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LE LPGA TOUR ET SON PROBLÈME «ASIATIQUE»

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AVANT-PREM IÈRE

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Le raz-de-marée de joueuses de golf professionnelles asiatiques ne cesse d’accroître le problème d’image pour les responsables du LPGA Tour –car nul ne connaît les meilleures golfeuses du monde du moment.

Non seulement vous jouez au golf, mais vous vous intéressez également à ce qui se passe dans le milieu des champions de golf? Répondez franchement: Que vous disent les noms Yani Tseng, Jiyai Shin, Na Yeon Choi, Sun Ju Ahn, Ai Miyazato ou I.K. Kim? Ne tournons pas autour du pot. Ces six dames sont originaires de Taïwan ou respectivement de Corée du Sud et comptent parmi les huit meilleures golfeuses du monde. Elles se présentent aux tournois du Tour américain de la Ladies Professional Golf Association (LPGA). Et nous en arrivons par là au sein du problème de cette organisation. Il n’y a pas que parmi les coréennes (dans une moindre mesure les proettes japonaises) déclarent dans leurs présentations concernant la personne, très concises sans exception, que le père (ou les parents) auraient eu une in uence décisive sur leur développement de joueuse de golf et sur leur carrière. Il n’est donc pas surprenant que leurs histoires et leurs chemins parcourus présentent des coïncidences stupé antes, malgré le fait qu’au moins sur le plan optique et en les regardant de près, des di érences sont parfaitement discernables. Toutefois, une individualité peut à peine être attribuée à ces dames (du moins par un public américain ou championnes mondiales que gurent actuellement avant tout des noms de joueuses professionnelles asiatiques. Fin juin 2011, 34 Coréennes, 23 Japonaises, 4 Taïwanaises et une Chinoise étaient mentionnées parmi les Top 100. 62 pour cent des meilleures joueuses professionnelles du Tour américain sont donc d’origine asiatique, à tendance croissante, puisque le milieu sera vraisemblablement «enrichi» par des Chinoises dans un proche avenir.

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Toutes ces Ladies savent fort bien se servir de clubs et de petites balles, mais hors d’Asie, on ne distingue guère ces femmes en tant qu’individus autonomes – tout comme un soldat particulier lors d’un rassemblement pendant une parade d’un régiment d’infanterie. Ces dames ne semblent pas exister sur le parcours, aucun plaisir du jeu n’est perceptible, tout aussi peu que la déception face aux coups non réussis. Le procédé pour se hisser parmi les leaders mondiaux est toujours bâti sur le même modèle: Analyse de la manière de jouer des meilleures, la mémoriser et la reproduire. Et répéter cela à en tomber de fatigue. Tout cela avec une discipline de fer concernant l’entraînement. Les tours sont débités, non pas par plaisir ou en prenant plaisir au jeu ra né de la balle, mais sérieusement, de façon acharnée, obstinée, le plus près possible de la perfection et en tant que résultat d’un travail forcené. On les pousse sans cesse à cette perfection, la plupart du temps par un père qui a réalisé qu’une championne du LPGA Tour peut ramasser des millions de dollars et pourquoi donc ce ne serait pas mademoiselle, leur propre lle. À 95 pour cent, les proettes européen). Qui est la numéro 1 actuellement? Qui a gagné récemment tel ou tel tournoi? Haussement d’épaules embarrassé. Il en résulte que tout potentiel d’identi cation manque. Et en conséquence, l’intérêt porté au milieu diminue.

Jadis, un magazine américain abordait le sujet des Asiatiques et leur manque d’émotions, leur uniformité et leur tendance à ne pas pouvoir s’exprimer avec facilité en anglais ou de s’en servir trop rarement et que cela tuerait le Tour américain. Une vague d’indignation s’en suivit immédiatement, surtout de milieux de l’immigration asiatique. Les propos étaient quali és de racistes et infâmes. Néanmoins, cela a produit un e et. La crainte de la perte d’intérêt du LPGA Tour devenue publique provoqua une réaction positive au sein de l’organisation qui s’e orça de mieux intégrer les Asiatiques au Tour. Les e orts pour convaincre ces joueuses qu’il serait utile de sur- les barrières culturelles, de s’investir avec plus d’émotion, de déployer plus d’individualité portèrent leurs fruits, du moins en partie. Elles ont servi à créer de meilleures relations entre les joueuses, à mieux s’ouvrir au public et à pouvoir entrer plus facilement en contact avec les représentants des sponsors. L’encouragement des activités de relations publiques de la part des joueuses asiatiques créa de la bienveillance. Il démontrait la bonne foi de rendre quelque chose au Tour auquel elles devaient leur prospérité. Aux USA, la popularité des professionnelles asiatiques a surtout augmentée grâce à la joueuse vedette américaine d’origine coréenne Michelle Wie de Honululu. À l’âge de 14 ans déjà, l’Hawaïenne qui compte aujourd’hui 21 ans avait fait sensation, grâce à son talent exceptionnel. Et dû également à son désir peu réaliste de s’imposer dans un tour masculin de golf, de vouloir en tant qu’adolescente passer le cut aux tournois PGA, ce qui dans la majorité des cas échoua lamentablement, comme par exemple à Crans Montana en 2006, où elle occupa la dernière place. Le Ladies European Tour (LET) ne connaît pas de problèmes comparables. Certes, Suzann Pettersen est la seule proette européenne représentée dans le Top Ten mondial, de plus, elle dispute la plupart du temps les tournois du LPGA Tour bien mieux rémunérés, mais un raz-de-marée de joueuses de la région asiatique n’inonde pas (encore) le LET. En Europe, les joueuses connues, grâce à leur charisme, sont les bienvenues et sont également perçues comme étant des personnalités. Même si la classi cation du classement mondial est mauvaise en comparaison, l’Anglaise Laura Davies ou la Suédoise Helen Alfredsson par exemple, toutes deux anciennes joueuses vedettes, ou de jeunes athlètes comme la Britannique Melissa Reid, la Norvégienne Marianne Skarpnord ou la Russe Maria Verchenova béné cient d’un degré d’intérêt élevé évident. Et à première vue, elles ne se ressemblent pas comme deux gouttes d’eau.

Urs Osterwalder est depuis longtemps l’expert en golf du journal «Neue Zürcher Zeitung» et connaisseur des stars internationales de golf.

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