NYUMBAMBU - Les ateliers de la permanence #3 BTC by Endemik Mayotte

LYCÉE TANI MALANDI

NYU Permanence MBA MBU Architecturale

Atelier avec les élèves STD2A du lycée

LES ATELIERS DE LA

PERMANENCE LE

VENEZ NOUS RENDRE VISITE !

Permanence Rue Cavani Bé, Chirongui (entre le Pôle Culturel et le Lycée)

Lundi - Mercredi - Vendredi 8h30-12h00 et 13h30-17h

LOC DE

T C ERRE

OMPRIMÉE

ATELIER RE-DÉCOUVERTE Le futur lycée Tani Malandi a recours au bloc de terre comprimée, ressource locale déjà très utilisée sur le territoire. Consacrer un atelier sur le BTC, c‘est permettre aux élèves de comprendre la construction durable dans des enjeux de développements locaux. L’île de Mayotte est soumise aux exportations et cela fragilise son indépendance économique. De plus, cet acheminement des ressources extérieures ne profite pas aux mahorais directement. Se pencher sur le cas du BTC, c’est envisager une économie locale et circulaire, un moyen d’enrichir l’île financièrement mais également culturellement. Les travaux réalisés par ArtTerre et CraTerre, principaux acteurs dans le domaine, ont permis au BTC de Mayotte d’avoir une reconnaissance au-delà des limites de l’île. Cette dimension internationale participe à la valorisation de ce type de matériau biosourcé et adapté au territoire. Si le bloc de terre est un moyen pertinent de construire ici, il est également un exemple de solution alternative face aux matériaux conventionnels et standardisés. Cette réflexion sur un autre mode constructif fait partie d’une recherche plus durable mais surtout d’un panel de techniques propres au monde de la construction, permettant un paysage plus riche sur cet art de bâtir. Le génie humain conditionné par le cartésianisme à trop souvent sélectionné une partie de la diversité et abandonné les éléments jugés moins efficaces, réduisant en conséquence le monde du vivant et de la connaissance à une métonymie. A l’heure du développement durable, conserver cette diversité d’esprit n’est pas un luxe mais le maintien de la conscience et de la richesse humaine.

La Permanence

Pour une connaissance de la construction, du matériau et du territoire, un atelier proposé par la permanence architecturale de Chirongui.

- JANVIER/FÉVRIER 2022 -

STD2A PRÉSENTATION DE L’ATELIER Comme à l’habitude, les ateliers organisés à la permanence se basent sur une exposition qui permet de mettre en avant les acteurs locaux (ici l’association ArtTerre) et de présenter un support pédagogique accessible au public. Cet atelier de re-découverte du matériau BTC a pour objectif de renouer la relation des mahorais avec le BTC qui dans son développement a parfois suscité des craintes et des rejets ; au profit d’une vision de la modernité, pas toujours en relation avec les conditions locales. La première partie de l’atelier consistait à montrer et expliquer les projets réalisés sur le territoire mahorais et dans le monde afin que les élèves comprennent l’impact de ce type de construction. La deuxième étape chercher à expliquer la fabrication du BTC et ses avantages au travers des travaux développer par l’association ArtTerre. Enfin, il s’agissait de faire comprendre pourquoi certains architectes et bâtisseurs s’intéressent fortement à ce matériau. Ainsi, l’atelier était orienté sur trois axes, la découverte ou re-découverte, la méthodologie et la philosophie qu’offre un tel matériau. S’il est vrai qu’il est plus facile de reproduire des modèles ou d’appliquer des recettes éprouvées, sortir de ces cadres permet l’innovation et l’amélioration de l’existant. C’est cette dimension d’innovation que la permanence voulait mettre en avant, en s’adressant à ces futurs designers et architectes. Les métiers de la conception ne peuvent se réduire à un protocole constructif, bien au contraire leur essence se trouve dans le questionnement et le rapport critique que l’homme entretien avec son environnement, dans un but d’amélioration de sa condition.

1 1 - Exposition du BTC

UNE SPÉCIFICITÉ MAHORAISE ? L’exposition s’est déroulée du 15 novembre 2021 au 01 avril 2022. Initialement prévue jusqu’à mijanvier, elle s’est prolongée suite à l’engouement des publics. En effet, le BTC est très représenté sur l’île et les habitants connaissent bien se matériau et voulaient connaître les dernières innovations en la matière. De plus cette période coïncidait avec la sortie du livre Construire en Terre Mahoraise de Vincent Liétar et Dominique Tessier (éd. CRAterre) et plusieurs événements organisés par ArtTerre. Construire en terre mahoraise rend compte du caractère novateur, écologique et économique joué par la filière de construction en terre crue à Mayotte dès le début des années 1980. Il acte des qualités du matériau BTC mais bien au-delà, il met en évidence son rôle et son immense contribution dans l’essor économique de l’île où tout était à faire, où les moyens d’un développement ont été initiés par les décideurs locaux, il y a un peu plus de quarante ans. En donnant la parole à celles et ceux qui ont participé à la réalisation de la filière ainsi à celles et ceux qui vont porter sa relance dans les années à venir, ce livre ouvre une perspective attendue au xxie siècle pour revenir à une démarche territoriale, sociale, écoresponsable et soucieuse de l’identité mahoraise. Pour rappel, ArtTerre a accepté de nous accompagner dans la mise en place de cette exposition. C’est grâce aux actions de l’association depuis plus de trente ans que nous avons eu la chance de pouvoir exposer tant d’informations sur le sujet. ArtTerre est une association loi 1901, elle est le symbole d’une nouvelle motivation. Elle est d’abord née d’un objectif commun: réunir des acteurs qui défendent d’autres manières de construire en vue d’obtenir une certification et une reconnaissance de la norme et la mise en oeuvre de la BTC à l’échelle nationale et en Afrique. L’équipe réunit une trentaine de personnes ingénieurs, architectes, maîtres d’ouvrage et artisans - qui se sont réunis en 2007 pour travailler main dans la main et mettre leurs compétences au service d’un but commun. Plus d’infos sur https://www.art-terre-mayotte.org

1 et 2 - Vues de l’exposition à la permanence

POURQUOI UN BLOC DE TERRE ET NON UNE BRIQUE DE TERRE ? Nous parlons de bloc car il s’agit d’une compression de la terre crue. La brique étant un moulage de terre qui peut être crue ou cuite. Il existe plusieurs techniques de travail de la terre où le bloc est une technique spécifique, mécanique et rapide. Parmi les solutions constructives en terre, nous retrouvons l’adobe qui est un mélange de terre et fibres moulées en une brique. Cette technique relativement simple ne nécessite pas de moyens mécanique mais impose un séchage du mélange. Le pisé qui est un coffrage d’un mélange de terre, de sable et d’argile compacté. Cette technique nécessite une armature semblable au moulage du béton et doit procéder par strates afin de compacter la terre qui n’est pas liquide mais humide. Le mur ainsi formé doit également sécher pour atteindre ses capacités maximales de résistance. Le torchis est une technique traditionnelle mélangeant des fibres (souvent de la paille) avec de la terre et de l’argile. Le mélange est appliqué sur une armature de bois ou de bambou. La bauge, qui consiste en un empilement de terre argileuse. Le bloc de terre comprimé est un mélange d’argile tamisée et d’eau. Ce bloc peut être amélioré par l’ajout de chaux, de ciment ou de fibres. Il est rare que le bloc ne soit pas stabilisé par du ciment avec une concentration comprise entre 3 et 8% en fonction de la destination du bloc. Le recours au ciment tend à stabiliser la terre, en ce sens, seuls la brique d’adobe ou terre crue et le torchis sont 100% recyclables. En fonction de la teneur en ciment, la résistance du bloc ou du complexe (dans le pisé) sera améliorée mais sa qualité écologique sera amoindrie. Quoiqu’il en soit, ces techniques restent des moyens efficaces ne pas recourir systématiquement au ciment qui rappelons-le nécessite une grande quantité d’énergie pour être produit.

L’architecture en terre est une réelle solution locale qui apporte du confort, une adaptation au territoire et des économies (transport, transformation et coût de revient). La construction en terre, bien qu’en pleine émergence dans les pays les moins industrialisés a

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été utilisée dans toutes les régions de France ! Le retour vers ce matériau à Mayotte est à la fois une continuité de cette logique locale, du fait du caractère insulaire et offre un réel développement économique du territoire, tout en apportant des solutions écologiques qui impactent peu l’environnement fragile mahorais. Quant on pense au btc, il faut y voir toute une chaîne vertueuse d’acteurs. D’abord l’extraction qui est souvent le fait des fondations, la transformation sur place ou dans des briqueteries qui apportent leur cotas d’emploi. Puis la mise en œuvre qui est assurée par des artisans qualifiés, valorisant une formation et des compétences à forte valeur ajoutée ; et enfin l’utilisation où le btc apporte inertie, confort hygrothermique et esthétisme. De fabrication simple cette technique à l’avantage d’assurer une production continue, rapide et économique. En comparaison à un mur en agglomérés de ciment qui sera enduit et peint, le btc est très compétitif puisqu’il ne nécessite pas d’enduit.

5 1 - Première étape de la fabrication du btc : Mélange de la terre argileuse tamisée avec le ciment

2 - Deuxième étape : chargement de la presse 3 - Troisième étape : compression du mélange dans la presse 4 - Quatrième étape : extraction de la presse et mise en séchage pour une à deux semaines

5 - Un stock de BTC 6 - Exemple de construction en btc. Le faré de Longoni pour le futur lycée des métiers du bâtiment. Encore Heureux Architectes.

> processus de producTion

la brique de terr

atelier ya hazi ART.Terre

1. Extraction

Les Briques de Terre crue Compressées (BTC) sont fabriqué avec de la terre humide et pulvérulente, composée d’un on retrouve argiles, limons, sables et petits graviers. L’add augmenter les caractéristiques mécaniques et la résistance

3. Tamisage

Remblais de pour se débarasser >chantier processus de producTion ou carrière.

des gros granulats.

1. Extraction

3. Tamisage pour se débarasser des gros granulats.

Remblais de chantier ou carrière.

5. Compression à l’aide d’une presse manuelle ou automatique.

2. Transport de la matière.

2. Transport

4. Mélange Terre + Ciment + Sable + Eau

de la matière.

7. Conditionnement à l’abri de l’humidité et du soleil.

4. Mélange

Terre + Ciment + Sable + Eau

6. Sèchage en cure humide (1 jour) puis en cure sèche (7 jours).

>> avantages avantages de la construcTi de la construcTion en btc

faible bilan carbone

circulaire

abondante

Une BTC est principalement constituée de terre crue qui est une ressource locale qui demande peu ou pas de transport, de cuisson ou de transformation. Ce matériau présente donc un très faible impact environnemental.

Une BTC peut être réutilisée ou recyclée sans grand apport d’énergie. Son temps de vie est infini car une fois démolie, elle peut être rebroyer et refaçonné en nouvelle brique.

La terre est présente partout sous nos pieds. Utiliser des terres excavées lors de chantiers comme une ressource évite l’épuisement des carrières. Ces terres de déblai permettent de valoriser des déchets en matériaux de construction.

faible bilan carbone

circulaire

8Une BTC est principalement constituée de Une BTC peut être réutilisée ou recyclée > la btc à travers le monde...

ques mécaniques et la résistance à l’eau.

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9. Mise en oeuvre

des BTC par un maçon (parfois le producteur).

La BTC n’est La BTC apparue n’est apparue que trèsque récemment. très récemment. Vers 1950, Versla1950, première la première presse manuelle presse manuelle de l’ingénieur de l’ingénieur colombien colombien Raul Ramirez, Raul Ramirez, et ses 300 et ses à 800 300briques à 800 briques quotidiennes, quotidiennes, a conquis a conquis le marché le marché international international par sa par sa simplicité simplicité et sa légèreté. et sa légèreté. Après plusieurs Après plusieurs nement t 9. Mise9.enMise oeuvre en oeuvre umidité des BTCdes parBTC un maçon par un maçon perfectionnement, perfectionnement, la technique la technique a pris a pris eil. (parfois(parfois le producteur). le producteur). son essor sondans essorledans cadreledecadre programmes de programmes Sèchage d’habitat d’habitat économique économique en Afrique en Afrique et et Transport en Amérique en Amérique Latine. Latine. Puis, à Puis, Mayotte, à Mayotte, en cure humide (1 jour) des BTC sur le 20000 20000 logements logements ont été ont réalisés été réalisés avec avec puis en cure sèche (7 jours). site du chantier. le soutien le soutien de CRAterre. de CRAterre. La BTC La se BTC prêtese prête aussi àaussi des àbâtiments des bâtiments d’envergure, d’envergure, commecomme l’a prouvé l’a prouvé l’architecte l’architecte indien indien 8. Transport 8. Transport SatpremSatprem Maïni avec Maïniune avec voûte unede voûte plusde plus des BTCdes surBTC le sur le de 10 mètres de 10 mètres de portée. de portée. site du chantier. site du chantier.

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confort confort et santé et santé

esthétique esthétique

Illustrations créer par l’Atelier YA

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comme une ressource évite l’épuisement des carrières. Ces terres de déblai permettent de valoriser des déchets en matériaux de

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Documents réalisés par ArtTerre, expliquant la mise en oeuvre et les contraintes à respectées dans l’utilisation du BTC.

Quelques exemples de réalisation en BTC à Mayotte.

LES TRAVAUX DES ÉLÈVES L’atelier a commencé par une visite de l’exposition, où les élèves ont observé individuellement les panneaux affichés. Puis a continué avec la projection d’interventions télévisées de Monsieur Vincent Liétar, célèbre architecte local qui a utilisé le BTC dans nombre de ses réalisations à Mayotte. Suite à cette première approche très théorique un échange et un retour sur ce qu’ils avaient compris et retenu de ce premier contact avec le matériau. Déjà beaucoup de questions apparaissaient et témoignaient des a priori et des inquiétudes des élèves face à ce matériau non conventionnel. La question de la résistance, de la durabilité mais également de la capacité sismique, du coût et de l’avantage environnemental furent posées. En effet, les élèves sont habitués à habiter dans des maisons en béton, pour eux cela représente une sécurité face aux infractions, mais également aux séismes et cyclones. Il faut dire que certains événements climatiques ont profondément marqué le territoire mahorais.

Pourtant le BTC a réussi à surmonter ces catastrophes naturelles. Il s’agit en réalité d’un a priori plus profond et véhiculé par une mauvaise application. C’est souvent le sort des techniques et matériaux non conventionnels, s’ils commettent une erreur, leur image est entachée durablement. C’est le prix de l’innovation ! Toujours est-il que l’exemple mahorais d’une construction durable est un exemple spécifique qui trouve des adaptes partout dans le monde, bien que cette technique fut inventée en Amérique latine, elle trouve à Mayotte une application pertinente. Suite à ces échanges qui visaient à faire la part des choses dans toutes ces confusions et croyances non fondées, l’atelier s’est terminé par une séance de dessin. L’objectif ici est de ressentir la texture et de tenter de la représenter le plus fidèlement possible. Explorer le doux, le rugueux, le lisse, le brillant qui confère à l’objet une appréhension spécifique est un travail d’observation et d’intégration de la

matière. . Cela est valable pour l’architecture dans la qualification du bâti et des ambiances mais dans toute création en général. Bien que cette notion de texture est fondamentale pour de futurs designers, l’architecture est moins attachée à la texture qu’à la forme ou au matériau pour ses propriétés plus pragmatiques voire idéologiques. Il n’en reste pas moins qu’apprendre à retranscrire une matière est un avantage pour tout concepteur. De plus reconnecter les élèves avec une production locale leur permet d’envisager des perspectives professionnelles à Mayotte. Cette opportunité donne de l’espoir à ceux qui désireraient partir en métropole mais n’en ont pas les moyens. Leur faire comprendre que l’avenir peut se dessiner ici et avec eux est un objectif de la permanence.

Au-delà des élèves du lycée qui sont venus faire un atelier spécifique, cette exposition a accueilli nombre de passants qui s’intéressaient à la construction et furent surpris de découvrir ou de re-découvrir la construction en terre, de manière locale et durable. En ce sens l’exposition a été prolongée jusqu’au premier avril 2022.

1 à 6 - Les élèves dessinant les BTC

NYU MBA MBU

Adresse: 2a Rue Cavani Bé (entre le pôle culturel et le lycée) 97620 Chirongui Tel : 06 39 09 09 09 Mail : lapermanence@lycée-chirongui.fr Nyumbambu Permanence Architecturale