

Élection 2025 : Candidats éliminés
Gbagbo, Soro, Thiam et encore...
Élection 2025 : Candidats éliminés
Gbagbo, Soro, Thiam et encore...
La scène est désormais presque vide. À quelques mois d’une élection présidentielle cruciale, la Côte d’Ivoire avance vers un scrutin de plus en plus déséquilibré. Laurent Gbagbo ? Radié. Guillaume Soro ? Radié. Tidjane Thiam ? Radié. Charles Blé Goudé ? Radié lui aussi, comme l’a confirmé ce 25 avril le tribunal de Gagnoa.
Les figures qui, à divers degrés, incarnaient une alternative réelle au pouvoir en place, sont successivement exclues du jeu électoral. Et la question n’est plus seulement juridique. Elle devient politique, morale, presque existentielle : à quoi bon une élection si les électeurs n'ont pas le choix ?
À ce rythme, contre qui le candidat du RHDP – très probablement le président sortant Alassane Ouattara –entend-il vraiment se présenter ?
Une démocratie sans adversaires
En 2020, déjà, la présidentielle s’était déroulée sous tension, avec des opposants appelant au boycott et des violences endeuillant le pays. On aurait pu penser que la Côte d’Ivoire allait apprendre. Tirer les leçons. Réparer les fractures. Ouvrir le jeu. Ce n’est pas ce qui se profile.
Les figures qui, à divers degrés, incarnaient une alternative réelle au pouvoir en place, sont successivement exclues du jeu électoral. Et la question n’est plus seulement juridique. Elle devient politique, morale, presque existentielle : à quoi bon une élection si les électeurs n'ont pas le choix ?
À ce rythme, contre qui le candidat du RHDP – très probablement le président sortant Alassane Ouattara –entend-il vraiment se présenter ?
Une démocratie sans adversaires
En 2020, déjà, la présidentielle s’était déroulée sous tension, avec des opposants appelant au boycott et des violences endeuillant le pays. On aurait pu penser que la Côte d’Ivoire allait apprendre. Tirer les leçons. Réparer les fractures. Ouvrir le jeu. Ce n’est pas ce qui se profile.
Au lieu d’une bataille d’idées, nous assistons à un effritement du pluralisme par radiation administrative et par décisions judiciaires.
On objectera, bien sûr, que tout cela est « conforme à la loi ». Que les condamnations existent. Que le droit a parlé. Soit. Mais si le droit devient un outil d’exclusion plutôt qu’un garant de la participation, alors c’est l’esprit même de la démocratie qui se meurt, lentement mais sûrement.
Simone Gbagbo ? Billon ? Affi N’Guessan ?
Restent quelques noms sur la scène. Simone Gbagbo, dont la posture politique reste floue, oscillant entre critique du régime et silence sur les grandes questions électorales. Jean-Louis Billon, stratégiquement habile mais affaibli par les secousses internes au PDCI. Affi N’Guessan, lui, traîne l’image d’un opposant consensuel, parfois trop, au point d’en perdre de l’épaisseur.
Tous ont leur légitimité. Mais face à l’appareil du pouvoir, leur poids semble, aujourd’hui, relatif, dispersé, voire neutralisé. Aucun ne semble aujourd’hui en mesure de porter une dynamique de rupture ou d’espérance à l’échelle nationale.
Le danger du vide
Le vrai risque n’est pas tant dans le nom de celui qui remportera l’élection. C’est dans le vide qu’on crée en face de lui. Un vide qui alimente la défiance, qui nourrit les frustrations, qui polarise les opinions et qui rend l’après-élection encore plus explosif que l’avant.
Ce n’est pas d’un vainqueur incontesté dont la Côte d’Ivoire a besoin. C’est d’un débat public réel. D’une compétition loyale. De règles connues, respectées, partagées. D’une voix pour chaque citoyen, et surtout, d’un espace où même ceux qui dérangent peuvent parler.
Pour conclure
On ne construit pas la paix par l’exclusion. On ne bâtit pas une nation par l’uniformité. L’Histoire ivoirienne l’a déjà prouvé. À ceux qui pensent qu’un adversaire affaibli est une victoire assurée, je pose la question : que vaut un pouvoir sans légitimité ?
Il est encore temps d’entendre les voix, toutes les voix. D’ouvrir la compétition au lieu de la refermer. Sinon, nous ne vivrons pas une élection. Mais un monologue électoral. Et dans les démocraties, les monologues finissent toujours par se briser.
À quelques jours du Grand Rassemblement Citoyen organisé par le mouvement politique Aujourd’hui et Demain, la Côte d’Ivoire (ADCI), les signes de mobilisation s’intensifient partout dans le pays. Et à Anyama, l’engagement citoyen prend une tournure remarquable.
Ce samedi 26 avril à partir de 8h, à la place CP1 de Yopougon, des milliers de citoyens sont attendus pour un événement d’envergure : un grand moment d’écoute, de partage et de communion autour de la vision portée par Assalé Tiémoko Antoine, président du mouvement ADCI Pour l’occasion, les comités de base se mobilisent comme un seul homme, chacun déterminé à faire rayonner sa localité. Et Anyama entend marquer sa présence.
Sous l’impulsion de Cissé Ibrahim, secrétaire citoyen communal, le comité ADCI d’Anyama a multiplié les initiatives de terrain. Les 20 et 21 avril derniers, c’est une véritable campagne de proximité qui a été menée dans plusieurs quartiers stratégiques de la commune – Résidentiel, Ancienne Gendarmerie, Berthé L’objectif : informer, convaincre, mobiliser. Flyers en main, les membres du comité sont allés à la rencontre des populations, dans une dynamique de “corps à corps citoyen”. Sur le terrain les personnes rencontrées sont enthousiastes « Les gens nous disent qu’ils voient en Assalé un espoir, une voix différente, une nouvelle façon de faire de la politique », confie un riverain.
Partout, la volonté de “construire une société de confiance”, leitmotiv du mouvement, semble trouver un écho grandissant.
La dynamique qui se crée autour de ADCI n’est pas le fruit du hasard. Depuis son lancement le 23 novembre 2024 à Yamoussoukro, après sa création en juin de la même année, le mouvement s’illustre par son maillage rapide du territoire national. L’Opération Araignée, lancée en mars 2025, a permis de structurer des comités citoyens dans de nombreuses villes, de Divo à Morokro, en passant par Gagnoa ou Tiassalé
Mais le rendez-vous du 26 avril à Yopougon revêt un caractère particulier. C’est le premier grand rassemblement citoyen à Abidjan, au cœur de la capitale économique. La mobilisation s’annonce massive, festive et stratégique « Ce sera un moment de vérité populaire Un moment pour dire que l’avenir appartient à ceux qui se lèvent », lâche un cadre du mouvement.
Au-delà du rendez-vous politique, le rassemblement du 26 avril se veut une fête de la démocratie, de l’espoir et de l’engagement populaire. Il ne s’agira pas simplement d’écouter un discours, mais de porter collectivement une vision : celle d’une Côte d’Ivoire plus juste, plus inclusive, plus digne de la confiance de ses citoyens.
Yacouba Ouattara
Directeur de Publication : Israël Guébo
Secrétaire de rédaction : Jémima Késsié
Direction Artistique : Félix Ancien
ASSALÉ TIÉMOKO SUR REFLET TV : « LA CÔTE D’IVOIRE EST PIÉGÉE DANS UN CYCLE D’EXCLUSION ET DE CRISE »
Invité de Reflet TV, le député-maire de Tiassalé, Assalé Tiémoko, n’a pas mâché ses mots ce soir du 24 avril. Face aux enjeux électoraux de 2025, il a dressé un diagnostic sans détour du système politique ivoirien, pointant du doigt l’instrumentalisation de la CEI, l’ethnicisation des partis et l’impasse démocratique dans laquelle le pays semble enlisé.
Une CEI disqualifiée par sa dépendance politique
“Les CEI locales ne sont pas de simples organes techniques chargés d’organiser les élections. Elles sont devenues des instruments politiques d’un seul parti. Dans ces conditions, le jeu est faussé dès le départ”, a martelé Assalé Tiémoko. Selon lui, tant que les commissions électorales seront sous l’influence d’un parti hégémonique, la transparence électorale restera un leurre
Les principaux acteurs politiques ivoiriens sont les mêmes depuis plus de trente ans. Ils se connaissent, se sont trahis mutuellement, se sont menti mutuellement, et ne se font plus confiance. De sorte que, quelle que soit la CEI que l'on proposera, elle posera toujours le même problème, car ces acteurs connaissent les failles du système et n'ont plus foi dans la neutralité des institutions.
Une crise pré-électorale latente
Revenant sur le climat politique tendu, il a souligné que “nous sommes déjà en pleine crise pré-électorale”. Le retrait ou le boycott de certaines formations politiques en est, selon lui, une preuve manifeste.
“Si le pouvoir s’obstine à organiser les élections dans ces conditions, nous courons droit vers une répétition des crises que nous vivons depuis trois décennies”, a-t-il averti.
Un appel au dialogue politique sincère Assalé Tiémoko plaide pour un véritable dialogue politique, seul moyen d’éviter une nouvelle déflagration : “Il n’y a que le dialogue pour désamorcer la bombe. Aucun parti, aussi puissant soit-il, ne peut éternellement dominer. Il faut s’asseoir, discuter, et ouvrir le jeu démocratique ” Ethnicisation des partis : une démocratie piégée.
Pour lui, l’un des problèmes fondamentaux de la politique ivoirienne est que “nos partis ont été fondés sur des logiques ethniques Et tant qu’ils reposent sur des individus perçus comme des messies tribaux, nous ne sommes pas dans une démocratie, mais dans un système tribal déguisé.”
ADCI, une alternative pour refonder le contrat social
Face à ce constat, Assalé Tiémoko propose une rupture. Avec le mouvement Aujourd’hui et Demain la Côte d’Ivoire (ADCI), il ambitionne de construire une société civile forte, indépendante et capable de proposer une alternative sérieuse :
“Il y a une demande réelle de renouvellement de la classe politique, et ADCI veut y répondre. Nous ne pouvons pas continuer à confier l’avenir du pays aux mêmes figures depuis 30 ans.
On réduit progressivement les choix du peuple. Rien n’est plus dangereux que cela. Ce qui a mis le feu hier, nous sommes en train de le répéter aujourd’hui.”
Selon lui, cette dynamique d’exclusion finit par nourrir la colère, la radicalisation ou la rupture du dialogue. “Si rien n’est fait, ces partis exclus chercheront des solutions alternatives, et ce ne sera pas sans risque pour la stabilité du pays”, a-t-il conclu
Avec ce tableau sociopolitique sans complaisance, dépeint par celui que ses proches surnomment affectueusement le “Kirikou National”, Assalé Tiémoko et le mouvement ADCI se tiennent face à un vaste chantier : rebâtir le civisme, réconcilier les consciences, et redonner sens à la citoyenneté Mais dans un pays où les réflexes tribaux ont pris le pas sur le débat d’idées, parviendra-t-il réellement à inverser la tendance et à faire germer une nouvelle culture politique ?
La question reste ouverte. Mais pour beaucoup, il incarne déjà un espoir : celui que la Côte d’Ivoire de demain ne se décidera plus dans l’entre-soi de quelques anciens, mais dans l’engagement éclairé de citoyens debout Jean-François Bainguié
Réunis en assemblée générale ce jeudi 24 avril à Abidjan, les secrétaires généraux nationaux de l’Intersyndicale du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (IS-MENA) et du Ministère de l’Enseignement Technique, de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage (METFPA) ont exprimé leur profonde indignation face au non-respect par le gouvernement des engagements pris à l’issue de la dernière grève des 3, 4, 7, 8 et 9 avril 2025.
Cette rencontre intervient une semaine après l’atelier de Grand-Bassam tenu du 17 au 19 avril L’assemblée générale a permis aux leaders syndicaux de dresser un bilan amer : selon eux, les mesures d’apaisement convenues avec les autorités n’ont tout simplement pas été appliquées.
Des engagements non tenus
Les syndicalistes dénoncent en particulier : La détention toujours en cours de Dugary Assy, incarcéré depuis le 3 avril 2025 ; Le maintien des sanctions consécutives aux grèves d’octobre 2024 et d’avril 2025 ; La ponction salariale injustifiée de 10 jours opérée sur les traitements des enseignants pour le mois d’avril ;
La suspension des soldes de plusieurs leaders syndicaux.
Face à ces faits, l’IS-MENA/METFPA exige la libération immédiate et sans condition de Dugary Assy, la levée des sanctions et ponctions, et surtout, le respect plein et entier de la liberté syndicale.
Un appel à la mobilisation générale
Les secrétaires généraux n’entendent pas rester silencieux Ils appellent l’ensemble des enseignants de Côte d’Ivoire, hommes et femmes, à se mobiliser massivement pour une grande Assemblée Générale prévue le mardi 06 mai 2025 Une nouvelle étape qui pourrait marquer un tournant dans la lutte syndicale dans le secteur de l’éducation
« Nous resterons debout tant que l’injustice frappera nos rangs et que la parole donnée ne sera pas respectée », a déclaré l’un des porte-parole au terme de la réunion.
Etile KOFFI
Le couperet est tombé. Sans surprise, le tribunal de première instance de Gagnoa a rejeté, ce vendredi, le recours introduit par Charles Blé Goudé. L’ancien ministre de la Jeunesse contestait sa radiation de la liste électorale, une décision initialement prise par la Commission Électorale Indépendante (CEI), au motif d’une condamnation judiciaire l’ayant privé de ses droits civiques.
Un climat de verrouillage politique
Charles Blé Goudé rejoint désormais la liste de ceux que la CEI et la justice ivoirienne ont déclarés inéligibles : Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Tidjane Thiam Trois profils très différents, mais un même sort : la radiation. Chacun, à sa manière, incarne une part de l’histoire politique récente de la Côte d’Ivoire. Leur exclusion conjointe du fichier électoral nourrit un sentiment d’injustice et de verrouillage, chez leurs partisans comme dans une partie de l’opinion publique, audelà des clivages partisans.
« Ce n’est pas un simple contentieux administratif. C’est un signal politique très fort : celui d’un système qui semble vouloir choisir ses adversaires », commente un observateur de la scène politique ivoirienne.
Un processus électoral de plus en plus sous tension
Depuis plusieurs semaines, le contentieux autour de la liste électorale provisoire suscite une série de crispations.
Le rejet du recours de Charles Blé Goudé ne fait que raviver les tensions et accentuer les soupçons sur l’équité du jeu démocratique.
À Gagnoa, ville d’origine du leader du COJEP, les soutiens restent mobilisés malgré la décision.
Pour eux, cette radiation est une mise à l’écart orchestrée, un épisode de plus dans ce qu’ils perçoivent comme une stratégie d’assèchement de la concurrence politique
La décision du tribunal confirme en tout cas une chose : la présidentielle de 2025 risque fort de se jouer sans plusieurs des principales figures de l’opposition Une perspective qui soulève des interrogations fondamentales sur l’inclusivité, la crédibilité et la légitimité du scrutin à venir.
Philomène Tourey