HS TVB 22 Désinformation

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Revue participative de solutions

Nº 22 MAI 2021

GRATUIT

HORS-SÉRIE - DÉSINFORMATION

Thomas Huchon, Rudy Reichstadt, Thierry Ripoll, Fake off, Le CLEMI ...

Fake news, complotisme, post-vérité, comprendre et agir.

Journal associatif et sans publicité déposé au dépot légal de la Bnf. Achevé d’imprimer en mai 2021 à Synergie Copy, Villeurbanne. Ne pas jeter sur la voie publique - Numéro ISSN : 2495 - 9847 - Numéro CPPAP : 0624 G 93965.


Le Tout Va Bien Le magazine TVB est l’un des principaux outils de l’association Tout Va Bien qui a pour objet social la diffusion de solutions et de connaissances à impact positif sur l’environnement, la société et le vivre-ensemble. Inspiré du journalisme de solutions, TVB a créé en 2016 le principe de l’initiative au kilomètre. En relayant les démarches inspirantes d’acteurs locaux, de manière participative avec tous les citoyens, l’association espère stimuler les envies d’agir à côté de chez soi. Nous partageons également des intiatives inspirantes venues d'ailleurs et des avis d'experts permettant de comprendre les enjeux. L'association développe également des actions socio-culturelles d'éducation populaire, essentiellement autour de l'éducation aux médias. Nos actions permettent souvent d'apprendre en faisant, de découvrir des outils pour créer et vérifier l'information.

SOMMAIRE 3

Comprendre la désinformation 4

Pascal Froissart : « De tous temps, il y a eu des histoires qui font peur »

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Thierry Ripoll : « Le complotisme est une révolte politique ratée »

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Édito Qu’il est compliqué de savoir ce qu’est la vérité et s’il en existe bien une, et une seule, d’ailleurs. Face à l’incertitude, qui est le propre de l’être humain depuis toujours, certains d’entre nous trouvent refuge dans des croyances diverses et variées. La liberté de croire, souvent réconfortante, est importante, tout autant que la nécessité d’établir des faits communs, pour pouvoir faire société, tous ensemble. Il semble cependant utile d’apprendre à séparer les faits des opinions et des croyances, à tolérer des idées divergentes : on ne sera jamais tous d’accord et heureusement ! Puis, parfois, nous octroyer le droit de ne pas savoir et de ne pas mal le vivre. Socrate affirmait déjà « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ». Il semble, ceci dit, important de continuer à vouloir s’améliorer, rester en quête de savoirs factuels même s’ils sont probablement limités, et garder l’envie de s’informer, d’évoluer, de tolérer et avancer tous ensemble grâce à des informations basées sur une recherche de vérité plutôt qu’une volonté d’imposer sa vérité absolue ou de vouloir convaincre pour diviser. Laurianne Ploix

NOS FORMULES D’ABONNEMENT

Glossaire

Alain Cambier, philosophie de la post-vérité

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Rudy Reichstadt, Internet et le complotiste

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Thomas Huchon : « Face à un complotiste, la meilleure réponse est une question »

Agir contre la désinformation 10 Le CLEMI, allié de l’éducation nationale 11 Fake Off, dépassionner les débats 12 Entre les lignes, des ateliers pour les jeunes 12 Jets d’encre, l’expérience journalistique 13 Mediapte, une vision critique des médias 14 Le CRIJ et son jeu : le Vrai du Faux 15 L’EMI chez TVB

Tout Va Bien, le journal qui réinvente demain Association loi 1901 Ligue de l’enseignement 20, rue François Garcin 69003 Lyon contact@toutvabienlejournal.org

RDV sur toutvabienlejournal.org

Directrion de Publication Laurianne Ploix

PDF Tvb en pdf + articles en ligne

PAPIER

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MEMBRE ENGAGÉ Tvb au choix + réductions sur nos événements

55 €

Secrétariat de rédaction Clément Navoret Comité de rédaction Raphaëlle Vivent Élodie Horn Marie Albessard Mise en page Laurianne Ploix Photographies Libres de droit ou cédés par nos partenaires, reproduction non autorisée Hors-série avec le soutien financier de la DRAC Auvergne-Rhône-Alpes

80 €

Plus d’infos sur : Http://toutvabienlejournal.org


Glossaire par Laurianne Ploix

Fausse info

Mauvaise intention

Les 2

Mésinformation

Désinformation

Malinformation

Erreur commise invonlontairement et qui peut faire l’objet d’un erratum ou d’une rectification ultérieure.

Erreur volontaire dans l’intention de nuire. Information créée de toute pièce ou manipulée.

Information vraie détournée, incomplète, coupée ou manipulée dans le but de tromper ou d’influencer.

Information Une information est vraie et vérifiée, elle a des conséquences pour un grand nombre de personnes et apporte un fait nouveau. Le fait est, par ailleurs, indépendant de toute opinion.

EMI EMI est l’abréviation de éducation aux médias et à l’information. Il s’agit d’une démarche visant à expliquer le fonctionnement de tous les médias et à transmettre des clés pour mieux les appréhender.

Fact-checking Le fact-checking est un anglicisme désignant une technique qui consiste à vérifier les faits annoncés dans les médias. Initialement créée dans les années 1990 aux États-Unis, elle visait à vérifier les faits des discours politiques. Aujourd’hui, la technique s’est démocratisée et la plupart des grandes rédactions disposent d’équipes de fact-checkeurs (comme les Décodeurs au Monde ou AFP Factuel) qui vérifient les informations et rumeurs qui circulent sur la toile. Les outils utilisés vont de la recherche d’image inversée au contact avec les sources primaires évoquées.

Debunk Il s’agit également d’un anglicisme que l’on pourrait traduire par « démystifier ». Certains lui donnent la signification de Woodward : « extraire le non-sens des choses ». Il s’agit de discréditer des thèses erronées en menant des enquêtes factuelles.

Fake news Une fake news est une fausse information créée volontairement, souvent dans l’intention de nuire. On accuse parfois le contradicteur d’être créateur de fake news, une technique utilisée pour discréditer sans prouver.

Théorie du complot La théorie du complot, ou complotisme et conspirationnisme, est l’élaboration d’une hypothèse visant à attribuer à une personne ou un groupe social identifié une action secrète, souvent malveillante, perçue comme unique cause d’un événement ou d’interprétation d’un fait. Elle renforce le rejet de ce groupe social et justifie parfois de la violence à son égard. Elle n’est jamais vérifiée factuellement et reste souvent une théorie portée par une vision du monde précise et des coïncidences recherchées. Cependant, il existe de vrais complots et le galvaudage du mot « complotiste » dessert parfois l’investigation. De plus, lorsqu’on essaie de déconstruire une théorie du complot, il semble important de rester dans la recherche de compréhension et la déconstruction factuelle afin de ne pas avoir l’effet inverse : l’effet boomerang qui mènerait finalement l’autre à renforcer sa croyance puisqu’elle est critiquée et son sentiment de rejet renforcé.

Bulles de filtres Les bulles de filtres, bulles informationnelles ou chambres d’écho, correspondent à des bulles virtuelles dans lesquelles l’internaute serait isolé intellectuellement et culturellement du fait de la personnalisation de sa navigation, en fonction de la collecte de ses données. Les algorithmes des différents sites et réseaux sociaux l’orienteraient toujours vers le même type d’information. Ce phénomène serait accentué par notre biais cognitif de confirmation qui nous pousse à aller chercher l’information qui confirmera notre croyance initiale, et non pas la contradiction, la remise en question étant inconfortable.

Post-vérité

Selon le Larousse, il s’agit d’un concept selon lequel nous serions entrés dans une période (appelée ère de la post-vérité ou ère post-factuelle) où l’opinion personnelle, l’idéologie, l’émotion et la croyance l’emporteraient sur la réalité des faits. Depuis Trump, nous parlons de fait alternatif (ce qui ne peut exister).


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Comprendre

« De tous temps, il y a eu des histoires racontées qui font peur »

P

ascal Froissart est Professeur d’université en sciences de l’information et de la communication au Celsa Sorbonne Université. Il étudie les concepts de « rumeur », « fake news » et leurs propagations par les médias.

TVB : Le terme « fake news » est apparu récemment, auparavant on parlait de « rumeur » : les deux termes renvoient-ils au même phénomène ? PF : Le mot « rumeur » a été créé en 1902. « Fake news » a été créé en 2016 par l’équipe de Donald Trump et utilisé comme une arme politique. Ce terme est pourtant vieux comme le monde, mais on l’emploie à présent pour désigner des messages que l’on pressent avoir un pouvoir plus grand – de même que « rumeur », « désinformation », « propagande »… J’ai d’ailleurs observé que tous ces concepts ont un cycle de vie. De manière étonnante, on voit sur Google Trends que « fake news » décline depuis 2017. L’explication est simple : Trump lui-même s’est fatigué et a arrêté d’en parler. Il y a un marché des termes pour décrire cette absence de contrôle d’une information. Mais en étudiant le sujet, on voit que les informations non contrôlées n’existent pas.

TVB : Les fake news ont-elles toujours existé dans l’Histoire ? PF : Il y a différents exemples. Au moment de la Révolution française, des « nibelles » ou « bobards », comme on les appelait, disaient que les puits étaient empoisonnés… Ou plus récemment toutes ces histoires sur les puces 5G. De tous temps, il y a eu des histoires racontées qui font peur. Mais je pense qu’on voit apparaître un changement à partir du XIXe siècle. Avec les médias de masse et l’émergence des sciences sociales, on a construit une représentation de la société dans laquelle la parole populaire et la parole savante se sont dissociées. L’une est devenue sage, et l’autre dangereuse. Cette bipolarisation est dommageable car c’est un schéma simpliste et qui crée des oppositions (élites / masses, intellectuels / peuple…). De plus, cette simplification amène à penser l’information de manière nouvelle : imaginez que le seul fait de publier de très HS TVB #22 - P.4

nombreuses fois une information – fausse qui plus est – suffit à lui donner un pouvoir considérable !

TVB : Quels sont les ingrédients parfaits pour la naissance d’une fake news ? PF : On a toujours l’impression que la diffusion est massive ; or, la quantification n’est pas très claire. C’est dur de dire à partir de quel moment c’est une fake news. Mais, même si ce n’est pas toujours le cas, on suspecte souvent qu’une volonté de nuire est à l’origine de la fausse information. Et puis pour créer une fake news, il faut un terreau. On ne peut pas créer un discours social sans qu’il y ait des auditeurs, un public réceptif. On retrouve aussi souvent une forme de raisonnement « seul contre tous », « on nous cache tout »…

TVB : Comment lutter contre leur propagation ? PF : Malheureusement, il n’y a pas de solution unique… Le fact-checking aide à empêcher ces fausses informations de vivre mais les diffuse également. C’est absolument nécessaire mais ce n’est pas suffisant ! Parmi les pistes, il y a la domestication des réseaux sociaux : la loi de 1881 existe en France, mais nous n’arrivons pas à la faire appliquer aux réseaux sociaux américains. Les fake news peuvent venir de cette absence de droit de diffusion. Il faudrait aussi rétablir un rapport de force plus équitable sur le partage des ressources, car la presse n’a plus d’argent. Ce qui se passe à France Soir, c’est le résultat d’une perte économique : pour faire de l’argent, on va vers cet extrême. J’ai l’impression qu’on est dans le Far West et qu’on doit reconquérir les terres perdues. Marie Albessard © P.Froissard


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Comprendre

« Le complotisme est une révolte politique ratée »

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hierry Ripoll est chercheur en psychologie cognitive et professeur à l’université d’AixMarseille. Auteur de Pourquoi croit-on ? sorti en octobre 2020 aux éditions Sciences Humaines, il revient sur la construction des croyances – dont font partie les fake news – et les processus cognitifs qui nous y font adhérer.

TVB : Pouvez-vous définir le concept de « croyances infondées », que vous développez dans votre livre ? TR : Ce ne sont pas uniquement des « fake news » et des théories complotistes, qui sont des cas particuliers de croyances infondées. Les croyances infondées signifient que quelqu’un développe une certitude, une conviction très grande envers quelque chose, qu’on peut appeler la foi. Toutes les sociétés humaines se sont bâties grâce à des croyances, notamment religieuses, qui restent infondées, puisqu’elles ne reposent sur rien en termes empirique ou théorique. Quelles que soient les croyances, les processus cognitifs qui y conduisent sont les mêmes.

TVB : Quels sont ces processus cognitifs ? TR : Il y en a beaucoup. Beaucoup de psychologues cognitivistes ont admis que le raisonnement pouvait se faire avec deux systèmes distincts : intuitif ou analytique. Le système intuitif est le plus spontané, il est aussi plus émotionnel. Le système analytique est plus coûteux et demande du temps et des efforts. Le recours à un type de système ou à un autre dépend en premier lieu de l’éducation. Plus les personnes auront recours à un © T.Ripoll

raisonnement intuitif, plus elles auront tendance à être crédules. Il y a des caractéristiques cognitives qui l’expliquent aussi : comma par exemple, ce que l’on appelle « sauter sur la conclusion ». Le système intuitif, avec tous les biais qu’on lui connaît, crée des hypothèses à grande vitesse. Un autre biais consiste à vouloir systématiquement trouver une cohérence dans des informations liées les unes aux autres. L’humain a ce besoin constant de vouloir expliquer, de donner du sens.

TVB : En cette période de pandémie, comment explique-t-on la montée des fake news ? TR : Un autre facteur qui peut prendre le dessus est le niveau de stress. Lors d’une période où une personne est soumise à beaucoup de stress, c’est le système intuitif qui va prendre le dessus et va donc engendrer une adhésion plus rapide à des croyances. Ce qui explique en partie que les théories complotistes et les fake news se sont développées durant cette période de pandémie. Avoir l’impression de comprendre permet de rehausser narcissiquement sa personne, et d’apaiser le stress. L’autre facteur déterminant est extrinsèque, cela permet d’avoir le sentiment de contrôler sa vie. Comme depuis la pandémie, certaines personnes peuvent moins se déplacer ou ont perdu leur travail, elles deviennent alors, parfois, plus crédules et adeptes de fake news.

TVB : Comment peut-on faire pour agir sur les croyances envers des fake news ? TR : Déjà, il faut admettre qu’une fois une croyance installée, il est difficile de la remettre en cause. C’est pour ça que je pense qu’une formation destinée à enseigner aux plus jeunes le fonctionnement des médias est primordiale. Cela peut leur permettre de se prémunir de ces croyances, et ce, dès le collège. Il ne faut jamais essayer de prendre à revers un complotiste, puisque cela peut le fragiliser et donc le conduire en réalité à rehausser encore davantage son niveau de croyance. La seule solution est d’essayer de le faire réfléchir à son propre fonctionnement cognitif et de lui suggérer des alternatives. Le problème est aussi politique, tant qu’on fabriquera une société inégalitaire, le complotisme sera une fatalité. On devient complotiste, parce qu’on est dans une société que l’on déteste ; le complot est une solution de facilité. Il est réconfortant puisqu’il permet de rendre la situation intelligible et plus confortable. Le complotisme est une révolte politique ratée. Ratée puisqu’elle n’offre pas de véritable alternative pour faire progresser la situation des personnes qui se sentent lésées par la société. Élodie Horn

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Comprendre

Alain Cambier, philosophie de la post-vérité

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octeur en philosophie, chercheur associé au laboratoire « Savoirs, textes, langage » de l’Université de Lille III, professeur de chaire supérieure et enseignant à Sciences Po Lille, Alain Cambier a publié de nombreux ouvrages questionnant notre société, dont le dernier Philosophie de la post-vérité aux éditions Hermann.

TVB : Qu’est ce que l’ère de la post-vérité ?

© A. Cambier

AC : Il faut la mettre en parallèle avec l’ère de la société post-moderne, surtout celle qui a émergé dans les années 1990 avec le néolibéralisme, liée à une démonétisation de la valeur de la vérité : elle est concomitante du développement d’un individualisme exacerbé, qui a favorisé le développement du relativisme, du scepticisme et même du cynisme. Ce n’est plus la question de la recherche de vérité en tant que telle qui a été valorisée, mais plutôt le repli sur la notion d’authenticité des sentiments, sur ce que l’on ressent, sur nos expériences subjectives reconnues alors comme étant les seules fiables. D’ailleurs, étymologiquement, le mot « authenticité » vient du grec authentikos qui signifie « qui agit de son propre chef, qui veut être son propre maître ». C’est le sens premier que l’on a oublié, car on prend souvent ce mot pour un simple synonyme d’une prétendue sincérité. Mais c’est surtout l’idée qu’il ne s’agirait plus de vérifier des faits, « de croire que » des choses se sont passées ou pas et de faire l’effort de le vérifier, mais « de croire en », croire en soi ou en quelqu’un... C’est le cas de Trump, d’ailleurs, qui a incité perpétuellement à croire d’abord en lui, en répétant believe me : « croyez-moi ». L’idée est finalement de s’imposer sans jamais vouloir se remettre en cause, ni se confronter à des faits objectifs.

TVB : Est-ce l’avènement de la croyance à la place de la raison ?

AC : Pas exactement, il ne faut pas opposer croyance et raison de manière simpliste et manichéenne ; mais dans l’ère de la post-vérité, on ne va plus vouloir faire l’effort d’une enquête rationnelle pour établir des vérités objectives. On va douter de la raison et préférer s’appuyer sur des impressions sensorielles, des ressentis : on le voit notamment chez les platistes (ndlr : les quelque 9 % de Français qui pensent que la Terre est plate). Croire en, c’est plébisciter quelqu’un plutôt que de réfléchir. À partir du moment où on s’en remet aveuglément à une personne, un dogme, une émotion, il y a nécessairement une absence de réflexivité. Depuis 20 ans, on constate une perte d’esprit critique rationnel. HS TVB #22 - P.6

TVB : Est-ce réellement nouveau ?

AC : Comme je l’ai indiqué en introduction de mon ouvrage, c’est une condition inhérente à la condition humaine. Dans ce que j’ai appelé le « complexe de Jocaste », on voit Œdipe qui se met en quête de la vérité sur la mort de Laïos, l’ex-roi de Thèbes dont il a pris la place. Mais son épouse, qui est aussi sa mère, va tout faire pour résister à cette enquête rationnelle, afin qu’il ne découvre pas que c’est lui le véritable responsable de la mort de Laïos. La résistance à la découverte d’une vérité n’a donc rien de nouveau. Et depuis toujours, toute recherche sérieuse de la vérité exige un effort rigoureux. Or, j’évoque dans le livre la pensée désidérative (wishful thinking), qui consiste plutôt à configurer ses croyances sur le patron de ses désirs et de ses fantasmes. Dans ce cas, nous préférons voir ce que nous croyons plutôt que de croire ce que nous voyons. Il me semble que ce positionnement s’est renforcé avec la technologie postmoderne : les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont permis de colporter partout une vision archaïque du monde où règne la rumeur, le soupçon insidieux, l’intolérance et l’obscurantisme. Tout idéal normatif a été rejeté sous prétexte de montrer les gens tels qu’ils sont plutôt que tels qu’ils devraient être. Les réseaux sociaux ont imposé une dictature des émotions. On observe avec eux une tendance à vouloir s’écarter d’un « monde partagé en commun » pour créer un « monde partagé à l’écart », une contre-société. Les institutions et la presse sont jetées en pâture sous prétexte que les réseaux sociaux livreraient une nouvelle parole oraculaire qui n’aurait pas besoin d’esprit critique, ni de respecter des protocoles ou des procédures.

TVB : Comment liez-vous la désinformation à la société de post-vérité ? AC : Cela peut sembler paradoxal de parler de désinformation alors que nous vivons dans des sociétés où nous assistons plutôt à une surinformation. Il n’y a jamais eu autant de données et de réseaux d’informations, mais il ne faut pas confondre la vitesse de circulation de l’information et le degré d’attention nécessaire à la connaissance. Il s’agit de reconnaître et comprendre si la surinformation conduit à la désinformation. Cette surinformation se fait surtout sur les réseaux sociaux aux dépens de la presse professionnelle qui est censée respecter une déontologie. On l’a vu dernièrement dans la démission de la rédaction de Sciences & Vie qui monte la revue Epsiloon. Par ailleurs, il existe une désinformation parce que les réseaux sociaux nous enferment dans des bulles de filtres qui nous empêchent d’élargir notre connaissance et, au contraire, la rétrécissent en prônant l’entre soi : ils se soustraient alors à toute réfutation. De plus, il existe une forme de fascination pour la sophistication des techniques de l’information plutôt que pour la valeur de l’information


(un intérêt pour la prouesse technologique plutôt que pour la qualité et la nature de l’information transmise). Enfin, les faits divers font souvent diversion en étant présentés mélangés avec des faits plus fondamentaux, contribuant ainsi à la sidération des individus plutôt que de favoriser leur réflexion.

TVB : Quelle est la définition philosophique de la vérité ? AC : Nous pourrions définir la vérité comme la norme de tout discours qui prétend exposer le réel. Il peut y avoir chez l’homme cette tendance à se raconter des histoires et c’est légitime : tout discours humain n’est pas censé nous parler de la réalité et les échappatoires permettent de se libérer, à juste titre, de la réalité, surtout lorsqu’elle est pesante. L’exigence de vérité s’impose néanmoins non seulement en sciences et au tribunal, mais aussi dans les relations humaines, si l’on veut s’entendre. Il n’empêche qu’en politique, vouloir s’en tenir à la vérité peut apparaître ambivalent au sens où il peut y avoir deux écueils. 1 - Celui de ceux qui souhaitent développer une conception positiviste qu’on trouvait déjà chez Platon et qui consiste à laisser le pouvoir aux sachants : on appelle cela l’épistémocratie et elle conduit à dénigrer les démocraties fondées sur la doxa, l’opinion, et à remettre en cause la possibilité pour chaque citoyen de donner son opinion. Le problème serait de s’en remettre à une élite intellectuelle. On trahirait pourtant l’esprit de la vérité scientifique car la prudence des scientifiques est justement de ne jamais se prendre pour des marchands de vérités absolues. 2 - L’autre écueil serait de faire croire, à l’inverse, qu’on pourrait se passer du principe de vérité : ce serait alors le règne de la démagogie et la démocratie ne serait plus que le marché des opinions. Dans ce cas, on ne fonderait plus son opinion sur un degré de vérité mais sur les réactions affectives qu’elle provoque : d’où la dictature des émotions. Or, la démocratie elle-même, le débat d’idées, a besoin de règles du jeu et tout ne peut pas être dit n’importe comment. La presse, par exemple, ne peut pas diffamer (c’est illégal) et c’est probablement pour cela que certains se réfugient dans les réseaux sociaux pour le faire. Le franc-parler n’est pas synonyme de vérité et on ne peut négliger tous les effets que nos mots ont sur les autres. Il existe des limites dans l’expression des opinions dans la sphère publique. Le risque ultime, c’est le négationnisme, tel qu’on l’a connu vis-à-vis de la Shoah ou plus tard sur les Twin Towers. Le négationnisme vise à faire croire que ce qui est arrivé n’est pas vrai et jette le soupçon pour euphémiser le mal. Le négationniste veut recréer une réalité où l’idéologie (nazisme, fanatisme religieux, etc.) qui a conduit au crime pourrait être malgré tout justifiée. Le négationnisme est un affirmationnisme qui ne dit pas son nom. Or, nous ne pouvons faire évoluer le monde que si nous le connaissons tel qu’il est et si nous agissons à partir des « possibles réels » (plutôt que de faire croire que tout est possible). Ce qui a transformé les utopies en dystopies, c’est une méconnaissance des possibles réels. Aussi, la démocratie ne peut pas se dispenser d’instances qui ont à charge de produire des connaissances objectives sur les situations, plutôt que de s’en remettre au marché des opinions. Nous en sommes malheureusement déjà un peu là : on assiste à une surenchère dans la démagogie. Quand on voit que France Soir est devenu un média complotiste uniquement parce que c’est plus rentable et plus provocateur, cela me semble très dangereux pour la démocratie elle-même qui risque d’être remise en question.

TVB : Quelles solutions avons-nous pour ne pas tomber dans les écueils de l’ère de post-vérité ? AC : Dans mon ouvrage, j’ai insisté sur trois solutions.

1 - Toujours rapporter les discours avec les faits plutôt que de vouloir détenir d’avance une vérité (conception oraculaire de la vérité), toujours se confronter à la vérification, comme le fait le fact-checking, même s’il ne suffit pas. Hannah Arendt, dans Vérité et politique, soulignait déjà « la vulnérabilité des vérités de faits » par rapport aux vérités de raison. Mais elle rappelait la réponse de Clemenceau à ceux qui s’interrogeaient sur ce que les historiens du futur diraient au sujet des responsabilités concernant le déclenchement de la Première Guerre mondiale : « Je n’en sais rien, mais tout ce dont je suis sûr, c’est qu’ils ne diront jamais que le 4 août 1914 la Belgique a envahi l’Allemagne. » 2 - Le recours à des instances tierces / arbitrales qui permettent de définir des faits de manière la plus objective possible (comme les autorités de recours : centres de recherche, tribunaux, conseil d’Etat, conseil constitutionnel, etc.). 3 - Ne pas saper les socles transactionnels sur lesquels repose la démocratie. Quand on discute, qu’on débat, qu’on dialogue, il y a nécessairement des règles, des axiomes susceptibles d’être partagés en commun. Quand le socle transactionnel disparaît, il ne reste plus que la violence et l’incommunicabilité. Or, en se repliant sur soi, dans des bulles de filtres, on s’expose à un risque élevé d’incommunicabilité, paradoxalement à l’époque où il y a de plus en plus d’outils de communication. Nous devrions donc passer d’une mauvaise querelle basée sur « Sur les réseaux sociaux, on l’agressivité à une querelle observe une tendance à vouloir qui permette la rectification s’écarter d’un monde partagé en des opinions, l’entente et la commun pour créer un monde compréhension. Un socle transactionnel constitue partagé à l’écart.» un arrière-plan sur fond duquel on peut distinguer le vrai du faux. Toute écoute est constitutive du parler. Dans les bulles de filtres, on a tendance à opposer radicalement le « eux » et le « nous », comme s’il n’y avait plus rien en commun. On se lance alors dans une fragmentation de l’humanité qui mène à la déshumanisation.

TVB : Pourquoi remet-on en question l’universalisme de l’humanité ?

AC : Avec le néolibéralisme, on a assisté à des dérégulations économiques, mais aussi à une déstructuration de la société. Or, cela favorise aujourd’hui des replis identitaires. L’avenir semble réservé soit aux martyrs qui croient aveuglément en une vérité absolue, soit aux cyniques qui ne croient plus en rien. Avec mon ouvrage, je voulais contribuer à éviter les dangers de ces dérives. Nous vivons une montée irrésistible du nihilisme aussi bien chez les martyrs que chez les cyniques : c’est ce qui me semble important à souligner… Je voudrais montrer que le partage de la raison, du logos, doit rester notre objectif en tant qu’êtres humains vivant ensemble, plutôt que de se replier sur nous et nos ressentiments. Car je suis convaincu qu’au-delà de nos différences respectables, il y a des universels potentiels dans lesquels les hommes peuvent tous se reconnaître. Laurianne Ploix HS TVB #22 - P.7


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Comprendre

Rudy Reichstadt, Internet et les conspirations

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iplômé de l’Institut d’études politiques d’Ai x- e n - P rove n ce , Rudy Reichstadt est le directeur et le fondateur de l’Observatoire du conspirationnisme, un site internet qui documente le complotisme et qui entend lutter contre ses dérives. En 2019, il a publié L’Opium des imbéciles : Essai sur la question complotiste, aux éditions Grasset.

TVB : Peut-on dire que le complotisme est un phénomène récent, lié à l’ère d’Internet et des réseaux sociaux, ou a-t-il toujours existé ? RR : Cela a toujours existé. Depuis qu’il y a des sociétés humaines, il y a des accusations de complot, puisque c’est ça, finalement, une théorie du complot. Toutefois, c’est très compliqué de mesurer le niveau de complotisme d’il y a 100 ans, par exemple. Ce qu’on est capable de voir, en revanche, c’est ce qui a changé depuis les années 1990. La spécificité de notre époque, c’est sa configuration « La croyance complotiste nous technologique, avec Internet, le libère du poids de l’incertitude. » haut débit, les smartphones, les réseaux sociaux. Tout ça donne une chance historique au complotisme de se développer. Internet, tel que nous le connaissons aujourd’hui, a démultiplié les moyens de diffusion de ces thèses-là, qui étaient très longtemps cantonnées à la confidentialité de certains extrémismes politiques. Aujourd’hui, elles s’expriment très ouvertement, sont diffusées massivement. C’est très facile aussi de faire communauté

© Jean-François Paga Grasset

HS TVB #20 - P.8

avec des gens qui croient aux mêmes choses que nous. On est galvanisé, on devient à son tour un activiste. Ça touche particulièrement les nouvelles générations connectées qui s’informent beaucoup sur les réseaux sociaux, et qui sont plus exposées que les générations précédentes à cet imaginaire complotiste. Et ça laisse des traces, ce n’est pas sans conséquences.

TVB : Quelles sont ces conséquences ? RR : Le niveau global d’adhésion à l’imaginaire complotiste augmente très clairement. Ces idées circulent plus. Non seulement elles sont plus visibles, mais elles imprègnent davantage notre imaginaire. Il y a dix ans, il y avait encore beaucoup de résistance par rapport à ce constat, certains chercheurs disaient « mais non, c’est juste un effet loupe ou un effet de mode ». Mais aujourd’hui, le consensus global des psychosociologues, des historiens des sciences, des idées, c’est que le complotisme est un phénomène très tangible, qui traverse toute la société.

TVB : Qui sont les complotistes ? Est-ce que tout le monde peut se laisser séduire par ces théories ? RR : Il n’y a rien qui vous immunise complètement contre la croyance en ces théories. Il y a une force inhérente aux récits complotistes, qui jouent sur le ressort de la révélation, du dévoilement, et qui produisent un plaisir intellectuel et, comme tout plaisir, on a envie de le renouveler. Ils jouent aussi sur notre besoin d’unicité, de nous distinguer du groupe. On est celui qui est détenteur d’une vérité alternative, dans une position héroïque, donc ça remplit même une fonction narcissique. Et puis, ces récits sont très efficaces parce qu’ils comblent notre incertitude. L’incertitude produit une charge intellectuelle difficile à supporter, et la croyance, notamment la croyance complotiste, nous libère de ce poids. Ça peut paraître paradoxal, mais les théories du complot rassurent, dans un premier temps. Pour toutes ces raisons, le complotisme peut concerner tout le monde, mais il y a quand même des variables socioéconomiques, démographiques et politiques. Ce qu’on a constaté, c’est que les jeunes ont tendance à croire davantage aux théories du complot, mais ce n’est pas forcément lié à l’âge : c’est une question de manière de s’informer. Ensuite, il y a le niveau de vie et de diplôme : les personnes les plus pauvres et les moins diplômées sont généralement plus enclines à croire à ces théories. Enfin, plus on est aux extrêmes du spectre politique, plus on est séduit par le complotisme, et c’est encore plus vrai s’agissant de l’extrême droite. Raphaëlle Vivent


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Comprendre

« Face à un complotiste, la meilleure réponse, c’est une question »

© T. Huchon

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ournaliste, auteur et réalisateur, Thomas Huchon s’intéresse depuis plusieurs années au complotisme. En 2016, il réalise le documentaire Comment nous avons piégé les complotistes (disponible sur la plateforme Spicee), dans lequel il piège des complotistes en créant de toutes pièces une fausse théorie du complot. Inquiet du succès que rencontrent aujourd’hui ces théories, il partage avec nous ses solutions pour lutter contre ce phénomène.

TVB : Quels enseignements avez-vous tirés de votre documentaire ? Les choses ont-elles changé depuis sa sortie en 2016 ? TH : À l’époque, on a tiré l’enseignement qu’il y avait quelque chose de très grave qui était en train de se passer sous nos yeux. Il y a une espèce d’incompréhension de la part des pouvoirs publics et un risque de contre culture conspirationniste sur Internet. Notre film a été une forme de succès car on a pu démontrer pleins de choses. Mais malgré ça, je crois qu’on n’avait pas pris conscience à ce moment-là de tout ce que cela disait de notre société. Cela m’a sauté aux yeux au moment de la sortie du film Hold Up, récemment. Depuis 2016, non seulement le phénomène conspirationniste a pris une ampleur dingue, mais des gens ont aussi en quelque sorte copié notre méthode de parodie des films conspis, pour en faire un produit viral, en récoltant 300 000 euros. Aujourd’hui, il y a non seulement un large public et des plateformes pour diffuser ces films, mais il y a aussi un business. Et quand il y a un business, ce n’est jamais bon.

TVB : Que peut-on faire pour endiguer la montée du complotisme, selon vous ? TH : Je pense qu’il y a trois niveaux. Le premier, c’est l’éducation. Il faut que les citoyens de demain soient capables de comprendre comment fonctionne le numérique, ce qu’est un algorithme, un réseau social, une donnée personnelle. Il faut aussi de l’éducation aux médias et de l’éducation à l’esprit critique. Et enfin, il faut comprendre comment fonctionnent nos cerveaux,

leurs biais, et être capable de lutter contre. C’est une étape absolument fondamentale, qui est menée déjà en grande partie par des enseignants brillants. Et ça fonctionne. Quand j’ai commencé à montrer mon film dans les classes en 2016, j’avais peur de me retrouver face à des djihadistes radicalisés, ou des ados qui allaient faire des « quenelles » à la Soral, mais j’en ressors avec une foi inébranlable dans la jeunesse de mon pays et dans sa capacité à incarner un futur merveilleux d’intelligence, de créativité, « J’ai une foi inébranlable en la d’empathie et de solidarité. jeunesse, mais il faut l’aider. » Mais il faut l’aider. Le deuxième point, c’est de ne plus accepter la donne des entreprises du numérique. Il n’y a aucune raison que ces entreprises ne respectent pas les lois et volent nos données personnelles tout en foutant en l’air nos démocraties. Il faut légiférer, démanteler, et agir de manière beaucoup plus radicale face à elles. Et le troisième élément, c’est de se donner les moyens de légiférer sur toutes les questions de harcèlement numérique. Le problème principal aujourd’hui, c’est la différence de temporalité. Le temps des raids sur Twitter par des haters n’est pas du tout celui de la police, et encore moins celui de la justice. Et il y a là un vrai problème.

TVB : Avez-vous un conseil si l’on a un proche qui commence à tomber dans le complotisme ? Comment arriver à lui parler ? TH : La première chose à faire, c’est de maintenir le dialogue. La deuxième chose, c’est de ne jamais oublier le fait que le premier qui crie a perdu. Le troisième point, c’est qu’il ne faut surtout pas chercher à contreargumenter, à contredire, car les complotistes auront toujours mille fois plus d’arguments que vous, même s’ils sont faux et bancals. La seule bonne réponse, c’est une question. « Ah ouais, mais pourquoi tu crois ça ? D’où ça vient ? Qui a dit ça ? Tu es sûr qu’il est compétent dans son domaine ce gars ? Etc ». Le problème ce n’est pas vous, parce qu’il ne vous convaincra pas que la terre est plate ou que les reptiliens gouvernent le monde en secret. Mais il faut arriver à toucher les indécis autour de vous, ceux qui pourraient être convaincus par les arguments du complotiste ou, plutôt, par l’illusion d’arguments. Raphaëlle Vivent

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Le CLEMI, l’allié de l’Éducation nationale

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eune trentenaire, le CLEMI est le référent éducation aux médias de l’Éducation nationale. À l’origine de la semaine de la presse à l’école, ainsi que de nombreux outils et formations à destination des professeurs et des documentalistes, l’organisme se décline au sein des académies. Nous avons interrogé Edwige Jamin, professeurdocumentaliste référente pour la région lyonnaise.

TVB : Pouvez-vous vous présenter ainsi que le CLEMI ?

Edwige Jamin, coordonnatrice du CLEMI pour l’académie de Lyon. © E. Jamin

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EJ : Je suis déchargée à mi-temps pour le CLEMI : je suis 2 jours par semaine dans mon collège de l’Ain et 2 autres jours dans les locaux du Canopé à Lyon. Je suis rattachée à la Délégation de région académique au numérique éducatif (DRANE) et travaille avec eux. Le CLEMI national est à Paris et chaque académie a son coordonnateur, soit à mi-temps, soit à plein temps. Le coordonnateur a 4 missions principales. 1 - Former les enseignants à l’éducation aux médias. Sur l’académie de Lyon, j’ai déjà posé 7 formations pour l’année prochaine, dont une sur le complotisme et une sur la webradio, qui fonctionnent très bien, et auxquelles les enseignants s’inscrivent individuellement. Nous intervenons également en milieu scolaire lorsque c’est demandé, c’est ce qu’on appelle les formations d’initiative locale (FIL). Dans ce cas précis, il s’agit d’une équipe pédagogique d’un établissement intéressé par un projet EMI et pour lequel nous intervenons directement en établissement afin de former l’équipe pédagogique. 2 - Mettre à disposition des ressources pédagogiques. Nous éditons des brochures papiers, des vidéos comme Les clés des médias, etc. Ce sont autant de supports et d’outils libres de droits que nous relayons auprès des professeursdocumentalistes. 3 - Aider à la mise en place de médias scolaires. Un élève à partir de 16 ans peut devenir directeur de publication. Nous apportons alors notre aide technique, juridique ou autre. 4 - Mettre les enseignants en relation avec des journalistes et professionnels des médias. Sur la page du CLEMI de Lyon, nous avons un espace ressources où l’on retrouve des journalistes, des dessinateurs de presse ou des associations comme la vôtre qui sont prêtes à intervenir en milieu scolaire. Le CLEMI met en relation mais ne finance pas et est uniquement réservé à l’Éducation nationale. Nous organisons également des concours, au niveau national comme Zéro cliché sur les stéréotypes filles/ garçons, Arte reportage sur le montage vidéo, etc. Au

niveau académique, je relaie le concours de médias scolaires Médiatiks pour des médias papier, des webradios et des photos reportages. De nombreuses entités font de l’EMI dans la région, et nous aimerions fédérer toutes les actions locales.

TVB : Est-ce que des parents qui voudraient sensibiliser leurs enfants peuvent aller s’approprier vos outils depuis votre site web ? EJ : Oui, tout à fait. Nous faisons le relais du CLEMI national qui réalise de nombreuses productions. Il existe toute une partie pour les familles, comme La famille tout écran qui était une brochure papier devenue des petites vidéos avec France Télévisions. Nous avons également une BD qui s’appelle Dans la tête de Juliette. Elle met en scène une adolescente et toutes ses interactions avec les écrans tout au long de la journée, de son réveil le matin jusqu’à son coucher le soir. On les retrouve dans nos espaces ressources pour les enfants, les ados mais aussi les parents.

TVB : Comment a évolué le CLEMI et ses actions ? EJ : Nous en sommes à la 33e semaine de la presse à l’école. Historiquement, le CLEMI est relié au Canopé. Cependant, au niveau académique, nous ne sommes pas rattachés au Canopé mais au rectorat car nous sommes tous des professeurs déchargés. Nous sommes l’organisme qui, depuis toujours, monte au créneau sur l’EMI. J’y suis depuis 7 ans, j’ai vécu Charlie Hebdo et les attentats qui ont refait la lumière sur l’utilité de l’éducation aux médias, que nous faisions depuis plus de 30 ans déjà. Malheureusement, nous dépendons un peu de ces drames pour qu’il y ait un sursaut de conscience et plus de moyens libérés. Mais nous avons toujours eu besoin d’apprendre à analyser un dessin de presse et à décrypter les médias.

TVB : Quelle serait votre définition de l’éducation aux médias et ses enjeux ? EJ : Mon cheval de bataille, lorsque je fais des formations, est d’expliquer aux professeurs qu’on éduque aux médias pour développer l’esprit critique, afin que les élèves ne soient pas passifs face à une information, mais acteurs. Pour moi, la meilleure solution est de leur faire produire de l’information. S’ils ne deviennent pas journalistes en herbe, ils ne comprendront pas aussi bien les dessous de l’information. Alors évidemment, cela prend du temps, mais éduquer aux médias, c’est surtout expliquer comment cela fonctionne. Et la meilleure manière de comprendre, c’est de faire. Nous venons de développer un outil qui s’appelle Classe investigation, qui demande un réel travail d’enquête, de vérification des informations, du croisement des sources et permet de se mettre dans la peau d’un journaliste. Et plus on s’y prend tôt, mieux c’est. Acquérir l’esprit critique se fait sur le long terme, et c’est bien de commencer jeune. Laurianne Ploix


Fake Off, dépassionner les débats © Fake Off

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ssociation de journalistes et professionnels initialement issus de l’audiovisuel, Fake Off lutte contre la désinformation depuis 2015. Aujourd’hui, quelques 7 500 jeunes ont été sensibilisés par l’association et une résidence s’est installée à Sevran, en banlieue parisienne. Échanges avec Lola Fourmy, responsable de la communication de l’association.

TVB : Comment est née Fake Off ? LF : Aude Favre, présidente et co-fondatrice de l’association avec Sylvain Louvet, a eu l’idée, après les attentats de Charlie Hebdo en 2015, de s’investir dans la lutte contre la désinformation. Certains d’entre eux et de leurs proches travaillaient à Premières lignes, la boîte de production qui était à côté de Charlie. Ils ont assisté à l’attaque et se sont réfugiés sur le toit. Par la suite, de nombreuses théories du complot ont vu le jour, motivant l’envie d’agir des journalistes et de défendre la recherche de preuves factuelles. Progressivement, ce mouvement, qui était informel, a grossi pour devenir en février 2018 une association. Une résidence s’est créée à Sevran en SeineSaint-Denis pour renouer le dialogue entre la population et les médias. Des médiations s’organisent avec les scolaires, les maisons de quartier, etc.

TVB : Comment agit l’association et quels outils avez-vous mis en place ? LF : Nous avons plusieurs façons d’agir. Soit nous intervenons auprès des scolaires sur des animations classiques, plutôt autour des techniques d’information et repérage des fake news : définition d’une information, croisement des sources, étude du contexte, décryptage des images... Ensuite on lance des opérations de debunk avec eux : on déconstruit une fake news ensemble. Il est important pour nous qu’ils fassent par eux-mêmes et se saisissent de la méthodologie de debunk que l’on propose, afin qu’ils deviennent acteurs de leurs façons de s’informer. Soit nous proposons des animations pratiques, dans le cadre scolaire ou dans les centres sociaux, les structures de protection de l’enfance ou autre. Dans ce cas, nous créons des podcasts, des émissions de radio, des reportages ou débunk vidéo avec eux. Enfin, nous formons aussi des professionnels à l’éducation aux médias. Je pense qu’il y a une réelle nécessité de briser la glace et d’en finir avec les représentations toutes faites, dans un sens comme dans l’autre.

TVB : Qu’est-ce que la désinformation pour vous ? Pourquoi faut-il lutter contre ?

LF : Je pense qu’il existe plusieurs niveaux de désinformation aujourd’hui. Il existe d’abord l’information qui est instrumentalisée, tronquée, ou orientée qui circule beaucoup et qui nécessite certains codes pour l’appréhender. Il y a les fake news, qui sont des fausses nouvelles créées dans le dessein de nous tromper, nous faire peur, etc. Puis, il y a tout ce que l’on va appeler les théories du complot. Il faut faire attention, tout n’est pas théorie du complot, et se poser des questions est légitime, mais lorsqu’on adhère à une théorie infondée, sans preuve et sans arguments qui tiennent la route, là ça devient problématique. Souvent, pour lutter contre la désinformation, on commence déjà par expliquer ce qu’est une information. Identifier ce qu’est une information permet de savoir lorsque ça n’en est pas une. L’important, c’est de se faire une opinion à partir de faits, de croiser les sources et de se pencher réellement sur le sujet. Le danger de la désinformation, c’est d’être manipulé et penser qu’on ne l’est pas. Savoir s’informer, c’est reprendre le contrôle et être capable de savoir, grâce à un esprit critique aiguisé. Il y a toujours un objectif derrière ces fakes news, politique ou financier, et on peut donc se retrouver manipulé, orienté, même inconsciemment. C’est important de s’informer en connaissance de cause, de savoir qu’un journaliste a des devoirs et qu’un influenceur n’en a pas forcément, avoir les clés pour ne pas se faire avoir.

TVB : Quelles situations rencontrez-vous le plus lors de vos interventions ? LF : En région parisienne, un sujet revient régulièrement. Il existerait des camionnettes blanches abritant des personnes qui kidnapperaient des enfants pour vendre leurs organes. C’est allé assez loin, ça a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux et les habitants ont tellement cru cette rumeur qu’ils ont fini par accuser la communauté rom, qui a été passée à tabac en les accusant d’être des kidnappeurs d’enfants. On a beaucoup agi sur ce sujet, on leur a demandé de contreenquêter. Ils ont appelé eux-mêmes le commissariat pour savoir s’il y avait des disparitions d’enfants signalées, etc. On essaie de ramener de la logique dans le raisonnement et d’expliquer les événements graves ou violents que cela a déjà produit, sans fondement. Mais parfois, ils s’y accrochent comme à un fantasme. Nous travaillons donc à la réalisation d’un documentaire sur le sujet avec des jeunes volontaires qui le co-réalisent. Cependant, on voit des jeunes se passionner pour la caméra ou qui intègrent les réflexes que l’on propose. Ils sont hyper malins et agiles et apprennent très vite. Néanmoins, la pandémie a fait beaucoup de mal et a vu monter la défiance envers les politiques, les médias, etc. Il nous faut donc recréer du lien et ne pas stigmatiser les complotistes, pour créer des discussions et analyser les arguments de chacun. Nous avons besoin de dépassionner les débats et ce n’est pas chose simple. Laurianne Ploix HS TVB #22 - P.11


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Entre les lignes, des ateliers auprès des jeunes

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epuis 11 ans, l’association d’éducation aux médias Entre les lignes va à la rencontre des collégiens et lycéens partout en France. 220 journalistes de l’Agence France Presse et du groupe Le Monde animent des ateliers thématiques – notamment sur les fausses informations – pour éveiller l’esprit critique des jeunes.

L’une des 300 animations par an réalisée par l’association dans un lycée de Meurtheet-Moselle. © Entre les lignes

« L’association s’est créée avec l’idée d’aller à la rencontre des plus jeunes, pour développer leur esprit critique et leur expliquer le fonctionnement des médias. L’idée étant qu’ils soient capables de se faire eux-mêmes un avis, qu’ils sachent qu’il y a une pluralité des médias et qu’ils ne soient pas juste des consommateurs d’information », explique Marion Thibaut, journaliste à l’Agence France Presse (AFP) et membre d’Entre les lignes. L’association a été créée à l’initiative de journalistes de l’AFP en 2010. À présent, elle regroupe 220 journalistes de l’agence et du groupe Le Monde, animant bénévolement des ateliers dans toute la France. Chaque année, ils interviennent auprès de 4 500 jeunes, des élèves de collège, lycée, en insertion ou en situation de décrochage scolaire.

Des ateliers en primaire L’association a développé cinq ateliers thématiques : la hiérarchisation de l’information, les sources, la caricature, le détournement des images et les fake news. C’est l’exposition croissante des plus jeunes aux fake news via les réseaux sociaux qui a poussé l’association à créer un atelier spécifique, qui doit leur permettre d’acquérir de bons réflexes : « On leur donne un smartphone avec Internet mais on ne leur donne aucun cadre, donc ils apprennent sur le tas. Avec des petits exercices, on leur montre comment tout le monde peut se faire facilement piéger mais aussi comment ils doivent se méfier lorsqu’une info paraît incroyable. Ils ont en eux les réflexes pour ne pas se faire avoir. » La posture d’intervenant extérieur et de professionnel de l’information permet aux journalistes de casser le cadre scolaire pour échanger plus librement. « On a l’impression que les ados sont des pros d’Internet, c’est vrai et faux à la fois ! Ils sont très forts pour mettre un filtre sur Snapchat, mais n’ont pas les codes de décryptage, ne font pas la différence entre le moteur de recherche de Google ou de YouTube et n’ont pas conscience de leur responsabilité lorsqu’ils partagent sur les réseaux sociaux », analyse la journaliste. L’association Entre les lignes expérimente actuellement des ateliers auprès d’élèves de CM1 et de CM2, pour inculquer à des utilisateurs de smartphones de plus en plus jeunes les bons réflexes et les sensibiliser au fonctionnement des médias. Marie Albessard

Jets d’encre, l’expérience journalistique

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’association, créée par et pour les jeunes, permet à des élèves et des étudiants, âgés de 11 à 25 ans, de comprendre la fabrique de l’information. Au travers d’ateliers et de journaux maison, à l’initiative d’élèves ou du corps enseignant, ils sont amenés à prendre la parole et la plume autrement.

Et si pour sensibiliser au journalisme, la solution était d’initier à son savoir-faire au sein des établissements scolaires ? C’est en tout cas le parti pris de Jets d’encre, association qui promeut la pratique journalistique chez les plus jeunes. Avec une estimation d’environ 1 000 rédactions jeunes à travers le pays, ce phénomène est loin d’être anodin et l’association participe à l’organisation de ce mouvement. « Notre projet est de parler de la pratique lycéenne du journalisme et de parler des cas


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© Jets d’encre

de censure, parce qu’il y en a. Nous faisons la différence entre les journalistes jeunes, qui écrivent dans des médias scolaires, et les jeunes journalistes. Nous ne souhaitons pas du tout être professionnalisants. Nous nous basons sur ce qu’est le journalisme, forcément, mais notre rôle est plus d’inciter à prendre la parole et à faire comprendre aux jeunes qu’ils sont légitimes. », souligne Youenn Louedec Debroise, membre bénévole de Jets d’encre depuis ses 14 ans, aujourd’hui étudiant en journalisme et élu du conseil d’administration de l’association.

Une position différente entre les élèves et le corps enseignant L’association propose aussi des formations payantes à destination des journalistes jeunes, mais aussi de leurs accompagnants. Il s’agit de leurs documentalistes et de professeurs, puisque les journaux ne sont pas toujours à l’initiative des élèves. « Les professionnels de l’Éducation

nationale sont en demande de formations mais n’ont pas toujours forcément le temps, ni les moyens à leur disposition pour le faire. Nous essayons de les aider dans leur démarche. Mais nous nous différencions du CLEMI, car en tant que jeunes, nous avons une posture différente, alors qu’eux vont plutôt être dans l’accompagnement, ce qui est normal », précise Youenn Louedec Debroise. Ces formations servent autant aux professionnels qu’aux jeunes qui les animent. Une prise de confiance pour ces derniers, mais aussi de conscience dans leur légitimé à témoigner. Concernant les fake news, le jeune homme explique : « on va évoquer ce sujet, mais nous n’avons pas d’atelier spécifique les concernant. On essaie de dynamiser les informations en utilisant un outil pédagogique qui s’appelle Dépêche ton info, afin d’apprendre sur quel logiciel vérifier une information. On apprend aussi à croiser nos sources. Nos formations sont plus de l’ordre de la discussion, on a une trame qui peut évoluer en fonction des demandes », souligne-t-il. L’objectif premier reste la création d’un journalisme scolaire qui les amène à se déplacer à travers la France, avec de plus en plus de sollicitations en ligne, pandémie oblige. Élodie Horn

Mediapte, pour une vision critique des médias

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our Mediapte, association d’éducation aux médias, l’enjeu n’est pas tant de parler de fake news que d’engager une réflexion sur le fonctionnement de l’information, sa construction et ce qu’elle produit. Avec à la clé, une distance critique qui permettra aux jeunes et aux adultes de plus facilement remettre en question ce qu’ils verront.

Avant Mediapte, l’association créée en 1986, s’appelait Apte. L’anagramme est pour « l’audiovisuel pour tous pour l’éducation », dans une association qui a toujours à cœur d’évoluer en fonction des pratiques médiatiques et du public auquel elle s’adresse. Pour une réflexion collective sur l’information, Mediapte a par exemple choisi d’axer ses interventions sur le théâtre et les médias. Dominik Picout, après avoir occupé plusieurs

postes dans l’association, y collabore aujourd’hui en tant qu’intervenant indépendant. « Nous avons, par exemple, un dispositif de théâtre forum qui permet de réfléchir à des situations et de se poser des questions autour d’un sujet. Cela permet de se mettre concrètement dans l’action avec 3 ou 4 acteurs qui jouent une scène. Ensuite, d’autres vont jouer la même scène pour comparer la différence de perception pour une même situation », précise Dominik Picout. L’un des premiers enjeux de Mediapte est de montrer les différents points de vue, élargir la compréhension de ce qui se passe autour des pratiques médiatiques des autres, sans juger les nôtres.

Regarder sur, devant et derrière l’écran Souvent sollicité dans le cadre du rapport entre les parents, leurs enfants et les écrans, le chargé de projet se dit un peu consterné par ce qui se passe dans le champ de l’éducation aux médias et à l’information

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Agir (l’EMI), ou plutôt comment l’EMI a été vampirisée par les fake news. « Nous, ce que nous aimons, c’est faire percevoir la complexité des phénomènes, ce qui nous intéresse, c’est de développer la compréhension de chacun, de développer une distance critique. Pour nous, l’EMI, c’est regarder sur, devant et derrière l’écran », énumère-t-il. La partie « sur l’écran » concerne la façon de décortiquer les petits morceaux et comprendre la méthode de fabrication. Regarder « derrière l’écran » permet d’aborder ce qui se passe dans les coulisses, comme les questions économiques ou encore technologiques. « Regarder devant » correspond à tout ce qui touche à l’auditeur, les aspects psychologiques,

comprendre pourquoi les images nous font du bien. « Cela permet de se rendre compte des différentes dimensions qui existent dans une information, nous ne souhaitons pas distinguer le vrai du faux. Pour nous, ce n’est pas intéressant d’être aussi binaire et c’est parfois difficile de savoir réellement ce qui est vrai ou ce qui ne l’est pas », nuance-t-il. L’important pour Mediapte est de questionner les informations que l’on reçoit, de questionner les informations que les médias donnent, tout en prenant en compte les pratiques médiatiques des jeunes et de les accompagner dans la construction de leur esprit critique. Élodie Horn

Le Vrai du Faux, l’outil de l’Information Jeunesse

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réé pour la première fois en 2015 par l’Union Nationale de l’Information Jeunesse, le Vrai du Faux est un magazine regroupant des articles vrais, des faux et des vraisemblables pour apprendre à décortiquer l’information, découvrir quand elle est détournée, manipulée…

En Auvergne-Rhône-Alpes, c’est le Centre régional d’information jeunesse (CRIJ) qui s’occupe d’animer des sessions d’animation autour du magazine le Vrai du Faux, revu chaque année et parfois adapté aux divers secteurs de l’animation jeunesse (orientation ou autre).

Accessible à partir de la classe de 4e, cette animation d’environ deux heures se tient en deux temps, une phase de vérification libre de l’information et une phase de décryptage avec l’animateur jeunesse formé à l’EMI. L’objectif affiché est de faire comprendre les notions de construction et de validation de l’information pour des « consommateurs » de l’actualité plus avertis et avec un esprit critique aiguisé. Le magazine a été retenu en 2017 parmi les trois meilleurs projets d’éducation aux médias aux Assises du Journalisme. TVB travaillant régulièrement avec le CRIJ, des animations complémentaires peuvent être proposées.

Contact des structures évoquées Spicee, plateforme documentaire et ateliers contre le complotisme - www.spicee.com Conspiracy Watch - Fondation Jean Jaurès - L’observatoire du conspirationnisme en France - www.conspiracywatch.info Le CLEMI dans l’Académie de Lyon - https://dane.ac-lyon.fr/spip/-Le-CLEMI Le CLEMI national - www.clemi.fr Fake Off - www.fakeoff.fr Entre les lignes - https://entreleslignes.media Jets d’encre - www.jetsdencre.asso.fr Mediapte - www.mediapte.fr Le CRIJ Auvergne-Rhône-Alpes - www.info-jeunes.fr

Laurianne Ploix


Et l’EMI chez TVB ? À Lyon et dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes Association loi 1901 spécialisée dans l’éducation aux médias depuis 2016, nous intervenons auprès de tous les publics avec des outils basés sur les valeurs de l’éducation populaire (interactivité, ludicité, animations participatives, apprendre en faisant, etc.). Tous nos animateurs sont des journalistes professionnels : Laurianne vient de la presse écrite (PQR et Alternatives économiques), Seamus de la radio et de la télévision (Euronews, RFI, BBC), Raphaëlle de la télévision (France 24), Élodie et Marie de la presse écrite (Le Progrès, Le Petit Bulletin et Socialter). Nous avons développé différents jeux comme le quiz info ou intox, le jeu de société Décrypt’Info, le Mon faux complot en 100 mots, le quiz réseaux sociaux ou les ateliers Crée ton journal, Crée ton podcast et Crée ton JT. Nous formons également les animateurs jeunesse et les professionnels à l’éducation aux médias. Nous intervenons régulièrement dans les prisons du Rhône, dans les hôpitaux psychiatriques de Clermont-Ferrand et de Lyon, auprès des scolaires à Grenoble, Lyon et sa Métropole, ainsi qu’avec de nombreux acteurs sociaux, comme la MJC de Vaulx-en-Velin.

Plus d’infos sur nos actions http://toutvabienlejournal.org

Les ateliers réalisés par TVB sont toujours :

animés uniquement par des journalistes professionnels ou des experts de la thématique

pédagogiques, interactifs et ludiques, pour apprendre en s’amusant

réalisés dans un objectif de vivre-ensemble apaisé, constructif et sans discrimination

sans diffusion d’opinion politique ou religieuse et en faveur du pluralisme et de la diversité

modulables en fonction des objectifs recherchés Pour toute formation ou animation, écrivez-nous à contact@toutvabienlejournal.org


Restons en contact

Table ronde sur la désinformation Le mercredi 30 juin de 19 h à 21 h en visio

Vous avez une question, une remarque, une envie, écrivez-nous à contact@toutvabienlejournal.org Vous souhaitez nous soumettre un sujet, une idée, chercher des solutions avec nous, écrivez-nous à comiteredac@toutvabienlejournal.org Vous souhaitez organiser un atelier Decrypt’info, Crée ton journal ou un ciné-débat avec nous, écrivez-nous à actionssocioculturelles@toutvabienlejournal.org Vous avez envie d’organiser un événement pour découvrir des solutions avec nous, nous distribuer ou devenir partenaire, écrivez-nous à partenariats@toutvabienlejournal.org

À l’occasion de la sortie de ce hors-série, TVB a le plaisir de vous inviter à une table ronde autour de la désinformation le mercredi 30 juin de 19 h à 21 h en visio et en live sur notre page Facebook. Autour de la table, retrouvez : - Thomas Huchon de Spicee ; - Thierry Ripoll, chercheur en psychologie cognitive ; - Pascal Froissart, historien de la rumeur ; - Aude Favre de Fake Off et What The Fake (à confirmer). Lors de cette soirée, vous pourrez poser toutes vos questions aux intervenants. Dans l’après-midi précédant la Table ronde, venez jouer gratuitement et à tous âges aux jeux d’éducation aux médias développés par TVB de 15 h à 17 h à la MJC de Montchat, si les mesures sanitaires le permettent. Ce sera également l’occasion de souffler ensemble la cinquième bougie de l’association.

Et retrouvez-nous sur la toile Tout Va Bien, le journal qui réinvente demain @toutvabiennews Tout Va Bien, le journal qui réinvente demain

Au plaisir d’échanger !

Suivez-nous sur les réseaux sociaux ou notre site internet pour rester informés de l’évolution de ces événements. http://toutvabienlejournal.org

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