

Abidjan dans le viseur du FBI
Des agents du FBI ont discrètement débarqué à Abidjan pour enquêter sur un vaste réseau de financements occultes, soupçonné d’alimenter le Hezbollah libanais depuis la Côte d’Ivoire Plusieurs millions d’euros transiteraient par des circuits liés à des hommes d’affaires libanais installés dans le pays. Une enquête conjointe avec les services ivoiriens, américains et marocains, qui place Abidjan au cœur d’une affaire sensible mêlant terrorisme, géopolitique et flux financiers opaques.

ASSALÉ DANS LE VISEUR : LA REVANCHE DES IMPOSTEURS
Par Israël GUÉBO. Directeur des Rédactions
On ne s’en prend jamais autant à un homme que lorsqu’il menace un système. Depuis plusieurs semaines, une campagne d’un genre particulier s’est subtilement installée dans l’espace public ivoirien : une entreprise de décrédibilisation sourde, perverse, calculée, visant à transformer Assalé Tiémoko en bourreau, et Komé Bakary en victime d’un complot imaginaire. L’affaire Komé, bien plus qu’un dossier foncier, est en train de devenir le théâtre d’une guerre narrative, où la vérité peine à se frayer un chemin entre les ambitions, les mensonges et les manipulations.
Il faut que tout soit inversé. Il faut que celui qui alerte devienne suspect. Que le journaliste intègre devienne l’homme à abattre. Que l’élu populaire devienne l’oppresseur. C’est cette architecture toxique que l’on voit se mettre en place, lentement, mais sûrement, dans cette affaire qui oppose un certain Komé Bakary au passé administratif flou à un système judiciaire aujourd’hui saisi, et à un homme public devenu cible : Assalé Tiémoko
Car il ne s’agit plus ici de défendre un terrain ou un titre foncier. Il s’agit de briser une voix. Une voix qui dérange. Une voix qui ne s’est jamais contentée de l’indignation en ligne, mais qui a creusé, fouillé, révélé, documenté. Une voix qui a résisté aux compromissions, assumé ses responsabilités, et porté des faits lourds devant l’opinion et la justice.
Aujourd’hui, ce travail est retourné contre son auteur. Une opération de communication souterraine, menée par cercles interposés, se déploie pour semer le doute, brouiller les lignes, et installer une image : celle d’un Assalé Tiémoko froid, inflexible, insensible au "supplice" d’un Komé désormais en pleurs devant les caméras Une stratégie classique mais efficace : substituer l’émotion à la preuve, l’apitoiement à la cohérence, l’opinion à la procédure.
Mais ce que cette mise en scène oublie, c’est que les faits résistent au vacarme. Komé Bakary, au fil des ans, a été sollicité par les journalistes pour livrer sa version. Il a répondu par intermittence, a fourni une procuration, puis s’est tu Il a donné rendez-vous, puis n’est jamais venu Il a été interrogé sur ses documents d’état civil, mais s’est réfugié dans le silence
Aujourd’hui, il revient, non pas devant les juges, mais dans les salons, les arrière-salles, les réunions privées, les vidéos virales, pour raconter sa "vérité". Or la vérité ne se proclame pas, elle se prouve.
Ce que cette affaire révèle, au fond, ce n’est pas un combat judiciaire classique C’est la volonté systémique d’étouffer la probité Assalé Tiémoko n’est pas visé uniquement en tant que maire, journaliste ou probable candidat Il est visé en tant que symbole Parce qu’il incarne une posture qui ne transige pas Parce qu’il fait partie de ces figures que le vieux système ne peut ni acheter, ni corrompre, ni faire taire. Alors il faut le salir. Il faut "créer du doute", comme on dit en communication de crise. Et espérer que le public s’y perde.
Mais cette manœuvre est aussi désespérée que grossière. Car l’opinion ivoirienne n’est plus aussi malléable. Elle a vu. Elle a compris. Elle sait lire les ficelles. Elle sait reconnaître un homme qui agit de celui qui joue à l’innocent. Elle sait qu’il y a un monde entre la transparence douloureuse d’un combat pour la justice, et la théâtralisation d’un contre-récit bâti sur des silences, des falsifications, et des revirements tardifs
Cette affaire, plus que jamais, doit rester un combat pour la vérité Et la vérité, elle, ne se négocie pas
Ce n’est pas seulement Assalé Tiémoko que l’on cherche à abattre. C’est l’idée même qu’une autre politique est possible. Une politique fondée sur les faits, sur le courage, sur la justice. Une politique qui refuse les arrangements entre amis, les ententes de couloir et les stratégies de manipulation.
Alors oui, il faut écrire. Il faut dire. Il faut dénoncer cette orchestration de la confusion. Car le silence, lui, serait complice Et dans ce pays où l’on a trop souvent laissé les voix droites être déformées, il est temps que la vérité ne soit plus seule

LA CÔTE D’IVOIRE LÈVE 82,5 MILLIARDS FCFA SUR LE MARCHÉ OBLIGATAIRE
L’État de Côte d’Ivoire a levé avec succès 82,5 milliards de francs CFA lors de son adjudication de bons et obligations assimilables du Trésor organisée ce mardi sur le marché financier régional de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA).
L’opération, qui portait initialement sur un montant global de 75 milliards FCFA, a suscité un fort intérêt des investisseurs avec des soumissions totales atteignant 103,485 milliards FCFA. Ce niveau de demande se traduit par un taux de couverture remarquable de 137,98 %, témoignant de la confiance des marchés envers la signature ivoirienne
L’État a finalement retenu 82,5 milliards FCFA de soumissions, soit un taux d’absorption global de 79,72%, dépassant ainsi son objectif initial de 10 %.
L’adjudication portait sur quatre instruments financiers de maturités différentes Les bons du Trésor à 364 jours ont représenté l’essentiel de la levée avec 65,093 milliards FCFA retenus sur 85,578 milliards demandés, à un taux marginal de 6,5998 %.
Les obligations à 3 ans ont permis de mobiliser 7,772 milliards FCFA sur 8,272 milliards proposés, à un prix marginal de 95 %, tandis que les obligations à 7 ans ont été intégralement retenues pour 9,635 milliards FCFA à un prix marginal de 92 %. Aucune soumission n’a été enregistrée pour les obligations à 5 ans
Directeur de Publication : Israël Guébo
Secrétaire de rédaction : Jemima Kessié
Direction Artistique : Félix Ancien
Participation majoritairement ivoirienne
L’analyse par pays révèle une forte participation des investisseurs ivoiriens, qui représentent la quasi-totalité des soumissions retenues avec 75,261 milliards FCFA. Le Burkina Faso suit avec 5,088 milliards FCFA, tandis que le Bénin participe modestement avec 2,149 milliards FCFA.
Au total, 18 participants ont déposé 27 soumissions pour les bons à court terme, tandis que 8 investisseurs ont soumissionné sur les obligations de moyen et long terme.
Les rendements moyens pondérés s’établissent à 7,02 % pour les bons à un an, 7,61 % pour les obligations à 3 ans et 7,51 % pour celles à 7 ans, reflétant les conditions actuelles du marché obligataire régional.
La date de valeur de cette émission est fixée au 28 mai 2025, avec des échéances s’échelonnant du 26 mai 2026 au 21 mai 2032 selon les instruments.
ApaNews
Rédacteurs : Arthur Debi, Kledjeni Tayou, Tchimou Berenger, Bainguié Jean-François, Koffi Étile, Teiko Célestin, Vincent Gnamessou, Joël Koné
Abidjan soir est édité par l’Institut Africain des Médias (IAM)
11 VÉHICULES IMPLIQUÉS, 4 MORTS : HORREUR SUR LA VOIE EXPRESS
Ce mardi 27 mai 2025, une tragédie évitable a plongé l’axe Yopougon-Adjamé dans l’horreur. Un grave accident de la circulation, impliquant au moins 11 véhicules, a coûté la vie à quatre personnes brûlées vives et blessé vingt-et-une autres sur la voie express non loin de la forêt du Banco.
À l’origine du drame, selon plusieurs témoins et les premières analyses sur place, un dépassement hasardeux d’un minibus « Gbaka », ayant provoqué un carambolage en chaîne Un camion, pris dans l’impact, a violemment percuté un autre véhicule qui a pris feu. Les quatre victimes, coincées à l’intérieur, n’ont eu aucune chance de s’en sortir.
« Les flammes étaient intenses, les cris insupportables. Certains pleuraient. C’était l’enfer sur terre », témoigne un habitant du quartier, encore sous le choc.
Les secours, bien que mobilisés rapidement, n’ont pu empêcher la propagation des flammes. L’arrivée des sapeurs-pompiers a permis de maîtriser l’incendie, mais le mal était déjà fait. 19 des 21 blessés ont été évacués au CHU de Yopougon, selon un communiqué officiel du Ministère des Transports
Ce n’est pas la première fois que cette portion de route est le théâtre de drames.

Un appel à la vigilance et aux sanctions exemplaires
En attendant les conclusions de l’enquête, les autorités appellent à la plus grande prudence sur les routes et recommandent aux automobilistes d’emprunter le 4ᵉ pont ou l’ancienne route de Dabou jusqu’au rétablissement complet de la circulation
Au-delà du choc, ce drame relance le débat sur l’impunité des chauffeurs de transport urbain, souvent auteurs de comportements à haut risque sans véritables sanctions dissuasives Tant que ces pratiques perdureront, la route continuera d’être un cimetière à ciel ouvert.
Philomène Tourey

À ABIDJAN, LE FBI SUR LA PISTE D’UN FINANCEMENT DU HEZBOLLAH LIBANAIS
Les enquêteurs s’intéressent à des circuits financiers de plusieurs millions d’euros, entre des réseaux d’affaires libanais établis en Côte d’Ivoire et le Hezbollah. Explications.
Selon nos informations, une équipe du FBI est arrivée à Abidjan au cours de la semaine du 19 mai afin de mener des investigations sur des financements du Hezbollah évalués à plusieurs millions d’euros, via des réseaux d’affaires libanais établis dans le pays
L’enquête est menée conjointement par les services de renseignements ivoiriens et le bureau régional du FBI basé au sein de l’ambassade américaine de Dakar. Cette affaire, très sensible, leur a été révélée par la Direction générale des études et de la documentation, le renseignement extérieur marocain, dirigé par Mohamed Yassine Mansouri.
Réseau de l’État islamique démantelé
Après le déclenchement de la guerre entre Israël et le Hamas, et entre Israël et le Hezbollah, en octobre 2023, les transactions venant d’Afrique de l’Ouest, où est établi un réseau d’influence pro-Hezbollah dans la communauté libanaise, font l’objet d’une vigilance accrue de la part des services de renseignements occidentaux et marocains
Ceux-ci étaient restés, au cours de ces derniers mois, en alerte sur la Côte d’Ivoire, bien que dans ce pays, les connexions entre certains milieux libanais et le Hezbollah étaient moins importantes
L’équipe d’enquêteurs du FBI est dirigée par Colin McGuire, le directeur Afrique de l’Ouest, qui n’en est pas à sa première collaboration avec Abidjan En juillet 2024, peu avant l’ouverture des Jeux olympiques de Paris, la Côte d’Ivoire avait démantelé un petit groupe de terroristes de l’État islamique venus d’Irak pour préparer une attaque dans la capitale française.
Des Syriens et des Irakiens avaient été interpellés et remis au FBI sur le tarmac de l’aéroport militaire d’Abidjan. Jessica Davis Ba, l’ambassadrice des ÉtatsUnis à Abidjan, avait salué publiquement la qualité de la coopération sécuritaire. Depuis plusieurs années, les ministres Téné Birahima Ouattara (Défense) et Vagondo Diomandé (Sécurité) sont particulièrement attentifs aux activités de financement de la grande criminalité transfrontalière et de la lutte contre le terrorisme.
Jeune Afrique