de 10.000 ans pour la mer Morte. Sur base de l’évaluation de ces intervalles de récurrence, il a suggéré que la meilleure estimation de la probabilité sur 50 ans de la survenue d’un tremblement de terre destructif (magnitude de moment > 7) est de 1,7 %. La probabilité correspondante sur 100 ans est 3,4 % et de 15,8 % sur 500 ans.

Faisant suite à un atelier réunissant les sismologues des pays riverains des failles mer Morte et Arava, l’UNESCO a proposé un zonage des sources sismiques comme montré à la figure 11. Les calculs de risque ont été effectués pour les pics d’accélération (PGA) et l’atténuation sismique (SA) d’une probabilité de 10 % de dépassement sur 50 ans. Cette probabilité correspond à une période de récurrence de 475 ans. Une carte des résultats pour les pics d’accélération est donnée à la figure 12. Les pics d’accélération (PGA) dans la zone étudiée sont pratiquement constants avec une valeur de 0,20 près de la faille d’Araba. Des deux côtés de la vallée du rift, la valeur des pics d’accélération est de 0,1, en décroissance en s’éloignant de la faille. Il faut noter toutefois que cette valeur est supérieure, atteignant 0,25 à 0,30 dans les zones à l’extrême nord et sud de la zone étudiée, en particulier près de la mer Rouge. Le risque séismique ainsi établi est basé sur une distribution de Poisson qui ne tient pas compte d’un éventuel déficit en séismicité. En effet depuis 1458, on n’a pas observé de séismes significatifs dans la vallée d’Arava, néanmoins pendant cette

Figure 13 : Localisation des failles principales représentée sur une carte topographique de la zone étudiée

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Grands projets période de près de 450 ans le mouvement relatif entre l’est et l’ouest de la faille est d’environ 2,2 m, laissant présager au prochain séisme ce déplacement relatif (en un ou deux évènements) auquel devrait correspondre une magnitude d’au moins 7. On ne peut donc exclure la survenance potentielle d’un mouvement coséismique multimétrique pendant la durée de vie du projet mer Rouge – mer Morte et d’un séisme d’une magnitude égale ou supérieure à 7. Cela signifie que chaque croisement de la faille d’Arabah constitue un problème majeur mettant l’accent sur la nécessité de la localisation précise de cette faille. De récentes reconnaissances par sismique réflexion montrent qu’elle se situerait plutôt sous la mer Morte qu’à sa périphérie ; néanmoins, trop d’observations de terrain indiquent que la faille d’Aravah se situe sur la rive est de la mer Morte, ne permettant donc pas d’exclure le risque d’un mouve-

ment coséismique dans cette zone. Des observations de terrain indiquent également que la faille d’Arabah traverse le site de prise d’eau nord sur la frontière israélo-jordanienne. Ceci est l’une des raisons faisant que la prise est doit être préférée. Au droit des traversées de la faille, des dispositifs spécifiques ont été prévus afin de reprendre sans dégâts des mouvements relatifs importants le long de celle-ci. La localisation des failles principales est représentée sur une carte topographique de la zone étudiée à la figure 13.

Pour plus d’information La phase d’étude de faisabilité du projet peut être suivie en ligne sur le site de la Banque mondiale (en anglais). On y trouve une présentation générale, les termes de référence, le planning des activités, des documents de base, les rapports du programme d’étude, les nouvelles et bien d’autres informations liées au projet. Red Sea - Dead Sea Water Conveyance Study Program http://go.worldbank.org/85HXOVM1A0

Remerciements Les auteurs ont à cœur de remercier Ir. Christian Legrand qui a bien voulu traduire les documents à la base du présent article et écrits originellement en anglais.

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Ir. David Meehan

Ir. François Halgand

Prof. Ir. Jacques Schittekat

est diplômé de l’École Centrale de Paris et ingénieur en génie civil. Il a débuté sa carrière en tant qu’ingénieur travaux sur des chantiers de fondations spéciales et de traitement des sols et travaille depuis 1996 chez Tractebel Engineering France (Coyne et Bellier), où il occupe actuellement un poste de directeur de projet. Il est intervenu en tant qu’ingénieur d’études, ingénieur spécialiste puis chef de projet ou directeur de projet sur plus de 25 projets, essentiellement d’aménagements hydrauliques, à tous les niveaux du cycle de projet, des études de planification aux études d’exécution. Il s’est spécialisé dans les études de planification et de faisabilité et dirige depuis juin 2008 l’équipe d’ingénierie de l’étude de faisabilité du projet de transfert mer Rouge – mer Morte actuellement réalisée par Tractebel Engineering.

est ingénieur géologue de l’Université de Liège et expert senior chez Tractebel Engineering. Après une période de pratique de la géotechnique et de la géologie de l’Ingénieur au sein de laboratoires en Algérie et en Belgique, il a rejoint Tractebel Engineering où il fut impliqué dans de nombreux pays dans les études de géologie de l’ingénieur et l’hydrogéologie relatives aux grands projets d’infrastructure tels que les canaux, les écluses (Panama), les grandes excavations (carrières), les tunnels, les grands barrages et aussi le projet mer Rouge – mer Morte. Il est aussi en charge pour Electrabel de la problématique de la séquestration du CO2. Il dispose dès lors de 35 ans d’expérience dans les domaines de la géologie des grands travaux d’infrastructure. Depuis 1997, il est professeur de Géologie de l’Ingénieur à l’Université de Leuven (KUL).

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a obtenu son diplôme d’Ingénieur des Mines à Édimbourg. Il a ensuite passé 40 ans de sa vie professionnelle dans les domaines de l’ingénierie de la construction, alternativement, dans l’exploitation des mines, du gaz et du pétrole, et des infrastructures de génie civil. Sa carrière a commencé dans l’industrie du charbon en Écosse, ensuite, il a été actif dans le domaine de l’exploration géophysique avant de se spécialiser dans la construction de grands barrages, de tunnels et d’infrastructures d’alimentation en eau. Ses activités l’ont mené à gérer des grands projets en Europe, en Australie, en Afrique, au MoyenOrient et en Russie. Plus récemment, il a dirigé le projet Great Man-Made River en Lybie, ainsi que d’autres projets pour le compte de Kellog Brown and Root. Il a aussi été membre du comité de direction de Royal Dutch Shell pour le développement du projet Sakhalin 2 (gaz et pétrole) en Russie. Il est actuellement responsable de l’étude de faisabilité du projet de la mer Morte réalisée par Tractebel Engineering.


Assemblée générale La nécessité de considérer tous les risques écologiques Le chercheur Frédéric Chomé sera l’expert invité de la FABI, dans le cadre de l’assemblée générale annuelle de notre fédération. M. Chomé est co-créateur du Théâtre Carbonique, fondé en 2009, un spectacle de théâtre de sensibilisation aux enjeux du réchauffement climatique à destination des entreprises, des citoyens et des écoles (www.theatrecarbonique.be).

Solutions innovantes et rentables

Docteur en Sciences, Frédéric Chomé s’est spécialisé dans l’élaboration de bilans carbone et est reconnu, en Belgique ainsi qu’à l’étranger, pour son expertise dans ce domaine. Le 2 avril prochain, à l’occasion de notre AG, il ne nous parlera pas uniquement de carbone mais, plus largement, de la nécesPlus classiquement – et tout autant sérieuse- sité pour les entreprises – et pour nousment (!) – la carte de visite de notre orateur mêmes (!) – de prendre en compte la totalité indique qu’il est consultant en stratégie clima- des risques écologiques. Frédéric Chomé, tique, conférencier et formateur. PhD en sciences (ULB, 2001) et actuellement executive master in management (SBS-EM, Comme le souligne, à juste titre, notre 2002), dirige aujourd'hui plusieurs sociétés Président, dans l’éditorial du présent numéro, qu'il a fondées dans le domaine des solutions « nos entreprises sont encore trop souvent environnementales : cogénération, biomasse accros à tout ce qui nous manquera demain : énergie et isolation, banque durable et son énergie, matières premières non renouveentreprise de conseil. Factor-X, sa société de lables, eau, biodiversité et espace ». conseil, s'attache à proposer aux entreprises Précisément, Frédéric Chomé va nous et aux pouvoirs publics des solutions pour démontrer qu’il est effectivement possible d’i- réduire leur dépendance énergétique, climadentifier ces risques écologiques, d’anticiper tique, hydrique et éco-systémique. M. Chomé leurs conséquences et de minimiser leurs a travaillé, pendant plus de cinq ans, en tant impacts. Et voilà le décor planté. Un exposé que chercheur dans les domaines de la prévision météorologique et climatique, ainsi que qui s’avère, d’ores et déjà passionnant.

durant quatre années pour Electrabel/SUEZ où il assumait diverses fonctions managériales en Finance, Marketing et Salle de marché. Père de deux enfants, il consacre l'essentiel de son temps à proposer des solutions environnementales innovantes et économiquement rentables à ses clients, tout en assumant les conférences et formations et en gardant un œil vigilant sur le développement et le coaching de nouveaux projets à forte valeur ajoutée sociale et environnementale.

Assemblée Générale Samedi 2 avril 2011 à 9h00 - Université Catholique de Louvain Auditoire Croix du Sud - SUD 11 - Place Croix du Sud 1348 Louvain-la-Neuve ORDRE DU JOUR

ère

1 partie : Assemblée Statutaire 09h00 Accueil des participants 09h15 Hommage à M. Maximilien Le Begge Rapport d'activité de l'exercice 2010 Approbation des comptes de l'exercice 2010 et décharge aux Administrateurs Approbation du Budget 2011 Fixation de la cotisation 2012 Élections statutaires 10h15 Pause-café

2e partie : Séance Académique 10h45 - Monsieur Frédéric Chomé, Directeur de Factor-X the Climate Consulting Group, nous entretiendra sur le thème : « Ensemble vers une économie économe en ressources et à forte valeur ajoutée » - Question time 12h00 Cocktail apéritif

BULLETIN D’INSCRIPTION à l’Assemblée Générale FABI 2011 Par e-mail : fabi@fabi.be, par fax : 02 734 53 15 - Par courrier à la FABI – Rue Hobbema 2 – 1000 Bruxelles

Nom et Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . AE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Société : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Fax : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . assistera Date : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . sera accompagné(e) de . . . . . . . personne(s) n’assistera pas Signature : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Nord-Sud

Rencontre entre coopérat Par Ir. Antoine Au début…

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En 2006, trois chercheurs ont mis en commun leur envie de réaliser un projet alliant coopération, recherche et pédagogie. Ce projet, né d’une demande du Sud, vise à fournir à une association faîtière de paysans une aide technique concernant la problématique de conservation de la tomate. Au Mali, comme dans d’autres pays d’Afrique, les cultures vivrières sont handicapées par des obstacles techniques concernant la conservation et le conditionnement du produit. La tomate est de ce fait peu cultivée, malgré des conditions d’horticulture favorables. La population malienne a conséquemment plutôt recours à l’importation de chair de tomate en boîte provenant d’Italie ce qui représente un paradoxe économique pour l’un des pays où le niveau de vie est le plus faible. En s’inspirant de l’apprentissage actif par projet, l’idée d’intégrer un groupe d’étudiants est alors apparue. Le projet s’est concrétisé par la proposition technique d’un séchoir simple permettant la conservation des tomates dans les meilleures conditions. En collaboration avec l’Association des Organisations Professionnelles Paysannes (AOPP), l’Organisation Paysanne Molibémo et son artisanat, les étudiants ont réussi à construire leur séchoir à Bandiagara (Mali), sur base de matériaux locaux et dans un esprit d’échange bilatéral de connaissances et d’expériences. Aujourd’hui et ce depuis 2006, la Cellule de Coopération au Développement de la Faculté des Sciences Appliquées de l’Université Libre de Bruxelles (Codepo) permet, chaque année, à des étudiants de première et deuxième année de master de réaliser un projet d’ingénierie dans le domaine de la coopération au développement.

Objectifs La Codepo a pour principale mission de jouer un rôle d'interface entre différents acteurs de la coopération au développement de la Faculté des Sciences Appliquées (FSA) et de l'École Interfacultaire de Bioingénieurs (EIB) de l'ULB. La Codepo fait ainsi le lien entre les étudiants de la FSA et de l'EIB, les laboratoires désireux de mener des projets de coopération, les sources de finan-

cements et finalement les partenaires générateurs de projets. Afin de réaliser correctement sa mission, la Codepo assume un rôle de mise en liaison entre ces différents acteurs ainsi que de prospection de partenaires et de projets, sur lesquels elle exerce un regard critique. En tant que centre de connaissance, pour lequel elle regroupe et assimile les connaissances et expériences obtenues lors des projets antérieurs, la Codepo fournit des conseils et demandes aux partenaires lors de ses projets. Pour réaliser ces rôles, la Codepo s’interroge régulièrement sur ses objectifs principaux que sont la coopération au développement et la pédagogie.

Objectifs en coopération Il s’agit tout d’abord de répondre à une demande provenant d’un de nos partenaires au Sud et jugée primordiale par eux-mêmes. Cette démarche permet d’obtenir une base de travail solide. Lors de chaque nouveau projet, les contacts établis avec nos partenaires au Sud permettent d’assurer la rédaction d’un cahier des charges cohérent avec les besoins et moyens locaux. En pratique, plusieurs entrevues sont prévues chaque année avec nos partenaires pour évaluer en équipe les éventuels problèmes rencontrés. Les projets sélectionnés sont d’ordre technique, vu notre savoir-faire. Lors de la sélection des projets, nous mettons l’accent sur des projets pour lesquels il n’existe pas de compétences suffisantes au Sud pour éviter une éventuelle concurrence déloyale par rapport à des organismes implantés localement. Lors de la construction des prototypes, le travail est planifié de façon à assurer la meilleure transmission possible de l’information et ainsi favoriser la pérennité du projet. Il est indispensable que l’équipe locale soit à même de réparer et de reproduire les dispositifs après le départ de la cellule. L’idée n’est certainement pas d’apporter au Sud un prototype déjà construit au Nord : c’est pourquoi le prototype est reconstruit sur place en collaboration avec l’équipe locale ce qui permet également de profiter de l’expérience de chaque partenaire.

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Réalisation de la parabole, permettant de concentrer les rayons du soleil pour produire l’énergie nécessaire à l’extraction des huiles essentielles

Objectifs pédagogiques Depuis 2002, le choix de la Faculté s’est porté sur un dispositif mixte d’enseignement : des cours classiques complétés par des projets en groupe. La réalisation de ce type de projet permet notamment d’étoffer l’offre de projets aux étudiants, et de la rendre plus attractive. Mener un projet en coopération au développement permettra aux étudiants, au-delà de mener une tâche utile, de perfectionner leur formation d’ingénieur. Cette expérience leur permettra de développer des compétences importantes pour leur métier d’ingénieur : la gestion de projet et de planning, la communication avec des « clients », la production de documents visant à pérenniser les connaissances acquises, la vulgarisation de son travail, etc. Ces objectifs pédagogiques ne peuvent être rencontrés qu’à condition que les étudiants s’impliquent totalement dans le projet. L’expérience a d’ailleurs montré que ces projets génèrent une motivation toute particulière pour diverses raisons : • la coopération au développement est une thématique importante pour les étudiants ; • le voyage au Sud présente une étape concrète qui oblige les étudiants à clôturer le projet ; • la réalisation d’un dispositif qui répond à une demande et qui sera utilisé réel-


Nord-Sud

ion et pédagogie Nonclercq, Ir. Cédric Boey, Ir. Laurent Lonys lement par les commanditaires est inhabituel dans le cadre des études ; • la communication avec les partenaires au Sud donne une dimension supplémentaire à la dimension technique. Ces projets ont également de nombreuses retombées positives dans le cadre du cursus universitaire des étudiants. Ils leur permettent, par une mise en pratique des connaissances acquises lors de leurs premières années d’études, de développer leur créativité et leur savoir-agir. Ils sont confrontés à une réalité d’ingénieur mêlée à une réalité culturelle.

Structure et encadrement d’un projet L’encadrement au Nord L’encadrement au Nord est réalisé selon trois axes : pédagogique, scientifique et technique. Ainsi, chaque groupe d’étudiants est encadré durant toute l’année par : • Un tuteur qui se charge d’assurer un suivi des réunions ainsi que d’apporter son expérience acquise soit par une participation antérieure au projet (en tant qu’ancien étudiant ayant participé au projet ou personne ressource), soit par son expérience académique. Le tuteur travaillera explicitement la gestion de groupe, de planning ou la méthodologie avec le groupe. • Un expert technique et scientifique qui se charge d’apporter son expertise de par sa formation et son expérience. La relation qu’entretiendra le groupe avec l’expert diverge de ce qui se fait classiquement dans l’apprentissage par projet. L’expert fait en effet entièrement partie du groupe et n’hésitera pas à communiquer tout savoir ou connaissance. • Un technicien, qui s’occupe d’encadrer du point de vue technique les projets de coopération et d’épauler les étudiants pour la construction du prototype aussi bien au Nord qu’au Sud. Les étudiants devront donc apprendre à communiquer de manière claire et adaptée avec d’autres partenaires que des ingénieurs. • L’équipe : le groupe étudiant se trouve également plongé dans une cellule ou plusieurs personnes ont de l’expérience ou des compétences dans le

domaine étudié. Arriver à utiliser au maximum ces ressources disponibles est aussi un apprentissage important pour le groupe. L’encadrement au Sud L’encadrement au Sud est assuré par nos partenaires locaux ainsi que par certains membres de la cellule. L’accueil et le logement sont assurés par nos hôtes du Sud et leur voyage est assuré par la CUD et la Faculté. Une équipe locale travaille chaque année en collaboration avec les étudiants, fournissant les moyens techniques nécessaires afin d’aboutir à la réalisation du prototype.

conservation des vaccins, ont ainsi ouvert une nouvelle dimension pédagogique à la cellule. Outre cette dimension pédagogique apportée, il faut savoir qu’en pays tropicaux les maladies infectieuses sont nombreuses et la conservation des vaccins dans les zones rurales reculées de la ville pose des problèmes énormes. Le service rendu par un réfrigérateur solaire est alors inestimable. De plus, au Burkina-Faso, la médecine traditionnelle occupe une place importante. De ce fait, la production d’huiles essentielles extraites à partir de plantes représente un enjeu majeur. Ces huiles rentrent dans la composition de produits pharmaceutiques comme les produits antiseptiques par exemple. L’extraction d’huiles essentielles in situ par un dispositif simple de conception et d’utilisation, permet l’élaboration directe d’un produit à forte valeur ajoutée.

Optimisation du séchage solaire de poisson en lit fixe L’objectif de ce travail consistait à déveLes projets portent sur des aspects lopper une méthode d’utilisation rationvariés, allant du séchage et de l’utilisation nelle de séchoirs solaires, fixes et de l’énergie solaire, jusqu’à la production mobiles, et de la tester pour le séchage d’eau potable et la valorisation de la bio- de poisson. diversité en passant par la télémédecine. L’enjeu est de taille. Les pays d’Afrique Parmi ce choix de projets réalisés, deux sont les plus touchés par les problèmes 15 exemples ont été choisis comme illustra- d’insécurité alimentaire. L’inefficacité tion : un projet de deux groupes de pre- dans la production de produits de quamière année de master sur le renforce- lité, dans la conservation des aliments et ment de la maîtrise des technologies dans leur emballage représente des barsolaires et un projet d’un mémoire de fin rières commerciales au niveau des mard’études sur l’optimisation du séchage de chés locaux, régionaux et internationaux. poisson à Youwarou (Mali) vous seront Ces barrières à la commercialisation freiprésentés. Il s’agit de deux projets types nent la croissance des revenus et augréalisés par la Codepo. mentent la pauvreté déjà ancrée en Afrique. Au Mali, la filière pêche est parLe renforcement de la maîtrise des technologies solaires L’énergie solaire constitue, potentiellement, une source d’énergie importante pour de nombreux pays en voie de développement. Ainsi, au Burkina-Faso, le manque de personnes qualifiées pour le dimensionnement, l’installation et l’entretien de systèmes solaires s’oppose aujourd’hui à une pleine utilisation de cette ressource. La conception de dispositifs illustrant des applications majeures de l’énergie solaire pour la santé publique et l’économie a permis la réalisation de travaux pratiques, atout majeur vu le manque de moyens disponibles et les enseignements essentiellement théoriques. La réalisation d’un extracteur solaire d’huiles essentielles de plantes antiseptiques et la réalisation d’un frigo solaire, Le prototype à savoir un dispositif de production de de séchoir glace par énergie solaire destiné à la

Deux exemples de projet type

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Nord-Sud ticulièrement concernée par ces problèmes de conservation car les zones de pêche sont souvent situées à l’écart des grands centres commerciaux. Le développement de techniques de conservation s’avère donc être une priorité. Le delta central du Niger est la plus grande zone de production de poisson au Mali. Du fait de la faiblesse des réseaux de communication et du manque de moyens de conservation appropriés pour le poisson frais, une grande proportion de cette production est commercialisée sous forme transformée, par fumage, braisage ou séchage. Les produits séchés sont plus spécifiques que les produits frais et peuvent donc être vendus à des prix plus élevés. Le développement d’approches de séchage plus efficace et plus hygiénique est donc devenu une véritable requête de la population. Actuellement, le séchage solaire du poisson est réalisé sur de simples paillasses, à

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l’air libre. Les problèmes majeurs de ce type de séchage sont dus au climat tropical du Mali. En effet, la forte présence de mouches et de poussière, libres d’entrer en contact direct avec le poisson, provoque le développement de bactéries dans le poisson. L’hygiène n’est pas non plus garantie car les vents fréquents contribuent au développement d’une couche de poussière à la surface du poisson. L’idée a donc été de développer des méthodes de séchage plus élaborées afin d’obtenir une meilleure qualité de poisson. Ce facteur qualité induit d’une part, une amélioration de l’hygiène et, d’autre part, la décroissance du nombre de bactéries.

bien plus satisfaisants que les anciens séchoirs utilisés. De plus, ces pêcheurs ont trouvé des alternatives pour la fabrication des séchoirs (ils taillent du bois eux-mêmes pour construire la structure du séchoir et ils tissent leurs filets de séchage eux-mêmes), ce qui réduit encore leur coût.

Pour conclure… Bien d’autres projets ont été réalisés et nous espérons que beaucoup d’autres le seront encore. L’engouement des étudiants que suscitent ces projets se concrétise aussi souvent par de nouvelles recrues pour la Codepo, montrant encore une fois qu’il ne s’agit pas pour eux d’un simple projet. Ces nouvelles forces sont bien utiles pour continuer à proposer au Sud des projets solides et au nord un enseignement de qualité.

Le monitorage de différents essais de séchage a confirmé la bonne applicabilité du modèle théorique à des situations réelles de séchage. Ce travail a permis d’améliorer largement la productivité et l’hygiène du séchage solaire de poisson, tout en se basant sur une technique tra- La Codepo espère que ces projets pourront représenter des expériences piloditionnelle de séchage. tes, une source d’inspiration et d’effets L’année passée, Caroline Heilporn est multiplicateurs favorables au développeretournée sur le terrain à Youwarou ment communautaire des populations pour évaluer l’utilisation des séchoirs par concernées. Il s’agit d’agir en tant que les partenaires locaux. Elle a pu consta- citoyens du monde, constructeurs de ter que les séchoirs étaient toujours en réseaux de solidarité, conformément aux place et très utilisés par les pêcheurs et idéaux humanistes partagés avec les parque le séchoir permettait des résultats tenaires locaux.

Ir. Antoine Nonclercq est né à Bruxelles en 1978. Il est ingénieur, diplômé de l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et de l’Universidad Politécnica de Madrid et il a réalisé une thèse de doctorat en Faculté des Sciences Appliquées à l’ULB (ULB/FSA). Après avoir travaillé en tant qu’ingénieur de développement pour la firme Medical Data Technology et en tant que chercheur pour l’Implanted Devices Group de University College London, il est à présent chargé de cours en Ingénierie biomédicale à l’ULB/FSA. Ses thèmes d’intérêt incluent le traitement et l’analyse des signaux biomédicaux, la conception d’appareils de monitoring biomédicaux, la stimulation électrique fonctionnelle et la conception d’implants. Il est initiateur et membre fondateur de la cellule coopération au développement ULB/FSA (Codepo), pour laquelle il fait partie du conseil exécutif.

Ir. Cédric Boey

Ir. Laurent Lonys

est né à Bruxelles en 1978. Il est ingénieur civil diplômé de l’Université Libre de Bruxelles en 2002. Après avoir travaillé comme assistant à la Faculté des Sciences Appliquées, il est engagé en 2006 comme conseiller pédagogique au Bureau d’appui pédagogique de la faculté des sciences appliquées où il est notamment en charge du dispositif de stage. Il est membre fondateur de la cellule coopération au développement ULB/FSA (Codepo), pour laquelle il fait partie du conseil exécutif.

est né à Bruxelles en 1986. Il est ingénieur civil électromécanicien diplômé de l’Université Libre de Bruxelles en 2008. Il est actuellement assistant dans la Faculté des Sciences Appliquées et chercheur dans le domaine de l’électrostimulation gastrique concernant les méthodes de récupération d’énergie du corps humain. Il a participé au projet de séchage de tomates au Mali en 2007 dans la région de Bandiagara et a ensuite rejoint la Codepo en tant que superviseur de groupe de projet.

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Agro-alimentaire La cristallisation du chocolat : savoir-faire, science et ingénierie Par Prof. Ir. Frédéric Debaste Tous les amateurs de chocolat ont un jour déballé leur en-cas favori, s’attendant à trouver une belle barre chocolatée, et se sont retrouvés, déçu, devant un chocolat mou, collant, blanchi parce que la friandise avait trainé auparavant au soleil. Ce chocolat a fondu puis s’est resolidifié perdant le croquant et le brillant tant attendu. Le chocolat resolidifié reste tout à fait comestible, mais l’envie de le manger a, elle, totalement disparu. Outre son aspect peu appétissant, ce chocolat est pâteux en bouche, colle et fond trop rapidement dans les mains. Ce problème lié à la refonte du chocolat est bien connu des artisans chocolatiers : pour décorer les pâtisseries et recouvrir les pralines, le chocolat doit être fondu puis resolidifié. Or, personne ne veut d’une praline couverte de petites taches grasses et blanches. Les artisans ont donc développé des méthodes traditionnelles, appelées tempérage, pour obtenir un beau chocolat. La figure 1 illustre la différence d’aspect entre un même chocolat bien ou mal tempéré.

une démarche scientifique et d’ingénierie rigoureuse pour simplifier le tempérage et régler d’autres problèmes de production et de conservation couramment rencontrés par les artisans chocolatiers. Dans cet article, après avoir brièvement expliqué les phénomènes clés du tempérage du chocolat, nous présentons un nouveau procédé de tempérage que nous avons développé à l’Université Libre de BruDu point de vue de la xelles, en collaboration physique, le chocolat avec un grand groupe agropeut solidifier sous 6 alimentaire belge. Ensuite, formes différentes. nous évoquons un autre Toutes sont problème lié à la production du chocolat, le blancomestibles. chissement gras, et nous montrons, à nouveau, comment une analyse rigoureuse, basée sur les mêmes phénomènes, devrait permettre d’améliorer la préservation de ce produit que nous aimons tant.

La science du tempérage Du point de vue de la physique, le chocolat peut solidifier sous 6 formes différentes. Toutes sont comestibles. Mais, deux d’entre elles seulement – conventionnellement appelées formes V et VI – correspondent au chocolat que les gens aiment. Les 6 formes sont

L’expérience et le savoir-faire permettent aux artisans de savoir si leur chocolat liquide va se solidifier comme désiré. Chaque artisan est probablement capable d’écrire sa recette du tempérage mais de nombreux facteurs peuvent venir perturber ce procédé. Par exemple, une recette écrite pour le tempérage dans une pièce à 10 °C ne donnera que de piètres résultats si la température ambiante est de 30 °C. Un artisan expérimenté s’en sortira en adaptant instantanément sa technique. Quelqu’un de moins entrainé n’aura pas cette chance. Aux mystères du tempérage correspondent évidement un ensemble de phénomènes physiques et chimiques. Comprendre les phénomènes impliqués dans la fonte et la solidification du chocolat permet donc d’y appliquer

Figure 1 : Aspect du chocolat bien ou mal tempéré

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Agro-alimentaire suivi lors de ce procédé est présenté en vert sur la figure 2. Tout comme le procédé traditionnel, notre procédé est très sensible aux changements, comme par exemple un changement de température ambiante ou de la quantité de pastilles ajoutées. Cependant, notre nouveau procédé est précisément contrôlé et maîtrisé. Il est donc possible de tester systématiquement une large gamme de conditions pour identifier comment obtenir le produit désiré.

Figure 2 : Température imposée au chocolat pendant le procédé de tempérage (en bleu le procédé traditionnel, en vert, notre nouveau procédé)

composées des mêmes molécules. Cependant, à l’échelle microscopique, ces molécules se positionnent différemment les unes par rapport aux autres, engendrant des différences de propriétés et d’apparence à une plus grande échelle.

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Quand le chocolat fondu est refroidi, de très petits cristaux, appelés germes, sont formés. Ces germes croissent progressivement jusqu’à l’obtention d’un chocolat solide. Des germes de la forme IV (et éventuellement de la forme III), non désirée, apparaissent si le chocolat est refroidi en dessous de 29 °C. Par contre des germes des formes V et VI peuvent apparaître dès que la température passe en dessous de 34 °C et 36 °C respectivement. Cependant, la vitesse de formation de ces germes est extrêmement lente si la température n’est pas descendue en dessous de 29 °C. Au-dessus de cette température, il faudrait attendre des semaines pour voir suffisamment de germes se former.

l’artisan réchauffe légèrement le chocolat jusqu’aux environs de 32 °C. Dans ces conditions, les germes non-désirés sont détruits alors que ceux que l’on veut préserver grandissent. Le chocolat qui resolidifie ensuite est alors de bonne qualité. Si cette opération parait simple sur le papier, elle est en réalité complexe à bien réaliser. En particulier, son déroulement est très sensible à la température ambiante. De ce fait, seul les artisans expérimentés sont capables de la réaliser parfaitement et de pouvoir garantir, avant de couler le chocolat fondu sur leurs produits, qu’il aura un bel aspect une fois solide.

Sur base d’un modèle mathématique des phénomènes physique sous-jacents, nous avons développé un logiciel de simulation du procédé tempérage. Celui-ci a été utilisé pour prédire comment tempérer le chocolat – quand ajouter les pastilles – dans une très large gamme de conditions et ce en ne réalisant qu’un nombre d’essais expérimentaux très réduits. En utilisant quelques kilos de chocolat, nous avons pu prédire le résultat d’expériences qui auraient nécessité plus d’une tonne de chocolat. Ce nouveau procédé est maintenant disponible sur le marché, commercialisé par notre partenaire industriel. Ce procédé est standardisé, plus simple et plus facile à exporter que le procédé classique sans pour autant altérer la qualité du chocolat. Avec cette méthode, des artisans peu habitués au travail du chocolat sont capables d’utiliser cet ingrédient sans avoir à acquérir un savoir faire important.

Le blanchissement gras

En théorie, si les règles élémentaires d’hygiène et de conservation sont respectées, un chocolat bien tempéré se Sur base de cette compréhension des conserve des années. Malheureusement, phénomènes, nous avons proposé un en pratique, si le bon tempérage du chonouveau procédé de tempérage, adapté colat permet de garantir ses qualités aux pratiques des artisans chocolatiers. visuelles et organoleptiques lors de la Dans ce nouveau procédé, le chocolat fabrication, il n’est cependant pas touDonc, si le chocolat est simplement fondu, au repos dans un bol, est simple- jours suffisant pour assurer la conservarefroidi, il est pratiquement impossible ment refroidi au contact de l’air. À un tion à long terme du chocolat. d’obtenir uniquement les formes dési- certain moment, des pastilles d’un cho- Après plusieurs semaines, voir plusieurs rées. La forme IV va toujours être géné- colat contenant uniquement la forme V mois, du chocolat, même conservé dans rée en même temps que les formes V et sont incorporées. Le moment d’ajout de d’assez bonnes conditions et correcteVI. Malheureusement, les germes de ces pastilles est l’élément crucial de ce ment emballé peut présenter une coula forme non désirée dominent alors procédé. Si elles sont ajoutées trop tôt, leur grisâtre ou blanchâtre, comme illusles autres, menant à un chocolat peu ces pastilles fondent complètement. Si tré sur la figure 3. Comme lors du mauelles sont ajoutées trop tard, en fondant vais tempérage, ce chocolat n’est pas attractif. partiellement, elle amènent l’ensemble impropre à la consommation, il n’est Les méthodes de tempérage utilisées par du chocolat à une température inféjuste plus appétissant. Sa teinte particules artisans chocolatiers permettent rieure à 29 °C. Des germes de la forme lière est qualifiée de blanchissement. d’éviter ces problèmes. Dans la tech- IV apparaissent alors et le chocolat final nique de tempérage traditionnelle, illus- n’est pas satisfaisant. Si les pastilles sont De manière générale, un chocolat peut trée en bleu sur la figure 2, le chocolat ajoutées juste à temps, elles fondent subir deux types de blanchissement. Le fondu est d’abord refroidi en dessous de pour laisser des germes de forme V à premier, dit blanchissement sucrier, n’appa29 °C. Des germes des formes désirées 32 °C. Le chocolat cristallise alors raît que quand le chocolat est en préet non-désirées sont alors créés. Ensuite, comme voulu. Le profil de température sence d’un excès d’eau, ce qui ne se pro-

Une nouvelle technique de tempérage

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Agro-alimentaire duit normalement pas, sauf dans certains produits particuliers. Le second, appelé blanchissement gras, car ce sont des molécules de graisses qui donnent l’indésirable couleur blanche, semble pouvoir apparaître sur le chocolat même s’il a été conservé dans des conditions considérées comme correctes. Ce problème peut facilement être contourné par des producteurs de très grandes quantités, dont les stocks se renouvellent très vite et dont les produits peuvent tolérer de petits défauts. Il n’en va pas de même pour les chocolatiers de luxe pour qui le blanchissement peut devenir un cauchemar et qui ont souvent développé des petits trucs pour essayer de minimiser ce phénomène. Il serait donc particulièrement intéressant de comprendre les mécanismes d’apparition du blanchissement gras, comme cela a été fait pour le tempérage. Cependant, à l’heure actuelle, il n’existe pas de théorie complète satisfaisante pour expliquer le blanchissement. Néanmoins, il apparaît de plus en plus que les mécanismes présents lors du tempérage peuvent expliquer une bonne partie des phénomènes observés.

Figure 3 : Un lapin en chocolat ayant subit du blanchissement gras Image originale de « Achates » sous licence Creative Commons Attribution-Share Alike

possible tout en évitant de reformer des formes de cristaux indésirables, comme lors du tempérage. Si cette possibilité se confirme, il restera à mettre au point un procédé qui permette aux artisans chocolatiers de la mettre en œuvre facilement, dans une En effet, une fois tempéré, le chocolat est optique similaire à celle qui a prévalu lors de composé de cristaux des formes V et VI. la mise au point d’un nouveau procédé de Cependant rien ne garantit que ces cristaux tempérage. n’évoluent plus. La thermodynamique nous apprend qu’à long terme, le chocolat a tendance à se réorganiser pour former de gros Conclusions cristaux de la forme VI. Cette réorganisation peut avoir deux conséquences importantes, Le plaisir de la dégustation d’un bon chocolat qui peuvent expliquer un blanchissement du repose sur la réussite d’une production comchocolat. D’une part, les cristaux réorganisés plexe et pouvant présenter de nombreuses ne vont pas forcement se placer exactement failles. Depuis plus d’un siècle, les artisans de la même manière que les anciens cristaux. chocolatiers ont développé des techniques En particulier, si le chocolat avait été moulé empiriques pour parvenir à obtenir des chode manière à donner une belle surface lisse, colats d’une très grande qualité. les nouveaux cristaux peuvent se positionner de manière à ce que la surface ne soit plus Par une analyse des phénomènes physiques lisse et perde donc beaucoup de sa brillance. et chimiques clés – la formation de difféD’autre part, les très gros cristaux n’inter- rentes formes cristallines – il est possible de agissent pas de la même manière avec la simplifier et de rationaliser les techniques de lumière, pouvant mener à une couleur production, sans pour autant modifier les propriétés tant recherchées d’un bon choblanche moirée par endroit sur le chocolat. colat. Cette lente réorganisation est difficile à arrêter, elle correspond à une évolution sponta- Suivant cette approche, nous avons donc mis née du chocolat vers une structure plus sta- au point un procédé simplifié pour le tempéble. À défaut d’arrêter ce phénomène, l’enjeu rage qui permet à des artisans ayant un savoir est donc de le ralentir autant que possible. faire limité dans le domaine du chocolat de C’est ce que les chocolatiers font empirique- facilement tempérer ce produit. Nous avons ment depuis longtemps, en conservant le également évoqué comment les mêmes phéchocolat aux alentours de 15 °C et en évitant nomènes permettent d’expliquer certains de le soumettre à des variations de tempéra- problèmes de conservation du chocolat et de proposer des pistes pour les résoudre. ture. Une piste en cours d’investigation porte sur le contrôle des conditions de refroidissement du chocolat lors de son moulage pour offrir une structure cristalline qui évolue particulièrement lentement. Celle-ci pourrait être obtenue en refroidissant le plus rapidement

Cette compréhension de la cristallisation du chocolat nous permet donc d’espérer une plus grande diversité et disponibilité de produits comportant un chocolat de la plus haute qualité, pour le plus grand plaisir de nos papilles gustatives.

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Prof. Ir. Frédéric Debaste est né à Bruxelles en 1981. Diplômé Ingénieur Civil Chimiste à l’ULB en 2004, il est Docteur en Sciences Appliquées de l’ULB depuis 2008. Après un post-doc à l’université de Wageningen aux Pays-Bas, il est devenu Professeur au service Transferts, Interfaces et Procédés de la Faculté des Sciences Appliquées de l’ULB. Ses recherches portent sur l’intensification des opérations unitaires multiphasiques apparaissant dans les industries chimiques, pharmaceutiques et agro-alimentaires.

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Le magazine de recrutement des ingénieurs, informaticiens et emplois de haut niveau Communication, innovation, environnement, event & news Visitez notre site :

www.topbe.eu Rédaction Philippe Crêteur, Albert De Lutis Robert Freeman, Robert Verdi, Virginie De Lutis

Arsène BURNY, représentant du FNRS auprès du Télévie Depuis bientôt 23 ans, RTL TVI nous propose annuellement d’apporter notre écot à la lutte contre le cancer et plus particulièrement contre la leucémie qui frappe si cruellement les enfants et leurs familles.

Il en vint aussi aux difficultés de la recherche en cancérologie ; en bon pédagogue, il compara l’évolution de cette maladie à un trajet reliant deux villes ou villages ; il y a, certes, une voie connue, bien explorée, habituelle, que j’emprunte avec succès. Mais nous nous perdons lorsque le cancer nous égare sur une deuxième voire même une troisième voies ; et de citer plusieurs exemples à l’appui de cette affirmation.

Production Infographie : Virginie De Lutis, Biscotto Imprimerie Havaux – Nivelles Distribution : personnalisée Parution : trimestrielle Format : 210 x 297 mm Tirage : 10 000 ex. par la Poste 100 000 ex. par e-mail Deadlines - Réservation espaces et annonces : le 15 du mois avant la publication - Fourniture matériel publicitaire : le 20 du mois avant la publication

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Editeur Marketing – Publicité Rive de l’Heure 16 6120 Ham-sur-Heure Tél. : +32(0) 71 31 50 00 Fax : +32(0) 71 32 74 19 E-mail : imag@delta7.be URL : www.topbe.eu Services Rédactionnel : adl@delta7.be Emploi : jobs@delta7.be Chasseur de têtes & publicité Lydia De Lutis - lydia@delta7.be Tél. +32(0) 71 32 37 58 Tous droits réservés. Reproduction et diffusion interdite par quelque moyen que ce soit, sans autorisation préalable écrite de l’éditeur. Les textes et illustrations sont publiés sous la responsabilité exclusive de leur auteur. L’éditeur et la rédaction ne peuvent être tenus responsables du contenu des annonces publicitaires, offres et demandes d’emploi. Les infos et adresses sont données à titre indicatif. Sauf demande expresse préalable à l’édition, les articles et illustrations ne sont pas renvoyés. Partenaires

commis à l’encontre de sa santé. Comment entourer les parents ? Les statistiques portant sur les chances de guérison (et non de rémission) sont certes passées à 92 % depuis les 23 ans de Télévie, mais ne rassurent pas le pessimisme bien compréhensible des parents. Et de rappeler qu’en 1960, les chances de survie étaient quasi nulles.

Le Kiwanis, fidèle à sa devise (serving the children of the world) ne peut rester insensible à cet appel. C’est ainsi que ce vendredi 18 février 2011, le club de Villers-la-Ville a rassemblé plus de 100 convives autour d’un repas-conférence rehaussé par la présence du Professeur Arsène BURNY, représentant du FNRS auprès du Télévie. Plusieurs personnalités du monde politique villersois ainsi que du Kiwanis nous firent aussi l’honneur de leur présence. Avec sa conviction et sa passion habituelles, le Professeur BURNY s’est adressé vendredi dernier au nombreux public invité par le Kiwanis club de Villers-la-Ville abbaye. Il s’est de prime abord dit heureux de revenir ainsi sur ses terres ! C’est, en effet, dans le charmant village de Mellery qui fait partie de la commune abbatiale qu’il vit le jour et passa toute sa jeunesse. Nul doute que les généreuses campagnes de ce coin du sud du Brabant Wallon le portèrent vers les études d’Ingénieur Agronome. Il prit donc la route des facultés agronomiques de Gembloux. Dédaignant la facilité qu’aurait pu lui offrir le tram vicinal, c’est son vélo que, chaque jour, il enfourchait pour parcourir les quinze kilomètres le séparant des auditoires des facultés universitaitres. Il y a vraisemblablement forgé ce caractère fait de rigueur, d’obstination, mais aussi d’humanité. Le début de son intervention à Villers-la-Ville fut marqué par cette humanité lorsqu’il évoqua le jeune enfant leucémique, innocent, qui n’a ni fumé, ni bu, et qui n’a, de lui-même, rien

Le Professeur Burny fit aussi appel à la responsabilisation de la population : faites confiance à l’équipe médicale qui s’occupe de votre cas ! Ne la menacez pas de poursuites en justice ! Si on vous propose un traitement d’un nouveau type, acceptez ! Fumeurs, ne vous étonnez pas si, un jour, la sécurité sociale n’accepte plus de couvrir les conséquences du tabac ! Il y aurait bien d’autres considérations à relater, mais, une fois de plus, l’exposé du Professeur Burny nous a confortés dans l’aide qu’il faut apporter à la recherche. C’est le but du Télévie qui consacre entièrement aux chercheurs les fonds récoltés à chaque opération qu’il mène. A la fin de l’exposé, le papa d’une jeune fille disparue l’an dernier nous a cruellement rappelé que cela n’arrivait pas qu’aux autres, nous incitant à nous mobiliser et gagner encore du terrain sur cette terrible maladie. Freddy DESSY, Président Kiwanis club Vilers-la-Ville Abbaye Février 2011


Télévie 2011

Ingénieurs mag - 3/2011

Appel aux ingénieurs ! « Une dette vis-à-vis des concepteurs et des réalisateurs » (Ir. Arsène Burny) Il y a cinq ans, notre regretté Ami Max Le Begge lançait la FABI sur les chemins du « Télévie », les chemins de la recherche cancérologique. Son raisonnement, direct et percutant, comme d’habitude, tenait en peu de mots : « les ingénieurs apportent beaucoup aux progrès de la lutte anti-cancers mais personne ne le sait et personne ne le dit, pas même les ingénieurs ». Cette motivation donnait l’élan, créait l’impulsion. Et la FABI allait apporter sa pierre, chaque année. Max n’est plus à la barre. Son exemple nous reste.

Où en sont-ils ces ingénieurs si nécessaires ? Dans la robotique, l’imagerie, l’irradiation ultra précise, l’analyse à très haut débit, la synthèse chimique, la biologie moléculaire, la statistique mathématique. Aider puissamment le patient cancéreux Si l’on peut, aujourd’hui, analyser en détails le matériel génétique d’une seule cellule saine et le comparer au matériel génétique d’une cellule tumorale de la même personne. Comparer les niveaux d’expression de tous les gènes du matériel génétique d’une cellule donnée d’une personne donnée. Détecter de rares cellules cancéreuses circulant dans le sang. Irradier avec grande précision une petite tumeur cérébrale par le rayonnement d’une bombe au cobalt. Irradier le plus efficacement et le plus précisément possible une tumeur de la prostate. Pratiquer de nombreuses interventions chirurgicales par endoscopie. Et encore bien d’autres choses qui aident puissamment le patient cancéreux, nous avons une dette visà-vis des concepteurs et des réalisateurs. Je sais aussi que les ingénieurs sont généreux et veulent faire encore plus en répondant à l’appel de la FABI de contribuer financièrement à la campagne de récolte de fonds.

FABI-Télévie

Quelle que soit votre discipline, soyez solidaires en aidant le « Télévie » ! Merci à toutes et tous et félicitations ! Ir. Arsène Burny, Président de la Commission Scientifique « Télévie »

Pour mémoire, l’opération « Télévie », que vous soutenez depuis plusieurs années, a permis de faire passer le taux de guérison des enfants leucémiques de 66 à 90 %. Cela en 22 ans. Ce n’est pas encore suffisant. Il faut atteindre 100 %. Or, la science d’aujourd’hui le permet.

Tous ensemble, faisons mieux que l’an dernier ! Car, ce combat nous concerne tous ! La FABI organise une collecte de fonds au profit de Télévie 2011. Votre don de 40 € ou plus au numéro de compte IBAN : BE75 0013 6399 9751 - BIC : GEBABEBB du FNRS, rue d’Egmont, 5 – 1000 Bruxelles avec la mention « Télévie-FABI », vous donnera droit à la déduction fiscale (l’attestation vous sera envoyée par le FNRS, début 2012).

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Publireportage

Ingénieurs mag - 2/2011

En Belgique, Thales Alenia Space, leader européen des systèmes satellitaires et acteur majeur des infrastructures orbitales, est représentée par sa filiale Thales Alenia Space ETCA, à Mont-sur-Marchienne. Cette entreprise belge est experte dans plusieurs activités de haute technologie. Thales Alenia Space ETCA est le numéro 1 belge des applications électroniques spatiales pour satellites et lanceurs, le leader européen en conditionnement et distribution d’énergie pour satellites et le plus important fournisseur d’électronique pour Ariane 5. Nos quelque 600 collaborateurs offrent, jour après jour, des produits et des services de qualité à nos clients partout dans le monde.

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Une entreprise belge à la pointe du secteur spatial Depuis 1963, nous avons participé à la plupart des programmes spatiaux européens et à un grand nombre de lancements de satellites internationaux. Plus de 150 satellites, actuellement en orbite, disposent d’équipements réalisés par nos soins !

Nous faisons battre le cœur des satellites… Nous sommes le leader européen du conditionnement et de la distribution d’énergie sur les satellites. Notre gamme de produits couvre les besoins des microsatellites d’observation jusqu’aux grands satellites géostationnaires de télécommunications, dans une gamme de puissance de 250 W à 20 kW. Nous bénéRue Chapelle Beaussart 101 6032 Mont-sur-Marchienne ficions également d’une position de tout premier Tel : +32 (0)71 44 22 11 plan en ce qui concerne les Fax : +32 (0)71 44 22 00 produits électroniques de www.thalesaleniaspace.com vol : avionique, alimentation électrique des propulseurs à plasma, alimentation électrique des tubes à ondes progressives, convertisseurs DC/DC et autres produits électriques spécialisés. Pour ne citer qu’un exemple d’utilisation de tous ces équipements, nous réalisons par exemple le cœur électrique des satellites.

Thales Alenia Space ETCA

Et nous électrisons les fusées Ariane 5 Avec Ariane, c’est une longue histoire. Nous sommes en effet le plus important fournisseur d’électronique de bord d’Ariane 5. Nous concevons et fabriquons, pour chaque Ariane, 50% de son électronique, soit 21 équipements complets et 2 cartes électroniques. Ces éléments prennent en charge les fonctions suivantes : distribution de l’électricité à bord, destruction de la fusée en cas de trajectoire erronée, pilotage des tuyères pour maintenir la fusée sur sa trajectoire, calcul de la position de la fusée dans l'espace et séparation des étages d'Ariane et de la coiffe de protection des satellites durant le vol. Le lanceur russe Soyouz compte également sur nous pour son système de sauvegarde. Les Soyouz lancés de Guyane française sont en effet équipés de notre système de sauvegarde permettant l’arrêt des moteurs en cas de trajectoire incorrecte. Qui, d’après vous, donne le GO du lancement ? Premier fournisseur européen de systèmes de contrôle pour lanceurs, nous avons également livré la plupart des bancs de contrôle de la famille des lanceurs Ariane (Ariane 1 à 5), y compris le contrôle le plus vital du lanceur, celui qui précède le lancement. Nous développons en outre des systèmes de contrôle spécifiques pour les satellites et les équipements embarqués. Une vingtaine de nos collaborateurs sont basés en permanence au Centre Spatial Européen de Kourou (Guyane française) pour accompagner les opérations de lancement des Ariane 5. Leur spécialité : la maintenance et les tests des systèmes de contrôle-commandes au sol et des systèmes informatiques des moyens de lancement. Nous participons également à la préparation du futur lanceur Vega. Un seul credo : la qualité au quotidien Jour après jour, nos quelque 600 collaborateurs appliquent un système de qualité strict à tous les stades du développement, de la fabrication et de la commercialisation, conformément à nos certifications ISO 9001, EN 9100, AQAP 2110 et ISO 14001. Nous détenons également le certificat CMM3 du Software Engineering Institute (SEI).



Event & News

Ingénieurs mag - 3/2011 www.isf-iai.be

Du 21 au 25 mars

Campus Plein Sud à Mons, Bruxelles et Louvain

Le nouvea d’administ

(www.campuspleinsud.org) Le 29 mars

Séance d'information pour apprendre à connaître et s'investir chez Ingénieurs Sans Frontières

Conférence le 26 mai 2011 à 16h30 à l’École Royale Militaire

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De l’industrie à l’Université D’août 1983 à décembre 1986, j’ai travaillé dans une PME de la région de Tournai, spécialisée dans l’étude, la conception et la fabrication d’équipements en acier inoxydable pour les secteurs textile, agro-alimentaire et nucléaire. J’étais responsable de l’automatisation de ces équipements et de la robotisation des procédés de fabrication. Attiré par la recherche, j’ai dirigé, de janvier 1987 à juin 1994, l’équipe « Conception, méthodes et équipements d’assemblage » (8 chercheurs) à la section Automatique et Informatique Industrielle du CRIF (Centre de Recherche de l’Industrie des Fabrications Métalliques). J’ai géré différents projets de recherche européens et régionaux.

1. Les sciences du vivant au service de l'évaluation de la toxicité éventuelle des nanoparticules : champ d'application dans le cadre des missions de la Défense par le Dr Jean-Luc Gala (UCL, DLD-MDN)

Comme je désirais également enseigner et transmettre, j’ai rejoint l’Université, en 1994, en tant que chargé de cours dans le cadre d’une chaire internationale.

2. Outils bio-informatiques pour la rationalisation de modifications de propriétés physico-chimiques de protéines (dans le cadre de leurs utilisations dans les domaines médicaux, agro-alimentaires et environnementaux) : du développement académique des outils à leur exploitation commerciale par Fabian Teheux (ULB)

Enseignement

Les exposés seront suivis d’un débat. Cocktail-Sandwichs de clôture Plus d’infos et inscription : www.aia-rma.be e-mail : elmar.recker@rma.ac.be

6-9 June 2011 - Frankfurt, Germany

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CIRED The leading forum where the International Electricity Distribution Community meets Info et inscription : www.cired2011.org

J’ai commencé à enseigner à l’ULB au niveau du Master2 puis dans les autres années : du Bachelor1 au Master1. Les études d’ingénieurs ayant peu évolué à l’ULB au cours des deux ou trois dernières décennies alors que les populations auxquelles elles s’adressaient avaient beaucoup changé, je me suis intéressé aux réformes des programmes d’autres écoles d’ingénieurs (ex. : VUB, UCL). L’occasion d’effectuer une réforme à l’ULB m’a été offerte dans le cadre de l’audit des filières électro-mécaniques sous l’égide du CREF en 2000. Sur base des conclusions de cet audit, j’ai initié une réflexion sur l’apprentissage par projets, l’accompagnement des étudiants surtout en BA1, la définition du « tronc commun » des ingénieurs c’est-àdire sur les matières que chaque ingénieur, quelle que soit sa spécialisation, doit maîtriser. Ceci a permis de créer des projets multidisciplinaires dans les deux premières années, de renforcer les mesures de promotion de la réussite, d’introduire les stages de longue durée, d’établir un référentiel de compétences… En tant que doyen, j’ai privilégié les collaborations avec d’autres Facultés dans le cadre d’enseignements conjoints (quelques exemples : ingénieur biomédical avec la Faculté de médecine, ingénieur en gestion et technologies avec la SBS-EM, les masters en anglais avec la VUB, l’amélioration des passerelles avec l’ISIB).


Rencontre

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u Président du Conseil ration de l’ULB Recherche

3e mission

À l’ULB, j’ai d’abord développé une équipe de recherche dans le domaine de la conception assistée par ordinateur au sein du service de mécanique appliquée. En 1999, j’ai pris la direction du service de mécanique analytique qui s’est intégré en 2006 dans le service « Bio, electro et mechanical systems » (BEAMS) en même temps que les services de génie électrique de microélectronique. Ce service regroupe à l’heure actuelle une soixantaine de personnes dont une quarantaine de chercheurs sous contrats extérieurs.

Dès mon entrée à l’Université, j’ai consacré environ un mois par an à des missions d’enseignement à l’Université de Lubumbashi, à l’Université Technique de Hô-Chi-Minh-Ville et de Hanoï et à l’Université du Burundi.

Les thèmes abordés par mon équipe ont évolué de l’assemblage industriel aux microtechniques et à la conception de dispositifs médicaux utilisés en micro-chirurgie. Dans ce cadre, de nombreuses collaborations ont été initiées, principalement avec l’Université de Franche-Comté, l’Université Pierre et Marie Curie, l’École Polytechnique fédérale de Lausanne, l’UMons, et l’Hôpital Érasme. J’ai toujours eu le souci de valoriser les résultats de la recherche appliquée dans le monde extérieur. J’ai participé à la mise sur pied de trois spin-off dont deux sont encore actives à l’heure actuelle. La plus importante est le fruit d’une collaboration entre mon service et le Service de gastro-entérologie de l’Hôpital Érasme. Dans le cadre de mon décanat, j’ai soutenu diverses initiatives favorisant le développement de la recherche et des doctorats : en mettant à disposition des étudiants des bourses d’initiation à la recherche et des bourses d’attente pour les candidats FRIA, en organisant, en collaboration avec le corps scientifique, des séances d’accueil pour les nouveaux chercheurs et des formations pour le corps scientifique. Afin de favoriser l’échange d’informations entre chercheurs et de communiquer les thèmes de recherche aux étudiants, des matinées jeunes chercheurs ont été organisées en partenariat avec l’UMons. Une table ronde des doctorants a mis en contact les chercheurs et les industriels afin de sensibiliser ces derniers à la valorisation du doctorat dans leurs entreprises. Un travail important a été effectué pour rendre l’environnement de recherche le plus accueillant et le plus efficace possible en favorisant le rassemblement des équipes de recherche et en élaborant un projet immobilier en collaboration avec la Faculté des Sciences dans le cadre du campus des Sciences et Techniques de la Plaine.

Lors de mon décanat, j’ai particulièrement soutenu la création de la cellule de coopération et développement. Celle-ci propose chaque année des projets de conception et de réalisation de dispositifs pour les pays en voie de développement aux étudiants de MA1 et MA2. Les projets de création de spin-off ont également été encouragés ainsi que ceux de formation continue (dont un exemple est la formation en gestion durable de l’énergie en collaboration avec l’UMons et la Faculté d’architecture de l’ULB).

Cela implique que le Président de l’Université suscite les débats, les échanges entre les différentes sensibilités de notre communauté. Cela signifie également que la porte du Président soit « ouverte » : toute personne désireuse de proposer un projet doit pouvoir le soumettre. J’espère pouvoir entretenir cette dynamique positive : toutes et tous ensemble, mettons-nous dès à présent au travail, pour agir et faire de l’ULB une Université rassemblée, innovante et ouverte.

Diverses actions se sont développées dans le cadre des contacts avec l’enseignement secondaire : les Ateliers Jeunes Ingénieurs dont la promotion est assurée par les Jeunesses Scientifiques, le club robotique, le Shell éco marathon, des expositions de diffusion scientifique : « Ingénieux, ça marche ! » à Parentville, « Si nous parlions des énergies » sur le campus du Solbosch.

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Et maintenant… J’ai tenté de résumer en quelques lignes les raisons de mon engagement au sein du monde universitaire, ainsi qu’une brève description d’expériences concrètes et récentes auxquelles j’ai eu le plaisir de contribuer. Ces actions apportent la preuve qu’en bâtissant tous ensemble des projets enthousiasmants et en maintenant et développant une ambiance de travail conviviale, il est possible de mettre sur pied de nombreux projets tant pédagogiques que de recherche et de services à la société. Je suis convaincu que dans une Institution telle qu’une Université, le rôle du Président est de fédérer et non de décider seul, d’apporter seul les solutions. L’avenir de l’ULB réside dans le potentiel de sa communauté. Le programme qui fondait ma candidature comporte une série de projets concrets, élaborés autour de la volonté que l’ULB soit une université ouverte. Ces projets devront dès à présent être débattus dans les instances ad hoc, amendés et complétés : il s’agit de construire un projet institutionnel qui réponde aux aspirations des membres de la communauté universitaire.

Alain Delchambre Né le 25 avril 1961, à Watermael-Boitsfort (père de trois enfants) 1983 : Ingénieur civil mécanicien et électricien 1985 : Ingénieur civil en robotique 1990 : Docteur en Sciences appliquées


ISF

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Travailler dans la ` A la question « quelles sont les qualités requises chez un ingénieur pour faire de la coopération au développement ? », les professionnels du métier répondent sans équivoque : la curiosité, la pédagogie, l’écoute, la rigueur, l’autonomie. Si la connaissance des techniques est primordiale, la maîtrise des sciences pédagogiques l’est encore plus. Petit tour des fonctions de base du gestionnaire de projet de coopération, celles-là même qui font de lui un coach à part entière.

sur base des besoins de professionnalisation objectivement formulés. Au-delà de la formation classique, le gestionnaire de projet s’assure de l’appropriation par les acteurs locaux des pratiques et des techniques enseignées par l’action. Ainsi, l’accompagnement post-formation est une composante importante du renforcement des compétences. Formation continue, reconversion et autres pratiques doivent être adaptées à un public adulte qui s’appuie sur son vécu pour assimiler de nouvelles choses. Le gestionnaire de projet doit donc faire preuve d’une bonne dose de pédagogie, quel que soit le domaine d’action. Négociateur

Animateur Le travail de l’ingénieur sur le terrain nécessite une interaction constante avec les partenaires et les bénéficiaires impliqués directement ou indirectement dans une ou plusieurs phases d’un projet.

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Cette interaction nécessite la mise en place d’une dynamique de groupe permanente qui se traduit souvent par l’organisation d’espaces communs de dialogue.

Ingénieurs sans Frontières Rue d’Édimbourg, 26 1050 Bruxelles Tél. : 02 894 46 39 Mail : info@isf-iai.be Site : www.isf-iai.be

Ces espaces prennent diverses formes : instances de pilotage, assemblées générales de quartier ou de village, comités locaux de développement, focus groups par thèmes (l’eau, la santé, l’éducation, etc.), par genre (hommes/femmes, jeunes/anciens), par catégories socio-économiques ou culturelles, par partenaires (institutions publiques, opérateurs économiques). Les techniques d’animation de ces réunions varient en fonction de l’auditoire, du message à faire passer et des objectifs poursuivis (collecte d’informations, évaluation, etc.). Elles se tiennent au bureau, dans une salle communautaire ou dans un espace public traditionnel. Ainsi, le rôle du gestionnaire de projet est d’élaborer et de piloter les méthodes et les outils d’animation, avec une capacité de compréhension et d’adaptation aux enjeux de ces réunions. Formateur Toute action de coopération au développement s’accompagne d’un volet de renforcement des compétences. Qu’il s’agisse des domaines organisationnel, administratif, comptable et financier, technique… le gestionnaire de projet est à même de concevoir et de conduire un dispositif de formation,

La formulation d’une action, et souvent aussi sa mise en œuvre, nécessitent d’obtenir des consensus entre tous les acteurs, malgré les différences socioéconomiques et les intérêts divergeant sur les problématiques ou les manières de procéder. Ces confrontations d’idées et de points de vue sont organisées le plus souvent au sein des cadres de concertation instaurés par le projet. Ces réunions de concertation amènent invariablement à des situations dans lesquelles la fonction d’arbitrage est stratégique en l’absence de consensus global, en situation de crise, voire de conflit. De par son origine externe à l’environnement de l’action, le gestionnaire de projet est légitime dans cette fonction d’arbitre : en se positionnant comme observateur et facilitateur des votes, en se portant témoin des concessions acceptées par certains et garant des engagements reportés, en veillant à satisfaire équitablement toutes les parties, etc. La fonction de négociateur est complexe et requiert du savoir-faire en communication. Qu’il soit un négociateur « passionnel » ou « rationnel », le gestionnaire de projet doit être en mesure de discerner les enjeux et d’adapter son attitude en conséquence.

Présentation d’Ingénieurs sans Frontières Fondée en 1990, ISF est une association sans but lucratif regroupant professionnels et curieux de la coopération désireux de mettre leur expérience au service d’un développement plus solidaire. Agréée ONG depuis 2000 par la Direction Générale de la Coopération au Développement (DGD), ISF


ISF

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coopération soutient des initiatives aux quatre coins du monde en lien direct avec le développement durable. Les activités se situent aussi bien en milieu urbain que rural, et s’appuient sur le développement des technologies appropriables, le respect et la valorisation de l’environnement et l’indépendance économique des populations du Sud. Ingénieurs sans Frontières organise son action en deux volets : Le volet Nord L’Offre de services à destination des acteurs de développement du Sud (associations, groupements, collectivités, petites entreprises de développement durable…) : le réseau d’ingénieurs volontaires d’ISF, organisé en 5 pôles de compétences (Génie civil, Hydraulique, Environnement, Énergie, Finances), est intégré dans Chaka (www.chaka.be). Chaka est l’outil Internet cogéré par trois ONG (ISF, ADG, CODEART) dont l’objectif est de permettre le dialogue entre les experts du Nord et les demandeurs d’un appui-conseil technologique ou méthodologique. Chaka est subventionné par la DGD.

L’éducation au développement : ISF organise des conférences, des séances d’informations et des cours spécifiques sur les campus et les hautes écoles de sciences exactes afin de sensibiliser et conscientiser les étudiants et le corps académique aux enjeux de la solidarité internationale, à la notion de technologie appropriée et à la gestion de projet de coopération Nord-Sud.

Le volet Sud Les programmes de coopération : par ses projets en RDC, au Rwanda, au Burundi et au Burkina Faso (bientôt au Togo et à Madagascar), ISF met en œuvre deux programmes spécifiques au Sud. Le programme « Environnement/Assainissement » se focalise actuellement sur la gestion des déchets municipaux (Kinshasa, Lubumbashi, Kigali), dont leur valorisation (recyclage des déchets en plastique, compostage, fabrication d’un combustible « vert »). Le programme « Développement communal » vise la planification, la conception, la réalisation et la gestion d’infrastructures de base sous maîtrise d’ouvrage communale, dans le cadre de la décentralisation.

Vous pouvez soutenir nos actions en faisant un don (fiscalement déductible à partir de 40 €) sur le compte IBAN : BE41 3600 1147 5510 BIC : BBRUBEBB

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