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CHAMBÉRY

Dans les tuyaux depuis plus de trois ans, le controversé parking Ravet de Chambéry est finalement en phase d'achèvement. Pour l'équipe municipale élue en 2020, l'ouvrage doit s'inscrire dans sa politique de mobilité douce.

PAR BÉATRICE MEYNIER PHOTOS : HERAULT ARNOD ARCHITECTURES

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Sujet de cristallisation entre l'ancienne et la nouvelle équipe municipale, le parking Ravet a occupé bien plus que ses 490 places dans l'actualité de la cité ces dernières années. De par sa situation à proximité de l'hyper-centre et dans le champ de vision de la patrimoniale « Fontaine des Eléphants », l'ouvrage de 6 étages (7 niveaux de stationnement avec la toiture) a fait l'objet de plusieurs recours et de spectaculaires occupations de chantier par des riverains et associations. Débutée en 2018, la construction a été stoppée l'été dernier par la municipalité pour entamer une phase de concertation avec les habitants et potentiels usagers. Elle a finalement repris fin 2020 pour être poursuivie sous la forme prévue à l'origine.

VOIX DE CIRCULATION

ETAT DES LIEUX

Adjointe à la mobilité durable à la Ville de Chambéry, Isabelle Dunod remet le projet en perspective : “La municipalité précédente a passé un contrat de Délégation de Service Public avec la société Q-Park. Etabli pour une durée de 30 ans à partir du 1er septembre 2017, il englobe l'exploitation et la gestion des 10 parkings existants de la ville, ainsi que la construction de 2 nouveaux ouvrages : Cassine (mis en service mifévrier 2021) et Ravet. Des parkings de Chambéry ont déjà été réalisés sur ce modèle de concession dans lequel une société privée finance la construction et se rémunère sur l'exploitation. Cela permet de créer des ouvrages importants qui ne viennent pas impacter le budget de la ville, mais cela se paye forcément d'une autre façon”. En l'occurrence, notamment par cette durée contractuelle qui couvre 5 mandats. “Cela fige pour 30 ans l'usage d'un espace public !”, se désole l'élue. “La Ville

peut toujours négocier avec Q-Park afin de dégager des places de parkings enclos pour un autre projet, mais ce serait assorti d'indemnités qui peuvent vite se chiffrer en millions d'euros !”.

UNE VILLE À 2 VITESSES ?

Au-delà du stationnement, le « dossier Ravet » fait ainsi émerger deux conceptions divergentes : celles d'une ville avec ou sans voiture. Les opposants à l'ouvrage en dénoncent la localisation et la jauge. Ces contradicteurs estiment, qu'outre la disgrâce esthétique, le parking risque d'attirer un nombre encore plus important de véhicules en centre ville. Pour d'autres, l'emplacement permettrait justement d'éviter que certains automobilistes s'engagent plus avant dans l’hyper-centre. Ayant repris cette opération déjà engagée, la municipalité compte en tirer partie selon sa philosophie : “Nous allons utiliser ce parking comme un levier pour reconquérir de l'espace public en ville”, expose Isabelle Dunod. “Ces 500 places ne doivent pas venir en supplément, mais plutôt se substituer pour partie à des emplacements existants. Nous souhaitons supprimer des places de stationnement pour en faire autre chose : redonner de l'espace aux cycles ou aux piétons, revégétaliser, etc. Il y a un enjeu majeur à sortir du stationnement de centre ville, mais nous n'allons pas faire cela brutalement. Il y aura une concertation”.

UN AUTRE CYCLE

En attendant, la municipalité entend appliquer au parking Ravet sa politique de mobilité douce. “Même si ce n'est pas aussi simple, on peut dire que c'est globalement le projet d'origine qui a été repris, après l'arrêt lié à la concertation. Mais nous l'avons fait évoluer sur plusieurs points en urbanisme et mobilité. Nous l'avons retravaillé pour améliorer le maillage de cheminement piétons-cycles autour du parking, pour reconnecter les modes doux avec le quartier derrière. Nous travaillons aussi à la modification du local à vélos pour le rendre plus ergonomique et spacieux que prévu initialement. Et nous avons modifié la vocation du local commercial de 300m2 (construit par Q-Park) prévu quai Ravet, devant le parking. Ce devait être un garage automobile et nous avons fait le choix d'en faire une sorte de Maison du vélo. Nous transformons ainsi la vocation de ce parking qui était au départ un temple dédié à la voiture”. D'un coût prévisionnel de 10 millions d'euros HT, le parking Ravet devrait être livré en novembre 2021. Partiellement dédiée au stationnement, sa toiture sera équipée d'installations photovoltaïques et d'un belvédère-sculpture, imaginé par le cabinet Herault Arnod Architectures avec l’artiste Krijn de Koning. Une sorte de plate-forme d'observation de la circulation. Ou pas...

+ d’infos : chambery.fr

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