Urbanne Le Golfe du Morbihan #1

Page 30

La Baule Bouge

PORTRAIT

PORTRAIT

SNSM

Ils seront toujours là pour nous Plein hiver et purée de pois. La dépression des trois derniers jours a légué une jolie houle. Pas un temps à mettre un plaisancier dehors. Encore moins un homme à la mer. C’est pourtant justement ce jour qu’ont choisi les bénévoles, femmes et hommes, de la SNSM de la station Côte d’Amour à Pornichet pour sortir s’entraîner. Nous y étions.

On ne choisit pas sa météo pour porter assistance. Ni la température de l’eau. Ce matin-là, l’océan ne dépasse pas onze degrés. Pourtant, sans hésitation, la « victime » plonge depuis le Zodiac. Sur le canot tout temps, on se prépare. « Il s’agit d’un accident de Jet Ski. Quelqu’un a été éjecté et est resté sonné après le choc. Quand on tombe à trente ou quarante nœuds, c’est comme si on tombait sur du béton. C’est typiquement le genre de cas où nous devons intervenir », explique Thierry Caudal, le patron suppléant du canot. À bord, tout est calme. On observe les plongeurs se préparer. On donne de la voix. « Il faut que les automatismes soient pris par les bénévoles. Nous pouvons intervenir dans les dix à quize minutes après l’appel du Cross*. Il faut aller vite tout en sachant exactement ce qu’on va faire. Ce n’est pas la peine de partir à fond sans savoir si on a les moyens de porter le secours nécessaire », souligne le patron. Ce matin, c’est Eric Berthaud, 22 ans dont deux passés à la SNSM, qui plonge pour porter secours. « On connaît les gestes à faire, on travaille pour ça toute l’année, tous les quinze jours, quel que soit le temps, sourit le gaillard. Je ne suis pas marin, je suis menuisier. Mais c’est la passion de la mer, du sauvetage. On ne sait jamais sur quoi on part. Il y a toujours un peu d’appréhension mais on est toujours motivé quand on sort, quoi qu’il arrive ». Rien n’oblige son employeur à le laisser partir en pleine journée, comme ça peut arriver. « C’est vrai que c’est au bon vouloir du patron, que nous prenons sur notre temps pour aller chercher des personnes en mer, reconnaît le jeune homme. Parfois, nous sommes déclenchés pour rien, parce que des gens balancent des fusées de détresse depuis la plage. Ça nous met en colère. On sort alors qu’il n’y a pas de danger ». Des sorties qui prennent sur le temps des bénévoles, sur les finances de la SNSM, mais surtout qui exposent les sauveteurs à des dangers inutiles. Des situations qui peuvent aussi tourner au drame. « J’ai voulu rentrer à la SNSM en 1986, à l’époque du drame de l’Aber Vrac’h. L’équipage au complet, cinq hommes, avait été perdu ainsi que la vedette. Ils étaient partis à la recherche d’un voilier, ils ont eu un problème de propulsion,

58

196, le numéro des urgences en mer se souvient Pascal Lemonnier, patron suppléant de la vedette. Un appel avait été lancé pour aider les veuves et les orphelins et récolter des fonds pour construire un nouveau canot. Je n’avais pas les moyens mais je voulais faire quelque chose pour la SNSM. Je venais de quitter la marine, j’ai été me présenter à la station SNSM à côté de chez moi. Ils m’ont pris comme matelot pendant sept ans ». Aujourd’hui, c’est lui qui est à la barre du navire. Il lâche quelques mots entre deux manœuvres. La concentration est maximale. « Quand ont part, c’est pour sauver des vies humaines ou un bateau. Mais je pense avant tout à ne pas prendre de risques pour mon équipage. On essaie de faire du mieux possible, mais je ne mettrais pas mon équipage en danger. C’est ma première idée. Il faut se concerter, ne pas y aller tête baissée : il faut être conscient que la mer est très dangereuse ».

« Il faut être conscient que la mer est très dangereuse » *Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage

Le 196, c’est le numéro à connaître absolument dès que l’on s’approche de l’océan. Plaisanciers, véliplanchistes, pêcheurs à pieds, tous ceux qui peuvent être confrontés aux caprices de la mer doivent le connaître par cœur. Le 196 permet de joindre immédiatement le Cross* et de gagner un temps précieux. « Gain de temps, c’est gain de vie ! En mer, c’est toujours comme ça, assure JeanMichel Paringaux, le président de la station SNSM Côte d’Amour. Quand vous êtes dans l’eau et que vous avez un accident, c’est la rapidité qui compte. En appelant le 196, les personnes seront immédiatement géolocalisées et seront en contact immédiat avec des marins professionnels, des personnes extrêmement compétentes qui vont «comprendre sans voir» et pouvoir déclencher les moyens d’assistance adaptés ». Pour autant ce numéro ne remplace pas le canal 16 de la VHF, la radio obligatoire dans la plupart des embarcations. C’est un moyen d’alerte complémentaire pour les usagers de la mer. « L’immense avantage de la VHF, c’est que tous les navires à proximité entendent la demande de secours. Ils peuvent se dérouter aussitôt et porter assistance », souligne Jean-Michel Paringaux.

urbanne


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.