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Letigre rugit à nouveau

Tiger Woods est de retour! C’est ce qu’ont pu constater des millions de téléspectateurs et surtout 4 champions qui lui menaient la vie dure depuis sa dernière victoire majeure en 2002. Vijay Singh, Ernie Els, Phil Mickelson et Retief Goosen sont désormais prévenus, le prodige américain a retrouvé ses marques.

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Depuis près de 3 ans, Tiger a subi les critiques des médias. «Il n’a plus envie de jouer car il est trop riche, sa femme le perturbe, il n’aurait jamais dû se séparer de Butch Harmon, il ne reviendra jamais», on a tout lu et tout entendu. Ce qui est vrai en revanche, c’est que le swing de Tiger avait évolué et pas forcément vers une plus grande maîtrise. Le travail intensif de Woods a notablement développé ses capacités physiques, qui sont très au-dessus de la moyenne du circuit américain. Tiger est un véritable athlète, qui court le 100 mètres en dessous de 11 secondes et qui est capable de soulever des tonnes de fonte. Sa vitesse de rotation des hanches s’est encore accélérée, à tel point que ses mains ont bien des difficultés à suivre. Il a d’ailleurs longtemps travaillé à une meilleure coordination. Et c’est peut-être grâce à sa nouvelle collaboration avec Hank Haney, un enseignant aussi connu aux Etats-Unis que Leadbetter ou Harmon, que Tiger est parvenu à remettre son swing en place et à frapper la balle square. Il a donc considérablement réduit ces drives lâchés à droite, qui caractérisaient ses parties depuis 2 ans.

Ce succès en dit long sur la solidité mentale et technique du No1 mondial. Car il faut bien se rappeler que si les saisons 2003 et 2004 ont été médiocres pour lui, elles auraient fait le bonheur de bien des pros! Car en dépit d’une irrégularité édifiante, il parvenait à ramener des scores sous le par, grâce à son formidable petit jeu. Et à passer tous les cuts, portant son record à 140 à l’issue de l’US Masters 2005! Non seulement Woods a gagné à Augusta, mais il l’a fait avec la manière. D’abord en oubliant un premier tour malheureux, bouclé avec un putting moyen et des coups de malchance. Puis en venant à bout d’un Chris DiMarco pugnace et accrocheur. Car ce joueur bourru et rugueux ne lui a pas facilité la tâche. Sauf peut-être dans le troisième tour, lorsqu’il gaspilla quelques coups dans l’Amen Corner.

Jusqu’au bout, DiMarco a poussé Woods dans ses derniers retranchements, l’obligeant même à enfiler un chip d’anthologie sur l’antépénultième trou pour se ménager une marge suffisante. Même pas suffisante! Il a encore fallu que Woods parte en play-off et réalise un birdie sur le premier trou en «sudden death» pour se débarrasser de cette sangsue!

Ceux qui n’y croyaient plus ont vécu un tournoi palpitant et ceux qui n’ont pas arrêté de l’encourager ont connu le bonheur suprême. Ce fut une édition splendide, perturbée par le temps, mais surtout animée sur le plan du jeu et du spectacle. Woods a donc gagné une quatrième veste verte, rattrapant Arnold Palmer au palmarès, avec un seul et dernier champion en ligne de mire: Jack Nicklaus et son armoire pleine de 6 trophées en tissus. A 29 ans, il a encore beaucoup d’occasions de revenir sur le Golden Bear et même de le dépasser. Surtout si on se rappelle que Nicklaus avait gagné son dernier titre à Augusta à 46 ans. Mais Tiger est certainement plus intéressé par le record de 18 tournois majeurs, qui appartient également à Jack Nicklaus. Avec cette victoire à l’US Masters, il porte son propre compteur à 9, égalant Gary Player et Ben Hogan. Les 11 victoires de Walter Hagen pourraient même être à sa portée en 2005. Car il ne faut pas oublier une chose, Tiger est le seul joueur cette saison à pouvoir réaliser le Grand Chelem. Cela paraît illusoire, mais «ma main à couper» que le prodige noir y pense. Et même sérieusement. La prochaine levée se déroulera à Pinehurst, sur le parcours No2, du 16 au 19 juin. Woods n’y a jamais gagné, mais sa prestation en 1999 a prouvé qu’il aimait ce parcours dû à l’Ecossais Donald Ross. S’il passe l’épaule, il arrivera en grand favori à St. Andrews, pour le British Open, du 14 au 17 juillet. Celuilà même qu’il avait remporté en 2000, sur le même golf, avec une carte record à –19. Et si par bonheur il aligne trois titres majeurs de suite, vous pouvez imaginer sa motivation à l’heure d’entamer l’US PGA Championship à Baltusrol, le 11 août prochain.

Il y a des jours où l’on voudrait accélérer le temps!

■ Jacques Houriet

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