Hors-série ZUT - L'Industrie Magnifique

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ZUT

Par Mylène Mistre-Schaal

LE FRAGMENT

Montage de l'œuvre dans l'atelier de Catherine Gangloff

L’Industrie Magnifique

Le fragment et ses synonymes, éclats, morceaux, débris, évoquent une petite partie d’un tout, qui n’avait pas vocation à devenir autonome. Riche d’un passé dont il conserve la mémoire, le fragment est aussi un objet nouveau, indépendant. Dans les collages cubistes ou les photomontages dadaïstes, la confrontation d’éléments disparates suggère de nouvelles associations visuelles et poétiques. Bien souvent, ces assemblages magnifient ce qui est méprisé, oublié voire détruit : les rebuts, les chutes, les restes. Des morceaux de bois flottés par exemple, comme ceux glanés par Jean Hans Arp au hasard d’une promenade et qui prendront tout leur sens dans la Trousse d’un naufragé (1921). Du haïku au remix en passant par le cut-up, le XXe siècle valorise la bribe, le mélange ou le morcellement. Un recyclage poétique du réel qui permet aussi de s’affranchir des normes établies. Catherine Gangloff nous a confié que l’idée d’une œuvre composée de différentes parties, fragmentée, l’intéresse pour l’apport que créent les écarts. Écarts de couleur et de formes qui s’expriment en trois dimensions dans Parade. Étymologiquement, le fragment est d’abord synonyme d’inachèvement et qualifie un ouvrage littéraire non terminé. Mais dans son acception contemporaine, il est aussi, possiblement, le germe d’une œuvre à venir.


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