7 minute read

Au cœur de la stratégie : le contrat de confiance

La bonne humeur et l’esprit d’équipe qui règnent au sein de cette entreprise familiale de la Wallonie picarde, dans la province du Hainaut, contribuent au respect de ses engagements vis-à-vis des clients.

En ces premiers jours du printemps météorologique, la température reste froide et les bons de commande s’empilent dans le bureau du négoce Louis Rogez. Cela n’empêche pas le patron, Jean-Luc Dedecker (56), de prendre le traditionnel café matinal avec l’ensemble de son personnel avant le départ des chauffeurs.

Jean-Luc Dedecker a repris le négoce de son oncle Louis Rogez il y a 25 ans, après avoir appris le métier durant cinq ans à ses côtés. C’est

Louis qui avait lancé l’activité mazout au sein du négoce créé par son père, alors principalement actif dans le charbon. Martine Holvoet, l’épouse de Jean-Luc Dedecker, a toujours travaillé à ses côtés et ils ont aujourd’hui le plaisir d’être rejoints par leur fille Anne-Sophie (29).

Le négoce a toujours porté le pavillon Louis Rogez. Bien qu’il soit régulièrement approché par des repreneurs, Jean-Luc Dedecker n’a jamais envisagé de remettre son affaire. Et ce d’autant plus depuis qu’Anne-Sophie s’est investie dans l’entreprise. En charge de l’administration avec Martine, AnneSophie développe également la commercialisation des huiles et lubrifiants, l’autre grande activité reprise sous la société Lubritech s.r.l.

Polyvalence

Outre les trois personnes en charge de l’accueil, du planning, de la logistique et de l’administration, l’entreprise emploie aussi quatre chauffeurs et un représentant pour les huiles et lubrifiants. Jean-Luc Dedecker assure également les livraisons au quotidien. Tous les chauffeurs effectuent tant les livraisons de mazout que celles de charbons et pellets. La polyvalence est au cœur de notre manière de fonctionner, poursuit notre confrère. C’est important car il peut y avoir des commandes urgentes ou des chauffeurs absents. Cette polyvalence est encore renforcée par un esprit d’équipe bien ancré au sein de tout le personnel. En cas de surcharge de travail, nos chauffeurs n’hésitent pas à s’entraider. Je sais pouvoir les appeler à tout moment, dit Jean-Luc Dedecker pour qui il n’est pas rare de livrer des clients le week-end, voire même durant la nuit en cas de dépannage.

La clientèle de Louis Rogez est constituée de particuliers, d’agriculteurs et d’entreprises (terrassiers...). Cinq camions-citernes de 20.000 l. –pouvant tracter une des deux remorques-citernes de 18.000 l. – sont dédiés aux livraisons de mazout tandis qu’un camion avec hayon latéral élé- vateur sert à la distribution des autres produits. Deux camionnettes assurent aussi les livraisons des huiles et lubrifiants. Le rayon d’action est d’environ 30 km, jusque dans les environs de Dour, Bernissart, Herchies, Casteau, Ath, Flobecq, Renaix et Mouscron. Louis-Rogez dispose de son propre stockage de 250.000 l. pour le gasoil diesel (gasoil extra) et le diesel. Les approvisionnements se font à la fois par des chargements de produits auprès des dépôts de Varo Energy à Bossuit et Gand ou de Esso à Orcq, ainsi que par un transporteur qui vient livrer à Antoing.

GASOIL DIESEL, EXCLUSIVEMENT

Depuis que le gasoil diesel existe, notre confrère distribue exclusivement ce produit. C’est plus facile sur le plan logistique car il n’est plus question de contaminer les produits, explique-t-il.

Au-delà de la satisfaction quotidienne de voir collaborateurs et clients satisfaits, il y a celle de la transmission progressive à un membre de la famille.

Combustibles : Concernant la transition énergétique, envisagez-vous d’inclure des combustibles renouvelables dans votre offre ?

Jean-Luc Dedecker : Nous développons avant tout les produits et services qui sont actuellement au cœur de notre métier. Si de nouveaux produits arrivent sur le marché, nous disposons de toute la logistique nécessaire pour les distribuer.

Rapidité et flexibilité figurent parmi vos principaux engagements…

J.-L.D. : Je suis intransigeant à ce sujet. Nous avons l’avantage d’habiter à côté du négoce et de pouvoir assurer des dépannages de jour comme de nuit. Sur un mois, il m’est arrivé de dépanner quatre boulangers pendant la nuit. Quant à nos délais de livraison, ils souvent très courts : 1, 2 ou 3 jours, en fonction de la météo et de la disponibilité de notre personnel.

Votre site internet parle de « contrat de confiance » avec le client. Qu’entendez-vous par là ?

J.-L.D. : Simplement que nous nous engageons sur un prix bloqué. C’est comme cela que nous bénéficions d’une clientèle très fidèle et que nous réussissons à nous maintenir assez bien.

Pratiquez-vous le prix au jour de la commande ou de la livraison ?

J.-L.D. : Celui du jour de la commande. La seule fois où nous n’avons pas pu tenir cet engagement, c’était fin février – début mars de 2022, lorsque les prix maximums en vigueur en Belgique étaient adaptés trop lentement par rapport aux prix du marché international. A ce moment, nous avons pu tenir grâce à nos stocks.

Proposez-vous les paiements échelonnés ?

J.-L.D. : Nous proposons une formule de versements anticipés. Mais tout doit être payé le jour de la livraison. Quant au client qui passe à une autre énergie alors qu’il a fait des versements anticipés, nous le remboursons.

Mais cela s’inscrit aussi dans notre souci de délivrer un service rapide. Si, entre deux clients mazout, un agriculteur nous appelle pour une livraison urgente, nous pouvons y aller tout de suite sans devoir mener des opérations de rinçage. Et d’expliquer aussi que la différence de prix entre les deux qualités de gasoil n’est pas énorme et que le gasoil diesel a une meilleure tenue au froid.

Etes-vous « point de collecte » pour la récupération des bouteilles de propane et de butane « rechargeables » vides et ou non utilisées ?

J.-L.D. : Je n’ai pas entendu parler de cette opération mais, dans les faits, en tant que distributeur Antargaz, nous reprenons déjà toutes les bouteilles qu’on nous rapporte, même celles des autres marques. Nous les stockons avant qu’Antargaz les reprennent. Celles qui ne sont pas de la marque sont reprises en tant que « bouteilles étrangères », c’est-à-dire sans versement de caution.

La plus grande satisfaction du métier ?

J.-L.D. : Pouvoir compter sur un personnel motivé lors des périodes de rush, et constater qu’il y a une grande solidarité entre les chauffeurs. Nous sommes aussi très heureux de la venue de notre fille au sein de l’entreprise. On lui laisse prendre des initiatives. La jeunesse apporte des idées neuves.

La plus grande difficulté ?

J.-L.D. : Percevoir les paiements de certains clients. Cela devient de plus en plus difficile. Il faut savoir où on met les pieds.

Soucis Avec Les M Langes

Lorsque Jean-Luc Dedecker a repris le négoce de son oncle, celui-ci commercialisait annuellement 1.700.000 kg de charbons. Si les charbons ensachés et en vrac figurent toujours dans la gamme des combustibles proposés par l’entreprise, trouver des produits de qualité est actuellement très difficile. Grâce à ses stocks, notre confrère a encore réussi à livrer de l’Ibbenbüren 12/22 durant tout l’hiver. Ce fut par contre plus compliqué pour l’Ibbenbüren de calibre 20/30 qui a dû être mélangé avec des charbons en provenance des pays de l’Est. Comme l’ensemble des négociants qui livrent du charbon, Jean-Luc Dedecker est soucieux de rester à la disposition des personnes âgées qui utilisent

Le chèque mazout ? Un collaborateur en plus !

Durant l’été dernier, l’administration du chèque mazout a nécessité une personne en plus au bureau pour répondre aux questions des clients et les aider à remplir les formulaires de demande. Etant donné que le négoce développe ses activités lubrifiants, ce nouveau collaborateur était de toute façon nécessaire. Six mois après l’entrée en vigueur de la prime, de nombreux clients de l’entreprise se sont plaints de ne pas avoir reçu leur chèque. Lecentred’appelduSPFEconomiearépondu ànosclients«Nousn’avonsrienreçudechezLouis-Rogez,changezdefournisseur », s’insurge Anne-Sophie Dedecker. Renseignementspris,ils’estavéréque leSPFEconomieavaitinversédeuxcolonnesetqueplusriennematchaitdans lesdemandesalorsque,denotrecôté,nousrecevionsdesaccusésderéception commequoitoutétaitenordre.Lorsquel’administrationamisledoigtsurceproblèmeinformatique,touts’estensuitearrangéetnousavonsététrèsbienaccompagnésparunecelluleduSPFEconomie . Aujourd’hui, la plupart des clients ont touché leur prime et, résultat de l’opération, la collecte des informations a permis de structurer le fichier clients.

En ce qui concerne l’allocation de chauffage pour les utilisateurs de pellets – intervention forfaitaire de 250 € pour les livraisons de 500 kg minimum –, le négoce établit des factures nominatives pour les livraisons de ce type et effectue chaque semaine le chargement du fichier reprenant les livraisons éligibles à l’intervention sur la plateforme informatique du SPF Economie.

encore cette énergie. Par le passé, 98% de ses livraisons étaient constituées d’Ibbenbüren. Aujourd’hui, il est dans l’attente de ce que le marché va pouvoir lui proposer.

Trois Tourn Es Par Semaine

Commercialisé dans des conditionnements de 10, 200 et 1.000 l., l’AdBlue est également mis à la disposition des clients dans des cuves de 2.000 à 3.000 l. Des contrats de livraisons sont conclus avec les entreprises. Quant aux gaz de pétrole liquéfiés, Jean-Luc Dedecker livre des bouteilles de 10,5 kg, 12,5 kg, 18 kg, 33 kg et 46 kg, ainsi que des bouteilles pour les clarcks. Hormis les bouteilles butane de 12,5 kg destinées aux applications intérieures et pour lesquelles notre confrère constate une régression des ventes, il s’agit toujours de bouteilles propane. Des tournées sont organisées trois fois par semaine pour les livraisons de butane et propane, de charbons et de pellets. Les clients peuvent aussi s’approvisionner directement sur le site du négoce.

1.600 M2 POUR LE STOCKAGE DES LUBRIFIANTS

En 2004, Louis Rogez a repris un négoce actif dans les huiles du groupe américain Sunoco et développé le commerce des lubrifiants à partir de son dépôt de Tournai. Sunoco a par la suite été repris par la compagnie pétrolière malaisienne Petronas. Avec ses propres laboratoires de recherche et de développement, Petronas dispose d’une gamme de lubrifiants de haute qualité. Jean-Luc Dedecker a rassemblé les activités huiles et lubrifiants dans la société Lubritech. Huiles hydrauliques, huiles moteur, huiles de coupe, huiles de taille, huiles hybrides, huiles minérales, huiles synthétiques, huiles frigorifiques… Lubritech entend proposer les meilleures solutions dans les divers domaines d’application des lubrifiants.

Tout en réétudiant progressivement leurs sites internet et l’usage des réseaux sociaux, Louis Rogez et Lubritech renforcent leur visibilité lors de foires et événements locaux par la mise à disposition d’une arche (photo), de camions bâchés, de remorques, de tonnelles publicitaires et de tables hautes avec fûts sponsorisés, entre autres.

Situé sur le site de Louis Rogez à Antoing, le hangar de stockage de Lubritech occupe une surface de 1.000 m 2. En vue de répondre au développement de cette activité, l’entreprise compte construire un nouveau hangar de 600 m 2. Jean-Luc Dedecker et sa fille AnneSophie ont fait appel au service technique de Brafco pour l’introduction de la demande de permis unique. L’objectif est de voir le nou - veau hangar sortir de terre dans le courant de l’année 2024.

Cette activité lubrifiants, on l’a reprise, on l’a entretenue, et c’est maintenant ma fille qui la développe, se félicite Jean-Luc Dedecker. Elle s’en sort très bien et apprécie ce domaine à la fois technique et diversifié. Initialement, nous avions un représentant qui assurait les livrai- sons lui-même. Aujourd’hui, il y a un représentant qui assure cette activité à temps plein et un chauffeur pour les livraisons. Etant donné que deux camionnettes sont dévolues à la distribution des lubrifiants, lorsqu’il y a moins de travail en mazout, un deuxième chauffeur peut desservir aussi les clients lubrifiants. Ceci permet à l’entreprise d’être très réactive par rapport à la demande.

This article is from: