Alexandre Lafitte
ROI DES STADES D’ABIDJAN
Il est jeune, discret, méthodique… et désormais champion de Côte d’Ivoire. À 28 ans, Alexandre Lafitte a redonné vie au Stade d’Abidjan, décrochant un titre attendu depuis plus d’un demi-siècle. L’histoire d’un entraîneur atypique qui a su imposer sa vision dans le tumulte du football africain. Une ascension fulgurante, bâtie loin des projecteurs — mais pleine de promesses.
SÉCURITÉ SANITAIRE : LES ÉTATS-UNIS ET LA CÔTE D’IVOIRE MISENT SUR
L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
C’est un partenariat stratégique qui s’intensifie. L’Ambassade des États-Unis en Côte d’Ivoire et le Ministère de la Santé ont lancé ce lundi à Abidjan un atelier de haut niveau sur la sécurité sanitaire mondiale, placé sous le thème :« Tirer parti des données pour améliorer les vies – Intelligence artificielle et praticiens de la santé ».
Cette initiative commune vise à renforcer les capacités nationales en matière de gouvernance sanitaire, à travers une meilleure exploitation des données et des technologies émergentes, notamment l’intelligence artificielle (IA) La cérémonie d’ouverture a été présidée par le Chargé d’Affaires américain, Junaid Munir, aux côtés du Dr. Coulibaly Soltié, Directeur de Cabinet adjoint du Ministère de la Santé.
« Cet atelier prolonge la dynamique des formations virtuelles réussies de l’année dernière Il reflète notre volonté commune de mieux gérer la santé et la sécurité pour tous », a déclaré M. Munir.
« Ensemble, nous construisons des systèmes qui protègent des vies, ici en Côte d’Ivoire, mais aussi aux États-Unis et au-delà »
Une semaine d’échanges entre experts Animé par Hannah Cooper, experte en santé mondiale et Directrice Générale du cabinet Cooper/Smith, l’atelier s’étale sur cinq jours (du 19 au 23 mai) au sein de l’American Center de l’Ambassade
Quatre sessions de formation sont prévues à l’attention des professionnels de santé, ainsi que
Directeur de Publication : Israël Guébo
Secrétaire de rédaction : Jemima Kessié
Direction Artistique : Félix Ancien
des visites dans trois institutions médicales du pays.
L’objectif : présenter des approches innovantes pour prévenir, détecter et répondre aux menaces sanitaires, en s’appuyant sur l’IA et l’analyse de données
En marge des ateliers, Mme Cooper mènera également des échanges techniques avec l’Ordre National des Médecins et l’UFR des Sciences Médicales de l’Université Félix Houphouët-Boigny, avant de soumettre un rapport de recommandations au Ministère de la Santé.
Une coopération technologique et éthique
Au-delà des outils technologiques, les échanges aborderont également des questions cruciales telles que la gouvernance des données, l’éthique médicale et les enjeux politiques liés à l’usage de l’intelligence artificielle en santé publique.
Ce programme, soutenu par le Département d’État américain, témoigne d’une volonté affirmée de construire des systèmes de santé durables, intelligents et résilients, dans un contexte où la prévention des pandémies et la sécurité sanitaire mondiale sont devenues des priorités partagées. Philomène Tourey
Rédacteurs : Arthur Debi, Kledjeni Tayou, Tchimou Berenger, Bainguié Jean-François, Koffi Étile, Teiko Célestin, Vincent Gnamessou, Joël Koné
Abidjan soir est édité par l’Institut Africain des Médias (IAM)
MATCA : LES SOCIÉTAIRES DÉPOSSÉDÉS, L’ÉTAT IMPOSE SA TUTELLE
Ce n’est plus un simple désaccord interne. Ce qui se joue à la Mutuelle d’Assurance des Taxis-Compteurs d’Abidjan (MATCA) dépasse aujourd’hui les querelles de succession. En moins de 24 heures, une décision venue d’en haut a bouleversé l’équilibre déjà fragile de cette institution emblématique du secteur du transport urbain : l’État, via le ministère du Budget et la CIMA, a placé la MATCA sous administration provisoire.
Dicko Balamine, désigné administrateur provisoire, prend désormais les commandes d’une mutuelle fondée – et jusqu’ici pilotée – par les chauffeurs eux-mêmes. Sa nomination, entérinée au lendemain des violents affrontements survenus au siège du Plateau le 19 mai 2025, signe une reprise en main assumée par les autorités. De la crise interne à la reprise de contrôle La MATCA traverse une crise ouverte depuis plusieurs semaines. La destitution de l’ancien directeur général, Élie Guedou Ousmane, poursuivi pour des malversations présumées, a laissé un vide rapidement exploité par des camps rivaux. Séri Kanon Roger, censé assurer l’intérim, est aujourd’hui contesté, notamment par les proches de son prédécesseur. Lundi, des hommes armés sont intervenus pour disperser des sociétaires venus réclamer une assemblée générale régulière Des coups de feu, des blessés et une image ternie d’une structure autrefois symbole d’organisation autonome des chauffeurs.
La colère des sociétaires
Face à ce qu’ils perçoivent comme une mise sous tutelle déguisée, les membres du Collectif des Sociétaires des Taxis-Compteurs d’Abidjan ont réagi avec vigueur. Dans un communiqué publié le
20 mai, ils dénoncent des « manœuvres inacceptables et illégitimes » orchestrées, selon eux, par des individus extérieurs à la mutuelle, y compris « certains ministres » accusés de vouloir imposer une direction sans légitimité.
« La MATCA appartient aux chauffeurs. Ce sont eux qui l’ont bâtie Ce sont eux qui doivent décider » Pour les sociétaires, le fond du problème est clair : la dépossession progressive des chauffeurs de leur outil collectif, au profit de logiques administratives et politiques qui ne reflètent ni leurs attentes ni leurs besoins.
Une mission à haut risque pour Dicko Balamine
Le nouvel administrateur provisoire, Dicko Balamine, hérite d’un terrain miné. Sa mission : restaurer la stabilité, évaluer la situation financière, et préparer une sortie de crise Officiellement nommé par la Conférence Interafricaine des Marchés d’Assurances (CIMA), il devra naviguer entre méfiance des sociétaires, urgence de réformes et pression politique. Sa mission, définie par la tutelle, s'articule autour de trois axes principaux : D’abord, un audit complet devra être conduit pour établir un diagnostic rigoureux de la situation financière, administrative et institutionnelle de la mutuelle. >>>>>
Au Vatican, la Côte d’Ivoire soigne sa diplomatie spirituelle
En envoyant l’un de ses plus hauts représentants à la messe inaugurale du pontificat du Pape Léon XIV, la Côte d’Ivoire a marqué sa volonté de renforcer ses liens avec le Saint-Siège. Le dimanche 18 mai, sur la place Saint-Pierre à Rome, le ministre d’État Patrick Achi, conseiller spécial du Président de la République, a porté la voix d’Abidjan devant la communauté catholique mondiale.
Accompagné d’Anne Désirée Ouloto, ministre d’État et ministre de la Fonction publique, Patrick Achi a pris part à cette cérémonie solennelle en tant qu’émissaire personnel du président Alassane Ouattara Au-delà du geste protocolaire, cette présence témoigne d’un positionnement stratégique : celui d’un État attaché aux valeurs de dialogue interreligieux, de paix et d’ouverture
>>>>> Ce travail permettra de comprendre les dérives passées et de poser les bases d’une réorganisation crédible.
Ensuite, il lui reviendra de relancer les services essentiels destinés aux assurés – ces milliers de chauffeurs de taxis-compteurs qui, aujourd’hui encore, se sentent abandonnés par une structure censée les protéger. Il s’agira de rétablir la confiance et de garantir la continuité des prestations, dans un esprit de transparence.
Enfin, il devra préparer les conditions d’un retour à une gouvernance normale, fondée sur des élections démocratiques, apaisées, et sur un respect strict des textes qui régissent la vie de la mutuelle. L’objectif : redonner la parole aux sociétaires, tout en consolidant l’institution Mais encore faudra-t-il que les chauffeurs acceptent ce nouvel épisode comme une transition, et non comme une dépossession définitive.
Philomène Tourey
Dans un message transmis au nom du chef de l’État, le ministre d’État a exprimé la reconnaissance de la nation ivoirienne envers le Vatican, formulant des vœux de sagesse et de force pour le nouveau pape dans l’exercice de sa mission : « Nous prions pour que l’Esprit Saint éclaire Sa Sainteté le Pape Léon XIV, raffermisse les liens fraternels entre le Vatican et la Côte d’Ivoire, et le fortifie dans sa haute mission apostolique. »
La participation de la délégation ivoirienne à cet événement majeur s’inscrit dans une diplomatie religieuse discrète mais affirmée, qui vise à maintenir la Côte d’Ivoire au cœur des équilibres internationaux, en valorisant sa tradition de coexistence pacifique entre les confessions.
Élu le 8 mai dernier, le nouveau souverain pontife, Léon XIV – de son nom civil Robert Francis Prevost – est un cardinal américain originaire de Chicago Avant son élection, il dirigeait le Dicastère pour les évêques au Vatican Son avènement intervient dans un contexte d’enjeux globaux croissants pour l’Église catholique, entre mutations géopolitiques, crises sociales et défis spirituels
Alors que des milliers de fidèles étaient rassemblés place Saint-Pierre pour cette messe d’intronisation, la Côte d’Ivoire a fait entendre, par-delà les prières, une voix politique de respect et d’amitié diplomatique, tournée vers l’avenir et les ponts à construire entre les nations PT
ALEXANDRE LAFITTE, L’ENFANT DE BOUGUE DEVENU ROI
D’ABIDJAN
À seulement 28 ans, Alexandre Lafitte vient d’inscrire son nom dans l’histoire du football ivoirien. En offrant au Stade d’Abidjan son premier titre de champion national depuis 1969, le jeune technicien français, originaire de Bougue dans les Landes, vient de réussir un exploit que même les clubs les mieux armés n’ont pu accomplir ces dernières années.
Ce sacre du 18 mai 2025, acquis au terme d’une victoire maîtrisée (3-0) contre Lys Sassandra, scelle deux années de travail intense et silencieux. Deux années durant lesquelles Lafitte n’a cessé de démontrer qu’un entraîneur peut faire autorité sans palmarès de joueur professionnel, à condition d’avoir des idées, du courage… et du caractère.
Le plus jeune coach de première division au monde
Quand il débarque à Abidjan en janvier 2023, peu auraient parié sur lui. À 26 ans, le Français devient alors le plus jeune entraîneur de première division au monde. Un record qui soulève plus de scepticisme que d’enthousiasme. Pourtant, en quelques mois, le jeune technicien renverse la tendance Il impose un style de jeu clair, offensif, inspiré de la philosophie de Guardiola, structure son staff local avec méthode, assume les fonctions d’un manager complet et redonne espoir à un club à la dérive.
« Je voulais être numéro 1 En France, c’est compliqué quand on est jeune. Je suis allé chercher ce poste à l’étranger. », se rappelle Alexandre Lafitte
Formé dans l’ombre du Paris FC féminin ou à Gueugnon, Alexandre Lafitte n’a jamais eu peur de prendre des chemins de traverse. Sans avoir connu les pelouses professionnelles, il a vite enchaîné les diplômes, les responsabilités et les sacrifices. Parti très tôt de France, il a construit son projet sur le terrain au sens littéral
Manager à l’ivoirienne, pression à la minute
À Abidjan, Lafitte découvre un environnement exaltant, mais exigeant Des embouteillages étouffants aux réalités d’un championnat où « toutes les équipes se valent » et où les infrastructures restent à parfaire, l’adaptation est rude. Mais il tient bon. Mieux : il s’épanouit. >>>>>>
>>>>>> « Je fais les recrutements, je gère le sportif
C’est fatigant, mais c’est formateur. Ici, il faut être adaptable, réactif, lucide. »
En deux saisons, il devient plus qu’un entraîneur : un meneur, un bâtisseur, un professionnel respecté dans un pays où le football est une religion. Son accueil à l’aéroport d’Abidjan par une foule de supporters, dès sa prise de fonction, a donné le ton. Il n’a plus jamais quitté leur cœur.
Un football intelligent et exigeant
Son Stade d’Abidjan joue, presse, construit, fait vibrer. L’équipe séduit les suiveurs du championnat ivoirien, à tel point qu’un analyste dira sur les réseaux : « Le Stade d’Abidjan est une équipe TRÈS plaisante à regarder »
Et les résultats suivent : vice-champion dès sa première saison, puis champion national en 2025, avec en prime une qualification historique en Ligue des Champions africaine.
Parmi ses révélations, Eroine Agnikoi, jeune défenseur de 18 ans, désormais dans les radars européens après avoir brillé avec la sélection U23. Un symbole du flair et du travail de Lafitte.
Et maintenant ?
Son contrat s’achève en juin. L’avenir est ouvert. L’Europe frappe déjà à la porte – Portugal, Belgique, France. Et lui ne cache pas ses ambitions : « Je veux revenir en Europe, dans un projet structuré, où je pourrai mettre en place une haute performance. »
L’homme est jeune, mais lucide. Il sait que ce sacre ivoirien n’est pas une fin, mais le début d’une trajectoire singulière dans le monde du football professionnel Un parcours qui inspire, et qui rappelle que le talent n’attend pas les années il se forge dans la sueur, l’audace et la foi en ses convictions.
Arthur Debi