Magazine départemental Automne 2020

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SOLIDARITÉ

Répondre à l’appel à l’aide de Beyrouth 4 août, 18 heures. La ville de Beyrouth est secouée par une violente explosion. Le port est entièrement détruit. La ville est dévastée et de nombreuses personnes sont portées disparues. La France décide alors d’envoyer 12 sapeurs-pompiers franciliens sur place. À sa tête, David Œillet, adjudant-chef à la caserne de pompiers de Plaisir, que nous avons rencontré.

© SDIS78

Quand êtes-vous parti à Beyrouth ? Le 24 août dernier, après l’explosion du port de Beyrouth, à la demande du directeur général de la sécurité civile et de la gestion de crises, et en accord avec le ministère des Affaires étrangères, deux

unités de Secours en Milieux Périlleux (Grimp) ont été envoyées au Liban. Nous étions deux Yvelinois, le sergent-chef Thomas Leroy (caserne de Versailles) et moi. Les unités Grimp interviennent là où les moyens traditionnels des sapeurs-pompiers et les moyens aériens ne peuvent pas le faire. Beaucoup d’interventions de grande hauteur, avec des techniques spécifiques que ce soit dans l’évacuation des victimes ou les opérations diverses. Quelle a été votre mission ? La sécurisation dans le milieu urbain. Tout ce qui pouvait être dangereux devait être dégagé. Ensuite, nous avons remis en service l’hélisurface de l’hôpital Saint-Georges de Beyrouth pour que l’armée libanaise puisse poser son hélicoptère et se rapprocher au plus près du site de l’explosion. Quelle était l’ambiance dans le cœur de la ville dévastée ? Les Libanais sont des gens résilients. Ils disent : « Beyrouth a été couché sept fois, mais Beyrouth s’est relevé sept fois. » Et pour l’avoir vécu, on comprend pourquoi. Malgré le drame qu’ils ont connu, ils gardaient le sourire. Ils nous ont accueillis avec #34 automne 2020

enthousiasme. Ils avaient besoin d’extérioriser, de montrer ce qu’ils avaient vu, à travers des vidéos, des photos. Ils voulaient partager ce moment car ils avaient perdu de la famille, des collègues, des camarades. Comment étaient les conditions sur place ? Le centre de secours qui nous a accueillis a été soufflé par la catastrophe et il ne restait que l’ossature de l’immeuble. Leur équipe a perdu dix frères d’armes. Nous n’avons pas dormi à l’hôtel, mais par terre, dans la remise, au milieu des gravats et engins détériorés par les événements. Il y avait la chaleur, l’humidité, le bruit… Mais tout ça on le savait déjà en partant. Vous étiez préparés à vivre ça ? Chez les pompiers, on se prépare à vivre de telles opérations. Nous sommes entraînés à vivre ces phénomènes catastrophes. Nous sommes prêts physiquement, mentalement. J’avais ordonné à mon détachement trois choses : la cohésion, la bienveillance et surtout la sécurité. La collaboration avec les sapeurs-pompiers libanais s’est-elle bien passée ? Nous avons été accueillis à bras ouverts. Les trois premiers jours, nous n’avions pas encore notre matériel collectif et nous ne pouvions pas débuter la mission. Mais en voyant l’ampleur des dégâts, on a voulu aider. On a participé au quotidien de leur caserne. On a fait du bricolage, on a remis en service un camion de pompier. Mais surtout, on a fait de la formation. Le Grimp est une unité qu’ils n’ont pas au Liban. En nous voyant arriver avec des compétences très spécifiques, les Libanais ont rapidement eu envie de découvrir notre façon de travailler.


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