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Pour elle

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Le Récit

Le Récit

JUDAÏSME AU FÉMININ

PAR SARAH GUISBERG

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Ces dernières années, beaucoup de femmes juives se sont mises à la recherche d’une véritable identité, à la fois féminine et religieuse. Ne bénéficiant pas d’une connaissance profonde ou d’une expérience vécue du mode de vie juive, elles en sont venues, dans bien des cas, à admettre l’idée fausse, mais très répandue, que le judaïsme est une religion patriarcale, c’est-àdire une religion où les hommes dominent, et où les femmes sont exclues de toute participation, de tout pouvoir, de tout héritage. Bien sûr, ces idées ne sont pas disséminées par n’importe qui, mais par des anthropologistes, des sociologues, des critiques littéraires. dont la connaissance de la Torah se borne souvent à une simple traduction de la Bible et dont les conclusions sont tirées à partir de perspectives non-juives. Ont-ils accès à la Torah orale, et plus spécifiquement à la « ‘Hassidout » ? La Torah écrite se complète par les interprétations de nos Sages : la Torah Orale. La simple lecture dé la Torah écrite peut mener à des incohérences et à des idées fausses, telles que le « mythe du patriarcat ».

Quel est donc le statut de la femme dans la Torah ? Dans un long développement ardu et savant, le Rabbi Chiite démontre la fonction essentielle de la femme et restitue sa place, dans une perspective juive, fondant son raisonnement sur des exemples vécus : les matriarches. La femme n’est donc plus cet objet physique subordonné, mais le reflet concret d’une entité spirituelle. Comment ?

La ‘Hassidout explique que chaque objet, chaque créature du monde physique a son origine, sa source, dans un monde spirituel et élevé, inaccessible aux sens humains. C’est peut-être la raison pour laquelle la Torah, contrairement aux autres religions, ne nie pas le monde physique. Au contraire, elle lui confère un but. A l’aide des Mitsvot, l’homme utilise la matière en la travaillant, au point de la rendre « digne des plus hautes révélations divines ». Nier le physique, c’est inévitablement mépriser la femme, celle-ci étant étroitement liée au processus physique de reproduction. Le père et la mère sont, dans ce modèle, « ‘Ho’hma et Bina » : l’aspect humain et l’aspect féminin de l’intellect (intelligence et compréhension).

La faculté d’Intelligence est appelée « père » car c’est l’idée brute, le point séminal de la pensée ; la faculté de compréhension est appelée « mère », c’est tout le travail lent et progressif, qui va conduire le cerveau à assimiler cette idée, au point qu’elle se confonde avec lui. C’est pour cela que Bina est plus en relation avec ce qui l’entoure. Cet aspect féminin a besoin, pour travailler l’idée, d’un contact étroit avec le monde émotionnel, alors que ‘Ho’hma, l’idée abstraite, le « père », reste assez éloignée des réalités pratiques et émotionnelles. Voilà une distinction établie entre les deux aspects intellectuels de l’homme, qui s’adaptent parfaitement à la réalité physique à laquelle ils correspondent. La femme (dans notre comparaison Bina) a un rapport étroit avec la matérialité, le concret. Elle élabore les détails d’un être humain pendant neuf mois. L’homme (dans notre comparaison ‘Ho’hma) donne le point de départ de cette création. Ce qui s’applique au niveau de l’individu, est valable pour le peuple juif tout entier. Par l’intelli-

gence des patriarches de notre peuple, Abraham, Isaac et Jacob, chaque juif a le pouvoir intellectuel et spirituel de reconnaître l’unicité de D-ieu, et, par la faculté de compréhension des matriarches (Sarah, Rivkah, Rachel et Léah), chaque juive a la possibilité de travailler la matière par le moyen des Mitsvot au point que cette matière ressente l’existence de son Créateur. C’est, d’ailleurs, la supériorité des Matriarches sur leurs époux, car la ‘Hassidout explique que le but de ce monde est de devenir « une résidence pour D.ieu », un endroit suffisamment saint pour qu’Il puisse s’y révéler. Cette supériorité, D.ieu la reconnaît en ordonnant à Abraham : « Pour tout ce que te dira Sarah, écoute-la. » Le Rabbi de Loubavitch explique cette phrase de la Guémara : « L’homme apporte la nourriture, est-ce que cela suffit pour manger ? » Le raffinement et la purification des choses de ce monde, qui permettent finalement leur utilisation, dépendent de la femme. Elle prend la matière brute et la prépare, la cisèle. Nos Sages ont dit : « Qui est la femme de bien, celle qui fait la volonté de son mari. » On peut interpréter cette sentence de deux façons : c’est celle qui exécute, ou bien alors, c’est celle qui façonne. La femme peut, si elle le désire, faire naître en son mari une volonté. Elle crée en lui l’envie de suivre la voie de la Torah. Le Rabbi souligne aussi un fait très intéressant: les juifs erraient dans le désert, après la sortie d’Egypte, et ils en vinrent à fabriquer le Veau d’Or, l’idole. Les commentaires nous disent que les femmes ne participèrent pas à cet acte, qui en soi, constituait une faute grave. En récompense, le premier jour du mois, Roch ‘Hodech, est considéré comme un jour de fête où les femmes s’abstiennent de certains travaux. Pourquoi une si grande récompense fut-elle accordée à toutes les femmes, dans toutes les générations ? La force qui les avait empêchées de commettre cet acte, elles la puisèrent dans leur « Emouna », leur foi inébranlable en D-ieu. Et cette foi si grande se retrouve dans toutes les femmes, quelle que soit l’époque où elles vivent. Bien que tous les juifs soient des « croyants, fils de croyants », ceci n’a pas écarté les hommes de la faute du Veau d’Or.

C’est que leur foi en D.ieu, qui constitue l’essence du judaïsme, fut alors dominée par un penchant plus puissant. La femme juive ne connaît pas cette sorte de « recouvrement » et chacune de ses actions est emprunte de ce profond sentiment de croyance. De tous ces exemples extraits de la Torah, comment pouvons-nous conclure au mythe du patriarcat. Où est l’être supérieur et dominateur ? Un équilibre harmonieux et bien compris serait plutôt à dégager de cette étude. Les exemples vivants l’attestent. La femme juive aide et contribue à l’histoire de son peuple, comme un être actif et important, important, bien que souvent discret et caché. Et pour arriver à cet équilibre, n’a-t-elle pas recours à une intériorité profonde, si profonde qu’elle peut influencer le comportement de son mari. Et n’est-ce pas le moyen de participer au destin du peuple juif tout entier ? ■

Les exemples vivants l’attestent. La femme juive aide et contribue à l’histoire de son peuple

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