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De meilleurs lendemains
Les travaux des THIMO tirent à leur fin, et la tristesse est palpable parmi les employés, qui ressentent un choc devant cette issue. Pour certains, la perspective du chômage se concrétise, tandis que d’autres n’ont pas pu faire d’économies. – Cependant, les retombées de ces derniers mois d’activité produisent leurs effets : des petits commerces ont été lancés ou améliorés, des enfants suivent les cours à l’école ; Tonnoma a acquis de nouvelles connaissances et s’implique dans la société. – D’autres effets s’annulent : elle ne peut plus offrir de cadeaux aux enfants et à la famille. - Bien que les femmes aient été employées pendant quelque temps, fait nouveau dont certains hommes doutent encore du bienfait, la plupart de ceux-ci apprécient les contributions des épouses au budget du ménage et voudraient que les THIMO se poursuivent.
COMME LE TEMPS PASSE ! Les mois passaient et le travail de la mairie tirait à sa fin. Tonnoma et ses collègues avaient de l’ambition et leur esprit fourmillait de projets. Elles s’étaient toutes entendues pour reconnaître que le travail « était une opportunité permettant aux femmes de se responsabiliser et de se battre pour exécuter leurs projets »1. Chacune voulait se constituer un fonds de commerce pour développer plus tard une activité à long terme2. Ces derniers mois, les femmes s’étaient habituées à se lever tôt chaque matin, et aussi à recevoir un salaire. La plupart d’entre elles, Tonnoma y compris, n’avaient jamais accompli un travail qui rapportait autant d’argent3. Emportées par leur élan et les changements positifs dans leur vie, elles ne se rendaient même plus compte du temps qui passait. Avant l’offre des THIMO, les emplois étaient rarissimes ; aussi les brigadières faisaient-elles beaucoup d’efforts pour être bien vues par les patrons : il n’était pas question de perdre l’éventuelle chance de se faire réembaucher pour cause de paresse ! Aussi s’appliquaient-elles dans le travail qui leur était confié, même si elles étaient malades. Elles étaient ponctuelles et dynamiques, présentes chaque jour et se mobilisaient pour travailler. Elles étaient bien plus motivées que les hommes et leur faisaient concurrence, ayant besoin de cet emploi et voulant à tout prix devenir financièrement indépendantes4. 65