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Câest devenu un dĂ©bat permanent Ă la fois rationnel et irrationnel : le poids de la Chine en Afrique. En quelques annĂ©es, lâempire du Milieu sâest imposĂ© comme le premier partenaire du continent africain. Dans le domaine particuliĂšrement crucial des infrastructures, la Chine est devenue le principal bailleur bilatĂ©ral, avec un montant qui excĂšde les financements combinĂ©s de la Banque africaine de dĂ©veloppement (BAD), de lâUnion europĂ©enne, de la SociĂ©tĂ© financiĂšre internationale (IFC), de la Banque mondiale et du G8 ! Il y a Ă©videmment la dette, importante, mais aussi lâinvestissement direct extĂ©rieur (IDE). LâIDE chinois en Afrique sâĂ©lĂšverait Ă prĂšs de 300 milliards de dollars entre 2005 et 2018, selon le groupe de rĂ©flexion American Enterprise Institute (AEI). Et puis il y a ce mĂ©ga-grand plan des nouvelles routes de la soie dans lequel lâAfrique joue un rĂŽle clĂ©. Bref, faisons-nous face Ă une nouvelle colonisation, plus ou moins subtile, Ă une mise sous tutelle Ă©conomique via une vague incontrĂŽlable de capitaux, de prĂȘts, dâinvestissements, de contrats et de contraintes ? La question mĂ©rite dâĂȘtre posĂ©e. La Chine nâest pas une puissance angĂ©lique, elle dĂ©fend ses intĂ©rĂȘts Ă long terme. Lâavantage, câest que cette stratĂ©gie permet aussi de rĂ©pondre Ă des besoins cruciaux de lâAfrique, au moment oĂč les pays occidentaux et les bailleurs traditionnels sont aux abonnĂ©s plus ou moins absents⊠Ce cap Ă lâest pris par lâAfrique nâest pas une option. Pour reprendre un fameux raccourci historique, le XIXe siĂšcle aura Ă©tĂ© europĂ©en, le XXe siĂšcle amĂ©ricain, et le XXIe siĂšcle sera asiatique (et peut-ĂȘtre un peu africain aussi). LâAsie sera le centre de gravitĂ© du futur, le cĆur de lâĂ©conomie, du commerce, de lâinnovation (pour le meilleur et pour le pire, comme le montrent les avancĂ©es chinoises en termes de reconnaissance faciale de masse). LâAsie reprĂ©sente dĂ©jĂ dĂ©mographiquement la moitiĂ© de lâhumanitĂ©. PrĂšs de 5 milliards dâhabitants dont 1,4 milliard de Chinois et presque autant dâIndiens.
Dâici Ă 2050, les pays asiatiques contribueront pour plus de la moitiĂ© Ă la production Ă©conomique mondiale. Et par leurs poids Ă©conomique et dĂ©mographique, ils vont progressivement jouer un rĂŽle majeur dans la rĂ©solution des dĂ©fis globaux : rĂ©gulation financiĂšre internationale, changement climatique, nouveaux modĂšles Ă©nergĂ©tiques, risques technologiques, insĂ©curitĂ© alimentaire⊠Dans ce contexte, rien ne prouve que la Chine sâimpose comme la puissance ultra-dominante. On a parlĂ© de lâInde, Ă©videmment. Selon le chercheur Parag Khanna (auteur de The Future Is Asian*), « la Chine, par le biais de nouvelles routes de la soie, va faire monter des puissances rĂ©gionales qui vont attĂ©nuer sa propre hĂ©gĂ©monie.
LâAsie retournera alors Ă ce quâelle a toujours Ă©tĂ© historiquement, un Ă©quilibre multipolaire de puissances ». Pour lâAfrique, le choix est donc clair, il faudra sâarrimer Ă cette zone dâexpansion massive.
On voit dĂ©jĂ Ă quel point les pays de la façade est du continent, Djibouti et le Kenya en particulier, bĂ©nĂ©ficient de lâĂ©nergie en provenance de lâEst. Et si, dĂ©mographiquement, le XXIe siĂšcle sera asiatique, il sera aussi africain : la population de lâAfrique sera de 2 Ă 3 milliards Ă lâhorizon 2050 puis 4,4 milliards en 2100. En clair, lâAsie et lâAfrique reprĂ©senteront 80 % des ĂȘtres humains Ă la fin du siĂšcle ! Il y a forcĂ©ment une grande stratĂ©gie Ă mettre en Ćuvre, une alliance des continents qui serait mutuellement favorable et historiquement rĂ©volutionnaire. Reste Ă lâAfrique Ă dĂ©montrer sa capacitĂ© Ă mieux dĂ©fendre ses intĂ©rĂȘts. Dans la nĂ©gociation, elle nâest pas dĂ©munie : elle a des ressources, des matiĂšres premiĂšres, des perspectives de croissance. Les bons contrats restent possibles, favorisant la crĂ©ation dâemplois, le transfert de technologies, le respect des normes environnementales. Comme le soulignait la chercheuse FolashadĂ© SoulĂ© dans Le Monde du 14 fĂ©vrier, câest avant tout, cĂŽtĂ© africain, une question de gouvernance. La fameuse gouvernance, Ă©lĂ©ment clĂ©, central, de notre futur ! â
* The Future Is Asian, de Parag Khanna, Simon & Schuster, 2019.



3 ĂDITO
Cap Ă lâest par Zyad Limam
6 Livres : Le dormeur Ă gages de Tahar Ben Jelloun par Catherine Faye
8 Ăcrans : Une zone franchement drĂŽle par Jean-Marie Chazeau
10 Musique : Muthoni Drummer Queen, girl power ! par Sophie Rosemont
12 Agenda : Le meilleur de la culture par Loraine Adam et Catherine Faye.
15 CâEST COMMENT ? Oui ou non ? par Emmanuelle PontiĂ©
16 PARCOURS
Germaine Acogny par Astrid Krivian
36 CE QUE JâAI APPRIS
Harry Roselmack par Fouzia Marouf
98 VINGT QUESTIONS ĂâŠ
Laurence Fishburne par Fouzia Marouf
18 Abdelaziz Bouteflika
Un destin algĂ©rien, la fin dâune Ă©poque par Zyad Limam
30 Le franc CFA, notre meilleur ennemi ? par Cédric Gouverneur
38 Benghazi
La vie aprĂšs la guerre par Maryline Dumas
46 Le gazoduc Nigeria-Maroc ira-t-il au bout ? par Julie Chaudier
52 Le couscous, graines de concorde par Frida Dahmani
58 ToutĂąnkhamon : LâĂ©toile Ă©phĂ©mĂšre par Catherine Faye
78 Salif Keita
« LâexpĂ©rience mâa apaisĂ© » par Astrid Krivian
84 Rania Benchegra American dream par Fouzia Marouf
66
LâĂ©mergence en danger par Jean-Michel Meyer








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88 Escapades : Addis-Abeba le parfum de la « nouvelle fleur » par Luisa Nannipieri
91 Carrefours : Nadine Engelbrecht pense lâhabitat de demain par Luisa Nannipieri
92 Fashion : Diarrablu, lâĂ©lĂ©gance de lâalgĂšbre par Luisa Nannipieri
94 Bien nourrir son intestin, la clĂ© de lâĂ©quilibre
95 Pour vous soigner au naturel, optez pour les huiles essentielles
96 Lutter contre les acouphĂšnes
97 Articulations qui font mal : on agit !


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« LâINSOMNIE », Tahar Ben Jelloun, Gallimard, 272 pages, 20 âŹ.
LâĂ©crivain franco-marocain revient avec un THRILLER rocambolesque dans lequel il aborde les nuits blanches de son hĂ©ros avec cynisme et humour noir.
par
Catherine Faye
« JâAI TUĂ MA MĂRE. Un oreiller sur le visage. Jâai appuyĂ© un peu. Elle nâa mĂȘme pas gigotĂ©. Elle a cessĂ© de respirer. Câest tout. Ensuite jâai dormi, longtemps, profondĂ©ment. » Commencer un roman par une telle attaque est un pari risquĂ©. Pas pour Tahar Ben Jelloun, 74 ans, qui nâa cessĂ© de construire une Ćuvre multiforme et propose ici un texte trĂšs diffĂ©rent de tout ce quâil a Ă©crit jusquâĂ prĂ©sent. Lâhistoire ? Un scĂ©nariste de Tanger, grand insomniaque, dĂ©couvre que pour
pouvoir enfin bien dormir il lui faut tuer quelquâun. Sa mĂšre est sa premiĂšre victime. HĂ©las, avec le temps, lâeffet sâestompe. Il doit rĂ©cidiver. Plus sa victime est une personne importante, plus il dort. Et câest lâescalade. On dĂ©couvre alors que sa femme, quâil dĂ©teste, est Ă lâorigine de ses insomnies. Se libĂ©rer dâelle serait donc en rĂ©alitĂ© le seul remĂšde Ă ses nuits blanches. Il en est incapable. Cette haine est dâailleurs rĂ©ciproque : elle aussi veut le tuer. Mais elle se montre plus forte que lui. Il a beau se prendre pour un tueur impitoyable et un brillant scĂ©nariste, il se fait avoir par cette femme apparemment insignifiante, qui utilise toutes les ressources imaginables pour le maintenir dans une relation de dĂ©pendance. Dans ce roman dâun dormeur Ă gages, Tahar Ben Jelloun aborde un mal courant qui touche des millions de personnes, lâinsomnie. Mais il y interroge Ă©galement la complexitĂ© des relations entre les individus et le rĂ©el, avec malice, fantaisie et mĂȘme une pointe dâambiguĂŻtĂ©. Son narrateur est-il dâailleurs vĂ©ritablement un tueur ou ne raconte-t-il pas tout simplement les scĂ©narios quâil Ă©labore durant ses nuits sans sommeil ?
Prix Goncourt 1987 pour La Nuit sacrĂ©e, lâauteur de LâEnfant de sable (1985) et du Bonheur conjugal (2012) est lâĂ©crivain francophone le plus traduit dans le monde. La publication en 1973 de Harrouda, son premier roman, avait fait scandale car il abordait le tabou de la sexualitĂ©. Depuis, son Ćuvre est ancrĂ©e dans les mĂ©andres de la sociĂ©tĂ© marocaine, ses problĂšmes et ses violences. Du reste, dâoĂč lui est venue lâidĂ©e de cette fable grinçante ? « Lâinsomnie est pour moi une vieille compagne, elle vient du traumatisme de ma dĂ©tention dans une prison militaire au Maroc, il y a cinquante ans. » Un Ă©pisode sur lequel il revient dans son prĂ©cĂ©dent roman La Punition, paru lâannĂ©e derniĂšre.
Pour parler de lâinsomnie, il sâest dâabord intĂ©ressĂ© Ă Marcel Proust et Ă Franz Kafka, deux grands insomniaques. Mais, peu Ă peu, il comprend que pour traiter dâun sujet aussi grave il faut que ce soit lĂ©ger et drĂŽle. « Lâhumour noir est la seule chose qui peut nous sauver. » Voici donc venu le temps pour cet Ă©crivain, aussi poĂšte et peintre Ă ses heures, de sâamuser un peu. « Sâil vous plaĂźt⊠Un petit peu de sommeil⊠Un petit peu de cette douce et agrĂ©able absence⊠» Ă©crit-il dans ce roman qui lui permet aussi dâaborder, en filigrane, le sujet dĂ©licat de la mort. Car dormir, nâest-ce pas accepter de lĂącher prise ? De laisser mourir un peu de soi ? En tout cas, une chose est sĂ»re, son hĂ©ros, ce criminel sympathique, dort vraiment, lui, Ă lâissue de chacun de ses meurtres. La boucle est bouclĂ©e. â
roman
PROTĂGER
OU MOURIR
« ON LEUR a donnĂ© quinze jours. Quinze jours et une certaine quantitĂ© dâivoire Ă rapporter. » Câest une guerre bien particuliĂšre entre braconniers et rangers qui va se jouer entre le delta de lâOkavango et la riviĂšre Chobe, au Botswana. LĂ , les animaux, et en particulier les Ă©lĂ©phants, y ont trouvĂ© un refuge contre la barbarie. Des hommes y veillent nuit et jour, comme Seretse, qui travaille pour le gouvernement
premier roman DĂSIR
DâENFANT
YEJIDE ET AKIN forment un couple harmonieux, ils ont tout pour ĂȘtre heureux. Tout sauf un enfant. Yejide a essayĂ©, en vain. Lorsquâune dĂ©lĂ©gation familiale se prĂ©sente Ă sa porte escortant une seconde Ă©pouse pour sauver lâhonneur dâAkin, câest au-dessus de ses forces. Commence alors pour elle un parcours de combattante pour sauver son couple, dans un contexte de chaos politique. Traduit dans 18 pays, ce rĂ©cit tragi-


« IVOIRE », Niels Labuzan, JC LattĂšs, 250 pages, 18 âŹ.
botswanĂ©en, Erin, qui a quittĂ© la France pour vivre dans une rĂ©serve, ou encore Bojosi, ancien braconnier reconverti en garde. Ce roman inspirĂ© pose une question nĂ©cessaire : que signifierait un monde sans animaux sauvages ? â C.F.


RESTEAVEC MOI
« RESTE AVEC MOI », AyĂČbĂĄmi AdĂ©bĂĄyĂČ, Charleston, 320 pages, 22,50 âŹ.
comique, oĂč alternent les points de vue de lâĂ©pouse et du mari, propulse la jeune auteure nigĂ©riane, qui a Ă©tudiĂ© lâĂ©criture aux cĂŽtĂ©s de Chimamanda Ngozi Adichie, sur la scĂšne littĂ©raire internationale. â C.F.
Clemantine Wamariya a Ă©tĂ© nommĂ©e au conseil du musĂ©e du MĂ©morial de lâHolocauste de Washington par Barack Obama.




« LA FILLE AU SOURIRE DE PERLES », Clemantine Wamariya et Elizabeth Weil, Les Escales, 312 pages, 20,90 âŹ.
NĂE Ă KIGALI, Clemantine Wamariya a 6 ans quand le conflit rwandais Ă©clate en 1994. Avec sa sĆur, elle fuit les massacres et traverse sept pays dâAfrique. Recueillie par un couple aisĂ© Ă Chicago, elle dĂ©couvre soudain une tout autre rĂ©alitĂ©, devient pom-pom girl, fait de brillantes Ă©tudes qui la mĂšnent jusquâĂ Yale. Un vĂ©ritable rĂȘve amĂ©ricain⊠Mais comment se reconstruire aprĂšs lâenfer ? Quel sens donner Ă son histoire ? Aujourdâhui militante pour les droits de lâhomme, elle publie le rĂ©cit de sa vie. Un tĂ©moignage qui nous incite Ă regarder au-delĂ du statut de victime. â C.F.


« KATANGA, TOME III : DISPERSION », Sylvain VallĂ©e et Fabien Nury, Dargaud, 68 pages, 16,95 âŹ.
COURSES-POURSUITES, fusillades et rebondissements, on retrouve tout ce qui fait le sel des prĂ©cĂ©dents volumes de cette trilogie. Une plongĂ©e en BD dans la crise katangaise, entre guerre dâindĂ©pendance et chasse aux diamants. On y rencontre des mercenaires impitoyables, des hommes politiques corrompus, dâanciens nazis, des victimes annoncĂ©es⊠LâĆuvre est basĂ©e sur des faits historiques prĂ©cis, le propos est quasi documentaire. Un rĂ©cit violent, iconoclaste et pour autant jubilatoire. â C.F.

Raconter le choc des cultures entre des jeunes Parisiens branchĂ©s et les habitants dĂ©brouillards des citĂ©s : câest le PARI RĂUSSI de Mohamed Hamidi pour dĂ©passer les clichĂ©s avec le sourire. par Jean-Marie Chazeau
FORT DU SUCCĂS de La Vache (plus dâun million dâentrĂ©es en France en 2016), le rĂ©alisateur franco-algĂ©rien joue de nouveau sur lâopposition des contraires : aprĂšs le bled et la France, câest Paris et sa banlieue. Lâhistoire dâune entreprise de communication qui a longtemps profitĂ© des avantages fiscaux quâoffre une zone franche, La Courneuve, en y installant⊠une simple boĂźte aux lettres. SommĂ© par les services des impĂŽts dây emmĂ©nager vraiment sous peine de devoir rembourser plusieurs millions, Fred, le bouillant dirigeant de cette petite sociĂ©tĂ© (excellent Gilles Lellouche), emmĂšne ses salariĂ©s de lâautre cĂŽtĂ© du pĂ©riphĂ©rique. Ils y dĂ©couvrent les voitures brĂ»lĂ©es (le tournage a eu lieu avant les gilets jaunes sur les Champs-ĂlysĂ©esâŠ), les incivilitĂ©s,


« JUSQUâICI TOUT
VA BIEN », (France) de Mohamed Hamidi. Avec Gilles Lellouche, Malik Bentalha, Sabrina Ouazani.
les magouilles, les gangs et les trafics de drogue⊠mais ce nâest jamais trĂšs mĂ©chant ni violent. Un regard bienveillant qui nâempĂȘche pas de provoquer le rire : câest la force des situations et des comĂ©diens. Les Parisiens bon teint dĂ©barquent avec leurs prĂ©jugĂ©s, mĂȘme une beurette qui a pris du galon y revient Ă reculons (lumineuse Sabrina Ouazani). Le casting du recrutement local imposĂ© pour la zone franche donne lieu Ă une galerie de portraits trĂšs drĂŽle. En passeur de ces deux mondes, le trĂšs lunaire Samy (Malik Bentalha, ex-Jamel Comedy Club, vu dans Pattaya et Taxi 5) fait parfois glisser le film vers la comĂ©die romantique, sans miĂšvrerie. Pas vraiment un pamphlet, tant le film insiste sur ce qui fonctionne au-delĂ du pĂ©riph : solidaritĂ©, gĂ©nĂ©rositĂ©, adaptabilitĂ©. Un peu trop idĂ©aliste ? Câest ce quâon se demande, vingtcinq ans aprĂšs La Haine, quand surgit seulement Ă la fin, comme un avertissement, le titre du film⊠â
PETITE PALESTINIENNE dâun camp de rĂ©fugiĂ©s Ă Beyrouth, Wardi dĂ©couvre lâhistoire des siens depuis 1948, lâannĂ©e de la catastrophe (la Nakba) pour les 700 000 Palestiniens expulsĂ©s Ă la crĂ©ation de lâĂtat dâIsraĂ«l. Un jour, son arriĂšre-grand-pĂšre lui confie la clĂ© de sa maison en GalilĂ©e et une porte sur bien des souvenirs. Dans ce film, les flash-back sont animĂ©s en 2D, les personnages sont des marionnettes dâune trĂšs fine expressivitĂ© et le dĂ©cor

du camp trĂšs rĂ©aliste. LĂ -bas, en 70 ans, « la seule chose qui a changĂ©, ce sont les tours : Ă chaque nouvelle gĂ©nĂ©ration, un Ă©tage ». PoĂ©tique et politique Ă la fois, pour petits et grands. â J.-M.C.

PRĂSENTĂ AU DERNIER FESTIVAL de Toronto, câest le premier film nigĂ©rian sĂ©lectionnĂ© par la plateforme Netflix. RĂ©alisĂ©, produit et coĂ©crit par une star de Nollywood, Genevieve Nnaji, qui incarne elle-mĂȘme la fille du patron dâune entreprise de transport (Lionheart), ambitieuse mais respectueuse de son pĂšre. Quand elle pense pouvoir lui succĂ©der, la compagnie est au bord de la faillite⊠On sourit et on suit avec plaisir les tribulations de la superbe et magnĂ©tique hĂ©roĂŻne, qui sâimpose en douceur dans un monde machiste et corrompu. Les (courtes) sĂ©quences de priĂšres Ă©vangĂ©liques et de musiques signalent quâon est bien dans un film made in Nollywood, mais sans perdre le spectateur qui nâen a pas les codes. En prime, les vues aĂ©riennes dâEnugu montrent un Nigeria affairĂ© et moderne, mĂȘme loin de Lagos. â J.-M.C. « LIONHEART » (Nigeria) de Genevieve Nnaji. Avec elle-mĂȘme, Nkem Owoh, Peter Edochie.

documentaire Papa, pourquoi ?
Wardi et son arriĂšre-grand-pĂšre ou comment transmettre son histoire Ă travers les gĂ©nĂ©rations et dans lâexil.
« WARDI » (NorvÚge-France-SuÚde) de Mats Grorud Avec pour la VF les voix de Pauline Ziadé, Aïssa Maïga, Saïd Amadis.

LE RĂALISATEUR ALASSANE DIAGO rend visite Ă sa mĂšre, quâil avait filmĂ©e en 2009 dans Les Larmes de lâĂ©migration. Dans la cour de sa maison au SĂ©nĂ©gal, elle raconte sa rĂ©signation (« câest la volontĂ© divine ») et sa tristesse dâavoir vu partir son mari, qui nâest jamais revenu. Le cinĂ©aste, qui nâapparaĂźt pas Ă lâimage, se rend ensuite au Gabon, Ă la rencontre de ce pĂšre qui y a fondĂ© un autre foyer. Lâhomme parle trĂšs peu mais se laisse filmer dans son quotidien, et face camĂ©ra il Ă©coute ce fils retrouvĂ© tardivement, sans effusion, plus quâil ne lui rĂ©pond. Il faut attendre prĂšs dâune heure pour que soit posĂ©e la question qui fĂąche : « Pourquoi as-tu abandonnĂ© ta famille ? » De cette lente confrontation rugueuse naĂźt une formidable Ă©motion qui cueille le spectateur quand il ne sây attend pas. â J.-M.C. « RENCONTRER MON PĂRE » (France) dâAlassane Diago.
Pour son troisiÚme album, la chanteuse kenyane affirme pour de bon son féminisme et sa passion pour la musique urbaine. Incomparable.
par Sophie Rosemont

« JE REPRĂSENTE une femme africaine puissante. Jâai inventĂ© (et continue dâinventer) une vie sur des chemins artistiques moins frĂ©quentĂ©s. Je pense que jâaide les gens Ă imaginer leur propre grandeur. Jâaime ça. » Mesdames et messieurs, bienvenue dans lâunivers haut en couleur de Muthoni Ndonga, la musicienne la plus enthousiasmante du Kenya dâaujourdâhui. Son audace verbale est au diapason de sa musique, fĂ©ministe, secouĂ©e de rythmes intransigeants et de mĂ©lodies sensationnelles. En effet, son nouvel album, She, brosse le portrait de battantes. « Kenyan Message » donne la parole Ă une doctoresse engagĂ©e, « Million Voice » nous plonge dans la peau dâune rĂ©fugiĂ©e somalienne, « Caged Bird » rend hommage Ă son Ă©crivaine de prĂ©dilection, Maya Angelou⊠Elle, Muthoni, domine le terrain avec son flow tour Ă tour langoureux et fĂ©roce, mĂȘlant sans complexe ses influences RânâBâ, hip-hop, reggae, afrotrap et soul. Sur un titre comme « Squad Up », on entend mĂȘme du rockânâroll diablement Ă©lectrique. Muthoni ne manque pas dâinspiration, elle a fait de sa plume une arme, au mĂȘme titre que son timbre vocal. Issue dâun milieu modeste, elle a dĂ» faire preuve de pugnacitĂ© pour occuper la scĂšne, mĂȘme si elle rĂȘve depuis toute petite dâĂȘtre sous le feu des projecteurs. Câest Whitney Houston qui lâa fait


« SHE
», Muthoni Drummer Queen, Yotanka Records
vibrer pour la premiĂšre fois : « Le contrĂŽle de sa voix et son look averti dans âI Wanna Dance With Somebodyâ mâont vraiment impressionnĂ©e. Je voulais absolument chanter comme elle ! » Quelques annĂ©es plus tard, elle dĂ©couvre ce quâest le show scĂ©nique grĂące Ă Michael Jackson : « Ce nâest que par les clips et des extraits dâĂ©missions tĂ©lĂ©visĂ©es que jâai pu rĂ©aliser Ă quel point la danse et les costumes Ă©taient bons ! Quâil pouvait chanter et danser tout en ayant cette prĂ©sence plus grande encore que la scĂšne oĂč il Ă©voluait. » DâoĂč un irrĂ©sistible amour du beat, quâelle pratique avec ses talents de percussionniste et quâelle cultive aujourdâhui aux cĂŽtĂ©s du duo de producteurs suisses avec lesquels elle façonne ses chansons, GR! & Hook. Ensemble, ils ont enregistrĂ© She lors de sessions bootcamp en Suisse. Entre-temps, elle a Ă©tudiĂ© les relations internationales et la philosophie Ă lâUnited States International University Africa, au Kenya, et a fondĂ© le festival Blankets & Wine Ă NairobiâŠ
Ces jours-ci, Muthoni est dâailleurs dans la capitale kenyane avec GR! & Hook pour imaginer de nouvelles chansons. Pas du genre Ă se reposer sur ses lauriers, lâartiste compte bien continuer Ă prouver que rap et fĂ©minisme font bon mĂ©nage. â

COUSUE DE FIL DâOR
Avec Thread of gold, le trio dâHejira revient en beautĂ©.
DĂS LE TITRE « Save it for Another », une pop Ă©thĂ©rĂ©e et intimiste jaillit toute en suspension⊠AprĂšs le dĂ©cĂšs de son pĂšre, la chanteuse dâHejira, Rahel Debebe-Dessalegne, est partie Ă la recherche de ses racines en Ăthiopie. Câest lĂ quâelle a imaginĂ© ces nouvelles chansons et quâelle a convoquĂ© le reste du groupe afin de les enregistrer. On retrouve bien la fusion habituelle entre folk, jazz et pop classieuse, mais avec une prĂ©sence plus intellectualisĂ©e des influences africaines du trio. Le rĂ©sultat porte bien son nom : oui, les chansons sont ourlĂ©es dâor par la somptueuse voix de Rahel mais aussi par une instrumentation de haute voltige. â S.R. « THREAD OF GOLD », Hejira, Limo Lima Records/Big Wax Distribution
ANITA FARMINE PERSEPOLIS MUSICAL

DE LâIRAN quittĂ© en 1979 Ă OrlĂ©ans, en passant par les terres algĂ©riennes et Dunkerque, cette multi-instrumentiste accomplie chante en français, en anglais mais aussi en persan. Pour son troisiĂšme album, Seasons, elle prĂ©serve cette recette magique parfaitement assortie Ă son timbre chaleureux et Ă son amour des rythmiques â sans oublier la guitare Ă©lectrique quâelle se plaĂźt Ă convoquer, histoire de bousculer une ou deux ritournelles⊠Lâexil, les deuils, le temps qui passe et les nouveaux dĂ©parts nourrissent, de loin en loin, les chansons de cet album qui se veut avant tout intemporel. â S.R. « SEASONS », Anita Farmine, PalapapaĂŻ Prod
ELLE HABITE le sud de Londres, mais ses origines se situent entre le Zimbabwe et les Pays-Bas. Depuis la sortie de son premier album en 2014, The Wild, The Wilderness, on mise beaucoup sur cette artiste aussi bien influencĂ©e par Paul Simon que par Eurythmics et Santigold. Avec son afropop engagĂ©e sous influence dancehall, Rina Mushonga allie lâorganique et lâĂ©lectro en faisant preuve dâun sens innĂ© des rythmes. De « Pipe Dreamz » à « Jungles » en passant par lâaddictif « 4qrts », In a Galaxy rĂ©sonne fort et juste, entre contes africains, mythologie grecque et transes occidentales. â S.R. « IN A GALAXY », Rina Mushonga, Pias





ON NE PRĂSENTE plus le duo ghanĂ©en formĂ© par M3nsa et Wanlov the Kubolor, qui, depuis douze ans et cinq albums, rĂ©ussit Ă dominer les classements de la pop continentale. Aujourdâhui, ils proposent un EP bref mais intense : dans le bien nommĂ© Afrobeats Lol, Fokn Bois sâamuse Ă explorer le rap et lâĂ©lectro dans leurs recoins les plus inattendus. EnregistrĂ© entre Accra, Budapest, Londres et Yokohama, ce nouveau disque tĂ©moigne dâun sens de la mĂ©lodie sâaffirmant aussi bien en studio que sur le dance floor. â S.R. « AFROBEATS LOL », Fokn Bois, Idol


Place aux jeunes artistes, tels Janet Siringwani-Nyabeze (Ă g.) et Troy Makasa (Ă dr.).


redessinent et interrogent lâactualitĂ© de leur pays.
VINGT-NEUF ARTISTES DU ZIMBABWE ont interrogĂ© pendant sept mois la vie quotidienne de leur pays, mais aussi leur sociĂ©tĂ© Ă travers la peinture, sur le thĂšme « peindre Ă la fin dâune Ă©poque ». Five Bhobh (Ă prononcer « five bob »), câest le tarif Ă payer quâannoncent les chauffeurs de kombi (minibus) au Zimbabwe, une fois les passagers entassĂ©s Ă lâintĂ©rieur. Câest aussi le nom donnĂ© Ă cette exposition, oĂč chaque artiste sâest glissĂ© dans la peau dâun passager au cĆur de cet engin-nation, pour dĂ©peindre les multiples questionnements que soulĂšve une pĂ©riode de grande peur. Les Ćuvres interrogent lâactualitĂ©, inventent mille et un avenirs, racontent des histoires imbriquĂ©es les unes dans les autres. Un voyage chaotique et prĂ©gnant au cĆur de la vie quotidienne zimbabwĂ©enne, dans le plus grand musĂ©e dâArt contemporain africain du monde. â C.F. « FIVE BHOBH â PAINTING AT THE END OF AN ERA », musĂ©e Zeitz Mocaa, au Cap, Afrique du Sud, jusquâau 31 mars. zeitzmocaa.museumw
La 4e édition du festival Africa Bass Culture (ABC) se tient du 1er au 10 mars Ă Ouagadougou et continue du 15 au 17 mars Ă Bobo-Dioulasso. Bien plus quâun rendez-vous musical, ABC rĂ©unit lâAfrique digitale Ă travers des ateliers, des performances, des soirĂ©es DJ-VJ⊠Cette manifestation, lieu de rencontres avantgardiste, est le carrefour artistique de lâafro-Ă©lectro sur le continent ! â « FESTIVAL AFRICA BASS CULTURE (ABC) », Institut français de Ouagadougou, du 1er au 10 mars 2019 ; Institut français de Bobo-Dioulasso, du 15 au 17 mars 2019.

Des livres mĂȘlant texte et dessin, jamais Ă©ditĂ©s, sortent enfin au grand jour.
LA FONDATION MARTIN BODMER et le musĂ©e dâArt moderne et contemporain de GenĂšve proposent « Cahiers Ă©crits, dessinĂ©s, inimprimĂ©s », qui rĂ©unit des ouvrages dâartistes, dâĂ©crivains ou de philosophes jamais imprimĂ©s mais suffisamment travaillĂ©s pour ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des livres Ă exemplaire unique. OĂč parentĂ©s graphiques et familiaritĂ©s visuelles Ă©tablissent des passerelles entre diffĂ©rents univers Ă©crits, dessinĂ©s, tracĂ©s ou coloriĂ©s tels ceux du Franco-Suisse Marcel Miracle et de lâIvoirien FrĂ©dĂ©ric Bruly BouabrĂ© (1923-2014). Celui qui, suite Ă une « rĂ©vĂ©lation divine », archiva le monde contemporain Ă la façon dâun entomologiste, glanant traces du rĂ©el et du spirituel. Une cosmogonie quâil consignait en milliers de dessins rĂ©alisĂ©s aux stylo Ă bille et crayons de couleur sur du papier cartonnĂ© de petit format. Un immense artiste africain qui, grĂące Ă son invention de lâalphabet bĂ©tĂ©, avait dĂšs 1958, bien avant lâheure du succĂšs, retenu lâattention du grand savant, naturaliste et anthropologue ThĂ©odore Monod. â L.A. « CAHIERS ĂCRITS, DESSINĂS, INIMPRIMĂS », Fondation Bodmer, GenĂšve, Suisse, jusquâau 25 aoĂ»t 2019. fondationbodmer.ch

Le festival ABC, un haut lieu de la musique digitale.


commémoration
Le Mucem revient sur ces 29Â jours qui, il y
a huit ans, ont entraßné la chute de BEN ALI.
Au programme, des photos dâarchives et des caricatures. Ă©vĂ©nement
LâEXPOSITION PRĂSENTĂE AU MUCEM (Ă Marseille) est une adaptation de « Before the fourteenth, instant tunisien â Archives de la rĂ©volution », inaugurĂ©e au MusĂ©e national du Bardo, prĂšs de Tunis, le 14 janvier (jusquâau 31 mars), Ă lâoccasion du 8e anniversaire de la rĂ©volution tunisienne. Elle en retrace les moments historiques, entre lâimmolation par le feu du jeune vendeur de rue Mohamed Bouazizi (17 dĂ©cembre 2010) et la fuite du prĂ©sident Zine el-Abidine Ben Ali (14 janvier 2011) aprĂšs vingt-trois ans de pouvoir sans partage. Vingt-neuf jours dĂ©cisifs qui racontent la rĂ©volution. SpontanĂ©e, indĂ©pendante de toute idĂ©ologie et sans guides politiques, celle-ci a trouvĂ© son expression dans lâimage et a inaugurĂ© le mariage des nouvelles technologies et de la rue, introduisant un nouveau mode de mobilisation et dâaction politique, de nouvelles expressions artistiques. Lâexposition sâarticule autour dâun vaste fonds dâarchives : vidĂ©os, photos, blogs, statuts Facebook, articles de journaux, enregistrements de tĂ©moins, caricatures, graffitis, slogans, dessins, poĂšmes et chansons, et aussi communiquĂ©s et dĂ©clarations de la sociĂ©tĂ© civile, collectĂ©s Ă travers tout le pays. â C.F. « INSTANT TUNISIEN, ARCHIVES DE LA RĂVOLUTION », Mucem, Marseille, du 20 mars au 30 septembre 2019. mucem.org

Une fleur dâacier, de verre et de bĂ©ton de fibres pour incarner la puissance qatarie.
Le
MusĂ©e national nous plonge dans lâhistoire

APRĂS EMMANUEL MACRON, qui avait inaugurĂ© le Louvre Abou Dhabi avec lâhomme fort des Ămirats arabes unis, cheikh Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, en novembre 2017, câest au tour du Premier ministre français, Ădouard Philippe, de se rendre Ă Doha, ce 28 mars, pour couper le ruban rouge du nouveau musĂ©e emblĂ©matique qatari, sous le haut patronage de lâĂ©mir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani. Un musĂ©e de 40 000 m2, en forme de rose des sables, imaginĂ© par lâarchitecte Jean Nouvel et construit autour du palais historique, qui vient dâĂȘtre restaurĂ©. ConcrĂštement, le MusĂ©e national, dont la directrice nâest autre que la sĆur de lâĂ©mir, cheikha Al-Mayassa, prĂ©sidente de Qatar Museums Authority, exposera des Ćuvres contemporaines dâartistes qataris et internationaux, des objets rares et prĂ©cieux, parmi lesquels le cĂ©lĂšbre tapis de perles commandĂ© par le maharajah de Baroda en 1865, ornĂ© de plus de 1,5 million de perles du golfe Persique (Ă©meraudes, diamants, saphirs), et offrira une expĂ©rience immersive dans lâhistoire du Qatar, allant de 700000 avant JĂ©susChrist Ă nos jours, le long de plus de 2 km de galeries. Lâart de la dĂ©mesure⊠â C.F.
« NATIONAL MUSEUM OF QATAR », Doha, Qatar. qm.org.qa
Conçu pour accompagner la montée en compétences des talents africains,
de lâentreprise de renforcer leurs expertises mĂ©tiers.
professionnels externes. Depuis peu, il propose également


LE PARTAGE DâEXPĂRIENCE
AU SERVICE DE LâEXCELLENCE
OPĂRATIONNELLE
500 PARTICIPANTS
22 FORMATEURS
7 PAYS REPRĂSENTĂS EN 2018, 791 PERSONNES 183
BĂ©nĂ©ficiant dâune renommĂ©e internationale, le CFPP sâappuie sur lâexpertise de formateurs
sein des équipes de Bolloré Transport & Logistics. Ils sont sélectionnés pour leurs compétences, leur rigueur mais aussi pour leur capacité à transmettre leur savoir-faire avec passion. Le CFPP propose en outre des programmes sur-mesure en adéquation
des professionnels en formation.

DES CERTIFICATIONS INTERNATIONALES, GAGES DE QUALITà à ce titre, le centre est par ailleurs réguliÚrement
UN ACCOMPAGNEMENT EN FAVEUR DE LâALPHABĂTISATION
Au-delĂ de la formation initiale, le CFPP sâest vocation principale de faciliter lâintĂ©gration sociale compter au moyen de supports numĂ©riques.

Ămilien Konan, Formateur au sein du CFPP tĂ©moigne :
« Les collaborateurs que nous accueillons au CFPP peuvent sâexercer Ă leur rythme au moyen dâune application simple dâutilisation. Nous veillons tout particuliĂšrement Ă les accompagner durant leur apprentissage en instaurant un suivi rĂ©gulier mĂȘme aprĂšs
Les cours quâils reçoivent leur apportent
quotidienne. Voulant ĂȘtre un employeur de de contribuer au dĂ©veloppement
Emmanuelle Pontié

On connaĂźt, trĂšs spĂ©cifiquement en Afrique centrale, le syndrome de la porte fermĂ©e et la lueur de bonheur quâon lit dans la pupille du portier observant avec dĂ©lice la file dâattente qui sâest formĂ©e devant telle administration, telle ambassade, tel grand magasin ou tel stade. Un grand classique : la porte Ă double battant ouverte Ă moitiĂ© pour que les gens sâĂ©crasent les uns contre les autres en la franchissant, ou celle qui se ferme quinze minutes avant lâhoraire prĂ©vu, claquĂ©e pile au nez dâune pauvre retardataire qui croyait (Ă juste titre) ĂȘtre dans les temps. Le maĂźtre de la porte, hĂ©ritier dâune once de pouvoir ponctuel, petit havre de plaisir dans son quotidien bien terne, en use et en abuse. Normal. Il a lâimmense pouvoir de dire non. On connaĂźt encore le vendeur renfrognĂ©, derriĂšre son Ă©tal de lĂ©gumes au marchĂ© presque content de ne pas avoir les avocats que vous cherchez. Ou encore le fonctionnaire ravi de vous annoncer, aprĂšs vos quarante-cinq minutes de queue, que les timbres fiscaux sont en rupture⊠Bref, le non bien frontal, trĂšs bantou et un brin caractĂ©riel, câest presque culturel. Il rabat le caquet Ă©ventuel du client fortunĂ© ou pressĂ©, de celui qui croit que la vie est facile, et que lâon doit satisfaire ses dĂ©sirs, alors que le petit employĂ©, lui, il souffre. Plus loin, disons globalement en Afrique de lâOuest, on se heurte Ă un autre type de non, beaucoup moins direct, peut-ĂȘtre plus subtil, fruit dâune culture bien diffĂ©rente, celle du « faux oui ». En gros, quoi que vous demandiez ou souhaitiez, on vous rĂ©pond oui neuf fois sur dix, avec un grand sourire vissĂ© sur le visage. Ce qui, dĂ©jĂ , crĂ©e une ambiance plus conviviale. Certes. Pourtant, avec le temps, vous vous rendez compte que les oui tardent Ă ĂȘtre suivis dâeffets. On vous dit « bien sĂ»r, je vais vous trouver ça », et, aprĂšs plusieurs relances, votre interlocuteur continue Ă vous jurer sur tous les saints quâil nây a pas de problĂšme, que

câest sĂ»r, ça va le faire⊠Mais, rien. Idem pour une signature, que lâon vous promet tous les jours, et qui souvent ne vient jamais. Bref le « faux oui » se transforme vite en un « vrai non » qui ne dit pas son nom. DiffĂ©rents cieux, diffĂ©rentes mĆurs. AprĂšs, chacun ses goĂ»ts. Le visiteur, touriste ou homme dâaffaires, a le choix. Vaut-il mieux se heurter Ă un non direct ou ĂȘtre baladĂ© pendant des jours par un faux oui ?
Le truc, câest de ne pas perdre de vue, quâĂ Dakar comme Ă Douala, obtenir un vrai oui, ce nâest pas toujours facile. Que ce soit pour cause dâimpuissance non avouĂ©e ou le fruit dâun caractĂšre rebelle, câest quand mĂȘme, au final, un goĂ»t immodĂ©rĂ© pour le non qui prĂ©domine. Quâon se le dise ! â
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Dakar comme Ă Douala, obtenir un vrai oui, ce nâest pas toujours facile.
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