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N° 37 • Été 2012

Vieux Grenadiers LE SENS DES VALEURS DEPUIS 1749

Riviera DANS LA LUMIÈRE DE LA CÔTE D’AZUR

Rencontre KARL LAGERFELD : LE NOIR ET LE BLANC EN MAJESTÉ

Culture BALADE AU PAYS DE GIOCOMO PUCCINI


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Éditorial our ceux qui me connaissent depuis longtemps, il y a exactement 4 années et 265 jours, que je prévoyais l'issue fatale du 6 mai 2012. Juste après les 100 premiers jours qui suivirent le 7 mai 2007, le Président sortant était victime du syndrome de Brassens ! Quand Georges Brassens est apparu pour la 1ère fois à la télévision, le lendemain, il n'était question que des moustaches et de la guitare de Georges Brassens. Les électeurs hexagonaux n'ont retenu que le Fouquet's et le yacht de Bolloré, bien plus que la perte du triple A ou les ravages de la crise. À bien réfléchir, bon nombre de similitudes sont à observer avec le septennat de Valéry Giscard d'Estaing : 1 - Les deux présidents furent élus, l'un et l'autre à l'orée de leurs cinquante ans. L'un un peu avant, l'autre un peu après. 2 - De suite élus, les méfaits du 1er choc pétrolier plombait l'un, quand la crise tétanisait le second. 3 - Dès leur prise de fonction, ils se sont acharnés sur celui qui, de par son action, a favorisé leur accession vers la marche suprême. L'un Jacques Chirac, l'autre Dominique de Villepin. 4 - Les affaires... Les Diamants pour l'un, Karachi et Bettancourt pour l'autre. 5 - Occasionnant au terme de leur mandat, l'un comme l'autre, le retour de la gauche au pouvoir. 6 - Favorisant 31 années après, l'arrivée d'un second François... À bien des égards, nos compatriotes hexagonaux se sont exprimés différemment des expatriés, notamment en Suisse. L'immense majorité, sans renier ses convictions, loin d'être indifférente aux arguments développés par chacun, a préféré s'exprimer dans le calme et le silence de l'isoloir, plutôt que

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Nousvoicidonc dansl’opposition!

Expatria Cum Patria • Association nationale des Français établis hors de France - Loi 1901 Président-Fondateur : Serge Cyril Vinet Vice-Président : Jean-Jacques Poutrieux Secrétaire Général : Marie-Thérèse Clausen

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Sommaire

l'enthousiasme des foules militantes extraverties. Aujourd'hui, notre charge, et elle est de taille, c'est de faire comprendre à la nouvelle gouvernance qu'elle aura en face d'elle une opposition résolument constructive, alliant la compétence et la rigueur, sans complaisance ni allégeance aucune. Je crains que celles et ceux qui se sentent obligés d'être soutenus par un parti en désuétude, faute de n'avoir pas de convictions suffisantes pour se soutenir eux-mêmes, doivent regarder la réalité en face. Le Centre, ou ce qu'il en reste, va tenter de se “recentrer” autour de François Bayrou, qui peut encore espérer une carrière, mais plus jamais un destin. Les caciques, ou prétendus tels, de l'UMP, ont devant eux, quoiqu'ils en disent, un champ de ruine. En personnalisant le pouvoir à outrance, le Président sortant s'est condamné lui-même, son parti et ses dirigeants. La bataille de succession fait rage, déjà. Les Présidentielles sont dans 5 ans. C'est des Législatives dont il s'agit aujourd'hui. Les interrogations subsistent : souhaitez-vous un député qui veuille, en défendant les intérêts de chacun, proposer des solutions ? Et qu'il en soit capable ? Ou estimez-vous plus confortable de s'en remettre à un parti, même à la recherche de son identité ? Quels sont ceux de l'équipe encore au pouvoir, il y a seulement quelques jours, qui vont sauver leur tête ? Qui, des rescapés, pourra prétendre à rassembler l'Opposition et d'en dégager une véritable Force de propositions, en vue d'une alternance possible en 2017 ? C'est tout l'enjeu ! Le profil d'“Homme d'État” ne court pas les rues… Pendant ce temps-là, Marine Le Pen applique insidieusement deux devises mitterandiennes : « Donner du temps au temps » et « La Force Tranquille » SERGE CYRIL VINET, Conseiller élu AFE (2001), Membre de la commission des finances, Candidat de la Droite Républicaine, Libre & engagé, 6e circonscription Suisse & Liechtenstein, Membre du Conseil d'Administration de l'Association Nationale des Collaborateurs de Ministres et de Parlementaires

Le Sommet de l’Otan à Chicago . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 04 Guerres oubliées, souffrances ignorées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 08 Entretien avec Édouard Courtial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 12 Deux Soutiens à Serge Cyril Vinet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 16 La modification du régime matrimonial. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 18 Choisir la communauté universelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 20 Prendre des dispositions testamentaires à l’étranger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 22 L’actualité de la Retraite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 24 Le Jeu de l’Oie de Jean-Jacques Rousseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 27 La fiscalité des donations et des successions internationales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 28 Les plus-values immobilières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 29 Pour mieux “voir” Genève . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 30 Les Vieux Grenadiers, le sens des valeurs depuis 1749 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 32 De nouvelles institutions au service des handicapés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 36 Le Naturel pour les troubles dermatologiques des enfants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 40 Après 45 ans, un boucher archidécoré rend son tablier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 43 « Puisque les candidats l’occultent, parlons finances… ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 44 « Et l’on doit ce respect au pouvoir absolu de ne discuter rien quand un Roi l’a voulu » . P. 46 Au secours, les impôts reviennent ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 47 Les Jardins de Bagatelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 55 Diplômes de formation médicale spécialisée et approfondie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 56 Pierre-Auguste Renoir, co-inventeur de l’impressionnisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 60 Daniel Swarovski Sous le Cygne de la réussite. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 66 Karl Lagerfeld Le noir et le blanc en majesté. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 70 “Les Secrets du Gotha” . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 86 Balade au pays de Giacomo Puccini. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 88 Menton, perle rare dans un écrin de citron. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 98 Grasse Des fleurs et des parfums. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 104 L’Absinthe ne sera pas absente de sa route . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 108 2e Championnat suisse des Écaillers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 112 Quand le Globe-trotteur nous est conté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 114 Qui sont les bénévoles ?… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 120 2012 Les yeux vers Marseille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 122 Quel régime supporter ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 124 Vous nous écrivez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. 128 3

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Éditeur, Directeur de la Publication, Directeur de la Communication Victor Nahum Rédacteur en chef Véronique Bidinger Rédacteur en chef Adjoint Didier Assandri Éditorialiste Thierry Oppikofer Directeur du Comité de Rédaction Bernard Daudier Édito : Serge C. Vinet Politique internationale : Robert Del Picchia Entretien, Des nouvelles du Sénat : Christiane Kammermann Soutiens : Bernard Daudier Genève : Christian Vellas À l’écoute de Alain Brosshard : Pierre Oliviéro Santé & Bien-être : Marc Thiémard Portrait : Marc Breton La Voix des Français de l’Étranger, Dossier Fiscalité : Serge Cyril Vinet Rose Passion, Le billet de Dany : Dany Vinet Professions de la Santé : Hélène Duchêne, Patrick Hetzel, Annie Podeur Peinture : Véronique Bidinger Rencontre : Béatrice Delmotte Chronique littéraire : Dominique Ortiz Balades culturelles : Kathereen Abhervé Dans la lumière de la Côte d’Azur : Françoyse Krier Écho d’absinthe et des Prix et Trophées suisses : Alain Barrière Carnet de voyage : Pierre Croux Boulisme : Marc Pheulpin Gastronomie : Jean-Jacques Poutrieux Courrier des Lecteurs : G. J. Huguenot Régie publicitaire Daedalus Publi FM Imprimerie PCL Presses Centrales SA Conception graphique Raphis Tirage : 82.000 exemplaires vérifié par attestation notariale


Politique internationale

Lesommetdel’OTANàChicago

C’est le premier vrai sommet international pour le nouveau Président français après le G8 du 18 mai. Ce n’est pas non plus un sommet européen, mais le Sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’Alliance atlantique. Il se tient à Chicago, ces 20 et 21 mai 2012. Un sommet qui, au-delà du militaire, a, cette fois, un caractère très politique. Outre les agendas électoraux tels que les élections de Russie et de France avec, à l’horizon, celle des États-Unis qui influera la vision internationale de Barack Obama, les décisions de Chicago feront bouger les positions des alliés sur l’Afghanistan et l’“après Afghanistan”. C’est-à-dire 2014 pour les Américains. meilleure sécurité, à travers une moindre expression au combat. D’autre part, les États-Unis souhaitent renforcer les programmes de formation des recrues afghanes, tout en accordant une plus grande importance à la recherche des talibans et d’autres groupes d’insurgés.

our le Président français, il faudra entrer dans le vif du sujet quelques jours après son arrivée à l’Élysée. Il aura à justifier sa position de “campagne électorale”, à savoir un retrait total des troupes françaises d’Afghanistan à la fin de cette année, alors que le Président Sarkozy avait prévu et annoncé pour fin 2013. Cette annonce du retrait dès 2013 des forces de combat pour Nicolas Sarkozy, laissait déjà entendre des discussions délicates avec nos alliés au sein de l’OTAN pour construire une “sortie responsable”. 2012 paraît encore plus difficile pour le nouveau Président… D’autant qu’une nouvelle stratégie des États-Unis pour l’Afghanistan semble se dessiner. Washington, premier contributeur à l’ISAF, avec près de 90 000 soldats, prévoient ainsi de restreindre progressivement leurs opérations de combat, en favorisant plutôt les interventions dites “chirurgicales” des forces spéciales. À travers ce nouveau plan, les États-Unis poursuivent plusieurs objectifs. D’une part, il s’agit de mettre en première ligne les forces de sécurité afghanes, afin de pouvoir tester leur capacité et retirer en même temps plus rapidement les troupes conventionnelles, tout en leur assurant une

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La nouvelle position de l’OTAN en Afghanistan Même si, officiellement, le secrétaire général de l’OTAN affirme que rien n’a changé par rapport au calendrier de retrait décidé lors du Sommet de Lisbonne en novembre 2010, les États engagés en Afghanistan sont en train de préciser les modalités du redéploiement de leurs troupes. La question de la présence de l’OTAN au-delà de 2014, et notamment la définition d’un partenariat stratégique crédible avec les afghans pour l’après 2014, avec une présence de formateurs, est également posée. À cet égard, la question essentielle sera de savoir qui paye, combien et pendant combien de temps ? La publication récente d’un rapport secret de l’OTAN, qui illustre l’emprise du Pakistan sur les insurgés en Afghanistan et le risque d’une déstabilisation du pays FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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des États-Unis (on évoque une baisse de l’ordre de 450 à 1 000 milliards de dollars sur les dix prochaines années), qui devrait avoir des conséquences sur le positionnement des États-Unis en Europe, pourrait toutefois conduire les pays européens à être placés devant leurs responsabilités.

après le retrait des troupes de combat de l’OTAN, ainsi que le nombre de morts civils en 2011 (plus de 3 000 victimes selon un rapport des Nations Unies), montre que les choix stratégiques du Sommet de Chicago seront déterminants pour le succès ou non de la transition et de la stabilité de l’Afghanistan après Dans un contexte général de désengagement des ÉtatsUnis du continent européen et de recentrage vers l’Asie, ainsi que de tensions accrues sur les budgets de défense chez la plupart des pays membres de l’OTAN, en raison des conséquences de la crise économique et financière, ce Sommet est l’occasion pour le Président Barack Obama de marquer l’attachement des États-Unis au lien transatlantique, mais aussi de rappeler la volonté américaine d’une plus grande responsabilité des Européens pour assurer leur propre sécurité.

Les financements Après plusieurs mois de discussions marquées par de forts désaccords entre les alliés, notamment entre la France et le Royaume Uni, d’un côté, et de l’autre, les États-Unis et l’Allemagne, les ministres de la défense des États membres de l’OTAN sont parvenus récemment à un accord concernant les modalités d’acquisition, de financement et de mise en commun du système de surveillance du théâtre (AGS - Alliance Ground Surveillance). Treize pays participeront directement au financement de l’acquisition de cinq drones américains Global Hawk, alors que la France et la Grande Bretagne contribueront “en nature” en liant leur propre système, le britannique Sentinel et le français Heron, à celui de l’OTAN. Les coûts liés au fonctionnement de l’AGS (in-

L’Union européenne et l’Otan Pendant longtemps, les États-Unis s’opposaient à l’émergence d’un pôle européen au sein de l’OTAN. Aujourd’hui, il semble qu’au-delà de la réaffirmation de l’attachement traditionnel à l’Alliance atlantique, l’OTAN ne semble plus avoir la même priorité aux yeux des États-Unis, du fait des préoccupations immédiates (difficultés en Afghanistan, crise iranienne) et de la montée des enjeux stratégiques en Asie. Le nouveau concept stratégique de l’OTAN, adopté lors du Sommet de l’Alliance atlantique qui s’est tenu à Lisbonne, les 19 et 20 décembre 2010, reconnaît, pour la première fois, le rôle de l’Union européenne en tant qu’acteur de sécurité, et l’importance d’une Europe de la défense plus forte et plus performante. Enfin, l’intervention de l’OTAN en Libye, et la position volontaire de retrait joué par les États-Unis, pour laisser le rôle de premier plan à la France et au Royaume-Uni, semble illustrer une certaine volonté des États-Unis de laisser plus de responsabilités aux pays européens en matière de sécurité, notamment lors des opérations qui concernent leur voisinage immédiat et qui ne mettent pas en cause directement leurs intérêts. Pour autant, la diminution drastique des dépenses de défense dans la plupart des pays européens, en raison de la crise économique et financière (comme l’Allemagne, la République tchèque, la Hongrie ou les PaysBas) et les lacunes capacitaires des européens, y compris de la France et du Royaume-Uni lors de l’intervention en Libye (les États-Unis ont assuré 90 % du ravitaillement en vol et 90 % du renseignement) illustrent l’étroite dépendance capacitaire des pays européens à l’égard des États-Unis. Ainsi, on constate que si les pays Européens ont accepté de s’engager, lors du Sommet de l’OTAN de Lisbonne, dans le système de défense anti-missiles de l’OTAN du territoire et des populations en Europe, aucun pays européen ne semble prêt à contribuer financièrement ou par des capacités concrètes à ce système, dont les éléments sont, pour l’instant, entièrement américains. La forte diminution envisagée du budget de la défense

Le Secrétaire Général de l’Otan, M. Anders Rasmussen, ancien premier ministre du Danemark.

frastructure, communication satellitaire) et de maintenance seront assurés par le budget de l’OTAN. Alors que les Américains seront moins enclins à investir dans l’OTAN, sans jamais en abandonner la conduite, ils appellent à ce que le fardeau soit pris de façon plus équilibrée par les européens. Il y a aussi des intérêts industriels en jeu et l’industrie américaine est aux aguets pour répondre avec des prix cassés aux nouvelles répartitions des efforts. En clair, pour les Européens qui devront débourser plus pour “le nerf de la guerre”. La France et la Grande Bretagne - seuls budgets défense importants en Europe - se tourneront vers les alliés européens, en particulier l’Allemagne qui, pour l’instant, semble jouer l’arlésienne coté budget défense…

La France et l’Otan Membre fondateur de l’Alliance atlantique, la France est 5

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Politique internationale

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l’un des contributeurs essentiels de l’OTAN. Depuis la fin de la guerre froide, la France est de manière constante l’un des premiers contributeurs en troupes dans les opérations de l’OTAN, avec un haut niveau de qualité et disponibilité de nos forces : Kosovo : 1 600 hommes, 3e contributeur, commandement de la KFOR de septembre 2007 à septembre 2008. Afghanistan (FIAS) : près de 4 000 hommes, 4e contributeur. Libye : 4 200 hommes engagés au plus fort des opérations. En termes budgétaires, la France est l’un des bailleurs de fonds les plus importants de l’OTAN. Pour le budget des opérations, l’envoi de troupes étant à la charge des nations, la France supporte une part majeure de l’effort allié ; notre pays est aussi le 5e contributeur aux budgets ordinaires (budget civil - 13,75 % - 26 millions d’euros ; budget militaire - 12,87 % -105 millions d’euros ; nouveau siège : 93 millions d’euros). Au plan politique, bien qu’absente de la structure militaire intégrée à partir de 1996, la France a été, dans les années 1990, l’un des promoteurs du pilier européen au sein de l’Alliance, dont il reste notamment aujourd’hui les accords dits de Berlin plus. la France a aussi été à l’origine de la création de la relation OTAN-Russie. La participation de la France aux opérations de l’OTAN en 1992 en Bosnie-Herzégovine a permis d’approfondir sa relation avec les instances militaires. Depuis 1994, le Ministre de la défense et le chef d’État-major français prennent part aux réunions de leurs homologues. À partir de 1995, la France siège au Comité militaire et permet à des officiers français de servir au quartier général des forces alliées en Europe, dans les états-majors de niveau opératif, et dans certains organismes du commandement pour la transformation. En 2008, Le Président de la République a lancé un large débat public sur la “réintégration” de la France dans l’OTAN, À l’issue de ce débat, il a annoncé, lors du Sommet de l’Alliance de 2009, la réintégration pleine et entière de la France dans les structures de commandement et organes de l’Alliance atlantique (à l’exception du comité des plans nucléaire). Le Parlement s’est prononcé le 18 mars 2009 en faveur de la pleine participation de la France aux structures militaires intégrées de l’OTAN. Sur le plan opérationnel, la pleine participation de la France à la structure de commandement militaire intégrée doit permettre à notre pays de participer efficacement à l’élaboration des plans d’opérations. À noter que la réintégration pleine et entière de la France s’est traduite par une forte augmentation du nombre d’officiers français insérés au sein des structures, des états-majors

ou des organes de l’OTAN (environ 900 aujourd’hui). Les enseignements de l’intervention de l’OTAN en Lybie ont confirmé la pertinence des thèses françaises concernant la nécessité d’une réforme de la structure de l’OTAN, afin de la rationaliser, la rendre plus réactive et plus déployable. Lors du Sommet de Chicago, le Secrétaire général de l’OTAN devrait donc présenter l’état des réformes engagées sur lesquelles l’OTAN joue sa crédibilité (politique, médiatique, militaire).

Le système de défense anti-missiles L’OTAN a décidé la mise en place lors du Sommet de Lisbonne, d’une volonté stratégique de protection du territoire et des populations. Après le début en 2011 du déploiement d’éléments de ce système, essentiellement américains, en Europe, une capacité intérimaire devrait être déclarée, même a minima, sans difficulté, l’important étant de marquer une étape concrète, même modeste, dans la construction du système. En revanche, malgré le souhait d’aboutir à un accord entre l’OTAN et la Russie sur ce dossier, de nombreux désaccords persistent et il est peu probable que le Sommet de Chicago puisse parvenir à surmonter les divergences actuelles, qui portent principalement sur le souhait de Moscou d’un engagement formel de l’OTAN selon lequel ce système ne serait pas dirigé contre la Russie, ce que refusent pour l’instant les États-Unis.

Les décisions de Chicago feront bouger les positions des alliés sur l’Afghanistan et l’“après Afghanistan”.

L’avenir de l’Otan avec la Russie ? Et pourquoi pas ! Les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN, à l’instar d’Hillary Clinton, ont rencontré récemment leur homologue russe à Bruxelles. Ce conseil marquait le 10e anniversaire des rencontres entre l’OTAN et la Russie. Chaque camp évite de plus en plus les sujets qui fâchent, pour se concentrer sur la coopération. Ainsi, on a parlé d’un plan en discussion autorisant l’OTAN, pour la première fois, à avoir une base en Russie. Il s’agit de faciliter le transit de matériel avec l’Afghanistan, préparant le retrait de l’OTAN en 2014. Selon son Secrétaire général, l’OTAN veut approfondir la proposition de transit faite par la Russie en ce qui concerne la mission de l’OTAN en Afghanistan. Le lieu choisi est géographiquement stratégique mais hautement polémique. La ville, Oulianovsk, n’est autre que le lieu de naissance de Lénine. « Plusieurs types de biens de la communauté internationale transitent déjà de manière efficace par la Russie, pour soutenir la sécurité en Afghanistan », Selon Sergueï LAVROV, ministre des Affaires étrangères de la Russie. Les autres coopérations potentielles sont aussi au cœur des discussions de ce conseil : lutte contre le terrorisme, la piraterie maritime et le trafic de stupéROBERT DEL PICCHIA VICE-PRÉSIDENT fiants. On est bien loin de la guerre froide à l’origine DE LA COMMISSION DES de la création de l’Otan, même si les intérêts partaAFFAIRES ÉTRANGÈRES gés restent limités… et les intérêts nationaux touDE LA DÉFENSE ET DES FORCES ARMÉES jours d’actualité… François Hollande devra les AU SÉNAT défendre ! FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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L’OTAN e Traité de l'Atlantique Nord, signé à Washington le 4 avril 1949, a institué l'Alliance atlantique. L'objectif de l'OTAN consiste à garantir la liberté et la sécurité de tous ses membres par des moyens politiques et militaires, à défendre les valeurs que constituent la démocratie, les droits de l'homme et l'État de droit, et à contribuer à la paix et à la stabilité dans le monde. En 1991, la disparition de l'URSS lui a enlevé sa raison d'être initiale. Cependant, l'Otan a su s'adapter à cette évolution pour rester un pilier essentiel de la sécurité de ses membres. Depuis 1949, l'Alliance s'est progressivement élargie pour passer de 12 à 28 États membres. L’OTAN et la Russie sont désormais partenaires stratégiques. En 2009, la France a annoncé sa réintégration pleine et entière dans les structures et organes de l’OTAN (à l’exception du groupe des plans nucléaires).

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LES MISSIONS DE L’OTAN La défense collective. C’est la mission première de l'Alliance. L'article 5 du traité se réfère au droit de légitime défense collective reconnu par la Charte des NationsUnies. Il stipule qu'une attaque armée contre l'un ou plusieurs des membres de l'OTAN sera considérée comme une attaque dirigée contre eux tous. L'OTAN a invoqué l'article 5 pour la première fois de son histoire à la suite des attaques terroristes du 11 Septembre 2001 contre les États-Unis. Les nouvelles menaces. Depuis la création de l'OTAN, les menaces auxquelles doivent faire face les Alliés ont considérablement changé. Aujourd'hui, il n'y a plus de frontières aux nouvelles menaces telles que le terrorisme, la prolifération des armes de destruction massive et des missiles, les cyber-attaques, la piraterie, l'insécurité énergétique, etc. Détecter et lutter contre ces nouvelles menaces afin d'assurer la paix, la stabilité et la sécurité dans la région euro-atlantique est la priorité de l'Alliance. En 2010, lors du Sommet de Lisbonne, l’OTAN s’est doté d’un nouveau concept stratégique, qui énonce les nouveaux défis de l’Alliance. L’ORGANISATION DE L’ALLIANCE Organismes civils > Le Conseil de l'Atlantique Nord (North Atlantic CouncilNAC). Il est l'organe le plus élevé de l'Alliance. Composé de représentants permanents de tous les pays membres (ambassadeurs), il se réunit au moins une fois par semaine. Il peut être convoqué en format des chefs d'État et de Gouvernement, ou à un niveau ministériel. Sa présidence est assurée par le secrétaire général de l'OTAN. Les vingt-huit pays ont les mêmes droits à la table du Conseil. Les décisions sont prises à l'unanimité. > Le Comité des plans de défense (Defence Planning Committee DPC). Composé d'ambassadeurs et se réunissant au moins deux fois par an au niveau des ministres de la Défense, il traite de la plupart des questions de défense dont celles relatives à la planification de défense collective. > Le Groupe des plans nucléaires (Nuclear Planning Group-NPG). C'est la principale enceinte où se déroulent les consultations sur toutes les questions relatives au rôle des forces nucléaires dans le cadre de la politique de sécurité et de défense de l'OTAN. > Le Secrétaire général (SecGen). Il préside le NAC, le DPC, le NPG et les principaux autres comités. Il est également le porte-parole de l'Organisation. Depuis 2007,

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cette fonction est assurée par M. Anders Rasmussen, ancien premier ministre du Danemark. > Le Secrétariat international. Sous l'autorité du Secrétaire général, le Secrétariat international prépare les réunions du Conseil et recherche le consensus pour le processus de prise de décision. Composé d'environ 1 150 ressortissants de tous les pays membres, il assure également le suivi des décisions prises au sein des Comités de l'OTAN. Organismes militaires > Le Comité militaire (Military Committee-MC). Il est chargé de faire des recommandations aux autorités politiques de l'OTAN concernant les questions militaires et donne des directives aux commandements stratégiques de l'OTAN. Il se compose des chefs d'État-major des armées de chacun des pays-membres et se réunit deux fois par an. > L'État-major international (International Military StaffIMS). Il est chargé de préparer les réunions du Comité militaire. Tous les pays y sont représentés (400 personnes). > La structure de commandement de l’OTAN (Nato Command Structure-NCS). Sous le contrôle et l'orientation des autorités politiques au plus haut niveau, la structure de commandement sert de cadre à l'organisation de la défense des pays membres face aux menaces dirigées contre leur sécurité ou leur stabilité. Elle comprend un réseau de grands commandements militaires. Ce réseau d'états-majors compte environ 13 000 postes (civils et militaires, sans compter les effectifs mis en place par les nations au titre du soutien national). La fin de la Guerre froide a entraîné une révision de cette organisation avec deux structures de commandement de niveau stratégique de nature différente : - l'Allied Command for Operations (ACO) chargé de la planification et de la conduite des opérations de l'OTAN depuis Mons en Belgique ; - l'Allied Command for Transformation (ACT) chargé de la transformation des capacités militaires de l'Alliance, de la réflexion sur les défis, les besoins et les missions futurs, depuis Norfolk aux États-Unis. Il a été confié au Général français ABRIAL. LES OPÉRATIONS DE L’OTAN Après la fin de l’intervention en Libye, l'OTAN conduit actuellement 2 opérations terrestres majeures ainsi que 2 opérations maritimes : - l'opération de la force internationale d'assistance à la sécurité (FIAS) en Afghanistan ; - l'opération Joint Enterprise au Kosovo ; - l'opération de lutte contre la piraterie Ocean Shield en Océan indien (OOS) ; - l'Opération de lutte contre le terrorisme Active Endeavour en Méditerranée (OAE). Elle est également impliquée dans la formation de l'armée irakienne, avec la NATO Training Mission - IRAK (NTM-I), et le soutien apporté à l'Union Africaine. La France s'est attachée à participer d'une manière active et durable aux opérations décidées par l'Alliance. Avec un volume de forces significatif qui la classe au 4e rang des contributeurs aux opérations de l'OTAN, elle est engagée aujourd'hui, en Afghanistan et dans les Balkans, avec un total de près de 4 500 militaires déployés et participe régulièrement avec ses moyens aéromaritimes. À noter un engagement important dans le cadre de l'opération européenne de lutte contre la piraterie Atalante.

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Humanitaire

DES VIES ET DES FOYERS DÉTRUITS Sorovo Sarvatorlopal, père de sept enfants, devant les restes de sa hutte à Gubere Bassima, petit village proche de la ville d’Obo. Les habitants du village ont fui en 2009 après une attaque attribuée à un groupe armé appelé “l’Armée de résistance du Seigneur. Voici deux mois, la femme et la sœur de Sorovo Sarvatorlopal ont disparu alors qu’elles étaient parties en quête de nourriture tout près d’Obo. Il raconte que des chasseurs ont trouvé leurs corps par la suite, loin à l’intérieur de la jungle.

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Guerres

oubliées souffrances ignorées

La République centrafricaine, l’un des pays les plus pauvres du monde, est déchirée par des conflits aussi complexes qu’imprévisibles. Si les combats dans les pays voisins font parfois parler d’eux, on n’évoque que rarement la violence en Centrafrique et les débordements des conflits en cours dans les pays limitrophes. Ces photographies, dues à Marko Kokic, du CICR, ont été prises dans deux zones périphériques du pays et montrent certaines des répercussions de la violence : une vision partielle d’une tragédie bien plus vaste.

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UNE DEUXIÈME CHANCE Cette fillette a été enlevée par l’Armée de résistance du Seigneur en mars 2008. Elle a réussi à fuir et à retrouver sa communauté à Obo en avril 2010. « Mes cauchemars ne cesseront que lorsque je serai sûre d’être assez loin, dans un lieu où ils ne pourront jamais me retrouver », dit-elle.

UN COURS DE DROIT HUMANITAIRE Ces membres des forces armées de la République centrafricaine écoutent un cours sur le droit international humanitaire donné par un délégué du CICR et par la Société de la Croix-Rouge centrafricalne.

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SE BATTRE POUR SURVIVRE

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Les hommes d’Obo ont formé une milice populaire pour protéger leurs familles des groupes armés et des bandits qui, depuis la fin de 2008, commettent vols, enlèvements et meurtres. Les miliciens utilisent des armes artisanales.

UNE SITUATION PRÉCAIRE Le conflit et le banditisme ont forcé des milliers de personnes à fuir leur foyer. Ce camp pour personnes déplacées, à la périphérie dObo, accueille près de 5 000 personnes, toutes originaires de villages proches qui ont été attaqués par un groupe armé. Leur arrivée a multiplié par deux la population d’Obo.

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LE CHOC DES CULTURES Dans la province septentrionale d’Ouham, des affrontements opposent souvent les bergers en quête de pâtures et les agriculteurs locaux.

GOUTTES D’ESPOIR Le CICR et la Société de la Croix-Rouge centrafricaine aident les villageois à avoir accès à de l’eau salubre, ressource vitale. C’est l’un des volets de l’effort de réinstallation dans les villages abandonnés après les attaques en 2007. Pillés et détruits en grande partie par les attaquants, les villages sont restés désertés jusqu’à une date récente, lorsque leurs habitants sont revenus, parfois d’aussi loin que le Tchad. QUATRE MURS ET UN PETIT ESPACE HUMANITAIRE Dans le village d’Ouogo, un cours d’introduction au droit international humanitaire est donné par le CICR et la Société de la Croix-Rouge centrafricaine à des membres de l’Armée populaire pour la restauration de la démocratie.

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Entretien avec…

Édouard

Courtial

MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPÉENNES SECRÉTARIAT D’ÉTAT CHARGÉ DES FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER Déconventionnement de l’institution Jeanne d’Arc à Dakar

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Cette situation représente une grande préoccupation pour l’AEFE qui va devoir, non seulement répartir les enfants entre les différents établissements, mais aussi s’occuper des enseignants, qui, pour certains, ont fait leur vie au Sénégal, étant mariés localement. Concernant la répartition des enfants, le Lycée Jean Mermoz a déjà fait le plein. L’AEFE prospecte auprès des autres écoles. Cette volonté unilatérale de la congrégation arrive au mauvais moment car l’AEFE a du mal à maintenir les contrats locaux dans les établissements sénégalais. Toutes les aides et soutiens seront nécessaires pour cette difficile période qui s’annonce. Chaque semaine, notre conseiller à l’AFE gère une dizaine de RDV et une quinzaine d’appels de la communauté française, libanaise et sénégalaise, inquiète de la situation. Par lettres du 25 février 2011 et 30 juin 2011, la Congrégation des Sœurs Saint Joseph de Cluny a unilatéralement demandé le déconventionnement de l’Institution Sainte Jeanne d’Arc, établissement conventionné avec l’AEFE depuis 1994. D’abord prévu pour la rentrée 2011, puis repoussé à celle de 2012, ce déconventionnement a conduit l’AEFE à supprimer, au 31 août 2012, des emplois de résidents et expatriés. Malgré son souhait de maintenir l’établissement (tous ses niveaux) dans le réseau de l’AEFE comme établissement homologué, la Congrégation fait face aux interrogations des familles sur l’offre pédagogique de l’Institution à la rentrée prochaine. De nombreux départs d’élèves ont déjà été enregistrés : 1145 élèves en septembre 2010, 880 en septembre 2011. Concernant la rentrée 2012 : 1. Enseignants - agents expatriés de l’AEFE : ceux qui n’étaient pas en fin de mission ont tous été (ou seront) convoqués pour des entretiens en vue d’une éventuelle nouvelle affectation. - enseignants résidents : le transfert d’élèves au lycée Mermoz (qui atteindra en conséquence sa capacité maximale, soit 2 500 élèves), entraînera la création de 6 postes de résidents, proposés en priorité aux enseignants résidents de l’Institution. Si d’autres postes venaient à se libérer, ils seraient prioritaires au lycée Jean-Mermoz ou pour les mouvements de résidents dans l’ensemble de la zone “Afrique subsaharienne”. 2. Elèves

ALGRÉ SON SOUHAIT DE MAINTENIR L’ÉTABLISSEMENT (TOUS SES NIVEAUX) DANS LE RÉSEAU DE L’AEFE COMME ÉTABLISSEMENT HOMOLOGUÉ, LA CONGRÉGATION FAIT FACE AUX INTERROGATIONS DES FAMILLES SUR L’OFFRE PÉDAGOGIQUE DE L’INSTITUTION À LA RENTRÉE PROCHAINE.

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Malgré le transfert au lycée Jean-Mermoz (notamment pour les classes bilingues au 1er degré), l’AEFE soutient l’établissement qui souhaite son maintien dans le réseau (des rencontres ont lieu à cette fin à I’AEFE entre représentants de l’enseignement catholique et l’Assistante générale de la Congrégation des Sœurs de Cluny). L’objectif étant de préserver les niveaux du 1er degré (recrutement par l’ISJA de titulaires) et le collège. Une mission du secteur Afrique subsaharienne de l’AEFE a été menée les 15 et 16 novembre dernier à Dakar.

Mutuelles des Français de l’étranger, inscription sur les formulaires > Christiane Kammermann : Un de nos conseillers a vu son contrat résilié sans explication car vivant plus de 90 jours hors de France et avec une adresse à l’étranger non conforme aux questionnaires. À ce propos, beaucoup de compatriotes de l’étranger rencontrent des difficultés avec les questionnaires français où ils ne peuvent pas inscrire leur adresse à l’étranger (ex. de M. Cœurdevey).

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Édouard Courtial : À titre liminaire, il convient de souligner que cette question porte sur des contrats de droit privé, liant une mutuelle et un de ses adhérents. Le ministère des affaires étrangères et européennes n’a pas de titre pour intervenir dans une telle relation contractuelle. La question comporte deux volets : - maintien des prestations des mutuelles en cas de résidence à l’étranger, - formulaires en ligne qui n’acceptent que les adresses métropolitaines avec code postal valide. 1. Sur la question de la suspension des prestations, il appartient à l’intéressé de vérifier les clauses de son contrat : - Si le contrat est destiné à des assurés résidants en France, il est normal que les dépenses de santé à l’étranger ne soient prises en charge qu’à l’occasion de voyages de courte durée. Les primes ou cotisations sont en effet calculées en fonction des prix pratiqués par le système de santé français. - Si la mutuelle n’offre pas de contrat spécifique pour les personnes résidant à l’étranger, ou y effectuant des séjours régulierset prolongés, l’intéressé peut également adhérer à la Caisse des Français de l’étranger. 2. La question des formulaires et questionnaires dématérialisés à remplir sur Internet est bien connue. Généralement, les organismes, services ou marchands destinant leurs prestations aux personnes résidant en France ou à l’étranger prévoient, dans leurs formulaires en ligne, la possibilité d’enregistrer des adresses non conformes aux codes et usages français (code postal notamment). Le pays de résidence fait alors souvent l’objet d’une liste déroulante. Lorsque ces formulaires n’acceptent pas d’adresses non formatées selon les règles de la Poste, c’est le résultat, soit d’un vice de conception à signaler à l’administrateur du site, soit d’une volonté délibérée les résidents à l’étranger d’une prestation contractuellement réservée aux personnes domiciliées en France. Ce point doit être clarifié au cas par cas avec le prestataire.

régi par l’art. 316 du code civil. La reconnaissance a un effet absolu et établit la filiation, sauf à être contestée en application de l’art. 332 du code civil en vertu duquel « la paternité peut-être contestée en rapportant la preuve que le mari ou l’auteur de la reconnaissance n’est pas le père. » L’art. 336 du code civil permet au Procureur de la République de contester la reconnaissance si « des indices tirés des actes eux-mêmes la rendent invraisemblable ou en cas de fraude à la loi ». Il est nécessaire de distinguer reconnaissance mensongère de la reconnaissance frauduleuse : - le caractère mensonger d’une reconnaissance ne suffit pas à la contester, notamment lorsqu’en reconnaissant volontairement un enfant qu’il sait ne pas être le sien, son auteur s’engage vis-à-vis de l’enfant et de la mère à se comporter en père en subvenant notamment aux besoins de celui qu’il a reconnu. - la reconnaissance frauduleuse est souscrite avec l’intention exclusive de faire obtenir un avantage lié à la qualité de parent d’un enfant français et non d’en assurer l’entretien et l’éducation. Enfin, l’intérêt légitime de l’enfant est toujours au centre des préoccupations.

E N’EST QUE LORSQU’UN PARENT DEMANDE LA TRANSCRIPTION DE L’ACTE DE NAISSANCE DE L’ENFANT, AU POSTE COMPÉTENT, QUE LE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPÉENNES EST INFORMÉ DE CETTE RECONNAISSANCE. MAIS IL IGNORE SI D’AUTRES RECONNAISSANCES ONT PAR AILLEURS ÉTÉ SOUSCRITES PAR CE MÊME PÈRE.

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2. Les actions Certains postes sont confrontés à des reconnaissances multiples reçues par des mairies françaises pour des enfants nés à l’étranger. La fraude éventuelle est difficile à discerner lorsque le père reconnaît des enfants nés de mères différentes auprès de plusieurs mairies. Ce n’est que lorsqu’un parent demande la transcription de l’acte de naissance de l’enfant, au poste compétent, que le ministère des affaires étrangères et européennes est informé de cette reconnaissance. Mais il ignore si d’autres reconnaissances ont par ailleurs été souscrites par ce même père. L’art. 336 est appliqué dès que des indices permettent de mettre en doute la reconnaissance (éléments de dossier contradictoires : dates et lieu de naissance et déplacement, dénonciations...). Encore faut-il différencier les actions civiles et pénales qui peuvent être menées. En présence d’indices concordant, le poste saisit le Procureur de la République près le TGI de Nantes, seul compétent pour ordonner le sursis à transcription ou à exploitation de l’acte de naissance de l’enfant reconnu, qui peut transmettre pour enquête le dossier au procureur du domicile de l’auteur des reconnaissances effectuées en France. Le cas échéant, le procureur compétent

Reconnaissances multiples d’enfants au Cameroun > Par exemple, 76 enfants reconnus par un même père au Consulat de Douala et autant à Yaoundé. Ce genre de fraudes coûte très cher à la France. Comment les empêcher ? Cela se passe également sur le sol français. Exemple, un Français d’origine congolaise ayant procédé à treize reconnaissances frauduleuses de paternité au bénéfice de ressortissantes étrangères en situation irrégulière. Conclusion, de graves lacunes affectent la procédure de reconnaissance de paternité du fait des pouvoirs limités des officiers d’état-civil qui ne peuvent saisir le Procureur de la République en cas de doute sur la validité de la reconnaissance de la paternité. 1. Les principes L’établissement de la filiation par reconnaissance est 13

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Entretien avec… >

peut saisir le juge civil, en annulation de la reconnaissance (art. 336 du code civil) et le juge pénal (art. L. 6231 du code d’entrée et de séjour des étrangers et du droit d’asile). En pratique, les enquêtes sont longues et difficiles. Également sensibilisés à cette question, les agents du service central d’état-civil (SCEC) ne manquent pas de communiquer aux postes les informations susceptibles de les aider. Les postes saisissent alors immédiatement le parquet via le bureau des affaires juridiques du SCEC et demandent au procureur d’ordonner un sursis à transcription ou à exploitation.

Établissement de Gaillac

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> Établissement de Gaillac pour les personnes âgées dépendantes 16 lits réservés pour les Français de l’étranger. L’État s’est désengagé pour le financement et le département du Tarn refuse de payer pour les Français de l’étranger. É. C. : Le Comité d’entraide des Français rapatriés (CEFR) a déjà attiré l’attention de la Direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire sur cet établissement. Aucun Français de l’étranger n’a, jusquelà, pu y être accueilli faute de prise en charge de ses frais d’hébergement par les services départementaux qui se déclarent incompétents au motif que les intéressés ne résident pas dans le département. Cette difficulté existe également dans l’Aude où les époux Goulard, rapatriés d’Afrique du Sud aux frais de l’État en janvier 2011, ont été accueillis à l’EHPAD de Montredon, sans qu’une solution n’ait été trouvée depuis pour la prise en charge des frais d’hébergement. Cette situation pose la question de leur éventuelle prise en charge par l’État. En effet, les art. L. 121.7 et L. 111.3 du code de l’action sociale et des familles prévoient la prise en charge par l’État des frais d’hébergement en établissements pour personnes âgées de personnes dont la présence sur le sol métropolitain résulte de circonstances exceptionnelles et qui n’ont pu choisir librement leur lieu de résidence. Faute d’avancée sur ce dossier, le CEFR a - avant d’envisager le dépôt d’un recours contentieux devant le Conseil d’Etat - transmis en janvier 2012 une demande d’arbitrage sur le dossier des époux Goulard à la Commission centrale d’Aide sociale, commission à la fois administrative et juridictionnelle. La décision à venir devrait faire jurisprudence. Une attestation de la Direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire confirmant que les conditions détaillées aux art. L. 121.7 et L. 111.3 sont bien remplies, a été fournie au CEFR, dans le cadre de cette demande d’arbitrage. Afin, le cas échéant, de faciliter le traitement des prochains dossiers, la Direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire s’assurera désormais qu’une telle attestation sera jointe à tous les dossiers de rapatriement débouchant sur un accueil dans les EHPAD du CEFR

ES AGENTS DU CONSULAT GÉNÉRAL DE FRANCE À MEXICO SONT EN CONTACT PERMANENT AVEC FLORENCE CASSEZ ; DES VISITES CONSULAIRES LUI SONT AINSI RENDUES DEUX À TROIS FOIS PAR MOIS AFIN DE S’ASSURER QUE SES CONDITIONS DE DÉTENTION SONT CORRECTES AU REGARD DU STANDARD LOCAL. FLORENCE CASSEZ LES JOINT AUSSI RÉGULIÈREMENT PAR TÉLÉPHONE. UN SOUTIEN ACTIF EST ÉGALEMENT APPORTÉ AUX MEMBRES DE SA FAMILLE DE PASSAGE À MEXICO.

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Le cas Florence Cassez > Le Gouvernement français continue-t-il à s’intéresser au cas de Florence Cassez ? É. C. : Depuis son arrestation au Mexique, le ministère des affaires étrangères et européennes n’a cessé de suivre avec la plus grande attention la situation de Mlle Cassez qui bénéficie de la protection consulaire définie par la convention de Vienne du 24 avril 1963 sur les relations consulaires. Les agents du consulat général de France à Mexico sont en contact permanent avec elle ; des visites consulaires lui sont ainsi rendues deux à trois fois par mois afin de s’assurer que ses conditions de détention sont correctes au regard du standard local. Mlle Cassez les joint aussi régulièrement par téléphone. Un soutien actif est également apporté aux membres de sa famille de passage à Mexico. Par ailleurs, l’évolution de la procédure judiciaire, notamment l’attente de la suite réservée au recours en révision du procès déposé devant la cour suprême le 7 mars 2011, fait l’objet d’un suivi constant. Le ministère des affaires étrangères et européennes demeure déterminé à apporter tout son soutien à Mme Cassez, ainsi qu’à ses proches. FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Défenseur des Droits

lule opérationnelle, présidée par M. Natour, directeur général du ministère libanais de la justice, se réunit régulièrement avec le consul général et l’assistante sociale du poste, en présence le cas échéant du parent résidant au Liban. Les difficultés des moyens d’action de cet organe de médiation, liées principalement à la méconnaissance de son existence par les juridictions libanaises et françaises et à la pluralité des systèmes juridiques en matière de statut de personnel en vigueur au Liban, ont été soulignées lors de la commission mixte franco-libanaise du 29 septembre 2011.

> Nouveau défenseur des droits (M. Dominique Baudis). Y-aura-t-il un service dédié aux Français de l’étranger ? É. C. : L’organigramme du Défenseur des droits n’est pas encore définitivement arrêté. Cependant, il résulte des informations reçues du Défenseur des droits, que Mme Charlotte Clavreul, Conseillère chargée des affaires internationales et de droits de l’homme, pourrait être chargée des demandes de nos compatriotes établis à l’étranger. En revanche, il est clair qu’en raison des tensions sur les effectifs, il n’est pas envisageable que du personnel de la Direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire soit affecté chez le Défenseur des droits.

Les étudiants franco-libanais effectuant leurs études de médecine au Liban > Difficultés rencontrées par les étudiants franco-libanais effectuant leurs études de médecine au Liban et qui ne peuvent pas faire leurs spécialisation en France car ils sont Français. Discrimination par rapport aux étudiants étrangers.

Médiation internationale pour les enlèvements d’enfants à l’étranger > Peut-on avoir un bilan chiffré de l’action de médiation internationale pour les enlèvements d’enfants à l’étranger ?

É. C. : La médecine est une profession réglementée en France, où seuls peuvent exercer les médecins qui ont obtenu leur diplôme dans un état membre de l’Union Européenne, de l’espace économique européen, en Suisse ou à Andorre. Les médecins libanais qui souhaitent suivre une formation de spécialisation en France ont la possibilité de postuler à un diplôme de formation spécialisée (DFMS) ou à un diplôme de formation médicale spécialisée ap-

É. C. : Liés à l’augmentation du nombre de mariages mixtes, suivis dans certains cas de divorces, les conflits parentaux concernant l’attribution et l’exercice de l’autorité parentale se poursuivent au-delà des frontières et peuvent conduire à des situations dramatiques de déplacement et de rétentions illicites d’enfants. La sous-direction de la protection des droits des personnes et de la famille, qui veille notamment à préserver les droits des mineurs placés au centre d’un conflit parental dans le respect de l’intérêt supérieur de ces enfants, suit actuellement 328 dossiers d’enlèvements d’enfants, dont certains ont été ouverts il y a plusieurs années. Les postes sont de plus en plus sollicités dans ce cadre et interviennent souvent en soutien des enfants placés au cœur de situations juridiquement complexes et humainement délicates afin qu’ils puissent rétablir leurs liens ou au moins leurs droits à un égal accès à leurs deux parents. Il est difficile de quantifier l’action des postes en matière d’aide à la médiation familiale internationale. Dans de nombreux cas, ils tentent de restaurer le dialogue entre parents pour trouver des solutions mutuellement acceptables dans l’intérêt des enfants. Le Département peut accompagner les postes dans ces actions d’aide à la médiation parfois conduites sur place par la sous-direction de la protection des droits des personnes. L’aide à la médiation proposée aux deux parents doit recueillir leur consentement. Elle peut être conduite parallèlement aux procédures judiciaires le cas échéant en cours. S’agissant en particulier du Liban, il convient de signaler le rôle de médiation de la cellule opérationnelle instituée par l’accord franco-libanais du 12 juillet 1999 concernant la coopération en matière familiale. La cel-

IÉS À L’AUGMENTATION DU NOMBRE DE MARIAGES MIXTES, SUIVIS DANS CERTAINS CAS DE DIVORCES, LES CONFLITS PARENTAUX CONCERNANT L’ATTRIBUTION ET L’EXERCICE DE L’AUTORITÉ PARENTALE SE POURSUIVENT AU-DELÀ DES FRONTIÈRES ET PEUVENT CONDUIRE À DES SITUATIONS DRAMATIQUES DE DÉPLACEMENT ET DE RÉTENTIONS ILLICITES D’ENFANTS.

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profondie (DFMSA). Les diplômes de DFMS et DFMSA ne permettent néanmoins pas à ces médecins d’exercer en France. D’après l’art. 1er de l’arrêté du 3 août 2010 relatif au diplôme de formation spécialisée et au diplôme de formation médicale spécialisée approfondie (Cf. pièce jointe), les ressortissants des États membres de l’Union Européenne ne peuvent postuler à ces formations. Les binationaux ne sont donc pas éligibles à un de ces diplômes. Les étudiants et médecins franco-libanais désireux de s’inscrire dans une formation de spécialisation en France doivent donc, au même titre que les étudiants français, se présenter aux épreuves classantes nationales (ECN). CHRISTIANE KAMMERMANN, SÉNATRICE 15

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Soutiens

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Pourquoi nous appelons à Voter pour le seul candidat, Serge Cyril VINET, qui représente 50% des élus de l’Assemblée des Français de l’étranger en Suisse et au Liechtenstein. PIERRE OLIVIÉRO ET MARCEAU KAUB Faut-il rappeler, nous sommes en Démocratie. Toute personne, étant française ou double nationale, a le droit de se présenter aux élections. Néanmoins, et là je n'engage pas que mon point de vue, je me fais l'écho de multiples réactions entendues ici et là. Quand on voit le nombre de candidatures qui ont été pour la plupart élues en Suisse, à divers titre, clamant haut et fort leur attachement à la Confédération, puis non reconduites, pour se rabattre subitement vers une opportunité d'être député en France ; on ne peut s'empêcher de s'interroger sur la crédibilité de la démarche et d'émettre des doutes quant aux capacités d'assumer avec efficacité la fonction. Faudrait-il déjà en connaître l'Hymne National… Que ne dirait-on si, demain, un de nos élus français venait à être battu et qu'il ait l'idée saugrenue de se présenter à des élections helvétiques. Je vois déjà les titres des quotidiens et hebdomadaires lémaniques… IDÉE à SUIVRE … Le titre est un leurre et le leurre est trompeur !

Pierre Oliviéro, élu à l'AFE depuis 1993 et Vice-Président de la commission européenne de l'AFE.

> Bernard Daudier : Quelles sont vos réflexions sur ces premières législatives pour les Français de l'étranger , plus particulièrement celle de la 6e circonscription comprenant la Suisse & le Liechtenstein ?

> B. D. : Que voulez-vous dire par là ? P. O. : Vous voyez, je suis élu depuis près de 20 ans à l'Assemblée des Français de l'étranger. J'ai occupé pléthore de présidences d'associations en Suisse, officier de la Légion d'Honneur et de l'Ordre National du Mérite (à titre militaire - ancien combattant d'Algérie) et Palmes Académiques, etc., je puis vous dire que c'est une occupation de tous les instants et qu'il faut connaître tous les tissus de notre communauté pour assumer cette haute fonction à l'échelon national. Ce n'est pas le moment de se tromper. Il va nous falloir élire une personnalité de tout premier plan, aux capacités multiples, dénué de sectarisme et pétri d'humanisme; pour nous défendre, surtout dans les conditions actuelles.

Pierre Oliviéro : En premier lieu, même si le découpage peut toujours être sujet à discussion, nous ne pouvons qu'être satisfaits du bien fondé d'avoir un député à l'Assemblée Nationale pour répondre aux attentes de nos compatriotes résidants en Confédération Helvétique et dans la Principauté du Liechtenstein. Les Français résidants hors de France attendent cela depuis 1948. Ils vont avoir à leur disposition , enfin, les véritables atouts du bicamérisme : 12 sénateurs - 11 députés.

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> B. D. : Ces élections en Suisse, contre toute attente, suscitent un engouement très particulier, puisqu'on ne dénombre pas moins de 10 candidatures pour le poste de député. Vos réactions, votre analyse ?

> B. D. : Vous pensez à quelqu'un en particulier ? P. O. : Effectivement, et j'en parle avec d'autant plus de franchise que nous avons été adversaires pendant quelques années… pour nous rendre compte que nous étions stupides. Je me suis aperçu que Serge Cyril Vinet abattait un travail considérable pour la communauté française établie en Suisse, sans demande de retour. J'ai découvert par divers témoignages qu'il était connu et respecté comme un bâtisseur de talent, dans beaucoup de pays, du Japon

P. O. : Vous savez que nous comptabilisons en Suisse, la plus importante communauté française expatriée au monde. Celle-ci, inscrite dans nos deux consulats généraux à Genève comme Zürich. D'ailleurs à ce titre, Genève reste le consulat le plus important au monde. Alors forcément, cela attise quelques ambitions. FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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tions face à l'évolution de la société. C'est aussi une liberté de pouvoir dire ce que l'on pense et de reconnaître à chacune et à chacun ses mérites ou ses erreurs.

à l'Argentine, de l'Australie au Brésil, sans oublier l'Afrique. Ses connaissances en matières économico-financières, reliées au social avec un humanisme à toute épreuve, sans complaisance sur l'essentiel, mais ouvert à tous sans esprit de chapelle, faisait de lui le candidat idéal pour défendre nos intérêts et nos idées. Je dois ajouter que son épouse Dany lui sert de socle indéfectible pour le bon sens de ses démarches. Native d'Abidjan, de maman argentine et de papa sicilien, elle a passé toute son enfance et sa jeunesse en Afrique. C'est une véritable française de l'étranger. C'est probablement la raison pour laquelle, Serge Cyril Vinet n'a pas attendu d'être élu à l'AFE pour être sensible aux préoccupations de nos compatriotes à l'étranger. Il les connaît sur le bout des ongles. C'est sans doute là qu'il lui faut attribuer la clef de sa réussite professionnelle. Pour conclure, parce qu'il est l’un des meilleurs d'entre nous tous, et de loin. Abstentionnistes de tous bords, celles et ceux qui suivent régulièrement les rubriques de retraites, fiscales, sociales et culturelles dans La Voix des Français de l'étranger et chaque trimestre dans France Magazine Vous savez bien que je dis vrai ! Merci de tout cœur de contribuer à l'élection d'un collègue que nous estimons toutes et tous.

> B. D. : Quel est votre choix ? M. K. : L'occasion m'est donnée sans aucune crainte, et ceux qui me connaissent savent que je ne crains pas les difficultés, de donner libre cours à mes sentiments. Voici que notre compatriote, Serge Cyril Vinet, que je connais depuis 40 ans dans son engagement humain, a mis ses talents et son énergie au service des Français expatriés, de celles et ceux qui sont nos compatriotes résidant hors de France. Il a trouvé et prouvé l'occasion dans ses fonctions d'apporter ses connaissances à l'Assemblée des Français de l'Étranger en Suisse, de donner de son temps et de ses moyens pour une publication, France Magazine, qui est le seul lien épistolaire au profit de notre communauté. Je ne connais pas d'autre exemple. C'est un lien unique au monde. > B. D. : Votre souhait ? M. K. : Il s'agit ici de reconnaître l'homme et ses qualités, même si, pour certains, cela ne sera pas “politiquement correct” de ma part. L'essentiel est de dire ce qui est de souhaiter qu'il y ait beaucoup de “Serge Cyril Vinet”. Quel que soit le drapeau sous lequel ils se sont engagés, dont l'essentiel est d'être le fer de lance dans la défense des droits et des intérêts de vous toutes et vous tous, nos compatriotes. Les 3 et 17 juin prochains, apportez-lui massivement vos suffrages. Soyons clairs, je ne suis pas de la même sensibilité politique, mais j'aspire à ce que nous ayons de meilleur comme député.

> Bernard Daudier : Est-ce que ces législatives vous donnent liberté d'émettre un avis en faveur d'une ou d'un candidat ?

Marceau Kaub, élu à l'AFE depuis 1994 - Délégué Général du Souvenir Français Président de la section suisse de la FNACA, et délégué général de l'association des combattants de moins de 20 ans.

Marceau Kaub : Sans entrer dans un aspect “Politique” et en restant dans la simple conception de la Démocratie, sans s'embarrasser d'hypocrisie, il faut reconnaître que la majorité d'entre nous tentent de suivre leurs aspirations à plus d'humanité, plus de fraternité et d'engagement au profit de leurs semblables. La Démocratie permet de faire part librement de sa sensibilité, de son orientation, éventuellement de ses solu17

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> B. D. : Des concrétisations dans l'immédiat ? M. K. : Assurément, je fus témoin de son acharnement auprès des autorités compétentes, à ne pas accepter la fermeture, en 2004, du Consulat de France à Lausanne. Jean-Pierre Capelli, Pierre Oliviéro, Jean-Jacques Poutrieux et votre serviteur, l'avons aidé de toutes nos forces dans les démarches administratives et politiques de tout bord, refusant la sanction du Quai d'Orsay. Je ne doute pas un instant que l'une de ses priorités soit une nouvelle mise en place du Consulat à Lausanne au service de notre communauté, qui, faut-il le rappeler, est légèrement plus importante dans le canton de Vaud que dans le canton de Genève. En rétablissant une présence française permanente à Lausanne, l'État offrirait davantage de confort administratif et d'efficacité autant à notre communauté qu'aux fonctionnaires du consulat général de Genève, ce que per- PROPOS RECUEILLIS PAR BERNARD DAUDIER sonne ne peut contester.


Droits du couple Quelle est la loi applicable au changement ? Quels sont les avantages de la Convention de la Haye du 14 mars 1978 ? Ce changement peut-il se limiter aux biens immobiliers ? Ce changement peut-il se limiter aux biens immobiliers ? À quelles formalités faut-il procéder ? France Magazine répond.

Lamodificationdu

régimematrimonial depuis le 1er janvier 2007, le changement de régime ne fait plus l’objet d’une homologation de principe, celle-ci aura lieu en cas d’opposition et en présence d’enfants mineurs. En outre, le changement a effet entre les parties à la date de l’acte ou du jugement et à l’égard des tiers, trois mois après que mention en a été portée en marge de l’acte de mariage.

e mariage “international”, contracté à l’étranger ou avec une personne de nationalité étrangère, soumet nécessairement les époux à un régime matrimonial (voir fiche sur la détermination du régime matrimonial à défaut de contrat de mariage). Cadre juridique aux relations pécuniaires entre les époux, le régime matrimonial, qu’il soit séparatiste ou communautaire, conditionne le sort des biens possédés avant le mariage ou acquis au cours de l’union. Ce régime doit donc être adapté à l’âge des époux, à leur activité professionnelle et à leur situation familiale et patrimoniale. Dans un contexte international, il n’est pas rare que la situation du couple évolue les besoins et la configuration familiale ou professionnelle se modifient souvent et représentent autant de facteurs pouvant amener à changer de régime.

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Quels sont les avantages de la Convention de la Haye du 14 mars 1978 ? Avant l’entrée en vigueur au 1er septembre 1992 de la Convention de la Haye du 14 mars 1978 sur les régimes matrimoniaux, le changement de régime dépendait uniquement du contenu de la loi interne applicable. Depuis l’entrée en vigueur de la Convention de la Haye, le changement peut également être consécutif d’un changement de loi applicable. Selon l’article 6 de la convention de la Haye, « les époux peuvent, au cours du mariage, soumettre leur régime matrimonial à une loi interne autre que celle jusqu’alors applicable ». Cette liberté de changer de loi applicable au régime matrimonial n’est pas absolue. L’article 6 précise en effet que les époux ne peuvent désigner que l’une des lois suivantes : > la loi d’un État dont l’un des époux a la nationalité au moment de cette désignation, > ou la loi de l’État sur le territoire duquel l’un des époux a sa résidence habituelle au moment de cette désignation. Cet article concerne tous les époux présentant un élément d’extranéité, de par leur nationalité ou de leur domicile. Exemple : Un couple franco-japonais marié à Tokyo, où il a vécu quelques années avant de s’installer en France, souhaiterait être soumis au régime de la communauté d’acquêts.

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Quelle est la loi applicable au changement ? En droit international privé, on considère que la loi à laquelle est soumis le régime matrimonial en détermine le changement. C’est cette loi qui indique si le changement est possible, et surtout à quelles conditions (s’il existe par exemple des formalités ou autorisations judiciaires, ou encore administratives). Certaines législations imposent un régime légal obligatoire (Argentine, Bolivie, Bulgarie, Chili, Roumanie) ; d’autres permettent de conclure conventions uniquement avant le mariage (Brésil, Japon, Venezuela). Le droit français permet de changer de régime matrimonial, mais soumet ce changement à des conditions strictes. Ce changement ne peut intervenir qu’après deux années de mariage. Les enfants majeurs du couple doivent être informés personnellement. Même si, FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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À quelles formalités faut-il procéder ?

Ayant fixé leur domicile commun au Japon après leur mariage, les époux sont actuellement soumis au régime légal japonais de la séparation de biens. Or, le droit japonais retient le principe de l’immutabilité du régime matrimonial. Cependant, un des époux ayant la nationalité française, et le couple étant maintenant établi en France, ils pourront, par application de l’article 6 de la Convention, se placer sous la loi française et adopter le régime français de la communauté réduite aux acquêts. Cet article concerne tous les époux présentant un élément d’extranéité, de par leur nationalité ou de leur domicile. Exemple : Un couple franco-japonais marié à Tokyo,où il a vécu quelques années avant de s’installer en France, souhaiterait être soumis au régime de la communauté d’acquêts. Ayant fixé leur domicile commun au Japon après leur mariage, les époux sont actuellement soumis au régime légal japonais de la séparation de biens. Or, le droit japonais retient le principe de l’immutabilité du régime matrimonial. Cependant, un des époux ayant la nationalité française et le couple étant maintenant établi en France, ils pourront, par application de l’article 6 de la Convention, se placer sous la loi française et adopter le régime français de la communauté réduite aux acquêts.

Les mesures de publicité Suite à un changement de loi applicable selon l’article 6 de la Convention de la Haye, l’article 1397-3 al.2 du Code civil s’applique : « Les époux font procéder aux mesures de publicité (...) dans les conditions et formes prévues au nouveau Code de procédure civile. S’ils ont passé un contrat de mariage, mention de la loi applicable ainsi désignée est portée sur la minute de celui-ci ». Il conviendra, dans ce cas, d’avertir le notaire rédacteur du contrat de mariage initial. Le défaut de publicité Selon l’article 1397-4 al 2 : « En l’absence d’accomplissement de ces formalités, la désignation de la loi applicable est opposable aux tiers si, dans les actes passés avec eux, les époux ont déclaré la loi applicable à leur régime matrimonial ». Si vous souhaitez contracter un emprunt auprès d’une banque et prendre éventuellement une garantie, vous devrez apporter vous-même la preuve du changement et de votre régime matrimonial actuel. Si vous n’en faites pas état lors de la conclusion du contrat, les créanciers ne pourront en tenir compte.

Ce changement peut-il se limiter aux biens immobiliers ?

Le défaut de publicité Selon l’article 1397-4 al 2 : « En l’absence d’accomplissement de ces formalités, la désignation de la loi applicable est opposable aux tiers si, dans les actes passés avec eux, les époux ont déclaré la loi applicable à leur régime matrimonial ». Si vous souhaitez contracter un emprunt auprès d’une banque et prendre éventuellement une garantie, vous devrez apporter vous-même la preuve du changement et de votre régime matrimonial actuel. Si vous n’en faites pas état lors de la conclusion du contrat, les créanciers ne pourront en tenir compte.

Conformément au principe de l’indivisibilité du régime matrimonial, il ne peut y avoir en principe qu’une seule loi qui gouverne le régime. Toutefois, la Convention de la Haye (article 6, alinéa 3) permet de soumettre les biens immobiliers à la loi du lieu de leur situation. Il en est ainsi d’un couple d’anglais mariés sous la séparation de biens, ayant acheté pour moitié indivise une résidence secondaire en France et qui a entendu parler de l’avantage de la communauté universelle avec clause d’attribution intégrale au conjoint survivant (voir fiche sur la communauté universelle). Les époux pourront passer sous la loi française par le biais de l’article 6 al. 3 de la convention de la Haye et, par la suite, choisir ce régime de droit français.

La mention Conformément à l’article 1303-1 du Nouveau Code de procédure civile, si l’acte de mariage est conservé par une autorité française, il sera mentionné en marge de l’acte de mariage. En revanche, quand l’acte de mariage n’est pas conservé par une autorité française, l’acte de désignation doit être publié au répertoire civil annexe tenu au service central d’état-civil du ministère des affaires étrangères à Nantes. Pour cela, il doit être reçu soit en la forme authentique s’il est établi en France, soit sous une autre forme, à la condition que l’un des époux soit français.

L’acte de changement doit-il revêtir une forme particulière ? Ce changement de loi applicable s’effectue par simple déclaration des époux. Il s’agit d’un acte notarié établi sous la forme d’un contrat de mariage. Aucune durée de mariage préalable au changement n’est exigée, et si les époux le souhaitent, ils peuvent faire rétroagir le changement au jour de leur mariage (à spécifier dans l’acte). Le changement de loi peut avoir lieu plusieurs fois sans nécessiter un délai entre chaque changement. Cette possibilité de changer de loi n’est pas réservée aux seuls époux mariés après l’entrée en vigueur en France de la Convention de la Haye, le 1er septembre 1992. Elle est également offerte aux époux dont le mariage est antérieur, en vertu de l’article 21 al.1 de la Convention.

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Où se renseigner ?

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• La Convention de la Haye peut être consultée sur le site : http://www.hcch.net/index_fr.php?act=text.display&tid=26 • Sur le site de L'Union Internationale du Notariat (UINL), à la rubrique « contact », vous pouvez trouver un notaire local: www.uinl.org • Le notariat et l'international sur : www.notaires.fr

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Droits du couple et de la famille En quoi consiste le régime de communauté universelle ? Quel est l’intérêt d’y adjoindre une clause d’attribution au dernier vivant ? Quelle protection en présence d’enfants d’une autre union ? Peut-on se prémunir en cas de divorce ? Ce régime et l’avantage matrimonial sont-ils connus à l’étranger ? Réponses.

verselle et attribution intégrale au survivant. La communauté universelle est une mise en commun totale des biens pendant le mariage. À la dissolution de celuici par décès, le conjoint survivant n’est pas automatiquement propriétaire de tous les biens communs. Ce n’est que si une clause d’attribution intégrale au survivant a été intégrée dans le contrat de mariage que celui-ci recueille la totalité des biens communs. À défaut, seule la moitié de ces biens lui revient.

Quel est l’intérêt d’y adjoindre une clause d’attribution au dernier vivant ?

Choisirla

communauté universelle

Très souvent, les conjoints mariés sous le régime de la communauté universelle font insérer dans le contrat une clause d’attribution intégrale au survivant. Les avantages La communauté universelle avec clause d’attribution intégrale permet d’assurer l’avenir du conjoint survivant en lui attribuant la totalité du patrimoine conjugal. La communauté est attribuée au conjoint survivant sans formalité aucune. Nul besoin de rédiger une déclaration de succession puisqu’il n’y a pas de succession. Le notaire doit simplement inscrire au Fichier des hypothèques la propriété des immeubles au nom du seul survivant. Le conjoint survivant sera pleinement propriétaire du patrimoine laissé par le défunt. Les enfants ne recevront leur part qu’au second décès. Cette clause d’attribution intégrale est un avantage matrimonial qui est irrévocable, contrairement aux donations au dernier vivant qui peuvent être révoquées à tout moment par le donateur. Pour mettre fin à cette attribution intégrale, les époux n’auront pas d’autres choix que de procéder à un changement de régime matrimonial qui nécessitera leur consentement respectif.

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En quoi consiste le régime de communauté universelle ? Le régime matrimonial de la communauté universelle peut être choisi soit avant le mariage dans un contrat établi par acte notarié (voir fiche “l’intérêt de faire un contrat de mariage”), soit par la suite lors d’un changement de régime matrimonial. Dans le régime de la communauté universelle, tous les biens, présents et àvenir, possédés par les époux sont mis en commun, quelle que soit la date d’acquisition (avant ou après le mariage), leur origine (achat, donation, etc.) et leur mode de financement. Les biens propres par nature définis par l’article 1404 du Code civil restent toutefois la propriété personnelle du conjoint concerné : vêtements et linges personnels, et surtout les dommages-intérêts et les indemnités alloués en réparation d’un préjudice personnel, moral ou physique. Dans ce régime, les conjoints sont responsables de leurs dettes personnelles sur l’ensemble de ces biens communs, que ces dettes aient été faites avant ou pendant le mariage. Lors de la liquidation de la communauté, les biens communs sont partagés à parts égales, mais le contrat de mariage peut aussi prévoir un partage inégal. Attention ! Il ne faut pas confondre communauté uni-

Les inconvénients La communauté universelle avec clause d’attribution intégrale peut présenter des inconvénients pour les enfants du couple. D’une part, ils sont privés, dans un premier temps, de l’héritage de leur parent décédé, ce qui peut poser parfois quelques problèmes financiers. En sens contraire, il n’est pas opportun d’insérer une clause d’attribution intégrale de la communauté au conjoint survivant quand le premier décès risque d’intervenir à un âge avancé car le conjoint, lui-même âgé, n’a pas toujours besoin d’un patrimoine important pour faire face à ses besoins. D’autre part, ce mécanisme n’est pas toujours fiscalement intéressant. Avec les autres régimes matrimoniaux, les enfants recueillent l’héritage de leurs parents en deux temps et profitent donc deux fois du barème progressif et des abattements parent/enfant actuellement en vigueur. Alors qu’ici, la totalité du patrimoine des paFRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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rents sera transmise en une seule fois, lorsque les deux parents seront décédés.

Bretagne, les États-Unis ou encore l’Australie l’admettront en tant que convention de mariage dans la mesure où leur législation ignore la réserve héréditaire et prône la liberté matrimoniale.

Quelle protection en présence d’enfants d’une autre union ?

En Italie En revanche, le droit italien qui connaît le régime de la communauté universelle qu’il n’est pas possible de prévoir, lors de la dissolution de la communauté, une autre répartition que celle en deux parts égales prévues par l’article 194 du Code civil italien. Par ailleurs, tout contrat concernant des attributions patrimoniales en cas de décès est contraire à l’article 458 du Code civil italien qui prohibe les pactes sur successions futures. La clause d’attribution de la communauté au survivant ne sera reconnue ni sur le plan civil, ni sur le plan fiscal en Italie.

Quels que soient ses avantages ou ses inconvénients, la communauté universelle avec clause d’attribution intégrale est déconseillée quand l’un des conjoints a déjà des enfants d’un premier mariage. En effet, ces derniers ont alors le droit d’engager une action en réduction (voir lexique) au décès de leur parent remarié. Pour autant, cette action n’est pas automatique. Les enfants d’une union précédente peuvent renoncer à l’exercer. Naturellement, les enfants peuvent aussi accepter que le nouveau conjoint de leur parent décédé recueille davantage que la quotité disponible. Mais dans ce cas, s’ils exercent une action en réduction, la part qui excède la quotité disponible est soumise aux droits de succession pour le conjoint survivant.

En Suisse Le droit interne suisse qui permet l’adoption de la communauté avec clause de partage inégal a imposé une limite : « le contrat de mariage peut prévoir un mode de partage autre que le partage par moitié. Ces conventions ne peuvent porter atteinte à la réserve des descendants » (art.241 du Code civil). L’effet de la clause d’attribution de la communauté au survivant est donc limité dès lors qu’un conjoint a des descendants. À la différence de l’action en réduction du droit français qui ne concerne que les enfants d’une première union, l’article 241 du Code civil suisse vise l’ensemble des enfants du défunt. La clause de partage inégal est assimilée en droit interne suisse à une disposition de dernière volonté, qui fera l’objet d’une action en réduction en présence d’héritiers réservataires.

La clause de reprise des apports par les héritiers Sauf stipulation contraire, la clause d’attribution intégrale de la communauté au conjoint survivant n’empêche pas les héritiers du premier défunt (enfant issus d’un premier lit, par exemple) de demander la reprise des éventuels biens et capitaux que le défunt avait apportés à la communauté conjugale et dont il était le propriétaire avant le mariage.

Peut-on se prémunir en cas de divorce ? La mesure préventive pour échapper aux effets néfastes du divorce consiste à inclure dans le contrat de mariage, une clause de “reprise en nature”. La loi du 23 juin 2006 portant réforme des successions et des libéralités a ajouté un alinéa à l’article 265 du Code civil, lequel énonce : « Toutefois, si le contrat de mariage le prévoit, les époux pourront toujours reprendre les biens qu’ils auront apportés à la communauté ». Grâce à cette clause, chacun des époux reprend les biens qu’il a personnellement apportés à la communauté et reçoit la moitié des biens communs (biens acquis pendant le mariage).

Ce régime et l’avantage matrimonial sont-ils connus à l’étranger ? De nombreux pays connaissent le régime de communauté universelle ou de communauté de biens, mais parfois, les législations étrangères présentent quelques particularités (tel est le cas du régime légal néerlandais de la communauté universelle différée dans lequel chacun des époux a tous les pouvoirs, aussi bien d’administration que de disposition, sur les biens entrés dans la communauté de son chef). Mais même si bon nombre de pays reconnaissent ce régime communautaire, peu admettent la clause d’attribution intégrale au conjoint survivant et beaucoup de législations l’ignorent. La majorité des pays de common law comme la Grande-

La fiscalité Enfin, si cette clause est qualifiée d’avantage matrimonial en France et y bénéficie d’une franchise fiscale, elle n’échappera pas aux droits de mutation par décès dans la plupart des États comme en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas...

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Définitions

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Quotité disponible Part de ses biens dont une personne peut librement disposer. La quotité disponible est opposée à la réserve, qui constitue la portion de biens réservée aux héritiers réservataires en vertu de la loi. Réserve héréditaire Part du patrimoine dont vous ne pouvez disposer, c'est-àdire transmettre librement. Cette part est réservée de droit aux héritiers dits réservataires (ex : les descendants). Action en réduction Recours en justice qui permet aux héritiers réservataires de remettre en cause les donations et legs consentis par le défunt qui excèdent la quotité disponible et qui empiètent sur leur part de réserve.

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Successions & Donations

Prendredesdispositionstestamentaires Comment procéder à la rédaction d'un testament ? À qui doit-on s'adresser ? Peut-on établir un testament conjoint ? Quelles sont les dispositions qui peuvent être insérées dans un testament ? Comment l'exécution du testament sera-t-elle assurée ? out Français se trouvant à l’étranger et qui souhaite rédiger un testament doit agir de telle sorte que la validité en soit reconnue à la fois par les autorités françaises et les autorités étrangères, notamment celles du lieu de sa résidence qui, du fait des circonstances au moment du décès, peuvent être concernées.

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àlétranger

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Où se renseigner ? > Sur le site de l'Association du réseau européen des registres testamentaires (Arert), des fiches expliquent comment inscrire et rechercher un testament dans chacun des pays de l'Union européenne et en Croatie. http://arert.eu/Fiches-pratiques.html > Sur le droit des successions dans tous les pays de l'Union européenne, voir le site : www.successions-europe.eu

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Comment procéder à la rédaction d’un testament ?

pour être certain que son contenu est conforme à la volonté de son auteur et qu’il sera aisément exécuté. En outre, même si on le rédige seul, il est vivement conseillé de déposer le testament chez un notaire pour qu’il soit inscrit au fichier des dernières volontés (à Venelles dans les Bouches-du-Rhône) ou sur les registres prévus à cet effet à l’étranger. Il sera ainsi retrouvé à coup sûr au moment du décès. Le testateur peut aussi choisir une forme plus solennelle en recourant au testament authentique. Le testament “authentique” est rédigé par le notaire lui-même, sous la dictée du testateur et en présence de deux témoins, ou reçu par deux notaires. Il est le plus sûr car il est incontestable.

La Convention de la Haye « sur les conflits de lois en matière de forme des dispositions testamentaires » du 5 octobre 1961, entrée en vigueur en 1967, a considérablement élargi les possibilités. Elle est devenue le droit commun français, applicable même aux rapports qui n’intéressent aucun des États signataires, car elle est indépendante de toute condition de réciprocité. La convention de la Haye offre un choix important de lois compétentes. Selon l’article 1er de la convention, le testament est considéré valable quant à la forme si celle-ci répond à la loi interne : • du lieu où le testateur a disposé ; • ou d’une nationalité possédée par le testateur, soit au moment où il a disposé, soit au moment de son décès ; • ou du lieu dans lequel le testateur avait son domicile, soit au moment où il a disposé, soit au moment de son décès ; • ou du lieu dans lequel le testateur avait sa résidence habituelle, soit au moment où il a disposé, soit au moment de son décès ; • ou du lieu de leur situation pour les immeubles (c’està-dire les biens immobiliers quels qu’ils soient, terrains, habitations…) Que le testament soit rédigé en France ou à l’étranger, le testateur dispose d’une grande variété de choix quant à la forme testamentaire. Il existe, par exemple en droit français, plusieurs formes de testaments : authentique, olographe, mystique ou international. Le testament olographe et le testament authentique sont les deux formes les plus utilisées. Le testament est “olographe” lorsqu’il est écrit, daté et signé entièrement de la main de son auteur. Le recours aux conseils d’un notaire est cependant souhaitable afin que le testament ne puisse pas faire l’objet de plusieurs interprétations,

À qui doit-on s’adresser ? Les multiples rattachements prévus par la Convention de la Haye permettent soit de tester dans les formes admises dans l’État de votre nationalité, soit de prendre des dispositions en la forme locale après renseignement auprès d’un juriste exerçant dans le pays de votre résidence. Depuis le 1er janvier 2005, les consulats de France des vingt-sept États de l’Union européenne, comme ceux d’Islande, de Norvège, de Suisse, d’Andorre, de Monaco et auprès du Saint-Siège, n’ont plus de fonctions notariales. Il est donc inutile de se rendre auprès des services consulaires de ces pays. En revanche, il est possible de se rapprocher d’un notaire dans les pays de droit latin (sur le site de l’UINL, à la rubrique contact, vous trouverez le notaire étranger le plus proche), d’un solicitor dans les pays de common law comme la GrandeBretagne ou encore d’un avocat dans les pays scandinaves. Si vous résidez à Londres pour des raisons professionnelles, vous pourrez ainsi établir un testament en la FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Le conseil du notaire ans un contexte international, il est vivement déconseillé de multiplier les testaments dans différents pays. Pour des raisons de conservation, d'interprétation des dispositions ou encore de révocation, il est préférable d'établir un seul document en le rédigeant le plus clairement possible et de choisir un lieu unique où il sera conservé.

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forme anglaise (l’article 9 du Wills Act 1837, tel que modifié par l’article 17 de l’Administration of Justice Act 1982, prévoit que le testament peut être dactylographié mais doit être signé par le testateur en présence de deux témoins majeurs). Ce testament sera valable en France. Pour lui faire produire des effets en France au moment du décès, le testament devra être traduit le document (s’il n’est pas déjà rédigé en français) et légalisé (si la légalisation est nécessaire). Avec la Grande-Bretagne, le document devra être revêtu de l’apostille.

Peut-on établir un testament conjoint, en couple par exemple ? L’article 4 de la Convention prévoit « qu’elle s’applique également aux formes de dispositions testamentaires faites dans un même acte par deux ou plusieurs personnes ». Cet article vise les testaments conjonctifs prohibés en France (art. 968 du Code civil) comme dans de nombreux autres pays où, en principe, le testament n’est valable que s’il est rédigé par une seule personne. La jurisprudence française a considéré que cette prohibition était une question de forme relevant de la loi du lieu de sa rédaction. Dès lors, un testament conjonctif établi dans un pays qui admet sa validité sera valable en France. Deux époux français résidant en Allemagne peuvent établir un testament conjonctif afin de se léguer mutuellement la totalité de leur patrimoine (l’article 2265 du BGB le permettant lorsqu’il est l’œuvre de deux époux). Ce testament sera reconnu en France sans difficulté. Il en serait de même en Suède ou au Danemark, où l’on admet le testament conjoint.

Quelles sont les dispositions qui peuvent être insérées dans un testament ?

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fant, l’organisation des funérailles, le souhait d’effectuer un don d’organes ou encore la désignation d’un tuteur, pour protéger ses enfants mineurs dans l’hypothèse d’un décès prématuré des parents.

Comment l’exécution du testament sera-t-elle assurée ? S’agissant de l’exécution du testament en France, elle ne pourra avoir lieu pour les biens soumis à la loi française que dans la limite de la quotité et de la réserve du droit français. Rappelons que selon les règles françaises de droit international privé, la loi successorale applicable est la loi de situation pour les biens immobiliers et la loi du dernier domicile du défunt pour les biens mobiliers. En droit français, les enfants sont héritiers réservataires, ce qui signifie qu’on ne peut les priver d’une part de la succession (calculée en fonction du nombre d’entre eux et de la présence ou non d’un conjoint). S’il n’est pas interdit à deux époux de disposer l’un en faveur de l’autre en présence de descendant (art. 1094-1 du Code civil), le conjoint survivant ne pourra toutefois recueillir la totalité du patrimoine que si les enfants renoncent à exercer la réduction de la libéralité pour obtenir leur réserve (art. 920, Code civil). Si vous possédez des biens dans un autre pays, il conviendra de se renseigner auprès d’un juriste local sur le contenu de la loi successorale applicable. Un bon nombre de pays ne connaissent pas la réserve héréditaire. Dans ce cas, le testament pourra s’appliquer sans aucune restriction.

Définitions

La Convention de la Haye du 5 octobre 1961 s’applique à « toutes les dispositions testamentaires ». Outre l’attribution de biens à certaines personnes par l’institution du legs, le testament peut prévoir la désignation d’un exécuteur testamentaire qui consiste à veiller ou à procéder à l’exécution des volontés du testateur ou encore à la désignation des bénéficiaires d’un capital décès dans le cadre d’une assurance-vie. Le testament peut aussi englober des dispositions non successorales, par exemple la reconnaissance d’un en23

Quotité disponible Part de ses biens dont une personne peut librement disposer. La quotité disponible est opposée à la réserve, qui constitue la portion de biens réservée aux héritiers réservataires en vertu de la loi. Réserve héréditaire Part du patrimoine dont vous ne pouvez disposer, c'est-àdire transmettre librement. Cette part est réservée de droit aux héritiers dits réservataires (ex : les descendants). Legs Disposition particulière d'un testament par laquelle le testateur soit laisse tout ou partie de ses biens à une autre personne qui n'y avait normalement pas droit, soit attribue à un de ses héritiers légaux une part d'un montant excédant la part d'héritage que la loi lui réserve. Le bénéficiaire d'un legs est appelé le légataire.

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Retraite spécial réforme

L’actualitédela

Retraite

Dans une précédente édition, nous vous informions sur les principales nouveautés issues de la loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites. Dans cet article “spéciale réforme”, nous revenons plus en détail sur certaines mesures telles que le remboursement des versements pour la retraite ou la retraite pour pénibilité. Bonne lecture.

Le remboursement des versements pour la retraite

MOT CLÉ L'âge légal de départ à la retraite est l'âge minimum à partir duquel un assuré peut obtenir sa retraite. Des départs avant cet âge sont toutefois possibles sous certaines conditions.

Vous êtes né à partir du 1er juillet 1951 et vous avez, avant le 13 juillet 20101, effectué des versements pour la retraite qui s'avèrent aujourd'hui inutiles compte tenu du recul progressif de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans ? Sachez que la réforme des retraites prévoit la possibilité, pour les personnes qui se trouvent dans cette situation, d'obtenir un remboursement des sommes versées sous certaines conditions.

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Date de présentation du projet de loi « portant réforme des retraites. » 2 Les retraites personnelles et de réversion sont indexées sur l'indice des prix à la consommanon hors tabac. Elles sont revalorisées le 1er avril de chaque année.

Les conditions • être né à partir du 1er juillet 1951 ; • ne pas être titulaire d'une retraite personnelle servie par les régimes français de base ou complémentaires. Les modalités pratiques Vous pouvez faire cette demande de remboursement jusqu'au 11 novembre 2013. Vous pouvez demander le remboursement de la totalité ou seulement d'une partie de vos versements pour la retraite. Les versements remboursés sont revalorisés dans les mêmes conditions que les retraltes2 entre la date de paiement du versement et la date de notification du remboursement. Vous avez payé votre versement par échelonnement ? Tous les versements (y compris les majorations) sont remboursables dès lors qu'une échéance a été payée avant le 13 juillet 2010. En cas de remboursement partiel, les trimestres conservés sont censés avoir été payés par les premières échéances.

La retraite pour pénibilité

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Le dispositif de retraite pour pénibilité, issu de la réforme des retraites, est entré en vigueur depuis le 1er juillet 2011. Il permet aux personnes, souffrant d'une incapacité permanente reconnue au titre d'une maladie professionnelle ou d'un accident du travail, de continuer à partir à la retraite dès 60 ans.

Bon à savoir ous êtes concerné si vous avez cotisé au régime général de la Sécurité sociale française, au régime des salariés agricoles et/ou au régime des non salariés agricoles.

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Les conditions Vous devez bénéficier d'une rente d'incapacité permanente d'un taux : • au moins égal à 20 % ; ou • au moins égal à 10 % et inférieur à 20 %. Le taux d'incapacité permanente doit être reconnu au titre : • d'une maladie professionnelle ; ou • d'un accident du travail qui a entraîné des lésions identiques à celles indemnisées au titre d'une maladie professionnelle. C'est le médecin-conseil régional qui apprécie si les lésions qui ont entraîné le versement de la rente accident du travail sont identiques à celles indemnisées au titre d'une maladie professionnelle.

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Quelle incidence sur la carrière ? Le remboursement intégral du versement entraîne l'annulation des trimestres correspondant reportés sur votre relevé de carrière. En cas de remboursement partiel, les trimestres reportés sur les périodes les plus anciennes sont conservés.

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Bon à savoir es sommes remboursées sont imposables, au titre de leur année de perception, dans la même catégorie d'imposition que celle pour laquelle elles avaient été admises en déduction d'impôt.

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Bon à savoir 'incapacité permanente due à un accident du trajet n'ouvre pas droit à la retraite pour pénibilité.

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Les taux • Le taux d'incapacité permanente est au moins égal à 20 % : le droit à la retraite pour pénibilité est ouvert. • Le taux d'incapacité permanente est au moins égal à 10 % et inférieur à 20 % : vous devez avoir été exposé pendant au moins 17 ans (soit 68 trimestres cotisés) à un ou plusieurs facteurs de risques professionnels ayant entraîné cette incapacité. > Si votre incapacité est due à une maladie professionnelle, le droit à la retraite pour pénibilité est ouvert si vous justifiez d’au moins 68 trimestres cotisés ; > Si votre incapacité est due à un accident du travail, il faut apporter des éléments de preuve de l'exposition aux facteurs de risques professionnels à l'aide de documents en votre possession (par exemple: bulletins de salaire, contrats de travail, etc.). Votre demande de retraite pour pénibilité est alors soumise à l'avis d'une commission pluridisciplinaire. Cette commission est chargée d'examiner la durée de votre carrière pendant laquelle vous avez été exposé aux risques professionnels. Les périodes cotisées à un régime français ou dans un État de l'Union européenne1 sont retenues pour déterminer la durée d'exposition.

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Bon à savoir es taux d'incapacité d'une ou plusieurs maladies professionnelles et/ou d'un ou plusieurs accidents du travail peuvent s'additionner pour déterminer le taux d'incapacité total. L'addition des taux n'est possible que si l'un des taux est au moins égal à 10%.

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MOT CLÉ On entend par facteurs de risques professionnels les contraintes physiques marquées (manutentions manuelles de charges, postures pénibles, etc.) et celles liées au rythme de travail (travail de nuit, travail répétitif, etc.), la pénibilité au titre de “l'environnement agressif” (bruit, agents chimiques, etc.). 1

Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Chypre, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République tchèque, Roumanie, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie et Suède.

Bon à savoir 'incapacité permanente due à un accident du trajet n'ouvre pas droit à la retraite pour pénibilité.

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Si vous vous adressez à l'institution de retraite de votre pays de résidence (pays en coordination européenne ou convention bilatérale), il faut indiquer que vous demandez votre retraite française au titre de la pénibilité. À réception des formulaires de liaison, la caisse de retraite française vous contactera pour vous demander les informations nécessaires à l'instruction de votre dossier. Pour plus d'informations sur la retraite pour pénibilité, consultez notre site www.lassuranceretraite.fr. rubrique “Salariés, Vos droits au cas par cas, Événements professionnels, Je souhaite demander la retraite pour pénibilité“.

En bref Durée d'assurance pour le taux plein de la génération 1955 Pour les personnes nées en 1955, la durée d'assurance nécessaire pour obtenir une retraite à taux plein est désormais connue. Elle est de 166 trimestres. La loi du 9 novembre 2010 portant réforme des retraites (voir Life de janvier-février 2011) précise que la durée d'assurance nécessaire pour obtenir la retraite à taux plein sera fixée l'année du 56e anniversaire pour chaque génération.

À quel âge pouvez-vous partir à la retraite pour pénibilité ? Si vous remplissez les conditions citées précédemment, vous pouvez partir à la retraite dès 60 ans. Le taux de la retraite pour pénibilité est toujours de 50 % et quelle que soit la durée d'assurance. C'est à vous de choisir le point de départ de votre retraite. Il est fixé le premier jour d'un mois et ne peut se situer avant : • le 1er juillet 2011 ; • votre 60e anniversaire ; • la date de dépôt ou de réception de votre demande.

Nouvelles conditions d'attribution du minimum contributif Si votre retraite est calculée au taux plein de 50 %, son montant ne peut pas être inférieur au minimum contributif. Le montant calculé de votre retraite est automatiquement comparé avec celui du minimum contributif et le plus élevé des deux vous est servi. 25

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Retraite spécial réforme Le minimum contributif comprend le minimum calculé compte tenu de votre durée d'assurance et la majoration au titre des périodes cotisées. À compter du 1er janvier 2012, les conditions changent. L'attribution du minimum se fera sous réserve d'avoir demandé toutes ses retraites personnelles de base et complémentaires dont les droits sont ouverts. Le montant total de ces dernières, éventuellement portées au minimum, ne devra pas dépasser un certain seuil1. Dans le cas contraire, la majoration du minimum sera réduite. Nous reviendrons plus en détail sur ces modifications dans un prochain numéro. 1

À titre indicatif au 1er janvier 2012 : 1 005 euros brut par mois.

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Plus d informations sur la retraite ? our toute information complémentaire ou personnalisée, connectez-vous sur notre site ww.lassuranceretraite.tr. Cnav - Information des Français de l’étranger - 75951 Paris cedex 19.

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VOUS ÊTES NÉ

VOTRE ÂGE LÉGAL DE DÉPART À LA RETRAITE

DURÉE D’ASSURANCE POUR OBTENIR UNE RETRAITE À TAUX PLEIN (en trimestre)

VOUS OBTENEZ LE TAUX PLEIN À (même si vous ne justifiez pas de la durée d’assurance exigée)

En 1948 (et avant)

60 ans

160

65 ans

En 1949

60 ans

161

65 ans

En 1950

60 ans

162

65 ans

Du 1er janvier 1951 au 30 juin 1951

60 ans

163

65 ans

Du 1er juillet 1951 au 31 décembre 1951

60 ans et 4 mois

163

65 ans et 4 mois**

En 1952*

60 ans et 8 mois

164

65 ans et 8 mois**

En 1953*

61 ans

165

66 ans**

En 1954*

61 ans et 4 mois

165

66 ans et 4 mois**

En 1955*

61 ans et 8 mois

166

66 ans et 8 mois**

À partir de 1956*

62 ans

Fixé par décret l’année du 56e anniversaire

67 ans**

*Les récentes annonces du gouvernement vont certainement conduire à modifier l'âge légal et l'âge du taux plein pour les générations nées à partir de 1952. Actuellement, nous sommes en attente des textes législatifs et réglementaires qui confirmeront ces évolutions. **L'âge d'obtention d'une retraite à taux plein est maintenu à 65 ans pour certains assurés. Pour plus d'informations, rendez-vous sur notre site www.lassuranceretraite.fr

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Fiscalité

Lafiscalitédesdonations etdessuccessionsinternationales Quels sont les problèmes qui peuvent se poser ? À quoi servent les conventions internationales ? Quelles sont les limites des conventions internationales ?

n non-résident peut détenir des biens en France ou à l'étranger. Or, chaque pays dans lequel se trouvent les biens ou les personnes conserve, en principe , le droit d'imposer une transmission à titre gratuit (donation ou succession). En effet, la loi nationale de chaque État permet de déterminer le régime applicable à une donation ou à une succession.

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Quels sont les problèmes qui peuvent se poser ? En France, dans l'hypothèse où un non-résident transmet des biens à titre gratuit, il convient de distinguer deux situations (CGI, art. 750 ter 2° et 3°) : • si l'héritier, le donataire ou le légataire a été domicilié en France pendant au moins six années au cours des dix dernières années précédant la transmission, le patrimoine détenu en France ou à l'étranger est soumis à l'impôt de mutation en France. Dans ce cas, le montant des droits de mutation acquittés hors de France est déductible de l'impôt dû en France. • si la condition de domiciliation n'est pas remplie, seul le patrimoine détenu en France est soumis à l'impôt de mutation en France. Dans ce cas, il n'est pas possible d'imputer l'impôt payé à l'étranger sur l'impôt dû en France. Dans l'État de domiciliation du non-résident français, il peut exister le même type de règles. Ce mécanisme peut donc engendrer des problèmes de double imposition. Dans ce cas, une même opération peut se voir taxée dans deux pays, par exemple dans le pays de résidence du Français expatrié et dans le pays de résidence de ses enfants. Par ailleurs, la nature des biens transmis peut différer d'un État à l'autre. Ainsi, certains biens sont considérés en France comme des immeubles alors que dans d'autres pays, il s'agit de biens mobiliers. Là encore, des risques de double imposition peuvent exister.

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Points à retenir > Anticiper la transmission de son patrimoine en fonction de critères civils et fiscaux > Rechercher l'existence d'une convention internationale

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Où se renseigner ? > DRESG : Recette des non résidents 10 rue du Centre TSA 50014 - NOISY-LE-GRAND 93465 NOISY-LE-GRAND CEDEX > www.service-public.fr > Pour la liste des conventions internationales signées par la France : http://www.legifrance.gouv.fr/ > Pour consulter la doctrine administrative : http://www.impots.gouv.fr/

À quoi servent les conventions internationales ? Pour limiter ce phénomène, la France a signé des conventions avec d'autres pays. On parle de convention internationale bilatérale. Ces conventions, qui prévalent sur la loi nationale des États signataires, définissent les droits des États quant aux impôts qu'ils peuvent collecter. Les conventions peuvent donc déroger à la loi nationale. Leur rédaction et leur fonctionnement ne sont pas homogènes et elles peuvent être modifiées dans le temps. Aussi, dans chaque cas, que ce soit pour une donation ou une succession, il convient de vérifier si une convention a été signée entre la France et le pays de résidence de l'expatrié. Par ailleurs, il faut tenir compte des avenants qui ont pu intervenir depuis la signature de la convention.

Quelles sont les limites des conventions internationales ? La France n'a pas signé de conventions internationales avec tous les pays. De même, certains impôts peuvent ne pas être visés dans les conventions. Ainsi, une convention bilatérale peut exister pour régler les problèmes de succession mais ne pas aborder les règles relatives aux donations. Enfin, dans certains cas, même si une convention a été signée, il est possible qu'elle ne soit pas applicable en raison de son champ d'application. Exemple : Par exemple, la convention franco-monégasque du 1er avril 1950 applicable en matière de droits de succession ne vise que les ressortissants de France ou de Monaco. Ainsi, si une personne de nationalité suisse,possédant un immeuble en France, décède à Monaco, lieu de son domicile, la convention franco-monégasque ne sera pas applicable. Par ailleurs, la convention franco-suisse du 31 décembre 1953 relative aux droits de succession ne s'applique qu'aux successions des personnes ayant leur dernier domicile fiscal en France ou en Suisse, quelle que soit leur nationalité. Elle ne sera donc pas applicable si la personne décède à Monaco. Faute de convention applicable, la loi nationale de chaque pays déterminera le régime fiscal de la succession. Enfin, l'application de la loi fiscale d'un État n'a pas d'influence sur l'application de la loi civile. En conclusion, pour préparer le transfert d'un patrimoine et éviter des déconvenues, il convient de se rapprocher d'un professionnel tel que le notaire. Ce dernier pourra conseiller utilement chaque personne tant sur un plan civil que sur un plan fiscal que ce soit en matière de donation ou de succession. FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Lesplus-valuesimmobilières Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de la vente d'un bien situé en France détenu directement ? Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de la vente d'un bien situé en France, détenu par l'intermédiaire d'une SCI ? e non-résident peut réaliser des ventes de biens immobiliers situés en France. Ces opérations sont en principe soumises à l’impôt en France. Toutefois, certaines mesures dérogatoires permettent de limiter ou de suppr imer cette taxation.

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Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de la vente d’un bien situé en France détenu directement ? Le principe La cession d’un bien immobilier situé en France par une personne physique non résidente relève du régime des plus-values immobilières (CGI art. 150 U à 150 VH et 244 bis A). En fonction de la domiciliation du non-résident, le taux d’imposition de la plus-value peut varier. Ainsi, si le vendeur est domicilié dans un État membre de la communauté européenne, en Islande ou en Norvège, le taux d’imposition sera de 19 %. À l’inverse, s’il est domicilié dans un autre État, le taux d’imposition s’élève, en principe, à 33,1/3 %. Toutefois, pour les personnes domiciliées dans un État non coopératif, le taux d’imposition est alors de 50 %. La liste des États non coopératifs est fixée par un arrêté ministériel et mise à jour tous les ans. Par ailleurs, si le prix de cession du bien est supérieur à 150 000 €, un représentant fiscal doit être désigné, sauf si l’immeuble cédé est détenu depuis plus de quinze ans. En cas de contestation de l’administration sur la liquidation de la plus-value, le représentant sera l’interlocuteur de l’administration (cf. BOl 8 M-1-05 du 4 août 2005 fiche n° 14). La désignation d’un représentant fiscal peut engendrer des coûts supplémentaires pour le vendeur. Les conventions internationales peuvent apporter des dérogations à ce principe. Certaines mesures d’exonération de plus-values immobilières qui existent pour les résidents français s’appliquent également aux non-résidents. Ainsi, la cession d’un immeuble détenue depuis plus de quinze ans est exonérée d’impôt.

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Points à retenir > La cession d'un immeuble en France est imposable en France > Le taux d'imposition dépend de la domiciliation du cédant > Les conventions internationales peuvent prévoir d'autres règles > Des mesures d'exonérations existent

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Où se renseigner ? > DRESG : Recette des non résidents 10 rue du Centre TSA 50014 - NOISY-LE-GRAND 93465 NOISY-LE-GRAND CEDEX > www.service-public.fr > Pour la liste des conventions internationales signées par la France : http://www.legifrance.gouv.fr/ > Pour consulter la doctrine administrative : http://www.impots.gouv.fr/ > Pour trouver la liste des États non coopératifs : http://www.legifrance.gouv.fr/

L’exception Il existe une mesure qui permet à un non-résident, au sens de l’article 4 B du CGI,de bénéficier d’une exonération de plus-value immobilière lorsqu’il cède un bien immobilier en France (CGI, 150 U-II 2°). L’exonération ne concerne que la cession d’immeubles, parties d’immeubles ou droits relatifs à ces biens qui constituent l’habitation en France des personnes physiques, non-résidentes en France. Trois conditions doivent être respectées : • le cédant doit être un ressortissant de la Communauté européenne ou d’un autre État partie à l’accord sur l’Espace économique européen ayant conclu avec la France une convention fiscale qui contient une clause d’assistance administrative. Cette qualité s’apprécie à la date de la cession de chaque bien pour lequel l’exonération est demandée. • le cédant doit avoir été fiscalement domicilié en France de manière continue pendant au moins deux ans à un moment quelconque antérieurement à la cession ; • le cédant a eu la libre disposition du bien au moins depuis le 1er janvier de l’année précédant celle de cette cession. Par exemple, si l’immeuble a été loué pendant cette période, l’exonération n’est pas applicable.

Comment sont taxées les plus-values réalisées lors de la vente d’un bien situé en France détenu par l’intermédiaire d’une SCI ? Si un bien immobilier est détenu à travers une SCIde droit français soumise à l’impôt sur le revenu et à prépondérance immobilière, le principe reste le même. Là encore, les conventions internationales peuvent déroger à ce principe. La cession peut porter sur les titres de la SCI ou les immeubles détenus pas la SCI. Dans certains cas, un représentant fiscal devra être désigné. Il en ira ainsi lorsque la quote-part du prix de cession reçu par les associés non résidents, à concurrence de leur participation dans la SCl, sera supérieure à 150 000 €. Il convient de noter que si l’immeuble est détenu par une SCI, l’exonération en faveur de l’habitation en France des non-résidents ne s’applique pas. 29

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Genève Poursuivons notre découverte de la Genève insolite et secrète grâce au Guide de Christian Vellas publié aux Éditions Jonglez (version en anglais : Secret Geneva). Nous avons déjà présenté cet ouvrage dans les Nos 30, 31, 32, 33, 34 et 35 de France Magazine. Voici encore deux sujets étonnants choisis dans la centaine que compte ce Guide : la chambre 122 de l’hôtel Cornavin, celle du professeur Tournesol dans une fameuse aventure de Tintin. Et la rue Chausse-Coq, jadis mal famée, à l’étymologie explicite… Vous croyiez connaître Genève ? Laissez-vous surprendre !

Pourmieux “voir”

Genève (SUITE)

DE BELLES FILLES POUR « CHAUSSER » LES JEUNES COQS LA RUE CHAUSSE-COQ : UN SOUVENIR DES BORDELS D’ANTAN utrefois, le quartier des lupanars était situé à deux pas de la cathédrale. Les noms des artères étaient explicites : rue des Belles-Filles, rue Chausse-Con, cul-de-sac du Vieux-Bordel. Ces rues ayant perdu peu à peu leur vocation première (au temps des Romains déjà, l’une d’entre elles se nommait « Carreria Lupanaris »), les nouveaux habitants eurent honte de leur adresse, d’autant plus que nombre d’ecclésiastiques logeaient dans le coin. La rue des Belles-Filles fut donc débaptisée à l’instigation d’Amiel (1821-1881), l’auteur d’un gigantesque et remarquable Journal intime de 17.000 pages qui habitait dans cette rue et n’appréciait apparemment pas le souvenir du commerce de ces dames. La rue prit ainsi le nom d’un émérite pasteur, Etienne Dumont. L’impasse du Vieux-Bordel s’ouvrit sur la promenade Saint-Antoine et devint la rue Maurice, du nom d’un habile maire (il devait ménager la chèvre et le chou) sous l’occupation française (1801-1814). Restait la rue Chausse-Con, que l’on transforma hypocritement en rue Chausse-Coq. L’origine de cette appellation fort gaillarde a été contestée : selon certains historiens, les « coqs » (jeunes libertins, tels qu’on les appelait au Moyen Âge) étaient chaussés avantageusement par les cordonniers du quartier et menaient grande vie dans les bordels avoisinants. Ces lieux de plaisir étaient alors parfaitement organisés : c’est le Conseil qui nommait la « reine du sérail », maquerelle en chef chargée de faire régner l’ordre. Une structure « sociale » qui disparut vers 1535.

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Surtout célèbre après sa mort, Amiel ne supportait pas d’habiter dans la rue des Belles-Filles.

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Nom d’une rue ! n 1998, plusieurs conseillers municipaux ont tenté de redonner aux rues actuelles leurs noms de jadis. Ils avaient notamment la nostalgie des “Belles-Filles” et désiraient chasser le sévère “Étienne-Dumont”. Une motion fut âprement discutée, mais finalement rejetée.

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La rue Chausse-Coq aujourd’hui : sage et tranquille. Aucune “fille” ne hèle plus le passant aux fenêtres… 30


LA CHAMBRE DU PROFESSEUR TOURNESOL A ÉTÉ RAJOUTÉE 42 ANS APRÈS SON INVENTION PAR HERGÉ ! LA CHAMBRE « 122 » DE L’HÔTEL CORNAVIN ’hôtel Cornavin connaît une gloire quasi planétaire depuis qu’Hergé y a fait séjourner les héros de Tintin dans L’Affaire Tournesol. Lors de la sortie de l’album, en 1956, le dessinateur est d’ailleurs revenu sur les lieux de ses premiers repérages et a passé deux nuits à l’hôtel, à la chambre 210. Les « Tintinophiles » accourus du monde entier préfèrent pourtant retenir la chambre 122, censée avoir été occupée par le professeur Tournesol. Fait étonnant, cette chambre n’existait pas à l’origine et ne fut que le fruit de l’imagination d’Hergé. 42 ans après, devant l’insistance des clients, on a pourtant fini par la rajouter lors de la rénovation de l’établissement en 1998. Les clients de cette chambre essaient d’ailleurs souvent d’ « oublier » de rendre la clé de la chambre en partant, et à la réception – où une statue de Tintin et de sa houppe rouquine trône à l’entrée - on est particulièrement vigilant.

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Tintin dans sa vitrine à la réception de l’hôtel.

La plus haute pendule du monde.

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La chambre 122, toujours occupée !

christian.vellas@gmail.com

À savoir our dessiner l’ambassade de Bordurie, un des lieux de l’action de L’Affaire Tournesol, Hergé s’est inspiré en partie du bâtiment de l’École hôtelière de Genève.

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’hôtel Cornavin possède l’horloge à balancier la plus haute du monde, avec ses 30,02 mètres ! Œuvre du Suisse Jean Kazès, elle figure dans le Guiness des Records.

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CHRISTIAN VELLAS


À l’écoute de... Une des plus anciennes sociétés patriotiques de Suisse avec, tout d'abord, sa devise : PATRIE, FAMILLE, AMITIÉ, valeurs fortes... s'il en est. Ces principes qu'ils défendent avec fierté sont anciens. Le citoyen est prêt à se surpasser lorsqu'il s'agit de valeurs qui donnent un sens à l’expression vivre en harmonie avec les autres. Ces mêmes valeurs qui subliment la condition humaine, la destinée de l'homme. Leur société se veut patriotique, gardienne des principes démocratiques. Elle offre au citoyen la liberté et la tolérance indispensables aux échanges entre les humains. Elles sont nécessaires et donnent un sens à leur Société.

AlainBosshard PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ DES VIEUX GRENADIERS DE GENÈVE (CRÉÉE EN 1749)

VieuxGrenadiers

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Les Lesensdesvaleursdepuis1749 ParPierreOliviéro C CONSEILLER ÉLU À L’ASSEMBLÉE DES FRANÇAIS DE L’ÉTRANGER, VICE-PRÉSIDENT DE LA COMMISSION DE L’UNION EUROPÉENNE À L’AFE

es valeurs, les membres des Vieux Grenadiers les portent en eux et les font vivre au quotidien. D'autres hommes célèbres comme James Fazy, Adrien Lachenal, ou encore Georges Favon, ont permis la création de la Suisse moderne en 1848 et ont porté haut et fort cette volonté de construire notre pays basé sur la liberté, la responsabilité et la démocratie. Ce qui fait aussi leur force, c'est le troisième mot de leur devise : l'Amitié, également indispensable pour vivre bien et heureux. Elle rassemble des hommes de bonne volonté qui ont compris qu'un Ami est précieux et que celui-ci vous ouvrira les bras à tout moment car il défend cette valeur, l'Amitié, même contre ceux qui ne respectent pas ou qui bafouent le sens même du mot AMI. Ils sont honorés d'être Vieux Grenadiers et de pouvoir à travers les siècles transmettre à leurs enfants ces valeurs et ainsi pérenniser cette Société qui fait leur fierté.

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> France Magazine : Monsieur le Président, parlez-nous du corps des Vieux Grenadiers. Alain Bosshard : La Société des Vieux Grenadiers a pour but de développer entre ses membres des rapports de sympathie et d’amitié. Elle vise notamment à entretenir leur esprit civique et à favoriser leur attachement aux traditions démocratiques. La Société n’a pas de caractère politique ni religieux. Cependant, si l’intérêt du pays l’exige ou si la démocratie est menacée, elle peut décider de prendre une position de caractère politique. Le 23 octobre 1686, les Conseils de la République décident, par Ordonnance, la constitution d’un Corps de Grenadiers. Les officiers de la Milice reçoivent l’ordre de choisir 8 à 10 hommes d’élite (entre 20 et 40 ans), dans chaque compagnie bourgeoise de sorte que l’on réunisse un effectif de 150 hommes. Leur taille minimum doit être de 5 pieds et 2 pouces (soit 1 m 68). La création de cette nouvelle spécialité de l’infanterie n’est pas le fruit du hasard ou d’une fantaisie des Syndics ; dans le cadre des responsabilités gouvernementales qu’ils assument, il leur importe, impérativement, de suivre l’évolution des armées étrangères, des nouveaux principes d’attaque ou de défense qui peuvent être appliqués, les innovations apportées à l’armement et à l’équipement des troupes pour être à même d’organiser la défense de la cité avec la plus grande efficacité possible. Ils sont renseignés surtout par les lettres ou les rapports envoyés par les officiers genevois ou suisses au service des rois de France ou d’Autriche (pour les mercenaires des cantons suisses alémaniques). > F.M. : Vous rappelez-vous des noms des quatorze Grenadiers fondateurs ? A.B. : C’est en octobre 1749 que les quatorze Grenadiers de la Milice genevoise dont les noms suivent fondent le Cercle des Grenadiers : BOIQUET Pierre-André, décédé en 1789 BONNET Louis (Secrétaire), décédé en 1795

LIOTARD Toussaint, décédé en ? PIGNOLET Emmanuel (Trésorier), décédé en 1780 SIMERY (ou SIMILY) Jacques, décédé en 1797 PANCHAUD Louis-Samuel (Trésorier de 1780 à 1789), décédé en ? POMMIER Simon, décédé en 1757 BENOIT Jean-Louis, décédé en 1792 ADOR David, Marchand de bois, décédé en 1802 > 33

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À l’écoute de... ils refondent les Statuts et constituent le premier comité des Vieux Grenadiers, le premier président désigné, Pierre Faidy, ayant été jugé le plus apte à remplir cette charge (le président est nommé pour une année et non immédiatement rééligible). Ce comité est formé de : Pierre FAIDY, président Jean-Pierre BUXEL, vice-président Jean-François PARLEIRY, trésorier Pierre-François DAVID, secrétaire Georges ARNAUD, vice-secrétaire > F.M. : Il semblerait que, déjà, la poésie était de la fête !!! A.B. : Nos archives recèlent quelques pièces précieuses offertes par des amis et conservés avec soin. Elles jalonnent la longue histoire de notre Société comme des repères lumineux d’amitié et de convivialité partagées. Médailles, tableaux, photos ou poèmes : ces témoignages assurent la richesse de notre patrimoine. Il en va aussi pour ce poème de Marc Monnier, invité à la fête de l’Escalade de 1871. Son remerciement, si délicatement versifié, demeure d’actualité…

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Aux Vieux Grenadiers Francs amis, fervents et joyeux, Cœurs chauds, pleins de vie et de sève, Aimant le bon vin, les doux yeux, Votre lac dormant sur la grève, Les trois tours qui montent aux cieux, Les vieilles roches de Salève, Et les souvenirs des aïeux, Chez vous, le pédantisme endève*, Et ce ballon prétentieux, Dans vos banquets s’abat et crève, Des truites que le lac élève, La plus grosse aborde en ces lieux, À peine entrée, elle s’enlève, À peine entamée, on l’achève, Elle a disparu comme un rêve, Puis les chanteurs, à qui mieux-mieux, L’un badin, l’autre sérieux, Vont roucoulant sans fin ni trêve… Ainsi court la nuit, vive et brève, Et voici l’heure des adieux ! Merci donc, allègres fils d’Ève, Amis gais, mais point vicieux, Qui, dans ce pays, grâce aux dieux, N’ayant point à tirer le glaive, N’êtes ni grenadier, ni vieux… Restez pourtant, restez Messieurs, Les Vieux Grenadiers de Genève !

NOGEREDE Jean-Baptiste, Marchand de fer, décédé en 1784 JUNTES Pierre Philippe, Boulanger, décédé en ? WOLF (ou VOLF) Anguste, décédé en ? DHYAUVILLE Daniel, Culottier, décédé en 1791 > F.M. : La Société des Vieux Grenadiers a fêté son centième anniversaire en 1851. Quelles archives possédez-vous de cet événement ? A.B. : Après cette fête du Centenaire, en 1851, les Vieux Grenadiers en titre ne sont plus que sept. Conscients de devoir donner une structure plus solide à leur Société, avec le renfort de membres-adjoints qui passent sous les drapeaux en acquittant une mise abaissée à 100 F,

*Vieux français : endéver, mettre en colère

> F.M. : Vous souvenez-vous de quelques participations mémorables de la Compagnie ? A.B. : Oui, depuis 1969, pour le bicentenaire de la naissance de Napoléon à Ajaccio, où suite au succès que la compagnie avait obtenu, nous sommes retourné en 2011. FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Georges Abbondioli, Commandant de la Compagnie.

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Fabien Magnin, Fourrier.

La Compagnie - Palmarès des sorties 1969 1974 1976 1979 1981 1982 1983 1985 1986 1987 1989 1990 1991 1991 1993 1995 1996 1996 1997 1998 2000 2000 2002 2003 2004 2005

Ajaccio Berne Morat Dublin et Limerick Fribourg Lille et Paris Annonay Kaiserslautern Vancouver Stuttgart Genève Waterloo Paris Stans Ludwigshaffen Monaco Castiglione Genève La Rioja Montereau Marengo Pékin Heerlen Saumur Canada Luxembourg

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Bicentenaire de la naissance de Napoléon Festival international des musiques militaires 500e anniversaire de la bataille Fête de la Saint-Patrick 500e anniversaire de la Ville Festival international des musiques militaires 70e Fête fédérale de gymnastique Fête des musiques de l’OTAN Exposition mondiale des transports Festival international des musiques militaires 175e anniversaire de l’entrée dans la Confédération Suisse 175e anniversaire de la bataille Messe Impériale aux Invalides Arena Helvetica, 700e de la Confédération Suisse 8e Festival International des musiques de polices Pentecôte Impériale 200e anniversaire de la bataille 100e de la Compagnie Voyage du 100e de la Compagnie Commémoration de la bataille 200e anniversaire de la bataille 50e des relations diplomatiques Chine-Suisse International Military Tattoo Festival international des musiques militaires Commémoration de la Fête nationale suisse 200e anniversaire de la banque Pictet

FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012


Des nouvelles du Sénat

Denouvelles

institutions auservicedes handicapés n estime à environ 300 000 le nombre d’enfants handicapés en France. Un tiers est scolarisé dans les institutions spécialisées et les deux autres tiers à l’école ordinaire. L’inscription de l’enfant est faite dans l’école la plus proche de son domicile, ce qui est une démarche symbolique forte. Si cet établissement ne dispose pas des aménagements nécessaires, l’enfant peut être orienté vers un autre établissement qui en est doté. Ce sont au total 67 800 élèves handicapés accueillis dans des structures ou des dispositifs collectifs. À partir des témoignages recueillis auprès des familles, des personnalités qualifiées et des professionnels et au regard du contexte réglementaire actuel, il s’agissait d’analyser les dysfonctionnements et les bonnes pratiques énoncés afin de proposer des améliorations concrètes. Il est prévu que ce projet de plan d’action soit transmis au président de la République, Nicolas SARKOZY. J’organiserai mon propos en trois temps ; • Le contexte actuel et chiffré de la scolarisation des enfants handicapés • le bilan de l’application de la loi du 11 février 2005, pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. • Les témoignages articulés autour de deux ateliers, construits à partir d’une enquête réalisée sur le terrain sur les obstacles que rencontrent dans leur parcours, les jeunes handicapés que ce soit : > l’accès à la scolarité : le parcours scolaire, > l’accès à la vie sociale : les conditions de vie des familles, l’accompagnement du projet de vie.

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Le contexte actuel Déjà le 8 juin 2011, Le Gouvernement a tenu son « Grenelle de la scolarisation », qui s’est déroulé dernier lors de la Conférence Nationale du Handicap. Actuellement, 214 600 enfants handicapés sont scolarisés en milieu ordinaire dont 90 % à temps plein. Cela représente une augmentation de 60 % depuis 2005. Ainsi, lors de cette rentrée, 65 850 élèves ont bénéficié d’un accompagnement individuel (18 500 en 2005-2006), soit 30,6 % des élèves handicapés scolarisés (12,3 % en 2005-2006). FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

Les moyens financiers consacrés à la scolarisation des enfants handicapés seront passés de 754 millions d’euros en 2007 à 1,3 milliard d’euros en 2012, soit une hausse de 73 %. Par ailleurs, sur la base des propositions du sénateur Paul Blanc, missionné par le Président de la République, et de l’ensemble des associations réunies au sein du conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH), le Président de la République a annoncé, à l’occasion de la Conférence Nationale du Handicap, 23 mesures fortes pour amplifier notre politique, représentant un engagement nouveau de 200 millions d’euros pour les élèves handicapés. En particulier, ont été décidés le remplacement progressif des contrats aidés pour l’accompagnement des élèves handicapés par le recrutement d’ici 2013 de 7200 assistants de scolarisation, dont les contrats peuvent être pérennisés pendant 6 ans mais aussi des actions d’information et de formation, l’amélioration de l’évaluation des besoins des élèves ou encore le renforcement de la coopération avec le secteur médico-social. • 2 000 postes d’assistants de scolarisation ont été ouverts dès la rentrée 2011. Les moyens consacrés par l’Education nationale à l’accompagnement des enfants augmenteront de 30 % en 2012, passant de 350 millions d’euros à 455 millions d’euros, permettant ainsi le recrutement de 2 300 assistants supplémentaires à la rentrée 2012 ; • Le groupe de travail sur la reprise des auxiliaires de vie scolaires (AVS) par les associations est réactivé dans le cadre d’une coopération interministérielle, avec une réflexion sur le cadre d’emploi, conformément aux attentes des associations signataires de la convention de 2010 ; • La première journée nationale de sensibilisation s’est tenue le 2 décembre 2011 et a donné lieu à de nombreuses actions dans les académies ; • Le module de formation des enseignants sera prêt pour la rentrée 2012.

Bilan de la loi du 11 février 2005 Cette loi a affiché de fortes ambitions dans tous les domaines d’actions concernés, nécessitant la mobilisation d'importants moyens financiers et humains et des changements d’habitudes et de comportements. Près de 150 textes d’application ont été publiés au cours 36


apportés aux départements par la CNSA, est un acquis essentiel. Cette prestation bénéficie aujourd’hui à près de 78 000 personnes handicapées, pour un montant moyen de 850 euros par mois, soit près du double de l’ancienne prestation (l’allocation compensatrice tierce personne). Elle poursuit encore sa montée en charge. L’effort est particulièrement marqué pour les aides humaines, l’aide pouvant financer une présence 24 heures sur 24 pour les personnes les plus lourdement handicapées. Certains montants mensuels peuvent atteindre plus de 8 000 euros. La PCH contribue aussi au financement d’aides techniques, d’aménagement de logement ou de véhicule, de frais exceptionnels et d’aides animalières.

de ces 5 dernières années. Ces textes ont fait l’objet d’une mobilisation très forte de plusieurs ministères, d’une concertation permanente avec les représentants des personnes handicapées et d’une consultation systématique du conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH). Certaines dispositions de la loi ont été d’application quasi immédiate (création des Maisons départementales de personnes handicapées et de la prestation de compensation du handicap), d’autres s’inscrivent dans le cadre de « plans » spécifiques et pluriannuels (création de places d’accueil, plan « autisme », plan « handicap visuel »), d’autres encore mettent en jeu des mutations profondes des politiques concernées (scolarisation des enfants handicapés, accessibilité, articulation entre ressources et emploi des personnes handicapées). Voici, de manière synthétique, les principales avancées de la loi. 1 - De nouvelles institutions au service des personnes handicapées 2 - La reconnaissance de la compensation de chaque handicap 3 - Un effort massif pour l’accueil et la prise en charge en établissement 4 - La scolarisation des enfants handicapés 5 - Rendre la société accessible à tous 6 - Des moyens d’existence garantis pour les personnes les moins autonomes 7 - L’accès à l’emploi des personnes handicapées

3. UN EFFORT MASSIF POUR L’ACCUEIL ET LA PRISE EN CHARGE EN ÉTABLISSEMENTS L’accueil en établissements et services médico-sociaux est l’une des formes de la mise en œuvre du droit à compensation reconnu à toute personne handicapée. Un nouveau plan sur 7 ans a été annoncé par le Prési-

N ESTIME À ENVIRON 300 000 LE NOMBRE D’ENFANTS HANDICAPÉS EN FRANCE. UN TIERS EST SCOLARISÉ DANS LES INSTITUTIONS SPÉCIALISÉES ET LES DEUX AUTRES TIERS À L’ÉCOLE ORDINAIRE. L’INSCRIPTION DE L’ENFANT EST FAITE DANS L’ÉCOLE LA PLUS PROCHE DE SON DOMICILE, CE QUI EST UNE DÉMARCHE SYMBOLIQUE FORTE.

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1. DE NOUVELLES INSTITUTIONS AU SERVICE DES PERSONNES HANDICAPÉES > Renforcement des missions de la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA). Dotée d’un budget de 18 milliards d’euros, la CNSA est une « caisse » chargée de répartir les moyens financiers destinés à : • Financer les aides en faveur des personnes âgées dépendantes et des personnes handicapées ; • Garantir l’égalité de traitement sur tout le territoire et pour l’ensemble des handicaps ; • Assurer une mission d’expertise, d’information et d’animation pour suivre la qualité du service rendu aux personnes. > Création des Maisons départementales de personnes handicapées (MDPH). Ces groupements d’intérêt public sont présents dans tous les départements. L’État y a consacré 215 millions d’euros depuis 2006 et met à disposition ou compense l’équivalent de 1200 emplois équivalent temps plein (ETP). Elles ont pour missions : • d’informer et accompagner dans leurs démarches les personnes handicapées ; • de réunir les instances compétentes pour l'ouverture des droits des enfants ou adultes handicapés.

dent de la République le 10 juin 2008, insistant à la fois sur le volume des créations mais aussi sur la qualité de l’accompagnement. Ce nouveau plan prévoit la création de 51 450 nouvelles places en établissements et services programmée sur sept ans dont plus de 12 000 places pour l’accueil des enfants et plus de 39 000 places pour l’accueil des adultes. Au total, entre 2005 et 2010, 41 660 places en établissements et services pour personnes handicapées ont été installées, ce qui représente un investissement nouveau de 2,2 Mds€. Ces places sont prioritairement dédiées aux personnes atteintes d’autisme, de polyhandicap, de traumatisme crânien et de handicap psychique. Ce plan tend également à valoriser l’accompagnement des personnes, la formation des personnels intervenants, l’appui donné aux aidants familiaux et toutes mesures en faveur de la bientraitance. 4. LA SCOLARISATION DES ENFANTS HANDICAPÉS : L’APPLICATION D’UN DROIT ET UN ENGAGEMENT POUR L’AVENIR DE CES ENFANTS La mobilisation en faveur de la scolarisation des enfants handicapés à l’école ordinaire permet aujourd’hui à

2. LA RECONNAISSANCE DE LA COMPENSATION DE CHAQUE HANDICAP La création de la prestation de compensation (PCH), dont le financement a pu être assuré par les concours 37

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Des nouvelles du Sénat

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En tant que parlementaire, mon devoir est de veiller à la continuité d’une politique ambitieuse pour les enfants en situation de handicap CHRISTIANE KAMMERMANN >

180 000 élèves d’être accueillis dans les établissements scolaires ordinaires du premier et du second degré (10 0000 de plus à chaque rentrée scolaire). Ce chiffre traduit un accroissement constant et significatif - soit 20 % de plus qu’en 2005 - du nombre d’enfants et de jeunes handicapés accueillis dans les établissements scolaires ordinaires. Le taux global de scolarisation dans le milieu ordinaire est ainsi passé de 66,5% en 2005-2006 à 71,9 en 2008-2009.

7. UN OBJECTIF DURABLE : L’ACCÈS À L’EMPLOI DES PERSONNES HANDICAPÉES Cet objectif s’appuie, en amont, sur l’accès à la scolarisation et à la formation des enfants handicapés, et, de façon continue, sur la possibilité offerte aux personnes handicapées de pouvoir vivre à domicile et évoluer dans le cadre ordinaire de vie. L’emploi des personnes handicapées est un enjeu majeur et le renforcement des contributions financières en cas de non-respect de l’obligation d’emploi, par les entreprises de plus de 20 salariés ou par les fonctions publiques, commence à porter ses fruits : si beaucoup reste à faire, le nombre de travailleurs handicapés dans la population ayant un emploi a augmenté. Au total, les contributions des employeurs, publics et privés, qui n’atteignent pas le quota de 6 %, permettent de financer des actions en faveur de l’insertion professionnelle des personnes handicapées. Enfin, est poursuivi l’effort d’accueil par le travail protégé (Établissements et services d’aide par le travail) qui permet d’offrir aux travailleurs handicapés n’ayant qu’une faible capacité de travail de s’insérer dans un milieu professionnel adapté et de bénéficier en parallèle d’un accompagnement éducatif et social indispensable. Des passerelles vers le milieu ordinaire peuvent cependant être aménagées. La loi du 11 février 2005 prévoit la possibilité de conclure des conventions d’appui. Cellesci permettent aux travailleurs d’ESAT d’être accompagnés vers le milieu ordinaire en ayant la possibilité d’y revenir en cas d’échec. Pour la fonction publique, la loi du 11 février 2005 et les textes règlementaires pris pour son application : > suppriment les limites d’âges pour se présenter aux concours, > créent un temps partiel de droit et la possibilité d’aménagement d’horaires, > abaissent la condition d’âge de 60 ans pour l’ouverture à pension des fonctionnaires handicapés, > créent le fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP). Ainsi, entre 2006 et 2009, le nombre des personnes handicapées employées au sein des trois fonctions publiques est passé de 163 500 à près de 195 000. Le taux d’emploi a ainsi crû de 3,7% à près de 4,4%.

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5. RENDRE LA SOCIÉTÉ ACCESSIBLE À TOUS : UN DROIT PRIORITAIRE POUR LES PERSONNES HANDICAPÉES, UN OBJECTIF POUR LA SOCIÉTÉ TOUTE ENTIÈRE Avec la loi du 11 février 2005, la France s’est fixée un objectif extrêmement ambitieux en matière d’accessibilité, qu’il s’agisse de l’accès physique comme de l’accès aux droits et à la participation à la vie citoyenne. Si les constructions neuves et les équipements et installations neufs rattachés aux transports publics sont un niveau d’accessibilité conforme, le chantier de la mise en accessibilité au cadre bâti et aux transports existants doit impérativement être accompagné pour garantir son effectivité en 2015, quel que soit le type de handicap. Cette échéance est à la fois lointaine pour les personnes handicapées, légitimement impatientes de voir rapidement les effets concrets de la loi, et proche pour tous les maîtres d’ouvrage et exploitants astreints à un calendrier serré et exposés à des investissements de grande ampleur.

6. DES MOYENS D’EXISTENCE DONT L’ÉVOLUTION EST GARANTIE POUR LES PERSONNES LES MOINS AUTONOMES ET QUI SONT COUPLÉS DE FAÇON INCITATIVE À L’EMPLOI POUR LES TRAVAILLEURS HANDICAPÉS Conformément aux engagements du Président de la République, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) a été revalorisée de 25 % de 2008 à 2012 soit un effort de 1,4 milliard d’€, ce qui a permis d’augmenter les ressources des personnes handicapées de près de 150 euros par mois. Cette allocation est servie à plus de 850 000 personnes pour près de 5,8 milliards d’€ de dépenses financées par l’État (+ 14% depuis 2005). La possibilité de cumul entre l’allocation et les revenus du travail ont permis une élévation sensible du niveau de vie des travailleurs handicapés ainsi que la reconnaissance de leur insertion dans le monde du travail.

En pratique, témoignages des responsables d’associations sur le terrain La réalité semble beaucoup moins idyllique. Depuis la loi handicap de février 2005, l'éducation nationale a été FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Conclusion Il est important que vous sachiez que conformément aux engagements pris lors de la dernière conférence natio-

nale du handicap (juin 2011), le ministère de l'éducation nationale organisera désormais chaque année une journée de sensibilisation au handicap dans toutes les académies de France. Cette première journée s’est déroulée le 2 décembre 2011, à la veille de la Journée mondiale des personnes handicapées de l’Organisation des nations unies (ONU). Dans chaque établissement scolaire, un temps est consacré à ce sujet, et permet de mettre en valeur l’engagement et le travail au quotidien des équipes pédagogiques et éducatives auprès des élèves handicapés. À cette occasion, le ministre avait affirmé les objectifs essentiels de cette journée: changer notre regard collectif sur le handicap, faire connaître et valoriser les multiples actions au quotidien menées conjointement par la communauté éducative et les associations qui permettent d’offrir à chaque élève handicapés une chance pour réussir. En tant que parlementaire, mon devoir est de veiller à la continuité d’une politique ambitieuse pour les enfants en situation de handicap. La loi doit être appliquée, ce qui implique la formation des enseignants, le respect par les inspections académiques des décisions des MDPH, le respect du droit à l’accompagnement des enfants, l’accessibilité effective en 2015 de tous les établissements scolaires, des gymnases, des transports scolaires. Il est anormal qu’encore trop d’enfants handicapés ne fassent pas leur rentrée en même temps que leurs camarades faute de moyens suffisants et que trop d’élèves soient d’office évincés des sorties et voyages scolaires à cause de leur handicap. De plus, les parents se sentent encore trop souvent isolés, sans parler des femmes qui élèvent seules leur enfant handicapé et qui doivent arrêter de travailler pour s’occuper de lui. Je terminerai mon propos, en insistant sur le manque de professionnels en France lorsque l’on fait une comparaison avec nos homologues étrangers… Quelques chiffres : 3 000 ergothérapeutes en France contre 20 000 en Grande Bretagne, moins de 300 traducteurs en langue des signes quand la Suède avec ses 9 millions d’habitants en a plus de 1000 ! La scolarisation des enfants handicapés est inductrice d’un apprentissage du « vivre ensemble ». Elle constitue donc une des sources fondamentales de l’évolution des mentalités et du changement de regard que la société porte sur le handicap. CHRISTIANE À l’issue de ce Grenelle, je tiens à rendre un vibrant KAMMERMANN hommage au monde associatif sans lequel, les perSÉNATEUR sonnes handicapées seraient restées encore longREPRÉSENTANT LES temps des citoyens invisibles. FRANÇAIS ÉTABLIS HORS DE FRANCE, Le handicap, mes chers amis, constitue un défi à MEMBRE DE relever ensemble. L’ASSOCIATION Sous les difficultés apparentes, il y a toujours une NATIONALE DES ÉCOLES FRANÇAISES DE étincelle à apercevoir, à entretenir et à faire granL’ÉTRANGER dir . c.kammermann@senat.fr

constamment épinglée en raison des lacunes de ses dispositifs d'accompagnement et de la faiblesse des moyens déployés. Le sénateur Paul Blanc (UMP, Pyrénées orientales) à travers son rapport daté de mai 2011 a fait apparaître un bilan assez mitigé : « L'école peine aujourd'hui à répondre de manière pertinente aux besoins des enfants handicapés. » En 2010-2011, 20 000 enfants âgés de 6 à 16 ans n'étaient pas scolarisés, dont 5 000 restants à domicile. 13,5 % des élèves étaient scolarisés à temps partiel à l'école primaire, contre 4 % au collège. A été particulièrement pointé le déficit de formation des équipes éducatives. Restrictions budgétaires obligent, l'éducation nationale fait de plus en plus appel à des "emplois de vie scolaire" (EVS), ils sont actuellement 12500 et recrutés sans condition de qualification, sur des contrats aidés d'une durée très limitée (6 mois ou un an) et n'offrant aucune formation. Malheureusement, il a été souligné que ce type de contrat ne permettait pas un accompagnement dans la durée. Il existe également 9 500 auxiliaires de vie scolaires sous statut d’Assistant d’éducation (contrat de 6 ans). C’est pourquoi, il est réclamé depuis plusieurs années, la création d'un métier d'accompagnant d'élèves handicapés. Le non aboutissement des discussions engagées avec le gouvernement est à déplorer. Le dernier rapport annuel de la Haute autorité de lutte et pour l'égalité contre les discriminations (Halde) insiste fortement sur la nécessité, « pour l'avenir, que la scolarisation des enfants handicapés soit effectivement facilitée. » Six ans après sa promulgation, la loi du 11 février 2005 suscite des déceptions à la hauteur des espoirs qu’elle avait fait naître. • Écart entre inscription et scolarisation effective • Disparités d’attitude entre chefs d’établissement • Lourdeur et longueur des procédures • Disparités de fonctionnement entre les CDAPH Les chiffres globaux masquent de trop nombreuses insuffisances dans les conditions de l’accompagnement de la vie scolaire • Absence de formation des enseignants à l’accueil d’enfants handicapés • Insuffisance de formation initiale des AVS • Précarité de statut et d’emploi des AVS et absence de perspectives d’évolution professionnelle. Cela engendre, un turn over persistant et cause de nombreuses ruptures d’accompagnement. Sur les 60 000 enfants bénéficiant d’une notification d’accompagnement, on estime à 5 000 ceux qui ne sont pas du tout accompagnés. Pourtant, tout vise à démonter que les enfants ayant pu bénéficier de cet accompagnement atteignent des niveaux d’études plus élevés et, par conséquent, leusr chances d’insertion sociale et professionnelle sont améliorées.

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Santé & Bien-être

naturel enfants

Le pourlestroublesdermatologiquesdes Des affections qui concernent plus d'un enfant sur cinq au niveau de la peau sont présentées : Molluscum et Dermatite atopique. Pourquoi les traiter et comment le faire ?

Votre enfant a des boutons mous : il s’agit, selon toute probabilité, de Molluscum

exemple dans les piscines publiques, douches, salles de bain et aux sports de contact. L’hygiène n’a pas d’influence. Un traitement rapide évite de contaminer d’autres personnes, en particulier les autres enfants d’une garderie ou d’une école.

Le molluscum contagiosum affecte 20% des enfants. C’est un problème de peau contagieux induit par un virus. Il est caractérisé par un bouton de quelques millimètres de diamètre, qui ne cause généralement pas de démangeaisons. Les enfants sont le plus souvent touchés, car leurs défenses immunitaires sont insuffisantes contre le virus de la famille des Poxviridae responsable de ces boutons.

Évolution Un médecin diagnostique les molluscum par un examen de la peau. En cas de doute, il peut examiner au microscope un bouton prélevé à la curette pour confirmation. C’est est une affection bénigne qui guérit le plus souvent spontanément. Mais lorsque certains disparaissent, d’autres peuvent survenir par contamination de la peau avoisinante. Un enfant développe en moyenne entre 10 et 20 lésions au total. Il peut s’écouler de six mois à cinq ans pour que tous les boutons disparaissent définitivement sans traitement. De plus, l’extension des molluscum est plus importante chez les enfants qui présentent une dermatite atopique. Une possibilité de traitement est le grattage avec une curette. Cette procédure est douloureuse et nécessite une anesthésie locale. Les molluscum ont tendance à récidiver facilement, en particulier chez l’enfant présentant une diminution du système immunitaire.

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Apparence Le molluscum se présente sous la forme d’une excroissance qui forme une perle déprimée en son centre. Ces perles sont blanches ou de la couleur de la peau, elles mesurent de 2 à 5 mm de diamètre. Les molluscum surviennent souvent en groupes de quelques-uns à quelques dizaines, et peuvent se localiser n’importe où sur le corps. Chez les jeunes enfants, ils touchent volontiers le cou, les plis axillaires, le tronc, le visage et les paupières mais aussi l’abdomen, les fesses, les cuisses ou les bras. Contrairement aux verrues qui se développent aux extrémités du corps, le molluscum, lui, vient en plein milieu.

Conseils • Éviter temporairement la promiscuité des enfants contaminés avec les autres lors des bains, des activités en piscine ou à l’occasion de la pratique des sports de contacts. • Éviter de partager les linges utilisés par les enfants infectés. • Éviter le grattage : cela favorise la dissémination. • En cas d’atteinte d’adultes : éviter les contacts sexuels pendant la période de porteur de molluscum. • Les gouttes Thiémard Arctium plus désinfectent l’organisme et détruisent les molluscum depuis l’intérieur. Elles sont à avaler dans un peu d’eau avant les 3 repas, 7 gouttes pour les enfants en-dessous de 6 ans ; 14 gouttes de 6 à 11 ans ; 20 gouttes dès 12 ans. Les plantes bardane, calendula, echinacea, baptisia et les dilutions homéopathiques de Sulfur iodatum, Thuja oc-

Transmission Le virus du molluscum contagiosum est, en général, transmis par un contact direct de la peau avec une personne contaminée ; il se transmet aussi à la peau avoisinante par le contact ou le grattage. Bien que cela soit plus rare, il est possible de le contracter par contact indirect avec des effets personnels comme les serviettes de toilette. La période d’incubation, depuis le contact contaminant jusqu’à l’apparition des boutons, varie de deux semaines à six mois. Les molluscum surviennent souvent chez les enfants âgés de 2 à 12 ans. Comme son nom l’indique, le molluscum contagiosum se propage facilement. Il se transmet généralement à la garderie et à l’école. La contamination se réalise lors d’activités sportives ou lorsque la promiscuité et les contacts entre enfants sont importants, par FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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die ne s’est pas déclarée) : • contact avec un environnement moins propre • tôt en garderie • exposition aux animaux Statistiquement, on peut ainsi noter que les personnes habitant dans les villes sont plus touchés par la dermatite atopique que les personnes habitant en campagne. En outre, le risque augmente avec la prise d’antibiotiques – également la prise par la femme enceinte, chez qui une détox est utile. Les facteurs de provocation peuvent être extérieurs tels que la nourriture et le climat (soleil, température, humidité). Et d’autres facteurs peuvent, quant à eux, aggraver cette pathologie : le stress, les poussées dentaires, la vaccination, les changements de température (froid/chaud) et la transpiration.

cidentalis, Acidum silicicum et Apis mellifica agissent en synergie pour augmenter les défenses immunitaires, vaincre le virus responsable, dégonfler les boutons et nettoyer la peau.

Le Molluscum affecte 20% des enfants.

Votre enfant a des rougeurs de la peau : il s’agit probablement d’une Dermatite atopique Elle est très fréquente chez les enfants, survient dès les premières semaines de vie et touche parfois les adultes : près du tiers des enfants est concerné et elle peut atteindre jusqu’à 10% des adultes. La dermatite atopique est en augmentation constante. Elle débute dans près de la moitié des cas avant le sixième mois et dans la majorité des cas, avant la cinquième année de l’enfant. Alors que les facteurs génétiques et l’environnement sont les deux causes de la dermatite atopique, c’est l’environnement seul qui cause les récidives.

La manifestation dépend de l’âge Bébés : Débutant souvent au visage, la dermatite atopique siège avant tout sur les joues, le front, le cou. Elle peut s’étendre au cuir chevelu, le thorax et les plis des genoux et des coudes. On assiste à la formation de croûtes. Enfants : Ce sont principalement les surfaces de flexions telles que les plis des genoux, des coudes, des poignets et le cou qui sont alors touchés. Des rougeurs et pellicules se forment. Adultes : Les mêmes zones que chez les enfants sont concernées, de même que le cuir chevelu. La peau sèche s’épaissit et les démangeaisons peuvent être violentes par moment. Conseils • detox régulièrement; chez le bébé : drainage des vaccins • toilette avec des savons relipidants ou des pains végétaux sans savon ; chez le bébé : lavage sans savon, > mais avec de l’huile dans l’eau.

Apparence La dermatite atopique est caractérisée par des manifestations inflammatoires cutanées sur un terrain dit atopique. L’atopie est une prédisposition héréditaire du système immunitaire à déclencher des réactions allergiques. La dermatite atopique se manifeste par des poussées prurigineuses d’eczéma surtout au niveau du visage, des doigts et des plis des articulations. Elle est également associée à une sécheresse intense cutanée. Les caractéristiques de la dermatite atopique sont une peau sèche accompagnée de rougeurs et de démangeaisons. Diminution du risque Le risque est moindre chez les bébés dans ces conditions-ci (valable chez les bébés chez qui la mala41

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Santé & Bien-être > • utilisation d’émollients après la toilette

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Prévention complémentaire chez les personnes concernées par la dermatite atopique • se protéger des acariens, moisissures. • À cause des acariens, il faut également éviter rideaux et moquettes dans la maison.

• éviter les animaux domestiques • peu de poussière • favoriser une alimentation saine, sans colorants ni additifs ou autres conservateurs • utiliser une lessive sans adoucissant, éviter les textiles et lessives irritantes (le coton est un bon choix). Il est important de traiter la dermatite atopique, car elle constitue un terrain favorable au développement des allergies. Ainsi, le tiers des enfants atopiques vont ensuite avoir des complications. Il s’agit d’éviter l’escalade qui est un passage à des manifestations en-dehors de la peau tels que la rhinite et l’asthme. Chez l’adulte, il faut

commencer par une détox régulière avec Thiémard Juniperus+, qui est un excellent produit. aTop bébé est une crème apaisante qui constitue un soin efficace pour la peau sèche et atopique. Cette crème apaise les rougeurs et démangeaisons. Elle est à appliquer 3 fois par jour aux endroits concernés. Sans agents conservateurs, elle est formulée tout spécialement pour les bébés et les enfants. Plantes agissant en synergie : Mahonia aquifolium et Cardiospermum halicababum. Mahonia aquifolium est un arbuste semi-persistant originaire du nord-ouest des États-Unis - Californie, Oregon et Colombie-Britannique, mais il est depuis longtemps naturalisé en Europe occidentale. C’est la fleur officielle de l’état d’Oregon où il est appelé “vigne de l’Orégon” car les premiers colons faisaient une approximation de “vin” avec ses baies. Ses feuilles portent des dents épineuses ressemblant à celles du houx. Ses

Si votre enfant présente des rougeurs, il s’agit probablement d’une Dermatite atopique

fleurs jaunes à l’odeur de miel apparaissent de mars à mai et sont matures à la fin de l’été. Cardiospermum halicababum vient d’Afrique, Amérique du sud et Inde en zone tropicale. C’est une liane grimpante aux fleurs blanc crème. Les fruits sont de petites capsules parcheminées. Les graines protégées dans des capsules sont véhiculées par le vent et les cours d’eau ; à implantation, la plante grandit rapidement. aTop spray atténue les rougeurs et démanMARC THIÉMARD SPÉCIALISTE EN geaisons du cuir chevelu des adultes et enfants. THÉRAPIES NATURELLES Vaporiser 3 fois par jour sur le cuir chevelu. contact@swissnp.ch

• éviter les lainages à même le corps et privilégier le coton • éviter les savons agressifs • éviter le tabac • privilégier une alimentation saine : sans conservateur, colorants, additifs divers • éviter la diversification alimentaire précoce • éviter les allergènes alimentaires détectés • éviter les laitages d’origine animale • humidité suffisante (min. 55%)

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Portrait

Après45ans,

Le départ de Pierre Oliviero de sa boucherie de la rue de Carouge fait des malheureux.

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près 45 ans de boutique, Pierre Oliviero rend son tablier. À 74 ans, en pleine forme, le patron de cette boucherie de la rue de Carouge, spécialisée notamment dans la bourguignonne aux herbes, estime que le moment est venu. En route pour le pastis et la pétanque ? Pas du tout. « En 2012, dans le cadre des élections législatives en France, je vais accentuer mon activité politique pour soutenir un collègue », explique le presque retraité avec un accent niçois que les décennies genevoises n'ont pas émoussé. La politique, une vieille passion, une vieille maîtresse que Pierre Oliviero ne cesse de courtiser, comme on verra plus loin... Mais dans sa boutique, la longue mine de certains clients apprenant que le patron abandonne la partie demain laisse supposer que ce changement de route est durement ressenti...

Pierre Oliviero est probablement un des Français les plus décorés de Suisse. (Pierre Abensur)

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Des décorations en masse Pierre Oliviero est entré dans le métier à 14 ans, un peu par hasard. À vrai dire, il aurait voulu choisir une autre voie et devenir avocat. « J'avais des bonnes notes à l'école, mais mes parents n'avaient pas d'argent pour les études », regrette ce fils d'un vermicellier immigré d'Italie. Mobiliséen 58, il “fait” l'Algérie dans un régiment de chasseurs alpins. C'est la guerre et son cortège d'horreurs, mais il a la chance, lui, de revoir la promenade des Anglais* sans trop de casse. Son comportement sur le terrain lui donne droit aux honneurs et les premières médailles

« J’avais des bonnes notes à l’école, mais mes parents n’avaient pas d’argent pour les études. »

s'abattent : croix de combattant, médaille commémorative, médaille d'Afrique du Nord. Ce sont les premières gouttes d'une pluie abondante de reconnaissances officielles, parmi lesquelles la Légion d'honneur, le Mérite (à titre militaire), les Palmes académiques, la Médaille d'or de la Jeunesse et des Sports. Sans oublier le Mérite de la République italienne. Résultat, Pierre Oliviero est probablement un des Français les plus décorés de Suisse. Pour comprendre cet étonnant parcours, une précision s'impose : la boucherie, comme toute activité, mène à tout, à condition d'en sortir. Et Pierre Oliviero semble être beaucoup sorti de sa boutique. « Avec l'aide de ma femme, une femme formidable », précise-t-il, il a consacré du temps aux anciens combattants et aux Français de l'étranger ; un terrain riche et fertile, ne serait-ce que parce que la Suisse abrite la plus importante communauté française hors du pays (230 000 personnes). Résultat, notre homme est, depuis 1993, un des six représentants dévolus à la Suisse siégeant au sein de l'Assemblée des Français de l'Étranger. Il y est même vice-président de la commission des affaires européennes : « Mon ministre de tutelle, c'est Juppé », explique ce conseiller national de l'UMP.

Pierre et... À quelques heures de la fermeture de la boucherie, momentanée « car elle sera reprise par deux successeurs formidables », dit-il, l'étalage se vide et les murs se dépeuplent. Ces derniers jours, Pierre Oliviero a décroché du mur d'innombrables photographies. Il y a Pierre et Giscard, Pierre et Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, Alliot-Marie, la longue filière de la droite française agrémentée de quelques photos où notre héros pose avec Sophie Marceau, Carla Bruni... Et les Suisses ? Si, si, il y en a aussi sur les photos, notamment Micheline CalmyRey et Pierre Maudet... Preuve presque accablante d'intégration, Pierre Oliviero a été un des seuls Français à être accepté dans les rangs des Vieux-Grenadiers... N'en jetez plus ! MARC BRETON

*Superbe rade de la ville de Nice, qui s’étire de l’aéroport jusqu’au port (7 km), appelée aussi plus communément “la Baie des Anges”, remarquablement décrite dans une trilogie du même nom par l’académicien Max Gallo. 43

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La voix des Français de l’étranger

« » Puisquelescandidats l’occultent,parlons

finances...

vant d’établir des projections, commençons d’ausculter la situation passée. Le déficit cumulé du commerce extérieur de la France s’est vu chiffré en 2010 à 51.527 milliards d’€uros. L’année 2011 a comptabilisé une aggravation record de plus de 35 %, s’élevant ainsi à 69.592 milliards d’€uros. Chiffre dramatique, mais qui aurait pu l’être encore beaucoup plus si nous n’avions pas enrégistré en fin d’année, des ventes inespérées d’Airbus. Quelles solutions peut-on imaginer pour endiguer ce fléau ? INNOVER. La Commission Européenne de Bruxelles a publié, le 7 février dernier, l’analyse de ses 24 indicateurs, tant sur les ressources humaines que sur l’excellence et l’attractivité des systèmes de recherche. Ces 24 indicateurs couvrent de multiples éléments sur l’innovation, notamment le financement accordé à l’innovation. Il ressort de cette étude que le pays européen le plus innovant est la Suède, précédant le Danemark, juste devant l’Allemagne et la Finlande. Fermant la marche, les anciens satellites de l’ex-URSS, la Lettonie, la Bulgarie, la Lituanie et la Roumanie. Le Royaume Uni se hisse à la 6e place, alors que la France loupe de peu le Top Ten et se classe en 11e position et se voit qualifiée de “suiveur de l’Innovation”. Nous devons être optimistes mais rester réalistes. Dans l’hypothèse que nous réduisions le déficit public de 5,7 % du PIB 2011 à 4,5 % pour l’exercice 2012, ceci nous oblige a enrégistrer une activité fournie, débouchant sur une croissance bien meilleure que celle d’aujourd’hui et une parfaite maîtrise des dépenses... La croissance devrait avoisiner 2,8 % du PIB en 2012, nous dit-on. Alors, si l’on veut équilibrer la dette pour la même période, il ne faudrait pas que le déficit public atteigne les 2,3 % du PIB. Supposons, ne le souhaitons pas, que la croissance nous fasse défaut, comme elle le fait actuellement. Nos administrations devraient faire appel à des besoins nouveaux de financements. Ces derniers aggraveraient le ratio d’endettement de plus de 2 points. La dette se verrait augmentée de 3,3 %

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pour atteindre 88,3 % du PIB. Si la croissance enrégistrée en 2012 devient quasiment nulle, notre déficit avoisinerait 90 % du PIB. Ceci, sans prendre en compte les mesures nouvelles de soutien aux pays de la zone €uro. Bien que notre déficit continue à être supérieur à la moyenne européenne et que notre dette soit plus élevée qu’en Allemagne, imaginons qu’un effort structurel soit conforme aux engagements et portant surtout sur les prélèvements. Les mesures nouvelles auraient pour effet d’augmenter les prélèvements obligatoires de 20 milliards d’€uros en 2012. L’effort structurel reposerait à nouveau essentiellement sur une hausse des prélèvements obligatoires. Les dernières prévisions corrigées de la Commission européenne de Bruxelles tient compte du plan du 7 novembre et l’engagement pris au niveau européen de FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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protection. L’Inde - Les entreprises comme Carrefour pour la France ou Tesco pour les Britanniques et Wal-Mart des Américains se sont vues refuser l’ouverture de la grande distribution. Le gouvernement de Manmohan Sing, sous la pression politique, a abdiqué et renoncé au projet d’ouverture des frontières. Plus, il a pris 101 mesures de rétorsions. Le Brésil - C’est plus de 80 mesures que Dilma Rousseff, la successeur du mythique Lula, vient d’imposer depuis septembre 2011 pour limiter les importations. Une taxe de 30 % est prélevée sur tous les véhicules produits en dehors du Mercosur. Un droit de douane d’une moyenne de 13,7 % est calculé sur le prix

taires aurait pour effet certain de ralentir la croissance. La commission européenne prévoit dans ces conditions qu’une croissance avoisinant les 1,4 % pour l’exercice 2013. Et de seulement 1 % en 2014. Sans vouloir développer le côté technique des calculs et des approches, schématiquement, le taux des prélèvements obligatoires progresseraient de 44,8 % du PIB en 2012 à 45,3 % en 2013 pour atteindre le record de 1999, 44,9 %. Peut-on encore continuer longtemps comme cela ? Il est quelques pays qui ont adopté une stratégie qui n’est pas la nôtre, mais que nous serions bien inspirés d’observer. Les cinq Nations que je vais vous citer jouent la préférence nationale pour sauver leurs industries et contrer la crise. On appelle cela “Le Protectionnisme”. La Chine vient de mettre fin aux réductions de droits de douane pour les importations d’équipements dans le secteur automobile. Plusieurs rapports s’interrogent sur la fermeture des marchés publics aux entreprises étrangères et de les réserver aux entreprises nationales. À la lecture d’un rapport, Hu Jintao a annoncé 94 mesures de

SERGE C. VINET CONSEILLER ÉLU À L'AFE SUISSE & LIECHTENSTEIN MEMBRE DE LA COMMISSION DES FINANCES

des produits contre 5,1 % dans l’Union Européenne. La Russie - Vladimir Poutine réélu, le plan du futur membre de l’OMC prévoit la réduction drastique à hauteur de 50% les importations des produits pharmaceutiques étrangers d’ici à 2020. Une de ses priorités sur les 134 mesures de protection annoncées. L’Argentine - Elle aussi, nouvellement réélue, Cristina Kirschner, a fait adopter plus de 180 mesures protectionnistes. En mars 2011, on a cru à un artifice électoral. Point du tout. L’Argentine a fermé ses portes, du mois de mars au mois d’août, à tous les produits du fabricant Mattel et sa fameuse poupée Barbie. Plus de 600 entreprises étrangères sont désormais soumises à des licences d’importation “sous conditions”. Est-ce la solution ? Cela va nous obliger à réfléchir assez rapidement. À dessiner les contours de l’Europe une fois pour toute et clairement définir les accords commerciaux avec ces pays et bien d’autres... C’est à ce prix que la globalisation pourra survivre. Sinon ? Et bien sinon, cela va devenir une jungle. N’est-il pas trop tard ? serge.c.vinet@bluewin.ch

réduire le déficit structurel de 1 point sera respecté. Les années 2013 & 2014 prévoient une croissance qui repose sur des faisceaux d’hypothèses hautement favorables. La prévision de croissance du PIB pour les années 2013-2014 est ramenée à 2,5 % dans le programme de stabilité, à 2 % dans les dernières prévisions du gouvernement. Cela voudrait dire que la situation ralentie de 2012 ne serait qu’épisodique et que la croissance repartirait de plus belle ??? Les inquiétudes des déficits publics, en Europe comme aux États-Unis, minent l’optimisme mesuré des agents privés qui, obligés de se désendetter, pèseront d’une manière non négligeable sur la consommation et l’investissement. Les banques, très attentives à l’investissement, seraient tentées de limiter leurs offres de crédits afin d’adapter leurs bilans aux nouvelles règles prudentielles. Le redressement des programmes budgé-

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La voix des Français de l’étranger

« » Etl’ondoitcerespect aupouvoirabsoludenediscuter rienquandunRoil’avoulu

RACINE

Il y a des années que je m’insurge contre cette anomalie qui nous pénalise. Je veux dire “Nous”, les Français de l’étranger. En effet, le Quai d’Orsay dans un excès de bonté, nous a classés dans le dossier “Français de l’étranger & Étrangers en France”.

fois : nommer à ce poste un sénateur issu de l’AFE, rompu aux arcanes de notre communauté d’expatriés. Au lieu de cela, nous vîmes arriver un jeune colosse, fort sympathique au demeurant, élu de l’Oise, de l’autre côté du périphérique, spécialiste des élections à l’UMP… David Courtial. Autant dire à des années-lumières des préoccupations de nos compatriotes expatriés. À la veille du 22 avril seulement, nous sommes submergés de courriels, issus de toutes tendances politiques. “Ils” se souviennent que nous existons. De qui se moque-t-on ? En fait, nous sommes “Les oubliés du débat”. Outre que les élections présidentielles se déroulent pendant les vacances de Pâques, nous pourrions espérer que le débat s’élève en abordant les vraies inquiétudes et de nous laisser entrevoir quelques réponses avant le pont du 8 mai. Peut-on insuffler un nouveau dynamisme à la machine France, dans une conjoncture préoccupante, sans que ce soit au détriment des valeurs sociales et républicaines ? L’€uro peut-il rester la monnaie unique de référence pour 27 pays à la croissance inégale ? Faut-il envisager une modalité fédéraliste ? Est-ce qu’enfin, le système fiscal européen commun va voir le jour ? Est-il judicieux d’élargir actuellement l’Europe ? Quels liens devons-nous déterminer avec la Russie, les États-Unis, la Chine, le continent africain et celui d’Amérique du sud ? Gageons qu’avant le second tour, toutes ces questions légitimes soient abordées. Car absentes du débat, la politique étrangère et celle de la défense demeurent la “réserve” du président de la république. Nous aimerions bien en connaître les réponses avant le 6 mai ; puisqu’au sommet du G8 à Camp David, les 18 &19 mai, l’à peu près ne sera pas de mise. SERGE C. VINET

i les étrangers en France relèvent bien du Ministère des Affaires étrangères, les Français résidant hors de France n’ont pas à être assimilés avec des étrangers. Nous sommes des Français à part entière et non pas entièrement à part, faut-il le répéter encore et encore. D’ailleurs, Pierre Olivéro, mon collègue et ami, actuellement vice-président de la commission des affaires européennes à l’Assemblée des Français de l’étranger, avait interpellé, par écrit le 30 mars 2001, le président de la république, Monsieur Jacques Chirac, lui suggérant la création d’un secrétariat d’État aux Français de l’étranger. Le 22 mai suivant, il lui fut répondu personnellement par l’Élysée que sa suggestion était intéressante… Le 7 juillet 2007, j’alertais Monsieur François Fillon sur le même sujet, arguant que le nombre d’expatriés devenant sans cesse croissant, il serait opportun d’envisager la mise en place d’un haut commissariat, sorte de dicastère des Français résidant hors de France. Je ne manquai pas de souligner qu’aux prochaines consultations électorales, selon les circonstances, leur poids pourrait ne pas être négligeable. La réponse, qui me fut adressée trois semaines plus tard, m’avertissait que mon courrier avait été transmis à Monsieur Bernard Kouchner, alors ministre des Affaires étrangères. J’attends encore la réponse ! Vous connaissez la suite… David Douillet nous fut envoyé comme secrétaire d’État pendant l’été 2011; lui qui n’aspirait qu’aux sports, ce qu’il devint le 28 septembre 2011. L’occasion aurait pu être magnifique et crédible à la

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Dossier Fiscalité ASSEMBLÉE DES FRANÇAIS DE L'ETRANGER - 27 RUE DE LA CONVENTION - 75015 PARIS

Un Printemps annoncé, malgré une température fraîche pour la saison, voilà le cadre dans lequel nous nous apprêtons à auditionner, dans le cadre de notre session de printemps, Monsieur Cyril Maloine, directeur départemental chargé du pôle fiscal à la direction des résidents à l’étranger et des services généraux, au Ministère de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi.

SERGE-CYRIL VINET CONSEILLER ÉLU DE L’AFE SUISSE & LIECHTENSTEIN MEMBRE DE LA COMMISSION DES FINANCES DEPUIS 2001

Au secours, les impôts reviennent ! e n’est pas la première fois que Monsieur Maloine nous éclaire de ses connaissances en matière fiscale, notamment sur celle des non-résidents, dont il est incontestablement “Le Spécialiste”. Auditions et conversations toujours claires, sans jamais se départir du bon ton coutumier qui est le sien, il nous assène, ce jeudi 8 mars 2012, ce fameux Arrêt de la Cour de Justice de l’Union européenne (CJUE) dit “Schumacker”, (affaire C-279/93, Schumacker) datant, excusez du peu, du 14 février 1995.

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Jugez vous-même de l’étendue du désastre :

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“NON-RÉSIDENTS SCHUMACKER”

Contribuables français à part entière Les charges admises en déduction des revenus des “non-résidents Schumacker” L’article 164 du CGI dispose que « les revenus de source française des personnes qui n’ont pas leur domicile fiscal en France sont déterminés selon les règles applicables aux revenus de même nature perçus par les personnes qui ont leur domicile fiscal en France. Toutefois, aucune des charges déductibles du revenu global en application des dispositions du présent code ne peut être déduite ». Comme le souligne le sénateur Richard Yung, « l’application de ce principe général pose problème lorsque la personne fiscalement non résidente ne perçoit aucun revenu de source étrangère ». C’est la raison pour laquelle il a interrogé le gouvernement, sur les

problèmes liés à la non-déductibilité du revenu imposable de certaines charges versées par des personnes fiscalement non résidentes en France. Le Secrétaire d’État chargé du logement, Benoît Apparu vient de préciser que le contribuable non résident peut, comme tout contribuable fiscalement domicilié en France, faire état pour la détermination de son impôt sur le revenu des charges admises en déduction de son revenu global et des dépenses ouvrant droit à réduction ou à crédit d’impôt sur le revenu. Cette assimilation est toutefois subordonnée : • à la condition tenant à l’importance de ses revenus de source française, • à la condition qu’il ne bénéficie pas de déductions fiscales ou d’avantages fiscaux dans son État de résidence.

Àl’épreuve du bouclier fiscal et du plafonnement de l’ISF ’administration précise la situation des contribuables concernés, dits “non-résidents Schumacker”, au regard du droit à restitution des impôts directs et du plafonnement de l’ISF. Le 28 octobre dernier, nous vous indiquions que, la Commission européenne avait formellement demandé à la France de modifier sa législation sur le bouclier fiscal et sur le plafonnement de l’ISF afin de se mettre en conformité avec les principes du droit de l’Union européenne, en particulier en matière de libre circulation des personnes, des travailleurs et des capitaux. (Voir notre article : Le bouclier fiscal et le plafonnement de l’ISF épinglés par Bruxelles)

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Le bouclier fiscal

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Il ne s’applique pas aux personnes qui ne sont pas fiscalement domiciliées en France et ce, bien qu’elles perçoivent l’essentiel de leurs revenus en France et qu’elles soient imposables à titre principal en France. • La Commission Européenne estime que cette limitation va à l’encontre de la libre circulation des personnes et travailleurs prévue par les articles 21, 45 et 49 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

Le plafonnement de l’ISF Il ne s’applique qu’aux personnes domiciliées en France. • La Commission Européenne estime que ceci constitue également une entrave à la libre circulation des personnes. La réponse du berger à la bergère ?

La présente instruction précise la situation des contribuables concernés, dits “non-résidents Schumacker”, au regard du droit à restitution des impôts directs et du plafonnement de l’ISF. Les personnes : > qui perçoivent la majeure partie de leurs revenus professionnels d’une activité exercée en France (b du 1 de l’article 4 B du CGI) > ou qui perçoivent de France la majeure partie de leurs revenus non professionnels, notamment du patrimoine (c du 1 du même article), ...sont domiciliées fiscalement en France. Par suite, les personnes concernées, qui correspondent aux “nonrésidents Schumacker”, sont éligibles au droit à restitution défini à l’article 1 du CGI, dans les conditions et selon les modalités définies à l’article 1649-0 A du même code (Bouclier fiscal), et au plafonnement spécifique de l’ISF, dans les conditions et selon les modalités prévues à l’article 885 V bis du même code. > Pour rappel : Dans l’affaire Schumacker [Arrêt du 14 février 1995 (Aff C 279/93)] la Cour à admis que le fait pour un État membre de ne pas faire bénéficier un non-résident de certains avantages fiscaux qu’il accorde au résident n’est pas discriminatoire, puisque ces deux catégories de contribuables ne se trouvent pas dans une situation comparable. En revanche, la jurisprudence Schumacker s’oppose aux mesures nationales réservant un traitement différencié aux non résidents se trouvant dans une situation semblable à celle des résidents. Instruction fiscale du 11 janvier 2011

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Direction Générale des Finances Publiques INSTRUCTION DU 13 JANVIER 2012

5 B-1-12 TERRITORIALITÉ. IMPÔT SUR LE REVENU. DÉDUCTION DES CHARGES DU REVENU GLOBAL. BÉNÉFICE DES AVANTAGES FISCAUX À L’IMPOT SUR LE REVENU. SITUATION DES NON-RÉSIDENTS TIRANT DE FRANCE L’ESSENTIEL DE LEURS REVENUS IMPOSABLES (“NON-RESIDENTS SCHUMACKER”). (C.G.I., art. 4, 164 A) NOR ECE L 11 20434 J Bureau C 1 PRÉSENTATION Par un arrêt du 14 février 1995 (affaire C-279/93, Schumacker), la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé que les États membres, qui sont fondés à traiter différemment les non-résidents de leurs résidents, doivent, en revanche, les traiter à l’identique lorsque les premiers se trouvent, du fait qu’ils tirent de l’État concerné la totalité ou la quasi-totalité de leurs revenus, dans une situation comparable à celle des seconds. Les non-résidents concernés, dits “non-résidents Schumacker”, sont assimilés à des personnes fiscalement domiciliées en France, au sens du droit interne, mais restent tenus à une obligation fiscale limitée, au sens des conventions internationales. La présente instruction administrative tire les conséquences de cet arrêt en matière d’impôt sur le revenu.

Introduction 1. Par un arrêt du 14 février 1995 (affaire C-279/93, Schumacker), la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a jugé que les États membres, qui sont fondés à traiter différemment les non-résidents de leurs résidents, doivent en revanche les traiter à l’identique lorsque les premiers se trouvent, du fait qu’ils tirent de l’État concerné la totalité ou la quasi-totalité de leurs revenus, dans une situation comparable à celle des seconds. 2. Les non-résidents concernés dits, “non-résidents Schumacker”, sont assimilés à des personnes fiscalement domiciliées en France, au sens du droit interne, mais restent tenus à une obligation fiscale limitée, au sens des conventions internationales. 3. La présente instruction administrative tire les conséquences de cet arrêt et présente les modalités de sa transposition en droit interne. Section 1 : Modalités générales d’imposition des contribuables domiciliés hors de France disposant de revenus de source française 4. Définition du domicile fiscal. Aux termes du 1 du B de l’ar49

ticle 4 du code général des impôts (CGI), sont considérées comme fiscalement domiciliées en France : - les personnes qui ont en France leur foyer ou le lieu de leur séjour principal ; - celles qui exercent en France une activité professionnelle, salariée ou non, à moins qu’elles ne justifient que cette activité y est exercée à titre accessoire ; - celles qui ont en France le centre de leurs intérêts économiques. Ces dispositions relatives à la définition du domicile fiscal en droit interne ne sont applicables que sous réserve des dispositions relatives à la détermination de la résidence fiscale contenues dans les conventions internationales. 5. Étendue de l’obligation fiscale. Aux termes de l’article 4 A du CGI : - les personnes domiciliées en France sont soumises à une obligation fiscale illimitée et sont imposées sur l’ensemble de leurs revenus de source française ou étrangère ; - les personnes domiciliées hors de France sont imposables à raison de leurs seuls revenus de source française. 6. Détermination de la base d’imposition. Conformément aux dispositions de l’article 164 A du CGI, la base d’imposition des personnes domiciliées hors de France disposant de revenus de source française est déterminée selon les règles applicables aux revenus de même nature perçus par les personnes qui ont leur domicile en France. 7. Principe de non déduction des charges supportées par les non-résidents. Toutefois, les personnes qui n'ont pas leur domicile fiscal en France et qui sont, de ce fait, soumises à une obligation fiscale limitée ne peuvent déduire aucune charge de leur revenu global. Cette règle de portée générale s'applique aux charges qui constituent un emploi du revenu, c'est-à-dire à l'ensemble des charges admises en déduction du revenu global. 8. Exclusion du bénéfice des réductions et crédit d'impôt. Les contribuables domiciliés hors de France sont en principe expressément exclus du bénéfice des réductions et crédits d’impôt sur le revenu. >

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Dossier Fiscalité

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Cela étant, les contribuables domiciliés hors de France peuvent bénéficier sous certaines conditions : - du crédit d’impôt accordé au titre des primes d’assurance pour loyers impayés (article 200 nonies du CGI) ; - du crédit d’impôt au titre des travaux prescrits dans le cadre d’un plan de prévention des risques technologiques (PPRT) effectués dans des logements donnés en location (article 200 quater A du CGI) ; - et de la réduction d’impôt pour acquisition d’un logement au titre d’investissement locatif dans le secteur touristique (article 199 decies E, 199 decies EA et 199 decies G du CGI). Section 2 : Modalités de transposition de l’arrêt de la CJUE du 14 février 1995 (affaire C-279/93) 9. Présentation générale de la jurisprudence Schumacker. Par un arrêt du 14 février 1995 (affaire C-279/93, Schumacker), la CJUE a jugé que les États membres, qui sont fondés à traiter différemment les non-résidents de leurs résidents, doivent en revanche les traiter à l’identique lorsque les premiers se trouvent, du fait qu’ils tirent de l’État concerné la totalité ou la quasi-totalité de leurs revenus, dans une situation comparable à celle des seconds. Ces non-résidents, dits “non-résidents Schumacker”, sont assimilés à des personnes fiscalement domiciliées en France, au sens du droit interne, mais restent tenus à une obligation fiscale limitée, au sens des conventions internationales. 10. Portée de l’arrêt. Selon les termes de l’arrêt, pour bénéficier du régime particulier applicable aux “non-résidents Schumacker”, les revenus des contribuables concernés doivent, pour leur totalité ou leur quasi-totalité, être tirés d’une activité exercée en France. Par ailleurs, les contribuables concernés ne doivent pas percevoir dans l’État de résidence des « revenus suffisants pour y être soumis à une imposition permettant de prendre en compte leur situation personnelle et familiale ». Par suite, ces contribuables ne doivent pas bénéficier, dans le cadre de l’imposition des revenus attribuée à l’État de résidence, de mécanismes de nature à minorer cette imposition en fonction de leur situation personnelle et familiale. 1. Assimilation des non-résidents “Schumacker” aux contribuables domiciliés fiscalement en France en droit interne. 11. Conditions générales d’assimilation en droit interne. Cette assimilation est présumée, lorsque les conditions suivantes sont remplies : - le non-résident “Schumacker” est domicilié dans un autre État membre de l’Union européenne, ou dans un État partie à l’espace économique européen ayant conclu avec la France une convention fiscale qui contient une clause d’assistance administrative en vue de lutter contre la fraude ou l’évasion fiscale ; - les revenus de source française du non-résident concerné sont supérieurs ou égaux à 75 % de son revenu mondial imposable, conformément à la recommandation de la Commission européenne, du 21 décembre 1993, relative à l’imposition de certains revenus obtenus par des non-résidents dans un État membre autre que celui de leur résidence ; - le non-résident “Schumacker” ne bénéficie pas de mécanismes suffisants de nature à minorer l’imposition dans FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

l’État de résidence, en fonction de leur situation personnelle et familiale, en raison de la faiblesse des revenus imposables dans ce même État. 12. Revenus de source française. Sont réputés être tirés d’une activité exercée en France, les revenus de source française au sens de l’article 164 B du code général des impôts, les revenus exonérés n’étant pas pris en compte. 13. Revenu mondial imposable. Par revenu mondial imposable, il convient de considérer l’ensemble des revenus et profits de source française ou étrangère qui ont été soumis à l’impôt dans le pays de résidence ou de perception. En pratique, ce montant correspond généralement à la somme des revenus de source française et des revenus de source étrangère portés sur la déclaration d’ensemble des revenus et retenus pour le calcul du taux effectif ou ouvrant droit à un crédit d'impôt. 14. Faiblesse des revenus pour le bénéfice des avantages fiscaux dans le pays de résidence. Ces avantages s’entendent notamment des dispositifs visant à tenir compte de la situation familiale du contribuable et des personnes à sa charge, des dispositifs visant à tenir compte de son activité ou de son inactivité, ou encore des dispositifs visant à tenir compte de ses investissements, ou des dépenses qu’il a supportées. La condition est réputée remplie lorsque le contribuable nonrésident n’a pas pu bénéficier effectivement de la majorité du montant des avantages fiscaux auxquels il était en droit de prétendre pour la détermination des impositions sur le revenu mises à sa charge dans le pays de résidence. 15. Autres hypothèses d’assimilation. Si le pourcentage de 75 % précité n’est pas atteint, le contribuable peut être assimilé à un non-résident “Schumacker” s’il apporte la preuve : - que ses revenus de source française sont supérieurs ou égaux à 50 % de son revenu mondial imposable ; - qu’il ne bénéficie, compte tenu de sa situation personnelle et familiale, d’aucun mécanisme de nature à minorer son imposition dans son État de résidence. Pour l’appréciation de cette dernière condition, le contribuable ne doit bénéficier d’aucun mécanisme de nature à minorer cette imposition en fonction de sa situation personnelle et familiale, dans le cadre de l’imposition des revenus attribuée à l’État de résidence. 2. Portée de l’assimilation pour la détermination de l’impôt sur le revenu et l’assujettissement aux contributions sociales 16. Impôt sur le revenu. Il convient de retenir, en ce qui concerne le calcul de l’impôt sur le revenu, les règles de droit commun applicables aux contribuables domiciliés fiscalement en France et soumis à une obligation fiscale illimitée sur les revenus de source française et étrangère. 17. Bénéfice des charges, réductions et crédits d’impôt sur le revenu. Les contribuables “non-résidents Schumacker” peuvent, de la même manière que les contribuables fiscalement domiciliés en France, faire état pour la détermination de leur impôt sur le revenu des charges admises en déduction de leur revenu global et des réductions et crédits d’impôt. 18. Précisions s’agissant des revenus de transfert. Il est rappelé que, du point de vue du droit interne, le principe de l’imposition des revenus de transfert (pensions alimentaires, prestations compensatoires…) repose sur le fait que ces re50


venus sont déductibles chez celui qui les verse et imposables chez celui qui les reçoit. Dès lors, les “non-résidents Schumacker” peuvent prétendre à la déduction de ces pensions alimentaires ou prestations compensatoires, de leur revenu global, sous réserve que les sommes considérées soient imposées dans l’État de destination, comme revenus, au nom de leurs bénéficiaires. 19. Taux minimum d’imposition. Le taux minimum d’imposition, prévu par l’article 197 A du CGI, ne trouve pas à s’appliquer à l’égard des “non-résidents Schumacker”. 20. Prélèvements à la source mis à la charge des non-résidents. Les retenues et prélèvements à la source appliqués sur certains revenus ou profits de source française versés à des personnes fiscalement domiciliées hors de France (voir notamment les dispositions du 2 de l’article 119 bis, 125 A, 182 A, 182 A bis, 182 B et 244 bis et 244 bis A du CGI), ne s’appliquent pas aux revenus et profits perçus par des “non-résidents Schumacker”. 21. Imputation des retenues à la source. Les conditions générales d’assimilation des non-résidents “Schumacker” aux contribuables domiciliés fiscalement en France en droit interne ne peuvent éviter que certaines rémunérations, revenus, produits ou profits soient soumis à une retenue ou un prélèvement à la source. Dans cette hypothèse, il est admis d’appliquer, le cas échéant, les règles de droit commun d’imputation d’impôt sur le revenu de ces prélèvements à la source. L’éventuel excédent constaté pourra être restitué, sur demande, nonobstant le caractère non restituable éventuel du prélèvement, de manière à replacer le contribuable dans la situation qui aurait été la sienne s’il avait été imposé selon les règles applicables aux personnes domiciliées fiscalement en France. 22. Contributions sociales. S’agissant des règles relatives à l’assujettissement aux contributions sociales, les “non-résidents Schumacker”, assimilés à des personnes physiques domiciliées en France, sont soumis de plein droit aux contributions sociales (CSG et CRDS) sur les revenus du patrimoine. Par ailleurs, les “non-résidents Schumacker” sont soumis aux contributions sociales applicables aux revenus d’activité ou de remplacement lorsqu’ils sont à la charge d’un régime obligatoire français d’assurancemaladie. 3. Modalités déclaratives 23. Justificatifs. Les contribuables non-résidents qui souhaitent être assimilés aux contribuables domiciliés fiscalement en France au sens de la jurisprudence “Schumacker” sont invités à joindre à la déclaration d’ensemble des revenus, l’ensemble des documents et des éléments de nature à établir les conditions mentionnées aux n°s 11 à 15 et n°18. Sont considérés comme tels les avis d’imposition sur le revenu, de prélèvement à la source et les documents équivalents établis dans l’État de résidence et dans les autres États de perception des revenus et permettant à l‘administration fiscale française d’apprécier d’une part la proportion de revenus de source française et de source étrangère, et d’autre part le bénéfice de mécanismes de nature à minorer l’imposition, en fonction de la situation personnelle et familiale. 51

4. Entrée en vigueur 24. La présente instruction est applicable aux procédures et aux litiges en cours. Annoter : DB 5 B 111 n°9 et DB 5 B 712 n°8 A rapporter : RM, AN, n° 18243 de M. Weisenhorn, JO AN du 06/04/1987 – p. 1959 ; RM, Sénat, n° 00719 de M. Guerry, JO Sénat du 11/10/2007 - p. 1824 ; RM, AN, n°24 273 de M. Suguenot, JO AN du 19/08/2008 – p. 7166. LA DIRECTRICE DE LA LÉGISLATION FISCALE MARIE-CHRISTINE LEPETIT

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Annexe 1 Extraits de l’arrêt de la CJUE du 14 février 1995 (affaire C-279/93, Schumacker) Par ces motifs, LA COUR, statuant sur les questions à elle soumises par le Bundesfinanzhof, par ordonnance du 14 avril 1993, dit pour droit : 1) L'article 48 du traité CEE doit être interprété en ce sens qu'il est susceptible de limiter le droit pour un État membre de prévoir les conditions d'assujettissement et les modalités d'imposition des revenus perçus sur son territoire par un ressortissant d'un autre État membre, dans la mesure où cet article, en matière de perception des impôts directs, ne permet pas à un État membre de traiter un ressortissant d'un autre État membre qui, ayant fait usage de son droit de libre circulation, exerce une activité salariée sur le territoire du premier État, de façon moins favorable qu'un ressortissant national se trouvant dans la même situation. 2) L'article 48 du traité doit être interprété en ce sens qu'il s'oppose à l'application d'une réglementation d'un État membre imposant un travailleur ressortissant d'un autre État membre, qui réside dans ce dernier État et exerce une activité salariée sur le territoire du premier État, plus lourdement qu'un travailleur résidant sur le territoire du premier État et y occupant le même emploi, lorsque, comme en l'espèce au principal, le ressortissant du second État tire son revenu totalement ou presque exclusivement de l'activité exercée dans le premier État et ne perçoit pas dans le second État des revenus suffisants pour y être soumis à une imposition permettant de prendre en compte sa situation personnelle et familiale. 3) L'article 48 du traité doit être interprété en ce sens qu'il fait obstacle à ce que la législation d'un État membre en matière d'impôts directs prévoie le bénéfice de procédures telles que la régularisation annuelle des retenues à la source au titre de l'impôt sur les salaires et la liquidation par l'administration de l'impôt sur les revenus d'origine salariale pour les seuls résidents, à l'exclusion des personnes physiques n'ayant ni domicile ni résidence habituelle sur son territoire, mais qui y perçoivent des ressources d'origine salariale.

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été assujetti au motif que le taux d’imposition de 16 % (à l’époque) aurait du être appliqué à ces plus-values immobilières et non celui de 33,33 %. Suite au rejet de sa demande, le résident suisse a saisi le Tribunal administratif de Cergy-Pontoise. Or, ce dernier a considéré que « la différence de traitement instituée entre les résidents et les non résidents par l’article 244 bis A du code général des impôts, qui retient un taux d’imposition différent selon l’état de résidence du vendeur, n’est pas contraire au principe de non discrimination posé par l’article 26 de la convention fiscale franco-suisse. » Le tribunal en a conclu que le contribuable suisse n’était pas « fondé à demander le remboursement du prélèvement prévu par l’article 244 bis A du code général des impôts auquel il a été assujetti à raison des plus-values immobilières réalisées en 2006 lors de la cession de deux biens immobiliers » (TA Cergy-Pontoise 29 octobre 2010 n° 07-1577, 5e ch. M. WOLF VON GUGGENBERGER) Soulignons que dans une affaire similaire (Cession de parts de société à prépondérance immobilière) le Tribunal Administratif de Paris a jugé qu’un résident suisse peut bénéficier du taux applicable aux plus-values immobilières réalisées par les résidents français compte tenu des termes de l’article 15-4 de la convention franco-suisse. (TA Paris 20 mai 2010 n° 0711610) [Jugement non définitif, l’administration ayant fait appel]

ans un arrêt en date du 21 juillet 2011, la Cour d’Appel Administrative de Versailles a jugé qu’un résident suisse qui cède des biens immobiliers situés en France est fondé à se prévaloir de la convention Franco-Suisse (Art.15-4) afin de bénéficier du taux d’imposition de 19% (depuis le 1er janvier 2011) auquel sont soumises les plus values immobilières réalisées par les résidents français. Pour mémoire, si les résidents français sont, lorsqu’ils génèrent une plus-value immobilière, actuellement imposés au taux de 32,5%, les non résidents personnes physiques sont imposés dans les conditions de l’article 244 bis A du CGI, lequel prévoit que le taux d’imposition diffère selon que ce cédant réside ou non dans l’EEE (Espace Économique européen : UE, Islande, Norvège Lichtenstein) • Si le cédant réside dans l’EEE, le taux d’imposition est fixé à 19% • Si le cédant réside hors EEE, le taux d’imposition est fixé à 33,33%

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Rappel des faits Après s’être acquitté du paiement de l’impôt de plus-value consécutif à la cession de deux biens immobiliers situés en France, un résident suisse a demandé, par réclamation contentieuse le remboursement du prélèvement auquel il a

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Art. 15 de la convention franco-suisse (modifié par l’avenant du 22 juillet 1997) > 1. Les gains provenant de l’aliénation des biens immobiliers, tels qu’ils sont définis à l’alinéa 1er du paragraphe 2 de l’article 6, sont imposables dans l’Etat contractant où ces biens sont situés. > 2. Les gains provenant de l’aliénation d’actions, parts ou autres droits dans une société, une fiducie ou une institution comparable, dont l’actif ou le patrimoine est principalement constitué, directement ou indirectement, de biens immobiliers définis au paragraphe 2 de l’article 6 et situés dans un État contractant ou de droits portant sur de tels biens sont imposables dans cet État. Pour l’application de cette disposition, ne sont pas pris en considération les biens immobiliers affectés par cette société à sa propre exploitation industrielle, commerciale ou agricole ou à l’exercice par elle d’une profession libérale ou d’autres activités indépendantes de caractère analogue. > 3. Les gains provenant de l’aliénation de biens mobiliers faisant partie de l’actif d’un établissement stable qu’une entreprise d’un État contractant a dans l’autre État contractant, ou de biens mobiliers constitutifs d’une base fixe dont dispose un résident d’un État contractant dans l’autre État contractant

pour l’exercice d’une profession libérale, y compris de tels gains provenant de l’aliénation globale de cet établissement stable (seul ou avec l’ensemble de l’entreprise) ou de cette base fixe, sont imposables dans cet autre État. Toutefois, les gains provenant de l’aliénation des biens mobiliers visés au paragraphe 3 de l’article 24 ne sont imposables que dans l’État contractant où les biens en question eux-mêmes sont imposables en vertu dudit article. > 4. Les gains provenant de l’aliénation des biens mentionnés aux paragraphes 1, 2 et 3, tels qu’ils sont retenus pour l’assiette de l’impôt sur les plusvalues, sont calculés dans les mêmes conditions, que le bénéficiaire soit résident de l’un ou l’autre État contractant. Si ces gains sont soumis dans un État contractant à un prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu ou de l’impôt sur les sociétés, ce prélèvement est calculé dans les mêmes conditions, que le bénéficiaire soit résident de l’un ou de l’autre État contractant. > 5. Les gains provenant de l’aliénation de tous biens autres que ceux qui sont mentionnés aux paragraphes 1, 2 et 3 ne sont imposables que dans l’État dont le cédant est un résident.

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Saisie en appel, la Cour Administrative d’Appel de Versailles a annulé la décision du 29 octobre. Elle considère « que l’article 15 de la convention fiscale franco-suisse du 9 septembre 1966 modifiée fait ainsi obstacle à l’application du taux d’un tiers réservé, en vertu des dispositions précitées de l’article 244 bis A du code général des impôts, aux ressortissants suisses ; que, par suite, M. A est fondé à se prévaloir desdites stipulations pour demander la réduction du taux du prélèvement libératoire de 33,1/3 % à 16 %, taux auquel sont soumises les plus-values de cession de valeurs immobilières qui relèvent, pour les résidents français, de l’article 150 UB précité du code général des impôts ; qu’il est, dans cette mesure, fondé à demander la décharge et le remboursement du prélèvement prévu par l’article 244 bis A du code général des impôts auquel il a été assujetti ». Les résidents suisse qui se trouvent dans une situation similaire et qui ont acquitté en 2010 un impôt de plus-value par voie de prélèvement, devraient pouvoir demander et

obtenir le remboursement du trop perçu avant le 31 décembre 2011. Il ressort en effet, de la doctrine administrative « pour ce qui est des réclamations présentées par les contribuables, le point de départ du délai est la date à laquelle les retenues ont été opérées (date du paiement, à leur bénéficiaire, des revenus amputés de l’impôt retenu à la source), et la date d’expiration du délai est le 31 décembre de l’année suivant celle de ce point de départ (art. R* 196-1, 2e alinéa, § b) » (Doc. adm. 13 O-2124 § 12 du 30 avril 1996). Ce délai d’un an ne semble toutefois pas faire l’unanimité. Certains praticiens et auteurs ayant précisé que la réclamation pouvait être déposée jusqu’au 31 décembre de la deuxième année qui suit celle de la cession. Arrêt CAA versailles du 21 juillet 2011 N° 10VE04101

Lebouclierfiscaletleplafonnement del’ISFépinglésparBruxelles a Commission européenne a formellement demandé à la France de modifier sa législation sur le bouclier fiscal et sur le plafonnement de l’ISF afin de se mettre en conformité avec les principes du droit de l’Union européenne, en particulier en matière de libre circulation des personnes, des travailleurs et des capitaux. La demande prend la forme d’un avis motivé. Si la France ne se conforme pas à cet avis motivé dans les deux mois, la Commission pourra décider de porter le cas devant la Cour de justice de l’Union Européenne. Le bouclier fiscal est une mesure de plafonnement de l’ensemble des impôts payés en France par un contribuable à hauteur de 50% de ses revenus, l’excédent pouvant faire l’objet d’un remboursement. Sans contester le principe de ce plafonnement, la Commission estime que certains aspects de son application sont contraires au droit européen, notamment en ce qui concerne les personnes pouvant bénéficier du bouclier fiscal et les impôts pris en compte dans son calcul. Le bouclier fiscal ne s’applique pas aux personnes qui ne sont pas fiscalement domiciliées en France et ce, bien qu’elles perçoivent l’essentiel de leurs revenus en France et qu’elles soient imposables à titre principal en France. Cette limitation va à l’encontre de la libre circulation des personnes et travailleurs prévue par les articles 21, 45 et 49 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Par ailleurs, un dispositif de plafonnement est prévu pour

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l’ISF afin d’éviter que le total formé par cet impôt et l’impôt sur le revenu n’excède 85% des revenus nets imposables du foyer fiscal de l’année précédente. L’application de ce plafonnement contrevient au droit européen de la même manière que le bouclier fiscal, dans la mesure où le plafonnement ne s’applique qu’aux personnes domiciliées en France. Ceci constitue également une entrave à la libre circulation des personnes et des travailleurs telles que prévue par les articles 21, 45 et 49 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. D’autre part, le calcul des impôts payés qui permet de déterminer le montant de 50% et l’éventuel montant à rembourser, prend uniquement en compte les impôts payés en France. Ceci constitue un obstacle à la libre circulation des capitaux prévue à l’article 63 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne en influençant les choix d’investissement des contribuables français. En effet, ces contribuables préféreront acquérir des titres produisant des dividendes taxés en France et inclus dans le calcul du bouclier fiscal, plutôt que des titres équivalents pour lesquels ils devraient acquitter l’impôt dans un autre État membre de l’UE ou de l’Espace Économique Européen, et qui, par conséquent, ne seraient pas pris en compte de la même manière dans le calcul du bouclier fiscal. Source : Commission européenne Communiqué de la Commission européenne du 28 octobre 2010

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Conclusion ’administration vient donc de publier une instruction tirant les conséquences de cet arrêt en matière d’impôt sur le revenu. Après moults éclaircissements, j’apostrophai notre interlocuteur par cette remarque : « Un arrêté datant du 14 février 1995, vous avouerez que vous en avez mis du temps pour nous le sortir ! Plus sérieusement, n’est-ce pas là la réponse insidieuse à toutes les tentatives infructueuses de l’été dernier que nous avons subies de part et d’autre, pour faire payer subtilement des impôts aux non-résidents aux mêmes titres que les résidents ? » Je vous laisse savourer sa réponse : « Absolument pas. Non, d’ailleurs, vous avez le choix, pour l’instant. Il vous reste le choix, pour l’instant ! » (ndlr). En cette même journée, la commission des finances et des affaires économiques de l’Assemblée des Français de l’Étranger avait programmé de recevoir Monsieur Philippe Marini (UMP), président de la commission des finances du sénat, ainsi que sa rapporteure générale, Madame Nicole Bricq (PS). Immanquablement, nous sommes revenus sur l’annonce du fameux arrêt “Schumacker” et avons demandé à nos deux interlocuteurs ce qu’ils en

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pensaient et d’espérer entrevoir quelques solutions. Il nous a été répondu, de la bouche même du président : qu’il nous avouait « avoir une profonde aversion pour les Français de l’étranger et notamment pour ses conseillers qui se comportaient (je cite) comme des conseillers généraux de province, jamais contents et toujours la bouche pleine » (fin de citation). M’interdisant l’indécence, je ne formulerai donc aucun commentaire et laisse apprécier, par nos lectrices et nos lecteurs, à sa juste valeur (le mot est probablement mal requis) cette réplique au demeurant méprisante. Au secours, les impôts reviennent... de toutes parts. Ces quelques lignes sont couchées alors que le nouveau président de la République n’est pas encore élu. Mais au-delà de connaître le nom du nouveau locataire qui s’installera au palais de l’Élysée le 9 ou 10 mai prochain, pourrions-nous lui suggérer de s’attaquer à un challenge sans précédent. Celui d’arrêter de massacrer ceux qui créent les richesses par leur travail et leur intelligence et de tenter de consacrer le mariage entre l’Économie et la Politique en un mariage de raison et, qui sait... d’Amour !

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Rose Passion

Lesjardinsde

Bagatelle

omme dissimulés derrière des porches dorés en fer forgé, les petits chemins des jardins de Bagatelle offrent aux visiteurs une vue enchanteresse. Ce n'est pas un hasard si le parc est considéré comme le bijou de la couronne des jardins parisiens. Petit parcours découverte dans l'un des plus beaux jardins du monde. Il y a trois siècles, les jardins de Bagatelle appartenaient à l'aristocratie. Acquis par le conte d'Artois en 1777, le château - dont les jardins étaient les terres - passe d'abord aux mains des Français, puis des Anglais. Au cours de la révolution française, ils servent de lieu de détente populaire, avant de devenir le pavillon de chasse de Napoléon Bonaparte. En 1835, un ami intime de ce dernier aristocrate anglais répondant au nom de Lord Seymour, marquis de Hertford - acquiert le château. Durant la guerre Franco-Prusse de 1870, il est racheté par un millionnaire anglais, Richard Wallace, pour finalement devenir propriété de la Ville de Paris en 1905. L'aménagement des jardins est confié à Jean-Claude Nicolas Forestier, le conservateur des parcs et des jardins de la capitale de l'époque. En tant qu'ami de Claude Monet et admirateur des impressionnistes, il pose les jalons des jardins de Bagatelle d'aujourd'hui. Depuis, à chaque printemps, huit hectares du Bagatelle subissent une métamorphose complète. Sous une étendue verte

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Les jardins de Bagatelle sont considérés comme le bijou de la couronne des jardins parisiens, parmi les plus beaux du monde. 55

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qui semble s'étendre à l'infini, les jardiniers plantent 1 250 000 bulbes qui se régénèrent et qui éclatent en un océan multicolore lorsque les premiers rayons du soleil chauffent la terre. Le résultat est un festin visuel. Et les visiteurs qui flânent le long des allées sont là pour absorber ce fabuleux spectacle. Les paons se pavanent entre les parcelles de fleurs. Les canards, quant à eux, préfèrent se dandiner près des miroirs d'eau qui embellissent les jardins. Le prix du ticket d'entrée est d'ailleurs le reflet de l'altruisme des Parisiens : le droit d'entrée est faible pour les jeunes et l'accès est gratuit pour les personnes âgées. Jour après jour, des myriades de fleurs forment des bourgeons qui éclorent dans un festival majestueux. C'est une véritable quintessence florale. Des bulbes parfumés embaument l'air tandis que jonquilles, jacinthes, tulipes et autres crocus charment les promeneurs. Mais cette vue mirifique est éphémère, elle ne dure que six semaines. Puis, les fleurs fanent et restent en jachère afin de permettre aux substances nutritives de regagner les bulbes avant que les tondeuses transforment ces espaces fleuris en espaces herbeux. Les iris prennent alors le relais. À la mi-mai, 350 variétés de ces bulbes impressionnantes éclosent. Deux semaines plus tard, à l'extrême opposé du Bagatelle, un autre miracle a lieu. Il s'agit d'une éclatante roseraie à faire pâlir d'envie toutes les autres roses d'Europe. Un magnifique parterre fleuri aux couleurs chatoyantes et à la fragrance incomparable. Cette merveille ne date pas d'hier. En effet, Jean-Claude Nicolas Forestier avait à l'époque déjà fait appel aux meilleurs horticulteurs français spécialisés dans la culture du rosier afin qu'ils introduisent leurs plus belles variétés. Aujourd'hui, les rosiers scrupuleusement plantés et taillés à la française, offrent aux visiteurs un magnifique bouquet visuel composé de 9 000 roses issues de plus de 1 000 variétés. Dans un tel contexte, nul ne sera surpris d'apprendre qu'un concours international de roses a lieu chaque année aux jardins de Bagatelle. Depuis 1907, il assure que les nouvelles variétés de roses viennent compléter la très belle collection déjà existante. Et quelle splendeur ! Disposées selon un style impressionniste et regroupées par variétés, les roses sont assemblées par palette de couleur naturelle. On y trouve des rosiers buissons, grimpants, hybrides de thé, floribundas ou encore pleureurs. La roseraie atteint son apothéose à la mi-juin. Avis aux amoureux des jardins et des fleurs : un détour par les jardins de Bagatelle s'impose ! DANY VINET


Professions de la Santé ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET RECHERCHE ÉTUDES MÉDICALES

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Diplômedeformationmédicalespécialiséeet diplômedeformationmédicalespécialisée approfondie Article 1 - Les médecins et les pharmaciens autres que les ressortissants des États membres de l’Union européenne, d’un État partie à l’accord sur l’Espace économique européen, de la Confédération suisse ou de la Principauté d’Andorre, peuvent, dans les conditions prévues par le présent arrêté, suivre des enseignements théoriques et des stages de formation pratique prévus par la maquette des diplômes d’études spécialisées (DES) et des diplômes d’études spécialisées complémentai res (DESC) réglementés par les décrets et les arrêtés susvisés, en vue d’obtenir un diplôme de formation médicale spécialisée (DFMS) ou un diplôme de formation méd icale spécialisée approfondie (DFMSA). Seuls les pharmaciens qui souhaitent suivre une formation spécialisée en biologie médicale peuvent bénéficier des dispositions du présent arrêté. Article 2 - Peuvent postuler un diplôme de formation médicale spécialisée les médecins et les pharmaciens visés à l’article premier, titulaires d’un diplôme de médecin ou de pharmacien permettant l’exercice de la profession dans leur pays d’origine ou le pays d’obtention du diplôme et en cours de formation médicale ou pharmaceutique spécialisée. Article 3 - Peuvent postuler à un diplôme de formation médicale spécialisée approfondie les médecins et les pharmaciens visés à l’article premier, titulaires d’un diplôme de médecin spécialiste ou de pharmacien spécialiste permettant l’exercice de la spécialité dans leur pays d’origine ou le pays d’obtention du diplôme. Le candidat peut, au terme de la formation conduisant à la délivrance du diplôme de formation médicale spécialisée, postuler en vue de son admission à un diplôme de formation médicale spécialisée approfondie sous réserve de l’obtention du diplôme ou du titre de médecin ou de pharmacien spécialiste dans son pays d’origine. Il est soumis à la procédure d’admission précisée aux articles 6 à 9 du présent arrêté ; toutefois, il n’a pas à produire les documents prévus au 1 de l’article 8. Article 4 - La formation en vue du diplôme de formation médicale spécialisée ou du diplôme de formation médicale spécialisée approfondie est déterminée sur la base du contenu de la maquette du diplôme d’études spécialisées ou du diplôme d’études spécialisées com-

plémentaires correspondant à la formation postulée par le candidat. Dans le cas du diplôme de formation médicale spécialisée, la durée de la formation ne peut être inférieure à deux semestres, ni supérieure à six semestres. Dans le cas du diplôme de formation médicale spécialisée approfondie, elle ne peut être inférieure à un semestre, ni supérieure à deux semestres. Article 5 - Un arrêté des ministres chargés de la Santé et de l’Enseignement supérieur fixe, chaque année, pour l’année universitaire suivante, par discipline et spécialité, pour chaque inter-région et subdivision, le nombre de places offertes. Les postes ouverts au titre d’accords inter-universitaires sont recensés sur une liste spécifique établie à l’issue de la période d’inscription. Article 6 - Le candidat retire un dossier auprès des services de coopération et d’action culturelle des ambassades de France ou des consulats généraux à l’étranger. Il peut également le télécharger sur le site internet de l’université de Strasbourg. Les dossiers complets, établis en deux exemplaires, doivent être adressés au plus tard le 15 janvier de chaque année : • pour les candidats résidant à l’étranger, aux services de coopération et d’action culturelle des ambassades de France ou des consulats généraux à l’étranger qui les envoient à l’université de Strasbourg ; • pour les candidats résidant en France et les personnes justifiant du statut de réfugié, d’apatride ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire, à l’université de Strasbourg. Ces dossiers doivent comporter : 1) une copie lisible d’un document officiel en cours de validité attestant de son identité ; 2) un certificat de nationalité ou tout document officiel attestant la nationalité, l’un ou l’autre datant de moins de six mois à la date de dépôt du dossier ; 3) un relevé détaillé du cursus de la formation spécialisée effectuée, établi par l’établissement compétent ; 4) une lettre de motivation ; 5) une attestation sur l’honneur indiquant que le candidat n’est titulaire ni d’un diplôme interuniversitaire FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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l’article 6 du présent arrêté. Les dossiers des candidats à une formation de biologie médicale sont examinés par l’une des commissions pédagogiques interrégionales prévues à l’article 4 du décret du 23 janvier 2003 susvisé, constituée en jury et désignée par arrêté du ministre chargé de l’Enseignement supérieur. L’université de Strasbourg transmet les dossiers de candidature aux coordonnateurs interrégionaux des commissions concernées. Chaque commission se réunit sous la présidence du coordonnateur interrégional de la spécialité. Chaque jury retient, sans distinction du type de diplôme postulé, diplôme de formation médicale spécialisée ou diplôme de formation médicale spécialisée approfondie, un nombre de candidats au plus égal au double du nombre de places fixé au plan national pour la spécialité concernée. Le ministère chargé de l’Enseignement supérieur transmet les listes des candidats sélectionnés par les jurys au ministère des Affaires étrangères et européennes pour diffusion des résultats et à l’université de Stras-

de spécialisation, ni d’un diplôme interuniversitaire de spécialisation complémentaire, ni d’une attestation de formation spécialisée approfondie, ni d’une attestation de formation spécialisée s’il postule un diplôme de formation médicale spécialisée ; 6) en outre : a) pour les candidats postulant à un diplôme de formation médicale spécialisée, une copie de leur diplôme de médecin ou de pharmacien ouvrant droit à l’exercice dans le pays d’origine ou d’obtention. Ils doivent également produire un certificat de scolarité pour l’année en cours et une lettre d’accord du directeur de l’établissement où ils poursuivent leur formation, précisant : - le nombre de semestres hospitaliers restant à accomplir pour valider la spécialité, - les objectifs pédagogiques à atteindre durant leur formation en France et attestant que cette dernière sera validée dans le cadre de la spécialisation qu’ils préparent, b) pour les candidats postulant un diplôme de formation médicale spécialisée approfondie, une copie de leur diplôme de médecin ou de pharmacien et une copie de leur diplôme ou titre de médecin ou de pharmacien spécialiste permettant l’exercice de la spécialité dans le pays d’origine ou d’obtention. 7) Les candidats se présentant au titre d’un accord de coopération interuniversitaire, produisent également le document justifiant de l’ouverture d’un poste rémunéré, signé par le directeur de l’unité de formation et de recherche et le directeur du centre hospitalier universitaire ou de l’établissement de santé d’accueil. Les copies des documents ci-dessus doivent porter la mention manuscrite suivante : « J’atteste sur l’honneur l’exactitude des informations figurant sur le présent document » et être datées et signées par le candidat. Les documents écrits en langue étrangère doivent être accompagnés d’une traduction en langue française effectuée par un traducteur agréé en France ou auprès de l’ambassade de France du pays de résidence. Les personnes justifiant du statut de réfugié, d’apatride ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire, qui sont dans l’impossibilité de joindre certaines pièces constitutives du dossier, obtenues à l’étranger, peuvent les remplacer par des attestations sur l’honneur, à l’exception du diplôme ouvrant droit à l’exercice dans le pays d’origine ou d’obtention et donnant accès à la formation postulée. L’université de Strasbourg est chargée de vérifier la recevabilité des candidatures et de recenser l’ensemble des spécialités postulées. Article 7 - Dans chaque inter-région, des commissions interrégionales de coordination et d’évaluation de diplôme d’études spécialisées ou de diplôme d’études spécialisées complémentaires, désignées par spécialité par arrêté du ministre éhargé de l’Enseignement supérieur et constituées en jurys, examinent l’ensemble des dossiers de candidature pour les formations relevant de leur compétence, à l’exception de ceux relevant du 7 de

bourg. Les listes sont valables un an à compter de cette transmission. Article 8 - Les candidats retenus, informés par l’université de Strasbourg, adressent à cette dernière, pour chaque université postulée : 1) La photocopie certifiée conforme du baccalauréat français ou d’une attestation justifiant soit du niveau 82 au minimum aux tests de connaissance de la langue française (TCF ou TEF), soit de l’obtention du diplôme d’études en langue française (DELF) de niveau 82 au minimum. Les candidats ayant accompli l’intégralité de leur cursus d’études en langue française, en vue du diplôme d’exercice en médecine ou en pharmacie , sont autorisés à produire une attestation en ce sens, délivrée nominativement par leur établissement d’origine. 2) Leur curriculum vitae et une lettre détaillant les objectifs de la formation postulée et la désignation de la ou des universités d’accueil, classées par ordre préférentiel, où ils souhaitent poursuivre cette formation. 3) Le relevé détaillé du cursus de la formation spéciali57

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Professions de la Santé

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sée effectuée ou en cours, établi par l’établissement compétent. Les personnes justifiant du statut de réfugié, d’apatride ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire produisent une attestation sur l’honneur, en cas d’impossibilité de joindre la pièce demandée au 3 du présent article. L’université de Strasbourg transmet le dossier à l’université ou aux universités postulées par le candidat. Article 9 - Chaque université classe les candidats par spécialité, sans distinction du type de diplôme postulé, diplôme de formation médicale spécialisée ou diplôme de formation médicale spécialisée approfondie, selon l’avis : - du directeur de l’unité de formation et de recherche ou de son représentant ; - du directeur général du centre hospitalier universitaire ou de son représentant ; - du coordonnateur de la spécialité concernée, qui devra recueillir l’accord écrit du responsable de la structure d’accueil. Sur la base des classements effectués par les universités et selon l’ordre préférentiel exprimé par les candidats, l’université de Strasbourg répartit ces derniers dans la limite du nombre de places offertes fixé par l’arrêté mentionné au premier alinéa de l’article 5 du présent arrêté. Elle leur communique la suite réservée à leur demande et en informe les universités d’accueil et le ministère des Affaires étrangères et européennes pour diffusion. Article 10 - Pour chaque candidat, une convention établie entre l’établissement d’or igine, l’université d’accueil, le centre hospitalier universitaire de rattachement et le candidat fixe le nombre de semestres à accomplir , précise les objectifs, le contenu, les modalités et la durée des enseignements théoriques et pratiques de la formation. La convention précise les conditions d’accueil du candidat. Pour les médecins ou pharmaciens spécialistes résidant en France, admis à suivre une formation conduisant à un diplôme de formation médicale spécialisée approfondie et les personnes justifiant du statut de réfugié, d’apatride ou de bénéficiaire de la protection subsidiaire, la convention est établie entre l’université d’accueil, le centre hospitalier universitaire de rattachement et l’intéressé. L’université d’accueil transmet une copie de cette convention à l’université de Strasbourg. Article 11 - La formation pratique est effectuée dans les services agréés pour les diplômes d’études spécialisées et les diplômes d’études spécialisées complémentaires selon les modalités prévues dans l’arrêté du 22 septembre 2004 relatif à l’organisation, au déroulement et à la validation des stages des étudiants en 3e cycle des études médicales, susvisé. En cas d’invalidation, deux stages au maximum peuvent être recommencés, chacun ne pouvant l’être qu’une seule fois. Les candidats sont recrutés pour la durée de leur formation en qualité d’étudiant fa isant fonctions d’interne, conformément aux dispositions des articles R. 6153-41

et suivants du code de la Santé publique. Article 12 - Le diplôme de formation médicale spécialisée ou le diplôme de formation médicale spécialisée approfond ie est délivré par le président de l’université où la formation a été validée, avec mention de la spécialité considérée, sur proposition de la commission interrégionale de coordination et d’évaluation de la spécialité ou, dans le cas de la biologie médicale, sur proposition de la commission pédagogique interrégionale. Le diplôme précise le nombre et la nature des semestres validés par le titulaire, ainsi que la formation suivie. Article 13 - Les titulaires d’un diplôme interuniversitaire de spécialisation, d’un diplôme interuniversitaire de spécialisation complémentaire ou d’une attestation de formation spécialisée approfondie ne peuvent s’inscrire aux diplômes de formation médicale spécialisée, ou de formation médicale spécialisée approfondie. Le titulaire d’une attestation de formation spécialisée ne peut présenter sa candidature en vue d’un diplôme de formation médicale spécialisée. Un candidat titulaire d’un diplôme de formation médicale spéc ialisée approfondie ne peut être autorisé à s’inscrire à un nouveau diplôme de formation médicale spécialisée approfondie qu’après un délai de cinq ans à compter de la date d’obtention du précédent. Aucune nouvelle inscription en attestation de formation spécialisée ou en attestation de formation spécialisée approfondie ne peut être prise. Les étudiants engagés en attestation de formation spécialisée ou attestation de formation spécialisée approfondie ont jusqu’au terme de l’année universitaire 2013-2014 pour valider l’intégralité de leur formation. Article 14 - Les dispositions du présent arrêté entrent en vigueur à la date de sa publication. Les médecins et pharmaciens inscrits en DFMS et DFMSA en application de l’arrêté du 8 juillet 2008 relatif au DFMS et au DFMSA restent régis par les dispositions de ce texte jusqu’à son abrogation, à compter du 31 octobre 2011. Article 15 - La directrice des politiques de mobilité et d’attractivité, le directeur général pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle et la directrice générale de l’offre de soins sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté qui sera publié au Bulletin officiel du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Fait à Paris, le 3 août 2010 POUR LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES ET EUROPÉENNES ET PAR DÉLÉGATION, LA DIRECTRICE DES POLITIQUES DE MOBILITÉ ET D’ATTRACTIVITÉ,ET PAR DÉLÉGATION, HÉLÈNE DUCHÊNE POUR LA MINISTRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET DE LA RECHERCHE ET PAR DÉLÉGATION, LE DIRECTEUR GÉNÉRAL POUR L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR ET L’INSERTION PROFESSIONNELLE, PATRICK HETZEL POUR LA MINISTRE DE LA SANTÉ ET DES SPORTS ET PAR DÉLÉGATION, LA DIRECTRICE GÉNÉRALE DE L’OFFRE DE SOINS, ANNIE PODEUR FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Peinture PIERRE-AUGUSTE RENOIR AU KUNSTMUSEUM ENTRE BOHÈME ET BOURGEOISIE LES JEUNES ANNÉES JUSQU’AU 12 AOÛT 2012

Pierre-AugusteRenoir,co-inventeurde

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Marie-Zélie Laporte (1864)

l’impressionnisme

Renoir (1841-1919) compte parmi les peintres français qui ont inventé l’Impressionisme au début des années 1870. Le Kunstmuseum Basel présente une grande exposition rétrospective concentrée sur les premières années de la production du peintre jusqu’à ses premiers tableaux impressionnistes : cinquante peintures, portraits, paysages et natures mortes - sur les 6 000 tableaux produits en 60 ans - œuvres majeures issues des collections de grands musées, tels que le Musée d’Orsay, Paris, la National Gallery, Londres, le Metropolitan Museum, New York, le Art Institut de Chicago. On apprécie l’accrochage des toiles, laissant libres un panneau dans chacune des salles, ce qui améliore grandement la mise en valeur des œuvres.

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Bâle, Renoir est exposé seul pour la seconde fois. En 1943, la Kunsthalle montra 6 toiles rassemblées durant la Première Guerre mondiale. L’exposition actuelle du Kunstmuseum débute par deux toiles représentant les sœurs Trehot, Clémence dite Madame Jules Lecœur, et Lise, la femme au jardin et modèle du peintre. À l’origine, la formation de Pierre-Auguste Renoir est celle d’un peintre décoratif sur porcelaine. Ses véritables débuts d’artiste peintre sont largement influencés par le réalisme de Gustave Courbet, les techniques de peinture en plein air de l’école de Barbizon, ainsi que le style de ses amis Édouard Manet et Claude Monet, dont il est artistiquement très proche durant ces années-là.

grâce à deux communications signées respectivement Marc Le Cœur pour Pierre, le fils caché, et Jean-Claude Gélineau, lequel sut tirer parti de l’abondante documentation constituée pour l’essentiel de lettres de Renoir à sa fille. Si vous voulez entrer dans la confidence, plongez-vous dans l’ouvrage de Gelineau Jeanne Tréhot, La Fille Cachée De Pierre-Auguste Renoir Jeanne Tréhot est la demi-sœur du grand acteur Pierre Renoir - fils légitime de Renoir et d’Aline Charigot -, et du cinéaste Jean Renoir, auteur de tant de films inoubliables. On peut noter que, contrairement à sa fille Jeanne, née à Paris le 21 juillet 1870, tout juste deux jours après l’en-

À

Renoir : descendants égarés, modèles déposés Le modèle favori de Renoir durant ces premières années était sa maîtresse Lise Tréhot, jeune femme replette à la morphologie grossière et à la carnation pâlichonne que l’on retrouve avec plus ou moins de bonheur dans de nombreuses toiles comme la Diane

À gauche : Claude Monet (1873). À droite : Allée cavalière au bois de Boulogne - détail (1873)

Chasseresse - largement inspirée du travail de Courbet - ou la Nymphe à la source dont les formes alanguies, voire avachies, peinent à provoquer une réelle émotion - avis personnel -. Cependant, les goûts et les couleurs ne se discutant pas, Renoir et sa Lolita (18 ans au moment de leur rencontre) se sont unis avec une telle conviction, entre 1865 à 1872, que deux enfants, nés, puis aussitôt donnés à l’adoption puisqu’illégitimes, viennent au monde, Pierre et Jeanne - épisodes que l’artiste gardera soigneusement secrets sa vie durant et même largement au-delà ; le pot-aux-roses n’en fut révélé qu’en 2002 dans le catalogue de l’exposition “Renoir, O Pintor da Vida” qui a eu lieu à São Paulo (Brésil) 61

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trée en guerre de la France contre l’Allemagne, funestement marquée par la perte de l’Alsace et de la Lorraine, germanisées jusqu’au conflit suivant, que Renoir a fini par coucher sur son testament, le sort de Pierre n’a pas croisé celui de son illustre père. Marc Le Cœur, raconte ainsi que Jules Le Cœur et Renoir, tous deux peintres et amants des sœurs Tréhot devinrent pères pratiquement simultanément, mais alors que le premier reconnaît l’enfant, Renoir nie l’existence de Pierre et il ne sera plus jamais question de la famille Le Cœur ou de ce fils né en 1868. Pourquoi ce traitement différent ? Mystère pour un secret de famille qu’aurait pu exploiter Jean Renoir le réalisateur si tant est qu’il en eût connaissance de son

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Peinture >

vivant ! Lire les travaux de Marc Le Cœur, historien d’art Renoir au temps de la bohème l’histoire que l’artiste voulait oublier ou les comptes rendus de la Gazette de la Fournaise.

chef de file de ces peintres rejetés et est, pour les futurs impressionnistes, après Corot et Courbet, un exemple d’une nouvelle manière de peindre et un nouveau guide. Manet est donc beaucoup plus le chef des novateurs que le chef des impressionnistes, le chef de tous les refusés, le “tribun” du café Guerbois, vaste cercle hétérogène et mélangé, où se confrontent, aux Batignolles, toutes sortes de tendances. Rapidement, d’autres liens se nouent : Monet se lie en 1862 aux Beaux-Arts avec Renoir, Bazille et Sisley, alors que Degas se lie, la même année, avec Manet. Le Salon des Indépendants de 1863 “cristallise” tous ces jeunes artistes (ils ont, pour la plupart, entre 20 et 30 ans) autour de Manet et ils prennent l’habitude de se réunir le vendredi soir au café Guerbois, au 11 avenue de Clichy, non loin de l’atelier de Manet. Ces peintres sont désignés sous le nom d’“école des Batignolles”. Aux premiers participants, Émile Zola, Cézanne, Monet, s’ajoutent peu à peu Renoir, Sisley, Bazille qui a son atelier tout proche, rue Condamine, puis, à partir de 1866, Degas et Pissarro, amis de Manet, Fantin-Latour, Stevens, Zacharie Astruc, les critiques Duranty et Théodore Duret, le photographe Nadar, les graveurs Bracquemond et Desboutin, le dessinateur Constantin Guys, le paysagiste Guillemet… Manet se joint régulièrement à ces

Artistes Anonymes Associés : du Salon officiel au Salon des refusés Amitiés d’artistes dès 1860

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Renoir, membre fondateur du mouvement impressionniste, inséparable de Claude Monet, Alfred Sisley, Bazille, partage avec ses amis peintres les années difficiles, voire misérables, des prémices de ce mouvement, sachant que les chances d’être reconnu, pour un jeune artiste de cette époque, dépendaient des tableaux qu’il parviendrait à imposer au Salon officiel et que la chose n’allait pas de soi, loin de là. Il fallait d’abord être agréé par l’Académie des beaux-arts pour être admis dans le saint des saints, successivement nommé “Salon de l’Académie royale des beaux-arts”, puis à la Révolution “Salon de peinture et de sculpture”, à nouveau “Salon de l’académie royale” sous la Restauration, et reprend son nom de “Salon de peinture et de sculpture” sous la Deuxième République, jusqu’en 1881, ensuite ce sera le “Salon des artistes français”, destiné à présenter l’art officiel, ce qui vous a un petit air de Chine Populaire.

À gauche et au centre : Madame Choquet - détail (1875). À droite : Clémence Truhot Madame Jules Le Cœur - détail -

réunions en 1868 et 1869. Les “Piliers du groupe” sont les quatre amis, Monet avec Renoir, Bazille, Sisley. Ensemble, ils échangent des idées et des théories centrées sur le réalisme de Courbet et des peintres de Barbizon en peignant “sur le motif” à la recherche des effets de lumière et de couleurs ; lier davantage la peinture à la vie moderne et élaborer des techniques picturales rendant mieux compte du mouvement. La technique nouvelle autour de laquelle travaille et aboutit ce mouvement consiste dans l’emploi de touches juxtaposées, qui forment une sorte de texture aux tons purs et d’où le noir est pratiquement exclu. Alors que, pendant l’été 1869, Renoir et Monet peignent à la Grenouillère, petite île de la Seine dans la banlieue de Paris prisée de la bourgeoisie parisienne et où se pressent canotiers et baigneurs. Ils essayent de capter le mouvement papillonnant et lumineux des eaux du fleuve, celui des taches du soleil, les personnages à l’état d’esquisse ou les vaporeuses toilettes des femmes, s’attachant principalement à traduire l’“impression” qui se dégage de ce lieu… C’est de toutes ces réunions et de ces recherches que va

Enfin, sous l’impulsion de Napoléon III, les artistes indépendants sont regroupés dans le “Salon des Refusés”. Édouard Manet est la première figure tutélaire de ces rejetés. Bien que n’étant pas lui-même impressionniste, il est lié aux dissidents par son frère Eugène Manet, époux de l’artiste peintre Berthe Morisot, intégrée à la bande Renoir, Sisley, Monet, sous le pseudonyme AAA (pas de confusion : AAA = Artistes Anonymes Associés). En 1863, le jury du Salon officiel refuse le “Déjeuner sur l’herbe” de Manet, prétextant la nudité d’une femme au premier plan associée à des messieurs fort vêtus, shoking pour la bourgeoisie bien pensante de l’époque et, à vrai dire, plutôt incongru à l’œil, quelle que soit la période. Comme, par ailleurs, le jury refuse de nombreuses œuvres de jeunes peintres, l’empereur Napoléon III décrète la tenue d’un “Salon des Refusés” regroupant les œuvres n’ayant pu être présentées au salon de Paris. Ce salon obtient un immense succès, mais les critiques sont très violentes, et Manet devient le peintre que la presse, les pouvoirs académiques et le public vouent à l’exécration. Il devient donc presque naturellement le FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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naître le mouvement appelé par la suite impressionnisme. L’association devient officielle le 17 janvier 1874, lorsque Claude Monet publie dans “La Chronique des arts” l’annonce de la création de la “Société Anonyme coopérative d’artistes-peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes” dont les membres sont Claude Monet, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Camille Pissarro, Edgar Degas et Berthe Morisot. Le 15 avril suivant, la première exposition du groupe se tient dans l’ancien atelier de Nadar.

Renoir, peintre du bonheur et de la légèreté On a un peu de mal à concevoir comment le jeune Pierre Auguste Renoir, pourtant engagé, puis dégagé du conflit franco-prussien de 1870, a pu à ce point être détaché de cette période sombre pour habiller ses toiles d’une telle douceur de vivre, comme on le voit dans “Le chemin à Louveciennes” ou “La femme à la perruche” ou encore “La Promenade”. Cette guerre n’a pourtant pas épargné ses amis. Tandis que Monet et Pissaro se réfugient à Londres, Manet, Degas et Bazille s’engagent dans les Zouaves ; ce dernier, avec qui Renoir partageait l’appartement de la rue des Beaux-Arts, décède au combat, à seulement 29 ans. Il faut croire que Renoir trouvait la joie dans sa peinture même, sûrement pas dans les événements désastreux de la Commune de Paris qui endeuillèrent la décennie.

Renoir, et la lumière fut ! Impressions et reflets Alors que Monet s’adonne surtout à l’étude de la lumière tamisée, c’est l’éclat du soleil et ses incidences sur la figure humaine placée en plein air qui attire Renoir. Si l’on peut dire que l’intérêt de Monet se concentre sur le rapport eau-lumière et brumelumière, Renoir se passionne surtout pour le rapport verdure-soleil et les transformations que subit, sous cet effet, un groupe humain ou un beau corps de femme. La toile En été représentant Lise Trehot, le visage enserré d’un feuillage que l’on imagine mis en mouvement par les rayons du soleil, en est un exemple (1er tableau salle 1). « Le bleu est très présent dans les toiles de Renoir, parfois aussi éclatant que le bleu outremer breveté par Yves Klein dans les années 50. Renoir place son bleu chaque fois que lui en vient l’inspiration : dans les rubans qui retiennent la robe de Lise (Lise tenant un bouquet de fleurs 1867), au front du poney de la fameuse Allée Cavalière au bois de Boulogne 1873 Salle 7 ; l’ensemble de la toile figurant le Café concert ou la première sortie 1876 Salle 6, est parsemé de touches bleutées jusque dans les cheveux de la jeune fille de premier plan. La

En haut : Vue de Bougival - détail (1873). Ci-dessus : La lecture du rôle (1876-1877). 63

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robe de Lise dans la Femme dans un jardin ou femme à la mouette 1868 Salle 1, est d’un bleu profond tirant sur le violet ; même les ombres sont souvent bleu vif et non pas noires, couleur abandonnée par principe par les impressionnistes au profit d’une palette bigarrée focalisant la lumière par des jeux de cache-cache opportunistes autour du blanc et du bleu, (voir le portrait de Charles LeCœur 1871 salle 4 ou La confidence 1875) ». Renoir est avant tout le peintre des femmes dont il parvient toujours à débusquer la sensualité, fût-elle mise à mal par des regards peu expressifs, voire d’une mornitude totale et des formes charnelles un peu trop largement épanouies. Cet exploit stylistique, Renoir le doit à sa capacité de capter et isoler la lumière sur un point précis de son travail valorisant, de fait, l’ensemble du motif ou du modèle ; voyez le portrait de Marie-Zélie Laporte réalisé en 1864, assez austère, baigné dans une atmosphère sombre oscillant du gris au noir et dont bras et visage sont les seules attaches lumineuses de la toile ; le miracle, c’est la pétillance de l’œil - bleu naturellement- la nacre des boutons de la robe, le reflet sur la boucle d’oreille, qui donnent l’impression générale

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de tableau vivant seulement par l’utilisation du blanc en touche délicate.

Renoir par lui-même : petites phrases La femme chez Renoir semble donc être magnifiée si tant est qu’elle ne s’autorise pas à sortir du rôle que l’artiste lui a assigné : il disait qu’il voulait peindre les femmes “comme de beaux fruits”, et une autre fois qu’il peignait les femmes “comme il peindrait des carottes”. Il affirmait que ses modèles ne pensaient pas et il répétait souvent son critère pour choisir un modèle : il fallait que sa peau “prenne bien la lumière.” (John House) Est-ce vraiment critiquable ? C’est bien ce que disent les photographes de leurs modèles, même au 21e siècle ! Renoir cherchait à fusionner forme et couleur ; il s’attachera à réaliser cette unité entre le dessin et la couleur jusqu’au bout : « Je me bats avec mes figures jusqu’à ce qu’elles ne fassent plus qu’un avec le paysage qui leur sert de fond, et je veux qu’on sente qu’elles ne sont pas plates, ni mes arbres non plus. » « Moi, j’aime les tableaux qui me donnent envie de me balader dedans, lorsque c’est un paysage, ou bien de passer ma main sur un téton ou sur un dos, si c’est une figure de femme. » « Un sein, c’est rond, c’est chaud. Si Dieu n’avait créé la gorge de la femme, je ne sais si j’aurais été peintre. » « Je sais bien qu’il est difficile de faire admettre qu’une peinture puisse être de la très grande peinture en restant joyeuse. Parce que Fragonard riait, on a eu vite fait de dire que c’était un petit peintre. On ne prend pas au sérieux les gens qui rient. L’art en redingote, que ce soit en peinture, en musique ou en littérature, épatera toujours. » Reaction probable aux critiques de Degas qui lui reprochait son art pictural joyeux. « Un matin, l’un de de nous manquant de noir, se servit de bleu : l’impressionnisme était né. » « Regarder simplement un tableau donne du plaisir. C’est comme regarder des fleurs, on ne leur cherche pas un sens. » (Jackson Pollock)

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Ci-dessus : Lise tenant un bouquet de fleurs des champs (1867). Ci-contre : Nature morte au bouquet (1871).

St.Alban-Graben 16 - CH-4010 Basel Telefon : 0041 (0)61 206 62 62 • Fax : 0041 (0)61 206 62 52 Horaires : Mardi au dimanche : 10 h 00 – 18 h 00 http://www.kunstmuseumbasel.ch/fr/expositions/actuel/ À l’occasion de l’exposition, paraît aux éditions Hatje Cantz Verlag en deux versions, allemande et anglaise, un catalogue exhaustif avec des contributions de Michael F. Zimmermann, Sylvie Patry, Augustin de Butler, Marc Le Cœur, Peter Kropmanns, David Pullins, Stefanie Manthey et Nina Zimmer. Un vaste programme de médiation culturelle pour enfants, écoles et familles, ainsi qu’un colloque scientifique international les 29 et 30 juin 2012 sont en préparation. FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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VÉRONIQUE BIDINGER

vero.bidinger@bluewin.ch

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Kunstmuseum Basel



Le Billet de Dany

Daniel

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Swarovski Sousle

Cygne delaréussite FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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La maison Swarovski s'est affirmée, depuis la fin du XIXe siècle, comme le leader mondial du cristal taillé. Rosemarie Le Gallais, conceptrice talentueuse de bijoux et d'accessoires haut de gamme, nous ouvre les portes de la ligne Daniel Swarovski, qui a propulsé le petit cygne emblématique de la société dans l'univers de la mode et de la haute couture. n 1895, Daniel Swarovski, fils d’un lapidaire bohémien, fonde la cristallerie Swarovski à Wattens, dans le Tyrol autrichien, à quinze kilomètres d’Innsbruck. Il imagine alors une machine révolutionnaire destinée à tailler et polir les pierres de cristal de manière industrielle. Dès lors, il ne cesse d’améliorer les procédés de fabrication et la qualité du cristal produit dans ses usines. Un perfectionnisme et un esprit d’entreprendre qui se transmettent de génération en génération pour aboutir,

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aujourd’hui, à un empire familial employant des milliers de salariés et sublimant sans cesse la beauté, la couleur et la brillance de ses cristaux. En 1989, Rosemarie Le Gallais est embauchée pour diriger la création de la ligne Daniel Swarovski, destinée à conquérir l’univers de la mode. Tout en blondeur et en tranquillité, cette créatrice d’origine allemande nous reçoit dans ses bureaux de la rue de Marignan, près des Champs-Élysées. La touche Glamour de Swarovski, c’est elle. L’impulsion de la marque vers le monde du luxe et de la haute couture, c’est encore elle. « Une femme a toujours envie de séduire, annonce-t-elle d’emblée avec une douceur déterminée. Or, ce qui compte, c’est le détail. C’est ce qui fait toute sa différence. » Quand elle arrive chez Swarovski, après plusieurs années passées chez Chloé aux côtés de Karl Lagerfeld, elle a cette intuition visionnaire que les accessoires vont connaître une ascension inédite : « La vie féminine était de plus en plus active. Sur des vêtements qui demandaient confort et simplicité, j’ai senti que le détail allait devenir essentiel. » Un pari risqué à l’époque du total look et du minimalisme : alors que le vêtement est roi, Rosemarie Le Gallais met les accessoires au premier plan. Les plus grandes stars adoptent la ligne Daniel Swarovski, au cours de grandes cérémonies telles le Festival de Cannes ou la remise des Oscars. Chaque année, lors de ces deux grandmesses du cinéma, Rosemarie Le Gallais crée un sac "Star Collector ", produit en quatre-vingts exemplaires numérotés. Quand Sharon Stone choisit de le porter, en 2005, c’est tout un symbole qui consacre la touche glamour apportée à la marque par sa directrice artistique. Le pari est ainsi largement gagné. Il suffit de voir, aujourd’hui, la place prise par les accessoires dans la mode féminine pour saluer l’audace de cette conceptrice visionnaire. Mais il est hors de question pour elle de céder à une surcharge visuelle : « le cristal étant très brillant, il peut très vite tomber dans de la surenchère. Je préfère rester dans la simplicité et dans la pureté, d’autant plus que l’une des forces de Swarovski réside dans l’immense étendue de sa palette de couleurs et d’effets. » On l’aura donc compris : la patte de Rosemarie Le Gallais, c’est la simplicité au service de la séduction. Pour preuve, les deux bagues mythiques que nous découvrons avec émerveillement : « Au delà

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Le Billet de Dany

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de ma collaboration avec Swarovski, j’ai eu la chance de pouvoir accéder à toutes les archives de la marque. Charmée par la magie des pierres anciennes, j’ai rêvé d’une bague entièrement en cristal, taillée en un bloc . » C’est ainsi que naissent les bagues “Glacier” et “Nirvana”, bijoux épurés et spectaculaires qui, sans ostentation, illuminent la main d’une femme. « À l’époque, le cristal était encore utilisé pour imiter les vraies pierres, et c’est ce que je voulais surtout éviter. Or, j’avais une vraie innocence par rapport au cristal. Je n’en connaissais pas les limites d’utilisation, ce qui m’a toujours poussée un peu plus loin dans la création. » Dès son arrivée chez Swarovski, notre Candide aux idées cristallines utilise ainsi ce minéral comme une matière à part entière, jouant sur les contrastes en l’associant à des matériaux bruts tels le bois ou le raffia. Chaque collection comprend d’ailleurs plusieurs éditions limitées et propose des pièces sur commande : de quoi satisfaire toutes les demandes, des plus sobres aux plus excentriques. Pour la collection été 2006, joliment nommée “Poetic Journey”, Rosemarie Le Gallais s’est essentiellement inspirée des mondes végétal et animal, puisant dans la nature une poésie marquée par des couleurs pastel,

légères et féminines. L’hiver 2006 -2007, la collection “Poetic Night” a consacré, quant à elle, l’époque du créateur, Daniel Swarovski, s’inspirant d’éléments d’Art nouveau réactualisés par des influences asiatiques. Magique et mystérieuse, imprégnée par des tonalités sombres et des reflets moirés, cette collection restituant les ambiances du monde de la nuit entérina également le grand retour de l’or. Dans cette entreprise familiale à dimension humaine, Rosemarie Le Gallais a ainsi pu révéler tout son talent « on m’a donné du temps et de l’espace. » Les pièces, créées par la directrice artistique et son équipe de designers, sont assemblées à la main dans de petits ateliers d’artisans parisiens. Le luxe seraitil ce mariage de savoir-faire haut de gamme et d’imagination ? Pour nous répondre, Rosemarie Le Gallais emprunte volontiers quelques mots à Coco Chanel : « Pour moi, le luxe, c’est rendre la simplicité remarquable. » DANY VINET FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Rencontre

Karl

Lagerfeld

LE NOIR ET LE BLANC EN MAJESTÉ DANS LA CRÉATION DU COUTURIER ET PHOTOGRAPHE FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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«

En mode comme en photo, le noir et le blanc ne souffrent rien moins que la perfection.

»

Le Persan.

Stéphane Bern, Vincent Lindon, José Garcia et Frédéric Mitterrand, autant de personnalités épicuriennes qui ont accepté de répondre aux questions de France Magazine.

Couturier brillant, photographe de talent, la création sous toutes ses formes est un moteur. Qu’il l’exprime chez Chanel, pour une marque de soda ou un grand château du Bordelais, Karl Lagerfeld peut agacer parfois, tant l’image qui lui est donnée semble distante, froide, voire hautaine. Bien loin du personnage raffiné et affable qu’il est. haque saison, ses collections pour Chanel font sensation dans le monde pourtant très critique de la mode. Directeur artistique depuis 1983 de la maison de haute-couture de la rue Cambon, il dirige également les créations de la maison italienne Fendi. Volontiers touche-à-tout, Karl Lagerfeld est aussi un photographe renommé. « Mon seul mérite est d’avoir du caractère, explique Karl Lagerfeld. Au début de ma carrière, j’ai eu la chance de travailler sur un projet commercial où j’étais très exigeant en tant que styliste. Les conditions de réalisation n’étaient pas très bonnes et j’avais pris du retard dans le projet. Le directeur est venu pour me passer un savon parce que je grondais les photographes qui avaient dû se plaindre. Il m’a dit que si les photos n’étaient pas bonnes, je n’avais qu’à les faire ! C’est ce que j’ai fait, je me suis appliqué et j’ai obtenu ce que je voulais. » Depuis, il réalise lui-même les campagnes publicitaires de Chanel, de Fendi et de sa propre maison, collabore régulièrement à de nombreuses publications de mode, news magazines et revues spécialisées. Son œuvre a d’ailleurs fait l’objet de plusieurs installations à Berlin, New York et Tokyo. En septembre dernier,

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COORDINATION DES TEXTES : BÉATRICE DELAMOTTE 71

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au Salon de la Photo, il a conçu et réalisé une vaste exposition rassemblant, d’une part, une série de photographies inédites réalisées par lui, et, d’autre part, une trentaine d’images de légende choisies dans les collections de la Maison européenne de la Photographie. Amoureux de la photographie en noir et blanc, il y voit un lien évident avec sa mode, ses créations. « Le noir et le blanc sont devenus emblématiques de mon style et ils traduisent ma vision de la modernité, confie Karl Lagerfeld. En mode comme en photo, ils ne souffrent rien moins que la perfection. Travailler la photo en noir et blanc est donc un choix exigeant, mais passionnant. » Perfectionniste, il travaille ses images comme des créations mûrement réfléchies : « Tout commence par un dessin. Je compose une photo de la même manière que je fais un dessin. Mais le jeu de lumière lui donne une dimension nouvelle. » Même son studio photo fonctionne un peu comme à la manière d’un atelier de haute couture : le travail est collectif, chacun a un rôle bien défini et apporte quelque chose, un savoir-faire, une compétence. Et lorsqu’on lui demande s’il pourrait encore concevoir la vie sans photographie, la réponse est claire : « La photo fait partie de ma vie. Je ne vois plus la vie sans sa vision. Je regarde le monde et la mode avec l’œil de la caméra. Cela me donne, dans mon travail de base, un détachement critique qui aide plus que je ne l’aurais soupçonné. » Aujourd’hui, Karl Lagerfeld passe à une nouvelle étape en faisant ses premiers pas en tant que réalisateur. Son dernier projet s’intitule The Tale of a Fairy, un film de trente minutes destiné à promouvoir la collection Chanel Croisière 2012.

INSTANTS AVEC PATRICK BRUEL

Pour la première fois, Patrick Bruel se confie dans un livre d’entretiens, “Conversations avec Claude Askolovitch”, qui vient de paraître chez Plon.

VOTRE PREMIER SOUVENIR LIÉ AU VIN ?

Une étiquette haute-couture pour le château Rauzan-Ségla

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l'occasion de son 350e anniversaire, le Château Rauzan-Ségla a demandé à Karl Lagerfeld d'imaginer un habillage très haute-couture pour sa bouteille. D'un trait faussement simple, voire naïf, le créateur a su traduire toute la magie de ce château légendaire, grand cru classé de Margaux, en redessinant l'étiquette et la collerette. Propriété de la famille Wertheimer, qui dirige également le groupe Chanel, le Château Rauzan-Ségla s'offre ainsi un relooking de luxe. Quant au millésime 2009, déjà considéré comme un millésime d'exception, il pourrait bien devenir exceptionnel grâce au talent de Karl Lagerfeld et s'imposer rapidement sur les marchés comme pièce de collection.

À

Lors de déjeuners chez la belle-famille de ma mère, à Niort. Je devais avoir à peu près douze ans lorsque mon grand-père d'adoption m'a fait goûter, pour mon premier vin, un château Lafitte 1929 ! Tout le monde a crié au scandale, mais j'ai vraiment trouvé cela pas mal…

VOUS SOUVENEZ-VOUS DES PREMIÈRES BOUTEILLES ACHETÉES ? La première caisse que j'ai achetée était fantastique. Elle était composée de bourgognes avec de superbes e crus comme Echezeaux, Grand Echezeaux, Pour le 350 anniversaire La Tâche, Romanée-Saint-Vivant, etc. Et surdu Château tout de Romanée-Conti. Il n'y en a d'ailleurs Rauzanqu'une par caisse, tellement le domaine est Ségla, Karl petit. Lagerfeld a imaginé une LES PLUS BELLES BOUTEILLES DE VOTRE étiquette CHOIX ? originale pour Un Pétrus 1970, un Margaux 1959, et enfin un millésime un Romanée-Conti 1989. Je pense aussi à un d’exception, 2009. Château-Latour 1959. C'est d'ailleurs assez marrant car je possède de nombreuses bouteilles de ce millésime… C'est mon année de naissance ! Heureusement que je ne suis pas né en 1973…

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Acteur de renom, homme de théâtre, Pierre Arditi est un artiste épicurien qui a pour Bacchus les yeux de Chimène. « J’aime le vin, à partir du moment où il me met en état de quiétude et de rêverie, mais pas jusqu’au domaine de l’inconscience », confie-t-il.

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INSTANTS AVEC FRÉDÉRIC MITTERRAND

INSTANTS AVEC PIERRE ARDITI

Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand est aussi un fin gastronome qui n’hésite à se mettre aux fourneaux, lors de la fête de la gastronomie.

Gourmet devant l’Éternel, Pierre Arditi est à l’affiche du Théâtre Montparnasse, avant d’enchaîner au Théâtre du Rond-Point.

QUEL AMATEUR DE VINS ÊTES-VOUS ? J’ai la chance de posséder quelques beaux millésimes de Mouton-Rothschild et de Lafite Rothschild. Par ailleurs, par mes origines charentaises, j’ai une vieille collection de cognacs et une affection particulière pour le château Paulet.

VOUS DIRIEZ-VOUS ÉPICURIEN ? Les femmes ne sont jamais dupes d’elles-mêmes et nous apprennent à ne pas nous complaire dans une certaine facilité. Elles possèdent au fond d’elles-mêmes une vérité qui est plus tranchante. En quelque sorte, la véritable différence entre l’homme et la femme, c’est le courage.

AVEC QUI AIMERIEZ-VOUS ORGANISER UNE DÉGUSTATION ? J’aimerais déguster un vin allemand avec Helmut Kohl pour qu’il me parle de sa carrière politique. Un vin californien avec Richard Gere, car il s’occupe de défendre la liberté des peuples opprimés. Un bourbon avec Bill Clinton, un alcool de riz avec monsieur Lee, l’homme qui a fait Singapour et dont l’influence est incontestable en Chine aujourd’hui. Et, pour finir, un vin blanc italien avec Madonna, que je trouve extraordinaire. Mais la liste est longue... CÔTÉ GASTRONOMIE ? Je regrette qu’en France, aujourd’hui encore, la cuisine, comme de nombreux autres domaines, soit le privilège des hommes. La “cuisine bourgeoise” des mamans, des grandsmères est une cuisine qui m’est finalement très proche.

INSTANTS AVEC VINCENT LINDON

LES FEMMES ONT JOUÉ UN RÔLE IMPORTANT DANS VOTRE VIE ? Je ne suis que ce que les femmes ont fait de moi. Celles qui ont traversé mon existence ont sculpté, petit à petit, souvent doucement, violemment quelquefois, ce que je suis devenu, n’ayant pas, comme tous les hommes, le courage de le faire tout seul. VOTRE DEVISE ? Dans mon métier, il faut être très gentil avec les gens quand on monte, car ce sont les mêmes que l’on croise en redescendant. LA FAUTE QUI VOUS INSPIRE LE PLUS D’INDULGENCE ? Le désir de plaire. QU’AIMERIEZ-VOUS QUE SAINT-PIERRE VOUS DISE LORSQU’IL VOUS ACCUEILLERA AU PARADIS ? Vous vous êtes trompé d’adresse. Redescendez !

À l’affiche de Toutes nos envies, aux côtés de Marie Gillain, Vincent Lindon donne un nouvel exemple de son talent dans un drame émouvant.

INSTANTS AVEC JEAN RENO eveu de Jérôme Lindon, directeur des Éditions de Minuit, Vincent Lindon a débuté au cinéma dans un film d’Alain Resnais en tant… qu’aide costumier. Un voyage aux États-Unis et une expérience de journaliste plus tard, il se lance pleinement dans une carrière d’acteur. Longtemps habitué des seconds rôles, il décroche le prix Jean Gabin en 1988, pour un rôle de musicien bohème, fou amoureux de Sophie Marceau dans L’Étudiante. Dès lors, les rôles s’enchaînent avec les plus grands réalisateurs : Claude Lelouch, Mathieu Kassowitz, Étienne Chatiliez ou Claude Sautet. Aussi à l’aise dans les comédies que dans les drames, Vincent Lindon est aussi un épicurien qui aime s’occuper du vin lorsqu’il est invité. Exigeant et généreux, il apprécie de se retrouver avec son frère Sylvain, dans le restaurant de ce dernier, Al Dente, à Paris. Bon vivant, il aime partager de bons repas et de belles bouteilles entre amis. En perpétuel mouvement, il reste attentif aux petits détails qui font les plaisirs : la couleur d’un vin, l’arôme d’un plat, la simplicité d’un goût.

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Monstre du cinéma français, Jean Reno enchaîne comédies (On ne choisit pas sa famille), en salle, et films d’action (Margaret, sortie en août 2012). ÊTES-VOUS PLUTÔT BORDEAUX OU BOURGOGNES ? Les bordeaux sont, de loin, mes vins préférés. Mais je ne suis pas comme Christian Clavier, prêt à faire des kilomètres pour le plaisir de déguster l’un d’entre eux. Mais je suis l’un de leurs ardents défenseurs. Aux États-Unis, je ne me permets pas de critiquer ou d’imposer mes goûts. Simplement, je bois du vin rouge dans un pays où le vin blanc a longtemps régné en maître. Lorsque j’ai joué avec Robert De Niro, il m’a demandé un soir s’il pouvait goûter mon vin. Par la suite, s’il commandait toujours son verre de vin blanc, nous finissions ensemble ma bouteille de grand vin de Bordeaux ! ÊTES-VOUS PLUTÔT GRANDS CRUS OU PETITS VINS ? Je déteste l’expression « j’ai trouvé un petit vin ». Il n’y a pas de “petit vigneron” qui propose un vin extraordinaire pour trois francs six sous. Le jour où je ferai du vin, ce sera un “grand” vin, et il faudra rémunérer les efforts consentis pour arriver à ce résultat.

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“Monstre” du cinéma français, star appréciée aux États-Unis, où il a déjà tourné avec Robert de Niro et Matt Damon (dans “Maragaret” de Kenneth Lonergan, qui sortira l’année prochaine en salle en France), Jean Reno est un épicurien de cœur, qui apprécie particulièrement les grands vins de Bordeaux.

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INSTANTS AVEC STÉPHANE BERN

INSTANTS AVEC JOSÉ GARCIA

Radio, télé, édition, presse, théâtre... Stéphane Bern est un fou de travail. Une vie menée tambour battant, avec de belles pauses épicuriennes.

Acteur comique parmi les plus doués de sa génération, José Garcia était à l'affiche, en février dernier, dans le troisième volet de La vérité si je mens ! 3.

VOUS DIRIEZ-VOUS ÉPICURIEN ? J'apprécie les belles et bonnes choses, les bons restaurants, Apicius, Le Divellec, Le Plaza, Pétrus, la Maison du caviar, Movrommatis, Maison Blanche Paris...

VOUS CONSERVEZ, PARAÎT-IL, DES SOUVENIRS D’ENFANCE LIÉS À LA GASTRONOMIE ET AU MONDE DU VIN… En effet, mes parents étaient employés de maison dans une famille qui produisait du calvados et du champagne. Les réceptions que cette famille donnait étaient nombreuses et j'ai eu la chance d'évoluer et de grandir dans cet univers. Je me souviens de la préparation des mets, des moments d'effervescence. Aujourd'hui encore, j'ai de nombreux souvenirs, odeurs de cuisine, parfums de femmes, cigares qui remontent de cette époque.

LE SOUVENIR D’UN DÎNER MÉMORABLE ? J'avoue que j'ai un faible pour les dîners de gala. Du temps de François Mitterrand, j'étais souvent invité à l'Élysée, un réel plaisir. J'aime aussi les dîners d'État à Versailles. Tout est fantastique, les Sèvres, la verrerie de Baccarat et Saint-Louis, l'argenterie, les fleurs, les grands vins, la gastronomie française. Je me souviens ainsi d'un dîner fabuleux présidé par Mme Giscard d'Estaing. J'étais placé tout près de Souha Arafat, l'épouse de Yasser Arafat, Leila Chahid, déléguée de la Palestine en France, face à la reine Rania de Jordanie. Notre conversation roulait bon train. Tout le monde pensait que nous parlions politique et dissertions sur la situation de la Palestine. En réalité, je venais de suivre un régime protéiné qui intéressait ces dames et nous échangions sur ses mérites et ses aléas. Ces situations insolites me réjouissent…

VOS PLUS GRANDES ÉMOTIONS LIÉES À LA DÉGUSTATION D’UN VIN ? Elles restent liées à l'univers du bordeaux. Même si j'ai passé beaucoup de temps à découvrir le vignoble français pour affiner mon palais, au final, je reviens toujours sur des vins du Bordelais. PLUS PRÉCISÉMENT ? Des vins dont les cépages sont composés principalement de cabernet sauvignon et de merlot, comme les Pauillac, SaintEstèphe et Saint-Julien, ou à très forte dominance de merlot comme les Saint-Émilion. Dois-je le dire, mon cépage préféré est le merlot.

INSTANTS AVEC CHARLES BERLING On connaît l'acteur, le comédien, mais Charles Berling est aussi chanteur, directeur de théâtre et écrivain. Un personnage complet qui sait prendre le temps d'apprécier les bonnes choses. QUELLES ÉMOTIONS VOUS PROCURENT LE VIN ET LE CHAMPAGNE ? Des émotions très profondes, liées aux éléments. J'aime beaucoup écouter Pierre Lurton lorsqu'il parle de la nécessaire souffrance de la vigne pour faire un bon vin. Parler avec lui permet de comprendre que dans la viticulture, il faut canaliser le sauvage, le primitif pour aboutir au raffinement extrême. Côté émotions, il ne faut pas oublier le côté enivrant. Mais attention, les bons vins apportent une bonne ivresse.

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SI VOUS DEVIEZ DÉCERNER UN OSCAR À CHEF ? Thierry Marx parce que c'est un type curieux, qui n'hésite pas à chambouler l'image du cuisinier, les pratiques. Il va sur des terrains biscornus tout en étant un vrai pro. Et puis, il est éclectique, il fait plein de choses en même temps. VOTRE DERNIÈRE GORGÉE ? Comme le disait le philosophe Gilles Deleuze, l'important, ce n'est pas tant la dernière gorgée, mais l'avant-dernière. On pense toujours qu'il y en aura une autre.

Épicurien attentif, Charles Berling apprécie les petits plaisirs, sans ostentation.

BACCHUS SIGNE VOTRE ÉPITAPHE. QUELLE EST-ELLE ? « Il a tout bu ! »

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INSTANTS AVEC MARC LÉVY

Gourmand et gourmet, Marc Lévy n’hésite pas à se mettre en cuisine pour le plaisir de ses amis.

Depuis dix ans, Marc Lévy ne quitte pas le classement des meilleures ventes de romans. Pas de quoi entamer la gourmandise de l'auteur, qui préfère croquer du chocolat que de l'or. ÉPICURIEN ? J'adore cuisiner, préparer des plats pour mes amis. Je pique des recettes à ma cousine, Julie Andrieu, et n'hésite pas à lui demander des conseils personnalisés. LE VIN TIENT UNE PLACE IMPORTANTE DANS VOS ROMANS ET DANS VOTRE VIE ? Oui, mes personnages boivent et moi aussi, avec modération. Mes préférences vont au rouge, au pomerol, au margaux, comme le Château Labégorce, aux côtes rôties, mais aussi à

certains blancs, tels le pouilly-fumé de Ladoucette. LA BONNE ET FRANCHE CUISINE, LES BONS VINS, MAIS ENCORE ? Les alcools forts comme la vodka pour accompagner la cuisine du Nord. Un excellent alcool de mirabelle, de prune ou de poire. Mais mon vrai péché mignon, c'est le chocolat. Addict total. J'ai transformé une cave à vins en cave à chocolat, bourré de tablettes de crus différents, mais aussi de spécialités de grands maîtres français ou anglais. Quant à la cuisine au chocolat, elle est d'une sensualité folle.

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Rencontre > Éric Fréchon a obtenu sa troisième étoile au Guide Michelin en 2009 au restaurant “Le Bristol”.

ÉRIC FRÉCHON, AUTHENTIQUE ET GÉNÉREUX À la tête des cuisines du palace parisien Le Bristol, le chef normand s’applique à offrir une cuisine de terroir, savoureuse et authentique. Mais avec toujours cette créativité et cette légèreté qui ont fait son succès. SI VOUS DEVIEZ ATTRIBUER UN TRAIT DE CARACTÈRE À VOTRE CUISINE, QUEL SERAIT-IL ? La générosité ! C'est très important qu'une cuisine soit à l'image de l'homme. Alors, puisque je suis quelqu'un de généreux, il est important que ma cuisine le soit aussi. COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ? Je suis très attaché à la cuisine française, avec ses grands classiques et ses traditions. J'essaie donc de magnifier cette cuisine de terroir, qui représente nos vraies racines, en préservant son côté authentique, mais en la rendant tout de même créative et aérienne.

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OÙ PUISEZ-VOUS VOTRE INSPIRATION ? Partout, tout le temps, pas une seconde ne passe sans que je pense à un produit, une association, un mariage ou un dressage. VOUS IMAGINEZ UN PLAT EN NOIR ET BLANC, LEQUEL ? Un plat que j'aime beaucoup, le “Caviar de Sologne, mousseline de pommes rate fumées au haddock”. Le contraste entre blanc et noir dans toute sa splendeur…

LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ? Ma femme et mes amis proches, ces gens avec qui je partage ma vie d'homme, pas de chef. SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE, LAQUELLE ? Mon titre de Meilleur ouvrier de France en mars 1993. La consécration d'un travail acharné pour y parvenir. VOTRE DÉFINITION DU LUXE CULINAIRE ? L’élégance, le raffinement et la simplicité. Car le meilleur est toujours le plus simple. QUELS SONT VOS PROJETS ? Je viens de commencer un partenariat avec Aéroports de Paris dans les boutiques de duty free. Je suis leur ambassadeur pour les produits gastronomiques français. J'ai sélectionné quelques incontournables de notre patrimoine culinaire proposés à Orly et Roissy. J'aime les aventures humaines et celle-ci fait partie d'une belle rencontre avec une équipe de passionnés. Je suis très fier de travailler avec eux. Sinon, un nouveau livre avec des recettes de tous les jours, car j'aime donner l'envie de cuisiner au quotidien. Et un autre beau projet de très grande envergure. Mais c'est encore secret…

QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ? Bruno Catalane, un sculpteur que j'admire profondément. J'aime les valeurs qu'il véhicule à travers ses créations.

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JACQUES ET LAURENT POURCEL, DUO DE CHOC Jumeaux les plus célèbres de la gastronomie frrançaise, Jacques et Laurent Pourcel ont eu l’honneur de représenter notre patrimoine culinaire sur le pavillon France de l’Exposition universelle de Shangaï, en 2010. SI VOUS DEVIEZ ATTRIBUER UN TRAIT DE CARACTÈRE À VOTRE CUISINE, QUEL SERAIT-IL ? Généreuse, c'est une envie de partager qui nous anime en permanence. ET COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ? C'est un jeu entre tradition et audace. Surprendre, mais rassurer. La cuisine, c'est de la séduction et un univers à créer. SI VOUS DEVIEZ COMPOSER UN METS S’INSPIRANT DU BLANC ET DU NOIR, QUEL SERAIT-IL ? Il se construirait sur les contrastes, une idée que nous affectionnons particulièrement. Elle crée de l'émotion… Le chaud et le froid, le moelleux et le croquant, le doux et l'amer, le sucré et le salé, le blanc et le noir… DANS VOTRE CUISINE, QUEL INGRÉDIENT VOUS EST LE PLUS CHER ? Les légumes. Ils font partie des fondamentaux de notre cuisine. Sans eux, elle serait triste. ÊTES-VOUS BULLE DE CHAMPAGNE OU LARME DE BORDEAUX ? Bulles pour la fête et terroir pour les vins du Languedoc.

QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ? Gérard Depardieu. Il a une parfaite connaissance des produits et il aime aller à l'essentiel. LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ? Il y a quelques années, un magazine féminin avait demandé au top model Gisèle Blundchen avec qui elle aimerait dîner et elle avait répondu le Dalaï Lama, Bill Clinton et les frères Pourcel. Alors, nous lui rendons la pareille ! SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE, LAQUELLE ? Plus qu'une date, le numéro 13. Il a émaillé toute notre vie, en commençant par notre naissance, le 13 septembre 1964. DANS L’UNIVERS CULINAIRE, QUELLE EST VOTRE DÉFINITION DU LUXE ? Le raffinement à tous les niveaux. Le luxe n'est pas forcément ce qui se voit, mais plutôt ce qui se ressent. QUELS SONT VOS PROJETS ? Ils sont nombreux ! L'agrandissement de notre hôtel Le Jardin des Sens à Montpellier, l'implantation d'affaires au Qatar, le développement d'un concept de restaurant cuisine “modern asian” et quelques autres encore secrets…

Devenus, en quelques années, deux des meilleurs ambassadeurs de la gastronomie française, Jacques et Laurent Pourcel ont obtenu trois étoiles au Guide Michelin de 1998 à 2006.

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Rencontre > Alain Passard n’aura eu besoin que de trois années pour obtenir ses trois étoiles au restaurant “L’Arpège”, à Paris.

ALAIN PASSARD, LE MAGICIEN DU VERT Les légumes dans toute leur majesté. Dans son restaurant L’Arpège, Alain Passard fait découvrir et redécouvrir la magie d’une duisine toute en légèreté et en inventivité. Centrée sur les légumes de ses jardins potagers, elle magnifie petits pois et betteraves, carottes et haricots au fil des saisons et de l’humeur du chef.

SI VOUS DEVIEZ COMPOSER UN METS S’INSPIRANT DU BLANC ET DU NOIR, QUEL SERAIT-IL ? Un damier de coquilles saint-jacques de la côte d'Émeraude et de truffes noires du Périgord. COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ? Elle doit être sans définition de façon à pouvoir voyager tout au long d'une carrière.

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ÊTES-VOUS BULLE DE CHAMPAGNE OU LARME DE BORDEAUX ? Que veut dire cette restriction ? Pourquoi me pénaliserais-je alors que les deux sont mon quotidien ? SI VOUS DEVIEZ ATTRIBUER UN TRAIT DE CARACTÈRE À VOTRE CUISINE, QUEL SERAIT-IL ? Pour moi, en cuisine, le caractère c'est comme la définition. J'aime brouiller les pistes de façon à ce qu'on ne la reconnaisse pas. Dans le fond de la casserole, j'adore me déstabiliser de façon à retrouver un ancrage nouveau et briser les habitudes qui, effectivement, peuvent être le piège d'une cuisine de caractère. QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ? Stan Getz, pour la précision du geste, la souplesse des doigts, l'agilité de la main sur le cuivre.

LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ? J'adore dîner seul. C'est pour moi un véritable rendez-vous et presque une rencontre. SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE, LAQUELLE ? La vie est à elle seule une date, un calendrier truffé d'événements merveilleux. À L’IMAGE D’UN ARTISTE, OÙ PUISEZ-VOUS VOTRE IMAGINATION ? Le plus beau livre de cuisine a été écrit par la nature. Réapprenons à tourner les pages de cet ouvrage inclassable . DANS L’UNIVERS CULINAIRE, QUELLE EST VOTRE DÉFINITION DU LUXE ? Le mot luxe existe-t-il encore ? Dans cet univers bouleversant que l'on côtoie au quotidien ? Dans des matières parfois banales ? Toujours est-il que c'est un mot que je n'emploie jamais. À L’INSTAR D’UN APPAREIL PHOTO, QUEL PLAT GARDERIEZ-VOUS PRÉCIEUSEMENT DANS UNE CHAMBRE NOIRE ? Aucun , je ne suis ni conservateur ni collectionneur. VOS PROJETS ? Regarder le fond de la casserole et conjuguer mes légumes.

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YANNICK ALLÉNO, FIER DE SON TERROIR C’est à l’hôtel Meurice, à Paris, et maintenant Dubaï, Hong Kong, Beyrouth… que le chef Yannick Alléno met en valeur les pouvoirs qu’il aime tant. Ceux que sa régio natale, l’Île-de-France, qu’il remet au goût du jour et valorise dans sa cuisine, inventive et généreuse.

COMMENT DÉFINIRIEZ-VOUS VOTRE CUISINE ? J'aime réinventer les plats de la cuisine traditionnelle. C'est dans ces produits du terroir de l'Île-de-France que je puise mon inspiration. Je souhaite faire découvrir au plus grand nombre ses valeurs, ses saveurs et ses secrets qui m'inspirent tant. DANS VOTRE CUISINE, QUEL INGRÉDIENT VOUS EST LE PLUS CHER ? Tous les produits sont les bienvenus. Je cuisine au gré des saisons et j'aime tester, innover et intégrer des produits d'ailleurs. SI VOUS DEVIEZ COMPOSER UN PLAT NOIR ET BLANC, QUEL SERAIT-IL ? Je prendrais le blanc pour l'art de la table, de la porcelaine très fine et raffinée. Ma création, tout aussi élégante et mystérieuse, aurait besoin d'être admirée puis découverte et dégustée d'une façon généreuse… Une terrine de noix de saint-jacques aux truffes, beurre blanc mousseux ! Un régal pour les yeux et pour les papilles.

DANS VOTRE CUISINE, QUEL INGRÉDIENT VOUS EST LE PLUS CHER ? Les légumes. Ils font partie des fondamentaux de notre cuisine. Sans eux, elle serait triste. ÊTES-VOUS BULLE DE CHAMPAGNE OU LARME DE BORDEAUX ? Ah, là, c'est comme si vous me demandiez si je préfère les truffes ou le foie gras ! Le champagne, comme le bordeaux, nous proposent des produits d'exception. Mais si vous insistez, je pencherais pour les bulles et me laisserais volontiers tenter par une Cuvée Louise de Pommery. QUEL ARTISTE POURRAIT RETRANSCRIRE LE MIEUX VOTRE CUISINE ? Je pencherais pour la sculpture en ce qu'elle a de plus fascinant par la transformation de la matière et le jeu des volumes. Rodin pour la puissance de ses œuvres et la sensualité des courbes. LES CONVIVES RÊVÉS POUR UN DÎNER IDÉAL ? Alain Chapel et Jean Delaveyne, deux des meilleurs chefs français. Erik Orsenna pour sa joie de vivre. Roger Federer pour son accomplissement. Charlize Theron pour ses rôles de composition. Et mes deux fils ! DANS L’UNIVERS CULINAIRE, QUELLE EST VOTRE DÉFINITION DU LUXE ? Je m'efforce de donner du luxe une définition affective. C'est avant tout un moment authentique, dépourvu d'arrogance, une expérience esthétique. QUELS SONT VOS PROJETS ? Après Pékin, Beyrouth, Taipei, Courchevel en 2011, le Terroir parisien ouvrira à Paris. Un véritable bistrot, reflet de ma cuisine, résultat de ces trois dernières années où j'ai constitué un réseau de producteurs d'Île-de-France, répertorié les produits - pour certains en voie de disparition.

Yannick Alléno, chef triplement étoilé, a été élu chef de l’année par ses pairs, en 2008.

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Alain Ducasse, chef étoilé, globe-trotteur et ambassadeur de la gastronomie française.

ALAIN DUCASSE, “CHEF D’ORCHESTRE” En près de quarante ans de carrière, Alain Ducasse a su créer un empire à l’image de sa cuisine : diverse, exigeante, internationale (dans le bon sens du terme), toujours dans le plus strict respect des produits. lui seul, l’homme représente neuf étoiles au Guide Michelin 2010 : trois étoiles pour le restaurant du Plaza-Athénée à Paris, le Louis XV à Monaco et celui du Dorchester, à Londres. « Mon centre de gravité, c’est la cuisine, reconnaît-il. Mon terroir mental est la réunion du Sud-Ouest, d’où je viens, et de la Méditerranée qui m’a séduit très tôt. Mais je suis aussi un cuisinier curieux et émancipé : mes racines me portent, mais ne doivent en aucun cas m’attacher. Je voyage donc beaucoup, toujours à l’affût de nouvelles découvertes. » Des voyages qui l’ont tout d’abord conduit à apprendre auprès des plus grands chefs français : Michel Guérard, Roger Vergé et Alain Chapel, qui sera son maître spirituel, lui transmettra le culte du produit, le souci de la perfection et « le bonheur de cuisiner, c’est à-dire de susciter le plaisir de ses hôtes. » Miraculé de la vie - il a échappé à 27 ans à un accident d’avion dont il sera le seul survivant -, Alain Ducasse n’en a que plus d’appétit pour s’améliorer toujours et encore. Six ans plus tard, il obtiendra la prestigieuse troisième étoile pour le Louis XV,

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le restaurant de l’Hôtel de Paris à Monte-Carlo, qu’il a créé trois ans auparavant. Pressé d’aller de l’avant, il quitte ses fourneaux quelque temps après et devient ainsi le premier grand chef à assurer trois étoiles et le succès de grandes tables sans être personnellement en cuisine. Pour cela, il sait s’entourer d’une équipe de fidèles, à l’instar de Franck Cerutti, chef de cuisine au Louis XV, Christophe Saintage, chef au Alain Ducasse au Plaza-Athénée ou encore Christian Julliard, chef exécutif. Et lorsqu’on demande à Alain Ducasse sa définition du luxe, la réponse fuse : « parvenir à l’essence de l’essentiel. C’est l’opposé du bling-bling. C’est le fond et non l’effet. Aujourd‘hui, le luxe doit s’abstraire de tout effet et viser le brut, le radical. Le luxe, c’est d’enlever tous les accessoires, tout l’apparat, pour ne garder que l’essentiel. » Une apparente facilité qui impose avant tout beaucoup de travail pour atteindre la perfection. Un stade qu’Alain Ducasse ne confond jamais avec sophistication.

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TAITTINGER : UN CONDENSÉ DE LYRISME À l’instar des touches d’un piano, le blanc domine sur le noir dans l’assemblage des différentes cuvées Taittinger. Un jeu entre ombre et lumière, élégance et pureté, masculin et féminin, à l’image de Vitalie Taittinger qui porte haut, et avec brio, les couleurs de la maison familialle.

QUEL PRINCIPAL TRAIT DE CARACTÈRE ATTRIBUERIEZ-VOUS À VOS CHAMPAGNES ? La vitalité apportée par le chardonnay donne à la cuvée Comtes de Champagne une fraîcheur que le vieillissement n'entame pas. Ses mots sont précis, frais, fusants, mais avec toute la gourmandise d'un breakfast de vieille anglaise, le toast, le citron confit, le tilleul… ASSOCIERIEZ-VOUS VOS VINS PLUTÔT AU BLANC OU AU NOIR ? Pourquoi choisir ? Comtes de Champagne est à la fois l'ombre, celle des racines, des caves, du silence, du temps, et la lumière dans ce qu'elle a de plus éclatant et optimiste. AVEC QUEL METS L’ASSOCIER ? La minéralité, la douceur et la pureté d'un poisson à chair blanche. Un bar de ligne nappé d'une fine émulsion crémeuse et légèrement iodée, parsemée de noisettes grillées, marrons et truffe noire concassés pour charger de gourmandise, de croquant ce poisson délicieux, mais légèrement austère.

LE PHOTOGRAPHIERIEZ-VOUS EN COULEUR OU EN NOIR ET BLANC ? En couleur, avec beaucoup de contrastes, une lumière assez brutale pour rythmer l'image par le vide et la matière. QUEL ARTISTE SAURAIT LE MIEUX L’ÉVOQUER ? Nicolas de Staël pour la lumière, transpercée par la grâce. Vincent Van Gogh pour la passion flamboyante. Les couleurs et la chaleur des œuvres d'Édouard Vuillard. UNE SEULE PHOTO POUR REPRÉSENTER VOTRE MAISON ? Les crayères. Elles portent cette idée que quelque chose de grand ne peut se faire seul, mais dans le respect du temps. QUELLE PERSONNALITÉ INVITEZ-VOUS À UNE DÉGUSTATION ? Sœur Emmanuelle. Elle connaissait le plaisir, la grâce, l'Homme et savait les retrouver à chaque instant. SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE SEULE DATE ? Le 15 juin 1940. Le jour où mon grand-oncle Michel Taittinger, âgé de 20 ans, s'est battu pour ce qu'il avait de plus sacré, en défendant un pont contre l'avancée allemande. Il nous a appris à épouser les causes qui nous sont chères, à prendre le risque de perdre. Avec peur, mais pas sans courage.

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eune officier de liaison pendant la guerre de 14-18, Pierre Taittinger découvre la Champagne. Il y reviendra quelques années plus tard et mettra toute son énergie au développement de la jeune maison qui, dès 1932, deviendra Taittinger. Après le rachat de l'entreprise familiale en 2006, Pierre-Emmanuel Taittinger s'entoure d'une équipe de direction jeune, dans un esprit de conquête et de continuité, où sa fille Vitalie et son fils Clovis l'accompagnent.

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Vitalie Taittinger, ambassadrice de charme à la maison Taittinger.

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P&C HEIDSIECK : L’ÉLÉGANCE INDOCILE Depuis plus de deux siècles, l’excellence et l’élégance non-conformiste des champagnes Pier & Charles Heidsieck assurent, au-delà des soubresauts du monde, la réussite internationale de la maison dirigée par Cécile Bonnefond. À QUEL METS, BLANC OU NOIR, ASSOCIERIEZ-VOUS VOTRE CHAMPAGNE ? Piper Heidsieck rosé Sauvage apportera une touche de sophistication à des coquilles saint-jacques, très charnues et croquantes à la fois, servies avec une petite sauce aux fruits exotiques, décorées de caviar noir et une petite cocotte de riz sauvage de Camargue. RELIEZ-VOUS VOTRE CHAMPAGNE AU BLANC, QUI ÉVOQUE PURETÉ, INNOCENCE, IRRÉEL, OU AU NOIR, SYMBOLE DE SOBRIÉTÉ, D’ÉLÉGANCE, DE MYSTÈRE ? Au noir car le rouge s'associe bien avec lui et ce dans tous les domaines en lui apportant sa note de passion et d'intensité. LE PHOTOGRAPHIERIEZ-VOUS EN COULEUR OU EN NOIR ET BLANC ? En noir et blanc, avec une touche de rouge et de rose ! Pourquoi choisir ?

QUEL ARTISTE POUR L’ÉVOQUER ? Sûrement Jean-Paul Gaultier. Il a plusieurs fois associé son nom à notre maison avec un vrai talent d'artiste : on se souvient du corset rouge et noir, créé en 1999. QUELLE PERSONNALITÉ INVITERIEZ-VOUS À UNE DÉGUSTATION ? Marylin Monroe, qui déclarait commencer toutes ses journées avec une coupe de Piper Heidsieck… Élégance indocile… Et puis j'aimerais la rencontrer. QUELLE DEVISE INSCRIRE AU TABLEAU NOIR AU STUDIO HARCOURT ? « Avant une photo, dégustez une coupe de Piper Heidsieck, un vin créé très sérieusement, qui fait sourire. » La photo n'en sera que plus réussie… JUSTEMENT, VOUS NE PRENEZ QU’UNE SEULE PHOTO, LAQUELLE ? Nos crayères millénaires, dans la butte Saint-Nicaise de Reims, candidates au Patrimoine mondial de l'Unesco. SI VOUS NE DEVIEZ RETENIR QU’UNE DATE DE LA MAISON P&C HEIDSEICK, QUELLE SERAIT-ELLE ? 1785, son année de naissance. LE MILLÉSIME MYTHIQUE QUE VOUS GARDEZ PRÉCIEUSEMENT ? 2004, car il est magnifique et qu'il est encore possible d'en trouver. Il pourra rester encore quelques années dans la chambre noire de votre cave ou être, dès maintenant, partagé avec bonheur.

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réée en 1785 par HorensLouis Heidsieck, la maison présente ses champagnes à Marie-Antoinette et devient rapidement fournisseur des plus grandes cours européennes. C'est en 1851 que Charles-Camille Heidsieck, petit-neveu de Florens-Louis, fonde sa propre maison. Dès 1852, il est un des premiers dirigeants d'une maison de champagne à se rendre à New York où il sera surnommé “Champagne Charlie”.

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Cécile Bonnefond, présidente de Piper et Charles Heidseick.

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Littérature ourtant, l’histoire des familles royales qui ont régné sur l’Europe et dirigé les affaires du continent mérite que l’on s’y attarde un instant, et qu’on les regarde autrement que lors des mariages princiers ou royaux célébrés par la vidéo-sphère mondiale des médias internationaux qui n’en retiennent que la face « people » dans son immédiateté. Un livre de Ghislain de Diesbach, publié aux éditions Perrin, a le grand mérite de jeter une lumière bienvenue sur une partie du passé de ces familles qui ont façonné l’histoire du continent européen - et parfois au-delà - et qui, comme dans le cas de la défunte Autriche-Hongrie, ont pu suivre des voies et créer des cadres qu’il pourrait ne pas être inutile de connaître pour que le futur de la construction européenne évite certaines ornières et puisse s’engager franchement dans les voies les plus favorables aux populations de notre continent. En une succession de chapitres, qui se lisent comme un roman d’aventures au long cours, le lecteur croise des personnages éminents, porteurs de grandes causes comme les souverains bourguignons de la maison d’Autriche régnant sur l’Espagne tels Charles Quint et son fils Philippe II - ou, a contrario, s’entend conter de plus petites intrigues, menées par des personnalités médiocres, au service d’intérêts mineurs, comme ses souverains de tant de principautés, dont les stratégies matrimoniales ont pour seule ambition de réaliser un mariage prestigieux pour leur couronne. Dans son ouvrage, Ghislain de Diesbach fait revivre avec talent et conviction l’histoire de ces grandes maisons que sont les Habsbourg, les Wittelsbach, les Hohenzollern, les Bourbon et de toutes ces familles dont l’histoire a laissé la trace et le nom dans les siècles passés. S’attardant sur les personnalités les plus éminentes ou les plus caractéristiques de ce Gotha européen, nous permettant d’entrer dans ce monde aux codes si particuliers, à l’élitisme assumé, ce livre fait aussi la part belle à de nombreux traits d’esprit et de bons mots dont l’humour souvent caustique fait ressentir la crainte de déchoir et l’angoisse d’être dévalorisé. Ne nous laissant rien ignorer des mariages morganatiques, qui s’accompagnent d’autant de renonciations aux trônes pour soi ou sa descendance, et qu’il faut s’empresser de tenter de recouvrer lorsque la situation s’est rétablie, l’auteur nous montre combien il importe à ses membres de préserver leur monde comme une société refermée sur ellemême. On prend alors conscience à quel point la Révolution française de 1789 et la période napoléonienne ont fracassé irrémédiablement un univers qui devra composer avec les nouvelles forces en présence pour ne pas disparaitre corps et âmes. On constate combien la France a pu choquer l’aristocratie européenne qui ne voulait plus - sauf à y être forcée - multiplier les Iphigénie modernes, en sacrifiant par mariage à des princes français de nouvelles archiduchesses. Sans doute, dans cette histoire du gotha, les Habsbourg-Lorraine méritent-t-il la première place. Sans doute sont-ils représentatifs de la réussite d’une famille

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LessecretsduGotha Ghislain de Diesbach

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ÉDITIONS PERRIN L’histoire de la haute noblesse et des familles royales européennes est sans doute devenue un pan de l’histoire que l’on méconnaît et que l’on sous-estime volontiers. Cinq Républiques et trois Révolutions en France ont, depuis deux siècles, relégué au rang de curiosités les familles de la maison de France. L’influence des Lumières et le vent de l’Histoire en Europe ont depuis longtemps acté la disparition progressive du modèle monarchique, qui ne survit plus que dans de rares pays et sous une forme effective si diminuée, qu’elle ne retient que marginalement l’attention de populations habituées à élire leurs « monarques » modernes.

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restaurations effectives ou présumées, entre des principes opposés et des familles ou des branches de famille rivales. Ghislain de Diesbach montre bien à quel point le règne de Louis XIV, son incroyable longévité et les difficultés de sa succession, ont ouvert la voie à des discussions et des contestations sans fin. Philippe d’Orléans, imposant finalement sa Régence et la pérennité des Bourbons à travers le futur Louis XV, n’empêchera pas les rivalités fortes et les futurs affrontements entre les deux branches de la famille. Un membre de la famille d’Orléans (Philippe-Egalité) votant la mort de Louis XVI son cousin, deux Restaurations, en 1814 puis en 1815, au profit du frère cadet du Roi défunt, Louis XVIII, puis le remplacement de Charles X, son successeur, le dernier roi Bourbon, par Louis-Philippe d’Orléans, le propre petit-fils de Philippe-Égalité, par la grâce d’un soulèvement populaire, sans oublier d’obscures affaires d’argent entre les deux branches de la famille, allaient créer lorsque le Second Empire s’effondrerait en 1870 et qu’une restauration monarchique paraissait pos-

dont les armes n’étaient pas les plus nombreuses, a priori, lorsque celle-ci commença au XIe siècle depuis le canton d’Argovie en Suisse sa formidable destinée, que seule la Première Guerre mondiale et la volonté des puissances de l’époque stopperont. Quel empire en effet, que celui qui se constituera grâce à l’acharnement de quelques souverains d’exception et d’une politique d’alliances toujours renouvelée. On dit que l’immensité de son domaine contraignit Charles Quint à ne guère passer plus de quatre nuits d’affilée dans un même lit, lui qui devait constamment être présent dans les nombreuses parties de son empire. Jacques Bainville, dans sa magistrale histoire de France qui s’achève aux lendemains de la Première Guerre mondiale, rappelle que, s’inclinant devant le tombeau de Maximilien et de Marie de Bourgogne à la Crypte des Capucins à Vienne, Louis XV avait dit à sa suite, avec fatalisme et perspicacité : « toutes nos guerres viennent de là ». Signifiant en cette brève formule tout ce que cette alliance de la fille de Charles Téméraire et de la maison d’Autriche avait eu de funeste pour la France, Louis XV avait en outre aperçu ce qu’elle aurait d’irréconciliable et de tragique pour l’avenir des deux monarchies. Car dans la lutte entre la France et la Maison des Habsbourg, la Prusse des Hohenzollern s’invitait comme une nouvelle puissance dans le combat pour la domination de l’Europe. Et que les Habsbourg sous François-Joseph, comme la France du Second Empire, seraient incapables de faire alliance pour résister à la politique menée par Bismarck. Politique, dont le double résultat fut, d’une part, d’exclure les Habsbourg du monde allemand, pour en faire une puissance de plus en plus tournée vers sa sphère danubienne, et, d’autre part, d’agréger toutes ces principautés allemandes, sans que ni l’Autriche ni la France - qui avait pourtant toujours eu tellement intérêt à y exercer son influence et à leur morcellement - songent réellement à s’y opposer, laissant les souverains des petits États germaniques totalement abandonnés aux ambitions de Bismarck. À l’instar des Wittelsbach et de l’emblématique Louis II de Bavière qui, lucide observateur des événements, enrageait de n’être plus que le premier vassal de la Prusse et de son Kaiser Guillaume, après les fatidiques victoires contre l’Autriche à Sadowa en 1866 et contre la France de Napoléon III à Sedan, en 1870, scellant à tout jamais le triomphe des héritiers du grand Frédéric sur ceux de Maximilien comme de Napoléon 1er. La Maison de France est elle aussi à l’honneur dans l’ouvrage de Ghislain de Diesbach, avec des chapitres passionnants sur la Maison Bonaparte et celle de Bourbon-Orléans. Quelle histoire peut en effet se vanter d’avoir autant hésité, balancé, que l’histoire de France sur la forme du régime politique dont il convenait de se doter, entre la monarchie qui venait à la France de ses origines et la République chère aux héritiers de 1789 ; sans parler de sa forme intermédiaire que constituèrent les deux Empires. Quelle histoire peut aussi montrer au monde à quel point sa population s’est déchirée lors des

ACQUES BAINVILLE, DANS SA MAGISTRALE HISTOIRE DE FRANCE QUI S’ACHÈVE AUX LENDEMAINS DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE, RAPPELLE QUE, S’INCLINANT DEVANT LE TOMBEAU DE MAXIMILIEN ET DE MARIE DE BOURGOGNE À LA CRYPTE DES CAPUCINS À VIENNE, LOUIS XV AVAIT DIT À SA SUITE, AVEC FATALISME ET PERSPICACITÉ : « TOUTES NOS GUERRES VIENNENT DE LÀ ».

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dominique.ortiz@bcv.ch

sible, une scission terrible entre les légitimistes, partisans des Bourbons, et les Orléanistes. Ghislain de Diesbach a raison d’insister sur le caractère violent de cette scission à l’intérieur de la famille de Bourbon-Orléans car cette querelle ne s’est jamais véritablement éteinte depuis et chaque prétendant conserve ses partisans aujourd’hui encore. Au terme de ce voyage dans le gotha, dont l’almanach qui cessa d’être édité en 1944 renvoie à un monde qui a disparu et ne survit que minoritairement, le lecteur devrait sans doute avoir apprécié cette immersion dans ces temps révolus où le pouvoir était sacralisé et où les familles régnantes étaient encore préservées. Au final, si elle n’est pas encore accomplie, il semble bien que la prédiction du Roi Farouk d’Egypte - faite à ses officiers médusés, lors d’une partie de cartes mémorable, dans un de ces soirs d’Orient qui incitent au rêve et à la mélancolie soit proche d’être réalisée quand il leur déclara, en hommage indirect à cet Empire sur lequel le soleil ne se couchait jamais : « Messieurs, il n’y aura bientôt plus que cinq Rois à travers le monde, le Roi de cœur et de carreaux, ceux de Pique et de Trèfle DOMINIQUE ORTIZ et bien sûr le Roi d’Angleterre ».

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Les escapades culturelles de Kathereen Abhervé

Baladeaupaysde

GiacomoPuccini www.expatria-cum-patria.ch

Le pays de Giacomo Puccini, celui où il naquit et auquel il resta fidèle toute sa vie, se situe au nord-ouest de la Toscane, dans un triangle délimité par les blanches Alpes Apuanes, les longues plages de sable blond de la Versilia au bord de la mer Ligure et la grande plaine de Lucques (Lucca). Au cœur de ces paysages variés s'étalent les eaux giboyeuses du lac de Massaciuccoli qui, malgré la présence d'un festival estival dédié au maestro depuis les années 50, a conservé le caractère sauvage, la paix et la tranquillité qui avaient jadis attiré Puccini. Qui était le père de La Tosca ?

ter quatre générations de compositeurs et de maîtres de chapelle. Giacomo senior, le chef de cette dynastie de musiciens né en 1712, s’était établi à Lucques pour sa longue tradition musicale. Son arrière-arrière petit fils, Giacomo junior y vit le jour le 22 décembre 1858. Très jeune, il perdit son père, Michele, importante person-

Giacomo Antonio Domenico Michele Secondo Maria Puccini, plus simplement appelé Giacomo Puccini, montra très jeune des dons pour la musique qu’il hérita de ses ancêtres, fiers de compFRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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nétaires. Malgré un mariage malheureux entaché par le suicide d’une servante qu’il aurait séduite, Puccini composa La Fanciulla del West (1910). Suivirent La Rondine (1917) et Il Tritico (1918) constitué de trois opéras en un acte : Il Tabarro, Suor Angelica et Gianni Schicchi. En novembre 1924, le compositeur mourait à Bruxelles d’un cancer de la gorge sans avoir achevé le duo final de Turandot, qui malgré tout remporta une gloire posthume. Il fut le dernier musicien de la famille.

Des chefs-d’œuvre immortels Depuis leur création, le succès de ses opéras, depuis leur création, ne s’est jamais démenti et ces chefs-d’œuvre sont toujours plébiscités sur les plus grandes scènes lyriques du monde. Cet engouement populaire vient sans doute de l’intensité émotionnelle de ses mélodies qui parlent au cœur des hommes et les touchent très souvent jusqu’aux larmes. Par ailleurs, la tristesse qui émane de sa musique reflète le paradoxe de cet homme

qui, malgré sa passion pour les sports violents, la chasse et son goût pour les femmes, était un être profondément solitaire cachant une grande sensibilité. © Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca

Ci-dessus, à gauche : Paysage de la Versilia. À droite : Maison natale de Giacomo Puccini à Lucques.

nalité musicale de la ville. Malgré une situation familiale difficile, le jeune Giacomo entreprit des études musicales qui lui permirent, diplôme en poche, d’entrer au Conservatoire de Milan. Après avoir composé avec succès plusieurs œuvres symphoniques, il choisit la voix royale de l’opéra. Son premier ouvrage, Le Villi fit augurer un très grand compositeur. Serait-il le successeur de Verdi ? Il avait vingt-cinq ans mais il dut attendre encore dix ans, avant que son troisième opéra, Manon Lescaut (1893) ne remporte un véritable triomphe. Puis, avec ses librettistes Luigi Illica et Giuseppe Giacosa, il signa des chefs-d’œuvre comme La Bohème (1896), La Tosca (1900) et Madame Butterfly (1904) qui devinrent des succès pla89

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Lucques, la ville natale de Puccini Maintenant que vous connaissez un peu mieux le père de La Tosca, partez à la découverte du berceau de sa famille et de la région où il a vécu toute sa vie en dehors des nombreux voyages qu’il fit en Europe et aux ÉtatsUnis à l’occasion de la création de ses opéras. De Lucques, vous apercevrez tout d’abord, dépassant des fortifications médiévales, les campaniles blancs ou roses de ses nombreuses églises, la Tour de l’horloge édifiée au XIVe siècle (Torre delle ore) et une très haute tour de briques de style Renaissance (Torre Guinigi) couronnée de chênes verts.

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Les escapades culturelles de Kathereen Abhervé >

© Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca

Peuplée aujourd’hui d’environ 85 000 habitants, la paisible cité toscane n’oublie pas qu’un jour, elle fut la capitale de la principauté souveraine du duché de Lucques dont elle a gardé un formidable héritage culturel vieux de près d’un millénaire. Une promenade à l’intérieur de son enceinte de briques (Mura di Lucca) percée de six portes historiques, vous révèlera un patrimoine architectural riche d’une cathédrale romane dédiée à SaintMartin (Duomo di San Martino), bâtie entre les XIe et XVe siècles, d’oratoires et d’églises aux belles façades de marbre blanc et de marqueterie de pierre, de villas, de palais et de places reliées par un lacis de rues étroites. La fascinante Piazza dell’Anfiteatro, de forme elliptique, ceinturée de petites boutiques et d’échoppes d’artisans, vous rappellera que jadis les Romains y organisaient des spectacles. La tradition perdure et chaque été des concerts y sont programmés. Cette vaste place accueille également de pittoresques marchés colorés et parfumés dont le célèbre marché aux fleurs dédié le 27 avril à Sainte Zita, patronne de la ville. Mais l’archange Saint Michel veille également sur la cité et sa statue de 4 mè-

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tres de haut déploie ses ailes protectrices au somment de l’imposante façade de marbre blanc de l’église San Michele in Foro. Si vous aimez les curiosités, outre l’extraordinaire jardin à l’italienne du Palais Pfanner qui vous fera penser au célèbre jardin Boboli du Palais Pitti de Florence, n’oubliez pas de chercher, sur l’un des piliers du portique de la façade de la cathédrale, le plus petit labyrinthe d’église jamais gravé dans la pierre (50 cm de diamètre).

Lucques, berceau d’une dynastie de musiciens

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Cette balade dans Lucques, patrie de nombreux compositeurs comme Alfredo Catalani et Luigi Boccherini, vous permettra de vous immerger dans l’enfance de Giacomo Puccini qui, après son père Michele, son grandpère Dominico, son arrière-grand-père Antonio Benedetto Maria, fils de Giacomo, devint le cinquième organiste de la famille. À l’époque de Puccini, les orgues ne manquaient pas à Lucques qui comptait quatre-vingt seize églises contre trente aujourd’hui. Le jeune musicien fit ses premières armes sur celui, très modeste à clavier unique, de l’église San Paolino e Donato. Quelques années plus tard, ce lieu saint accueillit la création de sa première Messe pour quatre voix et orchestre (Messa di Gloria) aux accents résolument profanes annonçant déjà le compositeur d’opéra qu’il allait devenir. Ici à Lucques, chaque pierre a conservé sa mémoire comme la basilique Saint Jean (Batisttero dei Giovanni e Reparata) où il fut baptisé, l’Instituto Musicale Pacini où il étudia la musique conserve de nombreux souvenirs. Ne manquez pas le ravissant petit théâtre à l’italienne (Teatro del Giglio) qui, dès 1891, programma régulièrement toutes ses œuvres. Mais le clou de ce pèlerinage est assurément sa maison natale sise Corte S. Lorenzo, à l’angle de la place San Michele. Vous serez touché par le trésor d’objets lui ayant appartenu comme des livres, des lettres, une galerie de photos de sa famille, mais surtout par le piano Steinway sur lequel il composa Turandot. À quelques pas de là, vous le retrouverez assis sur un piédestal de pierre, figé dans le bronze dans une attitude pleine de calme et de gravité. Entre ses doigts, une éternelle cigarette. Pour finir, que diriez-vous d’un succulent capuccino au Caffè Di Simo, via Fullingo, que Puccini et son ami d’enfance Alfredo Caselli fréquentaient, entourés de camarades artistes et poètes avec lesquels ils refaisaient le monde ?

1. Le piano de G. Puccini à Lucques. 2. Vue aérienne de Lucques. 3. La cuisine rustique de la maison familiale de Celle. 4. Labyrinthe sculpté de la cathédrale Saint Martin. 5. Jardin du palais Pfanner. 6. Théâtre de Lucques (Teatro del Giglio). 7. Reflet de l'archange Saint Michel (église San Michele in Foro).

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Les escapades culturelles de Kathereen Abhervé Les vacances à Celle

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© Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca

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Après avoir quitté Lucques, vous enjamberez quelques collines dominant la mer Ligure, pour faire une halte dans le petit village de Celle constitué d’une poignée de maisons au crépi imparfait, blotties autour d’une antique église blanchie à la chaux. L’une de ces vieilles demeures a appartenu à la famille du compositeur qui, lorsqu’il était enfant, venait en compagnie de ses cousins et ses huit frères et sœurs y passer les vacances d’été. Plus tard, il y revint avec son beau-frère pour chasser dans les bois environnants. Aujourd’hui transformée en musée (Museo Celle Puccini), cette maison au confort sommaire où naquit Giacomo senior en 1712, abrite de nombreux souvenirs et objets de famille tels que deux pianos, des tableaux, des lettres, des portraits de ses aïeux musiciens, ainsi que le petit lit et le fauteuil du compositeur enfant.

Un âme de bâtisseur Outre sa passion pour la composition et pour la chasse, Puccini aimait passionnément sa terre natale où il se fit bâtisseur. Ses succès lui permirent de faire construire de luxueuses villas. C’est ainsi qu’après le triomphe de ses

8. Villa Puccini à Torre del Lago. 9. Villa di Camigliano dans la plaine de Lucques.

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opéras Manon Lescaut et La Bohème, il fit restaurer à Chiatri, une ancienne demeure de briques rouges aux fenêtres de style vénitien. Le panorama qui s’étend jusqu’à la mer est exceptionnel. « Par temps clair, on peut voir la Corse » écrivait-il à l’un de ses amis. Malgré la tranquillité et la sérénité qui émanaient de ce lieu isolé et calme propice à la composition, Puccini qui habitait également à Torre del Lago, a très peu séjourné dans cette magnifique villa bâtie au cœur d’un parc planté de grands arbres. Sa femme et son fils finirent par le per-

suader d’abandonner cette demeure retirée qu’ils croyaient peuplée de fantômes et de revenants...

La villa Puccini à Torre del lago

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10. Maison de Giacomo Puccini à Viareggio. 11. Plage de la Versilia. 12. Caffè Margherita à Viareggio. 13. Le port de Viareggio.

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Gand chasseur de canards sauvages, sarcelles et faisans, Giacomo Puccini habitait depuis 1891 dans le village de pêcheurs de Torre del Lago, dans une modeste maison où il composa la plus grande partie de Manon Lescaut qui allait le mener vers la gloire. Après ce premier succès, il fit bâtir une somptueuse villa au bord de ce lac sauvage dont seules quelques barques de pêcheurs déchiraient les brumes matinales. Cette maison transformée en musée (Villa Puccini) abrite en sa chapelle les restes du compositeur, de son épouse Elvira, de son fils Antonio et de sa belle-fille. Dans cette maison qu’il aimait pour sa proximité immédiate avec les eaux du lac, il composa tous ses opéras à partir de La Bohème, à l’exception de Turandot. Les pièces du rez-de-chaussée ont conservé leur ameublement d’origine et le piano sur lequel il composa Manon est toujours ouvert. Aux murs, des dessins, peintures et photos du compositeur et ses amis, de ses bateaux et de ses voitures. Dans un petit salon, ses bottes, ses fusils et ses trophées de chasse illustrent la passion pour ce sport qu’il pratiquait très fréquemment. Dans des vases, des 12 hortensias séchés proviennent du beau jardin entourant la villa. Au delà de la grille, le sculpteur russe Paolo Troubetzkoy a saisi le compositeur dans le bronze, debout en pardessus, fumant une de ses quatre-vingts cigarettes journalières, le visage austère et le regard lointain.

Viareggio, la dernière demeure du maestro

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Chassé par le bruit que produisait l’extraction de la tourbe du lac et peut-être par le scandale provoqué par le suicide de sa servante, Puccini quitta sa maison de Torre del Lago pour celle, imposante, qu’il avait faite construire dans les années 20 par l‘architecte Pilotti à Viareggio, à quelques mètres de la mer, au milieu d’une pinède que vous trouverez à la Via Buonarroti. Cette magnifique et vaste demeure dont la façade de briques rouges s’enrichit d’une frise en bas-relief représentant des masques grecs anciens et des lyres, était, paraît-il à l’époque de Puccini, luxueusement meublée et abritait trois pianos. Durant les trois dernières années de sa vie, il s’attacha énormément à ce petit palais où il composa la plus grande partie de

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Les escapades culturelles de Kathereen Abhervé > Turandot, au point de ne plus vouloir s’en éloigner pour quelque durée que ce fut. Cette maison reposant tristement au fond d’un parc ombragé et sombre cerné de grands immeubles, ne se visitant pas, vous vous rendrez sur la promenade longeant la plage, pour y chercher la magnifique façade Art déco du Caffè Margherita qui, dans les années 1900, attirait les intellectuels et les artistes en villégiature. Puccini y avait fondé le « Club Gianni Schicchi ». Le grand chef d’orchestre Toscanini aimait y retrouver le compositeur. Ici l’ambiance n’a guère changé. Instants suspendus ! Ne quittez pas Viareggio, l’une des stations balnéaires les plus réputées d’Italie pour son carnaval, ses régates, ses magnifiques hôtels, ses restaurants et... son célèbre prix littéraire, sans avoir profité des plaisirs de la plage. L’été venu, elle devient un immense champ de parasols alignés comme des tournesols. Si vous souhaitez vous protéger de l’ardeur du soleil, vous pourrez toujours en louer un sous lequel la chaleur reste étouffante. Une bonne affaire pour les vendeurs de glaces et de sodas qui arpentent les plages brûlantes à longueur de journée !

Durant toute sa vie, Puccini s’est nourri des sons de sa terre natale dont il s’inspira pour colorer ses compositions. Peut-être votre oreille avertie saura-t-elle déceler dans ses œuvres, la musicalité des cloches de Bargecchia ou celle des orgues et des harmoniums qu’il avait joués à Lucques dans sa jeunesse ?

La Versilia, entre mer et montagnes 14

Ce séjour estival, s’il vous permet d’entrer dans l’intimité de Puccini, saura également vous livrer les secrets d’une région bénie des dieux pour la douceur de son climat, la richesse de ses paysages et ses spécialités culinaires. Dans un rayon d’une trentaine de kilomètres autour de Lucques, vous passerez de sa grande plaine aux longues plages de la Versilia, des collines couvertes d’oliviers aux coteaux plantés de vigne. En poussant dans la Media Valle del Serchio, renommée pour ses oli-

Le campane (les cloches) de Bargecchia

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Votre pèlerinage Puccini s’achèvera au pied du campanile de l’église romane de San Martino de Bargecchia, petit village perché dans les collines à sept kilomètres à l’est de Viareggio. Invité par ses amis, le compositeur se rendait souvent en ce lieu fleurant bon les plantes aromatiques et offrant une vue imprenable sur la mer, la côte de la Versilia et les Alpes Apuanes. Mais ce qui l’attirait secrètement, c’était le magnifique concert des quatre cloches de l’église du village reconstruite au XIXe siècle sur des ruines romanes. La légende dit que la sonorité exceptionnelle de ces cloches provenaient de l’or et de l’argent que l’on versa dans le bronze en fusion lors de leur fabrication en 1885. Sensible à leur polyphonie considérée comme l’une des meilleures du monde, Giacomo Puccini s’en inspira pour le carillonnement précédant le duo de Scarpia et Tosca à la fin du premier acte de La Tosca. Selon la tradition qui se transmet de père en fils, ces cloches se jouent toujours en tirant les cordes à la force des bras. Cinq hommes sont nécessaires pour les actionner, dont deux uniquement pour la plus grosse qui pèse plus d’une tonne ; les trois autres, quant à elles, pesant tout de même entre 550 et 834 kilos. Durant la Seconde Guerre mondiale, ces cloches si rares auraient été coulées pour faire des canons, sans l’intervention efficace du prêtre de la petite église !

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14 et 15. Paysages d'oliviers de la Versilia. 16. Pont du Diable à Borgo a Mozzano. 17. Village de Bagni di Lucca. 18 et 19. Les Thermes de Bagni di Lucca. © Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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© Photos Archivio Fotografico Provincia di Lucca

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vertes au public comme les villas Oliva et Padina. La Villa Reale à Marlia vous révélera l’un des plus beaux jardins d’Italie. À la période du carnaval, quelques-unes d’entre elles se parent de toutes les fééries et organisent de grandes fêtes costumées.

Montagnes de glace ou de marbre Mais si vous préférez longer la côte ligure entre la mer et les contreforts des Alpes Apuanes, en direction de Pietrasanta (la petite Athènes), vous découvrirez d’étranges glaciers. Leur blancheur miroitant au soleil révèle de longues et béantes écorchures taillées non pas dans la glace, mais dans le marbre. Deux millénaires d’exploitation ont transformé ces montagnes aux parois taillées comme des escaliers de géants, en un gigantesque chantier. Le marbre de Carrare, puisqu’il s’agit de cela, est recherché depuis l’antiquité pour ses qualités statuaire et décorative. Son aptitude à prendre un poli brillant était très apprécié sous la Renaissance italienne. MichelAnge venait lui-même choisir les blocs qu’il destinait à ses sculptures monumentales. La plupart des façades des églises de Lucques et de Pise sont recouvertes de ce précieux matériau travaillé parfois en alternance avec des marbres de couleurs différentes permettant d’étonnantes marqueteries. Aujourd’hui le marbre blanc n’a rien perdu de sa réputation et sert toujours pour la statuaire, la décoration, l’art funéraire et l’architecture. Les trois millions de tonnes extraites annuellement sont expédiées dans tous les pays du monde.

viers centenaires, ses vins et sa cuisine traditionnelle, vous pourrez profiter des bienfaits des célèbres bains thermaux de Bagni di Lucca e dintorni très appréciés à la fin du XIXe siècle pour la qualité de ses eaux et son environnement. Giacomo Puccini s’y rendait régulièrement depuis sa jeunesse où il y avait été pianiste. Plus tard, il y composa une partie de son opéra La Fanciulla del West. Si vous préférez le calme et les charmes de la plaine de Lucques à la cohue qui règne à Pise (Pisa) situé à peine à vingt kilomètres, vous pourrez découvrir de magnifiques villas perdues au creux d’une campagne paisible. Fermes, simples maisons de campagne ou véritables palais entourés de parcs et de jardins à la française, certaines de ces quatre cents villas bâties aux XVIe et XVIIe siècles par de riches marchands de Lucques, sont ou95

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LeFestivalPuccini deTorredelLago

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Il est des lieux dont la simple évocation fait surgir de grandes figures de musiciens qui leur sont intimement liés par la naissance ou par l’œuvre qu’ils y ont créée. Or, si Pesaro évoque le souvenir de Rossini, Salzbourg celui de Mozart et Bayreuth le génie de Richard Wagner, le petit village toscan de Torre del Lago, bâti au bord du lac de Massaciuccoli, est, quant à lui, intimement lié au compositeur italien Giacomo Puccini qui rêvait d’y créer, à l’extrémité de son jardin, un théâtre lacustre pour y faire jouer ses œuvres. Son rêve est devenu réalité et Torre del Lago s’apprête à accueillir du 20 juillet au 25 août prochain, la 58e édition du Festival Puccini.

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22 © Photo : Fondazione Festival Pucciniano

Le rêve d’un compositeur Selon le souhait que le compositeur formula quelque temps avant de mourir, une petite scène sur pilotis édifiée sur le lac, face à sa belle demeure, accueillit le 24 août 1930, une représentation de La Bohème. Son ami Pietro Mascagni était au pupitre. Ce n’est qu’en 1955 que commença véritablement la grande aventure festivalière qui attira rapidement tous les inconditionnels de Puccini et ceux que cette scène lacustre intriguait. Le succès fut tel qu’en 1966, un nou-


© Photo : Fondazione Festival Pucciniano

dans les limites d’accueil de la petite ville de Torre del Lago et ainsi préserver l’esprit des lieux. Lorsque Puccini s’enticha de ce coin de paradis, il n’y avait qu’une douzaine de maisons de pêcheurs. Un siècle plus tard, le lac qui sert de toile de fond aux spectacles a conservé son caractère sauvage. Il fait d’ailleurs partie du Parc naturel de Migliarino-San Rosore-Massacuoccoli qui abrite daims, sangliers et près de 200 espèces d’oiseaux. Vous constaterez qu’ici, le temps semble s’être arrêté au-dessus du lac dont les rives ourlées d’un délicat feston de joncs et d’herbes folles dans un beau désordre romantique, appellent à la rêverie. Quelques barques, parfois, rident la surface de ses eaux lisses comme du marbre d’où s’élève souvent une brume légère qui, comme un tulle, tamise les collines environnantes.

Le 58e Festival Puccini Pour sa 58e édition dédiée en partie aux femmes sacrifiées, le Festival Puccini fait une infidélité au compositeur en invitant un opéra de Verdi. Ainsi La Traviata (28 juillet, 4, 11 et 18 août) prendra place aux côtés de La Tosca (les 20 juillet, 3, 16 et 25 août), Madama Butterfly (21, 27 juillet, 10 et 17 août) et La Bohème (9, 10 et 24 août). Exceptée cette œuvre signée par le metteur en scène Maurizio Di Mattia et le scénographe Maurizio Varamo, les trois autres ouvrages seront le résultat de coproductions engageant des scènes locales, européennes et... japonaises comme Madama Butterfly qui arrivera du NPO de Tokyo. La soprano dramatique italienne Donata D’annunzio Lombardi interprètera Cio Cio San, tandis que Silvana Froli dans le rôle de Tosca donnera la réplique au ténor chinois Warren Mok. Vous aurez remarqué que cet été, le festival, en programmant quelques-uns des plus “grands tubes” de l’art lyrique, n’a pris aucun risques. Alors n’attendez pas trop longtemps pour réserver vos places.

k.abherve@geneveopera.ch

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20. La statue de Puccini à Torre del Lago. 21. Le lac de Massaciuccoli. 22. Donata D'Annuzio Lombardi (Cio Cio San) Fondazione Festival Pucciniano. 23. Le théâtre en plein air de Torre del Lago.

© Photo : Fondazione Festival Pucciniano

veau théâtre en plein air pouvant accueillir plus de 3 000 spectateurs remplaça la scène sur pilotis. Puis durant l’été 2005, les mélomanes purent découvrir le théâtre complètement métamorphosé : une technologie de pointe pour la scène facilitant l’alternance des spectacles, un accueil du public amélioré par la réalisation d’un parc embelli de sculptures commandées chaque année par le festival. Ce musée en plein air sera honoré cet été par le sculpteur japonais Kan Yasuda. Malgré les nombreux aménagements réalisés, les gradins ne peuvent recevoir que 3 370 spectateurs, ceci afin de rester

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Renseignements

Office de tourisme de Lucca www.luccaturismo.it • Tél. +39 0583 919931 Office de tourisme de la Versilia www.versilia.turismo.toscana.it • ++49 0584 4962233 Festival Puccini Torre del Lago www.puccinifestival.it Billetterie : +39 0584 353304 - 359322

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écrincouleurcitron Entre Monaco et l'Italie, la jolie ville de Menton bénéficie d'un microclimat à tendance subtropicale. L'ensoleillement y est de 316 jours par an et la végétation - palmiers, citronniers, orangers, jasmin - traduit cette douceur toute méditerranéenne. endant cinq siècles, Menton a été la propriété des princes de Monaco. Les habitants vivaient alors de la pêche et de l'agriculture, se spécialisant dans les agrumes, le jasmin, les oliviers. Proclamée ville libre sous protection sarde, en 1848, Menton choisira son rattachement à la France en 1860. Charles III de Monaco abandonne ses droits sur la ville à l'empereur Napoléon III. Menton est alors rattachée au département des Alpes-Maritimes.

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En 1859, le médecin anglais Henry Bennett, malade des poumons, décida de s’installer à Menton où son état de santé s’améliora considérablement. Deux ans plus tard, complètement guéri, il installa un cabinet médical dans la ville (l’écrivain Robert Louis Stevenson fut l’un de ses patients) et écrivit des ouvrages sur le climat méditerranéen, forgeant une belle réputation à Menton. Le développement de la ville doit beaucoup aux Britanniques qui ont contribué à la naissance d’un tourisme hivernal (de novembre à mai) et très aristocratique. 80% des hivernants étaient sujets de sa Majesté britannique. Durant les hivers de la Belle Époque, têtes couronnées, riches Européens, phtisiques se côtoient dans les palaces et villas de luxe. Menton devient une station climatique appréciée des touristes anglais et de la noblesse russe. L'impératrice Eugénie, le roi Albert 1er de Belgique, Alexandre de Russie, la reine Victoria d'Angleterre, Auguste Rodin, Franz Liszt, Charles Gounod y viennent en villégiature. Les hôteliers organisent des batailles de fleurs… C'est au géographe Elisée Reclus que Menton doit son appellation de « Perle de la France ». En 14-18, hôtels et palaces se transforment en hôpitaux. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville est annexée par les Italiens puis par les Allemands. Elle sera libérée le 8 septembre 1944.

Le cœur historique de la cité Le vieux Menton forme un labyrinthe dont les ruelles étroites dévalent la colline pour rejoindre le quartier du vieux port. Il est dominé par le Cimetière du Vieux-Château, dernière demeure de nombreux aristocrates russes et britanniques dont l’inventeur du rugby, William Webb Ellis. Avec sa façade, son clocher, son parvis formé d’une mosaïque de 250 000 galets, la Basilique Saint-Michel Archange est un joyau de l'art baroque qui accueille chaque année, en août, le magnifique Festival de Musique de Menton. Autre monument historique, le monastère de l'Annonciade, à 230 mètres au-dessus de la mer, d’où l’on découvre un magnifique panorama sur la baie de Menton, le Cap Martin, Castellar, St-Agnès...

© Françoyse Krier

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Les Hivernants de la Belle Époque


Paradis des botanistes Au cours du XIXe siècle, des botanistes ont introduit à Menton des espèces tropicales qui se sont magnifiquement acclimatées dans des jardins d'exception : Villa Maria Serena dont l’architecture est attribuée à Charles Garnier. Réputé pour être le plus tempéré de France, le jardin abrite plusieurs raretés, dont un des trois Draceana drago d'Europe vivant en plein air. La Serre de la Madone renferme une riche collection d’essences rares, rapportées d’Asie. Fontana Rosa, aux décors de céramique rappelant l'atmosphère des jardins andalous, est l’œuvre du romancier espagnol Vicente Blasco-Ibañez. Le Jardin botanique exotique du Val Rahmeh, créé par des Anglais passionnés de botanique, rassemble une collection de plus de 700 espèces tropicales et subtropicales. On y trouve le seul exemplaire du Sophora toromiro, l'arbre mythique de l'île de Pâques, qui pousse en pleine terre. Le Palais Carnolès : Jardin d'agrumes et Potager des Princes : la plus importante collection d'agrumes en Europe, 100 variétés différentes pour 340 arbres ! La Citronneraie, composée d'oliviers, citronniers, orangers, pamplemoussiers, kumquatiers, mandariniers, clémentiniers,

La basilique Saint-Michel, joyau de l'art baroque du pays mentonnais où poussent oranges et citrons, symboles de la ville.

pomelos, cédratiers, bigaradiers, et le fameux cédrat “main de Bouddha”. Le Clos du Peyronnet s’enorgueillit d’un escalier d'eau constitué de bassins successifs, dont la dernière marche est... la Méditerranée. Superbe panorama sur la vieille ville et la baie de Garavan, depuis Le Jardin des Colombières, classé monument historique.

Charme rétro et douceur de vivre Menton est une destination de plus en plus prisée par une clientèle internationale. Les Japonais, en particulier, pour lesquels confirmer leurs noces dans la Salle des mariages décorée par Jean Cocteau, est devenu le “must” ! La ville est riche en joyaux architecturaux du début du siècle : demeures cossues ; hôtels 2 et 3 étoiles aux noms à consonance anglaise, Prince de Galles d’où la vue sur Menton est magnifique, Royal Wesminster, Claridge's; palaces pour la plupart transformés en appartements privés ou locatifs ; sans oublier le kiosque à musique, l'église orthodoxe édifiée en 1892, avec des fonds provenant de riches familles russes, le Palais Carnolès, jadis propriété d'un riche américain, le Casino Kursaal - actuel Palais de l'Europe qui accueille colloques,

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© Photos Françoyse Krier

séminaires, soirées de gala… Quel plaisir de flâner dans les rues bordées d’orangers et de citronniers dont les fleurs embaument l’air, profiter de la belle plage des Sablettes, s’arrêter au marché pour déguster une pichade ou une fougasse mentonnaise en savourant l’accent qui s’y promène, boire une citronnade sous les platanes… Car ici, le citron est roi, et on fête dignement chaque année, à la fin de l’hiver, cet emblème de Menton, capitale Française de l'Orange et du Citron non Traités ! Pour encourager le développement de sa production, plus de 5 000 arbres ont été plantés dans les années 90 et une quinzaine d’agrumiculteurs installés dans la région produisent chaque année environ 150 tonnes de ce fruit d’or, riche en acides et en essences. Bâtie à flan de montagne, la ville ocre et rose semble descendre à pic pour s’enfoncer dans les eaux bleues de la Méditerranée. Et la beauté touche au sublime lorsqu’à la nuit tombée, la baie de Menton s’illumine, faisant miroiter la mer de mille reflets… FRANÇOYSE KRIER www.tourisme-menton.fr Le marché couvert.

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Plantes tropicales et subtropicales à la villa Maria Serena, construite par Charles Garnier.

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© Ville de Menton

MuséeCocteau nouveaulieudevieaucœurdeMenton « Menton, c’est le luxe et la simplicité », disait Jean Cocteau. Posé face à la mer en plein centre ville, le Musée Jean Cocteau Collection Séverin Wunderman, inauguré en novembre 2011, rend hommage à son œuvre. Le poète aurait apprécié. ean Cocteau (né en 1889 et mort en 1963) aimait bien Menton. Ce poète avant tout, mais aussi romancier, auteur de théâtre, dessinateur, était très attaché à cette région et avait réalisé des affiches pour le Festival de musique.

lignes - « art de l’écriture déliée jusqu’à devenir dessin » expliquait l’artiste. Elle, coiffée de la capeline mentonnaise, lui, du bonnet de pêcheur méditerranéen. Au fond du panneau, le bleu et le blanc, couleurs mariales de Menton, et les éclats jaunes et orangé du soleil. Sur les murs et au plafond, sont représentées les légendes d’Orphée et Eurydice, Cupidon, Pégase et autres histoires allégoriques… L’ensemble fut bien accueilli par la population mentonnaise et donna un nouvel essor à la ville. On demanda à Jean Cocteau d’être le témoin au premier mariage ayant lieu dans « sa » salle. En 1958, Jean Cocteau fut nommé citoyen d’honneur de la ville de Menton.

« Je suis un poète qui dessine » (Jean Cocteau)

Le Bastion, premier musée Jean-Cocteau à Menton

Jean Cocteau séjournait souvent à Saint-Jean Cap-Ferrat, chez son amie Francine Weissweiller. Il aura un véritable coup de coeur en découvrant Menton, en été 1955, et le poète y séjournera régulièrement. En 1956, Francis Palmero, maire de Menton, lui demande de décorer la Salle des Mariages de l’Hôtel de Ville. Durant deux ans, l’artiste se consacrera à ce décor grandiose. Tout a été conçu par la main du maître : peintures murales, portes peintes façon bois d’ébène, tapis style léopard, candélabres en forme de feuilles de figuiers de barbarie, colonnes semblant sorties d’un temple crétois, sièges et rideaux grenat, sans oublier le profil de Marianne gravé sur les miroirs de l'entrée et se reflétant à l’infini. Au fond de la salle, faisant face aux mariés, les portraits des amoureux éternels sont tracés dans un méandre de

Lors d’une de ses promenades, Jean Cocteau découvrit le Bastion, fortin abandonné datant du XVIIe siècle, en bord de mer. Il le fit restaurer et transformer en petit musée abritant une partie de ses œuvres méditerranéennes datant de la période de 1950 à 1963. L’artiste apporta sa touche personnelle en l'ornant de calades - mosaïques de galets - décorant le sol, et de vitrines en fer forgé qui conservent précieusement ses céramiques. Ce musée du Bastion ouvrira ses portes en 1966, trois ans après sa mort.

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Un lien entre Menton et la mer Alors âgé de 19 ans, Séverin Wunderman, mécène et philanthrope juif d'origine belge, rencontre le poète et s'en101

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© Keystone France

© Françoyse Krier

© 1, 2, 3, 4 : ADAGP, Paris 2011 Avec l’aimable autorisation de Pierre Bergé, président du Comité Jean Cocteau © Serge Caussé, photographe

Mosaïque de galets, réalisée par Jean Cocteau au Bastion, sur le port de Menton

www.expatria-cum-patria.ch © Serge Caussé

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4 À l’intérieur du musée Jean Cocteau

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tiche de son oeuvre. Il s'offre un premier dessin, portrait de Dargelos, héros des « Enfants Terribles », part faire fortune dans l'horlogerie aux Etats-Unis. Au fil des années, il enrichira sa collection et fondera en 1985 à Irvine (Californie) un musée dédié à Jean Cocteau. Son souhait le plus cher est de faire venir en France une grande partie de sa collection. Il choisit Menton et fait affaire avec le député-maire, Jean-Claude Guibal : sa collection en contrepartie de la construction d’un musée. 1 800 œuvres, dont 990 de l'artiste, seront ainsi acheminées depuis leur dépôt aux États-Unis, vers la France. Face au rivage, presque les pieds dans l'eau, le bâtiment conçu par Rudy Ricciotti accueille, sur 2 700 m2, l’ensemble des œuvres issues de la donation Séverin Wunderman. L’architecture du musée en béton blanc étalée

1 - Le Jeune Aviateur (Roland Garros), 1915. 2 - Opium, St-Cloud, 1929. 3 - Dargelos, les Enfants Terribles, 1935. 4 - Portrait de Picasso, 1917.

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© Ville de Menton


en de multiples tentacules, épouse la forme du terrain. La hauteur de l’édifice ne devait pas cacher le joli clocheton-belvédère du marché couvert centenaire. Sur le parvis, une grande calade en forme de lézard, animal affectionné par Cocteau et qui symbolise la « belle paresse méditerranéenne ». En bas de la port, une inscription invite les visiteurs à entrer, précisant qu'il est inutile de frapper.

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Renseignements Musée Jean-Cocteau - collection Séverin Wunderman 2, quai de Monléon - F - 06500 Menton www.tourisme-menton.fr/Musee-Jean-Cocteau-Collection www.cotedazur-tourisme.com

Portraits et témoignages des amis artistes La donation de Séverin Wunderman comprend toutes les périodes traversées par Jean Cocteau, depuis les premiers autoportraits des années 1910 jusqu’à la période méditerranéenne de la fin de sa vie, peu connue du grand public : tableaux, dessins, céramiques, tapisseries, bijoux, photographies, documents sonores, extraits de

© Office de Tourisme de la ville de Menton

La salle des mariages de l'Hôtel de ville, décorée par Jean Cocteau.

films. Mais également 450 œuvres de grands maîtres de l’art moderne, ayant fait partie de l’entourage du poète, élu à l’Académie Française en octobre 1955 et commandeur de la Légion d'honneur en 1961 : Picasso qui encouragea Cocteau à publier ses dessins, Modigliani, De Chirico, Miro, Foujita… ainsi qu’un fonds exceptionnel de 360 œuvres liées à Sarah Bernhardt, premier « monstre sacré » de Jean Cocteau. La projection d’extraits de films dont La Belle et la Bête qui révéla son jeune compagnon, Jean Marais, permet de découvrir l’homme de spectacle mué en cinéaste et décorateur.

Cocteau, milieu dans lequel il forme sa sensibilité artistique. Ses deux figures mythiques : Sarah Bernhardt et Nijinsky. Section 2 : L'Imposteur - expérience de la Première Guerre mondiale. Création d’oeuvres majeures telles que Le Potomak ou Thomas l’Imposteur. Section 3 : Parades - période créative : Cocteau se lance, avec Diaghilev et Satie, dans une aventure chorégraphique et musicale. Rencontre avec Raymond Radiguet. Section 4 : Jean l'Oiseleur - très affecté par la mort de son ami Raymond Radiguet, Jean Cocteau crée un univers poétique et tortueux. La consommation d’opium « cet empoisonnement exquis » le rattachait à la réalité et a donné naissance aux dessins révélateurs de son malêtre intérieur perceptibles dans les albums Maison de Santé et Opium. Dans ses dessins, ses veines sont transformées en pipes à opium. Section 5 : Le sang du poète - Jean Cocteau réalise son premier moyen métrage. Naissance des Enfants Terribles et de La Machine Infernale. Section 6 : Mystères - œuvres du lendemain de la Seconde Guerre mondiale, dont les fameuses productions cinématographiques La Belle et la Bête et Orphée.. Section 7 : Testaments - travail méditerranéen de l'artiste, œuvres visuelles au tracé vigoureux, avec irruption de pigments colorés.

« Il faut être un homme vivant et un artiste posthume » (Jean Cocteau, 1926) Une donation récente a permis de mettre en valeur 240 photographies originales de Lucien Clergue qui rencontra Jean Cocteau en 1956 et fit les photos du tournage lors du dernier long-métrage de l’artiste, le « Testament d'Orphée », en 1959. Riche de plus de 2 000 oeuvres dont presque 1200 signées de Jean Cocteau, le musée représente la plus importante collection publique sur cet artiste dans le monde. Chaque année, un accrochage renouvelé constitué de 150 à 200 œuvres permettra de se rendre compte du génie et de la densité de l’œuvre de « l'enfant terrible des arts et poète multirécidiviste ».

Muséographie au fil de la vie de Jean Cocteau Le parcours de visite retrace, en sept séquences, les grandes étapes et rencontres de la vie et de l’œuvre de Jean Cocteau : Section 1 : Le théâtre de la chambre - jeunesse de Jean 103

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Grasse Desfleursetdesparfums...

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Entre Grasse et le parfum existe une véritable histoire d’amour. Les premières distilleries de fleurs y ont vu le jour au XVIe siècle. Classé Ville d’art et d’histoire par le Ministère de la Culture, ce lieu privilégié allie beauté du site et intérêt culturel.

© Françoyse Krier

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© Françoyse Krier

rasse, entre Méditerranée et Alpes du Sud, au climat doux et ensoleillé, a développé la culture des fleurs - rose, jasmin et tubéreuse - pour répondre à la demande des parfumeurs. Ville industrielle aussi qui annonce un chiffre d’affaires de 556 millions d’euros pour 3 000 employés, soit 48% du chiffre d’affaires national. Trente usines de parfum et d’aromatique envoient leurs productions dans le monde entier. La capitale des Parfums accueille chaque année un million et demi de visiteurs qui flânent dans le lacis des ruelles étroites et pittoresques du centre historique. Et qui se laissent guider au Musée international de la Parfumerie (MIP) et dans les trois parfumeries ouvertes au public où la technique de fabrication du parfum leur est enseignée : Galimard, Fragonard, Molinard. La cathédrale, au style roman à l’extérieur et gothique à l’intérieur, abrite une belle collection de tableaux de Fragonard, Rubens et Louis Bréa. À la Villa-Musée Fragonard, sont accrochés des originaux et des reproductions du peintre Jean-Honoré Fragonard, un des plus fameux maîtres du XVIIIe siècle, célèbre enfant du pays. Autrefois, les tanneurs étalaient leurs peaux sur la Place aux Aires, agrémentées d’arcades. En mai, 50 000 roses sont présentées à Expo Rose et pendant quatre jours, le cœur de ville bat au rythme de la reine des fleurs. En août, on célèbre le Jasmin avec corso fleuri et bataille de fleurs.

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Savoir-faire grassois unanimement reconnu

La statue du peintre Jean-Honoré Fragonard, né à Grasse, devant le Musée de la Parfumerie où Dominique, guide conférencier, connaît toutes les plantes à l'origine des parfums. 105

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Connue au Moyen-Age pour son artisanat de tannerie, la ville évoluera vers celui des gantiers-parfumeurs qui se consacrent au parfum. À la Renaissance, la mode des gants parfumés est lancée : les tanneurs grassois parfument donc cuirs, sacs, éventails et ceintures avec des graisses et huiles odoriférantes, pour leurs nobles clients. En 1614, le Roi crée le titre de « Maître GantierParfumeur ». Les paysans de la région cultivent la Jacinthe, la Rose Centifolia appelée Rose de Mai, le Jasmin et la Tubéreuse, dans leurs champs idéalement situés entre mer et montagne. Dès 1825, les conditionnements des parfums et autres produits dérivés (poudres, savons) sont fabriqués industriellement et des précurseurs, comme Antoine Chiris, fondent les premières parfumeries de Grasse. En 1806, Jean Marie Joseph Farina crée pour Napoléon un flacon en forme de rouleau pour qu’il puisse le glisser dans ses bottes. L’empereur sera toujours fidèle à l’Eau de Cologne. Il en utilisait 40 litres par mois. La maison Farina fut reprise en 1862 par Armand Roger et Charles Gallet sous le nom de « Roger & Gallet ». La maison Guerlain sera le fournisseur de Napoléon III. Les huiles essentielles contenues dans les pétales de fleurs, dans les feuilles, les tiges, les boutons, les racines, les graines, les fruits, le bois, l’écorce donnent aux fleurs et aux fruits leur parfum, aux épices et aux herbes leur senteur et leur saveur spécifiques. Toutes les plantes ne contiennent pas des huiles essentielles à profusion, raison pour laquelle il faut, par exemple, une

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Dans la lumière de la Côte d’Azur tonne de pétales de roses pour produire 300 grammes d’essence de rose. Le Parfumeur-Créateur doit donc jongler avec des essences, concrètes et absolues d’origine naturelle obtenues à partir d’environ 400 végétaux et de 5 matières animales ; des essences d’origine synthétique (environ 4 000), obtenues chimiquement. Des milliards de combinaisons possibles parmi lesquelles quelques-unes seulement deviendront de grands succès !

Le “Nez”, les fragrances

Le Parfumeur-Créateur - appelé plus familièrement “nez” - est capable de reconnaître environ 3 000 odeurs. Son art consiste à les associer de façon harmonieuse. Installé face aux tablettes de l’orgue à parfums où sont rangées des centaines de petites fioles aux contenus différents, il note la liste des matières premières qui lui semblent convenir, les proportions de chacun des composants et un nombre représentant son poids en centigrammes. L’addition doit totaliser mille centigrammes, soit dix grammes. À l’aide de mouillettes, il peaufine chaque étape de sa composition, additionnant, soustrayant… La création d’un parfum demande des mois, voire des années de recherche. Trois étapes principales sont indispensables: la création olfactive (fragrance), la création plastique (flacon et emballage) et la création conceptuelle (nom et publicité). Le parfumeur travaille dans le secret. Sa formule n’est connue que de lui et de la société pour laquelle il travaille. Seules trois grandes maisons de parfum ont leur propre Parfumeur-Créateur : Chanel, Guerlain et Patou. Chanel et Dior sont deux des rares sociétés de parfum à entretenir et produire de la fleur à Grasse (rose de mai et jasmin). Les plus grandes sociétés de parfumeurs sont aujourd’hui basées en Suisse - Firmenich, Gévaudan - ou aux USA. www.expatria-cum-patria.ch

sations : les rituels égyptiens, les fards grecs, les flacons de verre romains, les pots pourris du Moyen-Âge entre autres, et aborde également le parfum contemporain. De nombreux collectionneurs privés firent don de leurs importantes collections (étiquettes, flacons) au musée créé en 1918 par François Carnot - lequel avait présenté le parfumeur François Coty au verrier René Lalique. Agrandi et inauguré en 1989, année du bicentenaire de la parfumerie française, il sera rénové en 2008. Sur les 50 000 objets relevant des arts décoratifs, de la botanique, de l’industrie, de l’ethnographie de la sociologie, 3 000 seulement sont présentés. Souvenir précieux et émouvant : le très beau nécessaire de voyage de la reine MarieAntoinette qui a accompa-

Le nécessaire de voyage de Marie-Antoinette avec tiroirs secrets et objets précieux.

© Musées de Grasse, C. Barbiero

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Le MIP labellisé Musée de France

gné la reine lors du dernier trajet de la famille royale interrompu à Varennes. Situés au pied de la cité aromatique, les jardins botaniques du MIP, cadre unique dans lequel on découvre ces espèces qui fournissent les précieuses matières premières de la parfumerie. Promenade délicieuse dans le monde des plantes odorantes, avec, flottant dans l’air, de doux effluves que distillent les champs de roses de mai, jasmin, violettes, tubéreuses, géraniums, orangers, lavande …

Céline dans l'atelier de tarinologie de Molinard : orgue à parfums ancien, essences diverses, mouillettes...

Vertes étapes, leçons de saveurs

Un tel musée ne pouvait trouver sa place qu’à Grasse ! Le MIP - Musée International de la Parfumerie - retrace 4 000 ans d’histoire de la parfumerie, à travers les civili-

Côté gastronomie, Grasse n’est pas en reste, loin de là ! Les bonnes tables ne manquent pas dans la région. La Bastide Saint-Antoine à Grasse, a reçu le 2e prix des FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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aux couleurs “flashy”… Dans le parc de 5 000 m² planté d'oliviers et d’arbres fruitiers, piscine et jeux de boule. Au restaurant Le Clos Saint Pierre, décoré d’une étoile au Guide Michelin en 2003, tous les sens sont à la fête. Daniel Ettlinger, Chef de Cuisine inventif et propriétaire, préconise l’authenticité et la simplicité : bonne table, raffinée, mais dans l’esprit d’une Auberge de Campagne. Le menu change chaque jour, en fonction des produits frais du marché et de la saison. La pêche est exclusivement du pays, y compris la langouste. En cas de temps maussade, si les bateaux ne sortent pas, le poisson ne figurera pas au menu. Son épouse Catherine, diplômée d’études supérieures en Hôtellerie & Restauration de Lausanne, fait valoir ses talents conjugués d’hôtesse souriante, d’aide au chef, et d’artisane bienheureuse du décor. Une adresse que l’on aimerait presque garder pour soi… www.cotedazur-tourisme.com www.museesdegrasse.com www.grasse.fr FRANÇOYSE KRIER www.hotel-du-clos.com

francoyse.krier@bluewin.ch

© OT Grasse

Photos Françoyse Krier

« Trophées 2011 de la clientèle des hôtels 4 et 5 étoiles français ». Acteur majeur en matière de l’éducation aux sciences du goût et des saveurs, son chef Jacques Chibois ouvrira en septembre une École du Goût afin de mieux faire comprendre les mécanismes sensoriels et les transformations gustatives des ingrédients alimentaires. Cette école s’adressera aussi bien aux étudiants qu’aux professionnels (métiers de bouche, industrie agro-alimentaire) et aux personnes désireuses de découvrir le patrimoine culinaire français. À quelques kilomètres de Grasse, Le Rouret. Dans ce charmant village, l’Hôtel du Clos###, demeure de charme et de naturel, est une occasion unique de vivre l'esprit de la Provence, dans deux bastides restaurées du 19e siècle. Les 11 chambres sont toutes différentes : style néo provençal ; convivial-chic; design, à la literie

Le Rouret, Hôtel du Clos### : une chambre "flashy" dans un hôtel de charme

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Écho d’Absinthe Carte Route de l’absinthe.

L’absinthe neserapasabsentedesaroute Extrait du message de la Route de l’Absinthe de Pierre-André Delachaux

Carte de situation de la Route de l’absinthe.

Les débuts sont difficiles et ce n’est qu’à partir de 1830 que la consommation d’absinthe va réellement prendre son essor, grâce à l’appui, involontaire, des troupes coloniales françaises ; ces soldats utilisent en effet l’absinthe pour purifier l’eau. De retour en France, victorieux, ils vont conserver leurs habitudes de consommation en dégustant leur absinthe dans les

Je cite : « Voyageur assoiffé, épicurien ou simplement curieux, amateur de belles histoires, friand d’interdit, de transgression, vous qui savourez avec gourmandise l’esprit de fronde, de résistance à l’ordre établi, venez arpenter cette route de l’absinthe. Elle vous fera cheminer de Noiraigue dans Affiches de le Val de Travers et berceau de la fée verte jusqu’à Ponl’absinthe tarlier, la capitale mondiale de l’absinthe… Vous voyaPernod suisse gerez en compagnie de poètes et d’artistes ; vous côtoierez et de la Verlaine et Rimbaud, Manet et Van Gogh, le Picasso Route de des années bleues.... Aujourd’hui le temps est venu de l’absinthe vous livrer sans crainte aux effluves d’un breuvage féeFleurier rique. » Pontarlier.

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Absinthe histoire Franco-Suisse Variété d’armoise, l’Absinthe est une plante vivace, fortement aromatique qui pousse dans toute l’Europe jusqu’à une altitude de 2 000 mètres. Néanmoins, il est établi que les plantes du Jura franco-suisse dégagent des senteurs incomparables et bien supérieures à celles d’autres régions. Ses vertus médicinales et thérapeutiques liées aux troubles digestifs sont reconnues dès l’antiquité. À la fin du XVIIIe siècle, en Suisse, dans le Val-deTravers, l’absinthe, mélangée avec d’autres plantes telles que l’hysope, la mélisse, l’anis vert et le fenouil, devient une boisson macérée ou distillée. Puis, confrontés à un problème de forte taxation douanière à l’exportation, les distillateurs suisses décident de s’installer à Pontarlier, capitale voisine du Haut-Doubs, située à 837 mètres d’altitude.

Champ de Grande absinthe. FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Étiquettes de bouteilles françaises sur la suppression de l’absinthe.

cafés des grands boulevards parisiens

Ci-dessus : distillerie Guy Absinthe à Pontarlier. Ci-contre : distillerie Kubler Absinthe à Môtiers.

et les bistrots des villes de garnison. L’absinthe s’invite dès lors à toutes les tables à l’heure de l’apéritif. Le pic de consommation se situe vers 1900 avec, à Pontarlier, 25 distilleries, 111 bistrots, cafés et bois-debout et quelques 15 millions de litres produits dont 7 uniquement par la Distillerie Pernod. L’heure verte sonne aussi dans les milieux artistiques et littéraires. C’est l’époque des cabarets, du Moulin Rouge, du Chat Noir, du Mirliton d’Aristide Bruand, c’est l’âge d’or du french-cancan, le règne de la Goulue, de Jane Avril, Yvette Guilbert, Lucien Guitry... toute une époque ! Malheureusement, la dérive de consommation plus communément appelée « l’absinthisme », la virulence des ligues antialcoolique, le corps scientifique, le lobby viticole et le monde politique auront raison de l’absinthe à l’occasion de la première guerre mondiale. Le 17 mars 1915, la loi interdisant la fabrication et la consommation est votée à l’unanimité par le Parlement français. L’absinthe aura subi le même sort un peu plus tôt en Suisse, le 7 octobre 1910, suite au vote du peuple.

sinthe ou «spiritueux» à base de plantes d’absinthe). Tandis que l’absinthe tenait toujours une table discrète dans l’arrière salle des bistrots, elle entrait dans l’histoire officielle au sein des musées, à Môtiers d’abord, puis à Pontarlier et à Auvers-sur-Oise, alors que depuis 1983, les ouvrages traitant de l’absinthe se multipliaient sous la plume de spécialistes et collectionneurs comme Marie-Claude Delahaye, Benoît Noël et Pierre-André Delachaux.

Quelques dates

L’absinthe le mythe Ce fut la fin de la consommation mais bel et bien le début du mythe de la boisson interdite et… du trafic clandestin. Après l’interdiction, le Val de Travers continue de produire une absinthe clandestine, appelée “lait de vache”, “lait de tigre”, que des distillateurs, nommés bientôt résistants, vendent un peu partout en Suisse… et ailleurs. Cette production, qui fait la joie des amateurs et des médias, dure jusqu’au 1er mars 2005, date à laquelle intervient la libéralisation de la Fée verte en Suisse. La réapparition de l’absinthe s’effectue en France grâce à l’Union Européenne qui, par une directive de 1988, autorise à nouveau sa fabrication, à condition de limiter son taux de thuyone à 35 milligrammes par litre. La thuyone est une molécule contenue dans la plante d’absinthe qui, à très haute dose, attaque le système nerveux. La fabrication est autorisée sous deux conditions : l’absence de fenouil dans la fabrication ainsi qu’une appellation spécifique (« apéritifs » à base de plantes d’ab-

Une bouteille d’absinthe Kubler.

En 1997, le Comité des Fêtes du village de Boveresse, sous la houlette de Nicolas Giger et Eric-André Klauser, organise la 1ère fête de l’absinthe en Suisse. En 2004, la Ville de Pontarlier lance la Fête de l’absinthe, manifestation cette fois à vocation touristique et ludique, autour de la cueillette, qui se déroule le dernier week-end de juillet. En 2006, Thomas Cantagrill, jeune étudiant stagiaire, rédige un cahier des charges servant de base à la création d’une route de l’absinthe franco-suisse entre Pontarlier et le Val de Travers. En 2012, la Route de l’Absinthe s’ouvre sans se troubler.

Quelques lieux et idées de sortie La source de la Fontaine froide au bas des éboulis du cirque du Creux du Van, présente une spécificité unique dans le Jura. Tout au long de l’année, son eau se maintient à une température moyenne de 4 degrés. Un soussol gelé depuis la dernière grande glaciation, un permafrost, explique cette fraîcheur constante. Une “troublante” particularité, dans un cadre féerique, appréciée des amateurs d’absinthe. “Troubler votre Bleue” 109

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Écho d’Absinthe > à la Fontaine froide demeurera un instant mémorable dans votre recherche de la Fée verte. Le village de Boveresse peut s’enorgueillir de posséder une des merveilles du monde, unique en son genre sur la planète: un imposant séchoir en bois ! Autrefois haut lieu de la culture de cinq des plantes aromatiques essentielles à la fabrication de la Fée verte (grande et petite absinthe, hysope, mélisse citronnée et menthe poivrée), Ce bâtiment, classé en 1998 monument historique, a été édifié en 1893 au lieu-dit Aux Cises par les fils de Félix-Alexis Barrelet-Dubois, ancien distillateur d’absinthe à Môtiers, cultivateur et commerçant de plantes aromatiques. On y séchait lentement les plantes cultivées tout alentour qui, achetées par les distilleries, entraient dans la composition des différentes absinthes vendues sur le marché. En revanche, l’anis et le fenouil, produits dans le sud de la France et en Espagne, ne figuraient pas parmi les plantes séchées à Boveresse. Si vous n’avez pas pu aller au 1er Rallye de la Route de l’Absinthe le 13 mai, vous pourrez certainement aller en Suisse à la Fête de l’Absinthe à Boveresse le 16 juin (tél. 0041 32 889 68 96) ou en France au week-end des Absinthiades le 6 et 7 octobre 2012 (tél. 0033 3 81 46 48 33). Sur la Route de l’Absinthe, n’oubliez pas de vous enivrer des odeurs, des paysages et des lieux avec les 79 partenaires, musées, distilleries, ferme, séchoir, confiseries, charcutiers et restaurants qui vous parlerons de l’histoire de l’ABSINTHE avec amour. (http://www.paysdelabsinthe.com Tél. 0041 32 889 76 06) Cette route a reçu le Prix du Tourisme Suisse “Milestone 2011”. Précédent reportage sur l’absinthe en 2005 sur http://www.boum.info > Voyage et Échos à travers la nouvelle vie de l’Absinthe.

a.barriere@romandie.com

Françoise GomesBovet dans sa distillerie de Môtiers.

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ALAIN BARRIÈRE

Séchoir à absinthe à Boveresse (Suisse). FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Écho des Prix et Trophées suisses

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2e ChampionnatSuissedesÉcaillers

e 2e Championnat Suisse des Écaillers a eu lieu en novembre 2011 à Payerne. Le fournisseur de fruits de mer et principal sponsor était "Gastromer" de Genève et Saxon représenté par Laurent Isoux. L’objectif du concours “Championnat Suisse des Écaillers”, est, dans un premier temps, de développer et de

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promouvoir le métier d’écailler en Suisse, en vue d’une qualification à la Coupe du Monde. Ce concours est né à l’instigation de Jacks Kolher à Salavaux et Marcel Lesoille, consultant et conseiller culinaire en produits de la mer, membre cuisinier de l’association Euro-Toques France, écailler, champion du monde d’ouverture d’huîtres creuses. Cyrille Desgeorges de la Brasserie Lipp à Genève est 1er au classement, mais ce n’est que le 5e Richard Zürcher de Marincentre à Marin ayant la nationalité Suisse qui a représenté à la Suisse à la Coupe du Monde à Nice en janvier, malheureusement, il n’a pas gagné. Au classement, le 2e est Xavier Caille de l’Hôtel Restaurant Élite à Bienne, le 3e est Daniel Riveti de l’Hôtel Restaurant Palace de Lausanne, le 4e est Thierry Bréhonnet de l’Auberge Communale à Saint Légier et le 6e - Olivier Quirici du Restaurant du Lac à Vallamand. En 2012, le Championnat aura lieu à Lausanne en Novembre pendant Gastronomia. Bienvenue à tous les écaillers de Suisse Romande et Alémanique qui veulent participer.

Xavier Caille, Cyrille Desgeorge et Daniel Riveti.

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Cyrille Desgeorges et Laurent Isoux.

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Contact : ecaillers@romandie.com Gastromer : A Plan-les-Ouates (GE) Tél : 022 794 39 10 Email : info@gastromer.ch et à Saxon (VS) Tél.: 027 747 15 15

Guiness Book de la plus longue Cuchaule Thierry Grand pour les 10 ans de Maillard Gourmandises et Traditions à Châtel-St-Denis, Oron-la-Ville, et Attalens, par goût du défi, a établi sur le Stade du Lussy à Châtel-St-Denis un nouveau record du monde, avec une cuchaule (ou ligne de cuchaules) de plus de 973,30 mètres de long. Ce record a été authentifiée sur place, par un juge officiel Guiness World Record. Dans cette catégorie, il y avait un record du monde établi le 24 juillet 2011 aux USA, avec une ligne de cake de 571,50 mètres. La vente des morceaux de cuchaule a été fait en faveur de la “Fondation Loisirs pour Tous” avec comme parrain le quintuple Champion du Monde de Handbike, M. JeanMarc Berset. Qu’est-ce que la cuchaule ? Le mot cuchaule vient de “kuchôla” (patois fribourgeois). La version gruyérienne est "kouka”. Kuchôla : pain de bénichon pétri avec de la fine farine fleur, du lait, du sucre et du safran, du sel et du levain. Pour les 20 ans, peut-être fera t-il le plus gros pot de moutarde de Bénichon ? Contact : Tél. 021 948 70 35 - http// www.cuchaule.com Gastro Trophy de Pfyn-Finges Le Gastro Trophy doit motiver les clients d’ici et d’ailleurs à prolonger leur séjour dans le parc naturel de Pfyn-Finges (VS) et ses environs et il s’adresse aux restaurateurs. L’objectif du Gastro Trophy est de mieux mettre en valeur les produits indigènes et saisonniers. Surtout maintenant que le parc naturel s’appellera “Parc Suisse des Vins” qui ira de la ville de Sierre et de Mollens jusqu’à Gampel sur la rivière Lonza. Du 1er mai au 15 octobre, le parc naturel Pfyn-Finges a cherché à désigner le meilleur “menu du parc” de la région. Sept restaurants se sont affrontés présentant chacun un menu du parc. Les menus devaient être composés pour au moins 80% de produits Valaisans dont 30% de produits régionaux et satisfaire les principes de la Fourchette verte. Le jury était composé des célèbres cuisiniers tel que Didier de Courten, Meta Hiltebrand et Pascal Schmutz. Lors de l’Award Night de décembre 2011, parmi les 3 finalistes dont le Restaurant-Camping Bella-Tola à la Souste, le Wellnesshôtel Grichting et Badnerhof de Loëche les Bains, le jury a choisi le plus méritant du Gastro Trophy, Maya et René de l’Hôtel-Restaurant Flaschen à Albinen. Contact : 027 452 60 60 - http://www.pfyn-finges.ch et l’Hôtel-Restaurant Flaschen à Albinen http://www.restaurant-flaschen.ch ALAIN BARRIÈRE

De haut en bas : l’hôtel Restaurant Flaschen à Albinen. Record Guiness Book de la plus longue Cuchaule, avec Thierry Grand. Thierry Grand et l'Inspecteur du Guiness Book.

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Les Carnets de Voyage de Pierre Croux

Quandle

Globe-trotteur nous est conté...

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La Provence nous offre, de temps à autre, des Femmes et des Hommes pleins de talent. Mistral, Giono, Pagnol… et que Dieu me pardonne de ne pas les citer tous.

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3e ÉTAPE

L’Égypte - Le Nil

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Les Carnets de Voyage de Pierre Croux

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Les Carnets de Voyage de Pierre Croux >

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À SUIVRE…

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Pierre Croux, le Globe-Croqueur

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Le Rayol F - 84 160 Lourmarin Tél. 04.90.68.07.83 Courriel : croux.pierre@wanadoo.fr Site : www.carnetsdevoyage.org

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Boulisme

Quisontles

bénévoles?

Pas de tables de marque sans les bénévoles des clubs...

Comme pour l'ensemble des autres disciplines sportives et de loisirs, la pétanque et le jeu provençal ne peuvent se passer des bénévoles. Le bénévolat qui se détériore, menaçant la survie des clubs, a pourtant encore des armes à faire valoir.

On n'a plus de bénévoles dans la pétanque. Le jour où il y a une grippe, on n'a plus personne pour faire tourner les comités. » Eugène Rampin n'est pas le genre à laisser sa langue dans la poche. Lors du dernier congrès national de la Fédération française, réuni début janvier à Épinal, le président du comité du Var avait tenu à tirer la sonnette d'alarme sur l'état de santé du bénévolat en France. Une nécessité. Mais au fait : le bénévolat, c'est quoi ? « Le bénévole est celui qui s'engage librement pour mener à bien une action en direction d'autrui, action non salariée, non soumise à l'obligation de la loi, en dehors de son temps professionnel et familial ». Dans son rapport au conseil économique et social sur l'essor et l'avenir du bénévolat, paru en juin 1989, Marie-Thérèse Cheroutre pose la situation.

Plus précisément encore, le bénévolat est la situation dans laquelle un individu fournit, à titre gratuit, une prestation de travail pour une personne ou un organisme. Il se distingue donc de la situation de travail (ou salariat) essentiellement par les critères suivants : • Le bénévole ne perçoit pas de rémunération. Il peut être dédommagé des frais induits par son activité (déplacement, hébergement, achat de matériel). • Le bénévole n'est soumis à aucune subordination juridique. Sa participation est volontaire : il est toujours libre d'y mettre un terme sans procédure ni dédommagement. Il est en revanche tenu de respecter les statuts de l'association, ainsi que les normes de sécurité dans son domaine d'activité. Ces quelques éléments de définition montrent qu'il n'existe pas une seule définition, mais une série de no-

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tions caractérisant le bénévolat, dans lesquelles on peut souligner les notions d'engagement libre et gratuit.

Les bénévoles en chiffres On estime à environ 14 millions le nombre de bénévoles qui mettent leurs compétences, leur temps libre, leur engagement au service des autres. Ils constituent le cœur et le fondement de la vie associative, sans lesquels les associations n'existeraient pas. Dans l'enquête réalisée par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC) pour les assises nationales de la vie associative de février 1999, 96 % des personnes interrogées pensent que c'est le mot bénévolat qui correspond le mieux à l'image d'association. En 2002, une enquête réalisée par l'Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), révèle notamment que les associations comptent 21,6 millions d'adhérents de 15 ans et plus soit, avec les adhésions multiples, environ 35,6 millions d'adhésions. Parmi celles-ci, on en compte 7,3 millions dans le domaine du sport et 4,9 millions dans celui de la culture. La principale motivation invoquée par 81 % des bénévoles se sentir utile à la société et faire quelque chose pour les autres. • Pour 45 % d'entre eux : rencontrer des personnes partageant les mêmes goûts.

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Définition Bénévole : de “bene” bien et “volo” je veux, le bénévole est un “bienveillant”. (LE ROBERT)

• Pour 28 % : défendre des droits ou des causes. • Les bénévoles sont majoritairement des hommes (55 %). • 40 % d'entre eux ont un diplôme de niveau bac ou plus. • 27 % de ceux qui ont une activité professionnelle sont bénévoles dans une association, alors que seuls 21 % des retraités le sont. Cependant, 50 % de ces mêmes retraités se déclarent réguliers, alors que seuls 29 % des actifs disent s'engager autant. • 1/3 des bénévoles déclarent être des bénévoles réguliers. • 2/3 des bénévoles consacrent 2 heures par mois au plus à l'association. • Le bénévolat dans les associations représente environ 935 000 équivalents temps plein.

Les retraités et les associations L'investissement des plus de 60 ans dans les associations est très important. Ils sont 47 % à adhérer à une association, et la moitié d'entre eux est membre d'au moins deux associations. Cette présence se retrouve dans tous les secteurs, et pas seulement dans les clubs du 3e âge. Pour cette tranche d'âge, l'adhésion à une association permet de créer des liens et une sociabilité qui va remplacer ceux de la vie professionnelle passée. Les trois principales raisons de participer à la vie associative sont : pratiquer des loisirs, se retrouver entre soi et agir pour autrui. MARC PHEULPIN

Pierre Chave, 15 ans de bénévolat aux Restos du Cœur.

Repères

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'après une enquête réalisée par Viviane Tchernonog, chercheur au CES/Université Panthéon-Sorbonne/CNRS (parue aux éditions Dalloz, 2007), la répartition du bénévolat par domaines d'activités est la suivante : - Sports : 29 % - Culture et loisirs : 28 % - Action sociale, Santé, Humanitaire : 23 % - Défense des droits : 14 % - Éducation, formation, Insertion : 4 % - Autres : 2 %

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Boulisme

Événement majeur de la saison 2012 de pétanque, les Championnats du monde auront lieu, pour la première fois de leur histoire, à Marseille. Les Français y seront chez eux, mais pas forcément intouchables.

2012 lesyeuxvers Marseille

voir défiler tant de médailles, on avait fini par cesser de se poser la question. La France est-elle bien la première nation de la pétanque mondiale ? Sur le papier, l'affaire semble entendue. Vainqueurs des neuf derniers titres de champions du monde triplettes chez les hommes, les bleus trustent le palmarès depuis 2001. Sur les 45 disputés depuis l'origine, l'or a ainsi terminé dans l'escarcelle tricolore à 26 reprises. En août dernier, avec une équipe remaniée et rajeunie, la sélection nationale a poursuivi sa moisson, dominant largement les Championnats d'Europe, comme deux ans auparavant lors de la première édition.

À

La menace malgache Pour autant, est-elle réellement intouchable ? Sérieusement menacée par les deux têtes de listes de l'opposition, Madagascar et la Thaïlande, souvent ballotée par des pays plus modestes mais pas sans idées - Suisse et Belgique, levez le doigt ! -, la France commence à sentir un souffle sur sa nuque. Sa dernière couronne mondiale, décrochée en 2010, n'a même tenu qu'à un point face aux Malgaches. La bascule, c'est à Marseille qu'elle pourrait s'effectuer. La cité phocéenne, retenue comme ville d'accueil des prochains Championnats du monde, en octobre de cette année, sera le terrain de la grande explication, à quelques pas de La Ciotat, le berceau officieux de la discipline. Idéal pour caresser l'espoir d'une pétanque enfin internationale...

L'équipe de France de pétanque lors des Championnats d'Europe 2011 remportés en Suède.

Championnat de France à pétanque en 2005. Dans le même ordre de grandeur, si l’on peut dire, ce n’est qu’après cinquante trois ans de Fédération Internationale que les Provençaux auront la possibilité de voir sur leurs terres les joutes d’un Championnat du monde alors que la France a pourtant déjà organisé une bonne demi-douzaine d’éditions de cette compétition. Cette fois l’initiative est venue de purs Marseillais convaincus, vite appuyés par toutes les instances de la FFPJP : comité des Bouches-du-Rhône, ligue PACA et fédération nationale. Grâce à leurs efforts et au sérieux du dossier élaboré durant plusieurs mois, toutes les collectivités locales se sont engagées derrière ces dirigeants bénévoles qui n’auront d’autre satisfaction que celle d’une complète réussite de la manifestation pour faire honneur à leur discipline et à la France. »

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Azéma : faire honneur à la France Président de la Fédération internationale de pétanque et jeu provençal, Claude Azéma (photo) se félicite de voir enfin les Championnats du monde être disputés à Marseille. « Si, aux yeux du monde, Marseille est le berceau de la pétanque, notoriété oblige, au détriment de la petite cité de La Ciotat, il aura fallu attendre soixante ans de Fédération Française pour que la capitale phocéenne accueille son premier

L’actualité en bref "L'actualité en bref" revient sur les dernières informations de la pétanque et du jeu provençal en France et à l'étranger. Cette semaine en région Midi-Pyrénées, Ile-de-France et en Suisse. FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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Suisse / Canton de Vaud Organisés le 8 janvier dernier par le Mouvement jeunes de l’association vaudoise de pétanque, le Bouchon d’Or Juniors de Montreux et le Critérium international Cadets de la Tour-de-Peilz ont connu un succès étendu au-delà des frontières de la Suisse. Ces concours, réservés aux Juniors et Cadets, ont ainsi vu la participation de formations locales, mais également issues de France et d'Allemagne, invitées à représenter leur canton ou département. Cet affrontement international entre les trois nations a d'ailleurs largement tourné à l'avantage des Français, victorieux des Bouchons d'Or grâce à une triplette du Doubs (Steven Blanchot, Florent Boudoux et Clément Teixeira). Un succès tout aussi net chez les Cadets, avec la victoire finale de la Pétanque franc-comtoise (Besançon), devant deux autres équipes hexagonales : la Pétanque salinoise et Champvans. Plus d'infos sur : www.boulodrome-montreux.ch

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Tout sur les Championnats du monde 2012 Lieu : Marseille (Palais des Sports) Dates : du jeudi 4 octobre au dimanche 7 octobre 2012 Les 48 pays qualifiés : Afrique : Algérie, Bénin, Cameroun, Côte-d’Ivoire, Guinée, Maroc, Mali, Madagascar, Sénégal et Tunisie. Amérique : qualificatif à venir. Asie : Cambodge, Chine, Malaisie, Singapour, Taiwan, Thaïlande, Vietnam. Europe : Allemagne, Andorre, Angleterre, Belgique, Bulgarie, Danemark, Ecosse, Espagne, Estonie, Finlande, France, Irlande, Israël, Italie, Lituanie, Monaco, Pays-Bas, Portugal, République tchèque, Russie, Saint-Marin, Slovénie, Suède, Suisse, Ukraine (1 pays non encore déterminé). Océanie : Australie, Nouvelle-Zélande et Tahiti. Plus d'infos sur le site officiel de la compétition : www.petanque-marseille2012.fr

La pétanque trouve son écho auprès des jeunes Suisses.

Midi-Pyrénées / Aveyron Une autre grande compétition de boules à Millau. Voilà en tout cas l'espoir de la poignée de clubs locaux qui ont lancé un événement original en Aveyron : le quintathlon. Ce nouveau concept, pensé de concert par la Pétanque joyeuse, la Pétanque des Coopérateurs, la Boule du Petit Montmartre, la Boule coopérative Montplaisir, le club de quilles de huit et le bowling de la ville, réunira en un même événement et pour chaque équipe inscrite, la pétanque, le jeu provençal, la boule lyonnaise, les quilles de huit et le bowling. La manifestation, programmée le samedi 3 mars et ouverte à tous, proposera des épreuves sur quatre sites : pétanque et jeu provençal aux Coopérateurs, lyonnaise au boulodrome du Petit Montmartre, quilles de huit à Millau-Plage (quillodrome couvert), et au bowling. Plus d'infos au 05 65 60 10 41 (date limite : 31 janvier).

« L'idée est de faire se rencontrer les associations de la région autour de la pétanque et proposer un partage et un échange basés sur la convivialité », explique Sylviane Auguste, la directrice sportive nationale (pour la pétanque) de la FFSA. Inscriptions par mail avant le 21 février au plus tard : sylviane_auguste@yahoo.fr.

mpheulpin@boulisme.com

Ile-de-France / Seine-et-Marne Pour la saison 2012, la commission pétanque du Comité régional du sport adapté d'Ile-de-France renouvelle le Championnat régional des associations affiliées à la Fédération française du sport adapté (FFSA). L'épreuve, qui se déroulera sur trois journées, débutera à Meaux, en Seine-et-Marne, le 25 février, au boulodrome municipal (de 09 h 30 à 17 h 30). Les deux autres journées étant programmées le 12 ou 19 mai (lieu encore à déterminer) et le 30 juin à Chilly-Mazarin, en Essonne.

MARC PHEULPIN

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Gastronomie

Quel

régime supporter?

Nous avons vécu, et vivons encore, une période électorale intense, qui nous rappelle qu'une démocratie est un régime politique dans lequel le peuple est souverain, alors je vais, moi aussi, vous parler de régime ?... Mais de régimes alimentaires, bien entendu, où c'est le corps qui est souverain !

lain sait trouver les mamelles de sa mère, et se tient sur ses pattes. Et nous ? Les humains… que savons-nous faire ? Rien, moins que rien, nous sommes des "larves" dont il faut prendre soin, dès la première minute de notre existence. Nous devrons tout, absolument tout, apprendre, et cet apprentissage va durer toute notre vie, certes, il sera différent au fil de notre évolution, mais constant. La première partie de notre vie, l'enfance, suivie de l'adolescence, est la phase la plus importante du développement physique et mental c'est aussi, très souvent, pour beaucoup, une période de "mal-bouffe". Puis vient l'âge adulte ; c'est la voie vers la maturité, et ensuite le troisième âge, la sénescence, un processus physiologique qui entraîne une lente dégradation des fonctions de l'organisme et une progression de façon irréversible vers la mort. Notre vie est tracée ainsi. À chacune de ces périodes, va correspondre un besoin différent de nourriture. Les animaux se nourrissent par instinct. L'homme est doué d'une intelligence qui va lui permettre d'être supérieur aux autres mammifères dont il fait partie, en tout cas il le croit. Ses facultés instinctives sont annihilées par cette "supériorité" qui va l'entraîner dans des excès dont il n'a même pas conscience. Tout au long de sa vie, il va avoir beaucoup de peine à gérer la façon de se nourrir en fonctions des besoins spécifiques imposés naturellement. Il sera pourtant, au bout du compte, le seul

'est notre cerveau qui nous incite à boire et à manger et bien que nous y trouvions du plaisir, ce ne sont pas là de simples désirs, mais bien des besoins vitaux, au même titre que dormir et respirer. Trop de sommeil ou accélérer sa respiration ne portent pas à conséquence, en revanche, il n'en est pas de même en ce qui concernent les plaisirs de la boisson et de la nourriture, l'exagération laisse des traces d'embonpoint difficiles à se débarrasser. Sur cette terre, l'homme, l'être humain n'est-il pas l'animal le plus doué ? Mais contrairement à ce dernier, il doit tout apprendre ? Le jour de sa naissance, le poussin sait marcher et picorer, après quelques heures, l'agneau, le veau, le pou-

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un besoin vital, c'est devenu pour beaucoup un plaisir. Il est si facile de se trouver des excuses et d'y croire, mais nous seuls sommes responsables de ce qui advient ! C'est à ce moment qu'il nous faut trouver un remède miracle et très facilement, nous tombons dans le filet des régimes. Pour "vendre" ces régimes, il existe aujourd'hui de gentils spécialistes appelés nutritionnistes ou diététiciens, la diététique étant la science de l’alimentation. Pour se donner de l'importance et vous prouver les longues études qu'ils ont faites, ils vont s'adresser à vous en utilisant des termes spécifiques, scientifiques, médicaux, techniques afin de vous aider à ne rien comprendre ! Si vous leur parlez de ce dont vous savez… les calories par exemple, ils vous diront qu'aujourd'hui, la calorie est désuète, l'énergie générée par les nutriments se calcule en joules… C'est beaucoup plus simple !! Le sucre… Alors là, ils vous expliqueront que c'est un nutriment de la famille des saccharides, terme qui servait autrefois à désigner les glucides, appelés aussi hydrates de carbone. Peut-être que dans la foulée, ils vont vous préciser qu'il vous faut absolument différencier les monosaccharides des polysaccharides… enfantin ! Tout cela pour en arriver à vous conseiller de faire un régime sérieux, efficace, pour faire disparaître toute cette graisse superflue afin de rapidement retrouver la plastique de vos vingt ans. Alors les régimes… Comment aborder le problème ? Il y en a tous les jours des nouveaux, comment faire son choix ? Toute bonne librairie qui se respecte a un nombre impressionnant d'ouvrages sur le sujet à vous offrir. Sur internet, c'est pire ou plutôt encore plus complet, c'est un marché en pleine expansion.

responsable de son état ! Si un quelconque besoin de contrôler notre nourriture n'effleure même pas notre intellect dans les premières années de notre existence, au début de l'adolescence, à la puberté, le garçon se soucie plus de ne pas voir sa musculature se développer autant qu'il la voudrait. La fille est fière de voir ses seins commencer à pointer, elle s'inquiète pourtant quand son corps se modifie, quand ses hanches s'élargissent, et que des rondeurs apparaissent, elle qui est obnubilée par la morphologie des mannequins qu'elle découvre dans les magazines de sa maman. Déjà, à cet âge, germe dans l'esprit de ces adolescents l'idée de trouver une solution à ces problèmes. Bien que nous ayons tous et toutes les solutions en soi, nous allons nous tourner vers la société qui, elle, n'est pas avare de (faux) conseils, le plus souvent intéressés. Dans notre culture, l'adolescent est vulnérable, il a besoin d'un éducateur, quand ce n'est pas d'un psychologue, voire d'un psychiatre pour passer à l'âge adulte. Nous vivons l'ère de l'assistanat dans tous les domaines.

Où sont les principes des sociétés ancestrales ? Cela existe encore dans certains pays qui gardent leurs traditions et marquent le passage de l'enfance à l'âge adulte au moment de la puberté, à travers un rite, une épreuve, une cérémonie, ils engagent directement le jeune dans ses responsabilités sociales. Nous, par notre système de protection, de solidarité mal placées, en voulant tout réguler, nous évitons à l'adolescent de se prendre en main, en récoltons les effets pervers et sommes à la porte de la décadence. Puis nous avançons en âge, et, avec l'exercice que l'on

Quelle définition donner au terme régime (alimentaire) ? C'est simplement créer un déséquilibre pour en corriger un autre ! Voici quelques exemples au hasard : Le régime dissocié, une pratique alimentaire consistant à ne pas mélanger tous les aliments entre eux. Le régime hypocalorique très restrictif, avec de nom-

ne pratique plus, la sédentarité imposée par la société actuelle, le tailleur devient trop étroit, le smoking trop petit. Quant à la robe du soir, n'en parlons pas. On peut boire de l'eau, un élément vital, autant qu'on le veut, le corps humain est aux deux-tiers composé d'eau, mais dès que l'on remplace l'eau par des boissons alcoolisées, sucrées, nourrissantes, énergisantes, il est inutile de vous donner des explications sur le sujet… tout devient différent, et il y a tellement d'occasions ! Il en est de même pour la nourriture, la tentation est perpétuel, le plus gros problème, c'est que bien que ce soit 125

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Gastronomie breux interdits permettant une perte de poids rapide et qui dure 14 jours. Le régime hyperprotéiné, super amaigrissant, fondé sur l'absorption de protéines aussi pures que possibles. C'est un régime fortement hypocalorique. Le régime Hollywood, régime alimentaire amaigrissant à base de fruits, notamment de fruits tropicaux. Il y a des régimes réputés pour acquérir un certain bien-être : Le régime Okinawa, inspiré par la forte proportion de centenaires sur l'île d'Okinawa au Japon. Le régime méditerranéen (ou régime crétois), consommation en abondance de fruits, légumes, céréales et huile d'olive. Il y a aussi des façons de se nourrir influencées par la culture ou la religion. Les restrictions alimentaires religieuses. Le régime crudivore, consommation de nourriture crue, non raffinée, le régime végétarien, le régime végétalien. Le spectre alimentaire d'un être humain est l'éventail des objets qu'il va reconnaître comme aliments. Cet éventail va forcement être différent en fonction de la région, du pays où il vie, de sa culture et viendront s'ajouter les restrictions alimentaires imposées par les religions, cela n'a alors rien à voir avec de quelconques régimes. Il y a cependant une catégorie de régimes qu'il faut prendre très au sérieux, ce sont les régimes imposés par la médecine en cas de maladie. Le corps humain n'est qu'une simple machine qu'il faudrait simplement alimenter avec ce qu'elle a besoin, ne pas lui en donner trop car elle a la fâcheuse habitude de

stocker. De tous ces quelques régimes cités, je n'oserai vous en garantir l'efficacité, mais j'aimerais simplement vous donner un double conseil : l'important est de brûler ce que l'on consomme et le meilleur régime serait de manger de tout, un peu. On pourrait appeler cela une hygiène alimentaire parfaite. Cela semble simple, évident, facile et pourtant, nous n'y arrivons pas ! Rassurez-vous, je ne suis pas mieux qu'un autre, le surpoids que j'ai acquis quand j'ai arrêté mon activité, je l'ai gardé et quand je me regarde dans un miroir, je pense simplement à ma grand-mère qui me disait : « Mon

gamin, dans la vie, il vaut mieux faire envie que pitié ! » Et cela me sert d'excuse, quand on me fait la remarque !

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JEAN-JACQUES POUTRIEUX FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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ĂŠcrivez

Courrier des Lecteurs

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Vousnous

UNE FERVENTE LECTRICE Cher Monsieur, Depuis le temps que je reçois France Magazine et que je vois votre photo, j’ai l’impression d’Êcrire Ă un ami. Bien que je sois nĂŠe Ă Paris et aie vĂŠcu Ă Paris, je suis restĂŠe vendĂŠenne Ă 100%. Mon père ĂŠtait professeur au petit lycĂŠe de Jeanson de Sailly et j’ai passĂŠ les ving-deux premières annĂŠes de ma vie rue Molitor dans le XVIe arondissement‌ Cela fait un certain bout de temps, car j’ai 80 ans. Depuis 57 ans maintenant, j’ai l’impression que c’Êtait hier. Je suis, ou plutĂ´t j’Êtais mariĂŠe Ă un Suisse, mĂŠdecin, qui est dĂŠcĂŠdĂŠ il y a trois semaines. Nous ne sommes pas trop tristes car il est restĂŠ trois ans dans un home, souffrant de dĂŠmence sĂŠnile. J’ai eu largement le temps de me faire Ă la vie en solitaire. Enfin, je dis solitaire, mais cela n’est pas tout Ă fait vrai, car nous avons eu 6 enfants, et maintenant 9 petits-enfants. Je me suis vraiment faite Ă la vie en Suisse, mais je ne suis pas suissesse pour un sou‌ et je ne pourrais plus habiter en France, surtout Ă Paris oĂš j’ai presque tout le reste de ma famille. En tant que VendĂŠen, vous devez connaĂŽtre la pointe de l’Aiguillon, et en face, La Faute-sur-Mer. Mon frère habite lĂ et jusqu’à l’annĂŠe dernière, nous possĂŠdions une petite maison que j’ai dĂť vendre. Malheureusement, car mon mari idĂŠaliste n’a pas su mettre de l’argent de cĂ´tĂŠ pour nos vieux jours. Mon Dieu, quel roman ! Je suis artisane et fait, entre autre, de la peinture sur bois, sur Ĺ“ufs, etc. Je viens juste de recevoir une invitation pour exposer Ă Genève l’annĂŠe prochaine Ă l’exposition des Ĺ“ufs peints. Chère Madame, Je suis absolument enthousiamĂŠe par le dernier France Magazine. Surtout votre article sur les musiciens vĂŠnitiens, et Vivaldi que j’ai beaucoup jouĂŠ au clavecin, bien que Bach soit mon prĂŠfĂŠrĂŠ. Venise a ĂŠtĂŠ, pour mon ancĂŞtre direct, un lieu de passage de quelques annĂŠes. Il a combattu Ă Marignan avec François 1er, s’est ĂŠtabli lĂ -bas et, est-ce le mal du pays, je veux parler de la VendĂŠe. Son petit-fils, armurier, est venu s’installer Ă Simon La Vineuse, près de Sainte Hermine. J’ai dĂť hĂŠriter de certains gènes, car Venise, oĂš nous sommes allĂŠs des annĂŠes durant, fait partie de mon cĹ“ur. Il fallait que je dĂŠverse mon enthousiasme et mon ad-

Nous inaugurons, dans ce numĂŠro, une nouvelle rubrique : Le Courrier des Lecteurs. Ă€ vos plumes pour nous faire part de ce qui vous tient Ă cĹ“ur, de vos critiques, bonnes ou mauvaises, de vos suggestions, ou simplement de nous parler de vous‌ TÉMOIGNAGE HOMMAGE Ă€ PETITE SĹ’UR MARIE-PAULE DE JÉSUS ( 21-02-2011) Que vous dire de notre Petite SĹ“ur Marie-Paule ? Qu’a-t-elle vĂŠcu avant son arrivĂŠe ici ? Elle ĂŠtait française, de ChambĂŠry. Jeune, c’est par le scoutisme qu’elle a cherchĂŠ sa voie. Elle est entrĂŠe en 1946, Ă 20 ans dans une toute nouvelle congrĂŠgation : les petites sĹ“urs de JĂŠsus : Elle est la 20e. En 48, elle part avec 2 petites sĹ“urs fonder la 1ère fraternitĂŠ en Orient, Ă Beyrouth. Elles apprennent l’arabe et s’insèrent dans l’Êglise melchite, grecque catholique. C’est pour elle le dĂŠbut de la dĂŠcouverte d’un univers nouveau : langue, coutumes, histoire, vie ecclĂŠsiale. Suivant l’intuition de notre fondatrice, ps Magdeleine : ĂŞtre orientales en Orient, le cĹ“ur de notre vocation ĂŠtant l’unitĂŠ dans l’amour, c’est l’occasion d’une rencontre naturelle avec des musulmans, puis des juifs Ă Nazareth en 49, et JĂŠrusalem en 50 ; le conflit entre eux est dĂŠjĂ prĂŠsent. Dans JĂŠrusalem, il y a 2 fraternitĂŠs, une en milieu juif et une en milieu arabe, et l’unique mission est de travailler Ă ce qu’il y ait plus d’unitĂŠ, plus d’amour fraternel entre les enfants d’un mĂŞme Père. L’impossibilitĂŠ pour Marie-Paule de choisir les uns et non les autres, la pousse Ă revenir en Europe. Après un temps Ă la fraternitĂŠ gĂŠnĂŠrale Ă Rome, elle doit aller près de son papa très malade. Elle sera alors pendant 15 ans très attentive Ă toute sa famille. Ils ĂŠtaient 8 frères et sĹ“urs, dont 7 encore vivants Ă cette ĂŠpoque. Ses 4 frères prĂŞtres, Gabriel, Lucien, NoĂŤl et AndrĂŠ, et sa jeune sĹ“ur Nary sont maintenant dĂŠcĂŠdĂŠs, dont le dernier, AndrĂŠ dans la pĂŠriode de NoĂŤl. Sa sĹ“ur Madeleine est parmi nous, ainsi que Michel, ĂŠpoux de Nary, parents de Myriam qui a 3 enfants : Mathilde, Pierre et NoĂŠ. Après la mort de son papa en 83, elle rejoint Aubonne oĂš vous l’avez connue : elle ĂŠtait très prĂŠsente aux rencontres de toutes sortes organisĂŠes dans la commune, prĂŠsente aussi Ă la vie des ĂŠglises catholique, rĂŠformĂŠe, ĂŠvangĂŠlique, essayant d’accueillir les nouveaux venus de notre paroisse, soucieuse d’aider Ă tisser des liens entre communautĂŠs. Elle ĂŠtait aussi très prĂŠsente Ă l’hĂ´pital et en particulier par des visites dans le service des soins palliatifs oĂš elle vient de nous quitter. MARIE-PAUL BUGNARD

miration tout de suite après la lecture de votre article qui est plus qu’un billet ! Non seulement pour votre style si lĂŠger, si fluide, mais pour le savoir que vous nous transmettez Ă chaque ĂŠdition du journal. J’ai omis de vous dre que je suis vendĂŠenne et vis depuis plus de 60 ans en Suisse. La Faute-sur-Mer ĂŠtait notre port d’attache depuis ma naissance Ă Paris. Merci, Chère Madame, pour vos articles toujours passionnants, et recevez, FRANCE MAGAZINE N°37 ÉTÉ 2012

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ainsi que votre mari, l’expression amicale de mes meilleures pensées. MICHELLE PEYER-GRATTAN LES DANGERS DE L’ISLAM RADICAL Monsieur le Président, En lisant France Magazine, j’ai l’impression d’être face à un beau décor de théâtre : l’envers, on n’y a jamais accès. Ainsi, votre magazine ne reflète pas toute l’actualité, celle notamment pour laquelle les citoyens en France souffrent du chômage et de la précarité de son pouvoir d’achat. Une France qui souffre aussi d’un changement de société par une immigration massive, et qui sera bientôt opprimée par un pouvoir islamiste qui deviendra majoritaire. Le réveil sera d’autant plus pénible qu’il sera tardif. Nouvelle rassurante, les mosquées sont des lieux de prière et de paix ! Évidemment, c’est un mythe si, parfois, certains prêchent la haine et embrigadent pour les djihads violents d’Al-Qaïda. Recept Tayyip Erdogan, actuellement Premier ministre turc, a déclaré en 1997, lorsqu’il était encore maire d’Istambul, ce qui suit concernant les minarets en citant un poème turc : « Notre démocratie est uniquement le train dans lequel nous montons jusqu’à ce que nous ayons atteint notre objectif. Les mosquées sont nos casernes, les minarets sont nos baïonnettes, les coupoles nos casques et les croyants nos soldats. » Les banques françaises détiennent 52,9% de la dette grecque, qui est de 370 milliards d’euros. Elles détiennent également une partie de la dette italienne. N’étant plus à même de couvrir sa dette et d’en payer les intérêts, la Grèce sollicite un nouvel emprunt de 8 milliards d’euros pour assurer les affaires courantes. Alors que les banques françaises n’ont plus un poil de sec, devant un fonds de réserve qui est inférieur à 2 milliards d’euros, on imagine ce qui pourrait arriver aux petits épargants, si la Grèce faisait faillite. L’État français avait déjà une dette de 14 890 milliards d’euros en décembre 2010, il ne pourra certainement pas venir au secours des banques. Voici un aspect de la situation, la liste n’est pas exhaustive. L’ancien Premier ministre australien John Howard, qui a représenté avec succès la première force politique de son pays, a déclaré, lors d’un discours officiel : « Les musulmans qui veulent vivre selon la loi de la sharia se sont fait dire tout récemment de quitter l’Australie, dans le but de parer à d’éventuelles attaques terroristes le gouvernement ayant ciblé les radicaux. » Apparemment, John Howard a choqué quelques musulmans australiens en déclarant : « Les immigrants non australiens doivent s’adapter. À prendre ou à laisser, je suis fatigué que cette nation s’inquiète de savoir si nous offensons certains individus ou leur culture. Notre culture s’est développée en luttes, d’habileté et de victoires par millions d’hommes et de femmes qui ont recherché la liberté. Notre langue officielle est l’anglais. Pas l’espagnol, le libanais, l’arabe, le chinois, le japonais ou n’importe quelle autre langue. Par conséquent, si vous désirez faire partie de notre

société, apprenez-en la langue ! Ici, c’est notre pays, notre terre et notre style de vie, et nous vous offrons l’opportunité de profiter de tout cela. Mais si vous en avez assez de vous plaindre, de vous en prendre à notre drapeau, notre engagement, nos croyances chrétiennes, ou notre style de vie, je vous encourage fortement à profiter d’une autre grande liberté australienne, le droit de partir. JAMES GIRARDAT LE FILS DE FRANÇOIS DURAFOUR Madame, Monsieur À la lecture de votre revue, j’ai été particulièrement heureuse de découvrir l’article sur l’aviateur François Durafour. Mais, le saviez-vous, son fils est toujours de ce monde. Il est actuellement à l’EMS, se porte à merveille et j’ai eu la chance de faire de longues balades à ses côtés. Ce monsieur, très sympa, m’a souvent parlé de son père. NICOLE ODDONE QUELQUES APPRÉCIATIONS ADRESSÉES À ALAIN JUPPÉ Messieurs, J’ai reçu votre numéro 34 et vous félicite pour sa présentation et son contenu. Vous publiez des notes sur les réformes de la nationalité française. Cela me donne du grain à moudre. Le vieux juriste bien amorti que je suis à 89 ans y a cherché en vain une disposition qui me semble indispnsable. Peut-être existe-t-elle dans d’autres textes de loi ? Pour que vous compreniez mon souci, je préciserai que je suis une “vieille bête” assez particulière. Double national par le sang versé (EVDG pendant WW2, campagnes d’Italie et de France, pension invalidité pour blessure), diplômé d’Études Supérieures en France, d’où mon engagement par reconnaissance, élevé par un père calviniste qui m’a inculqué des notions rigides de patriotisme envers la Suisse, mais aussi de devoirs envers un pays d’accueil, actif professionnellement pendant 58 ans hors d’Europe en voyageant à travers le monde avant les foules des vols low cost, je me suis accordé le privilège d’exprimer ce que je pense lorsque je l’estime nécessaire ou plus simplement utile. En l’occurence, je m’étonne de ne pas trouver dans la nouvelle loi un article prévoyant qu’un délinquant perd tout droit à la naturalisation. Atteintes aux personnes ou à la propriété, déliquance économique y comprise devraient barrer l’accès à ce privilège important qu’est la nationalité. Ce n’est pas une formalité banale comme un permis de conduire. Ne pas prendre de précautions conduira à créer une population de loubards, de voleurs, de trafiquants de drogues, de proxénètes, de chômeurs professionnels. Ce n’est pas pour une France pareille que j’ai quitté hypokhâgne en novembre 1942. J’aimerais être rassuré. Merci, à l’occasion, de m’aider. Autre sujet : j’apprécie que votre interview avec Alain Juppé ne soit pas trop hygiographique, avec une tendance à le rendre “présidentiable”. L’homme m’a déçu. Si je lui pardonne ses faiblesses de l’ère chiraquienne, si j’aime son “Montesquieu”, écrit pendant son temps de “mise au coin”, je n’ai pas compris sa virée de bord pour rejoudre l’équipage du “bateau corsaire Sarkozy” et s’y faire humilier par des gens peu recommandables, sans parler de l’ineffable BHL. Eût-il attendu quelque peu qu’il aurait fait un acceptable Président de la République, une bonne alternative au titulaire. Français de bonne souche et… érudit. Malgré ses écarts passés, j’aurais voté pour lui. Me voilà sans candidat fréquentable. Ce qui, évidemment, n’a aucune espèce d’importance. Mais j’ai voulu vous faire part d’une pensée peut-être iconoclaste pour les fidèles de l’UMP. Les quelques amis survivants de ma génération - nous restons en contact - en font partie et sont déjà assez mal à l’aise avec les dirigeants arrivistes du moment. Nous sommes un peu des enfants perdus. G. J. HUGUENOT 129

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