Abidjan Soir N°329

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TIDJANE THIAM VS JUSTICE IVOIRIENNE

TOUT COMPRENDRE

"CLASSEMENT SANS SUITE" : ASSALÉ TIÉMOKO CONTRE-ATTAQUE

Le député-maire de Tiassalé, Assalé Tiémoko, ne décolère pas. Dans une réaction ferme, il conteste point par point la décision du parquet de Bingerville de classer sans suite sa plainte contre Komé Bakary, un opérateur économique au cœur d’une affaire d’expropriations foncières présumées frauduleuses.

Dans un communiqué publié mardi 29 avril 2025, la procureure de la République près le Tribunal de première instance de Bingerville, Essienne Josiane Adrah, a annoncé le classement de la plainte d’Assalé pour « inopportunité des poursuites », tout en précisant qu’une enquête avait été ouverte contre M. Komé dans une autre procédure similaire.

Mais c’est une autre partie du communiqué qui a fait bondir l’élu de Tiassalé : selon la procureure, le parquet aurait tenté « à maintes reprises » de le joindre pour lui notifier ce classement, sans succès, en raison de « son indisponibilité ».

Des propos que le député réfute catégoriquement.

« Entre le 19 mars, jour du dépôt de ma plainte, et le 27 avril, date de mon départ pour la Chine, je n’ai reçu aucun appel, aucun message, aucune correspondance du parquet ou du commissaire du 40ᵉ arrondissement », affirme-t-il, dénonçant une version "inexacte" et "préjudiciable"

Directeur de Publication : Israël Guébo

Secrétaire de rédaction : Jémima Késsié

Direction Artistique : Félix Ancien

Assalé assure avoir pris les devants pour rester joignable : il aurait communiqué à l’avance son adresse email ainsi que les coordonnées de son collaborateur direct. Pourtant, il affirme n’avoir été contacté qu’à une seule reprise, dans la nuit du 28 au 29 avril, soit après son départ à l’étranger

« J’ai demandé à mon collaborateur de récupérer le document ce mardi ou, à défaut, d’informer le commissaire de mon retour prévu mi-mai. Ce qui a été fait », précise-t-il

Face à cette situation, le député s’interroge :

« Pourquoi ce communiqué maintenant ? Pourquoi cette formulation ambigüe sur mon indisponibilité ? Je m’interroge sincèrement sur les motivations d’un tel message »

Assalé Tiémoko ne compte visiblement pas en rester là. Le bras de fer judiciaire et médiatique autour du dossier Komé ne fait peut-être que commencer

Philomène Tourey

Rédacteurs : Sultane Cissé, Kledjeni Tayou, Tchimou Berenger, Bainguié Jean-François, Koffi Étile, Teiko Célestin, Vincent Gnamessou, Joël Koné
Abidjan soir est édité par l’Institut Africain des Médias (IAM)

CÔTE D'IVOIRE: PLUSIEURS PARTIS

D’OPPOSITION

APPELLENT AU DIALOGUE

En Côte d’Ivoire, une semaine après que la justice a ordonné la radiation de Tidjane Thiam, le leader du PDCI, de la liste électorale, la classe politique multiplie les appels au dialogue. Dernier en date, le message posté lundi soir, sur les réseaux sociaux, par Charles Blé Goudé.

En Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé part d’un constat : Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, ou encore Tidjane Thiam, les principales figures de la vie politique ivoirienne, sont inéligibles Charles Blé Goudé, a également été radié de la liste électorale depuis 2020, en raison d’une condamnation judiciaire. Le leader du Cojep (Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples) souhaite que la classe politique se retrouve autour d’une table

« Organiser ce conclave, ne serait pas une faiblesse, ni une défaite pour le pouvoir. Ce ne serait pas non plus une victoire pour l’opposition Ce serait une démonstration en faveur de la paix et de la stabilité. Mais surtout, ce serait montrer aux Ivoiriens, que nous qui prétendons parler en leur nom, sommes soucieux de leur santé mentale et de leur équilibre ».

Pour le gouvernement, le dialogue est clos

Samedi 26 avril, le comité central du PPA-CI, le parti de l’ancien président, Laurent Gbagbo, a affirmé laisser la chance au dialogue avant d’envisager « un nouveau palier dans la lutte » Côté gouvernement, cette option n’est, pour l’instant, pas envisagée Car la 5ᵉ phase du Dialogue politique est close depuis mars 2022.

Amadou Coulibaly, le ministre porte-parole du gouvernement.

« Lors du dernier dialogue politique, tout le monde a convenu que les institutions de notre pays étant toutes installées et étant en fonctionnement, il fallait se référer à elles, pour les questions relevant de ces institutions.

À partir de ce moment, je ne vois pas la nécessité, d’un dialogue politique, si ce n'est pas pour aller vers des arrangements qui ne sont pas conformes aux textes.

Les élections seront transparentes, elles seront démocratiques, elles seront apaisées, elles seront légales parce que conformes à la Constitution » La publication officielle de la liste électorale est prévue le 20 juin. RFI.

SORTIR DU MONOPARTISME

INTELLECTUEL : POUR UN DÉBAT D'IDÉES AU SERVICE DU PAYS

Il y a 35 ans, la rue ivoirienne réclamait l’ouverture démocratique : le multipartisme. Aujourd’hui, cette même rue, amplifiée par les réseaux sociaux, exige davantage : un multipartisme vivant, dynamique et fécond. Car l’enjeu n’est pas simplement d’avoir plus de partis, mais plus d’idées.

Les esprits les plus brillants, dispersés dans différents camps politiques, doivent refuser le monopartisme intellectuel – cette tendance à penser en vase clos, à reproduire des dogmes plutôt qu’à innover. La Côte d’Ivoire regorge de compétences dans tous les domaines ; pourquoi, alors, agir comme si nous étions condamnés aux mêmes débats stériles, aux mêmes clivages figés ?

Certains Ivoiriens – de plus en plus nombreux –croient en la force de nos intelligences combinées, bien plus qu’en des figures providentielles Aucun homme ou femme, aussi charismatique soit-il, ne détient à lui seul les solutions. L’avenir se construira par la synergie des idées, le courage de débattre, et la volonté de transcender les chapelles politiques pour servir l’intérêt général

Arsène DALLY

TIDJANE THIAM FACE À LA JUSTICE IVOIRIENNE : CE QU’IL FAUT COMPRENDRE

À quelques mois de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, la décision de radier Tidjane Thiam de la liste électorale a mis le feu aux poudres. Entre droit électoral, nationalité contestée et calculs politiques, Jeune Afrique fait le point sur une affaire aussi technique que sensible.

1. Ce que dit la décision de justice

La juge Aminata Touré, statuant dans le cadre du contentieux électoral, a estimé que Tidjane Thiam ne remplissait pas les conditions pour figurer sur la liste électorale. En cause : des doutes sur sa nationalité exclusivement ivoirienne, exigée pour être électeur – et donc candidat

Malgré la production d’un certificat de nationalité ivoirienne, la juge a jugé recevables plusieurs plaintes invoquant l’article 48 du code de la nationalité : tout Ivoirien ayant acquis une autre nationalité perd automatiquement celle d’origine Tidjane Thiam, naturalisé français en 1987, n’a, selon la juge, pas démontré avoir repris la nationalité ivoirienne dans les formes requises avant son inscription.

2. La CEI avait pourtant validé sa présence sur la liste

Lors de son enrôlement en 2022, la Commission Électorale Indépendante (CEI) avait accepté son inscription, estimant que le certificat fourni suffisait La CEI a donc jugé "sur pièces", sans remettre en question la procédure d'acquisition de ce document.

Mais la loi donne la possibilité à tout électeur de contester l’inscription d’un autre, ce qu’ont fait huit citoyens en saisissant la justice, après un rejet initial de la CEI

3. Pourquoi la juge n’a pas donné raison à Thiam

Le camp Thiam estime qu’il n’a jamais renoncé à sa nationalité ivoirienne. Il plaide aussi que sa nationalité française a été obtenue par décret, sur proposition de l’Élysée, et non par "demande volontaire"

Mais la juge Touré n’a pas été convaincue. Elle a considéré que Thiam n’a pas apporté la preuve que cette nationalité française ne lui retirait pas celle d’Ivoirien, comme le prévoit la loi

4. Réactions politiques : tension au sommet

Du côté du PDCI, c’est l’incompréhension et la colère. Le parti a dénoncé une décision politique et arbitraire, et maintient que Thiam reste son seul candidat

Le pouvoir, lui, dément toute ingérence. Plusieurs figures du RHDP affirment que Thiam aurait dû renoncer formellement à sa nationalité française avant de s’inscrire ou d’être élu président du PDCI.

Le porte-parole du RHDP, Adjoumani, a même été plus virulent : « Le vrai manipulateur, c’est Thiam. Il a trompé tout le monde »

5. La stratégie du PDCI pour sauver sa candidature

Le PDCI ne lâche pas. Depuis Paris, Thiam a multiplié les interviews et le parti a prévu des rassemblements de soutien, dont un meeting à Port-Bouët.

Objectif : faire pression médiatique et diplomatique sur les autorités ivoiriennes. Mais cette stratégie peine à convaincre à l’international, et pourrait être perçue comme une tentative d’ingérence.

6. Un danger pour la direction du PDCI ?

Au-delà de la présidentielle, la direction même de Thiam au sein du PDCI est menacée Une militante, Valérie Yapo, a saisi la justice pour contester son élection à la tête du parti en décembre 2023, au motif qu’il n’était pas pleinement Ivoirien à cette date.

Une décision défavorable pourrait contraindre le parti à organiser une nouvelle convention

7. Quelles sont les prochaines étapes judiciaires ?

Les avocats du PDCI ont saisi à nouveau la justice le 28 avril Ils ne peuvent pas faire appel directement de la radiation, mais espèrent obtenir une révision du jugement devant un autre juge.

« Ce n’est pas terminé », assure Me Luc Adje Kacou.

L’affaire Thiam n’est pas qu’un contentieux électoral Elle révèle les failles de l’administration électorale, les ambiguïtés sur la double nationalité, et les tensions dans la transition politique ivoirienne.

À ce stade, la candidature de Thiam est suspendue, mais pas enterrée Ce feuilleton politico-judiciaire, loin d’être clos, pourrait redessiner les contours de la présidentielle 2025. Philomène Tourey

3. Pourquoi la juge n’a pas donné raison à Thiam

Le camp Thiam estime qu’il n’a jamais renoncé à sa nationalité ivoirienne. Il plaide aussi que sa nationalité française a été obtenue par décret, sur proposition de l’Élysée, et non par "demande volontaire"

Mais la juge Touré n’a pas été convaincue. Elle a considéré que Thiam n’a pas apporté la preuve que cette nationalité française ne lui retirait pas celle d’Ivoirien, comme le prévoit la loi

4. Réactions politiques : tension au sommet

Du côté du PDCI, c’est l’incompréhension et la colère. Le parti a dénoncé une décision politique et arbitraire, et maintient que Thiam reste son seul candidat

Le pouvoir, lui, dément toute ingérence. Plusieurs figures du RHDP affirment que Thiam aurait dû renoncer formellement à sa nationalité française avant de s’inscrire ou d’être élu président du PDCI

Le porte-parole du RHDP, Adjoumani, a même été plus virulent : « Le vrai manipulateur, c’est Thiam. Il a trompé tout le monde. »

Sciences Fes 2024 : la Côte d’Ivoire brille en intelligence artificielle

La Côte d’Ivoire a remporté les honneurs lors de la première édition du Festival international des sciences d’Afrique (Sciences Fes), organisée à Abidjan le 29 avril 2024. Ce rendez-vous, initié par la Fondation Maarif de Turquie en partenariat avec le Ministère de l’Éducation Nationale, a réuni 22 pays pour célébrer la science et la coopération sud-sud

Les élèves ivoiriens se sont distingués en remportant le 1er prix en informatique et intelligence artificielle, le 2e prix en technologie agricole, le 3e prix en robotique et un prix spécial

La ministre Mariatou Koné a salué cette initiative alignée avec la digitalisation du système éducatif. Une victoire éclatante qui confirme le leadership scientifique de la Côte d’Ivoire en Afrique.

F.T

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