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D’UNE GÉNÉRATION L’AUTRE

lE OuR plACE Au EunES

Les circuits professionnels traversent, bien malgré eux, des turbulences. Elles ont été économiques, mais également médiatiques, avec l’a aire Tiger Woods. Mais à l’heure où les choses se calment, le sport reprend sa place et quelques individus tirent leur épingle du jeu. Il s’agit principalement de jeunes joueurs, qui symbolisent vraisemblablement un changement de générations!

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Depuis deux ans, on parle beaucoup d’argent et de petites culottes sur le circuit mondial. Un petit peu à l’image de l’équipe de France de football, l’actualité s’est déplacée du terrain aux vestiaires, voire dans les coulisses… Mais comme les lecteurs de Golf Suisse sont avant tout des sportifs, nous n’allons pas leur in iger une nouvelle série de révélations sur les revenus de Tiger, sur ses déboires conjugaux, sur ses paternités présumées. «Cela ne nous regarde pas», disaient les Inconnus! Ramenons donc le débat sur les greens.

Dans un contexte instable, avec passablement de questions sur l’avenir du Tour européen – est-ce que la Race to Dubai va survivre à la (presque) faillite de l’Emirat? – mais également sur celui du circuit américain – est-ce que les sponsors vont accepter la baisse d’audience? – certains pros ont habilement joué leur carte personnelle. Ils ont fait montre d’un opportunisme qu’il serait hypocrite de critiquer, en remportant, avec panache, des épreuves importantes, mais pas majeures. Le meilleur est donc certainement à venir… Depuis que le golf professionnel existe, il y a eu des joueurs qui dominaient tellement leur sujet qu’ils «baptisaient» une voire deux décennies. On pense notamment à Harry Vardon (1900-1910), Walter Hagen (1920-1930), Ben Hogan (19451955), Jack Nicklaus (1960-1980), Severiano Ballesteros (1980-1990), Nick Faldo (1990-2000) et Tiger Woods (2000-?). Ce qu’il faut aussi souligner, c’est que toutes ces stars ont toujours eu un ou plusieurs «faire valoir», qui donnaient plus d’éclat encore à leurs victoires, puisque la compétition était intense: ce furent John H. Taylor (pour Harry Vardon), Gene Sarazen (Walter Hagen), Sam Snead et Byron Nelson (Ben Hogan), Arnold Palmer, Gary Player et Tom Watson (Jack Nicklaus), Greg Norman (Severiano Ballesteros et Nick Faldo), Vijay Singh et Phil Mickelson (Tiger Woods).

TIGER EST-ILFINI…?

Si Jack Nicklaus avait été «seul» pendant sa suprématie, il aurait facilement emporté une trentaine de Majeurs et Tiger n’aurait eu aucune chance de le dépasser! D’ailleurs, est-ce que le No1 mondial va battre le record de 18 titres du Grand Chelem remportés par l’Ours blond? C’est une question d’une parfaite actualité, à laquelle répondaient «Oui» la plupart des observateurs l’an dernier… Aujourd’hui, les avis sont beaucoup plus partagés!

Tiger Woods traverse depuis novembre 2009 une tempête conjugale, médiatique, économique et sportive. Concernant la dernière, on a pu constater que son jeu n’est absolument pas en place à l’heure où les compétitions qui l’intéressent se déroulent. Son driving est toujours aussi irrégulier, mais c’est désormais son putting qui a perdu de sa précision, ainsi que son petit jeu. Logiquement et objectivement bouleversé par ce qui lui arrive, Tiger balbutie son golf. D’autant plus que son coach depuis plusieurs années, Hank Haney, vient de rendre son tablier, au travers d’un communiqué extrêmement courtois, mais qui au fond ne trompe personne. Haney ne supportait plus le battage autour de son joueur et son manque de disponibilité mentale pour l’entraînement. Il faut quand même souligner qu’avec un swing à l’envers, Tiger a été capable de terminer 4ème de l’US Masters et de l’US Open…

Le drame de Tiger Woods ne fait pas que des malheureux. D’une manière très concrète, son absence du circuit a permis aux outsiders de passer favoris! Sans compter que celui qui pouvait prétendre à sa succession – même temporaire – a dû se consacrer à son épouse et à sa mère, qui luttent simultanément contre un cancer. Phil Mickelson a judicieusement consacré son énergie aux Majeurs et sa victoire a émerveillé et ému l’Amérique. Il aurait même pu doubler la dose à l’US Open, sans un dernier tour approximatif.

MOINS DE 30 ANS

Avec les deux ténors en délicatesse, la meute des poursuivants s’est donc senti pousser des ailes. Et ce sont les plus jeunes – mais peut-être aussi les plus talentueux – qui ont marqué les esprits ce printemps. Sur le circuit américain, Bill Haas (28 ans) a rejoint son père Jay dans les rangs des vainqueurs du PGA Tour avec le trophée du Bob Hope Classic, Dustin Johnson (26 ans) a conservé son titre lors de l’AT&T Pebble Beach National Pro-Am, Camillo Villegas (28 ans) s’est attribué le Honda Classic et Anthony Kim (25 ans) le Shell Houston Open.

Le week-end du 1er mai, célébrant dignement la fête du travail, deux des plus jeunes pros du circuit ont réalisé un exploit qui a laissé sans voix les observateurs présents autour des greens: Rory s’est pas encore imposé sur le PGA Tour, mais ses résultats lors de sa première saison professionnelle sont tellement époustou ants qu’il occupe déjà la 34ème place au classement mondial!

Lesespoirseurop Ens

En Europe, à part les coups d’éclat de Rory McIlroy, les satisfactions ne sont pas aussi nombreuses, mais elles génèrent cependant de grands espoirs. Pablo Martin (24 ans), Martin Kaymer (26 ans), Rhys Davies (25 ans), Alvaro Quiros (27 ans) et David Horsey (25 ans) ont tous gagné un tournoi du PGA European Tour en 2010. Et les projecteurs sont aussi orientés sur la perle italienne, dont on attend monts et merveilles: Matteo Manassero. A 17 ans à peine, après une brillante 36ème place au dernier US Masters, il est passé professionnel. Il avait démontré des qualités de jeu et de maturité impressionnantes l’an dernier; tout le monde se rappelle notamment des entraîneurs professionnels et intégrés dans une structure très performante: coach technique, coach physique, préparateur mental, physiothérapeute, conseiller en nutrition, etc. Si bien qu’à l’âge de 20 ans, ils sont déjà de «vieux briscards» des tournois ou presque! Sans compter que les plus talentueux sont souvent invités dans des Open et côtoient les cadors régulièrement.

DES «P’ TITESFRAPPES» QUI FRAPPENT!

L’une des autres caractéristiques communes à ces «gamins» est leur puissance naturelle. Sans avoir particulièrement des gabarits impressionnants, ils disposent d’une uidité et d’une coordination qui leur permettent de porter la balle très loin. On pense notamment à Rory McIlroy et Ryo Ishikawa, dont les bras tournent aussi vite que l’hélice d’un avion! Des swings qui sont donc parfaitement adaptés aux parcours démesurément longs qu’ils a rontent tous les week-ends, lesquels désespèrent les joueurs routiniers mais moins puissants, dont le petit jeu est par conséquent mis à rude épreuve.

McIlroy (21 ans) – qui avait tout juste passé le cut à +1 – a multiplié les birdies pour gagner le Quail Hollow Championship en établissant le record du parcours le dimanche (62 sur le par 72 du Quail Hollow Club) et terminant à 15 en dessous du par! De l’autre côté du Paci que, ce même dimanche, Ryo Ishikawa (18 ans) signait une carte de 58 (-12) pour gagner son septième titre sur le circuit japonais! On peut aussi mentionner Jason Day, un Australien de 23 ans, qui s’est imposé lors du HP Byron Nelson Championship. La dernière coqueluche du public américain est également un «jeunot»: Rickie Fowler (21 ans) ne sa 13ème place au British Open et ses deux premiers tours en compagnie de Tom Watson, très admiratif du prodige de Vérone. Ce que l’on peut observer chez ces joueurs, c’est qu’ils ont tous moins de 30 ans, mais néanmoins une énorme expérience avec des carrières amateurs très solides. C’est du reste l’une des explications aux succès précoces de ces champions: le passage dans les équipes nationales et –ou – par les universités américaines constitue la meilleure formation au métier de pro. Dès l’âge de 14 ans, ces garçons se consacrent quasiment exclusivement au golf et sont pris en charge par

Rien ne garantit que ces «espoirs» concrétiseront totalement leur potentiel. Peut-être imiteront-ils les Sergio Garcia, Adam Scott, Lee Westwood, Luke Donald ou Paul Casey, qui ont beaucoup promis, mais peu tenu. Du moins dans les tournois du Grand Chelem. Mais on peut en tous les cas a rmer qu’ils vont mettre une énorme pression sur Tiger, Phil et Ernie. Et qu’ils n’attendront pas que la porte soit grande ouverte pour s’engou rer dans la salle des trophées! Les mois à venir diront si Tiger peut et veut conserver sa couronne ou si la nouvelle star de la génération 2010-2020 va émerger de la liste – non exhaustive – que nous avons publiée. Continuité ou point d’in exion, la période est de toute manière passionnante!

Jacques Houriet

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