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Échanges
from Fénwar i fann zékli, Zékli i fann fonnkèr - Mémoire de recherche en Design Produit d'Ambre Maillot
De Juin à Août 2021, j'ai entrepris divers échanges et rencontres auprès d'acteur.ice.s autour de l'oralité et du matrimoine réunionnais. D'abord à distance ou en région parisienne, puis sur place, lors de mon séjour cet hiver austral là. Mon discours s'est finalement développé grâce à ces chercheur.euse.s et artistes, qui ont su aiguiller mes pensées et recherches.
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Kaloune | Judith Profil
Créole Afro-Malgache Artiste poétesse, chanteuse et plasticienne Présidente de l’association «Kabar Fanm Kèr» Bras-Panon, La Réunion Parcours littéraire, a enseigné le français à Mayotte
08.05.2021 à 13:21 Échange téléphonique (dû à des problèmes de connexion pour un échange en visio) Paris - Réunion
1. Identité créole et remise en question
Voyage en Afrique et à Mayotte après ses études : constate des frottements culturels et peu d’équilibre en termes d’identité (politique coloniale semble alors mieux s’adapter sur ces territoires fragilisés). Le créole : beaucoup de subalternes (afro-malgache, etc).
2. Fonnkèr : rapport et positionnement
Découverte du Kabar : un choc face aux artistes, se rend compte que «nou lé capab’». Granmoun lélé raconte des choses sur nous, raconte notre histoire : ça nous concerne. Le fonnkèr permet de se sentir encré et fort. La poésie permet de sortir de ces souffrances, permet un rapport plus net et
sincère vis à vis de soi-même. En poésie, on pense d’abord, avec tout son être, avec kisa ou lé, ensuite on crée / écrit : expansion de la pensée. Un poète peut alors penser sans écrire. Thématiques favorisées dans son travail : La transe et la puissance des femmes. Reprend des chants sacrés afro-malgaches, modernisation.
3. Manques et besoins
Il n’existe pas d’images de notre histoire / culture (en dehors du drapeau réunionnais, emblème encré dans nos esprits). Manque de visuel / de tangible. Voir une image permet une meilleure compréhension d’une information (illustration d’un propos, il s’encre mieux dans notre esprit = les mathématiques sont plus simples à comprendre avec des schémas). Tandis que la poésie est imaginaire et impalpable, nous évoluons dans une société de l’image (réseaux sociaux, etc). Espace public : manque d’espace pour l’oralité, lieux d’expression orale (pour faire kabar, ronkozé...). Exemple : Les hommes se retrouvent à la boutik pour échanger. > Espace à délimiter, créer une esthétique / DA, une place pour chaque chose (exemple : autour d’un arbre, code vestimentaire...)

Marion Malga Baptisto
Créole kafrine , 24 ans Queer, Militante, Féministe décoloniale Master Histoire de l’Afrique contemporaine, s’est installée à Paris depuis 6 ans Moufia, La Réunion / Montrouge, Île-de-France
13.05.2021 à 14h Échange en face à face, au domicile de Marion à Montrouge
1. Identité créole et remise en question
Lutte permanente pour se définir face aux autres ici, à Paris. Père militant, musicien et professeur de musique réunionnaise, se bat pour la culture réunionnaise. Mais se rend compte malgré tout qu’elle a raté beaucoup de chose, «trop tard» (qu’une fois arrivée en métropole). Contradiction : marre de la France mais ne veut pas partir (se démarquer en métropole c’est aimer la Réunion, se démarquer à la Réunion c’est aimer la France) > entre-deux culturel et relationnel (qui a permit de se construire, au final). Racisme intériorisé : refus de parler créole (européen = intelligence, code physique...).
2. Fonnkèr : rapport et positionnement
À la fois un besoin et un rejet de la culture réunionnaise (paradoxale, ça nous colle à la peau). Malgré assimilation, chérit expériences de la culture qu’elle a pu vivre grâce à son père.
3. Manques et besoins
Pas assez de bonnes représentations de la culture réunionnaise. Intellectualisation de la culture et de l’histoire : musée, livres : pratiques de «blancs/zoreils» > rejeté par les créoles. «On fait comme ça parce que c’est comme ça, au niveau de la culture on ne se pose pas de questions, il n’y a pas d’explications». Pour pouvoir creuser et se poser des questions, il faut en avoir les moyens, les anciens et nos parents sont trop occupés à survivre et travailler. En France on ne peut qu’apprendre avec des livres (distance) mais une fois rentré sur l’île, on apprécie mieux la transmission familiale.
Estelle Coppolani
Créole (Zoréole) , 27 ans Née à la Réunion, partie très tôt (à l’âge de 3 ans) Écrivaine, poétesse et doctorante en littérature (sujet de thèse : la relation entre les imaginaires transnationaux et les mythologies insulaires) Pantin, Île-de-France
15.07.2021 à 19h Échange en face à face, au domicile d’Estelle à Pantin

1. Identité créole et remise en question
« Je suis dans une nostalgie de trucs que je ne connais pas » Sa mère lui a transmis la conscience/culture/langue créole, et quand elle rentre à la Réunion, elle sent que c’est une évidence. Sa mère se vit comme une exilée (dans le souvenirs, appels avec la famille, cuisine créole… etc), a détesté Marseille (où elles vivaient) ce qui fait qu’Estelle se sent déracinée alors qu’elle ne l’a pas été : sa mère lui a transmis ce sentiment. Cela a été un chemin long et douloureux : car elle se sentait pas légitime de se sentir déracinée, comme si elle volait la douleur des autres. Mais en rencontrant des gens comme elle, elle a aussi réussi à effriter ce sentiment d’illégitimité. Variété de nos ancrages : on a tous.tes des ancrages différents, ce qui l’a aidée c’est la notion de détermination de genre : si elle se sent comme ça, c’est qu’elle appartient à ce peuple. « Je suis en dialogue avec des mémoires ancestrales qui sont en moi »
Dans sa famille il n’y a pas d’accroche culturelle (pas de personnes lettrées), mais plusieurs garantes et usagères d’une culture qu’elles ne considèrent pas comme tel (sa mère et matantes). Estelle se sent plus sensible que sa soeur (elles ont un rapport différent à l’identité créole), elle est obsédée, a un rapport très fort à l’ancestralité et la spiritualité. Maintenant, tout lui paraît logique, elle pense qu’il n’y a pas de perte de lien mais une modification du lien (on lui a jamais dit comment faire un rituel des morts, etc…) elle invente donc ses propres rituels à partir de ce qu’elle sait sur ce qui se fait, elle écrit ses prières comme des poèmes, essaye d’honorer la mémoire de ses ancêtres comme faisant parti de son corps et de sa conscience. « Je me réapproprie des choses que je sens. Et si je sens, il faut que je fasse et pas attendre de savoir » Elle fait le lien avec la catholisation de la réunion : on nous a coupés de nos peuples / langues / religions, alors les communautés ont inventés / fait avec —> faire avec c’est une pratique créole. Elle a obtenue la validation de ceux qui savent faire et donc ça l’a réconfortée dans sa pratique spirituelle.
« Le mythe du marbre, de l’authenticité, de ce qui ne change pas, ce n’est pas créole. » « Pour moi il y a des corps qui sont habités par des mémoires trans-générationelles, et à la Réunion c’est très présent car la terre est riche de mémoire. »
2. Fonnkèr : rapport et positionnement
Elle lit puisqu’elle écrit une thèse (sujet de thèse qui compare antilles et réunion : beaucoup de livres des antilles et rien de la réunion, on trouve peu d’auteur.ices de l’océan indien, carence autour de l’océan indien) ; engendre un sentiment de colère et de jalousie, elle est donc allée chercher ce qui existe déjà. Préciosité de ce qui est rare.
C’est difficile de dire ce qui est poésie ou non, elle a été attirée par les formats courts (ce qui relève de la poésie c’est une question de format), sensible à la poésie traditionnelle On écrit depuis quelques décennies le créole, mais n’a absolument pas la même valeur que l’oral (sensible, corporalité, la présence.. difficile de donner une définition) Selon Estelle, l’intérêt des cultures créoles réside en la proportion à ne pas être défini totalement, il y a un flou, un mélange, sans cesse réinventé.
3. Manques et besoins
Les artistes (poètes) écrivent pour marquer, dans le temps, archiver ; Mais la conservation est une question complexe car elle fige des choses vivantes. Dans beaucoup de régions de monde on a pas cherché à réhabiliter l’oralité et ça a perduré (dans les familles, etc).

Isabelle Hoarau Joly
Créole (blanche) , 66 ans Conteuse, écrivaine, ethnologue originaire du sud de l’île
Échange en deux parties : - 13.08.2021 à 10h (RUN), échange téléphonique. - 14.09.2021 à 17h30, République (Paris), échange en face à face à la terasse d’un café.
1. Identité et culture créole, transmission
Isabelle a découvert sa créolité en métropole, lorsqu’elle a quitté l’île à 17 ans, et est confrontée à « l’exil, au froid et à la froideur des gens qui l’entourent ». Souvent, nous recevons des bribes de contes racontées par nos nénénes, des histoires sans début ou sans fin. Isabelle reprend ces bribes et apporte son interprétation de l’histoire, elle tente de la compléter. Aujourd’hui on se nourrit du passé, et on le réinvente. En réalité, on invente pas réellement, on se sert de ce qu’il y a dans nos mémoires, dans ce que nous percevons dès l’enfance, dans le paysage. « Une tradition évolue, on y apporte notre créativité, c’est ce qui fait la vitalité d’une tradition.» Dans un de ses textes, elle raconte le rapport négatif qu’elle a eu avec la transmission. Les nénènes transmettaient des peurs, des «zistwar fé pèr» (histoires qui font peur), traumatisant en tant qu’enfant. Notre histoire étant tragique, on transmet la tragédie.
Tradition créole féminine : travail du tissus, du tissage. Savoir-faire manuels qui sont localisés sur l’île, en fonction du climat et de l’environnement (Broderie de Cilaos, Paille chou- chou à Salazie, Vacoas à St-Philippe ou Bras-Panon, Chokas à l’Entre-Deux, le chevrefeuille/ le bambou au Brûlé...) Mola (textile) : femmes qui ont utilisés des tissus, à partir des restes, et tissent des récits. Tahiti : motifs qui racontent des histoires sur du tissus, support de narration. À la Réunion : Tapis mendiant. Notre histoire fragmentaire est semblable à l’image du tapis mendiant : tisser les bribes sous forme d’histoire. «C’est dans le vide qu’on peut créer.»
On cloisonne beaucoup la Réunion, alors que l’océan indien c’est les Mascareignes : rejet des uns et des autres créée par l’histoire (opposition anglais/français) et rejet des liens avec Madagascar (raison : colonisation), on la considère inférieure, devient lieu de colonisation pour les réunionnais avec le même rapport coloniale que les français. Pourtant, Madagascar est notre île mère. Rodrigues a été habitée par des Réunionnais, on y découvre donc une meilleure conservation de la culture créole, car c’est une plus petite communauté, moins sujette à la modernisation. Il y a une grande tradition en rapport avec l’Inde : ils sont arrivés avec leurs traditions en cercle fermé, il y a eu un rejet et enfermement, pas de contact avec les autres parties de la société. Pour les kaf, leurs traditions étaient rapportées dans les plis de leurs peaux, c’est tout ce qui leur restaient (scarification, tatouage), mais il n’y a pas eu d’études sur cette peau : souffrance du vide, oubli.
2. Manques et besoins
Aujourd’hui, elle constate un rejet du fonnkèr, pas de publications. C’est une catastrophe, la pédagogie ne joue pas son rôle de raconter l’île. Selon Isabelle, on ne peut pas guérir du colonialisme, c’est une blessure intérieure profonde. Il faut déjà vouloir guérir, et faire le deuil du passé (aujourd’hui il y a beaucoup de victimisation). Puisqu’elle a beaucoup vécu en métropole, on lui dit (à la Réunion) qu’elle a « perdu son âme ». Elle prend une traductrice car son créole du sud est considéré comme un mauvais créole.
Loran Hoarau
Créole , 47 ans Chercheur en histoire, titulaire d’un DEA en Lettres et Sciences Sociales (option Histoire). Indépendant depuis 2002 spécialisé sur les projets de recherche liant Histoire, Patrimoine et Identité(s) à La Réunion. A vécu en Afrique (Zimbabwe) pendant 4 ans. Saint-Denis, Île de la Réunion
18.08.2021 à 13h30 Échange en face à face, au bureau de Loran situé au 8 rue de l’artillerie à Saint-Denis (bureau partagé avec le graphiste Kamboo, le siège des électropicales, etc...).

1. Identité et culture créole, transmission
Loran n’a jamais eu de soucis de transmission, ce qui l’a probablement aidé à être dans la recherche en histoire. Pour comprendre les mécanismes de transmission, il faut comprendre la non transmission : explorer le rôle de l’école au centre de la rupture de la transmission. Selon Loran, ce qui arrête la transmission, c’est l’école. L’école était nécessaire à un moment donné, mais a condamné une partie de la société traditionelle. Elle va poser d’autres valeurs : jugement culturel, il faut faire un choix, on ne peut pas pratiquer les deux cultures. À l’université de la Réunion, l’histoire de la Réunion et l’UE archive oral, c’est une option. À partir des années 70, il a ce schéma de «choix» qui s’impose.
2. Fonnkèr : rapport et positionnement
Nénènes : Matrimoine. Elles portent l’identité créole/noir et transmet aux enfants blancs, premières formes de transmission 0-3 ans : l’enfant n’est qu’avec la nénéne, image de la mère = femme noire, l’enfant en sera propriétaire par la suite (paradoxe) question de l’identité : il la construit en tant que blanc mais aussi face à l’autre (noire) : Créolisation.
L’Histoire n’est considérée que par l’écrit, l’oralité et les images ne sont pas considérées comme aussi importantes que l’écrit. Les images offrent une vision du dominant comme pour l’écrit, mais on arrive quand même à faire parler ces images (positions des corps, les regards, les attitudes... scénographie naturelle), décoder pour explorer.
On transmet, mais de générations en générations, on oubli le pourquoi de cette transmission. Exemple de la Rue Mérancienne : Une esclave a deux enfants et meurt 3 ans avant l’abollition, l’état civil décide d’appeler les deux enfants les «Méranciens» d’après le nom de leur mère, Mérancienne. Un des deux frères va décider de garder le nom de sa mère : Henry Mérancienne. Il est le premier qui a fait acte de résistance, refuse le nom colonial qu’on lui donne. La famille après oubli pourquoi ils portent ce nom, la transmission est pratiquée mais plus la raison de cette dernière, on le fait par habitude. > il faut pouvoir recomprendre la raison de la transmission. Les histoires de familles à la Réunion, c’est l’histoire de la Réunion. On ne comprend pas l’importance de ces récits là, donc on ne les transmet / archive pas. Schéma lent : c’est difficile de «réveiller le passé», il y a eu un tel enfouissement, un tel refus de la souffrance liée au passé. Aujourd’hui il y a malgré tout une prise de conscience d’un passé qui peut être positif (on est passés d’esclaves à ce qu’on est aujourd’hui, ce qui est remarquable, fierté).
La grand-mère de Loran racontait avoir une ancêtre esclave, libérée par Sarda. Lorsqu’ils ont entrepris les recherches, et ont pu trouver la vérification de ce récit, elle a été soulagée/ rassurée. La transmission orale quand elle devient matérielle / tangible valide cette dernière, légitimise les propos. «Ce qu’on m’a dit, c’est vrai, ce que je transmets, c’est valide.»

Maya Kamaty
Créole, 36 ans Auteure-compositrice-interprète d’ «électro pop maloya» Fille de Gilbert Pounia (du groupe Ziskakan) et de la conteuse Annie Grondin A fait des études à Montpellier, et revient à la Réunion une fois diplômée, artiste professionelle depuis 2012
31.08.2021 à 1Oh Échange en face à face, au Zinzin, qui est un lieu culturel se situant à Grand Bois, à Saint-Pierre. Nous échangions face à l’océan.
1. Identité créole et remise en question
Durant son enfance, elle entre dans le fonnkèr par la famille, très jeune (trop jeune) malgré elle, du coup elle l’a écarté, rejeté rapidement. Elle vivait le fonnkèr par le biais de l’autre, le regard de l’autre. Elle a subi une forte pression sur ses épaules (car fille de GP), le rapport aux autres était compliqué. Comme tous les ados, elle a eu envie de s’évader. C’est lorsqu’elle quitte la Réunion qu’elle ouvre les yeux sur son monde, qu’elle redécouvre la musique, reconnecte. Pendant ses études à Montpellier, elle ne savait pas parler de l’histoire de la réunion et n’avait pas le rapport qu’elle a avec ses parents d’habitude. A eu envie, besoin de rattraper le temps perdu, elle avait une faim d’essayer, donc elle a écrit des textes, joué du kayanm, fait des kabar... boulimie de faire, de dire, de chercher,
d’apprendre. Réalise une affirmation de soi. Elle a eu un accès facile à des livres (c’était difficile à lire car ouvrages universitaires). N’a pas de problème au niveau de la langue créole, mais elle parlait en français (dû à l’école, au rejet du fonnkèr...) En métropole, elle se reconnait dans les combats des autres (occitanie) : forge des discours, similaire à nos combats. Cependant, il a des choses qu’elle a pas vécu, donc elle ne tient pas particulièrement de discours militant. «On ne peut que parler de notre temps, on ne peut qu’imaginer le passé de nos parents.»
2. Fonnkèr, rapport et positionnement
Dans le domaine culturel réunionnais, on ne parle pas d’autres choses que le maloya (il existe aussi le séga par exemple). On le mystifie trop, comme s’il fallait toujours trouver quelque chose de sacré, fantasme, poussé à son extrême. Victimisation, comme si on était encore esclaves. On en a fait un truc «underground», pour la bien-pensance, pour les diggers/hipsters/bobo. Tout est image, tout est métaphore, «est-ce qu’on devient pas des alibis ?» pour « faire bien », être un quotta. Folklorisation, beaucoup de non-sens (exemple : bat la min de Danyèl Waro fait danser les blancs, or ce titre est fortement engagé) Maya ne veut pas rentrer dans le combat à tout prix, se détache Elle aime faire la part des choses, entre l’histoire et le mystique (dans l’oralité, les histoires, les croyances, les paysages - c’est très imagée, l’imagerie de la langue créole) : elle joue là-dessus. Chaque morceau est une histoire, sans début ni fin. Pour ses prochains morceaux, elle tentera d’exprimer la cause féminine, car les femmes sont isolées sur beaucoup de volets (historiques, sociologiques), elle se trouve muselée, elle a choisi cet angle là : le rapport à la femme réunionnaise.
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