Juillet/Août #2025-06 filmguide.ch
Le cinéma à l’état pur, dans vos mains
VALEUR SENTIMENTALE
La Palme du cœur
ALPHA
Le choc Tahar Rahim
Y’A PAS DE RÉSEAU
L’éclat de rire de l’été
Juillet/Août #2025-06 filmguide.ch
Le cinéma à l’état pur, dans vos mains
La Palme du cœur
Le choc Tahar Rahim
L’éclat de rire de l’été
vie en bleu
Gagnez des sets de goodies pour la sortie des SCHTROUMPFS !
Waouh ! C’est un sacré été qui nous attend dans les salles obscures. Pour les petits comme les grands, les amateurs d’action et d’éclats de rire ou encore les âmes rêveuses, le Septième Art offre tout ce dont on peut rêver.
Il y a LES SCHTROUMPFS, un amusant film d’animation destiné aux enfants à découvrir en famille. Il y a aussi deux revenants : un nouveau SUPERMAN qui survole Metropolis et un nouveau KARATE KID qui réunit des légendes venues d’Orient et d’Occident.
Avec VALEUR SENTIMENTALE et ALPHA, deux temps forts de Cannes font leur entrée dans les cinémas helvétiques. Dans Y’A PAS DE RÉSEAU et CERTAINS L’AIMENT CHAUVE, les gags fusent de tous les côtés, tandis que MATERIALISTS séduit par son charme et son glamour.
Les adeptes d’ambiances plus sombres se réjouiront du DRACULA de Luc Besson ou des retrouvailles sanglantes avec le bien nommé SOUVIENS-TOI… L’ÉTÉ DERNIER.
Et ce n’est pas tout : ce numéro double estival regorge de nombreuses autres pépites. Évadez-vous de la canicule, du prochain orage ou des pollens envahissants, et plongez dans le monde captivant du cinéma.
Bonne lecture, belles vacances, et bien sûr bons films !
Bien à vous,
Éditeur
Directeur de publication
Philipp Portmann
Philipp Portmann Éditeur
Rédacteur en chef
Bernard Achour
Maquette & couverture
Romano Bassi
Design & Layout
Huit Onze, Genève
Couverture : © Paramount
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ISSN 2813-7353
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Huit ans après leur dernière apparition sur grand écran, les cultissimes petits êtres bleus font un retour tonitruant avec un tout nouvel opus qui marque un spectaculaire come-back de la franchise.
Par Carmine Carpenito
Lorsque le Grand Schtroumpf est mystérieusement enlevé par les terribles sorciers Gargamel et Razamel, la Schtroumpfette et ses amis quittent leur paisible village pour s’aventurer dans le monde réel afin de le sauver. En chemin, ils se font de nouveaux alliés et comprennent qu’au-delà du sauvetage de leur chef, ils devront aussi découvrir leur véritable destinée… et peut-être même sauver l’univers de la destruction.
DES STARS AU DOUBLAGE
Réalisé par Chris Miller, à qui on doit « Le Chat Potté » et « Shrek le Troisième », ce film d’aventures animées au rythme effréné et au ton résolument drôle s’adresse à toute la famille. Dans la version française, le doublage de la Schtroumpfette est assuré par la très populaire chanteuse/comédienne Sofia Essaïdi, le Grand Schtroumpf est interprété par un des héros de la série culte « Scènes de ménages » Gérard Hernandez, tandis que Razamel, le Schtroumpf coquet, le Schtroumpf sans nom et Mama Poot auront respectivement les voix, excusez du peu, de François Damiens, Philippe Katerine, Jérôme Commandeur et la grande Patricia Kaas.
UN RETOUR TRÈS ATTENDU
Il s’agit du premier film de la franchise à atterrir au cinéma depuis huit ans. Les deux volets précédents, sortis en 2011 et 2013, avaient engrangé plus de 900 millions de dollars à travers le monde. En Suisse aussi, le
succès avait été au rendez-vous, avec plus de 430 000 billets vendus au total. Le nouveau film espère faire encore mieux cet été en misant sur une bonne dose de fun, beaucoup d’humour et une fusion originale entre le monde des Schtroumpfs et le nôtre.
LES SCHTROUMPFS – LE FILM EN SALLE LE 16 JUILLET
AVIS AUX FANS !
Tentez votre chance pour gagner d’incroyables coffrets « Schtroumpfs » avec une maison-champignon, le Grand Schtroumpf, le redoutable Gargamel et son chat Azraël, sans oublier la bande originale incluant la chanson « Friend of Mine » de Rihanna.
Pour participer au tirage au sort, envoyez-nous avant le 31 août un e-mail avec le mot-clé « Schtroumpf » à : concours@filmguide.ch
Par Philipp Portmann
À 37 ans, Rihanna est l’une des plus grandes icônes pop de notre époque, entre ses tubes planétaires, son sens du style et son art des apparitions marquantes. Mais au-delà de la musique et de son flair d’entrepreneuse, elle révèle aujourd’hui une toute nouvelle facette : dans « Les Schtroumpfs – Le Film », elle prête dans la VO anglaise sa voix à la Schtroumpfette et y insuffle humour, charme et proximité avec le jeune public. Sur le plan musical aussi, elle laisse son empreinte : avec « Friend of Mine », un titre inédit écrit spécialement pour la bande originale, elle confère une touche d’émotion et de cool à l’univers féerique des petits êtres bleus.
Côté personnel, Rihanna s’épanouit pleinement : déjà maman de deux garçons, elle attend en ce moment son troisième enfant. Pas étonnant, donc, qu’elle incarne à merveille l’esprit du film – une ode à la famille, à l’amitié et à la solidarité. Son lien à la fois profond avec l’imaginaire de l’enfance et la chaleur de la maternité en font l’ambassadrice idéale d’un film d’animation qui réunit toutes les générations.
C’est sous le soleil de Marseille que la superstar de la chanson Soprano fait aujourd’hui ses vrais débuts d’acteur dans une comédie tous publics, aussi cocasse que mouvementée.
Par Bernard Achour
Son nom claque à l’image comme un drapeau dès les premières secondes du générique : rappeur et chanteur aussi adulé par les adolescents que par les jeunes adultes, le charismatique Soprano tient en effet son tout premier rôle en tête d’affiche dans « Marius et les gardiens de la Cité phocéenne ». Bien qu’il n’ait jusque-là tâté du cinéma qu’à travers de tout petits emplois (« Les Déguns », « Tout simplement noir », « Classico »), le réalisateur du film Tony Datis n’a guère hésité avant de lui confier la vedette : « Je savais qu’il avait le potentiel d’être acteur et qu’il avait envie de jouer la comédie », dit-il. À voir le résultat, force est de constater qu’il a mille fois bien fait de suivre son intuition.
Soprano y incarne donc Marius qui, à bord d’un minibus aux rouages capricieux, gagne tant bien que mal sa vie en faisant visiter Marseille aux infortunés touristes qui l’ont choisi pour guide. Gravement endetté et sur le point de perdre son emploi, il est alors contacté par trois gamins de la ville, persuadés d’être sur la piste d’un inestimable trésor vieux de plus de deux mille ans. Manque de chance, la sœur du chef d’un petit gang de braqueurs entend parler du magot ; elle en informe son frère… Débute alors
L’ACTEUR PRINCIPAL SOPRANO LORS D’UNE PAUSE DE TOURNAGE
une course-poursuite échevelée qui, d’indices codés en pièges et de rebondissements en gags le plus souvent bidonnants (sans oublier la contribution décisive de quelques mouettes), représente une incontestable priorité pour les amateurs de divertissements familiaux.
L’ESPRIT D’ENFANCE
Filmée avec un amour contagieux qui va jusqu’à déplorer la destruction de maisons anciennes pour les remplacer par des résidences impersonnelles, Marseille devient ainsi un terrain de jeu idéal où, entre autres réjouissances, les amateurs pourront reconnaître l’esprit qui animait jadis « Les Goonies » ainsi qu’un irrésistible clin d’œil aux « Aventures de Rabbi Jacob » le temps d’une bagarre épique dans une marée de chewing-gum liquide. Soit un récit mené à toute allure, drôle et haletant, idéal pour bien commencer l’été. « Je me régale, je suis comme un enfant », a déclaré Soprano durant le tournage. En découvrant « Marius et les gardiens de la Cité phocéenne », c’est exactement ce qu’on se dit !
MARIUS ET LES GARDIENS DE LA CITÉ PHOCÉENNE EN SALLE LE 9 JUILLET
Le très populaire Gérard Jugnot fait feu de tout bois dans le cocasse et mouvementé Y’A PAS DE RÉSEAU, une des grandes comédies françaises de l’été.
Par Bernard Achour
Il est de ces visages qui n’ont pas besoin de jouer pour raconter une histoire. Celui de Gérard Jugnot incarne depuis cinquante ans une France ni glorieuse ni misérable, simplement humaine. « Je suis un homme ordinaire qui a la chance de vivre des choses qui ne le sont pas », dit-il. Comédien, réalisateur, scénariste, ancien du Splendid et miroir de tout un peuple, il a fait de ses rondeurs, de son humour et de son bon sens des armes de séduction massive.
Né en 1951 à Paris, élevé à Puteaux, il traverse chaque jour un pont pour rejoindre son lycée chic de Neuilly : une image fondatrice de son identité d’entre-deux. « Pas vraiment prolétaire, pas vraiment notable… Alors j’ai voulu faire l’artiste. »
Clown du fond de la classe, il découvre le plaisir de jouer chez les scouts, puis au lycée, où il croise Christian Clavier et Michel Blanc. Avec eux, puis Chazel, Balasko, Moynot et Lhermitte, il fonde la bande du Splendid. Dès 1971, ils jouent leurs textes dans des salles minuscules. En 1977, leur triomphe théâtral devient cinéma populaire : « Les Bronzés », puis « Le Père Noël est une ordure » et « Papy fait de la résistance ».
Pendant ce temps, Gérard Jugnot collectionne les petits rôles au cinéma, du « Locataire » à « Monsieur Klein ». « J’étais Monsieur Personne. Et puis un jour, je suis devenu Monsieur Quelqu’un. »
DERRIÈRE LA CAMÉRA
Après le Splendid, il éprouve le besoin de raconter ses propres histoires. Ce sera « Pinot simple flic » en 1984, puis une série de films souvent plus sombres qu’on ne l’imagine : « Une époque formidable » sur le chômage, « Monsieur Batignole » sur la délation, « Casque bleu » sur la guerre, « C’est beau la vie quand on y pense » sur le don d’organes. Il alterne succès populaires (« Meilleur espoir féminin »,
« Les Choristes ») et échecs cuisants (« Le Petit piaf »). « Quand les gens ne viennent pas, ce n’est pas du rejet, c’est pire : ils s’en foutent. » Qu’importe : lui persiste, enchaîne les tournages, les seconds rôles, les caméos, partout où on veut bien de sa silhouette familière. Et continue, malgré tout, à chercher le ton juste.
Dans « Y’a pas de réseau », il incarne au côté de Maxime Gasteuil un malfrat surpris par deux enfants en train de saboter une antenne-relais, prélude à une course-poursuite truffée de gags et de pièges mitonnés par les garnements, prélude à un rôle mi-râleur mi-burlesque dont il a le secret. « Tourner avec des jeunes, c’est super ! dit-il. Môme, moi, j’aurais été ravi de tourner avec Noiret, Marielle, Rochefort, sans me comparer, bien sûr. J’ai joué avec Jean Carmet qui avait plus de 60 balais, c’était un enfant, il ne disait que des conneries, on était en phase. Il y a une internationale de la comédie qui fait qu’on est sur une même longueur d’onde quel que soit l’âge. » À aujourd’hui 74 ans, Gérard Jugnot, bien qu’orphelin de son cher Michel Blanc, a encore largement le temps de continuer à nous faire rire.
Y’A PAS DE RÉSEAU EN SALLE LE 6 AOÛT
À travers l’histoire d’une femme tiraillée entre deux amours, la réalisatrice Celine Song a convoqué à casting ultra séduisant pour revisiter les codes de la comédie romantique.
Par Bernard Achour
Deux ans après avoir bouleversé dès ses débuts le public et l’Académie des Oscars au point de recevoir une nomination mille fois méritée à celui du meilleur film avec « Past Lives – Nos vies d’avant », la réalisatrice sud-coréenne/ canadienne Celine Song réinvente magnifiquement grâce à « Materialists » le principe archi rebattu du triangle amoureux. « L’amour, c’est le plus grand mystère de nos vies, dit-elle. C’est donc l’un des thèmes les plus importants du cinéma. Il mérite le plus grand respect. » Voilà pour l’ambition.
Sur le papier, Materialists a tout de la comédie romantique estivale parfaite : un casting glamour à souhait, un décor new-yorkais ciselé, des dîners chic, des dialogues
brillants, et une héroïne dont les dilemmes sentimentaux renvoient le spectateur à ses propres contradictions. Sauf que chez Celine Song, l’amour n’est jamais qu’une bluette sucrée. Dakota Johnson incarne Lucy, brillante entremetteuse pour clientèle fortunée, dont la vision de l’amour s’est durcie à force d’algorithmes relationnels. « On parle de voitures, de maisons, de salaires en chiffres. Pourquoi l’amour devrait-il y échapper ? », s’interroge Song. Lucy calcule, classe, ajuste : à ses yeux, aimer devient une équation. Jusqu’à ce que deux hommes, un ex fauché mais sincère (Chris Evans) et un prétendant idéalement nanti (Padro Pascal), la forcent à réévaluer l’équilibre entre confort matériel et vérité intérieure.
Ce que Celine Song réussit ici, c’est à injecter dans les veines du genre une tension intellectuelle et émotionnelle rare. « Je voulais parler de l’amour de manière honnête », dit-elle. En confrontant la romance à l’ambition, au statut social, à l’âge, au regard des autres, elle questionne frontalement ce qu’on cherche vraiment chez l’autre – et ce qu’on attend de soi. Dakota Johnson, magnétique, confie : « J’ai aimé le courage de cette femme qui choisit d’ouvrir son cœur. C’est une histoire de peur, mais surtout de bravoure. » Dans une scène aussi drôle que signifiante, son personnage se voit offrir un verre mélangeant Coca et bière : étrange, désuet, mais choisi par celui qui la connaît vraiment. « Personne ne peut deviner ça, dit Celine Song. Sauf quelqu’un qui vous aimait avant que vous ne soyez devenu ce que vous êtes. »
Avec « Materialists », elle signe un hommage à la comédie romantique tout en dynamitant ses automatismes. Et rappelle avec grâce que l’amour n’est pas un genre mineur mais une expérience universelle.
MATERIALISTS
EN SALLE LE 2 JUILLET
Daniel LaRusso forever, Ralph Macchio reprend pour la quatrième fois le rôle iconique qui lui a apporté la gloire dans KARATE KID LEGENDS.
Par Bernard Achour
Dès 1984, le karaté est entré dans sa vie pour ne plus jamais en ressortir. Ralph Macchio, 22 ans à peine et les traits d’un ado timide, devient du jour au lendemain Daniel LaRusso, héros improbable du film « Karaté Kid » : un petit gars sans histoire, malmené à l’école, qui trouve grâce au karaté la force de se relever. Quarante ans plus tard, il est toujours là. Même personnage, même franchise, même regard droit : « Karate Kid: Legends » le voit reprendre pour la quatrième fois le rôle de sa vie, avec la même sincérité. « Je n’ai aucun regret à avoir, je revendique mes choix, je respecte ceux des autres », dit-il. Et on le croit.
« Je ne voulais pas devenir acteur », confie-t-il. Enfant de Huntington, dans l’État de New York, il se rêvait danseur, pas star hollywoodienne. S’il tourne un peu pour la télé, c’est grâce à « Huit ça suffit ! » qu’il se fait remarquer. Puis « Outsiders », sous la direction de Francis Ford Coppola, lui offre une première vraie place au cinéma. Il y joue à fond, isolé au milieu d’une bande de jeunes loups (dont Tom Cruise et Matt Dillon, rien que ça) qui passent leur temps à faire la fête. Lui préfère le silence et la concentration : « J’avais l’impression d’être le seul à prendre mon travail et mes émotions au premier degré. » Puis vient « Karaté Kid ». Sean Penn ayant décliné pour chercher des rôles « sérieux », Ralph Macchio hérite du script. Le réalisateur modifie le nom et
la biographie du héros pour coller à ses racines italiennes. Et la magie opère. Succès planétaire, phénomène générationnel, icône instantanée. « Mais tout le monde me donnait six ans de moins. Résultat, j’étais exclu des rôles adultes, intenses, sexués. » L’étiquette Daniel LaRusso lui colle à la peau. Il s’en accommode.
UNE FIDÉLITÉ ASSUMÉE
« Le fait qu’il ne se passe quasiment pas un jour depuis plus de trente ans où quelqu’un ne me parle de cette trilogie me va très bien », affirme-t-il calme. Il tenté d’autres chemins (« Crossroads », rien ne décolle Kai », relance réussie Netflix, qu’il trouve L’adolescent qu’il avec lui, au point trième fois dans aux côté du… nouveau venu sonnage sous porté jusqu’à la Ralph Macchio prénom à son fils.
KARATE KID : LEGENDS EN SALLE LE 13
Grand prix à Cannes 2025, VALEUR SENTIMENTALE est un des films les plus émouvants qu’il nous sera donné de voir cette année.
Par Bernard Achour
« Toni Erdmann », « Mommy », « Close », « Emilia Perez »… Chaque année ou presque, Cannes révèle un film qui bouleverse la Croisette sans pour autant remporter la récompense suprême, quelque chose comme une « Palme du cœur ». Réalisé par le Danois Joachim Trier, « Valeur sentimentale » a ainsi constitué le pic émotionnel du millésime 2025. Au demeurant salué par un incontestable Grand prix, il n’en aurait pas moins mérité l’or à en croire la grande majorité des festivaliers.
C’est d’abord un vertige scénaristique. Sous des dehors de chronique intime, « Valeur sentimentale » se déploie comme un millefeuille d’une richesse désarmante et pourtant limpide. À travers l’histoire de Nora, actrice fragilisée par un père cinéaste aussi charismatique que toxique, Joachim Trier explore la porosité entre l’art et la vie avec une acuité bouleversante. L’idée initiale – une maison qui parle, comme hantée par les douleurs familiales – aurait pu virer au gadget, mais elle sert ici de fil rouge, à la fois concret et symbolique, pour raconter toute une vie de blessures, de silences et d’héritages invisibles. Les failles d’une famille (Gustav, le père absent ; Nora, la fille meurtrie ; Agnes, la sœur résiliente) deviennent autant de chambres d’écho d’un trauma enfoui, qu’un projet de film risque de réveiller plutôt que d’apaiser. Le vrai miracle, c’est que ce vertige ne noie jamais le spectateur : au contraire, il l’englobe, l’enlace, le remue en douceur.
GRÂCE D’INTERPRÉTATION
Il faut voir avec quelle délicatesse Joachim Trier dirige ses comédiens, et comment chacun, sans exception, s’illustre à la hauteur de l’exigence. Renate Reinsve est d’une justesse foudroyante. Elle troque ici les éclats de « Julie (en 12 chapitres) » contre une intériorité blessée, poignante jusque dans ses silences. Stellan Skarsgård, dans un rôle à double fond, irradie une ambivalence déchirante : cabotin usé ou génie brisé, il est les deux à la fois. Et Elle Fanning, loin de n’être qu’un faire-valoir, impose sa propre mélancolie dans ce jeu de reflets et de substitutions.
ÉMOTION PURE
Ce qui reste, après les larmes, après les non-dits, après les fuites dans le jardin et les objets qu’on se dispute comme des totems, c’est cette sensation unique : avoir assisté à une œuvre qui comprend nos fêlures mieux que nous-mêmes. « Valeur sentimentale » n’est pas un drame sur la famille, c’est une tentative de réconciliation avec ce qu’on ne saura jamais réparer. Il y a dans le dernier échange entre les deux sœurs, ou dans cette confession muette d’un père vieilli à sa fille en colère, une humanité qui désarme. Et lorsqu’on ressort du film, le cœur serré mais le regard lavé, on sait déjà qu’on y reviendra. Pour comprendre, pour ressentir à nouveau. Et peutêtre pour pardonner.
VALEUR SENTIMENTALE EN SALLE LE 20 AOÛT
Grand prix à Cannes, le bouleversant VALEUR SENTIMENTALE de Joachim Trier marque la première rencontre entre deux grands acteurs.
Par Anicée Gohar
Film Guide : Comment avez-vous réagi en recevant le scénario de « Valeur Sentimentale » ?
Stellan Skarsgard : Travailler avec Joachim Trier, c’était l’essentiel. J’espérais depuis longtemps qu’il m’appelle. En Scandinavie, tout le monde se connaît un peu. Il m’a proposé cette histoire aux personnages magnifiquement écrits, tous tridimensionnels. Et puis il y avait cette maison qui vit sa propre vie – une merveilleuse idée de cinéma.
Quelle est l’atmosphère de travail avec Joachim Trier ?
Elle Fanning : Le mot qui me vient, c’est « joyeuse ». Il est si gentil, c’est le plus important. Mais aussi très précis. Il avait longuement pensé ce film, il s’est laissé envahir par lui. Il vous pousse à être spontané, vous permet d’être vulnérable en toute sécurité. Pour moi, c’est le metteur en scène idéal, sans hiérarchie sur le plateau.
RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ DE CETTE INTERVIEW EN VIDÉO
S.S. : Il ne cherche pas à tout contrôler ni à avoir toujours raison. Chacun peut exprimer ses idées. Je me souviens : le premier jour, il a dit « que les meilleures idées gagnent, peu importe d’où elles viennent ».
Cette histoire familiale vous a-t-elle touché personnellement ?
S.S. : Le personnage est très différent de moi. Il est prisonnier de sa masculinité, peine à exprimer ses émotions. Mon rôle est de montrer ce qu’il ressent intérieurement – un vrai plaisir d’acteur. Avec mes propres enfants, la relation est fluide. Ils me voient comme un copain. Et quand ils me reprochent quelque chose, je réponds : « Eh oui, je suis humain ! »
Vous êtes-vous préparée spécialement pour ce rôle ?
E.F. : J’ai porté une perruque, le maquillage était incroyable… Plus sérieusement, on a fait quelques répétitions, mais j’ai surtout découvert les scènes au jour le jour.
Un souvenir marquant du tournage ?
E.F. : Tous les instants étaient formidables, mais je n’oublierai jamais les séquences avec Stellan à Deauville. Le soleil, la carriole, les chevaux sur la plage, les scènes de nuit à 3 heures du matin… C’était fou. Tourner avec Stellan sur ce bord de mer au cœur de la nuit reste gravé en moi.
DE Celine Song AVEC Dakota Johnson, Pedro Pascal, Chris Evans GENRE Comédie romantique (1 h 49)
DISTRIBUTEUR Sony Pictures SUPERMAN DE James Gunn AVEC David Corenswet, Rachel Brosnahan, Nathan Fillion GENRE Aventures fantastiques (2 h 2) DISTRIBUTEUR Warner
DE Gareth Edwards AVEC Scarlett Johansson, Jonathan Bailey, Mahershala Ali GENRE Aventures fantastiques (2 h 13)
DISTRIBUTEUR Universal MARIUS ET LES GARDIENS DE LA CITÉ PHOCÉENNE
DE Tony Datis AVEC Soprano, Nordine Salhi GENRE Comédie d’aventures (1 h 25)
DISTRIBUTEUR Pathé
DE Chris Miller GENRE Animation (1 h 45) DISTRIBUTEUR Warner
LES FILLES DÉSIR DE Prïncia Car AVEC Housam Mohamed, Leïa Haïchour, Lou Anna Hamon GENRE Drame (1 h 33) DISTRIBUTEUR Pathé Films FALCON EXPRESS DE Benoît Daffi s, Jean-Christian Tassy GENRE Animation (1h25) DISTRIBUTEUR Praesens
BUFFALO KIDS DE Juan Jesus Garcia Galocha, Padro Solis Garcia GENRE Animation (1 h 23) DISTRIBUTEUR Praesens
DE Pierre Perifel, Juan Pablo Sans GENRE Animation (1 h 40) DISTRIBUTEUR Universal
FREAKIER FRIDAY 2 –ENCORE DANS LA PEAU DE MA MÈRE
L’ACCIDENT
DE Quentin Dupieux AVEC Adèle Exarchopoulos, Jérôme Commandeur, Sandrine Kiberlain GENRE Comédie (1 h 28)
DISTRIBUTEUR JMH RAPACES
DE Peter Dourountzis AVEC Sami Bouajila, Mallory Wanecque, Jean-Pierre Darroussin GENRE Thriller (1 h 43)
L’AIMENT CHAUVE
BABY DE Eva Victor AVEC Eva Victor, Naomie Ackie, Lucas Hedges GENRE Drame (1 h 44)
LES QUATRE FANTASTIQUES –PREMIERS PAS DE Matt Shakman AVEC Pedro Pascal, Vanessa Kirby GENRE Fantastique (2 h 10) DISTRIBUTEUR Disney
DE Nish Ganatra AVEC Jamie Lee Curtis, Lindsay Lohan GENRE Comédie (1 h 45)
DISTRIBUTEUR Disney JURASSIC WORLD –RENAISSANCE
DISTRIBUTEUR Cineworx LES BAD GUYS 2
DE Jennifer Kaytin Robinson AVEC Madelyn Cline, Chase Sui Wonders, Jonah Hauer-King GENRE Horreur (1 h 50) DISTRIBUTEUR Sony Pictures DRACULA
DE Guillaume de Fontenay
Marine Vacth, Niels Schneider, Emmanuelle Bercot
Thriller (1 h 30)
Praesens
DE Dag Johan Haugerud AVEC Jan Gunnar Roise, Thorbjorn Harr, Siri Forberg GENRE Comédie dramatique (1 h 58)
DISTRIBUTEUR Xenix
DE Camille Delamarre AVEC Michaël Youn, Kev Adams, Rayane Bensetti GENRE Comédie (1 h 38)
DISTRIBUTEUR Praesens
DANGEROUS ANIMALS
DE Sean Byrne AVEC Jai Coutney, Hassie Harrison, Josh Heuston GENRE Thriller horrifi que (1 h 33)
DISTRIBUTEUR Pathé
DE Luc Besson AVEC Caleb Landry Jones, Christoph Waltz, Zoe Bleu GENRE Horreur (durée non communiquée)
DISTRIBUTEUR Ascot Elite
DE RÉSEAU DE Édouard Pluvieux AVEC Maxime Gasteuil, Gérard Jugnot, Manon Azem GENRE Comédie (durée non communiquée)
DISTRIBUTEUR Pathé
DE Timo Tjahjanto AVEC Bob Odenkirk, Connie Nielsen, Christopher Lloyd GENRE Comédie d’action (1 h 45)
DE Zach Cregger
Josh Brolin, Julia Garner, Aiden Ehenreich
Thriller horrifi que (2 h 8)
LA NUIT DES CLOWNS
DE Eli Craig AVEC Katie Douglas, Aaron Abrams, Carson MacCormac GENRE Horreur (1 h 36)
KARATE KIDS –LEGENDS DE Jonathan Entwistle AVEC Ben Wang, Jackie Chan, Ralph Macchio GENRE Aventures (1 h 34)
DISTRIBUTEUR Sony Pictures
DISTRIBUTEUR Praesens FRIEDAS FALL
DE Maria Brendle AVEC Julia Buchmann, Maximilian Simonischek, Stefan Merki GENRE Drame historique (1 h 45)
DISTRIBUTEUR Praesens
Drame (2 h 8)
Situation au moment de la clôture de la rédaction. Toutes les données sont fournies sans garantie.
Warner LA
DE Daj
Johan Haugerud AVEC Ella Overbye, Ane Dahl Torp, Selome Emnetu GENRE Drame (1 h 50) DISTRIBUTEUR Xenix
SUBSTITUTION –BRING HER BACK
DE Michael et Danny Philippou AVEC Sally Hawkins, Billy Barratt, Sora Wong GENRE Horreur (1 h 39)
CONFIDENTE
DE Çagla Zenciri, Guillaume Giovanetti AVEC Saadet Isil Aksoy, Erkan Kolçak Köstendil, Muhammet Uzuner GENRE Drame (1 h 16)
DISTRIBUTEUR Sony Pictures Y
DE Daj Johan Haugerud AVEC Andrea Bræn Hovig, Tayo Citadella Jacobsen, Marte Engebrigsten GENRE Drame (1 h 59) DISTRIBUTEUR Xenix
DE Akiva Schaff er AVEC Liam Neeson, Pamela Anderson GENRE Comédie (1 h 45)
DISTRIBUTEUR Universal LES ORPHELINS
DISTRIBUTEUR Trigon Warner
TOGETHER
DE Michael Shanks AVEC Dave Franco, Alison brie, Damon Herriman GENRE Horreur (1 h 42)
DISTRIBUTEUR Ascot Elite
DE Darren Aronofsky AVEC Austin Butler, Regina King, Zoë Kravitz
Thriller (1 h 50)
TO KILL A MONGOLIAN HORSE
DE Xiaoxuan Jiang AVEC Saina, Tonggalag, Qilemuge GENRE Drame (1 h 40)
DISTRIBUTEUR First Hand Films
VALEUR SENTIMENTALE
DE Joachim Trier AVEC Renate Reinsve, Stelan Skarsgard, Inga Ibsdotter GENRE Drame (2 h 12) DISTRIBUTEUR Frenetic MIROIRS NO. 3
DE Christian Petzold AVEC Paula Beer, Barbara Auer, Matthias Brandt GENRE Drame (1 h 26) DISTRIBUTEUR Filmcoopi
DE Olivier Schneider AVEC Alban Lenoir, Sali Benssalah, Sonia Faidi GENRE Thriller (durée non communiquée)
DISTRIBUTEUR Pathé
LA GUERRE DES ROSE
DE Jay Roach
AVEC Olivia Coleman, Benedict Cumberbatch, Andy Samberg GENRE Comédie (1 h 55)
DISTRIBUTEUR Disney
La superstar Austin Butler dynamite un thriller ultra divertissant.
Par Bernard Achour
Réalisateur culte de films aussi virtuoses et dérangeants que « Requiem for a Dream », « Black Swan » ou encore « The Whale », Darren Aronofsky nous offre avec « Pris au piège – Caught stealing » un thriller légèrement rétro, son film le plus spectaculairement grand public. « Je voulais faire quelque chose qui soit tout simplement vraiment fun », assume-t-il.
Tout commence avec Hank Thompson, interprété par Austin Butler (révélé par « Elvis », récemment vu dans « Dune –Deuxième partie »). Ancien prodige du base-ball devenu barman sans histoires, il accepte de nourrir le chat de son voisin punk. Grave erreur. À sa sortie de l’appartement, deux truands l’attendent et le prennent pour un autre. Ils pensent qu’il détient la clé d’un pactole mafieux de quatre millions. À partir de là, tout s’emballe. « Ce type tente de se sortir de sa torpeur, mais la réalité dérape si vite, si violemment, qu’il est complètement dépassé », raconte l’acteur. Tourné dans le vrai East Village, « Pris au piège – Caught stealing » regorge
de figures baroques : gangsters russes, juifs orthodoxes au flegme menaçant (incarnés par Vincent D’Onofrio et Liev Schreiber), flic de la crim’ incarnée par Regina King, et même un tueur portoricain joué par Bad Bunny. « J’ai voulu faire un film de genre avec les meilleurs acteurs, les meilleurs techniciens, et lui insuffler l’énergie folle de New York en 1998 », explique Aronofsky. Publié en 2004, le roman original de Charlie Huston se déroulait en 2000. Le cinéaste a préféré reculer un peu l’action pour retrouver l’ambiance d’avant le 11 Septembre, « quand la ville restait dangereuse, vibrante, mais pas encore sous surveillance constante. »
Tournage mouvementé, caméras en plein bitume new-yorkais, apparition de Griffin Dunne (« After Hours ») en voisin hirsute : tout respire la jubilation cinéphile. « On a voulu retrouver ce mélange de noirceur et d’absurde qu’avait le New York de l’époque », explique le cinéaste. Austin Butler avoue avoir d’abord été déconcerté par le ton : « Ce que vit Hank est un cauchemar. Mais j’ai fini par comprendre que c’était aussi là que résidait » l’humour du
film. » Avec son casting de rêve, son énergie survoltée et son sens du chaos jubilatoire, « Pris au piège – Caught Stealing » s’annonce comme le divertissement coup de poing de l’été.
PRIS AU PIÈGE – CAUGHT STEALING EN SALLE LE 27 AOÛT
Génialement titrée, la nouvelle comédie de Kev Adams s’annonce comme un des grands plaisirs de l’été.
Par Bernard Achour
À sept ans, Kevin Smadja sortait de « Titanic » avec un rêve précis : « Être Leonardo DiCaprio. » L’ambition ne l’a jamais quitté. Né en 1991 à Paris, d’une mère tunisienne et d’un père algérien, il grandit à Pantin avant de déménager à Neuilly. Surnommé « calculette » à cause de son acné, il découvre vite qu’avec l’humour, « les gens font abstraction du physique ». Dès lors, faire rire devient son refuge, sa revanche, puis son moteur.
L’ENVOL D’UNE ICÔNE
Après une série de castings infructueux, il décide d’écrire ses propres sketches. En 2009, il crée « The Young Man Show », qu’il joue à Paris au Temple, puis au Palais des Glaces. L’année suivante, l’émission « On n’demande qu’à en rire » le révèle, mais c’est « Soda » qui le propulse au rang de phénomène générationnel. Entre deux tournées triomphales, il s’essaie au doublage (« Le Lorax », « Les Croods ») et enchaîne ses premiers pas au cinéma. Le déclic, c’est « Les Profs » en 2013. Suivent « Fiston », « Les Profs 2 », puis l’énorme carton des « Nouvelles aventures d’Aladin ». Kev Adams devient « bankable », capable de faire exister un film par sa seule présence. « Je n’ai pas honte d’être l’humoriste des ados, ce qui m’énerve, c’est d’être réservé à eux », revendique-t-il. Avec « Amis publics » puis « Un Sac de billes », il amorce un virage plus sérieux. Il continue de dominer la scène (« Sois 10 ans », « Miroir »), la télévision (« Mask Singer », « @venir) » et triomphe au box-office avec « Maison de retraite » 1 et 2. En 2023,
« Comme par magie » révèle une autre facette de son jeu : sobre, émouvante. « Sous les projecteurs, je suis celui que je rêvais d’être. Sur scène, je suis DiCaprio », dit-il encore. Reste à faire évoluer son image d’éternel ado. « Je suis allé jouer aux ÉtatsUnis, en inconnu. J’aime l’idée de repartir de zéro », glisse-t-il avec un sérieux touchant.
LES CHAUVES SOURIENT
Avec « Certains l’aiment chauve », Kev Adams ose un sujet inattendu : la calvitie. Il y incarne un trentenaire largué parce qu’il va perdre ses cheveux. « Une comédie sur un truc universel, mais qu’on traite rarement au cinéma », explique-t-il. Le film lui offre un rôle à la fois burlesque et tendre, avec Michaël Youn en oncle décomplexé. Pour en faire la promo, les deux compères ont monté les marches du dernier Festival Cannes affublés de postiches hilarants. « Festival de crânes ! », ironisent-ils. Un gag visuel qui cache un vrai pas en avant dans la carrière d’Adams, plus nuancé, plus mature, sans rien perdre de son énergie.
À 34 ans depuis peu, Kev Adams est partout : cinéaste, acteur, auteur, producteur. Hyperactif, ambitieux, sincère. Il avance, conscient de l’image qu’on lui colle, mais fidèle à son instinct : « Je suis là pour faire plaisir aux gens. Si tu veux que je fasse la roue, je fais la roue. » Et on continue avec plaisir à la regarder tourner.
CERTAINS L’AIMENT CHAUVE EN SALLE LE 16 JUILLET
« MON
Quatre ans après sa Palme d’Or pour « Titane », Julia Ducournau est revenue sur la Croisette pour offrir un rôle mémorable au grand Tahar Rahim dans ALPHA.
Par Anicée Gohar
Y avait-il dans le scénario d’« Alpha » des scènes que vous aviez particulièrement envier de jouer ?
Tahar Rahim : Presque toutes ! Mais ce qui m’a le plus étonné, et c’est quelque chose de très rare, c’est d’avoir ressenti des émotions dès la lecture. J’y ai ressenti tellement de générosité et de thématiques auxquelles le public pouvait se connecter. J’ai reçu ce script comme un cadeau, et le meilleur moyen de répondre à ça était d’être aussi généreux que lui.
Avez-vous fait une préparation spécifique pour le rôle ?
Bien sûr. J’ai suivi un régime drastique pour perdre plus de vingt kilos, ce qui m’a mis dans un état d’esprit spirituel très spécifique. J’ai voulu créer une sorte de « vide » en moI et j’ai aussi rejoint une association qui aide les gens à lutter contre leur dépendance aux drogues. J’ai passé du temps à leur côté, j’ai pu parler avec eux, les sentir, voir leur façon de créer leur propre boucle. Je me suis rendu
compte que les gens les regardaient dans la rue comme s’ils étaient des fantômes invisibles. Finalement, ça m’a fait penser et ressentir que mon personnage était comme un ange tombé du ciel, à qui on a coupé les ailes, perdu dans un endroit où il n’a plus sa place.
Comment s’est déroulé le travail avec Julia Ducournau ?
C’était génial. Quelque chose de très spécial s’est passé dès le premier jour. Quand je l’ai rencontrée, nous avons eu une très bonne conversation et j’ai eu le sentiment que nous étions un peu « connectés ». Je ne sais pas si c’était en termes de sensibilité ou de vibrations. Mais de mon point de vue, en tant qu’acteur, on ne rencontre vraiment un réalisateur que le premier jour du tournage. Quand on a commencé, j’étais d’accord sur tout. Ce que j’ai ressenti était vrai, ça a « cliqué » tout de suite, et il nous a suffi de sauter ensemble en toute confiance. Ce genre de chose ne se produit pas très souvent. Donc quand ça arrive, moi, je prends, sans douter de quoi que ce soit ou me poser des questions inutiles.
Avez-vous des souvenirs spécifiques ou préférés du tournage ?
J’en ai tellement… Le premier jour, la scène dans la cuisine avec ma jeune partenaire Mélissa Boros qui incarne Alpha. Le tournage nocturne dans le stade et dans le bar, c’était aussi quelque chose. J’étais fatigué, et en même temps, je ne sais pas, c’était comme si je « volais » dans un autre endroit, un moment de respiration dans l’histoire. J’ai été très heureux de vivre cette expérience.
ALPHA EN SALLE LE 20 AOÛT
RETROUVEZ L’INTÉGRALITÉ DE CETTE INTERVIEW EN VIDÉO
Un film de Dag Johan Haugerud DÉSIR RÊVES AMOUR
LE 30 JUILLET AU CINÉMA
MEILLEUR FILM FESTIVAL DE BERLIN 2025
DAG JOHAN HAUGERUD LIVRE SON CHEF-D’OEUVRE: UNE TRILOGIE CINÉMATOGRAPHIQUE COMME ON N’EN A ENCORE JAMAIS VUE.
LA TRILOGIE D’OSLO:
Sous la caméra du réalisateur des « Gardiens de la galaxie », le super héros volant ressuscite pour notre plus grand plaisir.
Par Bernard Achour
Né en 1938 sous la plume de Jerry Siegel et le crayon de Joe Shuster, le personnage de Superman a connu neuf déclinaisons cinématographiques, du croquignolet « Superman et les nains de l’enfer » en 1951 à « Batman v Superman – L’Aube de la justice » en 2016, sans oublier le chef-d’œuvre de « Richard Donner » en 1980, le sous-estimé « Superman returns » de Bryan Singer et « Man of Steel » avec Henry Cavill. Alors pourquoi replonger ?
Le réalisateur James Gunn répond sans détour : « C’est quelqu’un de sincèrement bon dans un monde qui ne l’est pas toujours. Une boussole morale sur une planète très divisée. » Voilà ce qui l’a poussé à relancer le mythe. Voilà pourquoi Superman version 2025 s’annonce comme une renaissance.
Tout commence en 2022 : fraîchement nommé à la tête du nouvel univers DC, James Gunn décide de réinventer l’Homme d’acier. Pas un reboot, pas une énième préquelle, mais une exploration sensible du tiraillement de Clark Kent entre ses origines kryptoniennes et son humanité terrienne. Fini le messianisme plombant : ici, Superman est un homme à la recherche de son équilibre. Le tournage, épique, s’étale sur plusieurs mois, de la Norvège glacée (pour la Forteresse de Solitude) aux rues de Cleveland en passant par les studios d’Atlanta. Il y injecte ce mélange d’héroïsme et de bizarrerie qui faisait le charme des ses « Gardiens de la galaxie », mais avec une douceur inédite : « Il fallait que ça soit “bigger than life” mais aussi parfaitement ancré dans la réalité. » Krypto, le « Superchien », a
même de son imaginaire du réalisateur… et d’un vrai chien nommé Ozu, recueilli dans un état lamentable. Résultat : un film qui ose le gigantisme sans jamais perdre de vue l’émotion.
L’ÉTOFFE D’UN HÉROS
Grand, droit, poli, mélancolique, David Corenswet incarne un Superman… qui ne joue pas à être Superman. Formé à Juilliard, révélé par Ryan Murphy, il arrive ici à un tournant. « J’ai longtemps été jugé trop intellectuel, trop analytique. Mais ce personnage est justement quelqu’un de complexe, de retenu », confie-t-il. James Gunn l’a choisit après l’avoir vu dans « Pearl », et lui a offert le rôle par téléphone, à une condition : « Traiter tout le monde avec gentillesse et respect ». L’acteur s’y tient. Sur le tournage, il multiplie les questions. Le réalisateur soupire : « C’est un vrai casse-pieds… Mais il transforme ces questions en magie. » Le résultat ? Un Clark Kent écartelé, amoureux de Lois Lane, doutant de luimême, admiré et moqué par ses pairs. « Il est en train de devenir quelqu’un, et c’est exactement ce que raconte le film », résume le cinéaste.
Avec son ambition folle, sa chaleur inattendue, son héros aux doutes contagieux et son Superchien cabochard, « Superman » 2025 a tout du film qui réconciliera les réfractaires et les déçus des blockbusters capés. L’élan, la foi, l’humanité : tout est là. Ce Superman-là ne sauve pas que la Terre. Il sauve aussi un genre.
SOUVIENS-TOI…
Le
cultissime tueur au crochet est de retour dans la suite très alléchante
d’un classique moderne du cinéma d’horreur.
Par Bernard Achour
« Ce ne sera pas un film sérieux, mais un pur divertissement “pop corn” estival, » prévient d’emblée la réalisatrice Jennifer Kaytin Robinson. Et ça tombe bien : l’été a toujours été la saison rêvée pour frissonner de plaisir. Vingt-huit ans après la sortie du slasher homonyme « Souviens toi… L’été dernier », elle ressuscite l’univers culte du premier volet – mais uniquement le premier. Adieu les deux suites plus ou moins oubliables de 1998 et 2006, exit la série Amazon de 2021 : cette version 2025 renoue avec l’esprit original tout en injectant du sang neuf à sa mythologie meurtrière.
À l’époque, le film de Jim Gillespie avait capté l’angoisse adolescente sur fond de plages brumeuses et de secrets inavouables, devenant instantanément culte grâce à son casting générationnel (Jennifer Love Hewitt, Freddie Prinze Jr, Sarah
Michelle Gellar, Ryan Phillippe) et son tueur au crochet devenu emblématique. Aujourd’hui, le duo iconique Julie James et Ray Bronson revient, toujours incarné par Hewitt et Prinze Jr. « Je ne voulais pas être là juste pour faire coucou. Si je reviens après presque trente ans, c’est pour que ça compte », explique l’actrice. Et faites-lui confiance : leur expérience du massacre de Southport va désormais servir de boussole à une nouvelle génération de victimes.
Madelyn Cline, Chase Sui Wonders, Jonah Hauer-King, Sarah Pidgeon, Tyriq Withers… La relève est assurée par des têtes issues de séries Netflix, HBO ou Amazon. Ils incarnent cinq amis responsables d’un accident mortel qu’ils tentent d’étouffer… avant que le passé ne vienne frapper à leur porte, armé d’un crochet. Le tournage, entamé en Australie et achevé à Los Angeles, s’inscrit dans une esthétique solaire et sanglante assumée : « Je voulais
des couleurs vives, de l’eau bleue et du sang bien rouge », confie Jennifer Kaytin Robinson. Connue pour « Do revenge », elle assume un mélange de nostalgie visuelle et d’ironie mordante, sans renier les codes du slasher : « Je ne veux pas copier, je veux que ça ait sa propre identité. »
Pas un reboot. Pas un remake. Pas un délire auto-référentiel. Juste une vraie suite du premier film, pensée pour les fans de la première heure comme pour les néoadeptes du frisson pop. Et si vous pensiez avoir enterré vos secrets, préparez-vous : l’été n’oublie jamais.
SOUVIENS-TOI… L’ÉTÉ DERNIER EN SALLE LE 16 JUILLET
DRACULA – A LOVE TALE
Luc Besson donne aujourd’hui sa propre version du « Dracula » de Bram Stoker, et on peut compter sur son génie visuel pour se montrer à la hauteur du monument.
Par Bernard Achour
Pour lui, l’élan premier n’a jamais été le fantastique. Il le dit sans détour : « Pour moi, c’est l’ultime histoire d’amour. Un homme qui attend quatre siècles le retour de la femme qu’il aime, c’est bouleversant. » Cette relecture romantique de la légende met en lumière la dévotion déchirante du comte Vlad II, brisé par la perte de sa chère Elisabeta et prêt à défier Dieu pour la retrouver. L’immortalité qu’il s’inflige devient alors sa malédiction : survivre, attendre, espérer. Luc Besson s’amuse à flirter avec le réel : décors grandioses tournés à Paris et reconstitutions minutieuses d’époques successives donnent au récit une texture crédible, presque palpable. « J’aime quand ça a l’air vrai mais que c’est totalement faux. »
Ici, pas de capes volantes, mais une fresque gothique où l’Histoire et le mythe s’entrelacent. La narration voyage entre XIVe et XIXe siècles, révélant un Dracula polymorphe (vingt et une incarnations différentes !) campé avec une virtuosité sidérante par Caleb Landry Jones. L’acteur, qui retrouve Luc Besson après le sous-estimé « Dogman », s’est fondu dans chaque époque, travaillant sa voix, son corps et ses silences. « C’est un caméléon. »À l’opposé des relectures clinquantes ou édulcorées, ce nouveau « Dracula » se présente comme un chant funèbre incandescent. « Ce n’est pas un film pour manger du pop-corn », prévient son réalisateur. Non, c’est un film à vivre, à ressentir, à traverser. Une œuvre qu’on attend comme on espère un miracle : avec fièvre.
DRACULA EN SALLE LE 30 JUILLET
DANGEROUS ANIMALS
Une bombe estivale de terreur qui risque fort d’en dissuader certains de faire trempette pendant les vacances.
Par Bernard Achour
D’habitude sérieuse, expérimentale, voire parfois un tantinet rébarbative, la section parallèle du Festival de Cannes, la Quinzaine des cinéastes, a créé cette année la surprise en offrant à ses spectateurs un pur film de genre dont la dimension ouvertement divertissante a soulevé d’authentiques hurlements de frayeur et d’enthousiasme mêlés, sans compter les éruptions d’applaudissements à l’issue de chaque projection. Plus d’un demisiècle après Les Dents de la mer, DANGEROUS ANIMALS est en effet le thriller de requins le plus terrorisant. Son héros ?
Un tueur en série australien qui a pour hobby de kidnapper, sur son bateau, de jeunes et jolies touristes afin de les offrir, en guise d’appâts vivants, aux squales qui rôdent au large – non sans prendre un malin plaisir à enregistrer leur calvaire au caméscope. Sa principale adversaire ? Une victime potentielle qui n’a absolument pas l’intention de se laisser boulotter toute crue.
À partir de là, c’est avec une efficacité maximale que le réalisateur Sean Byrne embrasse tous les codes du suspense et de l’épouvante animalière pour mieux les dynamiter avec un mélange explosif de frontalité, de virtuosité technique et d’humour très noir. Entre deux séquences ultra anxiogènes et autant de bagarres homériques, le spectacle ne relâche jamais la pression, jusqu’à un épilogue qui en laissera plus d’un le souffle coupé. Prêts pour le grand plongeon ?
DANGEROUS ANIMALS
EN SALLE LE 23 JUILLET
Ce ne sont que quelques-unes des magnifiques photos que nous avons prises sur notre stand lors de la 11e édition de FANTASY BASEL – Le Comic Con suisse.
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Rendez-vous à la prochaine édition du 14 au 26 mai 2026 !
Dans le prochain numéro de FILM GUIDE
DEMON SLAYER – LA FORTERESSE INFINIE – Le manga de l’année
DALLOWAY – Quand l’IA prend le pouvoir
CLASSE MOYENNE – Une comédie supérieure
Dès le 3 septembre dans votre cinéma préféré
LES MAÎTRES SE RÉUNISSENT. LA LÉGENDE COMMENCE.