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e dimanche de juillet, il aura fallu du temps pour qu’Henrik Stenson esquisse un sourire sur le parcours du Royal Troon Golf Club. C’était une journée pas très ensoleillée, avec une mer un peu sombre en arrière-plan, et le Suédois avait l’air un peu pincé en descendant le trou no 18 vers le green où l’attendait son premier titre majeur. Ce n’est que plus tard, après la remise des prix, tenant la «Claret Jug» entre les mains, qu’il s’autorisa un large sourire. On aurait pourtant pu s’attendre, un jour pareil, à une explosion de joie. Lors du dernier tour, Henrik Stenson a rendu la bagatelle de dix birdies pour seulement deux bogeys, signant un résultat de 63. Un score d’anthologie qui lui a permis, entre autres, d’égaliser le record du résultat le plus bas pour un tour final dans un tournoi majeur, d’empocher un prize money de 1,3 million d’euros et de reléguer Phil Mickelson à la 2e place, lui qui pourtant avait fait une démonstration de haut niveau le dimanche.
Une seU le rencontre similaire «Il n’y a pas un seul moment où je pourrais dire: je n’aurais pas dû faire ceci ou cela. Je n’ai pas joué un seul bogey au dernier tour d’un tournoi majeur», résume l’Américain avec un rire légèrement amer. Henrik Stenson termine avec un résultat de 20 sous le par, l’Américain est à trois coups, et le reste du tableau loin derrière les deux leaders. J.B. Holmes, le surprenant 3e qui voit maintenant ses chances de participer à la Ryder Cup augmenter de façon considérable, se trouve, avec six sous le par, à 14 coups de Stenson et 11 de Mickelson. Le duel entre les deux champions a été d’anthologie, une rencontre qui marquera les esprits. Ali contre Frazier, Borg contre McEnroe – des duels suivis par des millions de spectateurs devant leur écran de télévision. En golf, il n’y avait eu jusqu’à présent qu’une seule rencontre similaire: le «duel au soleil» sur les fairways durs et archi-secs de Turnberry, en 1977, entre Jack Nicklaus et Tom Watson, qui se solda par la victoire de ce dernier. Le tour final de Troon était du même niveau: un feu d’artifice de coups plus brillants les uns que les autres, de longs putts et de drives parfaits qui ont mis en transe les fans de golf. Phil Mickelson, qui a pourtant déjà remporté cinq Majors, n’avait jamais vécu un tour comme celui-ci. «Henrik est un grand champion, a-t-il reconnu à la fin de la journée, j’ai toujours su que son heure viendrait et qu’il remporterait une victoire. Je me réjouis que ce soit arrivé, même si je suis assez déçu d’en avoir fait les frais.» Le Suédois a enfin réussi à se débarrasser de l’encombrant titre de «meilleur joueur sans titre majeur». On se demande d’ailleurs comment il est possible que ce pro, présent sur le Tour depuis des lustres, n’ait encore jamais remporté de tournoi majeur avant Troon, lui qui a gagné cette année le BMW International Open au Gut Lärchenhof, le Tour Championship aux USA en 2013, le classement de la FedExCup et le Dubai World Championship, terminant la même année numéro un du classement de prize money. Le Suédois, 40 ans, qui a participé à trois Ryder Cup, semble avoir toujours fait partie de l’élite mondiale.
Des haU ts et Des bas
La mémoire est sélective et les mauvaises passes des joueurs sont vite oubliées. Le public n’a pas toujours suivi Henrik Stenson dans ses crises et ses baisses de forme. Car sa carrière a été marquée, comme peu d’autres, par une série de hauts et de bas.
Henrik Stenson joue sur le circuit professionnel depuis 17 ans. Un amateur «modèle» qui participa aux Championnats du monde, passa sans problème du Challenge Tour à l’European Tour en 2000, et semblait taillé pour endosser le rôle de star de la relève européenne. En juillet de l’année suivante, sa carrière marquait déjà un premier coup d’arrêt. Lors de l’European Open, Henrik Stenson quittait le parcours au milieu d’un tour. Au trou no 1 déjà, il avait eu besoin de trois coups au départ pour réussir à mettre sa balle en jeu. Trois trous plus tard, un autre drive terminait dans les choux. Le Suédois était indéniablement victime d’un yip au niveau du drive. Miguel Angel Jiménez et Sandy Lyle, ses partenaires de flight, ont fini le tour sans Stenson. «Après neuf trous, je leur ai dit qu’ils feraient mieux de continuer sans moi. Mes balles étaient disséminées un peu partout sur le parcours», racontait-il quelques années plus tard.
Le Suédois retombait au 548e rang du classement mondial. Dix ans plus tard, en 2011, il connut un nouveau trou d’air et quitta même le