Séminaire « Repenser la métropolisation » / Article – Semestre 7 Lucie Sieurac
La ville “frugale et résiliente”, deux notions au centre des nouvelles politiques métropolitaines ? Depuis les années 1990, pour répondre au mieux aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux contemporains, on a beaucoup entendu parler de la notion de développement durable. Les politiques publiques des villes se sont rapidement appropriées cette notion, avec l’intention de développer des “villes durables” (charte d'Aalborg, 1994). Vingt ans plus tard et au cœur de la crise sanitaire actuelle, le durable n’est pas le seul terme d’actualité. Dans un corpus de texte publié par le pavillon de l’Arsenal 1, les acteurs de la profession (architectes, urbanistes, paysagistes) brandissent de nouveaux concepts dans le but d’améliorer cette ville malmenée par les crises, peu agréable au quotidien, vectrice de pollution et responsable de l’épuisement des ressources naturelles lors de sa construction. On veut, et on doit, aller plus loin que la “ville durable". C’est ainsi que les termes de résilience et de frugalité surgissent dans de nombreux discours. Les politiques publiques vont elles aussi utiliser ces termes. On parle de “ville résiliente” ou encore “d’urbanisme frugal". On peut dès lors s’interroger : quelle est la définition exacte de ces concepts, que recouvrentils ? Et comment les acteurs de la ville tentent de les appliquer aux territoires? Nous allons dans un premier temps définir les termes de résilience et de frugalité d’un point de vue général. Comment ils sont associés à la ville, puis discuter de ce qui lie ces concepts, de leur mode d’application et de ce qui fait leur actualité. Dans une seconde partie nous nous intéresserons à l’appropriation de ces termes par les grandes métropoles, avec l’exemple de la métropole Bordelaise. 1. Qu’est ce qu’une ville résiliente et frugale ? Étymologies et différents domaines d’usages Le mot résilience vient du mot latin « silire » signifiant littéralement “sauter”, il est précédé du préfixe re- (retour en arrière): il serait alors synonyme de “se rétracter”. Cependant le mot résilience a pris davantage le sens de « rebond » (aller de l’avant) après son passage dans la langue anglaise au XVIIème siècle2. La résilience a des significations dans de nombreux domaines comme en mécanique (capacité à résister au choc), en psychologie dans l’idée de se remettre après un traumatisme durant son enfance (Cyrulnik, 1999) ou encore à un territoire qui se rétablit après une catastrophe naturelle. La résilience peut être résumée par cette « Et demain, on fait quoi ? | Pavillon de l’Arsenal ». https://www.pavillon-arsenal.com/fr/et-demain-on-faitquoi/. 2 Bagland, Caroline. 2016. Appliquer la résilience à l’architecture : une utopie ou une vérité prématurée ?, PFE / mémoire, ENSA de Grenoble. 1