L' Éduc' Mag n°177

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Décembre 2023

177 4,60 €

De l’ambition

CPPAP N° 0716 S 06569

l’Enseignement Public

pour faire face à la démagogie et au renoncement

La fédération UNSA des métiers de l’Éducation, de la Recherche et de la Culture


CASDEN Banque Populaire – Société Anonyme Coopérative de Banque Populaire à capital variable – Siège social : 1 bis rue Jean Wiener 77420 Champs-sur-Marne – Siren n° 784 275 778 – RCS Meaux – Immatriculation ORIAS n°07 027 138 • BPCE – Société anonyme à directoire et conseil de surveillance au capital de 188 932 730 euros – Siège social : 7, promenade Germaine Sablon 75 013 Paris – RCS Paris N° 493 455 042 – Immatriculation ORIAS n° 08 045 100• Crédit photo : © Roman Jehanno • Conception : Insign 2022 • Merci à Marie-Elisabeth, In昀rmière anesthésiste - IADE,Mark, Professeur d’EPS, MarieElisabeth, In昀rmière anesthésiste, Pierrick, Responsable énergie, Aurélie, Commandant de police d’avoir prêté leur visage à notre campagne de communication.

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Directeur de la rédaction Frédéric Marchand Directeur de la publication Pierre Chateau Rédactrice en Chef Aline Boussaroque Ont participé à ce numéro : Denis Adam, Nicolas Anoto, Karine Autissier, Steve Blanchard, Aline Boussaroque, Élise Capéran Pierre Chateau, Olivia Corbel, Julien Danglard, Véronique De Aguiar, Rémi Ferrières, Benoît Kermoal, Béatrice Laurent, Gilles Leluc, Frédéric Marchand Emmanuel Margerildon Yves Paploray, Gilles Tena, Nicolas Turcat, Morgane Verviers. Illustration couverture Aline Boussaroque ©AdobeStock Réalisation Yellowstone-design Publicité Anat Régie • 01 43 12 38 15 Impression Imprimerie IPS Pour les personnes souhaitant s’abonner, le prix du numéro est de 4,60 €, l’abonnement annuel de 18,40 €.

Rapport d’activité national en supplément avec ce numéro

De l’ambition pour faire face à la démagogie et au renoncement a démagogie est à l’œuvre dans notre pays. Où est passée la nuance, la pensée complexe et réfléchie ? Où sont les forces républicaines et progressistes pour l’universalisme ? Où sont celles et ceux qui ne stigmatisent pas les étrangers ? Où sont celles et ceux qui refusent l’essentialisme ? Et pour ce qui nous concerne directement où est l’ambition d’une politique publique pour la jeunesse et les personnels qui s’y investissent ? On fait face en France à une menace croissante de la prise de pouvoir par l’extrêmedroite, à des individus islamistes radicalisés qui assassinent sur notre sol, à des actes antisémites et racistes qui se banalisent, à un camp républicain qui se restreint entre une partie de la droite qui reprend les thèses de l’extrême droite et une partie de la gauche qui ne parvient plus à se positionner avec clarté face sur la situation au Proche-Orient. Et dans ce moment, la réponse du gouvernement, c’est « l’ordre », « la loi immigration » et le « choc des savoirs fondamentaux ». C’est la démagogie, on joue sur le bon sens supposé qui prendrait le pas sur la raison, sur les faits et sur les travaux de la recherche. Dans le domaine éducatif, les annonces faites par le ministre Gabriel Attal le 5 décembre fleurent bon l’École d’avant mais les réponses qu’elles prétendent apporter sont illusoires. Ce sont des renoncements à faire réussir chaque jeune.

Aujourd’hui les métiers de l’Éducation n’attirent plus. Les congés de longue durée sont mal remplacés, la formation initiale et continue est malmenée. Il faut réduire la taille des classes et mettre toutes nos forces pour se donner l’objectif que chaque élève maitrise le socle commun de connaissances de compétences et de culture. Le travail sur la qualité du climat scolaire est essentiel. La question de la réussite de la prise en charge des élèves en situation de handicap est centrale avec des réponses à apporter aux difficultés rencontrées par nos collègues. Et enfin il faut se pencher sur la question de la mixité sociale et scolaire. Au lieu de cela, les annonces sur le redoublement, les groupes de niveaux, le brevet comme examen de passage au lycée vont séparer et trier dès le collège. Aujourd’hui, nous partageons le constat des inégalités sociales reproduites par l’École, le constat de la dégradation des résultats à l’enquête Pisa. Mais nous refusons de tomber dans des solutions simplistes et dangereuses pour les plus fragiles. Alors mesdames et messieurs les politiques, arrêtons avec les mesures opportunistes, les effets d’annonce et de communication qui visent seulement à être en tête des sondages. Nous voulons de l’ambition pour le système éducatif et ses personnels.

Frédéric Marchand Secrétaire général de l’UNSA Éducation @FMarchandfred

C.P.P.A.P. 0716 S 06569 Dépôt légal : Décembre 2023

UNSA Éducation 87 bis, Avenue Georges Gosnat 94853 IVRY-SUR-SEINE CÉDEX

Tél. : 01 56 20 29 50 national@unsa-education.org

unsa-education.com

Retrouvez les éditoriaux de Frédéric Marchand sur unsa-education.com

- n° 177 - Décembre 2023 Internationale de l’Éducation

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N° 177

6-7 • Les brèves d’actu 10-11 • 2024, année importante pour l’UNSA Éducation, année d’introspection et de renouvellement des idées et des équipes

14 • Bientôt mieux couverts en prévoyance 15 • Faire évoluer le management ou comment redonner du sens au travail ?

18 • Une revalorisation indemnitaire historique pour les PTP ! 20-21 • Éducation inclusive 24 • Les jeunes et la radicalisation : comment l’École peut agir ?

26 • Comment adapter l'École et le bâti scolaire au changement climatique. Entretien avec Nicolas Turcat.

« Mutations numériques : où ça nous mène ? » Qu’on le veuille ou non, nos vies sont devenues numériques. Doit-on pour autant laisser ce numérique « envahir » le domaine de l’Éducation ou, au contraire, l’en écarter ? Sommes-nous face à une incroyable opportunité de mieux communiquer, de rendre ludiques les apprentissages, de gagner du temps, ou face à une effroyable peur de se faire dépasser par les intelligences artificielles ? Le numérique en éducation et formation génère des inégalités. Il serait naïf et erroné de croire que les Digital Native, génération née avec le numérique, en maîtrisent tous les usages, possèdent les outils adaptés à l’apprentissage, savent naturellement et comme par magie en utiliser toutes les possibilités, en déjouer tous les pièges.

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Il y a réellement un enjeu éducatif, un enjeu de formation au numérique, par le numérique. Et cela passe nécessairement par un lien humain, une relation pédagogique. Ce numérique envahissant impose de faire avec, de faire au mieux, de construire des savoir-faire, des savoir-être avec lui. Ce sont ces dimensions qu’explore ce numéro #50 de Questions d’Educ. « Mutations numériques : où ça nous mène ? » on pourrait y ajouter « et comment on y va ? »…



Laïcité s questions sophe, spécialiste de Pierre Kahn est philo professeur n, tio rien de l’éduca de laïcité et histo ducation, l’É de s ce en rsités en sci émérite des unive cité. e réflexion sur la laï il ouvre une nouvell ine dans cet Pierre Kahn exam estions vives ouvrage une des qu s’appuyant de notre société. En rrogeant nte s’i sur l’histoire et en comme es iqu or thé sur les enjeux nc es co rètes sur les conséquenc dégageant, de nos choix. En se communs ux lie avec lucidité, des ificateurs pl sim ns et des sloga bat démocraqui parasitent le dé ant, comme tique. En s’interroge tion de saes qu e citoyen, sur la philosophe et comm e société ell qu ur po us voulons, voir quelle laïcité no rti pour une commun. Il prend pa et pour quel avenir é, méfiante enaliste » de la laïcit approche « minim t renonceon, et qui, loin de tou vers toute sacralisati liber tés les ir nt ra ga à même de ment, est la mieux fondamentales.

e Un jeu pédagogiqu à l’ INSPE de Lor-

sseur agrégé Daniel Fischer, profe l’école de la pédagogique « À jeu raine, a conçu le but de ce jeu Éditions Bordas. Le laïcité » édité par les nt la Charte onstituer collectiveme de plateau est de rec ondant à rép en nière d’un puzzle e et de de la laïcité, à la ma tur na de nt so 54 questions des questions. Les en dim sions : elles traitent des difficulté différentes la laïcité, mais iques et sociales de juridiques, philosoph eux. aussi des faits religi

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Sport ux dernières le mentorat ces de Après la lecture et ctivité phyl’a la promotion de années, en 2024, e nationale. us ca ra la Grande sique et spor tive se çais à faire s : inciter les Fran Elle a deux objectif tive ; mettre é physique et spor davantage d’activit iques et du bl des politiques pu le spor t au cœur blicain. pu ré cte Pa

pratiqué 15 ans ou plus ont En 2022, 60 % des semaine, r pa s foi e au moins une tiv or sp ité tiv ac e un derniers mois. fois au cours des 12 72 % au moins une e, ainsi que les La course et la march et de la gymme activités de la for rs d’activités ive un les nastique sont registré la plus sportives qui ont en quant·es réguforte arrivée de prati 22. 20 et lier·es entre 2018 ublication/ > https://injep.fr/p -sport-2023/ les-chiffres-cles-du » (Pums) a e meilleure santé La chaîne « Pour un abonnés » 0 00 olique des 100 franchi « le cap symb urce fiaso e un e identifiée comm et « est maintenant ès de 7 milpar Youtube, avec pr ble d’informations » Cité. e l’Université Paris lions de vues, indiqu 2019 pour taire a été fondée en Cette chaîne universi nséquences formation et ses co lutter contre la désin les retards , s le refus de soins sur les patients tel Elle réunit . nts l’arrêt de traiteme thérapeutiques ou et enseié nt sa de essionnels « près de 100 prof tous les dor·ses représentant gnant·es-chercheu nt é » et es t la re ch erch e en sa maines du soin et de ris Cité . Pa té rsi nd ati on Un ive so ut en ue pa r la Fo


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les enfants Esther Duflo pour po ur he de di x liv re s Un e co lle cti on ric au x e nd re té da ns le mo ex pl iqu er la pa uv . se es Se ui l Je un en fa nts, éd ité e au quespour se poser des « Il n’y a pas d’âge r de ye sa d’âge pour es tions. Il n’y a pas oir av ur po ge a pas d’â comprendre. Il n’y ns llio mi 6 35 e, nd le mo envie d’agir ! Dans té, re ns la grande pauv d’enfants vivent da » r. jou r pa ins de 1,70 € c’est-à-dire avec mo e.com/auteur/ > www.seuiljeuness esther-duf lo/13623

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Le SI.EN UNSA Syndicat très largement majoritaire pour les inspectrices et les inspecteurs de l’Éducation nationale, le SI.EN UNSA possède un champ d’action étendu au sein du service public d’éducation puisque nos adhérents exercent aussi bien dans le premier degré qu’au lycée professionnel, mais aussi dans le cadre de l’information et de l’orientation.

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ette vision systémique constitue une caractéristique majeure de notre organisation. Elle nous amène aussi à des fréquents échanges avec les autres syndicats de notre fédération, renforçant ainsi notre orientation réformiste partagée. Si notre action syndicale est légitimement centrée sur la nécessaire revalorisation de nos carrières qui sont de moins en moins attractives, nous sommes surtout fortement engagés pour défendre de meilleures conditions de travail, car nous ne pouvons que déplorer les tensions que nous subissons sur le terrain.

Les pressions permanentes de l’institution pour que nous opérions des contrôles, au demeurant peu efficaces, nous font perdre le sens de notre métier qui devrait être focalisé sur l’accompagnement des équipes éducatives pour contribuer à une meilleure réussite de tous les jeunes. Cette priorité exprimée dans la circulaire relative à nos missions que nous avons récemment obtenue reste malheureusement fort peu prise en compte, que ce soit par notre ministère ou par les autorités académiques. Au-delà de ces préoccupations catégorielles, nous nous sommes résolument engagés dans la prise en compte des transitions majeures au sein de notre environnement social : la transition écologique, la transition numérique et la crise démocratique occupent une place de plus en plus importante dans notre réflexion syndicale, ce qui consolide encore notre engagement fédéral. Nous inscrivons aussi notre action dans un cadre international en mettant en avant notre souci de construire une société inclusive, respectueuse de toutes les différences dont nous affirmons qu’elles doivent nous enrichir et non nous séparer.

Patrick Roumagnac Secrétaire général du SI.EN UNSA @P_Roumagnac sien@unsa-education.org

Réunion de bureau national du 11 mai 2023.

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L’action sociale en AuRA : l’UNSA Éducation obtient des résultats Les élu·es de l'UNSA Éducation œuvrent dans les différents comités d'action sociale. Mais pour faire quoi ?

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ans les départements

Nos représentant·es étudient attentivement l'ensemble des dossiers d'aide déposés par des agents en difficulté et essayent d'influer sur les montants proposés par les assistantes sociales. Les marges de manœuvre sont cependant faibles.

Dans les académies Nos représentant·es ont une vue politique de l'action sociale, notamment le volet financier avec l'étude du budget prévisionnel, le suivi des dépenses dans chaque département, et peuvent proposer des actions pour les personnels.

C'est ainsi que l'UNSA Éducation a obtenu : L’inscription d'une ligne budgétaire à destination des AESH non payés par l’État, concernant l'aide à l'enfance handicapée (Grenoble). Le relèvement des plafonds des aides d'urgence (Clermont-Ferrand).

Julien Danglard julien.danglard @unsa-education.org

Pages UNSA Éducation coordonnées par :

La possibilité d'obtenir un logement d'urgence (Grenoble et Clermont-Ferrand). L’offre de chambres d’hôtel pour les situations d’urgence (Grenoble). Notre action dépasse également les comités d'action sociale puisque c'est grâce à l'intervention de l'UNSA Éducation que certaines communes de Haute-Savoie et de l'Ain ont pu bénéficier d'aides spécifiques au logement. Nous continuons le combat pour que toutes les communes soient concernées. L'UNSA Éducation intervient régulièrement à la Section Régionale Interministérielle d’Action Sociale AURA (SRIAS) afin de proposer des actions qui s’adressent spécifiquement aux agent·es de la Fonction publique d’État, retraité·es ou actif·ves. À noter : À Clermont-Ferrand, l'étude des dossiers départementaux se fait au rectorat, en réunion restreinte, contrairement aux deux autres académies.

Marc Durieux Secrétaire Régional UNSA Éducation AuRA @MarcDurieux3 aura@unsa-education.org

Gilles Téna gilles.tena @unsa-education.org

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Année importante pour l’UNSA Éducation, année d’introspection et de renouvellement des idées et des équipes.

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ès le premier trimestre 2024

Nous travaillerons à la rédaction du fil d’Ariane qui nous permet à la fois de nous orienter dans les méandres de l’actualité sociale, éducative, politique et de revendiquer tout en restant fidèles aux fondements de notre fédération. Ce travail sur notre résolution générale, débuté lors de congrès régionaux, aboutira lors du Congrès fédéral national des 25, 26, 27 mars 2024 à Nantes. L’UNSA Éducation examinera par ailleurs ce qu’elle a fait lors des dernières années. Le rapport d’activité national c’est l’occasion de présenter notre bilan. Il faut l’apprécier au regard de ce qu’étaient nos mandats syndicaux, de ce que fut l’actualité au sein de nos ministères et, plus généralement, de l’actualité sociale et politique.

Enfin, à Nantes, l’UNSA Éducation renouvellera son secrétariat national, une nouvelle équipe sera élue par les délégué·es des syndicats de la fédération et ceux des régions.

Dès janvier Les premiers actes de cette année intense se dérouleront en régions. Réunis en congrès régionaux, les représentant·es désigné·es par les syndicats analyseront notre projet de résolution et proposeront de l’amender. Il est indispensable que tous investissent cet espace de débat qui s’ouvre en territoire. Pour terminer ce premier trimestre 2024, les commissions administratives régionales éliront leurs bureaux, secrétaires et trésorier·eres.

Nous sommes l’UNSA Éducation, sûr·es de nos valeurs, fier·es de nos combats, nous devons investir l’immense champ de débats, de discussions et de décisions qu’ouvre cette année de congrès.

Adhérent·es, militant·es en activité professionnelle, retraité·es, participez à la vie fédérale !

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Dates des congrès régionaux 2024

Gilles Téna gilles.tena @unsa-education.org

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Fin de vie, le temps est venu pour une loi Le 2 novembre 2023, journée mondiale pour le droit à mourir dans la dignité, l’UNSA a rejoint les signataires du Pacte progressiste sur la fin de vie.

Sur la base de valeurs convictions communes, les organisations membres du Pacte, appellent le Président de la République, la Première ministre et les parlementaires à œuvrer sans délai pour qu’une loi sur l’aide active à mourir soit adoptée. Compte tenu des évolutions sociétales exprimées par les citoyens, il convient d’inscrire dans le droit français le suicide assisté et l’euthanasie. Chaque personne en phase avancée ou terminale, victime d’aléas doit pouvoir disposer d’une aide active à mourir, conformément à ses souhaits exprimés. La capacité des patients à exercer leur libre choix doit enfin être reconnue.

sur tout le territoire français, dans des conditions d’égalité. Elles demandent également que les soins palliatifs, l’aide active à mourir soit accessible à chaque personne. La loi devra rechercher la juste articulation des principes de liberté, de dignité, d’équité, de solidarité et d’autonomie. Elle devra aborder le sujet de la formation et de la recherche développant une culture palliative solide et approfondie. L’UNSA appelle, dans sa résolution générale du dernier congrès de Dijon, la France à offrir à chaque personne la liberté de choix, quelle que soit sa situation géographique ou financière. Cela passe par :

En 2016, la loi Claeys-Léonetti donnait de nouveaux droits aux patients en fin de vie et des devoirs aux soignants. Mais depuis la parution de la loi, des travaux ont été menés sur la fin de vie : de fortes disparités ont été constatées notamment sur l’accès aux soins palliatifs, une vingtaine de départements n’ayant pas d’unités de soins palliatifs.

le développement des soins palliatifs dans tous les départements, avec des personnels suffisants et formés à cette mission difficile, le tout avec des financements ad hoc et non fongibles avec le budget de l’établissement ;

C’est pourquoi les organisations signataires du pacte demande l’accès universel à des soins palliatifs de qualité

le respect par l’équipe médicale, des volontés exprimées par le malade de ses directives anticipées.

des campagnes d’informations pour mieux faire connaître le dispositif des directives anticipées ;

Karine Autissier karine.autissier@unsa.org

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Semaine 3 du 15 au 19 janvier 2024 Chaque jour, près de 8 000 enfants de moins de 15 ans sont victimes d’un accident de la vie courante entrainant un passage aux urgences*. C’est pourquoi la MAE, fidèle à sa mission première de protéger les enfants, a lancé la semaine nationale de prévention à l’école. Pendant 5 jours, partout en France, nous aidons les équipes pédagogiques à organiser des actions de prévention dans les classes pour sensibiliser les élèves des cycles 1 à 3 et leur apprendre à identifier les dangers, à s’en protéger et à agir de manière adaptée.

Les accidents de la vie courante et les gestes de premiers secours

Notre ressource pédagogique « Le club des enquêteurs face aux dangers de la maison », développée en conformité avec les programmes d’enseignement, constitue l’outil de référence pour mener à bien votre action en classe.

Outil pédagogique et kit d’animation disponibles sur www.mae.fr * Enquête EPAC – Santé Publique France.

L’expertise MAE au service de la prévention AGRÉÉE PAR LE MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE ET DE LA JEUNESSE

AP SNP 11-23 - Fédération MAE SOLIDARITÉ, association à but non lucratif régie par la loi de 1901, sise 14 rue Moncey - 75009 Paris - Crédit photo : MAE

mae.fr


Bientôt mieux couverts en prévoyance Si chacun connaît la couverture santé (mutuelle), la couverture prévoyance est moins connue. Et pourtant essentielle, et ce d’autant plus que vous êtes jeune !

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écès, invalidité, incapacité de travail de longue durée, dépendance : chaque situation est dramatique. Mieux vaut ne pas y ajouter des difficultés financières, pourtant presque inéluctables dans ces cas-là. Contrairement aux idées reçues, le statut de fonctionnaire ne couvre pas bien. Moins bien que dans le secteur privé. Cette carence sera bientôt comblée. Une négociation collective dans la fonction publique vient de se clore sur un accord majoritaire qui va faire progresser les droits des personnels. Globalement, ce sont les risques de longue durée dont la prise en charge va être améliorée, par deux leviers :

Une couverture statutaire améliorée, pour toutes et tous Celle-ci concernera tous et toutes les agent·es de la fonction publique de l’État : titulaires, contractuel·les, ouvriers de l’État. En cas de décès de l’agent·e, un capital équivalent à un an de rémunération sera versé à ses ayants droit. S’ajoutera une rente mensuelle pour ses enfants scolarisés.

En cas d’invalidité, l’agent·e concerné·e ne sera plus mis·e à la retraite d’office. Si la personne peut encore travailler, elle touchera une indemnisation d’invalidité qui s’ajoutera à sa nouvelle rémunération sur un poste aménagé. En cas d’invalidité totale, l’indemnisation sera majorée et comptera pour sa retraite. Enfin, en cas de congé longue maladie, l’indemnisation est améliorée pendant les 3 années de congé.

Une couverture complémentaire facultative Demain, l’État prendra enfin à sa charge une partie du coût de cette complémentaire, à hauteur de 7 € par mois. Un contrat choisi par le ministère sera proposé en 2025, libre à chaque agent d’y adhérer ou non. L’UNSA a permis ces avancées en voyant plusieurs de ses propositions intégrées à l’accord final. L’UNSA invite tous les collègues à compléter leur couverture statutaire par une couverture complémentaire, en privilégiant le modèle mutualiste. Véronique De Aguiar @v_de_aguiar veronique.deaguiar @unsa-education.org

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Faire évoluer le management ou comment redonner du sens au travail ? La question du sens, entre engagement, fidélité et loyauté, remet en cause la continuité, les processus et les outils de travail mis en œuvre par l’administration. Les notions de reconnaissance et de bien-être sont des aspirations légitimes, qui plus est lorsqu’elles touchent des collègues investi·es dont les compétences et les savoir-faire sont affaiblis par un management « froid ».

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uels leviers pour redonner du sens ?

La responsabilisation des agent·es sans considération de grade, la remise au centre du « pourquoi » et pas seulement du « comment » en sont des clés d’entrée. Faire preuve de résilience organisationnelle en jouant avec plusieurs types de leadership, en y intégrant des modes participatifs rendraient nos métiers attractifs et vivables. La délégation d’une partie du pouvoir du manager et la formation constante aux nouveaux outils de travail collaboratif sont par ailleurs, indispensables.

Haute-Savoie et Pays de Gex : indemnité de résidence relavorisée Suite à la décision du ministre Guérini, 62 communes de Haute-Savoie et du pays de Gex (Ain) voient l’indemnité de résidence revalorisée, au vu des difficultés à se loger. C’est une avancée. L’UNSA Éducation soutenait cette demande et revendique une refonte globale de la carte de l’indemnité de résidence et la revalorisation de son montant. En zones de vie chère, trop de collègues ne peuvent plus se loger dans des conditions dignes. Il est urgent que l’employeur public prenne des mesures d’ampleur.

Peut-on articuler efficacité et bien être ? Le management, ses postures, ses pratiques sont à repenser pour sortir du rapport de force. Le fonctionnement en silo est un frein au déploiement des transversalités. Mieux répondre aux besoins des agent·es passera par le développement de l’initiative, de la possibilité offerte d’aménager le temps et les espaces de travail. Mettre l'éthique en pratique : considérer autrui non comme un simple moyen mais comme une fin en soi. Manager, c’est décider de s’occuper de l’autre, de passer du « je » au « nous », de le reconnaître et s’intéresser à elle et lui au-delà de la simple reconnaissance salariale. Pour l’UNSA Éducation, les démarches QVCT (Qualité de vie et conditions de travail) sont un tremplin pour mieux concilier efficacité du service public et prise en compte des besoins des personnels. Leur expression doit être recherchée, leur intégration aux processus managériaux traduites concrètement, dans la réalité d’une administration hiérarchique froide, et malheureusement encore trop souvent maltraitante. Steve Blanchard @stev_blanchard steve.blanchard @unsa-education.org

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Mobilité : tout connaître des métiers de la fonction publique Vous envisagez une démarche de mobilité professionnelle et souhaitez rester agent·e de la fonction publique ? Vous êtes à la recherche d’idées ou encore de pistes d’évolution ?

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oici un nouvel outil qui va vous permettre de connaître la diversité des métiers pouvant être exercés dans le secteur public.

Deux nouvelles aides au logement

Paru en septembre dernier, il s’agit du premier répertoire commun des métiers de la fonction publique. Il rassemble l’ensemble des métiers pouvant être exercés dans les trois versants de la fonction publique : État, territoriale et hospitalière. Pour chaque métier, vous trouverez une fiche récapitulative mentionnant les activités principales associées ainsi que les compétences attendues en matière de connaissances, savoir-faire et savoir-être. De quoi se faire une première représentation lors de l’ébauche de son projet. Le répertoire est disponible à cette adresse : > https://urlr.me/XhwSz

La recherche d’un logement peut se révéler un véritable parcours du combattant. Voici deux dispositifs d’aide mis en place à titre expérimental pour les personnels de l’Éducation nationale depuis septembre 2023. Garant : Si vous passez par Cautionéo pour votre garantie location, le ministère prend en charge 100 % de votre cotisation la première année, 60 % la deuxième et 40 % la troisième. Prêt bonifié : Par un partenariat avec le CSF, il consiste en un prêt d’aide à l’installation de 2 000 € à 4 000 € avec un taux avantageux de 1 %. Remboursé sur une période de 2 à 4 ans, il peut vous aider à financer divers frais si votre bail ou l’acquisition de votre logement date de moins de 6 mois. Ces aides sont accessibles pour les personnels stagiaires, titulaires et contractuels en CDI. L’UNSA Éducation continue de se battre pour améliorer l’accès au logement pour les collègues, dont certains sont dans une situation dramatique. Le logement est LA priorité. Notre employeur doit agir pour assurer le droit au logement à son personnel.

Olivia Corbel olivia.corbel @unsa-education.org

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Et pour connaître les différentes voies pour une mobilité, n’hésitez pas à demander notre mémento « Ma mobilité professionnelle », disponible à cette adresse : > https://urlr.me/8vBRw

Emmanuel Margerildon EMargerildon emmanuel.margerildon @unsa-education.org



Une revalorisation indemnitaire historique pour les PTP ! (1)

L’UNSA Éducation vient enfin d’obtenir de bonnes conditions pour un passage des PTP au RIFSEEP (2). Celui-ci va apporter aux collègues une revalorisation indemnitaire historique et attendue !

C’

est l’histoire d’une revalorisation qui a mis bien longtemps avant d’être accordée aux PTP… Et d’un passage au RIFSEEP refusé, dans un premier temps, par l’UNSA Éducation. Et pour cause : aucune augmentation indemnitaire ne l’accompagnait. Depuis, les choses ont changé. Le retour des personnels Jeunesse et Sports à l’Éducation nationale a permis de rendre le contexte plus favorable. L’UNSA Éducation et ses syndicats de PTP ont activement œuvré pour obtenir enfin une réelle revalorisation pour les PTP. Mais la condition sine qua non imposée par les ministères de tutelle est le passage au RIFSEEP. (1) PTP : Personnels techniques et pédagogiques

(2) RIFSEEP : Régime indemnitaire tenant compte des fonctions,

des sujétions, de l'expertise et de l'engagement professionnel

JO 2024 Le gouvernement prévoit un plan de maintien de l’activité pendant les jeux olympiques et paralympiques, afin d’assurer la continuité du service et l’accueil de délégations. Il prévoit un relèvement des plafonds des CET, des astreintes, et une indemnité spéciale s’ajoutant au complément indemnitaire annuel. Pour l’UNSA Éducation, les astreintes supplémentaires ne devront être demandées aux personnels qu’en cas de nécessité, et le travail supplémentaire revalorisé.

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Fidèles à leurs valeurs de démocratie interne, le SEP UNSA et le SNAPS UNSA ont interrogé leurs adhérent·es. L’avis des collègues a été entendu et respecté : OK pour le RIFSEEP à condition d’avoir une réelle revalorisation à la clé, et d’en atténuer les effets négatifs.

L’UNSA Éducation et ses syndicats de PTP ont alors obtenu : Une augmentation indemnitaire moyenne prévue de 1 800 € annuelle. L’effet rétroactif de la revalorisation au 1er janvier 2023. La limitation à deux groupes de fonction ; Un écart réduit entre ces deux groupes. Une revalorisation pluriannuelle pour atteindre les montants moyens des attaché·es d’administration de l’État. La revalorisation se fera sur la paie de janvier 2024 (décembre dans les établissements du sport). L’UNSA Éducation se félicite de cette victoire et continue d’agir pour l’ensemble des collègues PTP ! Yves Paploray @YvesPaploray yves.paploray @unsa-education.org


3e Rendez-vous annuel des métiers de l’Éducation UNSA « Urgence climatique, Crise démocratique, Mutation Numérique, sommes-nous prêt·es ? »

P

arce qu’il serait simpliste de répondre « Non ! » à cette question complexe et systémique, nous avons réuni dans 24 lieux en France hexagonale et ultramarine, des professionnels de l’Éducation en inter-métiers simultanément pour discuter, apporter leurs expériences, partager leurs préoccupations, leurs doutes, leurs réussites. Un rendez-vous annuel des métiers de l’Éducation UNSA, c’est un moment participatif d’échange et de formation.

Un webinaire national a complété ce moment en donnant la parole à deux invité·es : Ariane Azéma (IGESR) qui a présenté une analyse historique de l’ouverture du système éducatif sur son environnement, et François Taddéi, chercheur à l’INSERM qui a partagé sa vision des transformations des mondes éducatifs à effectuer pour s’adapter aux transitions mondiales.

Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

Stéphane Soreau stephane.soreau @unsa-education.org

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Adieu les PIAL, bonjour les PAS… Annoncés en mai 2023 lors de la Conférence Nationale du Handicap, les contours des P.A.S (Pôles d’Appui à la Scolarité) commencent à se préciser. Notamment, grâce à l’article 53 du projet de loi de finance 2024. Ils sont amenés à remplacer totalement les PIAL à horizon 2026. Ils seront préfigurés dans trois départements en septembre prochain.

D’

après l’exposé des motifs, l’article 53 « porte une réforme systémique du dispositif d’inclusion scolaire visant à améliorer la qualité et la pertinence des mesures d’accessibilité et de compensation proposées pour la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers, ainsi que la relation avec les familles pour la scolarisation de leurs enfants, en garantissant la mise en place rapide de réponses de premier niveau (adaptations pédagogiques, etc.) tout en optimisant les moyens dédiés à ces dispositifs ». Cent PAS seront créés dès la rentrée 2024, nécessitant le recrutement de 100 enseignants à temps plein, titulaires du CAPPEI. Ces pôles seront également composés de personnels médico-sociaux, à hauteur de 2 ETP, idéalement un ou une éducateur·trice spécialisé·e et un personnel auxiliaire de santé. D’ici 2026, ce sont 9 000 créations de postes qui se profilent, 3 000 côté Éducation nationale, 6 000 côté secteur médico-social. Cela représente un coût estimé de 3,8 M€ en année pleine, porté par la mission « Enseignement scolaire ».

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Les PAS seront chargés de définir, pour les établissements scolaires du public et du privé sous contrat, « les mesures d’accessibilité destinées à favoriser la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers ». Ils apporteront une réponse de premier niveau aux besoins éducatifs particuliers, et accompagneront ensuite les familles dans leur demande de saisine des MDPH. Matériel Pédagogique Adapté, appui et ressources pédagogiques pour les équipes éducatives, à raison d’une moyenne de trente pôles par département, on peut espérer que les réponses soient plus rapides qu’actuellement. Le GT fédéral « Inclusion » suit de très près la naissance des PAS, en multipliant les espaces d’influence : rencontre avec la ministre en charge des personnes en situation de handicap Mme Khattabi, avec le cabinet du MENJ, travail en commission Éducation et commission permanente du CNCPH, rencontres ciblées avec parlementaires.


Un exemple de MPA

Le CNCPH

(Matériel pédagogique adapté)

En quelques données

Le Cartable Fantastique est une association qui propose des outils pour faciliter la scolarité des enfants en situation de handicap, et plus particulièrement dyspraxiques. Ces ressources naissent du croisement des regards de chercheurs en sciences cognitives et d’enseignants. La dyspraxie ou trouble de la coordination motrice d’origine développementale se définit par une réduction des performances dans les activités quotidiennes qui requièrent une coordination motrice, inférieures à celles attendues pour un enfant du même âge et de même intelligence. La dyspraxie est aussi fréquente que la dyslexie. Elle crée des difficultés dans l’apprentissage de l ‘écriture, de la lecture, des mathématiques…

Le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées, c’est une assemblée plénière composée de deux collèges, des commission spécialisées, des délégations, un conseil éthique le tout pour une mandature de trois ans. Il produit des avis sur les textes réglementaires et des motions pour construire une société inclusive, en privilégiant la parole des collectifs associatifs des personnes en situation de handicap (80 % de représentativité). L’UNSA occupe un siège de titulaire (Marine Vignau , SN UNSA) et de suppléante (Béatrice Laurent, SN UNSA Éducation) en assemblée plénière. L’UNSA Éducation occupe un siège de titulaire à la commission Éducation (Elisabeth Jamin, CN SE UNSA) et une suppléance (Mechtilde Dippe, SG SNMSU UNSA). Le CNCPH vient d’être renouvelé, Jérémy Boroy en a été renommé président par la ministre Mme Khattabi.

> Des outils pour compenser, des outils pour adapter, téléchargeables gratuitement sur le site : www.cartablefantastique.fr

> https://cncph.fr

Assistant·e de Réussite Éducative (ARE) Une piste de nouveau cadre d’emploi Ce nouvel acronyme pourrait bien [ré] apparaître dans le système éducatif en plus du statut actuel des AESH (Accompagnant·e des Élèves en Situation de Handicap). En effet, il ne fusionnera pas des métiers reconnus aujourd’hui mais « co-existera » selon les informations récoltées, pour permettre aux AESH qui le souhaitent, de travailler à temps complet soit 35h par semaine. Et ainsi, d’améliorer leur rémunération en accomplissant d’autres tâches, hors temps face à élèves, comme des tâches administratives par exemple, ou encore des missions d’études d’accessibilité. Un nouveau statut encore à l’étude dans le ministère employeur. > À suivre !

Béatrice Laurent @Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org

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Carton rouge pour une vision du sport sans « plan de jeu » Le projet promu par notre président à l’occasion des prochains Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de faire de notre pays « une nation sportive » semble surtout être un effet de communication, sans vision dans la durée. Du sport, il semble en ignorer la dimension éducative et fragilise les conditions de travail de tous les agent·es publics concernés.

Q

uelque soit le bout par lequel on la prenne, notre politique publique du sport interroge. Y a-t-il un vrai projet pour le sport dans notre pays ? On pouvait penser que l’évènement des JOP 2024 à Paris déclencherait une prise de conscience sur la nécessaire valorisation du sport à l’École et des enseignants d’EPS qui en sont la cheville ouvrière. Et par ailleurs, sur la nécessaire anticipation à former et préparer au mieux nos équipes et nos jeunes athlètes pour concourir à ce rendez-vous majeur qu’est l’olympisme. Or, force est de constater qu’on ne discerne aucun plan de jeu, aucune programmation organisée pour faire entrer le sport dans une autre dimension que celle d’un empilement de mesures et d’un défilement de spots publicitaires dont la cohésion est encore à chercher. Le sport ne semble plus être d’abord, aux yeux du gouvernement, une discipline à part entière dans les enseignements obligatoires, véhiculant des valeurs fortes d’apprentissage sur soi, de dépassement, de solidarité dans l’effort, à voir le grand plan de com’ vantant les mérites du sport contre l’obésité ou mis en avant comme un outil de gestion des élèves perturbateurs. Car il y a clairement cette « confusion du sport avec le prisme de la santé » souligne David Lelong, référent métier pour le collège du SE-UNSA, syndicat qui dénonce un certain mépris pour les professeurs d’EPS, jamais cités dans la note de service du MENJ de juillet dernier autour des JOP.

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La mesure des deux heures hebdomadaires supplémentaires au collège, hors temps scolaire, externalisée et circonscrite à 700 collèges, affiche également une vision politique du sport très inégalitaire et peu républicaine. Pour ne citer que ces exemples. En matière de haut niveau, le constat n’est pas meilleur. La création de l’Agence nationale du sport a plutôt semé confusion et désorganisation parmi les acteurs et partenaires ; « C’est une véritable usine à gaz dont on aurait pu se passer, stipule Tony Matin, secrétaire général du SNAPS-UNSA. Ça a affaibli le service public du sport en général et empêché de lancer une vraie dynamique dès 2017 dans la préparation aux JOP ». L’UNSA Éducation ne peut donc que déplorer cette politique « vitrine » du sport sans vision de continuité à long terme, qui s’est placée sur un terrain très éloigné des valeurs républicaines de l’Éducation au sport et par le sport, qui ne renie en rien l’excellence. Mais l’Éducation au sport doit d’abord demeurer ce lieu d’exemplarité et de partage où se conjuguent au quotidien effort personnel et solidarité collective. Gilles Leluc @Gileduc69 gilles.leluc @unsa-education.org



Les jeunes et la radicalisation : comment l’École peut agir ?

L

Depuis l’assassinat de Dominique Bernard en octobre dernier, la question de la radicalisation à l’École est devenue omniprésente. Gabriel Attal a promis des annonces sur ce sujet et face aux inquiétudes légitimes, il est nécessaire de bien cerner tous les enjeux.

usage du terme de radicalisation est récent : on peut le définir, suivant les spécialistes de la question, comme l’adoption d’un mode de pensée qui devient une vérité absolue et une vision du monde rigide, engendrant des actions violentes, le plus souvent au sein de structures clandestines pour imposer à l’ensemble leur mode de pensée. Les idéologies extrémistes, religieuses ou politiques, sont les supports de ce phénomène de radicalisation. On l’emploie avant tout pour les personnes influencées par l’islamisme radical et violent, que l’on appelle aussi djihadisme.

Les chiffres de la radicalisation chez les jeunes Il y a une augmentation du nombre de jeunes radicalisés dans la mouvance djihadiste actuellement. Selon les chiffres communiqués par les différentes structures de l’État, 519 mineurs et jeunes majeurs sont suivis pour radicalisation par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ). On trouve également 322 jeunes de retour de Syrie, où majoritairement, ils accompagnaient leurs parents, qui ont voulu rejoindre l’État islamique. 190 d’entre eux sont à l’école.

Quelle surveillance pour ces jeunes radicalisés ? Au niveau national, ce sont les services de renseignement qui sont à la manœuvre en matière de lutte anti-terroriste. En ce qui concerne la prévention et la défense du modèle républicain, cela est du ressort du CIPDR (Comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation). Au niveau local, un dispositif de prévention existe dans tous les départements, sous deux formes, d’une part les GED (groupes d’évaluation départementaux, composés avant tout de policiers) et d’autre part les CPRAF

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(cellules départementales de suivi pour la prévention de la radication et l’accompagnement des familles) qui centrent leur action sur les familles et proches, et aussi sur la détection, en particulier concernant les plus jeunes et les personnes scolarisées. Les fiches S (pour Sûreté de l’État) ne sont qu’un sousensemble du fichier des personnes recherchées (FPR). Lorsqu’on est fiché S, c’est pour permettre une surveillance et une remontée des renseignements, cela ne signifie pas qu’on a commis un délit. À côté du fichier S, on a le FSPRT, fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Agir et prévenir à l’École La surveillance de jeunes radicalisés doit se faire dans un cadre interministériel avec la coopération de tous les services. Une politique de prévention de la radicalisation violente en milieu scolaire doit réellement être mise en place avec des outils et des informations pour tous les personnels. La volonté affichée du ministre de l’Éducation de sortir les élèves radicalisés de nos établissements scolaires doit se faire en adoptant les meilleures solutions (faut-il des centres éducatifs fermés ?) et en respectant la justice des mineurs sous l’égide de l’ordonnance de 1945. Il ne faut pas oublier enfin que ces jeunes radicalisés ne concernent qu’une infime minorité, et que l’École ne peut résoudre à elle seule l’ensemble des problèmes de notre société. En revanche, il importe de protéger l’ensemble des personnels face à cette nouvelle menace que représente l’islamisme radical. Benoit Kermoal @enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org


Laïcité : quoi de nouveau dans l’actualité des livres ? Le sujet de la laïcité est très présent dans les mondes scolaires et dans notre société. Pour aider à mieux comprendre ce principe, on assiste actuellement à la publication de nombreux livres sur le sujet. Nous faisons ici un passage en revue des publications les plus récentes et les plus intéressantes. Loin d’être exhaustif, cet article pourra vous donner quelques bonnes idées de cadeaux pour les fêtes de fin d’année.

I

l n’est pas facile de trouver de bons ouvrages sur la laïcité dans toutes ses dimensions, en particulier en qui concerne l’Éducation. C’est pourquoi on ne peut que saluer le livre de Stéphanie Hennette Vauchez, L’École et la République. La nouvelle laïcité scolaire (Dalloz, 2023). L’autrice est professeure de droit public à l’université et elle nous offre un livre très riche sur le régime de laïcité à l’École, avec de nombreux renseignements, une mise en perspective juridique très complète et une analyse experte. Si on pourra contester telle ou telle affirmation, ce livre est destiné à faire date, tant il offre un cadre très clair sur l’évolution récente de la laïcité scolaire. Il est donc à recommander sans réserve ! La laïcité, ce n’est pas qu’à l’École, c’est pourquoi l’ouvrage de Jean Morange, lui aussi professeur de droit, est utile. Intitulé, avec une pointe de provocation, La laïcité de la République : garantie ou menace pour les libertés ? (LGDJ éditions, 2023), il aide à comprendre pourquoi la laïcité peut aujourd’hui en France être un enjeu de débats animés. Mais on lui préférera un autre livre, écrit par la philosophe Cécile Laborde. Son étude Philosophie libérale de la religion (Hermann, 2023) est un bel essai, novateur et qui fait réfléchir. C’est une très solide réflexion qui est offerte ici et c’est aussi une étude capitale pour comprendre la laïcité aujourd’hui en France. D’autres publications sont davantage ancrées dans les controverses, tout en étant utiles : l’un de Pierre Kahn, Quelle laïcité voulons-nous ? (ESF, 2023) cherche à comprendre ce qu’il faut transmettre pour que la laïcité garantisse l’émancipation, l’égalité et la liberté, mais en se positionnant tout au long du livre en opposition à d’autres opinions. L’autre dresse un tableau accablant de l’enseignement de la laïcité : Jean-Pierre Obin, grand spécialiste de ce sujet, offre avec son dernier ouvrage Les profs ont peur. École & laïcité : enquête sur le grand renoncement

(éditions de l’Observatoire, 2023) un implacable réquisitoire qu’il faut lire, mais qu’il faut ensuite discuter et compléter par d’autres constats. En effet, on peut aussi se servir d’études qui mettent en avant des expériences positives concernant l’enseignement de la laïcité, et le rôle de la pédagogie : dans leur livre Laïcité, Discriminations, racisme. Les professionnels de l’Éducation à l’épreuve (PUL, 2023) Françoise Lantheaume et Sébastien Urbanski multiplient les points de vue avec d’autres auteurs et autrices. Plusieurs contributions sont passionnantes sur la mise en pratique éducative et sur le climat scolaire lié à la laïcité, mais aussi face aux discriminations. Quant à Stéphane Aurousseau, auteur d’un ouvrage, Promouvoir la laïcité (en milieu hostile) ! (Éditions double ponctuation, 2023), il fournit quelques recettes intéressantes pour mieux faire comprendre ce principe aux plus jeunes, en lien avec l’Éducation populaire. Mais vous ne disposez que de peu de temps pour vos lectures ? Alors deux petits ouvrages feront l’affaire : Laïcité de Stéphanie Hennette Vauchez dans la petite collection « Le Mot est faible » (anamosa, 2023) se lit d’une traite en peu de temps et enfin, l’essai de Valentine Zuber, La Laïcité en débat au-delà des idées reçues (Le Cavalier bleu, 2023, édition revue) vous donnera tous les renseignements essentiels sur le sujet. Comprendre la laïcité n’est pas toujours facile : les livres évoqués ici sont des guides utiles et intéressants pour mieux comprendre ce principe fondateur de notre modèle républicain. Benoit Kermoal @enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org

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Loi immigration : quels sont les enjeux ? Le projet de loi dit « pour contrôler l’immigration, améliorer l’intégration », qui a obtenu l'approbation du Sénat en novembre 2023, suscite des préoccupations. Claire Hédon, la Défenseure des droits, a alerté sur plusieurs points problématiques. Dans son avis sur la première version du texte, elle déplorait déjà « un projet qui ne tenait pas suffisamment compte de certains publics vulnérables ». Elle s’inquiète aujourd’hui d’un « projet qui les cible particulièrement et tend à renforcer leur précarité ».

D

L’UNSA Éducation fait le point. es atteintes graves aux droits des étrangères et étrangers

En passant de 27 à près de 90 articles, le texte a été remanié et durci par la majorité sénatoriale de la droite et du centre : suppression de l’aide médicale d’État (AME), limitation du regroupement familial, durcissement des conditions de régularisation dans les métiers en tension, facilitation des expulsions, etc. Il y a une inflation législative en matière de droit des étrangers·ères et sur le recul net de leurs droits fondamentaux dans ce projet de loi remanié. Le Sénat a approuvé la suppression de l'AME, remplacée par une aide médicale d'urgence (AMU) plus restrictive. Les conditions du regroupement familial ont également été durcies en rallongeant la durée de séjour nécessaire pour faire la demande de 18 à 24 mois. Les conjoint·es de Français·es et les parents d'enfants français·es voient également restreint leur accès à une carte de séjour et de résident. Les conditions d'accès à la nationalité française sont également renforcées, avec un délai de résidence porté à dix ans pour la naturalisation, contre cinq ans actuellement. En matière de travail, le Sénat a supprimé du projet de loi les articles 3 et 4 sur la régularisation des travailleurs·euses sans papiers et l'accès immédiat au travail de certain·es demandeurs d'asile.

Trois axes d’inquiétudes émergent En premier lieu, les dispositifs de sanction et les mesures coercitives applicables aux étrangers·ères ont été multipliés après passage au Sénat. À la faveur d’une confusion des objectifs de protection de l’ordre public et de lutte contre l’immigration irrégulière conduisant à des amalgames particulièrement regrettables.

En second lieu, le projet accroît démesurément les exigences d’intégration concomitamment à une précarisation sans précédent du droit au séjour et de l’accès à la nationalité, au risque d’augmenter le nombre d’étrangers·ères en situation irrégulière et menacé·es par les mesures précédemment évoquées. La remise en cause du droit du sol est enfin contraire à notre modèle d'intégration républicaine, c'est pourquoi des associations, des syndicats (dont Frédéric Marchand, SG de l'UNSA Éducation) et des universitaires ont écrit à Élisabeth Borne pour demander la suppression de telles dispositions. Enfin, il remet profondément en cause les équilibres existants et menace ainsi les droits de tous et toutes, notamment en matière d’accès à la santé.

Prochaines étapes à l'Assemblée nationale Les modifications effectuées souvent avec l’aval du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, le locataire de la place Beauvau souhaite un projet de loi articulé autour de deux principes : « fermeté et simplification ». C'est maintenant l'Assemblée nationale qui examine ce projet de loi. Les député·es auront la tâche de débattre des modifications apportées par le Sénat et de décider du contenu final du projet de loi sur l'immigration et l'intégration en France. Les débats s'annoncent comme un moment crucial, reflétant les enjeux complexes et les divergences d'opinions sur la question de l'immigration dans le pays. L’UNSA Éducation souhaite que les député·es prennent la mesure de la gravité de cette version durcie. Il est nécessaire d’apporter des modifications afin de trouver des équilibres indispensables à la cohésion et conformes, non seulement à nos engagements juridiques, mais aussi à notre tradition républicaine.

Pour retrouver les évolutions du projet législatif, deux très bons sites en ligne pour mieux comprendre les enjeux de cette loi : > DésinfoxMigrations

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> L'avis de la défenseure des droits

Rémi Ferrières remi.ferrieres @unsa-education.org


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Comment adapter l'École et le bâti scolaire au changement climatique L’adaptation de l’École au changement climatique s’impose petit à petit dans le débat éducatif. La question du bâti notamment fait l’objet d’un grand plan de rénovation annoncé par le président de la République en avril 2023, avec l’ambition de rénover l’ensemble des écoles, collèges et lycées dans un délai de 10 ans. À l’occasion d’une rentrée marquée par des records de chaleur dont on sait qu’ils seront amenés à se répéter, de nouvelles annonces ont été faites. Sur ce sujet le défi financier et technique est énorme, et invite à interroger les promesses présidentielles en la matière. Pour autant une dynamique est engagée, notamment à travers le plan #EduRenov. Ce programme qui repose sur un partenariat du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse avec la Banque des territoires a pour objectif la rénovation énergétique de 10 000 « bâtiments à vocation éducative ». Pour en savoir davantage sur ce plan, nous avons rencontré Nicolas Turcat responsable du service « Éducation et services au public » au sein de la Direction de l'investissement à la Banque des territoires.

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uelle est l’originalité du programme ÉduRenov ?

Nicolas Turcat : Le programme EduRenov vise à accompagner, à accélérer les projets de rénovation énergétique et d’adaptation climatique des écoles, collèges, lycées et bâtiments périscolaires à vocation éducative (y compris donc les crèches et les universités). Il s’appuie sur trois leviers : accompagner, valoriser et financer. 2 millions d’euros sont ainsi budgétés, sous forme de prêts, pour permettre l’accompagnement de 10 000 projets de rénovation. Sans évidemment minorer le défi financier de la rénovation énergétique du bâti scolaire, l’objectif visé est avant tout celui de la simplification : on sait que cette rénovation est perçue par les élus, par les membres des communautés éducatives comme onéreuse et complexe. Ainsi, le volet « accompagnement » du programme fournit toute l’expertise technique nécessaire à un projet de rénovation. Pour valoriser, on mise beaucoup sur « l’effet levier » : cela repose sur un important travail de documentation partagé, un centre de ressources unique, mis à disposition de toutes les parties concernées, car nous avons la conviction que c’est dans une relation de pair-à-pair que l’on a des chances de se développer plus rapidement et plus efficacement : l’élu parlera à l’élue, la cheffe d’établissement au chef d’établissement, le technicien à la technicienne etc.

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Les moyens annoncés par le président de la République, rien que pour la rénovation des écoles sont élevés, et pourtant on sait qu’ils sont en deçà de l’estimation de 40 milliards d’euros pour une rénovation globale qui fait actuellement autorité. L’ambition est-elle démesurée, l’objectif atteignable ? Nicolas Turcat : En effet, rien que la superficie des bâtiments scolaires (140 millions de m2) rappelle l’ampleur du défi. Avec ÉduRenov nous avons fait le choix du pragmatisme : cela ne peut s’inscrire que dans un temps long car on ne peut pas transformer autant de bâtiments en 5 ou 10 années. Aujourd’hui, ce sont entre 700 et 1200 bâtiments qui se rénovent chaque année, et on est à pleine vitesse. Des programmes comme ÉduRenov vont permettre une accélération puisque nous sommes sur un objectif de 2 000 établissements, et nous ne visons pas que les écoles ; c’est un autre choix, une autre voie : « seulement » 10 000 établissements, mais nous élargissons le spectre en ne nous limitant pas aux écoles élémentaires. Encore une fois, nous faisons le postulat de l’effet levier : voir celui d’à côté faire donnera envie. Nous pensons qu’il est essentiel de faire confiance à la collectivité, à son projet politique. La rénovation énergétique et l’adaptation climatique d’un bâti aussi important


Nicolas Turcat Responsable du service « Éducation et services au public » au sein de la Direction de l'investissement à la Banque des territoires.

Pour en savoir davantage sur le plan #EducRenov

que les bâtiments scolaires et périscolaires ne peuvent reposer que sur deux dynamiques : nationale et locale. Pour ÉduRenov nous proposons des prêts et un dispositif financier, l’intracting, car nous pensons que le prêt est un bon outil d’investissement à long terme notamment pour préserver les fonds propres de la collectivité. L’intracting quant à lui, s’inscrit pleinement dans le cadre de la transition écologique puisque le principe est en gros celui du retour sur investissement : les travaux de performance énergétique générant des économies, celles-ci sont affectées au remboursement des avances consenties par la Banque des Territoires, voire au financement de nouveaux projets. Actuellement quand elles financent des rénovations, les collectivités puisent essentiellement sur leurs fonds propres, puis une petite partie de subventions, et complètent par du prêt.

Il arrive que des rénovations entraînent de la déception voire de l’insatisfaction de la part des usagers. Comment l’expliquez-vous ? Nicolas Turcat : Sur les 2 milliards d’euros du plan, 50 millions sont dédiés à l’ingénierie, notamment le recours à des assistances à maîtrise d’ouvrage. C’était indispensable pour nous, car le sujet de la prise en compte des besoins de la communauté éducative, de l’acceptation du projet est effectivement central, et les déceptions tout autant que les mauvais usages sont inévitables quand le projet n’est pas concerté. La concertation, ce n’est pas à des représentants syndicaux que je vais l’apprendre, cela a un coût ! Et je parle bien de concertation avant et après la livraison : il faut pouvoir s’acculturer à un bâtiment dont les usages seront différents de ceux auxquels on était habitué. C’est l’idée des bons gestes et des bonnes pratiques, qui permettent pourtant à eux seuls de réaliser de vraies économies d’énergie. Et puis le bâti scolaire, on le sait, est intrinsèquement lié à la forme scolaire en France : l’architecture, la structure des lieux ont été pensées pour enseigner, éduquer et former d’une certaine façon. Enfin, nous comptons vraiment sur l’exemplarité des lieux d’éducation pour aider à l’effet levier évoqué précédemment : ce sont des bâtiments exemplaires, car ce sont les derniers bâtiments de service public de proximité d’une surface et avec une implantation aussi importante sur tout le territoire. Tout le monde voit l’école ! Tout le monde y passe à un moment de sa vie ! Donc, au-delà des questions de qualité de vie au travail des agents, de qualité des conditions d’apprentissage des enfants et des jeunes qui sont évidemment la raison pour laquelle il faut engager cette transition, l’exemplarité de l’École est totale. Élise Capéran

> www.banquedesterritoires.fr/edurenovimpulser-et-concretiser-la-renovationenergetique-des-batiments-scolaires

L’UNSA Éducation a conçu un travail collectif sur la question du bâti scolaire afin d’adapter l’École au changement climatique. Avec une approche globale, ce document en cours de finalisation établit plusieurs propositions que vous pourrez retrouver prochainement sur notre site.

elise.caperan @unsa-education.org

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La formation professionnelle initiale et la transmission des valeurs La formation professionnelle initiale est construite en France dans deux réseaux différents. D’une part, la voie scolaire avec les lycées professionnels (LP) de l’Éducation nationale mais aussi avec les lycées agricoles du ministère de l’agriculture, de l’autre l’apprentissage mené par des CFA publics ou privés.

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i le mode de formation et le rapport à l’alternance diffèrent dans ces deux démarches, il n’en demeure pas moins que les objectifs de formation sont assez communs. En parallèle d’une formation à un métier ou à une famille de métiers, en vue d’une insertion professionnelle, il s’agit de répondre à une mission d’éducation et d’enseignement, de transmission et d’acquisition de valeurs aux apprenants, qu’ils soient apprentis ou élèves. Pour étudier cette relation aux valeurs, le Centre Henri Aigueperse a conduit une étude à partir de la littérature existante sur le sujet et d’entretiens avec des professionnels de la formation professionnelle initiale. Nous avons séparé, pour des besoins de présentation clarifiée des résultats, trois domaines : la formation des professionnel·les, celles des individu·es, celle des citoyen·nes.

La recherche « La formation professionnelle initiale face à la transmission des valeurs » réalisée dans le cadre de l’agence d’objectifs de l’IRES, est à retrouver dans la rubrique « recherche » du site internet du Centre Henri Aigueperse https://centrehenriaigueperse.wordpress.com/category/ recherches/

Qu’en conclure ? Tout d’abord que l’apprentissage des gestes professionnels ne se suffit pas et doit être accompagné par l’apport de valeurs professionnelles telles que le travail en équipe, le respect des règles et des consignes, des hiérarchies… Les enjeux écologiques sont également à prendre en compte dans la manière de réaliser son métier. La formation, bien que professionnelle, s’intéresse également à l’individu, à l’humain apprenant. Son ouverture d’esprit, sa découverte d’autres façons de vivre, de réfléchir, d’agir, d’autres cultures sont également fortement portées par les acteurs de la formation afin que les jeunes prennent confiance en elles et eux et s’inscrivent dans une relation positive aux autres. C’est également la capacité à vivre ensemble qui est ainsi développée et celle de prendre part au monde, par leurs réflexions et leurs actions collectives dans le cadre de projets partagés. Une manière de montrer que l’on peut à la fois être en formation professionnelle et savoir penser et agir sur le monde. Cette approche semble pour autant plus facilement valorisée dans les CFA qui voient à travers les jeunes formés une élévation du niveau de réflexion des « travailleuses et travailleurs » qu’en LP où la comparaison avec la voie générale demeure en défaveur d’une voie professionnelle encore trop perçue comme celle Denis Adam de la relégation et @denisadamunsa de l’échec scolaire. denis.adam @unsa-education.org

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Internationale de l’Éducation

Les membres du comité exécutif de l'Internationale de l'Éducation présentent leur campagne : #ensembleonfaitécole

Internationale de l’Éducation : L’ONU s’intéresse enfin à la pénurie de personnels éducatifs Le bureau exécutif de l’Internationale de l’Éducation, qui regroupe 383 organisations syndicales sur tous les continents, se réunissait le 14 novembre à Bruxelles. Cette organisation s’investit depuis plusieurs mois dans le groupe de travail de l’ONU sur la pénurie d’enseignants qui fragilise de nombreux systèmes éducatifs à l’échelle mondiale. Rémunérations, conditions de travail, formation et lutte contre la marchandisation feront l’objet de propositions aux chefs d’état et de gouvernement, alors que la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (et notamment le droit à l’Éducation pour toutes et tous) est menacée à cause de la crise sanitaire.

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e Comité syndical européen de l’Éducation (CSEE) : des propositions écologiques ambitieuses Le CSEE se réunissait dernièrement. Une réunion du bureau exécutif, dont Morgane Verviers, secrétaire générale adjointe de l’UNSA Éducation, est membre, est revenue sur la campagne en cours pour renforcer l’attractivité des métiers de l’Éducation, un enjeu majeur pour tous les pays européens. Christèle Sauder, chargée de mission, représentait notre fédération lors de la conférence finale du projet « Éducation au développement durable », où elle a porté les propositions de l’UNSA éducation pour une transition écologique de l’École, dans les contenus, les formations, le bâti…

Des partenariats européens solides pour l’UNSA Éducation Notre fédération s’investit régulièrement dans des échanges avec les syndicats de l’Éducation dans les autres pays européens. Une rencontre en octobre avec la GEW, premier syndicat enseignant en Allemagne, nous amènera

bientôt à construire ensemble un projet sur l’Éducation à la citoyenneté qui a des définitions bien différentes dans les deux pays. Une interview en visio-conférence de la présidente du syndicat hongrois de l’Éducation, le PDSZ, nous a permis d’étudier les conséquences négatives de l’exercice d’un pouvoir populiste, comme celui de Viktor Orban, sur les politiques éducatives. Une autre rencontre en ligne avait permis de reconduire notre partenariat avec le syndicat écossais de l’Éducation, EIS, avec lequel nous échangeons depuis 2019 sur l’évaluation de l’École. > Retrouvez l’interview d’Erzsébet Nagy, présidente du PDSZ via le QR Code

Morgane Verviers @MorganeVerviers morgane.verviers @unsa-education.org

Nicolas Anoto @NJAnoto nicolas.anoto @unsa-education.org

- n° 177 - Décembre 2023

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Diane a trouvé sa voix à 49 ans. Grâce à notre appli gratuite Vocal’iz, elle prend soin de sa santé vocale. Diane est professeure d’anglais au lycée. Avec la succession des classes, elle mettait sa voix à rude épreuve. Grâce à Vocal’iz, la première appli de coaching vocal, conçue et développée par MGEN, elle prend soin tous les jours de sa santé vocale. Bientôt, Diane saura même chanter juste, qui sait ?! Découvrez d’autres solutions innovantes sous #LesEngagementsMGEN

MGEN. Première mutuelle des agents du service public On s’engage mutuellement

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MGEN, membre du groupe VYV, est une mutuelle régie par le Code de la mutualité et la première mutuelle en cotisations individuelles. Classement Argus de l’assurance, oct. 2022. © Photo : Frédéric Guelaff


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