
5 minute read
Main tétraplégique: une chirurgie de pointe
FORMATION CONTINUE
Des spécialistes du monde entier se sont réuni·e·s à Nottwil pour le «10th Instructional Course on Reconstructive Tetraplegia Hand Surgery». Toutes et tous aspirent à rendre aux patient·e·s une partie de leur qualité de vie.
Peter Birrer
Silvia Schibli est impressionnée. Dans le Skills Lab de l’Hôpital cantonal de Lucerne, la Cheffe de clinique Chirurgie de la main et de la main tétraplégique au Centre suisse des paraplégiques (CSP) observe les chirurgien·ne·s s’affairer dans la plus grande concentration sur cinq tables d’opération. Depuis des heures, ils et elles s’exercent à pratiquer des interventions et à appliquer des techniques qui leur ont été présentées – ou à rafraîchir celles qui leur sont déjà familières. Ce jour-là, quatre opérations différentes sont menées sur neuf corps humains.
«Les participant·e·s font preuve d’une grande soif de savoir et d’un énorme engagement», constate Silvia Schibli, «ils et elles nous bombardent de questions pointues. C’est très agréable.» La pratique dans le Skills Lab fait partie intégrante d’une formation continue pour laquelle des professionnel·le·s sont venu·e·s du monde entier – et dans laquelle Silvia Schibli et Sabrina Koch-Borner jouent les rôles principaux. Silvia Schibli assume la responsabilité globale de cet «Instructional Course on Reconstructive Tetraplegia Hand Surgery» et s’occupe du groupe des médecins; Sabrina Koch-Borner, Responsable Gestion de la Chirurgie de la main à Nottwil, est en charge des thérapeutes qui s’y sont inscrit·e·s.
Un grand savoir-faire grâce aux conférences
Durant ces trois jours de cours, tout tourne autour des mesures chirurgicales permettant d’améliorer la fonction de la main chez
Les interventions sont pratiquées sur des tissus humains les personnes tétraplégiques et d’augmenter ainsi leur qualité de vie. Le savoir-faire théorique est transmis par diverses conférences, comme celle sur le déplacement et la reconfiguration des tendons, des muscles ou des nerfs pour récupérer les fonctions de la main et du bras – la réussite de cette opération dépendant bien sûr aussi du niveau de paralysie des personnes concernées.
Silvia Schibli est à la tête du Centre de compétence de Nottwil depuis un an et demi. Elle a repris le poste de Jan Fridén, qu’elle qualifie de «pionnier» de la chirurgie de la main tétraplégique et qui accompagne désormais le cours en tant que «Senior consultant». Silvia Schibli affirme: «Ses compétences nous sont extrêmement utiles. Nous sommes content·e·s de l’avoir toujours avec nous.»
Les participant·e·s ne sont pas des novices dans le domaine. Beaucoup s’intéressent depuis longtemps au sujet ou s’efforcent d’innover dans leur pays en matière de chirurgie de la main tétraplégique, comme cette petite délégation venue de Tchéquie ou ce médecin d’Ouzbékistan. Une solide expérience pratique n’a pas de prix. «Il existe une excellente littérature qui permet d’acquérir des compétences théoriques», explique Silvia Schibli, «mais ce qui est essentiel pour chaque chirurgien et chirurgienne, c’est de pouvoir mettre ses acquis en pratique. Les conseils de professionnel·le·s expérimenté·e·s sont irremplaçables.» Lors
Des participant·e·s venu·e·s du monde entier

de formations continues comme celle-ci, les gens apprécient aussi les échanges au sein du groupe. Et les discussions communes aboutissent parfois à de nouvelles approches de solutions pour certains cas.
Les connaissances évoluent
La chirurgie de la main tétraplégique n’a cessé de se développer au cours des dernières années, il y a eu des avancées constantes – et l’équipe de spécialistes autour de Silvia Schibli est convaincue qu’avec de la ténacité, de nouveaux progrès pourront être réalisés. «Les connaissances évoluent en permanence», déclare-t-elle. Et plus elles sont nombreuses, plus les perspectives qui s’offrent aux personnes paralysées médullaires sont bénéfiques. Tenir à nouveau des couverts dans la main, utiliser une tablette, actionner un interrupteur – des choses qui étaient naturelles avant un accident peuvent refaire partie du quotidien.
Silvia Schibli est depuis longtemps fascinée par la chirurgie de la main tétraplégique. «Cela requiert une approche en filigrane», explique-t-elle, «et le plus beau, c’est que chaque progrès, même minime, s’accompagne d’un gain de qualité de vie pour le ou la patient·e.» La première session a eu lieu en 2009, suivie depuis par neuf autres éditions. Et Silvia Schibli ne peut que constater que «par rapport aux débuts, il s’est passé bien des choses.»
Importance des thérapeutes professionnel·le·s
Outre 21 chirurgien·ne·s spécialisé·e·s, 20 spécialistes de la physiothérapie et de l’ergothérapie ont suivi aussi la formation continue. Ces thérapeutes jouent un rôle indispensable, surtout en postopératoire, car ils et elles montrent aux patient·e·s des moyens qui leur permettront d’utiliser correctement les fonctions de la main nouvellement acquises, et leur apprennent diverses techniques d’entraînement. Il faut toutefois procéder avec précaution. En effet, le risque d’altérer, voire de ruiner, un travail chirurgical existe, met en garde Sabrina Koch-Borner, forte de sa longue expérience de physiothérapeute, qui occupe une fonction dirigeante dans le cours. Pour elle, il est clair que celui ou celle qui accompagne un·e patient·e sur le plan thérapeutique doit comprendre l’intervention chirurgicale et connaître la technique de suture utilisée ou la manière dont les voies nerveuses sont réorganisées après un transfert. Car les personnes concernées ont souvent beaucoup de questions. Et elles souhaitent des réponses que l’équipe de thérapeutes, qui débute généralement la rééducation dès le lendemain de l’opération, doit lui apporter.
Les progrès réalisés ces dernières années dans le domaine de la thérapie sont eux aussi considérables. Désormais, la rééducation après une opération visant à récupérer l’extension du coude ne dure plus trois mois, mais moitié moins. Les mouvements nouvellement acquis sont activés dès le lendemain de l’opération, sous la direction d’un ou d’une thérapeute. Les changements positifs sont documentés par des vidéos – au début de la thérapie, puis un an plus tard. Les différences sont frappantes.
Des efforts payants
Sukhvinder Kalsi-Ryan est l’une des participantes, venue spécialement de Toronto et séduite par l’offre de Nottwil. «Nous profitons de connaissances qui n’existent pas sous cette forme dans de nombreux endroits du monde», témoigne-t-elle, «je tenais donc beaucoup à être là.» Elle estime que la qualité des contenus d’apprentissage est élevée. Et le réseautage, l’échange avec des collègues du monde entier est tout aussi important à ses yeux: «Les discussions pendant la pause ou après un point officiel du programme ont donné lieu à de nouvelles approches enrichissantes. Pour moi, cela a encore ajouté de la valeur au cours.»
Les retours des participant·e·s sont tous positifs; à la fin, Silvia Schibli et Sabrina Koch-Borner reçoivent en tout cas beaucoup d’éloges. Même si cette période intensive de préparation détaillée et de réalisation rigoureuse leur a coûté beaucoup d’énergie, elles le reconnaissent: leurs efforts ont été payants.
Plus d’informations (en anglais) www.tetrahand.ch