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Questions/Réponses
Par Rav Azriel Cohen-Arazi
» Et quand le Rav répond
14/05/2016
Question: Cher Rav, en tant que femme ai-je la possibilité d'accomplir la Mitsva de Séfirat HaOmer? Réponse: Ma réponse sera différente si vous êtes de rite séfarade ou ashkénaze. Nous examinerons donc l'une et l'autre de ces deux hypothèses. C o m m e n ç o n s p a r ra p p e l e r u n principe de base relatif au domaine des Mitsvot auxquelles les femmes sont astreintes et celles dont elles sont dispensées. Les femmes sont astreintes à toutes les Mitsvot "négatives", c'est-à-dire relevant d'un interdit, ainsi qu'à toutes les Mitsvot positives dont l'accomplissement n'est pas lié au temps. Elles sont par contre totalement dispensées de quasiment toutes les Mitsvot positives dont l'accomplissement est lié au temps. Mais dire que les femmes sont dispensées des Mitsvot appartenant à cette catégorie n'exclut pas qu'elles puissent les accomplir, à titre facultatif, avec une rétribution divine à la clé. En ce cas la question qui se pose, et au sujet de laquelle les décisionnaires séfarades et ashkénazes s'opposent, est de savoir si elles sont en droit ou pas de réciter la bénédiction accompagnant la Mitsva concernée. Selon les décisionnaires séfarades, au premier rang desquels Maïmonide, les femmes seraient dans l'impossibilité de réciter cette bénédiction, dès lors qu'elle comporte les mots "Hachem… qui nous a…. ordonnés telle Mitsva", alors qu'elles n'y sont précisément
pas astreintes. Par contre, selon les décisionnaires ashkénazes, avec pour chef de file, le Tossaphiste Rabénou Tam, cette formule n'empêche en rien les femmes de réciter la bénédiction, dès lors que l'expression "qui nous a … ordonnés" doit être comprise dans son sens général – à nous, les membres du peuple d'Israël, dont les femmes font bien évidemment partie. Ceci posé, qu'en est-il de la Mitsva de Séfirat HaOmer? Celle-ci appartenant, puisqu'elle ne peut être accomplie que durant la nuit, à la catégorie des Mitsvot liées au temps, les femmes n'y sont nullement astreintes. Telle est l'opinion de la totalité des décisionnaires séfarades et ashkénazes confondus, à l'exception, parmi ces derniers, du Maguen Avraham, qui considère que les femmes y sont astreintes bien qu'il s'agisse d'une Mitsva liée au temps. A présent, et pour en venir à votre question, tout dépend du rite qui est le vôtre. Si vous êtes de rite ashkénaze, vous êtes autorisée, à ce titre, ainsi que nous l'avons expliqué précédemment, à effectuer le compte de l'Omer en l'accompagnant chaque soir de la bénédiction idoine. Il vous faudra cependant veiller à tout mettre en œuvre pour éviter d'oublier, ne serait-ce qu'un seul jour, d'y procéder. En effet, contrairement à ce que l'on pourrait penser, la Séfirat HaOmer, tout au moins selon
de nombreux décisionnaires, n'est pas une succession de 49 Mitsvot indépendantes, mais une seule et même Mitsva constituant un édifice composé de 49 pierres solidaires les unes des autres. Qu'un jour manque à l'appel, et ce sont toutes les bénédictions récitées jusqu'ici qui risqueraient de l'avoir été en vain. Si vous êtes par contre de rite séfarade, la règle générale énoncée en introduction voudrait que vous soyez autorisée à procéder au compte de l'Omer à condition de ne pas réciter la bénédiction l'accompagnant. Cependant, les choses sont plus complexes qu'il n'y paraît. En effet, les décisionnaires séfarades, à l'exemple du Ben Ich Haï (cf. Chout Rav Péalim, kountrass Sod Yécharim, chap.12), recommandent aux femmes de s'abstenir totalement de la Mitsva de Séfirat HaOmer, serait-ce sans bénédiction. Ils s'appuient pour ce faire sur des textes d'inspiration kabbalistique desquels il ressort que cette Mitsva dans son principe même ne concerne en rien les femmes et qu'elles n'ont donc rien à gagner à l'accomplir. C'est d'ailleurs dans un sens identique que s'expriment le Or Létsion (tome 3, chap.16 § 8) ainsi que le Rav Mazouz. Sur www.torahacademy.fr vous pouvez poser vos questions au Rav et consulter toutes les autres rubriques de son site