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Selon les joueurs…
Marc Chatelain est l’un des playing pros suisses qui essaie depuis des années de faire son trou sur le plan international. Après une excellente carrière professionnelle et quatre années passées sur les bancs d’une université américaine, il est passé professionnel, sans véritablement parvenir à rencontrer le succès. A l’âge de 29 ans, il se pose des questions et pense à son avenir, avec des considérations analytiques sur son expérience. Mais il ne se contente pas de critiquer, au contraire, il a des suggestions pour que le passage du statut amateur à celui de professionnel soit facilité. Golf Suisse a ouvert ses colonnes à Marc Chatelain, pour qu’il puisse exprimer son opinion sur l’un des domaines les plus sensibles du golf de pointe, car une large discussion ne peut qu’être positive.
«La lecture des magazines de golf suisses en fin de saison est particulièrement intéressante. Bilan annuel, statistiques, analyses, highlights, mais aussi une présentation de l’année suivante constituent la colonne vertébrale de chaque publication à cette période de l’année. Dans son bilan 2004, la presse golfique suisse a relevé les progrès enregistrés chez les joueurs amateurs et la stagnation des joueurs professionnels.
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Pendant que dans le camp amateur le coach national Graham Kaye parle du «début d’une tendance», dans l’autre camp on se penche sur la recherche des causes du développement avorté des carrières des playing pros suisses. Le problème semble évident: le renforcement des structures pour les jeunes, consenti chez les amateurs depuis dix à quinze ans, n’existe pas chez les professionnels, ou plutôt n’existe plus! Celui qui entend passer du monde amateur au monde professionnel va plonger dans une eau très froide. Un amateur a de la peine à imaginer ce qui l’attend dans cette vie de touring pro et beaucoup se laissent peut-être décourager à franchir le pas. Pourtant ce pas n’est qu’une suite logique dans la carrière d’un amateur ambitieux. Avec une collaboration renforcée entre les domaines amateur et professionnel, cette transition serait peut-être plus facile et la disparité entre les succès des amateurs et des pros s’effacerait largement.
De l’amateur au pro
Les structures que l’Association Suisse de Golf (ASG) a mises en place depuis la nomination au poste de coach national de Granham Kaye, dans le domaine des jeunes et des amateurs, sont remarquables. Au début des années 90, le travail pour les jeunes en Suisse n’existait que sur une base nationale, avec trois équipes nationales chez les hommes et les dames: l’équipe nationale amateur, l’équipe nationale junior et les équipes nationales Boys et Girls. De bons résultats sur la scène suisse permettaient l’intégration dans l’une des équipes nationales et ensuite des participations à des compétitions internationales. Il s’agissait d’une structure très souple, avec des coaches et des capitaines qui changeaient pour ainsi dire à un rythme annuel, empêchant une quelconque continuité. En outre, le travail coordonné sur la scène régionale n’était pas efficace. Les joueurs et les équipes suisses ne terminaient dans les rencontres internationales, à de rares exceptions près, que dans la seconde moitié du classement.

Depuis l’intégration de Graham Kaye au poste de coach national, le soutien aux jeunes s’est grandement amélioré. La recherche de talents dans les clubs et à travers les cadres régionaux est devenue aujourd’hui beaucoup plus efficace; il y a aussi une continuité dans le travail du coach, notamment au niveau des régions et les jeunes espoirs suisses ont la possibilité de se confronter très rapidement à une concurrence internationale. Une démarche qui a abouti notamment au résultat extraordinaire de la Suisse aux Championnats du Monde en 2004 à Puerto Rico: une quatrième place pour l’équipe des hommes.
Il est intéressant de souligner que le développement chez les pros est allé dans l’autre sens. Pendant les années «maigres» du golf amateur, les professionnels suisses connaissaient de multiples succès. Au milieu des années 90, Paolo Quirici et André Bossert étaient solidement installés sur le circuit européen, pendant que cinq à six joueurs étaient en position de gagner sur le Challenge Tour. On se rappelle à cette époque de la victoire sur le Tour européen d’André Bossert à l’Open de Cannes 1995 et des succès d’André Bossert, Paolo Quirici, Juan Ciola et Dimitri Bieri sur le Challenge Tour européen.
On peut considérer que la cause de ces succès était la création en 1993 de la Swiss Golf Foundation. Avec Jan Blomqvist, nous avons disposé pen- dant plusieurs années d’un coach national compétent et expérimenté, qui se consacrait exclusivement aux professionnels. Le Swiss Golf Team profitait du support financier du Crédit Suisse, mais également d’autres sponsors comme Subaru, Swissair et Audemars Piguet. Les pros disposaient en outre d’un fort soutien logistique et participaient en groupe à des camps d’entraînement, permettant de créer un véritable esprit d’équipe. Après la mort de Blomqvist, cette belle mécanique a commencé lentement à se gripper. On ne parvint pas à trouver une solution satisfaisante pour le poste de coach national, qui devint vacant assez rapidement. Le Team se divisa en petits groupes, les sponsors individuels quittèrent la Swiss Golf Foundation et cette belle structure s’effondra, laissant la place à une multitude de combats solitaires. Sous le parapluie de la Swiss Golf Foundation, de gros moyens financiers continuaient d’arriver, mais ne s’articulaient plus autour d’une structure dont le golf professionnel suisse avait largement profité jusque-là. Nous nous trouvons dans cette situation depuis le début du millénaire et ce n’est donc pas étonnant si nous n’avons enregistré aucune victoire suisse sur le PGA European Tour ou sur le PGA Challenge Tour depuis 1999.


Un pas important
Il y a une disparité entre les structures des domaines amateur et professionnel. L’analyse des 15 dernières années montre que les résultats étaient plutôt positifs lorsque les structures des entités de l’époque fonctionnaient avec une continuité et lorsque les postes de coaches étaient occupés par des personnes compétentes et expérimentées. C’était le cas avant pour les pros et ça l’est devenu pour les amateurs ces huit dernières années. Celui qui pense que l’engagement d’un nouveau coach national pour les professionnels et l’organisation de quelques camps d’entraînement suffiraient à sortir la Suisse de l’ornière se méprend sur les vraies possibilités d’amélioration potentielle. Bien entendu, les playing pros actuels verraient un tel soutien du bon œil, mais l’avenir du golf d’élite suisse en général exige plutôt une meilleure collaboration des secteurs amateur et professionnel. Les deux côtés pourraient profiter d’une intensive collaboration,