
2 minute read
Goliath & Goliath
Les nouveaux cogneurs
Jusqu’à aujourd’hui, pour parler du culturiste Goliath, il fallait toujours faire référence à cet avorton de David. Mais c’est fini! Maintenant, il y a Goliath… et Goliath. Ou plutôt Bubba «King Kong» Watson et J.B. «Hulk» Holmes.
Advertisement
Vous feriez bien de retenir ces deux noms, au risque de passer pour des ignorants lors de votre prochaine conversation au bar du club-house. Il s’agit des deux phénomènes qui ont débarqué cette année sur le circuit américain et qui ont tout de suite redéfini la hiérarchie des plus gros frappeurs, ajoutant à cela une précision et un complément de jeu qui leur ont permis de terminer respectivement 4ème du Sony Open à Hawaï et vainqueur du FBR Open de Phoenix!
Plus d’un mètre nonante sous la toise, un physique d’athlète, un grand mouvement ample et de l’overswing, le gaucher Bubba Watson déboule sur l’US PGA Tour après avoir terminé 21ème du Nation Wide Tour en 2005, la deuxième division du golf américain. A 28 ans, ce Floridien n’a pas attendu la fin de saison pour se distinguer, puisqu’à son premier Open de l’année, il a tutoyé les meilleurs avant de terminer au pied du podium du Sony Open. Mais c’est surtout la manière qui a frappé les esprits, clouant le bec de commentateurs TV d’habitude très bavards. Il faut dire que le «bleu» s’amusait à redessiner les pars 4 en coupant tous les doglegs par-dessus les palmiers et à humilier son partenaire Rory Sabbatini. Ce dernier, considéré jusque-là comme un gros frappeur du circuit, ramait douloureusement pour limiter l’écart entre sa balle et celle de Bubba à moins de 50 mètres! Il faut quand même préciser que Watson a tutoyé les 400 yards sur certains trous…
Est-ce que J.B. Holmes est aussi long que Bubba Watson? Peut-être pas, mais c’est à vérifier. Avec 90 kilos pour un mètre quatre-vingt, le bébé est costaud, compact, tonique. La différence avec son compagnon de cirque, c’est qu’il dispose d’un mouvement beaucoup plus court. On a même l’impression qu’il fait une demi montée. Mais sa vitesse de traversée est phénoménale et ses balles ont une portée de catapulte. A 23 ans, ce golfeur du Kentucky a remporté en novembre 2005 la Q-School, décrochant son billet pour l’US PGA Tour 2006. Très vite aux avant-postes – 10ème au Sony Open – il n’aura pas attendu plus longtemps que sa 5ème épreuve de l’année pour lever la coupe du vainqueur. D’une main! C’est sur le fameux TPC de Scottsdale, près de Phoenix, devant plus de 530'000 spectateurs –non, non, ce n’est pas une faute de frappe, c’est le total cumulé sur la semaine! – que J.B. a ridiculisé la concurrence. Laminé Phil Mickelson, dégommé Vijay Singh, qui sont pourtant de vrais cogneurs. Mais en Arizona, c’est Holmes qui a dégainé le premier. Parmi les exploits chiffrés du jeune homme, signalons lors du dernier tour un coup de fer 4 à 230 mètres qui lui a offert un eagle, un coup de wedge à 150 mètres pour la frime, un coup de bois 3 à 275 mètres pour toucher le par 4 du 17 et un ultime birdie. Au dernier trou, pour bien enfoncer le clou, il a survolé l’eau, puis un bunker, pour terminer sur le fairway à 70 mètres du drapeau d’un trou qui mesure environ… 430 mètres. Ses adversaires, Ryan Palmer et J.J. Henry étaient près de 100 mètres en arrière! C’est très amusant d’écrire cet article, mais c’est encore plus drôle de voir jouer Bubba et J.B. C’est en tous les cas symptomatique de l’excitation que procure la puissance, du plaisir frustre et animal d’observer Goliath & Goliath jouer des biceps. Au final, Tiger Woods, John Daly, Hank Kuehne et Sergio Garcia peuvent se retrousser les manches. Et que dire de Toms «David»?

■ Jacques Houriet

