VSD 1995

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BEL : 3,20 € - CH : 5,50 CHF - CAN : 8 CAD – A : 3,60 € - D : 4,20 € -

L’HORREUR

BATACLAN, 13 NOVEMBRE 2015, 22 H 00

COUV-VSD1995S001.indd 1

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AU COEUR DE

M 01713 - 1995 - F: 2,70 E

ESP : 3,50 € – GR : 3,50 € - ITA : 3,50 € – LUX : 3,20 € – NL : 3,50 € - PORT.CONT. : 3,50 € – DOM : Avion : 4 € – MAY : 5.50€ - Maroc : 32 DH – Tunisie : 5 TND - Zone CFA Avion : 3 4000 XAF - Zone CFP Avion : 1 000 XPF

NUMÉRO SPÉCIAL DÉDIÉ

AUX MARTYRS DE NOTRE LIBERTÉ

SCÈNES DE GUERRE À PARIS

2,70 € N°1995 - DU 17 AU 25 NOVEMBRE 2015

14/11/15 20:46


TERRORISME ACTUALITÉ

PARIS EN

GUERRE Vendredi apocalyptique pour la capitale. Le 13 novembre, à partir de 21 heures, sept terroristes armés de fusils d’assaut ont semé la terreur. Dans un périmètre proche des attentats qui ont eu lieu en janvier 2015. À l’heure où nous bouclons, plus d’une centaine de personnes ont été tuées et trois cents autres ont été blessées, dont certaines très grièvement. Retour en images et témoignages sur cette offensive terroriste revendiquée par Daech pour se venger des bombardements menés en Irak et en Syrie. Une offensive amenée à bousculer notre quotidien et sur laquelle la police enquête.

ANNE-SOPHIE CHAISEMARTIN/AP/SIPA

Rue de Charonne (11e)

VSD1995D010.indd 10-11

La Belle Équipe, 21 h 35, un homme a balayé de deux salves de son arme automatique la terrasse de La Belle Équipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. « Il a agi très calmement », raconte un témoin. Les secours, arrivés rapidement, n’ont pas pu sauver 19 personnes.

14/11/15 22:12


TERRORISME ACTUALITÉ

PARIS EN

GUERRE Vendredi apocalyptique pour la capitale. Le 13 novembre, à partir de 21 heures, sept terroristes armés de fusils d’assaut ont semé la terreur. Dans un périmètre proche des attentats qui ont eu lieu en janvier 2015. À l’heure où nous bouclons, plus d’une centaine de personnes ont été tuées et trois cents autres ont été blessées, dont certaines très grièvement. Retour en images et témoignages sur cette offensive terroriste revendiquée par Daech pour se venger des bombardements menés en Irak et en Syrie. Une offensive amenée à bousculer notre quotidien et sur laquelle la police enquête.

ANNE-SOPHIE CHAISEMARTIN/AP/SIPA

Rue de Charonne (11e)

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La Belle Équipe, 21 h 35, un homme a balayé de deux salves de son arme automatique la terrasse de La Belle Équipe, rue de Charonne, dans le 11e arrondissement. « Il a agi très calmement », raconte un témoin. Les secours, arrivés rapidement, n’ont pas pu sauver 19 personnes.

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Rue Alibert (10e) L’équipe du Maria Luisa

E-PRESS

‘‘NOUS SOMMES TRAUMATISÉS” « Toute mon équipe est intacte, mais traumatisée », lâche la patronne sur le pas de la porte du Maria Luisa, en essuyant ses larmes d’un revers de la main. La pizzeria est située à quelques mètres seulement du Petit Cambodge et du Carillon, rue Marie et Louise, durement touchés par les attentats. La patronne ne comprend pas pourquoi ils ont été épargnés.

« Il y avait plus de monde à notre terrasse », commente-t-elle en désignant l’espace vide marqué par un cordon de sécurité. Là, s’affaire un agent de la police judiciaire qui, au milieu de la foule, photographie et ramasse un projectile tombé entre les roues de deux vélos qu’il glisse dans un sachet. La patronne, très touchée, s’excuse, mais elle ne veut pas trop

parler aux médias. Un proche explique : « On a pris un impact de balle, mais apparemment c’est une balle qui a ricoché, ils n’ont pas tiré sur les gens. » Il témoigne de la confusion qui régnait après l’attaque : « Les policiers ont pris 25 fois les identités des clients. » « Il est arrivé de la rue Bichat, précise un autre, et il a arrosé le carrefour. » R E C U E I L L I P A R J . G .

LA TERRASSE DU CAFÉ HÔTEL LE CARILLON S’EST TRANSFORMÉE EN MORGUE

Peu après les attaques, les équipes du Samu sont sur place pour venir en aide aux blessés. Ici, la terrasse du Carillon, le bar hôtel situé en face du Petit Cambodge, visé également par les terroristes.

VSD1995D016.indd 16-17

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Rue Alibert (10e) L’équipe du Maria Luisa

E-PRESS

‘‘NOUS SOMMES TRAUMATISÉS” « Toute mon équipe est intacte, mais traumatisée », lâche la patronne sur le pas de la porte du Maria Luisa, en essuyant ses larmes d’un revers de la main. La pizzeria est située à quelques mètres seulement du Petit Cambodge et du Carillon, rue Marie et Louise, durement touchés par les attentats. La patronne ne comprend pas pourquoi ils ont été épargnés.

« Il y avait plus de monde à notre terrasse », commente-t-elle en désignant l’espace vide marqué par un cordon de sécurité. Là, s’affaire un agent de la police judiciaire qui, au milieu de la foule, photographie et ramasse un projectile tombé entre les roues de deux vélos qu’il glisse dans un sachet. La patronne, très touchée, s’excuse, mais elle ne veut pas trop

parler aux médias. Un proche explique : « On a pris un impact de balle, mais apparemment c’est une balle qui a ricoché, ils n’ont pas tiré sur les gens. » Il témoigne de la confusion qui régnait après l’attaque : « Les policiers ont pris 25 fois les identités des clients. » « Il est arrivé de la rue Bichat, précise un autre, et il a arrosé le carrefour. » R E C U E I L L I P A R J . G .

LA TERRASSE DU CAFÉ HÔTEL LE CARILLON S’EST TRANSFORMÉE EN MORGUE

Peu après les attaques, les équipes du Samu sont sur place pour venir en aide aux blessés. Ici, la terrasse du Carillon, le bar hôtel situé en face du Petit Cambodge, visé également par les terroristes.

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Rue de la Fontaine-au-Roi (11e) Pierre*, étudiant

DANS CE QUARTIER MÉTISSÉ ET FESTIF, C’EST L’INCOMPRÉHENSION LA PLUS TOTALE Les rafales de kalachnikov ont dévasté les terrasses des restaurants et cafés, faisant au moins 5 morts. Un homme gît devant celle du café Bonne Bière, rue de la Fontaine-au-Roi, qui paie un lourd tribut.

VSD1995D018.indd 18-19

ANTHONY DORFMANN/AFP

‘‘JE N’AI JAMAIS ETE CONFRONTE A ÇA’’ « Je n’arrête pas de voir ce regard », sanglote Pierre, en cachant son visage entre ses mains. L’étudiant en journalisme, également secouriste pour l’Ordre de Malte et qui a suivi une formation de sapeurpompier, se rend rue de la Fontaine-auRoi dès que les coups de feu cessent. Il loge temporairement avec sa petite amie dans un appartement à côté. « Quand je suis arrivé avec ma copine, des gens avaient reçu des balles au café qui fait l’angle [café Bonne Bière, NDLR]. Je me suis approché d’une première personne, hoquette-t-il avant de poursuivre. Je lui ai touché le pouls, mais elle était déjà morte. Je me suis penché vers une autre, qui avait pris une balle dans le dos. Elle vivait toujours, alors j’ai commencé un massage cardiaque. Mais son regard s’est éteint. » Pierre s’effondre à nouveau, en larmes, extrêmement choqué. « Je ne peux pas oublier ce regard, je ne peux pas, répète-t-il sans cesse. En tant que secouriste, j’ai dû déjà porter assistance à des blessés, j’ai eu des fractures ouvertes, mais je n’ai jamais été confronté à ça, jamais. » Camille, une riveraine, lui caresse doucement les cheveux pour le réconforter. Elle lui passe sa tante au téléphone, qui s’occupe de personnes traumatisées. Pierre doit appeler ses parents pour qu’ils viennent les chercher, lui et sa compagne, mais il n’y arrive pas. * Le prénom a été changé.

RECUEILLI PAR J. G.

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Rue de la Fontaine-au-Roi (11e) Pierre*, étudiant

DANS CE QUARTIER MÉTISSÉ ET FESTIF, C’EST L’INCOMPRÉHENSION LA PLUS TOTALE Les rafales de kalachnikov ont dévasté les terrasses des restaurants et cafés, faisant au moins 5 morts. Un homme gît devant celle du café Bonne Bière, rue de la Fontaine-au-Roi, qui paie un lourd tribut.

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ANTHONY DORFMANN/AFP

‘‘JE N’AI JAMAIS ETE CONFRONTE A ÇA’’ « Je n’arrête pas de voir ce regard », sanglote Pierre, en cachant son visage entre ses mains. L’étudiant en journalisme, également secouriste pour l’Ordre de Malte et qui a suivi une formation de sapeurpompier, se rend rue de la Fontaine-auRoi dès que les coups de feu cessent. Il loge temporairement avec sa petite amie dans un appartement à côté. « Quand je suis arrivé avec ma copine, des gens avaient reçu des balles au café qui fait l’angle [café Bonne Bière, NDLR]. Je me suis approché d’une première personne, hoquette-t-il avant de poursuivre. Je lui ai touché le pouls, mais elle était déjà morte. Je me suis penché vers une autre, qui avait pris une balle dans le dos. Elle vivait toujours, alors j’ai commencé un massage cardiaque. Mais son regard s’est éteint. » Pierre s’effondre à nouveau, en larmes, extrêmement choqué. « Je ne peux pas oublier ce regard, je ne peux pas, répète-t-il sans cesse. En tant que secouriste, j’ai dû déjà porter assistance à des blessés, j’ai eu des fractures ouvertes, mais je n’ai jamais été confronté à ça, jamais. » Camille, une riveraine, lui caresse doucement les cheveux pour le réconforter. Elle lui passe sa tante au téléphone, qui s’occupe de personnes traumatisées. Pierre doit appeler ses parents pour qu’ils viennent les chercher, lui et sa compagne, mais il n’y arrive pas. * Le prénom a été changé.

RECUEILLI PAR J. G.

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s’es

PEOPLE TÉMOIGNAGE

surt

« Jean-Paul est un soleil quand il sourit et son visage un paysage dont chaque ride est une vie. » Ainsi parle Philippe Labro de son ami Bébel, qu’il a dirigé dans «L’Alpagueur et L’Héritier».

Belmondo LEE VOYAGE DOMINIQUE JACOVIDES/BESTIMAGE

DE SA VIE

VSD1995D044-046.indd 44-45

tre et avoir été. Une équation des plus difficiles à résoudre. Lui a trouvé la solution. À force de patience, de ténacité et d’humour. Cet humour inépuisable, qui est sa « déclaration de dignité, l’affirmation de la suprématie de l’homme sur ce qui lui arrive », comme l’écrivait Romain Gary. Jean-Paul Belmondo, 82 ans, aurait eu toutes les raisons du monde de lâcher l’affaire quand, il y a près de quinze ans, sa vie s’est trouvée suspendue à trois lettres : AVC, pour accident vasculaire cérébral. Puis le temps a fait son œuvre. Et les copains s’y sont mis. Et la famille. Paul en tête. Ah, Paul ! Qu’il est difficile souvent de se faire un prénom lorsqu’on porte un nom plus fréquenté que la nationale 7. C’est lui, aujourd’hui, qui conduit la carrière paternelle. Paul qui, avec l’aide d’un copain d’adolescence, le producteur Cyril Viguier, a convaincu l’Animal de revenir sur son passé, sorte de voyage dans le temps, tout sauf larmoyant.

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s’es

PEOPLE TÉMOIGNAGE

surt

« Jean-Paul est un soleil quand il sourit et son visage un paysage dont chaque ride est une vie. » Ainsi parle Philippe Labro de son ami Bébel, qu’il a dirigé dans «L’Alpagueur et L’Héritier».

Belmondo LEE VOYAGE DOMINIQUE JACOVIDES/BESTIMAGE

DE SA VIE

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tre et avoir été. Une équation des plus difficiles à résoudre. Lui a trouvé la solution. À force de patience, de ténacité et d’humour. Cet humour inépuisable, qui est sa « déclaration de dignité, l’affirmation de la suprématie de l’homme sur ce qui lui arrive », comme l’écrivait Romain Gary. Jean-Paul Belmondo, 82 ans, aurait eu toutes les raisons du monde de lâcher l’affaire quand, il y a près de quinze ans, sa vie s’est trouvée suspendue à trois lettres : AVC, pour accident vasculaire cérébral. Puis le temps a fait son œuvre. Et les copains s’y sont mis. Et la famille. Paul en tête. Ah, Paul ! Qu’il est difficile souvent de se faire un prénom lorsqu’on porte un nom plus fréquenté que la nationale 7. C’est lui, aujourd’hui, qui conduit la carrière paternelle. Paul qui, avec l’aide d’un copain d’adolescence, le producteur Cyril Viguier, a convaincu l’Animal de revenir sur son passé, sorte de voyage dans le temps, tout sauf larmoyant.

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GRAND ANGLE

Le Why progresse laborieusement entre les blocs de glace. Au mois de mai, la débâcle est toute récente et les morceaux de banquise dérivent lentement. L’équipage luttera ainsi pendant vingt-quatre heures avant d’atteindre Uummannaq.

Groenland

POLE POSITION Embarqués pendant vingt et un mois, des explorateurs français de l’expédition Under The Pole ont plongé sous les icebergs. Une aventure humaine et scientifique à la découverte d’un univers méconnu. PHOTOS : LUCAS SANTUCCI/UNDER THE POLE/ZEPPELIN

54 - N° 1995

VSD1995D054-056-058.indd 54-55

N° 1995 - 55

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GRAND ANGLE

Le Why progresse laborieusement entre les blocs de glace. Au mois de mai, la débâcle est toute récente et les morceaux de banquise dérivent lentement. L’équipage luttera ainsi pendant vingt-quatre heures avant d’atteindre Uummannaq.

Groenland

POLE POSITION Embarqués pendant vingt et un mois, des explorateurs français de l’expédition Under The Pole ont plongé sous les icebergs. Une aventure humaine et scientifique à la découverte d’un univers méconnu. PHOTOS : LUCAS SANTUCCI/UNDER THE POLE/ZEPPELIN

54 - N° 1995

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Passion Reportage

LA FOLIE STAR WARS

À quelques semaines de la sortie du “Réveil de la Force”, le dernier opus de la saga des étoiles, nous avons exploré cette galaxie cinématographique devenue un mythe pour plusieurs générations. Rencontre du troisième type avec des fans et l’objet de leur désir.

PHOTOS : ART STREIBER/AUGUST/AGENCE A.

Pour l’épisode VII de La Guerre des étoiles, le design de C-3PO (à g.) a connu un lifting. Quant à R2D2 (à dr.), il connaîtra son successeur, BB-8 (voir p. 70).

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Passion Reportage

LA FOLIE STAR WARS

À quelques semaines de la sortie du “Réveil de la Force”, le dernier opus de la saga des étoiles, nous avons exploré cette galaxie cinématographique devenue un mythe pour plusieurs générations. Rencontre du troisième type avec des fans et l’objet de leur désir.

PHOTOS : ART STREIBER/AUGUST/AGENCE A.

Pour l’épisode VII de La Guerre des étoiles, le design de C-3PO (à g.) a connu un lifting. Quant à R2D2 (à dr.), il connaîtra son successeur, BB-8 (voir p. 70).

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