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court mais très sournois
le «Golden Bell» d’auGusta
Le célèbre «Amen Corner» a parfois été l’arbitre du Masters. Le trou n° 12 de l’Augusta National, un court par 3, est particulièrement traître. Voici une rétrospective des drames qui se sont joués sur ce trou lors de ce tournoi mythique.
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Petra Himmel
«Golden Bell», un joli nom qui va comme un gant au cadre qui s’offre au regard: le départ du 12 est légèrement surélevé et, derrière, miroite l’eau du ruisseau Rae’s Creek. A l’arrière-plan rayonnent les magnolias dans toutes les teintes de rouge. Avec ses 140 mètres, le «Golden Bell» est un trou court qui n’a rien à voir avec les monstres par 3 actuels. Et pourtant il est sournois, difficile et plein de dangers. Ce trou blotti dans la nature, d’apparence calme et inoffensive, peut devenir un calvaire en quelques minutes.
Tous les joueurs qui ont pris le départ de l’US Masters lui témoignent un profond respect. Jack Nicklaus, six fois vainqueur, l’avait jadis désigné comme «le trou le plus dur du circuit professionnel». La distance entre le départ et le green est courte. C’est surtout la surface de putting qui représente un danger. Le green est assez grand, mais il est surtout large et ne mesure que dix mètres de profondeur à l’endroit le plus étroit. Si la balle est un tout petit peu trop longue, elle roule dans l’un des deux bunkers placés à l’arrière du trou. Si elle est trop courte, elle atterrit dans un profond bunker situé devant le green. Pire encore: si elle touche le green avec trop de backspin, elle peut revenir en direction d’un talus tondu à ras et escarpé, puis tomber dans le ruisseau. Très lentement, mais inévitablement. Assez lentement pour laisser au joueur le temps de l’observer. Quelques secondes pendant

Faits Et Chiffres Du M Asters
date: du 10 au 13 avril 2014 lieu: Augusta, Georgia, USA

Prize money: est communiqué au début du tournoi tenant du titre: Adam Scott le tableau: L’US Masters est un tournoi sur invitation. L’Augusta National Golf Club se réserve le droit de choisir les participants. Malgré cela, il existe certains critères de qualification comme par exemple un classement dans le top 50 mondial. De même, le British Amateur Champion, l’US Amateur Champion, l’US MidAmateur Champion, l’US Public Links Champion ainsi que le vainqueur d’Asia-Pacific sont les amateurs qui participent chaque année au Masters. Le nombre de participants peut varier d’une année à l’autre. Le nombre record jusqu’ici sont les 103 joueurs inscrits de 1966. mode de jeu: Quatre tours en strokeplay, le cut intervient après deux tours. En cas de barrage, celui-ci aura lieu au trou 18, après le 4e tour.
L’US Masters était le premier grand tournoi américain à adopter ce mode de jeu. vainqueurs en série: 6 titres: Jack Nicklaus
4 titres: Arnold Palmer, Tiger Woods
3 titres: Sam Snead, Gary Player, Nick Faldo, Phil Mickelson
Billets: La billetterie du Masters est fermé depuis belle lurette. Les billets d’entrée sont négociés au marché noir uniquement. le tournoi par 3: Un événement spécial est le tournoi par 3 qui a lieu le mercredi sur le petit parcours de 9 trous d’Augusta. Ce tournoi fait mousser les médias et s’est transformé ces dernières années d’un tournoi sérieux en une sorte de show où les enfants, les fiancées ou autres «people» jouent les caddies des pros. le veston vert: La vainqueur du Masters est vêtu d’un veston vert par les soins du champion de l’année d’avant. Il ne pourra arborer ce veston que lors d’événements choisis. Chaque vainqueur reçoit en outre son propre casier dans es vestiaires du Club. champions dinner: Le dîner du mardi soir, réunissant tous les vainqueurs précédents, fait également partie des traditions. C’est le tenant du titre de l’année d’avant qui choisit le menu. Augusta National n’exauce cependant pas tous les vœux. Lorsque Charles Schwartzel souhaitait faire un barbecue, la réponse était non. les femmes à augusta: En 2013, l’US Masters a pour la première fois eu lieu avec deux membres féminins admis au sein du Club. Il s’agit de Darla Moore, banquière d’investissement très en vue, et de l’ancienne ministre américaine des Affaires étrangères, Condoleezza Rice. En 2013, celle-ci a fait la une des journaux, parce qu’elle officiait comme bénévole dans l’organisation du tournoi. règles: L’US Masters est connu pour son application parfois un peu spéciale des règles du golf. Il est par exemple interdit de marcher très vit sur le parcours, de crier fort ou d’emporter des téléphones mobiles. Il n’y absolument aucun affichage publicitaire à Augusta et il es interdit d’apporter des boissons ou son pique-nique. lesquelles l’estomac se noue et l’angoisse monte. Le joueur se voit déjà de l’autre côté du ruisseau pour répéter son coup, tout en sachant que sa tâche ne sera pas plus facile. l a PlUs grande dé Bâcle
Peut-être qu’à ce moment-là le golfeur se souvient-il d’une de ces photos d’archives où l’on voit Tom Weiskopf. C’est lui qui, en 1980, a vécu ce qu’on peut qualifier de plus grande débâcle de l’histoire du «Golden Bell» au Masters. Tout a commencé par un coup de vent déviant la balle qui partait tout droit vers le green. Elle était trop courte et a plongé dans le ruisseau. Pour dropper sa nouvelle balle, l’Américain avait choisi un point d’où il pensait atteindre le drapeau sans problème: elle est aussi tombée dans l’eau. Avec un calme apparent, Weiskopf s’est arrêté et a tendu la main pour demander une autre balle à son caddie. Le pitch suivant a, lui aussi, disparu dans le Rae’s Creek. Ce petit jeu a duré un moment avant que la balle ne s’arrête enfin sur le green. Il a fallu 13 coups à l’Américain sur ce trou! On pourrait écrire des livres entiers sur les stratégies avec lesquelles les joueurs abordent ce fameux trou. De vieux routiniers d’Augusta comme Bernhard Langer ou Tiger Woods en connaissent toutes les situations: que ce soit par temps calme ou avec un fort vent contraire, avec un green desséché et dur comme de la pierre ou une surface molle trempée par la pluie. Au départ du «Golden Bell», les joueurs repassent dans leur tête tous ces facteurs météorologiques et leurs expériences des années précédentes avant de développer une stratégie de frappe. Après être passé par là plus d’une cinquantaine de fois, Gary Player explique la difficulté de ce trou: «Le green est à l’ombre, il est donc un peu plus dur que les autres. C’est pourquoi il est plus difficile d’y faire arrêter sa balle. La meilleure méthode pour éviter les contrariétés est de jouer une approche un peu plus souple qui atterrit au milieu du green, peu importe où se trouve le drapeau.»

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Malheureusement, le vent qui aime causer des turbulences entre les grands pins des alentours du trou, anéantit l’espoir d’atterrissage au milieu du green. En voulant calculer sa force, le joueur a besoin d’une bonne dose de sensibilité. Le vent et le «Golden Bell», c’est un défi qui incite des joueurs comme Curtis Strange a des explications interminables: «Je lance bien de l’herbe en l’air mais, en fait, peu importe comment le vent souffle au départ. Ce qui est primordial, c’est le comportement du drapeau sur le green, constate-t-il, c’est le seul départ sur lequel je me dépêche quand le vent souffle à ma convenance, parce qu’il peut changer en un rien de temps.» C’est aussi pour cette raison que l’ancien champion Ben Hogan attendait à chaque tour l’instant où il sentait le vent souffler contre sa joue gauche avant de jouer. On s’en doute, le choix du club, au 12, est un processus relativement long. Il n’est donc pas étonnant d’y voir parfois trois flights qui font la queue au départ. Mais c’est normal, car un joueur poussé à exécuter un coup dans la précipitation pourrait payer un lourd tribut par la suite, en réalisant un score catastrophique. «Le vent ne doit pas influencer le joueur. Après avoir étudié les drapeaux, les arbres et les feuilles pendant des années, on apprend à le lire», explique Tom Watson. En tous les cas, avec du temps et de la patience et en étudiant tous les détails du «Golden Bell», un joueur pourra continuer à influencer la suite du tournoi de façon décisive. En définitive, seul celui qui passera l’«Amen Corner» (le green du 11, les trous n° 12 et 13) avec succès, pourra remporter le titre. Le «Golden Bell» se trouve au milieu de ces trous malfamés. Il a déjà anéanti pas mal d’espoirs de victoire.
