COURANT(S) —Revue culturelle du Département de la Meuse

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Dossier / La mémoire, et après ? Transformer l’essai

Verbatim : La mémoire selon…

Désormais, il s’agit pour la Mission Histoire du Département de ­transmettre l’Histoire aux jeunes générations, en réfléchissant à de nouvelles formes et à de nouvelles thématiques. Si l’histoire du Saillant de Saint-Mihiel, par exemple, est mise en valeur pendant cinq ans à travers une exposition dans la bibliothèque bénédictine de Saint-Mihiel, d’autres richesses sont à souligner : l’architecture, la géologie, l’environnement. Pour cela, elle peut s’appuyer sur le label Forêt d’exception obtenu par la forêt de Douaumont en 2014, sur le Projet Giono qui relocalise en forêt de Verdun des espèces méditerranéennes menacées par le réchauffement climatique, par l’immense population de chauves souris qui peuplent le fort de Douaumont, l’architecture qui émane de la Reconstruction… « On a la possibilité, la nécessité de proposer d’autres thèmes, explique Alain Artisson, directeur de la Mission Histoire. On peut intéresser les jeunes en conjuguant histoire et sujets contemporains. C’est une transition morale. » Pour l’heure, même si la mémoire transmise en famille tend à s’effacer, l’intérêt pour les “lieux de mémoire” et ce qu’ils nous transmettent ne fléchit pas. « La passion française pour 14-18 est une réalité, confirme l’historien Laurent Jalabert, programmateur des Universités d’hiver de Saint-Mihiel (lire p.85). Partout, il y a des gens qui gratouillent, ce n’est pas du tout le cas dans d’autres pays. » « Le tourisme a augmenté de 30% par rapport à l’an passé au fort de Douaumont, assure Alain Artisson. Moderniser les sites a permis de répondre à des besoins nouveaux. » La fréquentation des évocations historiques est toujours importante. Le spectacle son et lumière Des flammes à la lumière, proposé par l’association Connaissance de la Meuse depuis 1996, a attiré l’an passé plus de 500 000 spectateurs en moins de 15 dates.

Jean-Luc Demandre Président de l’association Connaissance de la Meuse, co-scénariste et metteur en scène du spectacle Des flammes à la lumière « Tout le monde ne va pas dans les musées, n’assiste pas à un colloque, n’achète pas des livres. Si on veut transmettre cette histoire, il faut toucher un très large public, et pas seulement ceux dont la tache est de transmettre le souvenir. […] Verdun a une résonance exceptionnelle, car c’est le haut-lieu d’une souffrance extraordinaire, qui a une valeur universelle. Un hautlieu d’espérance aussi, car il y a 100 ans, des hommes et femmes voulaient empêcher que cela ne se reproduise. Nous sommes convaincus que l’intérêt pour la Grande Guerre et pour Verdun restera, car c’est la matrice du monde contemporain. »

Des flammes à la lumière spectacle de l’association Connaissance de la Meuse.

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David Ledwon Coordinateur de projets, Village des Vieux Métiers d’Azannes « Nous avons reconstruit des maisons traditionnelles lorraines où plus de 450 bénévoles s’activent à faire revivre la vie du XIXe siècle. Cette année, nous avons reçu 40 000 visiteurs sur 5 jours. Nous faisons découvrir les méthodes de travail traditionnelles d’une époque où l’on vivait beaucoup en autarcie. Ce pourrait être un modèle à suivre ; on apprend énormément à faire soi-même, c’est gratifiant financièrement et personnellement. Beaucoup de bénévoles viennent de villes, tous ont à cœur de sauvegarder ce patrimoine, et l’ambiance que nous recréons permet la rencontre. »


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