AM 465 FREE

Page 1


EXPO

JOHANA

CHOUMALI, DE RETOUR

À ABIDJAN CINEMA

THOMAS NGIJOL, DE RETOUR À YAOUNDÉ

RECENSEMENT

TUNISIENS, QUI ÊTES-VOUS ?

HISTOIRE FRANÇOIS

MITTERRAND EN PORTRAIT

COLONIAL BUSINESS LE RENOUVEAU DES ZONES FRANCHES

ÉNERGIE LA GRANDE BATAILLE

L’Afrique est riche en ressources : le pétrole, le gaz, le soleil, le vent… mais pauvre en accès pour ses citoyens et ses entreprises. Et les PIPELINES DE L’IMPOSSIBLE, entre le Nigeria et l’Europe, soulignent l’immense enjeu stratégique que le continent représente.

LETTRE AU(X) PRÉSIDENT(S)

Le 29 mai dernier, Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD). Une victoire écrasante, au terme du troisième tour de scrutin, avec plus de 76 % des voix. Une première historique pour la vénérable institution d’Abidjan. Sidi Ould Tah aura mené une campagne rapide, efficace, avec l’appui de la Mauritanie, du président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, du ministre de l’Économie Sid’Ahmed Ould Bouh et d’une équipe rapprochée dévouée. Le « docteur », comme l’appellent souvent ses proches, s’est imposé comme un profil rassembleur, un trait d’union entre les Afriques, un homme reconnu pour son professionnalisme et une forme de discrétion personnelle appréciée. Ces dix dernières années, l’ancien ministre mauritanien des Affaires économiques avait dirigé la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea), faisant d’une institution « périphérique » l’un des acteurs majeurs de la transformation africaine. Au moment où les États-Unis se désengagent du développement, suivis par d’autres en Occident, « Sidi » apparaît comme celui capable de s’appuyer sur ses puissants réseaux d’amitiés dans le Golfe, en particulier en Arabie saoudite. Compétent, connecté, le neuvième président de la BAD incarne donc une vraie lueur d’espoir, celle d’un acteur clé pour une nouvelle étape. Le continent évolue [voir notre édito AM 463], mais trop lentement. La croissance (aux alentours de 4 %) ne suffit pas à absorber le formidable élan démographique. Nous sommes déjà plus d’un milliard d’habitants pour un PIB global qui représente un peu plus que celui de la France. Selon la BAD justement, l’Afrique a besoin d’investir entre 130 et 170 milliards de dollars par an dans ses infrastructures. Avec un déficit de financement annuel estimé entre 68 et 108 milliards. Il faut créer des emplois par dizaines de millions. La sécurité alimentaire n’est toujours pas assurée. Environ 600 millions d’Africains n’ont encore pas accès à l’électricité. Il faut tripler la capacité de production électrique d’ici 2040 pour répondre à la demande exponentielle [voir notre cover story, « La bataille de l’énergie », p. 32]. Nous

sommes dépassés en termes de développement digital. La révolution de l’IA se déroule loin de nos côtes. Enfin, dernier point mais non le moindre, nous devons nous adapter et financer la lutte contre le changement climatique.

L’Afrique dispose de forces réelles, d’une population jeune, de ressources naturelles abondantes et d’un potentiel d’innovation considérable. Mais pour sortir des dizaines de millions de personnes de la précarité, pour entrer, si l’on devait comparer, dans un modèle chinois de développement, nous devons changer d’échelle, penser autrement, plus « grand », nous focaliser sur l’efficacité, le résultat. Investir. Tout en attirant le monde par notre crédibilité et notre engagement. La BAD elle-même doit changer de « division ». Son historique est positif. Mais pour être vraiment « impactante », maintenant, il faut qu’elle augmente plus encore sa surface financière, prête mieux, plus vite, se déconcentre, se modernise. Elle doit se positionner comme un centre d’intelligence, agir comme un think tank dédié à ce « leapfrogging » africain incontournable. Sidi Ould Tah a la volonté d’agir. Et la capacité. Le Président prépare son projet. Il sait qu’il doit convaincre les bailleurs de fonds. Néanmoins, seuls, lui et ses équipes ne pourront pas faire de miracle.

Sur la ligne de front, ce sont les chefs d’État, les responsables politiques et économiques, les patrons de grandes entreprises qui ont une responsabilité imminente. C’est de ces « élites au pouvoir » que doit venir l’impulsion principale, le changement dans la durée, le saut qualitatif, organisé et consensuel, de gouvernance, de planification, de mise en œuvre ainsi que de lutte contre la corruption. Chaque État doit mobiliser et utiliser les ressources. Un rapport récent de la BAD comparait les 190,7 milliards de dollars « d’entrées » financières enregistrées en 2022 aux environ 587 milliards de « fuites ». Près de 90 milliards de dollars ont disparu dans des flux financiers illicites, 275 milliards supplémentaires ont été « remontés » par les multinationales qui transfèrent leurs bénéfices, et 148 milliards ont été perdus à cause de la corruption… ■

98 VINGTQUESTIONS À… MonsefSak hi parAstridKrivian N° 46 5J UIN 20 25

3 ÉDITO

Lett re au(x)président(s) parZyadLimam

8 ON EN PARLE

C’ESTDEL’A RT,DELACULTU RE , DE LA MODE ET DU DESIGN Afroson icaexplore le son

28 PA RCOURS

Eliane Umu hire parAstridKrivian

31 C’ESTCOMMENT ? Uneimage… parE mmanuelle Pontié

56 CE QU EJ’AIA PPRIS Brahim Naït-Balk parAstridKrivian

84 LE DOCUMEN T Face àl’inhuman ité parCédricGouverneur

TEMPS FORTS

32 L’Afriqueneveutplus gaspiller sonénerg ie parCédricGouverneur

40 Lesgazoducs de l’impossible parCédricGouverneur

48 Pascal Blanchard: Mitterand en port rait colonial parAstridKrivian

58 Tu nisiens, quiêtes-vous ? parFrida Dahmani

66 JoanaChoumali: «Com me àlapremière lueu rdujou r» parAstridKrivian

74 Thomas Ng ijol : «Mon lm estu nhom mage au Cameroun » parJean-Mar ie Chazeau

78 ÀVenise, unearchitect ure ouvertesur le grandlarge parLui sa Nannipieri

BUSINESS

88 Nouveaux modèles pour leszones franches ?

92 ÉtienneGiros : «Ilfautconst ruire un espace de libre-échange entrel’U EetlaZLECA f»

94 Le Nigeriaenembellie

95 En Côte d’Ivoire, la réussite indust rielle de la noix de cajou

96 Guinée équatoriale-Gabon : bataillepou rCor isco

97 Plan i er la ville pour la sauver parCédricGouverneur

FONDÉ EN 1983 (41e ANNÉE)

31,RUE POUSSIN–75016 PARIS–FRANCE

Tél. :(33)153844181–Fax :(33)153844193 redaction@afriquemagazine.com

Zyad Limam

DIRECTEURDELAPUBLICATION

DIRECTEURDELARÉDACTION zlimam@afriquemagazine.com

Assisté de Lau re nce Li mo usi n llimousin@afriquemagazine.com

RÉDACT ION

Em manu el le Po nt ié

DIRECTRICE ADJOINTE DE LA RÉDACTION epontie@afriquemagazine.com

IsabellaMeomartini

DIRECTRICE ARTISTIQUE imeomartini@afriquemagazine.com

Xavier Ammar PREMIERSECRÉTAIRE DE RÉDACTION sr@afriquemagazine.com

Amanda Rougier PHOTO arougier@afriquemagazine.com

ON TCOL LA BO RÉ ÀC EN UM ÉR O Jean- MarieChazeau, FridaDahmani Catherine Faye, Cédric Gouverneur, Dominique Jouenne,Astrid Krivian, LuisaNannipieri, SophieRosemont.

VE NT ES

FRANCE Destination Media

66,rue desCévennes -75015 Paris

TÉL. :(33)1 56 82 12 00

ABO NN EM EN TS OPPE RS ERVICE S 20,rue Rouget de Lisle 92130Issy- Les- Moulineaux

Tél. :(33)140942222

Fax: (33) 140942232 afriquemagazine@cometcom.fr

CO MMU NI CATI ON ET PU BL ICI TÉ regie@afriquemagazine.com

AM International

31,rue Poussin -75016 Paris

Tél. :(33)1 53 84 41 81

Fax: (33) 153844193

AF RI QU EM AGA ZI NE ES TU NM EN SU EL ÉD ITÉ PA R

31,rue Poussin -75016 Paris. SAS au capital de 768200 euros

PRÉSIDENT : ZyadLimam.

Photogravure: Philippe Martin

Imprimeur :LéonceDeprez,ZI

Secteur du Moulin, 62620Ruitz.

Commission paritaire: 0229 D85602

Dépôtlégal: juin 2025

La ré daction n’est pas re sponsable des te xt es et des phot os re çus .L es indications de mar que et les adr esses figurant dans les pages ré dactionnelles sont données àt itre d’informat ion ,s ans aucun but publ icit air e. La re pr oduct ion, même par tielle,d es ar ticles et illustrations pris dans Afrique Magazineest strictementinterdite, sauf accorddelarédaction ©Afrique Magazine 2024.

ON EN PA RL E

C’est ma in te na nt , et c’est de l’ar t, de la cu ltu re , de la mo de , du de si gn et du vo ya ge

To m oth ie no, ly re sou dan aise conçue à par tir d’un bidon de pétrol e, XXe si ècl e.

AFROSONICA EXPLORE LE SON

Le musée d’Et hnog raph ie de Genève présente une magni fique EX POSI TION SENSOR IELLE, un voyage autour des connex ions sonores qu i font vi brer le cont inent et SES DI ASPORAS.

LE SON EST ÉNERGIE. Il est aussi un moyen ancestral de transmission des savoirs, des émotions et des mémoires. Pour les peuples africains, il a représenté une force d’expression, de résistance et d’échange à travers les cultures, le temps et l’espace. Le musée d’Ethnographie de Genève invite à traverser les paysages sonores qui composent ces territoires pluriels avec une exposition innovante et ambitieuse, préparée durant deux ans et demi par une équipe dirigée par la conservatrice Madeleine Leclair et le DJ sud-africain Mo Laudi, avec la contribution d’une trentaine d’artistes et la mise en valeur de plus de 200 objets. Elle s’intitule « Afrosonica », un néologisme qui renvoie aux identités culturelles, aux luttes politiques et aux spiritualités du continent mais qui évoque aussi les dimensions multiples et expérimentales du son, dont le pouvoir est exploré à travers quatre chapitres musicaux et un espace de rencontre et de convivialité radical et décolonial, inspiré du imbizo des Zoulous (l’assemblée où régler les différends par l’écoute et la discussion)

Tout est calibré et conçu pour que l’on plonge corps et âme dans le parcours, en se laissant envoûter par les sons au fil de la déambulation libre d’un espace à l’autre. Ici, on découv re les vibrations de notre environnement et des matières, de la sonorité des pierres à celle de la ville. Là, on aborde l’histoire de la musique et de sa circulation : les peintures rupestres du Sahara nous rappellent qu’elle est présente depuis toujours, et ses déclinaisons modernes, du jazz à la rumba congolaise, portent encore en elles un héritage puissant Le volet dédié à l’intime évoque le pouvoir inspirant de la parole, de la musique à penser et du rapport profond des musiciens avec leurs instruments, qui ont aussi leur histoire. Enfin, l’appel des ancêtres redonne la voix aux masques, recrée un espace sacré à travers le vrombissement de rhombes rituels, reproduit par un initié malien

Soignée et pointue, riche sans être écrasante, Afrosonica mérite que l’on prenne son temps et prête l’oreille. ■ Luisa Nannipieri

« AFROSONICA : PAYSAGES SONORES, », MEG, Genève (Suisse), jusqu’au 4 janvier 2026. meg.ch

JE UNE SS E

SIXSOUVERAINS, SIXRÉCITS

Un ALBU MI LLUSTR Épou roff ri r au xplusjeu nesu ne représentation va riée et authentique de L’HISTOIRE

AFRICA IN E.

DE LA PH AR AONNEHatchepsout àlareine de Koush, Amanirenas, quia tenu tête àRome, en passantpar la reine mère Idia (Bénin)etlefondateur de l’empire du Mali,Soundjata Keïta. Sans oublierleroi tisserand du peupleKuba, Shamba Bolongongo,etlegrand réformateur militaireShaka Zulu. Voicisix récitsvivants autoursdelavie desfigures quiont marqué l’histoire du continent, recueillis dans un albumpour enfantsà partir de 5ans.Complété pardes coloriagesetdes illustrationsqui valorisentl’esthétiquedechaqueculture,signés parleBéninoisKen Ahossan,cet ouvrageinspirant fait partie de la collection «Jedécouvremon héritage »d’une maison d’édition engagée. Disponible en françaisetanglais ■ L.N.

MÉLISSA FR ANCISCOETK EN AHOSSAN, 6souverainsafricains, MonHér itagea fro, 73 pages, àpar tir de 15,99 €.

SO UN DS

Àécouter maintenant !

Little Si mz, Lotus,ForeverL iv in gO riginals/Awal.

PhénomèneoutreManche,lachanteuse et rappeuse anglaise Simbi Ajikawo,née de parents nigérians,asu, en une petite décennie,cultiver sonécritureà la fois poétiqueet immédiate,etexplorer bien deshorizons musicaux.Entémoignecesuperbe Lotu s, aussigroovy quemystique, quelque part entrepunketjazz, et où elle s’offredes invitéstelsqu’Obongjayar, MichaelK iwanuka ou Sampha.

Ka nazoéOrkestra, Bal abeatz,A nt ipodesMusic/Modulor

Avec ce quatrième album, le groupe franco-burkinabé révèle toutes lespossibilités éclectiquessonores qui l’isnpirent. Il s’agit de mêlerl’afrobeatetlebalafon,l’organique et l’électro, et de plongerl’auditeurdans unetranserappelant lesplusbelles heures desmaquis de Bobo-Dioulasso Sans oublierlepropos, toujours engagé contre le racismesystémique, de KanazoéOrkestra. Puissant

Scyl la &Furax Ba rbarossa, Port es du déser t,Demai nPIA S.

Il aura falluserendreau pieddes montagnesde l’Atlaspourque leBelge ScyllaetleFrançais FuraxBarbarossa, tous deux rappeurs avertis,confectionnent ce premieralbum en commun.Si, sur destitrescomme «Verre de sable» ou «Nouveau Monde», le duoimposeunf low décapant,ilsait aussiadopterunr ythmepluscalme pour interroger le rapportà la foietà la transmission. ■ SophieRosemont

CI NÉ

UN CRIME À YAOUNDÉ

THOM AS NGIJOL déla isse la comédie pour un pola r social et sombre, au ryt hme soutenu, adapté d’un docu mentai re su r les VIOLENCES POLICI ÈR ES EN AFRIQU E…

L’AN TIHÉROS COMIQU E de Fa stlife (2014) et de Black Snake : la légende du serpent noir (2019), ses deuxième et troisième films en tant que réalisateur, est presque méconnaissable ! Thomas Ng ijol, le regard dur, porte veste et cravate en menant une enquête au Cameroun avec sérieu x et détermination (et avec l’accent du pays), dans le rôle d’un commissaire qui, pour retrouver le meur trier d’un collèg ue, n’hésite pas à jouer de la chicot te et à suspendre les suspects par les pieds Ces méthodes, cette dégaine, le comédien et cinéaste français d’or ig ine camerounaise [voir son interview p. 74] les a trouvées dans un documentaire tour né en Côte d’Ivoire qui l’avait fortement impressionné : Un cr ime à Abidjan (1999), de Mosco Levi Boucault, implacable im mersion dans les basfonds de la capita le ivoirienne, où les violences policières ne se cachaient pas. Sa transposition dans le Cameroun

d’aujourd’hui garde beaucoup de cet aspect im mersif mais mont re aussi comment cet homme tente de faire respecter l’ordre chez lui, en inculquant à sa façon des valeurs à ses en fants pour les garder dans le droit chemin Respecté mais menaçant, il a bien du mal à communiquer avec eu x, mais aussi avec son épouse, très énerg ique (l’excellente Thérèse Ngono), la seule à vraiment « tenir » la maison Ce n’est pas pour autant un film à charge, ni cont re le personnage ni cont re le Cameroun, dont les problèmes au quotidien ne sont pas éludés (pannes de courant intempestives, embouteillages endémiques, pots-de-vin obligatoires…) et donnent même lieu à quelques sour ires dans cette enquête sombre menée à toute allure. ■ Jean-Marie Chazeau

IN DOMPTABLES (France, Cameroun), de Thomas Ng ijol. Avec lu i-même, Da ni lo Mela nde, Thérèse Ngono En sa lles le 11 ju in

CAMILLEYEMBE Rising star

NÉEÀBRU XELLES d’un père congolaisetd ’u ne mère belge, cettejeu ne musicien ne et chanteusei mposelaf ra îcheur ex igea nte de sa popdès sonpremier EP, Plastique.I NT ERVIEW.

AM : Pourquoi avoir choisi d’appeler ce premierEP Plastique,unterme auxmultiplessignifications?

Camille Yembe: Parceque j’ai remarquéaposteriorique meschansonsabordaienttoujours,d’une manièreoud’une autre, le paradoxe entreceque l’on montre de nous et ce quel’onest réellement. Dans certaines chansons,j’évoqueles masquesque l’on arbore,dansd’autres, le fait d’oublierla réalitédenos blessures.Malgréleparaître, nous sommes tous lesmêmes.Bref, Plastique parledemoi et de la difficulté àmetrouver,c’est un regard quejeporte surmoi commesur lesautres, le point de départ d’unerecherche de vérité Quand et comment avez-vous su quevousalliez dédiervotre vie àlamusique ?

décidé de quittermon ancien travailque je détestais et quim’éteignait àpetit feudepuis quatre anspour me consacrer pleinement àlamusique.Lav ie m’amontré àcemoment-là quesijenemisaispas surmoi,personne ne le ferait et je resteraisàcroupir dans uneexistence quin’avait aucunsensà mesyeux.

J’ai toujours rêvédev iv re de la musique. Je me suis intéressée au piano, àlaguitare,à la composition, seule dans moncoindurant desannées. Mais de là àfairedecedésir uneréalité,ily avaitunpas quejen’aipas franchid’emblée. Le tournant dans ma carrière d’artisteaeulieuenmars2024. J’ai

Qu ’avez-vous apprisdevos expériencesauprès,entre autres, de l’actrice- folkeuse StéfiCelma et du rappeurTiakola,artistes avec lesquelsvousavezcollaboré?

J’ai appris àpartagermon artet àprendre ce qu’iletelleavaient àm’offrir. Parexemple, je n’aurais jamais imaginépouvoir écrire dans le genremusical de Tiakolaet l’expérience m’aprouvéque c’étaitpossible, qu’iln’y avaitpas de barrière dans l’art.

En quoi les musiques congolaises nourrissent -elles votreinspiration ?

Quelle qu’ellesoit, de la rumbaaundombolo, la musiquecongolaisen’est jamais séparée de la danse, de la gestuelle. C’estaussi moncas :jenepeux imaginer ma musiquesansmouvement ! ■ S.R

SUR LEURS LÈVRES

En 1962, des MI LI TA NT ES ALGÉRI EN NES li bérées de pr ison en France témoig nent face ca méra de la place des femmes da ns l’Algérie indépenda nte. Ma is la ba ndeson a dispar u ! Une enquête PASSIONNAN TE tente de leur rend re la pa role.

LA LU TT E pour l’indépendance de l’Algérie n’était pas qu’une af faire d’hommes Au- delà de quelques héroïnes ér igées au rang de my the, le rôle des femmes dans ce combat et surtout la place qui leur a été réser vée, à partir de 1962, par un pouvoir très masculin (com me en France à l’époque d’ailleurs) ne sont pas souvent questionnés. Pour tant, ces « moudja hidettes » avaient beaucoup de déterminat ion, comme semblent le mont rer des images d’archives miraculeusement retrouvées au début des années 2000, mais sans leur bande-son. Leur auteur de l’époque, Yann Le Masson, n’a pas pu les ex ploiter, trop malade pour mener à bien son projet

C’est le cinéaste Raphaël Pillosio, déjà auteur d’un documentaire sur cette guer re (Algérie, d’autres regard s en 2004), qui a repr is le flambeau, restaurant ces quarante minutes de pellicule. On y voit 20 militantes tout juste sort ies de la pr ison de Rennes à la faveur des accords d’Év ian, filmées après plusieurs années

passées derrière les barreaux, certaines pour avoir participé à des at tentats. Des jeunes filles très modernes, à soixante ans de distance. Plutôt que de retracer leur épopée de combat tantes, le réalisateur français s’est intéressé à ce qu’elles avaient bien pu dire en recouvrant la liberté, utilisant tous les moyens possibles : recours à des person nes qui peuvent lire sur les lèvres, recherc he dans les archives, témoig nages, nombreu x voyages à Alger… Il a suiv i de vraies et de fausses pistes pour retrouver leurs noms, leurs adresses, savoir si elles sont toujours vivantes, les contacter, leur mont rer les images, leur faire remonter le fil de leur mémoire, les convaincre de parler de nouveau… Une enquête quasi policière au x résultats parfois déroutants : certaines sont restées des militantes dans l’âme, d’autres ont tour né la page, l’une d’elles est devenue islamiste. Si le film fait le constat qu’elles n’ont pas vraiment pu s’ex pr imer librement après 1962 (rapat riées de force et souvent passées du stat ut de camarade de lutte à celui de simple compag ne), c’est toujours le cas aujourd’hui. Mais ce documentaire passionnant parv ient à leur rendre la parole et à remett re des mots sur leurs idéaux. ■ J.-M.C

LES MOTS QU’ELLES EU RENT UN JOUR (France), de Raphaël Pillosio. En sa lles le 11 ju in

DO CU ME NT AI RE

LES CHEMINS DE VIE

À

Berl in, une EX POSI TION

COLLECTI VE ex plore et repense les questions fondamenta les de notre ex istence sous une perspect ive diasporique.

D’OÙ VIENT LA VIE ? Comment notre identité se construitelle ? Ces interrogations existentielles sont à la base de « Foundations », une exposition qui réunit quinze artistes afro-américains et issus des diasporas à la Haus Kunst Mitte de Berlin À travers la peinture, la photographie, la sculpture, la vidéo, le textile et l’installation, elle questionne les structures conceptuelles, matérielles et historiques qui façonnent la vie et l’identité Osi Audu (NigeriaÉtats-Unis) interprète de manière innovante les coiffures traditionnelles d’Af rique de l’Ouest, attirant l’attention sur la tête en tant qu’espace de la conscience et évoquant la philosophie yoruba à travers un certain minimalisme géométrique et chromatique. Ato Ribeiro (Ghana-ÉtatsUnis) utilise le bois pour explorer son hybridité et travaille sur les langages développés à travers le tissu kente et les

De gauch e à droi te :

Kevin De me ry, Ra pture, 20 24 ; Osi Au du, Self Po rtra it 2, 20 22 ; Nnen na Okore, Oyel e, 2017.

quilts af ro-américains. Chez Nnenna Okore et Ghizlane Sahli, les traditions textiles du Nigeria et du Maroc habitent des sculptures abstraites qui posent des questions environnementales. L’œuvre réaliste de Mario Moore touche à la propriété foncière et immobilière dans les communautés af ro-américaines, alors que Mario Joyce documente son passage à l’âge adulte en tant que garçon noir et homosexuel dans l’Amérique rurale Jerr y Helle, Adelaide Damoah et Sekai Machache se concentrent sur les aspects émotionnels et spirituels de nos expériences individuelles et collectives. D’autres cherchent à rendre visibles les aspects cachés de notre existence ou valorisent le quotidien. Tant de perspectives diversifiées et remarquables. ■ L.N. « FOUNDATIONS », Haus Ku nst Mitte, Berlin (Allemagne), jusqu’au 25 juillet. hauskunstmitte.de

RE ND EZ -V OU S

LES BUS DE BAMAKO

À Mu nich, DES PHOTOGR APHI ES DE RU E consacrées au x Sotramas de la CA PI TA LE MA LI EN NE.

CE QUI FR APPE d’abord, ce sont l’éclat et le mouvement de ces clichés de minibus bariolés, nommés d’après l’acrony me de la Société des transports du Mali, fondée en 1978. IL s’agit du moyen de transport non seulement le plus populaire, mais aussi le moins cher de la capitale malienne, l’une des métropoles à la croissance la plus rapide d’Afrique de l’Ouest. Plus encore, les sotramas sont aujourd’hui le sy mbole d’un phénomène culturel réjouissant. Créées artistiquement par des peintres de bus, chacune de ces camionnettes est unique et raconte une histoire propre Sur les carrosseries multicolores, des portraits de musiciens, d’hommes politiques et de chefs religieux, des allégories et des logos de la pop culture, de la politique, du sport ou de la religion, des dictons et des messages de remerciement, comme le fameux « Merci Maman ». Tout un univers qui ref lète les tendances et les attitudes actuelles au Mali Telle

une exposition d’art ambulante ou une espèce de théâtre de rue, les sotramas agissent ainsi comme un baromètre de l’humeur sociale du pays La soixantaine de photographies présentées ici ont été spécialement réalisées par Seydou Camara, Monique Dena, Abdoul Karim Diallo, Sidiki Haidara et Anna N’Diaye. Membres du collectif photographique malien Yamarou, nommé d’après un créateur légendaire de l’histoire du Mali, ils explorent depuis des années une forme de démocratisation de l’art et une philosophie de la vie quotidienne inventive. Avec pour objectif d’amener la photographie dans des lieux où n’existent ni galeries ni musées. Une révolution visuelle ■ Catherine Faye

« MERCI MAMAN : PHOTOGRAPHIE DE RUE AU MALI », Musée Fü nf Kontinente, Munich (Allemagne), jusqu’au 16 novembre 2025 https://w ww.museum- fuenf- kontinente.de

LESNOUVEAUX BORGIA ANA LY SE

De NewYorkà l’ON U au Ritz-Carlton de Riyad, lesobser vationsglaça ntes de l’essayiste

GI ULIA NO DA EM POLI.

GIULIA NO DA EMPOLI, L’Heure desprédateurs, Ga llimard, 160pages,19 €

«AUJOURD’HUI,l’heure desprédateurs asonné et partout leschosesévoluentd’une telle façonque tout ce quidoitêtreréglé le sera parlefeu etpar l’épée. » Si,dès lespremièreslignes, GiulianodaEmpoli fait référence au chef-d’œuvre du Hongrois Sándor Márai, LesBraises,c’est bien pour camper ce dont il se fait icil’oracle: l’avenir alarmant quinousguette. Après Le Mage du Kremlin,Grand Prix du roman de l’Académie françaiseetfinaliste du Goncourt en 2022,oùl’intellectuelitalo-suisse nous plongeait dans lesarcanes du pouvoirdePoutine,voiciune chronique alarmanted’unnouvelordre mondial. Commeill’expliquelui-même: « Ce petitlivre est […] écritdupoint de vued’unscribeaztèque […] dans le butdesaisirlesouff le d’un monde, au moment où il sombredansl’abîme,etl’emprise glacée d’un autre, quiprendsaplace.» Observateurdiscret de notre époque,circulantdepuis plusieurs annéesdans lescoulissesdupouvoir,enFrancecomme en Italie, le fondateurduthinktankVolta baséà Milan, qui enseigneaussi àSciencesPoParis,dresseune série de portraitsaussisombres quefascinants. Parmieux, entreTrump et Poutine, on peut citerNayib Bukele au Salvador,JavierMilei en ArgentineouMohammed benSalmane en Arabie saoudite.Tousont en commun un comportement «borgien », en référence au prince italiendelaRenaissanceCésar Borgia, qu’observasi cy niquementMachiavel.Sousnos yeux,une nouvelle vérité se dessine, fruitcorrompud’une alliance entre géants de la tech et dirigeants populistes,oùl’usage de la forcebrute semble devenirlemoded’opération

La formuledes ingénieurs du chaosétant toujours la même :lacolère et la frustration, démultipliées parl’algorithme. Nous voicidansunautre monde, où ces« prédateurs »prennentlepouvoir,détruisant rapidementles fondements de notredémocratieetde notre État de droitenseser vant d’armesmodernes issues de la SiliconValley. Un essaisaisissant, nourri d’uneculture littéraireethistoriquesansfaille, où la réalitéa plus d’imaginationque la fiction ■ C.F.

Al exand re Cab anel , Cl éo pâtre es saya nt des po isons su r des co nd amnés à mo rt, 18 83.

L’affaire Cléopâtre

Un e pièce de 50 piastre s à l’ef fig ie de Cl éo pâ tre.

Une plongée da ns les méandres d’une figu re fémi ni ne em blémat iq ue de l’ histoi re : LA DERN IÈRE SOUV ER AI NE D’ÉGY PT E.

DEPUIS SON SUICIDE, il y a plus de deux mille ans, Cléopâtre ne perd pas en notoriété. Une renommée aux multiples facettes – d’autant plus surprenante que nulle biographie antique ne la fonde. Autour de son personnage se sont ainsi forgés une légende puis un my the associant passion et mort, volupté et cruauté, richesse et guerre, politique et divinité Dès la fin du XIXe siècle, voici Cléopâtre, icône des luttes identitaires et émancipatrices. Cette femme forte et indépendante, qui préféra mourir plutôt que se rendre, renaît sous le prisme de nouveaux combats

politiques Plus largement, les mouvements féministes réhabilitent son image en tant que femme de pouvoir ayant su imposer sa voix Sa figure moderne s’invite partout. Qui ne se souvient pas d’Elizabeth Taylor dans la superproduction de Joseph L. Mankiewicz, Cléopâtre ?

La multiplicité de la personnalité et de la trajectoire de la dernière reine d’Ég ypte n’a de cesse d’habiter l’imaginaire des créateurs dans la peinture, le dessin, la sculpture, l’écriture – Antoine et Cléopâtre, de Shakespeare, n’a pas peu contribué à populariser le destin de cette grande figure

féminine –, mais aussi la musique, l’opéra et le ballet, sans oublier le cinéma, la bande dessinée, la publicité et les jeux vidéo. Avec 250 œuvres et objets d’art de l’Antiquité à nos jours, « Le mystère Cléopâtre » vient lever le voile sur l’état le plus récent des connaissances historiques et archéologiques de cette affaire sibylline, telle une exploration. Malgré sa popularité, la rareté et la contradiction des sources historiques font de Cléopâtre une véritable énigme ■ C.F.

Ci -d es su s, un e re con stitution du ph are d’Alexa ndri e au te mp s de l’Ég ypte anti qu e, dans le jeu vi déo As sa ss in’s Cree d Orig in s. Ci -c ontre, pa rure de tête au pao n, bijou de sc ène créé pour Sarah Be rn hardt dans Cl éopâtre, de Vi ctor ie n Sard ou , 1890

« LE MYSTÈRE CLÉOPÂTRE », IM A, Paris (France), du 11 juin 2025 au 11 janvier 2026 imarabe.org/fr

ONCE UPON ATIMEINGAZA

(France-JordanieRoyaume-Uni), de Tarzan et Arab Nasser. Avec Nader AbdA lh ay,M ajd Eid, Ra mz i Maqd isi. En sa lles le 25 ju in

UNECOMÉDIE GAZAOUIE…

UN DEALER ET UN ÉTUDIA NT

se lientd’amitiéetouvrent un restaurant pour COUVRIR un traficdedrogue…

QUANDLEGÉNÉR IQUE commence, c’estlavoixde Donald Trumpvantant sonprojetde rivieraàGazaqui s’élève… Mais l’histoire du film se dérouleentre 2007 et 2009,etcommencedansunrestaurantdefalafelsqui cache un commercedemédicaments opioïdes. Ce pas de côté offreunpolar àl’humourparfois burlesque malgré unesituation déjàdifficile il yadix-huitans, aprèslaprise de contrôle du Hamasetlebouclagepar Israël.Un dealer charismatique, un étudiant mélancolique et un policier corrompuvontformerun trio fatal, parfaitement incarné, pris dans un engrenage quimêlesensdel’amitiéetdébrouillardise,pournepas dire surv ie.Jusqu’àunpoint de basculequi nous embarque dans le tournaged’unfilm de propagande parleministèredelaCulture rêvantdecréer un véritableGazawoodpourproduiredes images qui diront au mondeentierl’enfermement subi !Après Dégradé (2015) et Ga za monamour (2020),les frères Nasser (exilésetopposés au Hamas) participentencore avec talent, originalitéetungrand sens du détail àune production palestinienne quicontribueàluttercontre le silencesur «leplusgrand génocide de l’èremoderne », qu’ils dénonçaientenprésentantleurfilm en mai au Festival de Cannes,oùilaremportéleprixdelamiseen scènedanslasection Un certainregard. ■ J.-M.C

RÉ FL EX ION

Surlefil

Entrerêves,tourments et faiblesses,Libar M. Fofana ausculte la question du choi x. DEPUIS Le Fils de l’arbre,son premierroman,l’écrivain franco-guinéen nous tend le miroirdes réalités,procheset lointaines,qui nous fascinent et nous assiègent. Dans L’ÉtrangeRêved’une femme inachevée,paruen2012, il donnaitnaissance àdeux sœurs siamoises, dont la quêted’identité étaiten réalitéune quêtedeplace. Cettefois-ci,Libar M. Fofana, exilédelonguedateen France, nous parleavecironie d’un croyantfaceà sa rocambolesque destinée Après troisinfarctus,l’imam

SU BV ER SI ON

Le désir en grand

Un essaimêlantanalyse philosophique, perspectives militantes et récits d’expérience. «L APHILOSOPHIE est un sportdecontact.Elledoit provoquer rencontreset frictions, échangesetmise en jeu de soi–unsoi palpable et charnel. »Myriam Bahaffou,chercheuseen philosophie le jour,militante écoféministelanuit(entre autres activitéssecrètes)

–comme elle aime àse définir –, proposeici une nouvelle cartographie de l’érotisme.Laproposition de sonessai se situeentre un fantasme d’émanciper l’énergie amoureuse, de la subvertirdel’intérieur,etune lucidité quifrise le cy nisme lorsque l’on prendconscience desmégamachines de

LIBARM.FOFANA, La Prière du cochon, Galli ma rd,« Cont inents noirs»,174 pages, 20 €

HarounaCissé abesoind’un nouveaucœur. Mais la liste d’attenteetles délais sont très longs. Le choixque lui offrelamédecineva alors bouleversersavie.Encore unefois, l’auteur tisseun récit au fildequestions existentielles.Unva-et-vient entreledésir de liberté, la morale et la foi, àlalisière entrelebienetlemal,làoù lesparadoxes humains règnentenmaîtres. ■ C.F.

MY RIAM BA HA FFOU, Éropolitique :écoféminismes, désirs et révolution, Le Passager clandest in, 288pages,22 €

production du désirdans lesquelles nous sommes tous pris.Depuisson vécu intime, militantetintellectuel, l’autrice tisseune pensée intéressante,oùféminisme, écologie,érotisme, queerness,plaisir et pensée décoloniale coexistent et où l’éropolitiquenousrappelle quelapuissance désirante desindividus et desgroupes estlemoteurdetoute action révolutionnaire. ■ C.F.

OBONGJAYAR au paradis

Le chanteur NIGÉRI AN revient

avec un al bu md ’u ne POP HY BR IDE, person nelle et drôlement bien troussée.

«I want to be part of theband/Foroncecan’t things just go my way/Deep isolationdrive me mad/But it brings outthe colours in me », chante-t-ilsur le très pop« Just My Luck ». Aprèsunpremieralbum prometteur, Some Nights IDream of Doors,Steven Umoh,alias Obongjayar,rev ient aveccesecondeffort quinefaitqu’affirmer sa bouillonante personnalité artistique.Auprogramme,des tubes tout trouvés, comme« SweetDanger» ou «Not In Surrender»,maisaussi uneintrospection narrée au moyend’une orchestrationtrès maîtrisée. Sous la houlette des producteursYetiBeats (Doja Cat),Beach Noise (Kendrick Lamar)etKwesDarko (Pa Salieu), le chanteur né àCalabar mais Londoniend’adoptionse raconteàtravers l’amour, la rupture, le manque, la fête,lasolitude… Mais pastoujours,puisqu’ilinv ite, sur« Talk Olympics»,sacomplice de longuedate, LittleSimz. Bref,un biennommé Paradi se Now ■ S.R

OBONGJAYAR, Paradise Now, Septem berRecord ings/ TheOrchard. Sort ie le 30 ma i.

MODE

Le m ante au PARI S, au de si gn asym ét riqu e et au x ép au le s st ructu ré es

Ef fet solaire et contrasté

Les looks de NU MU D va lorisent les tissus ma liens et jouent avec les coupes occident ales et trad it ionnel les pour un résu lt at ÉCLATA NT.

NUMU D est le nom d’une très jeune marque malienne qui, en langue bambara, évoque l’enfant (dén) du forgeron (noumou). C’est une référence à la famille de la créatrice Sirandou Dianka, issue de la caste des Niamakalah, ou artisans forgerons. L’ancienne directrice de magasin francomalienne, reconvertie à la couture en 2020, rend ainsi hommage à ses racines et revendique sa double culture, qu’elle célèbre. Une culture très pop et dy namique, étant donné qu’elle a grandi en Europe dans les années 1990, bercée par le hip-hop, que l’on retrouve dans son amour du color-block ing, la tendance à combiner des couleurs différentes et frappantes pour créer des st yles contrastés Celle qui, aujourd’hui, vit entre Paris et Bamako trouve

Le c ro p to p KANI MAMOU, qui mê le au da ce, authenti ci té et chi c.
Si ra ndou Di anka, la fo ndatric e de NUM U D.

Le boubou to p DOGO NO, un e revi si te tradimoderne du bo go lan de Ség ou

son inspiration lors de ses voyages. Sa première collection, « KÉLÉ » (« un-e » en bambara), présentée en 2023 au Mali Mode Show, est née après un périple à travers le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Niger, le Togo, le Ghana, le Bénin et le Mali Toutes les pièces en coton biologique malien sont colorées une par une avec des teintures naturelles et éthiques et peuvent être modifiées sur demande selon les préférences chromatiques de la clientèle. Pour sa deuxième ligne, présentée en version capsule à la Nuit du pagne tissé du Ségou’Art en février, elle s’est rendue sur place en avance pour travailler avec les artisans locaux et se nourrir de l’ambiance de la région Appelée « Entre-deux » (cultures, continents, couleurs), la collection introduit le bogolan. Cette fois-ci, Dianka a travaillé avec des teintures à base d’argile et d’écorce d’arbre et un coton malien plus léger, en toile de tissage. La collection pousse aussi plus loin les coupes occidentalisées : « Se situer entre tradition et modernité est un vrai défi pour les jeunes créateurs qui cherchent à valoriser les textiles du continent. Les pantalons, par exemple, restent encore très genrés. Souvent, ils sont en denim alors qu’avec les fibres locales, on peut aussi créer des belles pièces à porter au quotidien. » djoloo.com ■ L.N.

ro be trap èze

La ch em is e CROP MAMOU, pour un look ca su al chic

La
CO LO R BLOCK AWA , au x coul eu rs po p.

Shimmer Chinodya. Hymne à la vie

Le Zi mbabwéen Sh im mer Ch inodya est l’une des voix majeures des lett res afr icai nes. Son dern ier livre vient d’ êt re traduit en frança is. Rencontre.

AM : A qui s’adresse votre œuvre ?

Shimmer Chinodya : À tous ceux qui aiment la littérature et croient que les livres peuvent changer l’humanité. Dans mon pays, mes ouvrages sont étroitement liés aux programmes scolaires officiels et universitaires Ailleurs, mes romans, notamment Harvest of Thorns et St rife, sont considérés comme la voix du réveil politique du Zimbabwe et de l’expérience socioculturelle au sens large. Y a-t- il un épisode déterminant par lequel vous êtes entré en littérature ?

Tout petit, allongé sur la pelouse de la maison de ma mère, j’ai découvert les étoiles, disposées comme une tonne de sucre sur un ciel morne et infini. Déjà à l’époque, j’y entendais le langage étrange et terrible de l’éternité. À l’école primaire, j’ai été séduit par la magie des mots et la poésie rigide des abécédaires Adolescent, j’ai écrit ma propre poésie pubère et j’ai lu avec voracité. Qu ’est-ce qui a changé dans votre écriture et votre regard sur le monde ?

Mon premier roman, Dew in the Morning, est une évocation ly rique et sans complaisance de l’enfance, un témoignage rigoureusement honnête de la tragédie provoquée par les changements socioculturels dans une communauté rurale. Cette sincérité autobiographique ne m’a pas quitté au cours de ma carrière, mais mes œuvres ultérieures sont empreintes d’ironie et de satire comique, car j’essaie de documenter la discorde dans la vie et le destin de mes protagonistes. Cette amertume et cette expérimentation des voix sont év identes dans Peut-on se parler ? et autres hi stoires

Ce recueil de nouvelles interroge le paradoxe du dialogue humain…

voyons des couples tapotant sur leur téléphone portable, se parlant à peine. Une langue s’est développée, le « cellphonese », avec un nouveau vocabulaire pour remplacer notre parole. L’intelligence artificielle s’est emparée du simple art de penser. Les outils de communication et de négociation, les mots, ne cessent d’échouer, et les têtes nucléaires sont prêtes à anéantir la race humaine.

Vous livrez une fresque de votre itinéraire tourmenté, de la Rhodésie au Zimbabwe actuel…

Ce n’est qu’après avoir terminé la rédaction du livre qu’il est apparu que j’avais écrit indirectement sur mon pays depuis ma vie exiguë, surpeuplée et sordide en Rhodésie, dans les années 1960, jusqu’aux exploits de la jeunesse étourdie par l’indépendance d’un Zimbabwe nouveau, mais déjà en pleine décadence, dans les années 1980 et 1990, en passant par le conf lit séculaire entre les croyances traditionnelles et la « modernité ». Aujourd’hui, le pays est tombé dans le même cycle d’oppression, de répression, d’échec économique et de corruption. Ceux qui sont au pouvoir en sont iv res. L’opposition est fragmentée et inefficace La cupidité et l’enrichissement personnel sont les principes du jour. Que ne faut-il pas lâcher quand on est écrivain ?

SH IM ME R CH INODYA , Pe ut-on se parle r ? et autres hi stoire s, Pr ojec t’ îles, 150 pa ge s, 9 €

Au Zimbabwe, et plus largement en Afrique, on n’est pas toujours libre d’écrire ce que l’on veut et comme on le souhaite. Les organes de l’État traquent les artistes, les journalistes et les auteurs qui « offensent » à peine les autorités.

L’écrivain doit faire preuve de subtilité et de camouf lage littéraire. Cela nous prédispose à la comédie, à la satire. Peut-être souffrons-nous trop d’autocensure et devonsnous bander les yeux du censeur ? Pour rien au monde, je ne renoncerais à l’honnêteté et au sens artistique.

Il traite de l’incapacité des êtres humains, quels que soient leur âge, leur sexe et leur vocation, à communiquer. Les mots sont impuissants mais vitaux, ils sont les précieux éléments constitutifs de la civilisation humaine. Aujourd’hui, dans un « monde en développement », nous

S’il était un espace de la joie ?

On le retrouve dans tout mon travail et dans l’écriture zimbabwéenne dans son ensemble. Pour nous, les blagues sont thérapeutiques et sont la seule chose encore libre dans un pays presque vendu. ■ propos recueillis par Catherine Faye

CO MÉ DIE

SUR L’AUTOROUTE DES VACANCES

Une mise en scène AFFECT UEUSE des VOYAGES mouvementés entre proches.

UNE FAMILLE franco-marocaine refait le trajet estival du traditionnel retour au bled dans la R21 Nevada break du grandpère disparu. Un couple mixte embourgeoisé au bord du divorce, leurs deux adolescents bien parisiens et la grand-mère marocaine soucieuse des traditions vont ainsi avoir le temps de renouer les fils d’un dialogue difficile à travers la France et l’Espagne. Le scénario, qui veut casser les clichés, aligne un peu tous les souvenirs partagés par des milliers de familles immigrées en France. Ce road-movie pavé de bonnes intentions fait parfois du surplace, quand il n’abandonne pas certaines pistes en cours de route. Coréalisé par Olivier Dacourt et Nabil Aitakkaouali, il réserve néanmoins quelques bons moments (mention spéciale au comédien belgo-marocain Mourade Zeguendi dans le rôle du cousin bruxellois, qui rejoint le parcours) jusqu’au final dans une campagne marocaine superbe. ■ J.-M.C.

SU R LA ROUTE DE PAPA (France, Maroc), de Nabil Aitak kaouali et Oliv ier Dacour t. Avec Redoua ne Boughera ba, Ca roline Anglade, Fa rida Ouchani En sa lles le 18 ju in

Ci -d essus , le ca stin g pri ncip al.

La Ma is on Akiss i mê le cu si ne du te rroire et œuvres d’ar t.

SP OT S

ez Gio ia fu si onn e les cu ltu re s af

Le Comptoir, de style contemporain, offre un cadre élégant

À ABIDJAN, LES CUISINES MULTIPLES

RÉGIONALE, PA NA FR ICAINE, EU ROPÉEN NE…

Laissez-vous tenter par les saveurs de la mégalopole ivoirienne.

SAVOUR ER une gastronomie résolument locavore, entouré par des œuv res d’art contemporain sélectionnées par la cheffe Prisca Gilbert. C’est cette expérience intime que propose La Maison Akissi, du nom de sa grand-mère et première guide culinaire : un lieu réaménagé de la piscine aux combles pour accueillir une clientèle curieuse, locale et internationale. À la carte, des produits comme le fonio ou le zomi, l’huile de palme rouge béninoise légère et parf umée, travaillés avec des techniques contemporaines. Un plat comme le choukouya, qui parle à toute l’Afrique, est fumé sous cloche au chalumeau Et l’apiti, un accompagnement oublié à base de pâte de banane et de riz, sublime le classique attiéké-poisson fumé Authentique et dépaysant. Chez Gioia, le cocon de vingt couverts inauguré par la cheffe Aurélie Afran en janv ier, la cuisine est un tel plaisir que la carte propose un nouveau plat presque toutes les semaines Même si certaines recettes sont déjà

incontournables, comme le méli-mélo d’aubergine rôtie au miel avec labneh, une pincée de zaatar et pick les de betterave, ou la salade de fonio au kilichi. La céréale ancienne y prend une allure joyeuse de taboulé, serv ie tiède avec la viande séchée chère aux populations nomades. Un plat qui mélange les cultures d’Afrique de l’Est et de l’Ouest. D’ailleurs, la fusion se voit d’abord dans le décor : les murs évoquent Marrakech, les verres viennent du Maroc, la vaisselle en terre cuite est ivoirienne et les assises sont en pagne sénégalais. Vous recherchez plutôt un lieu distingué pour un repas d’affaires contemporain et branché ? Réservez au Comptoir, le petit frère de l’excellent Richard’s, ouvert il y a trois ans au cœur de l’Ivoire Trade Center. Une valeur sûre ! Au déjeuner, on y croise le tout Abidjan, et, le soir, un DJ ambiance les fins de serv ice. @lamaisonakissi _ci instagram.com/gioia.abidjan ivoiretradecenter.com/le-comptoir ■ L.N.

Ch
ricain es, ta nt dans s es pl ats qu e pa r sa déc oration.

AR CH I

Les mains dans la terre

S’en raci ner da ns le passé pour rega rder le futu r, bât ir en jongla nt entre pesa nteu r et grâce : l’approche unique de SA

LI MA NA JI RÉCOMPENSÉE.

L’ARCHITECTE et anthropologue marocaine Salima Naji a récemment remporté le Global Award for Sustainable Architecture pour l’ensemble de son travail. Le prix, créé en 2006 par Jana Revedin avec le soutien de l’Unesco et de Saint-Gobain, encourage l’adoption de solutions durables et promeut les réf lexions innovantes dans le domaine de l’architecture Salima Naji a été récompensée pour l’unicité de son approche, toujours au serv ice des communautés. Dans ses très nombreux petits et grands projets, de son travail sur les anciens greniers collectifs à la réhabilitation de la kasbah Aghanaj à Tiznit, elle a veillé à préser ver le patrimoine culturel vernaculaire, stimulant le développement socio-économique local. La

reconstr uction de la forteresse d’Agadir Oufella, détr uite par un séisme en 1960, offre un parfait exemple de son approche Elle y a utilisé essentiellement des matières locales, rev italisant toute la filière productive, et a introduit des paléo-innovations : elle a notamment dépoussiéré et employé sur le chantier des techniques ancestrales redécouver tes lors des fouilles archéologiques sur place et a réadapté d’anciennes méthodes antisismiques, apprises pendant ses recherches dans le Haut Atlas, pour assurer la solidité du projet à l’aide de bois et de pierres Des interventions fortes et concrètes mais presque invisibles à l’œil pour celle qui considère que « la meilleure architecture est là où l’architecte s’efface » salimanaji.com ■ L.N.

PA RC OU RS

Eliane Umuhire

L’ACTRICE FR ANCO-RWANDAISE déploie son talent sur scène comme à l’écran, dans des projets internationaux, des ÉtatsUnis à la Pologne, insuff lant nuance et complexité à ses rôles. Au dernier Festival de Cannes, elle était la marraine du pavillon Afriques, dédié à développer l’industrie du cinéma africain. propos recueillis par Astrid Krivian

Sa soif des histoires, cette joie de déployer son imaginaire ont fait naître sa passion pour l’art dramatique. Née en 1986 à Kigali, au Rwanda, Eliane Umuhire découv re dès le collège le plaisir d’incarner un personnage au théâtre. « Mes camarades de classe, d’habitude chahuteurs, devenaient silencieux quand je prenais la parole. Une autre énergie se créait. » Plus tard, à l’université, elle intègre les deux principales compagnies de théâtre de la capitale : Mashirika Performing Arts et Ishyo Arts Center, créées par des femmes, en pleine reconstruction du pays après le génocide des Tutsi. « Elles m’ont aidée à porter ma voix de femme artiste. La scène a cette force d’unir, de nous faire vivre un moment commun qui nous permet de réfléchir, de rire. Mon expérience s’inspire beaucoup de mon pays, de mon peuple, qui a su se relever. »

Elle se perfectionne en Tunisie, au Centre arabo-africain de formation et de recherches théâtrales du théâtre El Hamra de Tunis, auprès de l’éminent comédien et metteur en scène Ezzedine Gannoun. La rigueur, l’exigence de ce dernier lui apprennent à approfondir chaque scène. Puis, à l’International Theatre de New York, le coach Robert Castle lui enseigne, plus qu’une méthode d’acteur, une philosophie de vie : la pleine conscience de l’instant présent, l’écoute de son corps, de ses émotions. « Être actrice n’est pas seulement un métier, c’est un art de vivre. On ne peut créer qu’en étant présent, en lien, en empathie avec les autres et avec nous-même. Cela permet aussi de faire d’autres expériences, d’exister en tant qu’être humain au-delà de mon travail. »

Son rôle principal dans le film polonais Bird s are singing in Kigali lui offre une reconnaissance internationale en 2017 Depuis, elle alterne projets sur les planches, séries, cinéma – de la superproduction américaine Sans un bruit : jour 1 (2024) au film d’auteur Augure de Baloji, primé à Cannes en 2023 « J’incarnais une femme congolaise contemporaine dans toute sa complexité Longtemps, les personnages féminins dits du Sud global étaient pétris de stéréoty pes : soit elles subissaient l’histoire, soit elles étaient ultrafortes. Je veux contribuer au changement des représentations, et ainsi inspirer d’autres femmes »

Au Festival de Cannes cette année, Eliane Umuhire était la marraine du pavillon Afriques Fondé par Karine Barclais, ce lieu promeut le cinéma du continent et de sa diaspora, contribue à développer sa visibilité à l’international ainsi que l’industrie ; il permet aux professionnels du secteur de projeter leurs œuvres, de rencontrer des investisseurs (producteurs, distributeurs…), d’encourager les coopérations, de valoriser un pays comme destination de tournage Il organise des masterclass, des projections, des tables rondes « Le Sénégal a ouvert un fonds dédié au financement des cinéastes africains. On a besoin de telles initiatives » Le pavillon a rendu honneur au grand réalisateur malien, feu Souley mane Cissé, avec le film Hommage d’une fille à son père, de sa fille Fatou Cissé. « Son discours est toujours valable aujourd’hui. La première tâche des cinéastes africains, disait-il, est de montrer qu’ici, il y a des humains, et que l’on doit partager nos valeurs avec les autres » ■

«Être

actrice est un art de vivre. On ne peut créer qu’en étant présent, en lien, en empathie avec les autres et avec nous-même.»

Contem po ra in , en pr is e avec ce cont inent qui ch an ge, ouvert su rl em on de d’aujourd’hu i, es tvot re ren dez- vous mens uel in di spen sabl e.

ABONNEZ-VOUS!

● Directementsur le site afriquemagazine.com www.afriquemagazine.com/abonnement- papier

● Ou parlebiais denotre prestataireaveclebulletinci- dessous

BULLETIN ÀRETOURNER SOUSENVELOPPEAFFRANCHIE, ET ACCOMPAGNÉ DE VOTRERÈGLEMENT À : ABONN'ESCIENT - TBSGROUP SERVICEABONNEMENT/AFRIQUEMAGAZINE 20 RUE ROUGETDE LISLE –92130 ISSY- LES -MOULINEAUX –FRANCE TÉL.: (33) 140942222–FAX :(33)140942232 –E-MAIL : afriquemagazine@cometcom.fr

Je choisis mon tari f:

❏ FR ANCE (1 AN): 39 €

❏ ÉTRANGER(1AN) :49 €

Je choisis mon règlement (eneuros uniquement) àl ’ordre de AM Ipar :

❏ Chèque bancaire

❏ Virement: CIC ParisÉtoilesEntreprises

IBAN :FR763006 6109130002026140 277

BIC :CMCIFRPP

Signatureobligatoire

UNE IMAGE…

Le co nt ine nt af ri ca in , vu d’aill eu rs … Qu i n’a pas ente ndu de s in epti es comm e « C’est un t rè s gr and pay s, ma is qui ne s’en so rt pa s, c’es t tr is te » ou en co re « Le s Af ricai ns so nt bo ns en mu si qu e et en sp or t, mais c’est to ut » ?

L’im age de l’Af ri que li ée in exorab le me nt à la pa uvreté et la vio le nc e ex is te de pu is de s dé ce nni es et se mb le fi gé e dan s le te mp s. En Eu ro pe , et pl us en cor e au x États -U nis , le s méd ias ne pa rl en t ja mai s du con ti nen t no ir si ce n’es t po ur mon tr er de s ph otos d’en fa nt s ma l nu tris lors de fa mi ne s, ou de vio le nc es au mom ent d’ él ec tion s ou d’at te ntat s. Ja mais un re por ta ge su r un archit ec te ta le nt ue ux , un e fe mm e d’af fa ir es q ui ré us si t et cr ée de s emp loi s, un ar tis te co nt em por ain qui re nc on tr e le su cc ès , un ét ud ia nt su rd ou é, un sc ie nt if iq ue qu i fa it avanc er le mond e, un mi lli arda ire phi lanth ro pe En co ns éq ue nc e, on im ag ine une fa us se Af ri qu e, sa ns éli te, sa ns t al en ts , sa ns fo rt un es , sa ns av eni r. Un e Af riqu e où l’on ne par t pa s en va can ce s car on n’en vo it pas l’ inté rêt, un contin ent auqu el on ne s’ inté re sse pas , qu e l’on crai nt et qui ne sé du it pa s. Da ns le s mi li eu x « non initi és », on va mê me ju sq u’ à vo us p l ai ndre lor squ e vo us devez vo us y re nd re po ur travai ll er Vo us av ez be au pa rle r de s pl ag es de rê ve s, de s hô te ls lu xu eu x, de la va ri ét é de s me ts dé li c ie ux , de s amb ian ce s in croyab le s, l’ento urag e se montre très sc ep tiqu e, in créd ul e. Alo rs ou i, c’est sû re me nt la fa ute de s méd ias , mais au ssi de l’ab se nc e de cu rio sité enve rs ce qu e l’on ne con na ît pas , ce qui est lo in , di ff ér en t, compliq ué. Un e me ntal ité as se z dé ses pé ra nte.

L’im mi gr ati on , co mpo sé e la plu p ar t du te mp s d’Af ricain s sim pl es et pe u fo rt un és qu i vi enn en t cherche r du travail , et vé ritab le bê te no ire de s sy stèm es ré ac ti onnair es q ui s’ in st al le nt en Oc cid en t, pa rt icip e au ssi pr ob ab le me nt à l’ im ag e fa us se et tr on qu ée du contin ent.

Ma is af in de ch an ge r ce re ga rd su r le s pay s af ricain s, ou to ut au moi ns de le fa ir e év ol ue r po si ti ve me nt , pe ut- êt re de vr ai en t- il s ap pr en dr e à mi eu x « se ve ndre », à me tt re en avant le urs atou ts , à compren dre qu e déve lopp er so n sof t powe r ne prése nte qu e de s avanta ge s po ur un État.

Une bo nn e ré pu ta ti on app or te de s de vi se s, de s inve st is se me nt s, un e vrai e plac e da ns le con ce rt de s nati o ns , un e vo ix qui co mp te, ce qu i manq ue en core à la pl upar t de s nati on s du co nt in ent, mê me pu is sa nte s dan s la so us -r ég ion El le s do iv en t tr av ers er pl us loi n le s fronti ères , montrer au mond e enti er qu ’e ll es ne pe uv ent en au cu n ca s êt re ré dui te s à ce tte vi si on dé ses pé ré me nt ré du ct ric e qui le ur co ll e à la pea u. ■

PA

AM vous a offert les premières pages de notre parution de Juin

Profitez de nos offres

d'abonnements pour accéder à la totalité de nos magazines et bien plus encore

Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.