Fokus Femme

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#FOKUSFEMME Dès que j’ai su lire, je me réfugiais dans son bureau, je rassemblais toutes ses gazettes, je m’installais à son bureau et je lisais les infos à voix haute en regardant droit devant moi. Quand on y pense, il y avait clairement des signes avant-coureurs (rires). » Être femme et journaliste, est-ce difficile en 2018? « Je n’ai jamais trouvé cela difficile, ni quand j’ai commencé ni aujourd’hui. Les mentalités ont beaucoup évolué et, de manière générale, que ce soit en Belgique ou en France, les femmes sont très présentes dans le monde des médias. Maintenant, il y a toujours moyen de faire mieux. Dans le monde du sport par exemple, qui reste encore très machiste et chargé de clichés. De même que dans le monde politique. Des exemples nous montrent que des journalistes politiques sont encore malmenées par les personnalités politiques. Ce n’est donc pas parfait mais, personnellement, je n’ai jamais vécu de situations inconfortables. » Les médias évoquaient récemment votre intégration potentielle dans l’équipe sportive de la RTBF. Qu’en est-il vraiment? « J’ai travaillé de manière ponctuelle sur des évènements sportifs. Les JO de Londres, les JO de Rio… et puis, l’été dernier, l’Euro féminin de football. J’ai toujours beaucoup aimé le journalisme sportif et le garde dans un coin de ma tête. En tant que femme, on peut amener un regard différent sur le sport qui, comme évoqué plus tôt, reste encore un monde très macho. En tant que femme, il faut se mouiller et se bouger pour que ça aille encore plus loin. J’ai déjà collaboré de manière ponctuelle au

OPHÉLIE FONTANA INTERVIEW domaine sportif, peut-être que demain, on pourra envisager une collaboration plus étendue. » D’où vient votre attrait pour le sport? « J’ai toujours aimé le sport. Depuis toute petite, avec mes parents, on suivait les grandes compétitions sportives, que ce soit le Tour de France, Roland-Garros, les JO… Et puis, on faisait aussi nous-mêmes pas mal de sport. Ce que j’aime aussi, c’est toutes les émotions positives que véhicule le sport, ce qui n’est malheureusement pas le cas de l’info quotidienne qui est assez sombre, avec de nombreuses mauvaises nouvelles. Le sport fédère. Quand une équipe sportive aux couleurs de la nation gagne, cela crée une belle émulation au sein de la société. C’est très plaisant. » Le journalisme est connu pour être un métier où l’on ne compte pas ses heures. Vous êtes aussi maman. N’est-il pas trop difficile de conjuguer vie professionnelle et vie familiale? « Ce n’est pas simple, il faut savoir s’organiser. Mais mon emploi du temps n’est pas plus difficile à gérer que celui d’une infirmière qui travaille en pauses ou de nuit par exemple. Par rapport à d’autres métiers, on est peut-être moins présent mais il faut savoir dégager du temps pour les enfants et la famille. Du temps de qualité, trouver un équilibre. On gère un peu la famille comme une entreprise (rires). Il faut respecter les contraintes des uns et des autres, être souple et à l’écoute. » Vous êtes aussi engagée dans un certain nombre de causes.

Pouvez-vous nous en parler? « Un enfant sur quatre vit sous le seuil de pauvreté en Fédération Wallonie-Bruxelles. Certains peuvent penser que ce n’est pas à nous, citoyens, de nous engager. Que c’est le constat d’un échec politique. C’en est un, certes. À partir de là, on peut rester assis les bras croisés à blâmer les politiques ou essayer de faire avancer les choses. L’opération Viva for Life a le mérite d’exister et permet à de nombreuses associations de fonctionner. Donner de sa personne, de son temps, de son argent pour aider les autres, c’est un geste qui fait du bien, à soi et aux autres. Je soutiens aussi la campagne de lutte contre le cancer du sein, ThinkPink. Ma maman est décédée il y a quelques mois d’un cancer, ce qui a encore décuplé mes efforts d’engagement vis-à-vis de la maladie. Quand on voit à quel point les infrastructures d’aide et le travail de terrain des associations permet d’alléger le quotidien des personnes en souffrance, je me dis qu’avec ma petite notoriété, je peux aider les gens à réfléchir et à prendre conscience qu’il faut agir. Aider les autres quand on en a la possibilité est un geste citoyen. »

SMART FACT. Si vous n’étiez pas journaliste, vous seriez…? « J’aurais rêvé d’être chirurgienne. J’entretiens une espèce de fascination sans borne pour cette profession. Être journaliste est un chouette métier, on informe. Mais là, ce sont des personnes qui peuvent sauver une vie et pour moi, sauver une vie, c’est le geste ultime. »

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Un métier, une passion Selon Ophélie Fontana, choisir son métier en analysant les débouchés est une erreur. « Il faut être passionné par ce qu’on fait, soutient la journaliste. Si on a la passion, l’envie et le courage, même si on entend que le secteur est bouché et qu’il n’y a pas d’opportunité d’emploi, il faut foncer. » Elle insiste cependant sur le fait qu’il est indispensable d’être actif dans sa démarche: « Rien ne tombe du ciel et encore moins dans le milieu du journalisme. Il ne faut pas compter ses heures, il faut se démarquer, aller vers les gens, être curieux et à l’écoute… ». Aujourd’hui encore, elle le constate chaque jour, les jeunes restent émerveillés pas la télévision et la radio et ce, malgré que les médias soient en pleine mutation. « Il est nécessaire de garder le bon de ce que les générations antérieures ont mis en place, en y greffant le bon de ce que peuvent apporter les jeunes en matière de nouvelles technologies. De belles choses sont encore à venir. » Pour réussir, conclut-elle, quel que soit le domaine choisi, l’essentiel est de garder une part de rêve, de croire en soi et de mettre toutes les chances de son côté pour y arriver.


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