Abidjan Soir N°333

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Cours de justice de la CEDEAO

La démocratie ivoirienne sur le banc des accusés

générée par l’intelligence artificielle, utilisée à titre d’illustration

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CÔTE D’IVOIRE : POURQUOI L’ÉTAT A REFUSÉ 12 MILLIONS D’EUROS D’AIDE POUR FINANCER LES ÉLECTIONS

La Commission électorale indépendante ivoirienne a décliné l’offre de financement des grands bailleurs internationaux, dont l’Union européenne et l’ONU, pour la présidentielle du 25 octobre 2025. Les fonds ne seront cependant pas perdus pour autant. Précisions.

Cela pourrait devenir une habitude : comme en 2020, l’État de Côte d’Ivoire a, par l’intermédiaire de la Commission électorale indépendante (CEI), décliné les financements proposés par les grands bailleurs internationaux, dont l’Union européenne (UE) et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Ceux-ci proposaient un panier de fonds pour aider les autorités ivoiriennes à organiser la prochaine présidentielle, qui aura lieu le 25 octobre 2025, à hauteur de 12 millions d’euros.

L’UE et le PNUD, mais aussi le Japon et d’autres pays, souhaitaient contribuer au financement, entre autres, de la logistique de compilation des résultats. La commission électorale, présidée par le magistrat hors hiérarchie Ibrahime-Kuibiert Coulibaly, a rencontré à plusieurs reprises ces bailleurs de fonds, ce qui a permis de décliner l’offre, mais aussi d’arriver à un compromis : l’État a accepté que les fonds servent à financer des ONG de la société civile

85 millions d’euros budgétés par l’État Une partie des fonds sera aussi affectée aux ministères de la Communication et des Médias, dirigé

par Amadou Coulibaly, et de l’Intérieur et de la Sécurité du général Vagondo Diomandé, tous deux chargés des opérations contre les fake news.

En 2010, les bailleurs de fonds internationaux avaient financé en grande partie l’organisation de l’élection, avec plus de 305 millions d’euros. Dans le budget 2025 du fonctionnement de l’État – estimé à 23,3 milliards d’euros –, le gouvernement a cette fois prévu 85 millions d’euros pour le scrutin. Les postes les plus importants sont la révision du fichier électoral, environ 41,9 millions d’euros, et l’acquisition du matériel de vote.

L’actuel chef de l’État, Alassane Ouattara, n’a pas encore annoncé s’il participerait. L’opposant Tidjane Thiam, l’ancien président Laurent Gbagbo, l’exPremier ministre Guillaume Soro ou encore Charles Blé Goudé ne sont à l’heure actuelle pas en mesure de se présenter Leurs états-majors ont cependant lancé une grande mobilisation pour mettre la pression sur la CEI afin d’obtenir leur réinscription sur la liste électorale

Jeune Afrique

été ministres sous cinq présidents différents En 1998, à l'âge de 36 ans, Thiam est devenu ministre du Plan de la Côte d'Ivoire avant que le PDCI ne soit chassé du pouvoir par un coup d'État l'année suivante. Il a ensuite quitté la Côte d'Ivoire en 1999 pour poursuivre une carrière dans les affaires.

M. Thiam a occupé des postes de direction dans des entreprises internationales de premier plan telles qu'Aviva, Prudential et Crédit Suisse. Il a quitté ce dernier en 2020 à la suite d'un scandale d'espionnage, bien qu'il ait été mis hors de cause. En 2020, il a été nommé envoyé spécial pour la Covid19 par l'Union africaine.

Cependant, Thiam a été critiqué par ses adversaires politiques pour avoir été absent de Côte d'Ivoire pendant 20 ans, ce qui, selon eux, signifie qu'il n'est pas reconnu par les Ivoiriens.

Il estime toutefois que les années passées hors de son pays ont en fait contribué à renforcer sa notoriété dans son pays d'origine

« Moins de 1 % des Ivoiriens disent ne pas me connaître Donc, avec 99 % de notoriété, je suis assez content de là où je suis », a déclaré M Thiam à la BBC, citant les chiffres d'un sondage réalisé par son parti, le PDCI

« Beaucoup d'Ivoiriens ont suivi ma carrière internationale De la même manière qu'ils ont regardé les grands joueurs de football, ils m'ont regardé, ils m'ont connu », a-t-il ajouté

en paix avec ses voisins », a expliqué M Thiam

« La Côte d'Ivoire est une mosaïque Vous allez dans n'importe quelle partie du pays, il y a des gens des deux côtés de la frontière qui sont absolument similaires, qui parlent la même langue. Le seul modèle viable pour la Côte d'Ivoire est donc de bien s'entendre avec ses voisins.

La Côte d'Ivoire est confrontée à une menace croissante en matière de sécurité de la part des insurgés islamistes qui opèrent depuis le Mali et le Burkina Faso, deux pays limitrophes.

En février, la France a rendu sa dernière base militaire aux autorités ivoiriennes, en partie en réponse à la colère de la Côte d'Ivoire face à la faiblesse perçue de l'armée française dans la lutte contre ces groupes.

« Il n'y a pas de sentiment anti-français », a déclaré M Thiam

« Je pense que les Africains en ont assez des gouvernements corrompus et incompétents Lorsque la France s'aligne sur la corruption et l'incompétence, les gens sont anti-français et ils ont tout à fait raison de l'être »

« C'est avant tout un problème pour les Africains C'est quelque chose que nous devons résoudre, et le reste du monde pourra alors nous aider à le résoudre Mais il faut commencer par nous », a ajouté M Thiam BBC

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