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RADIATIONS POLITIQUES : VERS UNE PRÉSIDENTIELLE VERROUILLÉE ?
La sentence est tombée : le président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, a été radié de la liste électorale. Motif officiel : la perte de sa nationalité ivoirienne, au détour d’un article juridique aussi flou que redoutablement opportun.
Ainsi, l’un des derniers poids lourds encore en lice du côté de l’opposition est neutralisé — juridiquement, mais surtout politiquement.
L’exclusion de Thiam (PDCI), après celle de Laurent Gbagbo (PPACI), de Charles Blé Goudé (COJEP), et de Guillaume Soro (GPS), laisse un arrière-goût amer dans la bouche de ceux qui croient encore en la démocratie pluraliste.
Il ne reste plus que les candidatures autorisées, celles qui ne dérangent pas.
Une justice aux allures de stratégie électorale Officiellement, c’est la justice qui parle.
Mais quand la justice parle trop fort et trop souvent contre les mêmes, le soupçon de calcul politique devient difficile à écarter.
Peut-on décemment croire qu’en moins d’un an, quatre figures majeures de l’opposition — aux profils, aux passés et aux électorats différents — soient toutes écartées pour des raisons juridiques, sans que cela ne soulève un débat national ?
Depuis 2020, le constat est récurrent : la justice électorale en Côte d’Ivoire est devenue un outil de gestion des ambitions. Une méthode chirurgicale de filtrage politique, déguisée en conformité républicaine.
Et dans cette configuration, le RHDP peut dérouler sa stratégie sans obstacle. Mieux : son candidat naturel, Alassane Ouattara, déjà sollicité pour un quatrième mandat par son propre parti, se retrouve potentiellement en roue libre face à une opposition disloquée, affaiblie, neutralisée.
Une opposition affaiblie, un pays en tension
Cette dynamique n’est pas sans danger. À chaque exclusion s’ajoute une frustration. À chaque radiation, une colère. À chaque injustice ressentie, un ferment de crise.
Ce que certains présentent comme des décisions "juridiques" peut rapidement devenir une source de tension politique, sociale, communautaire. La Côte d’Ivoire n’a pas encore complètement pansé les blessures de 2010. Une présidentielle verrouillée en 2025 pourrait bien en rouvrir de nouvelles.
Dans ce vide créé, Simone Gbagbo apparaît aujourd’hui comme l’une des dernières voix audibles, légitimes et crédibles à pouvoir porter un espoir de reconstruction politique de l’opposition. Mais pour cela, il faudra plus que des discours : il faudra des ponts.
L’heure de dépasser les querelles, ou de tout perdre L’opposition ivoirienne n’a plus le luxe des querelles intestines. Le PPACI, le COJEP, le GPS, le PDCI, la MGC et bien d’autres mouvements doivent urgemment dépasser les ego, les postures et les blessures d’hier, pour bâtir une réponse politique collective à l’architecture électorale actuelle.
Ceux qui croient encore que la dispersion est une stratégie finiront par comprendre, trop tard, que l’union n’est plus une option. C’est une condition de survie politique.
Face à un pouvoir qui verrouille, l’opposition ne peut plus se permettre d’être silencieuse, divisée ou nostalgique. Elle doit s’organiser, innover, parler d’une seule voix, y compris dans l’adversité, pour garantir au peuple un vrai choix, pas une simple confirmation.
La radiation de Tidjane Thiam n’est pas un simple fait juridique.
C’est un signal politique fort, une alerte pour la démocratie, et un test pour la maturité de l’opposition ivoirienne. À elle de choisir : exister ou se plaindre. Résister ou subir. S’unir ou disparaître.
PRÉSIDENTIELLE EN CÔTE D’IVOIRE : TIDJANE THIAM RADIÉ DE LA LISTE ÉLECTORALE
La justice a estimé ce mardi 22 avril, à six mois de la prochaine présidentielle, qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne au moment de son inscription sur la liste électorale, selon l’un de ses avocats. à la présidentielle, scrutin pour lequel un candidat ne peut être binational

Tidjane Thiam, chef du principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, a été radié de la liste électorale par la justice, qui a estimé mardi, à six mois de la prochaine présidentielle, qu’il avait perdu sa nationalité ivoirienne, selon l’un de ses avocats. Cette décision, qui n’est pas susceptible de recours, ferme pour l’heure la porte à une candidature de Tidjane Thiam à la présidentielle du 25 octobre.
« La présidente du tribunal a rendu son délibéré. Elle a estimé que le président Thiam avait perdu la nationalité ivoirienne quand il a acquis la nationalité française (en 1987), et donc elle a fait droit aux demandes des requérants et a ordonné la radiation du président Thiam de la liste électorale », a expliqué Me Ange Rodrigue Dadjé.
Plus de binationalité depuis mars
La question de la nationalité parasite sa campagne depuis plusieurs mois. Né en Côte d’Ivoire, il a obtenu la nationalité française en 1987 et y a renoncé en mars, afin de se présenter
Mais ses détracteurs invoquaient l’article 48 du code de la nationalité, datant des années 1960, qui indique que l’acquisition d’une autre nationalité entraîne la perte de la nationalité ivoirienne Cette règle ne s’applique toutefois pas aux binationaux de naissance.
Mardi, les avocats de l’ex-candidat ont fourni des documents à la justice indiquant que leur client était aussi Français de naissance, par son père, en vain. Son entourage dénonce depuis plusieurs semaines des « manœuvres » orchestrées par le pouvoir pour écarter cette candidature.
D’autres opposants sont également radiés pour l’heure, car ayant été condamnés par la justice : l’ex-président Laurent Gbagbo, son ancien bras droit Charles Blé Goudé et l’ancien Premier ministre et ex-chef rebelle Guillaume Soro, en exil.
Avec AFP
Directeur de Publication : Israël Guébo
Secrétaire de rédaction : Jémima Késsié
Direction Artistique : Félix Ancien

NAUFRAGE À DABOU, ACCIDENTS DE LA ROUTE ET SUICIDE D’UN ÉTUDIANT :
L’URGENCE
D’UNE ACTION COLLECTIVE EN CÔTE D'IVOIRE
La Côte d’Ivoire vit une semaine tragique, marquée par une série d’événements dramatiques qui plongent le pays dans une profonde consternation. Naufrages, accidents de la route et gestes désespérés… Ces drames nous rappellent cruellement la fragilité de nos vies et l’urgence d’agir pour éviter qu’ils ne se répètent.
Ce mardi 22 avril, un autre drame secoue le département d’Abengourou, à Dramanekro (dans l’est du pays) Une collision violente entre deux véhicules fait de nombreux blessés, dont plusieurs sont dans un état critique. L’imprudence des conducteurs et l’état dégradé des routes accroissent les risques d’accident
Un autre accident. Cette fois-ci le vendredi 18 avril. Sur l’autoroute du Nord, un car de transport en commun fait une sortie de route, tuant une personne et blessant gravement 15 autres. Ces accidents qui se multiplient soulèvent la question cruciale de la sécurité routière et des infrastructures défaillantes, particulièrement dans les zones rurales. Mais aussi la vitesse excessive, l’état défectueux du véhicule, et la fatigue du conducteur
Un peu plus tôt, dans la nuit du lundi 21 avril 2025 un tournant tragique a marqué le village de Tiaha, à 13 kilomètres de Dabou (sud). Une pirogue transportant plusieurs passagers, majoritairement des enfants, a chaviré Le bilan humain est effroyable : 12 enfants ont perdu la vie. Ce naufrage met en lumière la vulnérabilité des populations qui empruntent les voies fluviales, un secteur trop souvent négligé en termes de sécurité Ce n’est pas le premier Il faut que des mesures urgentes soient prises pour réformer le transport fluvial et garantir
la sécurité de ceux qui vivent et se déplacent dans ces régions souvent délaissées
Le dimanche 20 avril, un autre drame secoue la capitale économique. Un étudiant est retrouvé mort dans sa chambre à la Riviera Palmeraie, la gorge tranchée.
Si l’hypothèse du suicide qui est avancée (en attendant les conclusions de la police) est avérée, cet acte désespéré, comme de nombreux autres qui ont eu lieu en 2024 et cette année, soulève des interrogations profondes sur la santé mentale de la jeunesse ivoirienne Les pressions académiques, les attentes sociales et les défis personnels semblent maintenir les jeunes (en majorité) dans l’impasse. La prise en charge de la santé mentale doit devenir une priorité dans notre société, car ces tragédies pourraient être évitées si le mal-être des jeunes était mieux pris en charge.
Ces tragédies, bien que diverses dans leurs circonstances, partagent un point commun : la négligence collective Chaque drame aurait pu être évité si des mesures préventives avaient été prises. Ce qu’il faut : des contrôles renforcés sur les routes, des réglementations plus strictes pour le transport fluvial, une prise en charge de la santé mentale de la jeunesse, et des investissements dans les infrastructures routières sont des solutions urgentes. Joël Koné

CAN 2025 : DATES, STADES, VILLES – LE PARCOURS COMPLET DES ÉLÉPHANTS,
CHAMPIONS EN QUÊTE DE DOUBLÉ
À quelques mois de la CAN 2025 au Maroc, la tension monte d’un cran. Après avoir fait chavirer tout un peuple lors de la CAN 2024, la Côte d’Ivoire, couronnée à domicile, revient sur la scène continentale avec un statut à défendre et un rêve encore plus grand : inscrire une seconde étoile d’affilée à son palmarès.
Une CAN en hiver pour mieux briller
C’est une première dans l’histoire de la CAN : l’édition 2025 se déroulera du 21 décembre 2025 au 18 janvier 2026, sur fond de festivités de fin d’année. Cette programmation particulière découle d’un compromis entre les réalités climatiques du Maroc, souvent caniculaires en été, et les impératifs du calendrier international des clubs européens.
Malgré cette programmation, deux dates clés ont été pensées pour offrir des respirations aux équipes:
- 25 décembre, jour de Noël
- 1er janvier, jour de l’An.
Marrakech, ville parfaite pour les éléphants ?
Six villes et neuf stades sont mobilisés, avec des enceintes modernisées, dont certaines ont déjà accueilli la Coupe du Monde des Clubs ou les éliminatoires. Rabat, avec quatre stades homologués, sera le cœur battant du tournoi. Les Éléphants poseront leurs valises à Marrakech, ville chargée d’histoire et d’hospitalité Le Grand Stade de Marrakech, d’une capacité de 45 000 places, sera leur théâtre de combat. Pelouse impeccable, tribunes proches du terrain, acoustique résonnante : tout est réuni pour galvaniser les troupes. La ville, habituée aux grands événements, offre un climat sec et frais (15-20°C), parfait pour un jeu rapide et technique. La diaspora ivoirienne y est bien implantée, et les premiers vols affrétés depuis Abidjan sont déjà complets.
Groupe F : des équipes abordables mais à ne pas sous-estimer
Tirée dans le groupe F, la Côte d’Ivoire n’a pas hérité du groupe de la mort… mais presque. Trois adversaires aux styles variés, tous portés par l’objectif de renverser le roi. Voici le calendrier des matchs des Éléphants :
Côte d’Ivoire vs Mozambique - 24 décembre à Marrakech
Côte d’Ivoire vs Cameroun - 28 décembre à Marrakech
Côte d’Ivoire vs Gabon - 31 décembre à Marrakech
Trois matchs dans la même ville, dans le même stade, mais avec des intensités bien différentes. À chaque rencontre, un défi tactique et mental.
Zoom sur les adversaires : trois embûches sérieuses
Mozambique : nation discrète mais montante, le Mozambique a brillé lors des éliminatoires par sa constance. Collectif discipliné, vivacité offensive, joueurs évoluant en Europe de l’Est ou en Afrique du Sud, les Mambas veulent mordre dès le début.
Cameroun : le choc. Le “voisin” redouté. Quintuple vainqueur de la CAN, le Cameroun reste une armée de guerriers, blessée dans l’orgueil après une CAN 2024 sans éclat.
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APRÈS FRANÇOIS : VERS UN PAPE AFRICAIN ?
Plusieurs personnes souhaitent qu’il devienne le premier pape africain de l’histoire moderne

Ce 21 avril 2025, le pape François est mort. « Un accident vasculaire cérébral », selon le Vatican. Il avait 88 ans. Le monde catholique est en deuil.
En poste depuis 12 ans, il était le premier pape jésuite et premier pontife originaire d'Amérique latine. Jorge Mario Bergoglio, de son vrai nom, aura marqué son époque par sa simplicité, son engagement en faveur des plus démunis et son combat pour une Église plus proche des réalités humaines
Alors que les fidèles rendent hommage à sa mémoire, une question centrale se pose : qui lui succédera ? Et pour de nombreuses personnes, surtout en Afrique, un nom revient souvent : le cardinal Robert Sarah
Qui est le Cardinal Sarah ?
Le cardinal Sarah est originaire de Guinée. Il a 79 ans et peut encore participer au vote du prochain pape. Il a longtemps travaillé à Rome, au Vatican, où il a dirigé un service important lié aux prières et aux messes. Il est connu pour sa grande foi, son amour du silence, et sa fidélité aux traditions de l’Église.
Certains le voient comme un homme sérieux, capable de redonner à l’Église une vie spirituelle plus forte Sur les réseaux sociaux, ses soutiens sont nombreux. Les hashtags #PapeAfricain et #CardinalSarah circulent beaucoup.
Comment choisit-on un pape ?
Les 135 cardinaux-électeurs se sont mis en route vers Rome peu de temps après la mort du pape, et se sont déjà réunis au Vatican ce mardi 22 avril, au lendemain de la mort du 266e pape de l’Histoire. Mais ils n’éliront pas tout de suite le successeur de François.
En fait, l’élection du nouveau pape se déroule en conclave, qui devrait débuter entre le 15e et le 20e jour après le décès de François, soit entre le 5 et le 10 mai, expliquait François Mabille, chercheur associé à l’IRIS et directeur de l’Observatoire géopolitique du religieux, à actu.fr, citant la Constitution apostolique
Les cardinaux, qui doivent être âgés de moins de 80 ans, pour respecter la procédure, se réuniront dans la Chapelle Sixtine et procéderont à quatre scrutins par jour, deux le matin et deux l’aprèsmidi « Coupés du monde, ils doivent choisir leur nouveau pape lors d’un vote à bulletin secret. »
Fumée
noire ou fumée blanche
Si aucun candidat n’obtient la majorité requise des deux tiers, un autre tour de scrutin a lieu Il peut y avoir jusqu’à quatre tours par jour. Une fois les bulletins comptés, ils sont brûlés dans un poêle installé à l’intérieur de la chapelle Sixtine, par les pompiers du Vatican.
Un deuxième poêle brûle un produit chimique qui envoie un signal de fumée au monde extérieur par une cheminée : elle est noire si aucun nouveau pape n’a été désigné ; elle est blanche si un souverain pontife a été élu. « Ce rite ne date pas d’hier, il permettait aux Romains de connaître l’issue d’élection souvent interminable », revient le chercheur.
Après trois journées sans résultat, le scrutin est interrompu pour une journée de prières. Puis d’autres séries de scrutins sont organisées jusqu’à l’élection définitive Cela peut donc durer un moment. suite page 7 -->

Habemus papam
C’est au terme de l’élection d’un pape, quand la fumée blanche est visible donc, que le cardinal doyen d’ancienneté de l’ordre des cardinauxdiacres annonce la nouvelle aux fidèles, via une formule bien connue : « Habemus papam ». Puis, le nouveau pape apparaît au balcon de la Basilique Saint-Pierre et donne sa bénédiction apostolique Urbi et Orbi
Pourquoi l’élection est-elle importante ?
Le prochain pape devra répondre à plusieurs défis. Doit-il continuer les réformes du pape François ? Doit-il revenir à une Église plus traditionnelle ? Doit-il rapprocher l’Église des fidèles du Sud, où le nombre de chrétiens grandit ?
Un pape africain, comme Robert Sarah, serait un choix fort et symbolique L’Afrique, berceau du christianisme dans les premiers siècles, pourrait enfin être représentée au plus haut niveau de l’Église.
Des attentes du prochain pape
Plus qu’un chef religieux, le pape est un guide spirituel pour plus d’un milliard de catholiques. Il doit être un homme de paix, de foi, et de dialogue. Il doit rassembler, écouter, et porter l’espérance des peuples.
Dans les jours à venir, les regards du monde entier seront tournés vers Rome. Et beaucoup espèrent que cette fois, l’Afrique pourra dire : “Notre heure est venue.” Joël Koné
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Avec des cadres comme Zambo Anguissa, Onana ou Choupo-Moting, et une nouvelle vague pleine d’énergie, les Lions veulent rugir plus fort
Gabon : toujours imprévisible. Porté par un Aubameyang vétéran mais encore tranchant, le Gabon joue sans pression. Son point fort : la spontanéité et la capacité à déjouer les plans des favoris Une équipe qui aime créer la surprise
Et après ? quels scénarii possibles pour les huitièmes ?
Selon sa place dans le groupe F, la Côte d’Ivoire pourrait affronter :
1er du groupe F : Huitième de finale à Marrakech contre le 2e du groupe E (potentiellement l’Algérie ou le Burkina Faso) –le 6 janvier.
2e du groupe F : Match à Rabat contre le 2e du groupe B (potentiellement Égypte, Afrique du Sud) le 6 janvier.
Meilleur 3e : Un tirage incertain, mais potentiellement contre un grand : Maroc, Nigeria, Tunisie...
Un « 12e homme » présent ?
Bien que la CAN 2025 se joue hors des terres ivoiriennes, les Éléphants ne seront pas seuls dans l’arène. À Marrakech, un autre atout de taille s’apprête minutieusement L’appel a déjà été lancé La FIF, les groupes de supporters, les influenceurs, les anciens joueurs… tous mobilisés pour accompagner les Éléphants au Maroc. La Côte d’Ivoire n’est plus l’outsider surprise. Elle est la cible. Et pour conserver son titre, elle devra être bien préparée physiquement et mentalement, et sur ses gardes, peu importe l’adversaire.
Rendez-vous le 24 décembre. À Marrakech. Pour écrire une nouvelle page de l’Histoire. JK