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Comme un vieux couple

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Colette Couleau

Colette Couleau

NOS ALLIÉ·E·S

Yvonne Fluri accompagne des personnes tétraplégiques en vacances. Au nom de celles et ceux qui, comme elle, accomplissent cette mission, elle nous raconte son expérience.

Gabi Bucher

Une veste jaune, des chaussures jaunes, des cheveux courts et foncés égayés par une mèche écarlate, Yvonne Fluri s’occupe depuis 2016 de nos membres tétraplégiques pendant leurs voyages. Elle aime les couleurs et sa vie a été assez colorée. «J’ai toujours été intéressée par la nouveauté», se souvient Yvonne, une femme de tempérament. Les différents postes de travail qu’elle a assumés l’ont amenée à se déplacer. Elle garde un très bon souvenir des années passées à la clinique Fridau de Soleure, où elle a commencé à travailler dans les soins. Lorsque la clinique a fermé, elle s’est longtemps occupée à titre privé d’une personne atteinte de trisomie 21. Les dix dernières années avant sa retraite, elle a travaillé dans un EMS à Balsthal. C’est là qu’une collègue l’a encouragée à devenir soignante bénévole pour des vacanciers et vacancières tétraplégiques. Yvonne a suivi le cours d’initiation de l’ASP et elle a eu tout de suite la possibilité de participer à une semaine spéciale en tant qu’accompagnatrice supplémentaire. Je ne m’occupais d’aucun·e participant·e en particulier, j’étais plutôt là pour les ‹coups de feu› et c’était pour moi une bonne entrée en matière», estime-t-elle.

Sur la même longueur d’onde

Peu après ce premier essai, on lui a demandé d’accompagner Sepp Signer, tétraplégique, durant la semaine spéciale de l’ASP, car son ancienne soignante n’était plus disponible. Elle a accepté, et ils ont tout de suite fait la paire. «Il vient d’Appenzell, moi de Mümliswil, nous avons tous les deux les pieds sur terre et en quelque sorte nous sommes sur la même longueur d’onde.» Malgré son expérience des soins, ces vacances représentent un nouveau défi. «J’ai plus de responsabilités qu’en EMS, même si, avec ParaHelp, je bénéficie d’un soutien professionnel.» Et c’est aussi fatigant: «Je suis contente de rentrer chez moi et de retrouver un vrai sommeil.» C’est un peu comme avec un enfant, la nuit on est à l’écoute du moindre bruit. «On veut être là quand la personne en a besoin.» Les trajets en car lui donnent parfois l’occasion de se détendre un peu. Mais ces semaines lui procurent beaucoup de plaisir, surtout parce qu’elle s’entend à merveille avec Sepp Signer.

De beaux moments partagés

Ils ont voyagé ensemble une douzaine de fois, à Saillon, au bord du lac de Constance, à Magliaso et dans la Forêt-Noire. «À chaque fois que nous arrivons dans la chambre d’hôtel, nous savons au premier coup d’œil ce qu’il y a à faire», explique-t-elle. «Écarter les lits et déplacer les chaises ou les canapés fait partie de notre routine.» On les prendrait pour un vieux couple. «Je sais ce dont il a besoin et je connais la marche à suivre. Étant donné qu’il est en fauteuil roulant depuis l’âge de 29 ans, il sait aussi exactement ce qui est bon pour lui.» Tout comme Sepp, Yvonne apprécie la semaine spéciale car le programme n’est pas trop chargé. «J’aime prendre mon temps», ajoute-t-elle. Ils font tranquillement les soins quotidiens et renoncent parfois à certaines activités lorsque c’est trop pour Sepp. «Ou quand il y a un marché», dit-elle en souriant, «il dit toujours qu’il n’a pas envie de voir uniquement des postérieurs.» Et comme ce sont toujours à peu près les mêmes participant·e·s, et donc la même équipe de soins, qui viennent à la semaine spéciale, c’est comme une petite famille. «On s’entraide. Si quelqu’un·e ne va pas bien, on est à ses côtés.» Yvonne considère que c’est une belle mission et elle aimerait la poursuivre aussi longtemps que possible.

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