Capital Edition 20 - 06.04.11

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PREMIER DIVORCE GAY AU MEXIQUE

CAPITAL

Il fallait bien s’y attendre. Le 23 janvier dernie, la ville de Piedras Negras dans l’Etat de Coahuila a été le théâtre du premier « divorce » homosexuel, Mlles Maria Marcela Orozco, 38 ans, et Sandra Elvira Nava Jimenez, 45 ans,

Edition 20

FEU ROUGE MERCREDI 6 AVRIL 2011

ayant mis un terme au pacte civil de solidarité où elles s’étaient engagées dès l’approbation de cette forme d’union par Coahuila en janvier 2007. Adieu droits aux pensions, aux testaments assortis d’avantages fiscaux et

civils et autres bénéfices quasi-matrimoniaux accordés à la couple… Madame et Madame se crêpaient le chignon. Le monde entier sera donc au courant de leurs accusations d’infidélité et de gaspillage.

JANE VALLS, WOMEN IN NETWORKING

« Ne pas faire obstacle à ces réformes conséquentes » ❚ Quel regard porte Women in Networking

sur le Divorce and Judicial Separation Bill ? WIN est convaincue que cette loi est hautement louable dans la mesure où elle simplifie les procédures de divorce et qu’elle prévoit une réduction du délai minimal pour que la séparation de fait débouche sur un divorce, ledit délai étant passé de 5 à 3 ans. Bien sûr, idéalement, le divorce doit survenir seulement après que le couple ait fait tout son possible pour tenter de sauver son mariage. Mais s’il y a un accord mutuel que le mariage est irrémédiablement brisé, les gens ne doivent pas être contraints par la loi ou par faute de provisions légales appropriées de rester ensemble. Car il faut souligner que certains mariages sont malheureusement violents et psychologiquement éprouvants pour les partenaires. ❚ Selon les chiffres du Central Statistics

Office, le taux de divorce est en hausse à Maurice. Est-ce judicieux, dans ce contexte, d’introduire le divorce par consentement mutuel ? Oui, certainement. Lorsque les deux conjoints sont d’accord que leur mariage est irrémédiablement brisé, il n’est pas juste de prolonger leur supplice. Il devient donc primordial que le contentieux puisse se régler avec rapidité. ❚ A Maurice, le coût du divorce est con-

séquent. Or, si la nouvelle loi veut simplifier les procédures, elle ne prévoit pas

« JE ME demande toujours pourquoi mon mariage n’a pas marché, alors que je conseillais toujours les plus jeunes sur le leur ». Après six années de mariage, Salim, a dû se résoudre à divorcer. C’était il y a cinq ans. Depuis, de son propre aveu, il n’est plus la même personne. La décision de divorcer, même après mûres réflexions, a été très difficile à prendre. Mais s’accrocher à un mariage en perdition l’était encore plus. « Le mariage, c’est se mettre à deux pour résoudre des problèmes qu’on n’aurait jamais eu si on était résté tout seul... Difficile de se convaincre que pendant des années, on s’est laissé tromper par le regard que l’autre posait sur nous. On finit par y croire et on se remet en question en permanence. Jusqu’ au jour où on se réveille, et on ne sait pas pourquoi, à cet instant précis, la situation n’est plus supportable », confie Salim. Pour lui, divorcer n’était malgré tout pas la meilleure solution, car il était toujours amoureux de sa femme. Ils ne s’étaient marié qu’après avoir vécu 7 ans de concubinage, et ce bien qu’ils n’étaient

formellement des mesures pour réduire les frais légaux. Pensez-vous qu’une réforme soit souhaitable à ce niveau ? On ne doit pas faire obstacle aux réformes légales proposées par la nouvelle loi, car la réforme qu’elle entraîne est déjà conséquente, car elle rime avec modernisation et développement pour le pays. Mais bien entendu, on doit prendre en considération le contexte social et dans cette optique, la Legal Aid Act mérite d’être revue. ❚ Qui sont les véritables victimes du

divorce : les divorcés ou les enfants nés de leur mariage ? Les deux en souffrent, qu’il s’agit des divorcés ou des enfants. Voilà pourquoi lorsqu’un mariage est brisé à un point de non retour, et qu’il y a un commun accord pour divorcer, les procédures légales pour la séparation et le divorce doivent être aussi simples et fluides que possible afin que les dommages psychologiques et la souffrance ne soient pas execerbés par des délais superflus dans le processus légal. ❚ Outre de revoir les provisions de l’aide

légale, quelle autre réforme souhaiteriezvous voir par rapport au droit de la famille ? Plusieurs en fait : les droits de paternité, la légalisation de l’avortement dans certaines conditions … Mais on aimerait surtout voir, à Women in Networking, la promulgation de l’Equal Rights Act, ainsi que celle de l’Equal Pay Act.

TÉMOIGNAGE

« Un jour, la situation n’est plus supportable... » Après 13 ans de vie commune, dont cinq ans de mariage, Salim (nom fictif) n’en pouvait plus des disputes incessantes. Alors il a décidé de divorcer. Les procédures ont pris deux ans, durant lesquelles il n’a pu voir ses deux enfants. Un traumatisme dont il porte encore aujourd’hui les stigmates | ST pas de la même religion. Par amour pour sa femme, il avait même accepté d’aller vivre chez ses beaux-parents. C’est là, selon lui, que les problèmes ont commencé. Son épouse a commencé à laisser apparaître un trait autoritaire et les disputes sont devenues monnaie courante. Lasse de cette vie, il décide alors d’entamer la procédure de divorce. Pendant toute la durée de celle-ci, les deux enfants nés de cette union, un

garçon et une fille, âgés de 7 et 3 ans respectivement à l’époque où il en a eu la garde, sont restés avec leur mère, qui lui interdisait de les rencontrer. Décider de qui aurait la garde des enfants n’a pas été aisé. D’abord réticente de se séparer d’eux, la mère a finalement cédé juste avant la prononciation finale du divorce. « J’ai l’impression de revivre, car ma vie n’a pas été de tout repos pendant la procédure de divorce. J’ai dû subir les mensonges, le harcèlement moral et la malhonnêteté.

J’avais l’impression qu’on voulait m’arracher mes enfants. Il a fallu deux années d’allers-retours incessants dans le cabinet de mon avocat et une dizaine de parutions en cour », poursuit Salim, dont le récit est entrecoupé d’hésitations. Dans cette épreuve, Salim, qui travaille dans l’entreprise familiale, a pu compter sur le soutien des siens. Désormais débarassé du fardeau d’un mariage qui sombrait, il dit ne vivre que pour ses deux enfants.


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