NYUMBAMBU - Les ateliers de la permanence #2 BOIS LOCAUX

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LYCÉE TANI MALANDI

NYU Permanence MBA MBU Architecturale

Atelier avec les élèves STD2A du lycée

#2 LES ATELIERS DE LA

PERMANENCE

BOIS LOCAUX

VENEZ NOUS RENDRE VISITE !

Permanence Rue Cavani Bé, Chirongui (entre le Pôle Culturel et le Lycée)

Lundi - Mercredi - Vendredi 8h30-12h00 et 13h30-17h


ATELIER SENSIBILISATION Le territoire de Mayotte est riche en culture et en biodiversité. Cependant ces éléments sont impactés par la globalisation et les phénomènes de standardisation qui visent à la fois à homogénéiser les pratiques et à réduire les diversités. Le bois à Mayotte est un sujet tout à fait délicat car le département est le plus touché par la déforestation. Ce phénomène souvent sauvage pose plusieurs problématiques telles que l’utilisation et l’exploitation mais aussi la préservation et le reboisement. Il faut savoir que l’île comporte des joyaux endémiques très fortement menacés et si ces arbres viennent à disparaitre, c’est toute l’humanité qui perdra cet héritage. Dans cet objectif de prise de conscience et de développement de la connaissance, la permanence a jugé important d’organiser un atelier sur ce sujet des bois locaux. Et afin de mieux capter l’attention des lycéens, la permanence a organisé un partenariat avec l’association Musique A Mayotte qui recense et recréé des instruments traditionnels avec les bois et ressources locales. Ainsi, cet atelier théorique s’est transformé en atelier pratique où au-delà de découvrir les essences locales, les élèves ont pu partager leur culture et s’amuser. Pour rappel, les arbres présents à Mayotte font parti des bois les plus précieux au monde : Palissandre, Acajou, Ébène, Bois de Rose, Santal, Teck entre autres. On dénombre 48 espèces endémiques sur les 610 espèces indigènes (implantées naturellement) dont 43% sont menacées. A ce rythme, on estime qu’il n’y aura plus de forêt à Mayotte dans trente ans.

La Permanence


Pour une connaissance de la culture, des ressources et du territoire, un atelier proposé par la permanence architecturale de Chirongui.

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- OCTOBRE / NOVEMBRE 2021 -

PRÉSENTATION DES ATELIERS L’atelier orienté sur les bois locaux s’est organisé en une exposition d’instruments de musique traditionnelle où les élèves devaient deviner quels arbres et plantes étaient utilisés pour les confectionner. Cet exercice de découverte était également une opportunité pour sensibiliser le public aux problématiques de la déforestation et de la perte de biodiversité. Trois classes se sont succédées à la permanence ce qui traduisit l’intérêt des élèves à leur culture traditionnelle mais également à la richesse de leur île. Ainsi la permanence a reçu les élèves de l’école primaire de Chirongui, les collégiens de Tsimkoura et les lycéens de Chirongui. Chaque atelier était préparé avec les enseignants et adapté aux élèves. L’atelier avec les primaires s’est transformé en un apprentissage ludique. Celui avec les collégiens en une découverte du patrimoine et celui avec les lycéens en un échange sur les problématiques locales. Et évidemment le tout en musique !

1 - La classe de primaire de Chirongui 2 - La classe de 3e de Tsimkoura

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3 - La classe de Terminale de Chirongui


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LES BOIS LOCAUX DANS LA MUSIQUE L’exposition s’est déroulée du 18 octobre au 12 novembre 2021. L’association Musique à Mayotte nous a prêté une panoplie d’instruments traditionnels de Mayotte. L’association œuvre pour répertorier les instruments mais également pour expliquer et détailler leur fabrication et ainsi archiver des savoir-faire traditionnels. En plus de ce travail de préservation, elle crée des comptes pour enfants autour de ces instruments. Créant tout un univers propice à l’apprentissage et à la poésie.

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Les instruments présentés : • La famille des membranophones : le Msindrio, le Fumba, le Dori et le Tari • La famille des aérophones : le Ndzumari et le Firimbi • La famille des cordophones : le Gabussi, le Dzendze et le Dzenze Yashitsuva • Et la famille des idiophones : le Masheve, le Mkayamba, le Mbiwi, le Mkwassa et le Daf Ces instruments se composent de diverses essences comme le Palmier, le Goyavier, le Jacquier, le Raphia, le Manguier ou le M’Landréma. On y retrouve également certaines plantes comme le bambou, le caféier, la citronnelle ou les graines du diable. L’exposition s’est terminée par un événement musical organisé par le centre culturel de Chirongui, l’association Kayamba et Musique à Mayotte. Il s’agissait d’une restitution de la résidence artistique visant à marier les musiques traditionnelles de Mayotte et la musique électronique, toute une mélodie...

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1 - Le Fumba, le Msindrio et le Dori 2 - Le Ndzumari et le Mkayamba, 3 - Le Dzenze Yashitsuva 4 - Le Masheve 5 et 6 - Vue d’ensemble de l’exposition

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5 1- Affiche sur le Mkayamba 2 - Affiche sur le Gabussi 3 - Vue de l’exposition 4 - Affiche sur le Masheve

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5 - Instruments 6 - Le Dzendze

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LES DIFFÉRENTS ARBRES DANS LA FABRICATION DES INSTRUMENTS Si le Manguier et le Jacquier sont encore très présents sur l’île, ce n’est pas le cas du M’Landréma. En effet, les arbres fruitiers sont largement conservés tandis que les bois précieux sont braconnés et les essences moins nobles sont simplement défrichées afin de laisser place à des cultures, souvent de bananiers et de maniocs.

Le Gabussi, qui est une sorte de guitare, peut se fabriquer à partir de manguier qui est un bois tendre de couleur claire, de Jacquier qui est très résistant et jaune, ou encore de M’Landréma, bois légèrement rosé, qui lui donnera une meilleure résonance.

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Il existe 23 sortes de Manguiers à Mayotte. Reconnus pour leurs fruits ces espèces ont été implantées par l’homme. Dans certains cas, les attributs féminins sont utilisés pour décrire les formes des mangues, vous ferez vos recherches. Toutefois, ces arbres aux fruits délicieux sont parfois sacrifiés pour que leur feuillage ne fasse pas d’ombre aux bananiers. Le Jacquier également très répandu pour ses fruits atypiques qui représentent un aliment très apprécié des mahorais. Autrefois, on réalisait même de la colle avec une partie du fruit que ceux qui en ont mangé reconnaîtront. Le M’Landréma est beaucoup plus rare et en voie de disparition sur l’île. Bien qu’il ne soit pas endémique, cela révèle la fragilité de la flore mahoraise.

1 - Essence de Manguier 2 - Essence de Jacquier 3 - Manguier 4 - Jacquier

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5 - M’Landréma

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Dans la réalisation des instruments de musique ce sont souvent des plantes plutôt basiques qui entrent dans leur constitution. Ce choix est assez pertinent puisque tout le monde y a accès et ces plantes sont relativement en grand nombre, ce qui facilite leur fabrication. Seuls les instruments membranophones présentent des bois durs relativement rares. Leur membrane est réalisée avec une peau de chèvre tout comme la table d’harmonie du Gabussi. Les graines du diable qui sont issues d’une plante grimpante et envahissante servent à produire un son à l’instar des maracas. Les palmes du palmier sont tressées pour former des contenants souples, tandis que le bambou ou le goyavier sont utilisés pour leur résonance intrinsèque. Le Raphia quant à lui est utilisé pour sa résistance et sa légèreté. Enfin, le Dzendze Yashitsuva utilise une calebasse pour sa caisse de résonance.

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1 - Graines du diable servant dans la fabrication du Mkayamba et du Masheve

2 - Goyavier servant à faire le Mkwassa 3 - Citronnelle pour fabriquer le Mkayamba 4 - Palmier servant pour le Masheve 5 - Raphia servant dans la fabrication du Mkayamba

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LA CLASSE DE PRIMAIRE La classe de primaire de l’école de Chirongui est une classe d’élèves allophones, qui ne parlent pas le français.

d’accumuler ces images et de gagner la partie. Bien que cela soit un jeu, les élèves étaient très concentrés et studieux.

Cette exposition était donc pour eux un moyen universel de communiquer et d’apprendre de manière ludique.

Le dernier temps était une projection des contes animés réalisés par l’association Musique à Mayotte. Les contes étaient consacrés au Mbiwi et au Masheve.

L’atelier était composé de quatre temps. Le premier temps était consacré à la découverte des instruments et de leur composition grâce à des photos des arbres et des plantes. Mais également à la pratique et la découverte des sons. Le deuxième temps était un atelier sous forme de dessin de coloriage des instruments, permettant soit de recopier la couleur réelle, soit d’inventer des instruments multicolores. Ce moment plus calme a permis la transition avec le prochain temps consacré à la concentration.

Ces jolies histoires ont été inventées par les enfants membre de l’école de musique. L’objectif étant de créer une légende sur l’apparition des instruments. Grâce à cette création contemporaine les instruments de musique se créent une histoire et s’intègrent dans une logique de patrimoine immatériel. Les enfants ayant particulièrement apprécié cette matinée autour des instruments de musique sont revenus voir la permanence avec un joli dessin en guise de remerciement.

Ce troisième temps était un jeu de mémorisation, tiré du célèbre jeu Mémory, afin d’aider les enfants à retenir les images et les sons. Ils devaient trouver deux fois la même image d’un instrument afin

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2 1 - Les élèves qui découvrent les instruments 2 - Une enfant essayant le Mbiwi 3 - Élève qui danse avec le Masheve 4 - Les élèves coloriant les instruments de musique

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5 1 - Les élèves à l’atelier de dessin 2 - Les élèves faisant le jeu Mémory 3 - Les élèves regardant les contes animés 4 - L’atelier de coloriage

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5 - Les élèves attentifs aux explications 6 - Les élèves studieux

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LA CLASSE DE TROISIÈME Une classe de troisième du collège de Tsimkoura est venue découvrir les instruments de musique. Si la totalité des élèves connaissent ces instruments, peu peuvent décrire précisément les matériaux les constituant. Beaucoup, par exemple, confondent la citronnelle et le bambou. En effet, la citronnelle, une fois séchée, se présente sous forme de tiges faisant penser à du bambou très fin. Cet atelier avec les collégiens était un moment de détente et de partage. L’objectif principal étant de les sensibiliser à leur patrimoine végétal. L’atelier a commencé par une prise de note sur les techniques de fabrication des instruments, les enseignants participant activement à cet exercice en tressant et expliquant ces techniques. Puis, de manière plus pratique, les élèves ont pu essayer les instruments. Si les filles se sont jetées sur le Mkwassa et le Mbiwi, les garçons préféraient les percutions. Seuls les plus mélomanes se sont essayés au Gabussi ou au Dzendze. Après ce moment musical où les chants et les notes de musique ont envahi la permanence, intriguant les passants, nous avons organisé un blind test en deux temps. Les collégiens devaient reconnaître les instruments dans la musique traditionnelle mahoraise puis contemporaine. Une bonne manière de rassembler tout le monde autour d’une valeur commune, la musique locale. Comme pour les primaires l’atelier s’est terminé par la projection des contes animés.

1 - Les élèves qui découvrent les instruments et prennent des notes

2 - Une élève faisant des recherches dans les fiches par instrument présentes dans l’exposition

3 - Les instruments et les élèves 4 - Les élèves regardant l’enseignante expliquer la technique de tressage du Masheve

5 - Les élèves jouant du Mbiwi 6 - Les élèves attentifs aux explications

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LA CLASSE DE TERMINALE Un dernier atelier avec les lycéens de Chirongui a pu avoir lieu avant que l’école de musique ne récupère ses instruments.

n’étaient pas directement confrontés lorsqu’ils ont choisi de devenir un département français et ont participé au développement de l’île.

Etant un public plus agé, cet atelier fut l’occasion d’aborder des sujets plus complexes sur le devenir du territoire mahorais. A l’image des collégiens la plupart des élèves connaissent leur île et les espèces végétales y habitant mais peu sont au fait des problématiques les affectant. Parfois même, ils ne comprennent pas la nécessité de conserver les arbres et de limiter l’urbanisation. En effet, face aux problématiques de logement, certains élèves ne comprennent pas toujours pourquoi nous ne rasons pas les arbres pour construire plus de logements. Cet esprit très pragmatique apporte une vision sur la compréhension du monde par ces lycéens qui n’ont pas encore appris à développer une vision plus holistique du monde. Une occasion pour la permanence d’expliquer les phénomènes d’érosion des sols, d’appauvrissement de la biodiversité entraînant la disparition de certaines espèces ; et bien sûr les problématiques d’étalement urbain, de réduction des habitats naturels et de fragilisation des écosystèmes propres à Mayotte.

Tout l’enjeu pour la permanence est de sensibiliser ces jeunes adultes au développement durable, sans quoi le lagon de Mayotte, joyau terrestre, disparaîtra dans les 50 ans à venir.

Les élèves ouverts à ces discours ont pu appréhender des problématiques complexes qui ne peuvent trouver de réponses faciles. Ils ont également compris quels défis les attendaient. Défis auxquels leurs parents et grands-parents

Le rôle de l’éducation est avant tout de former les futures générations aux défis d’aujourd’hui et de demain car si ce ne sont pas les mahorais euxmême qui s’attaquent à ces problématiques, peu de personnes le feront. Du point de vue de la permanence il est essentiel que les mahorais aient une vision double sur leur territoire, à la fois dans le développement technologique mais également dans la préservation ; un équilibre spécifique à l’île et difficilement conjugable. Suite à ces échanges très constructifs, l’atelier s’est transformé en cours de dessin. Les lycéens étant en section design, l’atelier est devenu un prétexte pour qu’ils s’exercent à l’art de la représentation. Moyen essentiel pour communiquer les idées fortes, d’un projet, d’un concept, d’une réflexion. Comme pour les autres, et puisqu’ils sont encore des adolescents, l’atelier s’est terminé par la projection des contes animés. Mais pour eux il s’agissait de comprendre la méthode de réalisation, de dessin et in fine de communication. Un exemple ludique d’expression d’une idée de manière graphique.

1 - Les élèves qui découvrent les instruments

2 - Les lycéens autour des instruments

3 - Les élèves qui écoutent les consignes de leur enseignant

4 - Les élèves dessinant les instruments de musique

5 - Une élève s’essayant au Mbiwi 6 - Une élève dessinant le Daf

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NYU MBA MBU Adresse: 2a Rue Cavani Bé (entre le pôle culturel et le lycée) 97620 Chirongui Tel : 06 39 09 09 09 Mail : lapermanence@lycée-chirongui.fr Nyumbambu Permanence Architecturale


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