38 ASTRM actuel 01 / 2020 chronique | SVMTRA aktuell 01 / 2020 Kolumne
La vision de Ruth Latscha Im Blickfeld von Ruth Latscha «Big brother is watching you.» Ce personnage de grand frère tiré du roman «1984» que George Orwell a écrit entre 1946 et 1948, symbolise un état de surveillance totale qui était presque inimaginable à l’époque. J’ai dû penser à cela lorsque dernièrement, j’ai écouté l’émission matinale «Espresso» à la radio en apprenant que prochainement, il sera possible de sélectionner individuellement la publicité à la télévision – exactement adaptée au téléspectateur et à ses besoins. Eh ben, bravo: dans un avenir assez proche, une dame aux cheveux bleutés essaiera donc avec un sourire de me vendre des protections contre l’incontinence. Un commissaire grisonnant m’expliquera à quel point cet appareil auditif a changé sa vie. Et un breuvage à base d’herbes que des religieuses en blanc cultivent dans leur jardin du couvent me promettra de guérir les nombreux petits maux pénibles liés à l’âge. En faisant mes courses une heure plus tard, je pense toujours à cette histoire. Armée d’un scanner, je déambule avec mon chariot entre les rayons; j’apprécie cette manière de faire les courses qui permet de gagner du temps. Je n’aime guère les jeux vidéo et je ne comprends pas quelle satisfaction les consoles de jeu peuvent apporter. Avec ce pistolet scanner je deviens en revanche James Bond entre les yaourts, les croissants au beurre et les produits pour la vaisselle. Pan, pan ... les produits sont abattus avant d’attirer dans le chariot. La borne de paiement crache deux bons de réduction. L’un pour des produits que je descends souvent avec le pistolet scanner et l’autre avec un rabais plus important pour des produits qui sont épargnés lors de mes tirs. Ben voilà, il est bien là, le «Big Brother». Le grand surveillant sait ce que je n’achète jamais et souhaite rendre ces produits attrayants pour moi. Mais il ignore que je déteste tout ce qui contient des flocons de noix de coco, que je n’ai pas besoin de chaussons pour bébés et que je suis allergique aux moules. Le bon de réduction atterrit dans la corbeille à papier. Arrivée à la maison, je vide la boîte aux lettres. En plus des factures habituelles qui sont envoyées sans ménagement en janvier, j’y découvre une enveloppe d’un bleu foncé élégant. Curieuse, je l’ouvre: Me voilà désormais cliente VIP d’un magasin de cosmétiques parce que j’y ai acheté quelque chose une fois. Je suis invitée à y retourner régulièrement au cours de la nouvelle année. Afin que cette visite vaille la peine, un bon est joint à la lettre et un autre pour une amie qui pourrait m’accompagner lors de ce shopping amusant entre amies. Je renonce volontiers à ce statut de VIP en mettant l’enveloppe avec son contenu au vieux papier. Pour une rencontre amusante entre amies, je peux m’imaginer des endroits nettement plus sympas, d’autant plus que dans ladite parfumerie, il n’y a pas de seau à champagne, pourtant indispensable pour une telle virée. Quoi qu’il en soit, je me sens actuellement véritablement passée à la radioscopie et je constate à quel point cette pensée est amusante: Finalement, ce sont nous, chères et chers collègues, qui sommes responsables de la radioscopie et de la vue à travers le corps, n’est-ce pas?
«Big brother is watching you.» Diese Gestalt des grossen Bruders aus dem Roman «1984» von George Orwell, geschrieben zwischen 1946 und 1948, symbolisiert einen damals kaum vorstellbaren Zustand der totalen Überwachung. Daran musste ich denken, als ich neulich aus dem Radio im Morgenmagazin «Espresso» gehört habe, dass es in naher Zukunft möglich sein werde, die Werbung im Fernseher individuell in die Stube flimmern zu lassen – exakt auf den Zuschauer und seine Bedürfnisse zugeschnitten. Ja bravo dachte ich: Dann lacht mir wohl in nicht allzu ferner Zeit ständig irgendeine lila Tante aus dem Bildschirm entgegen und will mir Inkontinenzeinlagen schmackhaft machen. Ein schon leicht ergrauter alternder Kommissar schwärmt mir vor, wie prima sein Leben mit diesem kleinen Hörverstärker im Ohr nun ist. Und irgendein Kräutertränklein aus dem Klostergarten von weisen Nonnen verspricht mir heilende Wirkung gegen die zahlreichen lästigen Zipperlein des Alters. Während dem Einkauf eine Stunde später hänge ich in Gedanken immer noch dieser Geschichte nach. Mit dem Einkaufswagen und aufgestecktem Scanner kurve ich zwischen den Regalen herum; diese zeitsparende Art, die Besorgungen zu erledigen, finde ich prima. Für Computerspiele habe ich nichts übrig, ebenso ist mir schleierhaft, was die Befriedigung von Gamekonsolen ist, aber mit dieser Scannerpistole werde ich zum James Bond zwischen Joghurts, Buttergipfeli und Spülmittel. Peng, peng ... werden die Produkte abgeschossenen und landen erledigt im Einkaufskorb. Die Zahlstation spuckt zwei Rabattgutscheine aus – einen für Dinge, die ich öfters mit der Scannerpistole platt mache, und einen weiteren mit einer höheren Gutschrift für Produkte, die bei meinen Schiessrunden verschont werden. Bitteschön, da haben wir ihn wieder, den «Big Brother». Der grosse Überwacher weiss, was ich nie kaufe, und will mir diese Sachen schmackhaft machen. Was er aber nicht weiss, ist, dass ich alles, was mit Kokosflocken daherkommt, verabscheue, dass ich keinen Bedarf an Babyfinkli habe und auf Muscheln allergisch bin. Der Rabattbon landet im Papierkorb. Zu Hause angekommen, leere ich den Briefkasten. Neben den üblichen Rechnungen, die im Januar schonungslos ins Haus flattern, liegt ein schickes dunkelblaues Couvert. Neugierig öffne ich es: Ich bin jetzt also VIP-Kundin irgendeines Kosmetikladens, weil ich da einmal eingekauft habe und ich doch bitteschön auch im neuen Jahr häufig vorbeikommen solle. Damit sich der Besuch auch lohnt, liegt ein Gutschein bei, und gleich noch einer für eine Bekannte, die ich bei dieser Gelegenheit zu einem lustigen Fraueneinkaufsbummel mitbringen solle. Ich verzichte dankend auf den VIP-Status, das Couvert samt Inhalt fliegt in die Altpapiertonne. Ich kann mir für einen amüsanten Frauentreff weit nettere Lokalitäten vorstellen, zumal in besagter Parfümerie der dafür nötige Sektkühler fehlt. Trotzdem, ich fühle mich momentan ziemlich durchleuchtet und bemerke, wie lustig dieser Gedanke ist: Für das Durchleuchten und den Durchblick durch den Körper sind doch eigentlich wir zuständig, liebe Kolleginnen und Kollegen, nicht wahr?