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Au coeur de la Hesse

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Premiers contacts

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Un joyau de l’Art nouveau

La bourgade de Bad Nauheim, dans le land de Hesse, fut jadis une station thermale réputée pour le traitement des affections cardiaques. De nos Wiesbaden jours subsistent de cette époque de belles installations thermales et, avec le Sprudelhof, le plus grand ensemble Art nouveau fermé d’Europe.

Bad Nauheim

Bad Homburg

Les fans d’Elvis Presley doivent connaître Bad Nauheim. Le «King» vécut dans cette ville thermale lorsqu’il était GI en

Allemagne. Les amateurs d’Art nouveau y vont également en pèlerinage.

Autrefois village de bouilleurs de sel, Bad Nauheim fut confrontée au déclin des salines vers 1800. C’est alors que naquit l’idée d’exploiter les sources d’eau salée. Les premiers bains ouvrirent en 1835 et le premier curiste d’origine américaine débarqua en 1850. Mais c’est finalement la nature qui permit la véritable percée. Peu avant Noël 1846, après un orage et un tremblement de terre, de l’eau salée jaillit du sol à plusieurs mètres de hauteur. En 1855, un forage permit de mettre en évidence la deuxième source. Cette eau, qui contient du gaz carbonique, avait la réputation d’abaisser la tension artérielle. C’est ainsi que Bad Nauheim devint une station thermale très prisée pour traiter les affections cardiaques. Des patients de toutes conditions affluèrent en provenance du monde entier. Mais également l’impératrice d’Autriche Sissi et la dernière tsarine de Russie.

Le Sprudelhof est une ode à l’Art nouveau. L’entrée des artistes

Le Sprudelhof doit son existence au grand-duc ErnestLouis de Hesse (1868-1937), grand amateur d’art. S’étant entiché du style Arts and Crafts lors de ses visites en Angleterre, ce petit-fils de la reine Victoria avait demandé à l’architecte Wilhelm Jost de concevoir de nouvelles installations de cure, notamment le Sprudelhof, autour des sources thermales pétillantes.

En visitant les lieux, on est frappé par les éléments Art nouveau décorant les façades, les portails, les tours d’horloge et les fenêtres. Lampes en forme de poisson, décorations de balcon évoquant des bulles de gaz carbonique, ornements en forme de vagues: tout le complexe, qui comprend deux bâtiments administratifs et 265 cellules de bain réparties entre six unités, est imprégné du thème de l’eau comme force salutaire. Du jeu floral à l’austérité, l’évolution de l’Art nouveau au cours de la période de construction – de 1905 à 1911 – est bien visible. L’intérieur des bâtiments et les cours ornementales ont été décorés par des artistes de renom. Chaque édifice est une œuvre d’art en soi. Ces installations furent utilisées jusque dans les années 1980. Aujourd’hui, elles sont vides et font l’objet d’une rénovation partielle. En mai, un forum d’Art nouveau sera inauguré dans l’établissement de bains numéro 3, puis ouvert au public.

Bad Nauheim compte au total neuf sources thermales. On y découvre notamment la Trinkkuranlage, une fontaine d’eau potable inspirée de l’Antiquité. Et dans la Trinkhalle, trois sortes d’eaux curatives sont servies. A votre santé! ◆

BON À SAVOIR

Se loger: K7 Boutique Hotel, central et chic Se restaurer: Rote Pumpe, cidre exquis et spécialités de Hesse

Visites guidées/infos:

bad-nauheim.de

Ambiance champagne et thermalisme

Le Prince de Galles,

coiffé du «Homburg» original.

Bad Homburg, près de Francfort-sur-le-Main, compte parmi les plus belles villes du Taunus. Point de départ idéal pour découvrir la Hesse méridionale, elle doit aussi sa réputation à un chapeau qui porte son nom et à un illustre personnage de dessin animé.

En flânant dans le grand parc du spa, on croirait que le temps s’est arrêté. Presque chaque jour, des orchestres jouent dans le pavillon de musique et les badauds prennent le café dans l’ancienne Wandelhalle. Située à seulement vingt minutes de Francfort-sur-le-Main, cette ville de 54 000 habitants vaut le détour avec ses élégantes villas, ses ruelles sinueuses et ses maisons à colombages. Le Kaiser-Wilhelms-Bad, par exemple, date de 1890. Mais les amateurs de remise en forme peuvent s’y détendre dans l’ambiance contemporaine du Kur Royal Day Spa.

Bad Homburg doit aussi son succès aux eaux curatives de la fontaine d’Elisabeth, redécouverte en 1834 alors qu’elle était utilisée précédemment pour la production de sel. Aujourd’hui encore, elle est la plus importante des dix sources thermales publiques situées dans le parc de la station. En fonction de leur profondeur, les eaux ont des compositions minérales différentes et aident à soigner diverses maladies.

C’est toutefois le casino de Bad Homburg qui fit littéralement rouler le rouble, dans la mesure où la station thermale du Taunus fut aussi très appréciée des aristocrates russes. L’église orthodoxe construite par Louis Benois, dont la première pierre fut posée en présence du tsar Nicolas II, est un témoignage de cette époque. C’est grâce à Elisabeth, landgravine de Hesse-Homburg (1770-1840), que deux exploitants de casinos, François et Louis Blanc, vinrent s’établir en 1841 dans cette paisible bourgade résidentielle suite à l’interdiction des jeux d’argent entrée en vigueur cinq ans plus tôt en France. La fille de George III, roi de Grande-Bretagne, une artiste versée dans les mondanités, retira beaucoup d’argent de son mariage avec Frédéric de Hesse-Homburg. Elle fit aménager des rues et des jardins, et améliora aussi les conditions de vie des déshérités.

Le potentiel de Bad Homburg n’échappa pas aux frères Blanc, dont le casino fit le bonheur des riches et des puissants. Les visiteurs du château de Homburg et de son orangerie peuvent en apprendre davantage sur la visionnaire «Eliza». La Tour blanche, emblème de la ville, est un vestige de l’ancien bourg médiéval.

Les amateurs de films hollywoodiens des années 1930 à 1950 savent que les hommes qui y sont mis en scène portent tous des chapeaux. Notamment le «Homburg», qui est toujours fabriqué ici aujourd’hui. Edouard, prince de Galles, devenu plus tard le roi Edouard VII, aimait venir à Bad Hombourg à la fin du 19e siècle. Le chapeau de chasse de son neveu, l’empereur Guillaume II, lui ayant plu, il demanda à un chapelier local de lui confectionner un couvre-chef identique. Et le Homburg acquit une renommée mondiale.

Isolde Schmitt- Menzel, la créatrice de l’émission allemande «Die Sendung mit der Maus», vit en outre à Bad Homburg depuis des décennies. Une personnalité de plus. •

BON À SAVOIR

Se loger: Steigenberger Hotel; élégant, bien situé Y manger: Restaurant Le Blanc, Spielbank Bad Homburg, cuisine soignée

Infos: bad-homburg.de

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