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Flyability
SÉRIE START-UP À DÉCOUVRIR, CHAPITRE 3 La mouche pour exemple
La Suisse compte parmi les leaders mondiaux en matière de drones. La start-up lausannoise Flyability fournit un exemple patent de réussite dans ce domaine pointu. Fondée par Adrien Briod et Patrick Thévoz, elle a connu un essor fulgurant.
TEXTE JULIANE LUTZ | PHOTOS EMANUEL FREUDIGER, LDD
En 2010, après le tremblement de terre en Haïti, des bâtiments en ruines menaçaient de s’effondrer sur les sauveteurs. Et un an plus tard, les travailleurs de Fukushima ont mis leur vie en danger en intervenant sur le site contaminé. Ces images ont donné une idée à Adrien Briod et Patrick Thévoz. C’est à des robots, et non à des êtres humains, qu’il faudrait confier de telles tâches à hauts risques. Cette idée est à l’origine de la fondation de
Flyability.
L’entreprise lausannoise est l’une des quelque 80 start-up de ce pays qui développent des robots volants. «Les raisons qui ont conduit à l’émergence d’une Drone Valley entre les écoles polytechniques de Zurich et de Lausanne sont multiples», explique Christian Fuessinger, expert en drones et directeur associé chez Helvetica Capital, à Zurich. Cette société indépendante est l’un des principaux investisseurs suisses en capital- risque pour les PME et investit aussi beaucoup dans des start-up pour le compte de Credit Suisse. «L’EPFZ et l’EPFL jouissent d’une renommée internationale et comptent des sommités parmi leurs professeurs.» De nombreuses start-up ont été créées par essaimage à partir des hautes écoles, avec de bonnes possibilités d’accès au capital. «Et depuis la Suisse, pays neutre, vous pouvez faire des affaires avec les EtatsUnis et la Chine, les plus importants marchés de drones.»
Encore bien des inconnues
Selon Christian Fuessinger, il est toutefois difficile de dire quelle proportion de ces 80 start-up ont de réelles chances de succès. «Plus probablement celles dont le chiffre d’affaires progresse, qui sont déjà bien acceptées par le marché et dans lesquelles on continue d’investir même après la première ronde de financement.»
Flyability répond à tous ces critères. Environ 500 clients du monde entier font
La cage de protection et les capteurs assurent la stabilité du drone Elios 2 dans les lieux confinés et face à de nombreux obstacles.
désormais voler les drones Elios et Elios 2 de la start-up lausannoise dans des silos, des réservoirs ou des tours de centrales électriques. Dow Chemical utilise ces drones installés dans une grille sphérique en fibre de carbone, et c’est le cas aussi d’une unité antiterroriste de la police française. On peut lire sur les sites web à quel point les utilisateurs des mille robots volants vendus jusqu’ici sont satisfaits. Adrien Briod et Patrick Thévoz ont obtenu 25 millions de francs en investissements, dons et récompenses. CNN et Forbes en ont parlé, mais cela n’est pas monté à la tête des deux cousins. Agés aujourd’hui de 35 ans, les deux ingénieurs EPFL sont amis depuis l’enfance et se comprennent instinctivement. «Chacun sait ce que l’autre pense, comme dans un vieux couple», explique Patrick Thévoz. C’est une bonne base pour fonder une entreprise, quand les hauts et les bas sont autant de montagnes russes émotionnelles. Les deux compères sont également très complémentaires. «Adrien est le génie technique et moi, en tant qu’ex-consultant d’entreprise, je sais comment vendre», résume Patrick Thévoz.
Pendant ses études de master à Harvard, Adrien Briod s’est servi de capteurs et de caméras pour étudier pourquoi les mouches n’entrent pas en collision. Si elles heurtent un mur, elles s’orientent brièvement et poursuivent leur vol. «Cela m’a inspiré pour la rédaction de ma thèse de doctorat en robotique de l’EPFL», explique-t-il. «J’ai transféré leur
Les pieds sur terre malgré le succès: Adrien Briod et Patrick Thévoz, pionniers dans le domaine des drones d’intérieur.
